Est-ce que je me suis lassé de la voir rougir ? ABSOLUMENT... pas. Mais bon, elle est prise, et malgré mon statut de démon démoniaque ambivalent ayant une puissante connotation sexuelle, je ne fais pas ce genre de chose. Je suis un corbeau avant tout, et les corbeaux sont si fidèles que même la stérilité ou la mort ne les fait pas lâcher si facilement.

"Je regrette de t'avoir dit ce que je pense... maintenant tu veux garder tes vêtements..."

J'hoche la tête, reprenant sur un ton un peu plus sérieux.

"Oui, ça fait du bien. Les paroles sont un peu les vaisseaux de la mémoire. Ce qui est à l'extérieur n'est plus en train de te ronger en dedans."

Une fois le drôle d'oiseau partit, Lexi me dit qu'elle l'a trouvé gentil. Je tire la langue pour lui dire ma façon de penser sur ce trait de caractère. Ouais ouais, il est adorable, je suppose. Par contre, c'est vrai que c'est particulier de vouloir garder sa mémoire pour sa copine.

"Oui, normalement j'aurais dû voir un traumatisme, ou les traces d'un effacement, ou une perte de mémoire que j'aurais pu combler... là... rien. Genre vraiment rien de rien." Canon comment ? "Très canon, c'est assez... bestial entre eux. Mais bon, malgré sa nature de sirène, elle ne t'arrive pas à la cheville, quoiqu'elle n'ait pas de cheville."

Nous arrivons sur mon petit coin de campement et Lexi se fout royalement de ma gueule, provocations auxquelles je réponds sur un ton aristocratique.

"Mouiiii, et ne fais pas attention, très chère, le jardin d'hiver n'est pas encore planté. Rha, ces jardiniers de nos jours... tu vas voir que dans peu de temps, nous allons tout devoir faire nous-même. Non, mais tu imagines, moi, gratter la terre ?"

Je vais donc faire le feu... Je ne regarde pas Lexi s'éloigner. Non, je fais le feu. Elle est en train de passer la main pour jauger la température de l'eau, enfin, j'imagine, vu que je ne regarde pas. De la lumière s'échappe de mes mains et se concentre pour faire une flamme comme le ferait une loupe. Lexi est en train de retirer son débardeur. Je ne me suis pas fait mal au cou vu que je n'ai pas essayé de me pencher pour regarder. Aouch. Le feu prend étrangement bien, et brûle le petit bois et entame les buches rapidement. Pourquoi elle vire pas sa culotte ? Enfin, j'en sais rien, je ne regarde pas. Finalement, elle se rhabille et vient s'asseoir à côté de moi et de mon feu qui a déjà une belle taille.

"Quoi ? Moi ? Je regardais pas !"

Que tu es là, installé ici, dans ton campement, patate !
Ah... oui...

"Je... euh... Depuis le naufrage du bateau. Je sais que tout le monde a plus ou moins rejoint le ranch et ses alentours. C'est ici que j'ai perdu mon chien, alors je viens ici régulièrement. J'espère qu'il est heureux, où qu'il soit, quoi qu'il fasse."

Oh, elle a écouté ?

"De démons, je parlais de mes pairs. Je n'aime pas la manière dont ils m'ont laissé à l'écart, voire... oublié... Alors, je sais que j'ai tendance à me souvenir de tout, et eux de rien, mais tout de même. J'aurais aimé un minimum de reconnaissance de ce que j'ai pu faire par le passé."

Juste un peu, au moins de quelques-uns. Au moins un.

"Tu sais, tu as parfaitement raison. Quoi qu'il puisse advenir, c'est aujourd'hui, ici et maintenant que tout se joue."

PUTAINDEMERDE ELLE VA ME FAIRE CHIALER !
AH NON, HEIN !

"Je te remercie, c'est très important ce que tu me dis."

Regarde ailleurs, regarde ailleurs !
Je suis encore beaucoup trop sensible, beaucoup trop proche du gouffre. Je m'en suis déjà éloigné, et elle m'en éloigne davantage quand elle me parle, mais j'ai été beaucoup trop abandonné pour que ses mots ne me touchent pas profondément.

Finalement, je cède, quand ses doigts touchent mes cheveux. Je ferme les yeux un instant, laissant mes paupières s'humidifier à cause de la contraction de mes canaux lacrymaux.

"C'est une colère interne, elle est entièrement dirigée contre moi. J'ai eu un maître qui préférait mon frère et qui lui a accordé des choses dont je ne pouvais que rêver, j'étais jaloux comme tu ne peux même pas t'imaginer, j'aurais tout donné, et j'ai tout donné. Je suis passé inaperçu pour être libre, et je sais que c'est injuste qu'aujourd'hui, je me plaigne d'être effectivement passé inaperçu... malgré tout, j'aurais aimé que quelqu'un le voit, ou être important pour quelqu'un."

Mais maintenant, il faut que je ne me donne qu'aux gens qui me considèrent, et pour personne d'autre.

"Je ne vais rien foirer, parce que t'es dans mon monde, et que ça vaut le coup."

Je tire un sac et en sort des cônes bien remplit ainsi que... Ow... des champignons et des châtaignes.

"Un petit bédo et tu me racontes ton histoire de clown ?"

- Je... euh... Depuis le naufrage du bateau. Je sais que tout le monde a plus ou moins rejoint le ranch et ses alentours.
- Je vois. Ici c’est parfait pour ne pas être dérangé, donc.
- C'est ici que j'ai perdu mon chien, alors je viens ici régulièrement. J'espère qu'il est heureux, où qu'il soit, quoi qu'il fasse.
Lexi le regarde avec toute la tendresse du monde au fond des yeux.
- Tu es un grooooooos sentimental, tu sais ça ? Je suis certaine qu’il va bien et que vous allez vous retrouver. Vous avez l’éternité pour ça.

Elle non. C’est bien pour ça qu’elle préfère être présente aujourd’hui pour lui. Autant que possible.
Mais elle a d’autres préoccupations plus graves et lui demande à qui et quoi il a fait référence plus tôt.

- De démons, je parlais de mes pairs. Je n'aime pas la manière dont ils m'ont laissé à l'écart, voire... oublié... Alors, je sais que j'ai tendance à me souvenir de tout, et eux de rien, mais tout de même. J'aurais aimé un minimum de reconnaissance de ce que j'ai pu faire par le passé.
- Je comprends. Mais comme tu l’as dis toi-même, les gens ont la mémoire courte. Tu peux avoir été quelqu’un d’extraordinaire hier, si tu as commis une erreur aujourd’hui, c’est elle qui primera. C’est parfaitement injuste. Elle plante son menton sur le bras du démon. Mais ça viendra… cette reconnaissance que tu cherches. Sauf pour ça… tu vas devoir sortir de ce rôle dans lequel tu as été enfermé.
- Tu sais, tu as parfaitement raison. Quoi qu'il puisse advenir, c'est aujourd'hui, ici et maintenant que tout se joue.

Comme si elle pouvait sentir son émotion, Lexi passe un bras autour de sa taille et se serre contre lui.
- Oui. Et finalement on a beaucoup de chance non ?
- Je te remercie, c'est très important ce que tu me dis.
- Je t’en prie. Compte sur moi pour les répéter autant qu’il le faudra.

Lexi continue de passer ses doigts entre ses mèches un peu trop longues, finit sur sa nuque qu’elle masse doucement. Elle préfère ne rien dire, ne sachant pas s’il est foncièrement à l’aise avec l’idée de lui montrer son émotion à ce point.
- Je te jure que si je pouvais mettre la main sur ceux qui t’ont fait tant de peine, ils passeraient un sale quart d’heure.
Et elle se fiche de savoir que ce sont probablement des êtres surnaturels bien plus puissants/âgés/sages etc. Lâchement, elle pourrait commencer par celle à qui il a donné son cœur juste pour se le faire piétiner.
- C'est une colère interne, elle est entièrement dirigée contre moi. J'ai eu un maître qui préférait mon frère et qui lui a accordé des choses dont je ne pouvais que rêver, j'étais jaloux comme tu ne peux même pas t'imaginer, j'aurais tout donné, et j'ai tout donné. Je suis passé inaperçu pour être libre, et je sais que c'est injuste qu'aujourd'hui, je me plaigne d'être effectivement passé inaperçu... malgré tout, j'aurais aimé que quelqu'un le voit, ou être important pour quelqu'un.
- Je sais que ça ne te suffit sans doute pas, mais tu l’es pour moi. Et puis tu m’as parlé d’Ygerne, d’une autre amie canon qui te fournissait en plantes, to neveu et sans doute tout un tas de gens chez qui tu ne soupçonnes pas l'importance que tu as. Et finalement regarde… ces démons ont besoin de toi aujourd’hui non ? Je sais que c’est dur de regarder les choses autrement, mais tout n’est pas si noir.

Elle pourrait d’ailleurs appliquer ce constat à elle-même. Elle non plus n’est pas aimé comme elle le voudrait mais tant qu’elle l’est tout de même un peu, est-ce que ça ne suffit pas finalement ?

- Je ne vais rien foirer, parce que t'es dans mon monde, et que ça vaut le coup.
- J’en suis certaine ! Tout ça, tout ce que tu traverses aujourd’hui. Ça te renforcera pour demain.
Elle le regarde farfouiller dans son sac, décrétant sans doute que le temps des confessions est terminé pour l’instant.

- Un petit bédo et tu me racontes ton histoire de clown ?
Elle se penche vers l’arrière, les mains en appui sur le sable en riant.
- Pourquoi pas ! Que serait une soirée réussie sans de la détente made in Baphomet ! Je crois qu’on l’a mérité tous les deux, non ? Mais je te préviens je risque d’avoir la dalle après ! Il va falloir qu’on pique de la bouffe à la caserne !
Elle les imagine déjà en nouvelle mission chapardage. Bon, cette fois, ils ne ramèneront rien de vivant à priori. Elle attend qu’il le prépare et en prend une longue bouffée, toussant un peu.
- Costaud… ou alors c’est moi qui n’aie plus l’habitude. Tu as une couverture ?

Une fois installée, elle commence son histoire.
- C’est mon père qui m’amènerait à la foire foraine avant sa chute et son infirmité. C’était un moment rien qu’à nous et j’adorais être la petite princesse qu’il gâtait. Bref. Ce jour-là, j’avais quoi… sept ans peut-être, il y avait beaucoup de monde. On a fait nos attractions favorites, enfin les miennes, je m’étais faite maquiller et j’avais eu le droit à ma pomme d’amour. La nuit était tombée et je ne sais pas comment mais j’ai perdu de vu mon père. J’étais persuadée de l’avoir vu entrer dans une attraction et je l’ai suivi. Je me suis retrouvée toute seule dans une sorte de train fantôme et de maison hantée. J’ai eu la trouille de ma vie et surtout je ne retrouvais toujours pas mon père. Finalement j’ai réussi à sortir de cet enfer… si, si je t’assure, c’était l’enfer ! J’étais seule, perdue et évidemment j’ai commencé à chouiner. Mais j’ai quand même essayer de trouver mon papa, tu vois. Jusqu’à ce que je me rende compte que j’étais suivi. Un clown super flippant était tout proche de moi. Il était HO-RRI-BLE ! Je t’assure ! Maquillé entre un mort-vivant et le clown de Ça ! Tu vois le genre ? J’ai accéléré, lui aussi. Je me suis mise à courir et lui aussi. Je ne sais absolument pas pourquoi mais dans ma tête de gosse, il riait. Et pas un rire gentil. Je me suis mise à hurler en essayant de lui échapper et je ne comprenais pas pourquoi personne ne m’aidait ! Personne ne regardait le clown…. Tout le monde me fixait moi et essayait de m’attraper. L’angoisse…. Bref finalement, il s’avère que le clown travaillait dans le train fantôme, il a vu que j’étais seule et manifestement perdue et à voulu m’aider…. Sauf que j’avais l’imagination un peu trop fertile. Tout est bien qui fini bien, j’ai retrouvé mon père et j’ai été quitte pour de looooooongues nuits de cauchemars ! …. Nouvelle taff de la cigarette magique. A toi !

Moi ? Sentimental ?

"Mais je t'emmerde bien cordialement en fait !" mais je souris pour bien dire que je blague. Hors de question de lui reprocher d'avoir dit ce qu'elle pense. "Je sais ce que tu me dis. Grâce à toi, je réussirai. J’avais juste besoin d’extérioriser mes peurs et mes injustices, pour être en mesure d’accueillir ces nouvelles épreuves avec un peu plus de sérénité. Désolé que ce soit tombé sur toi, je te fais beaucoup trop confiance, visiblement.”

Un coup de foudre amical, c'est possible ?

"Bon, allez, j'arrête de ronchonner pour rien, et arrête de dire des conneries, tu me suffis amplement. Je me serais déjà foutu en l'air si je n'avais pas eu l'espoir de te retrouver."

Besoin de moi ? L'idée est particulièrement séduisante, mais il faut que je me garde de m'y vautrer. Les vivants ont besoin de moi d’avantage, les vivants comme Lexi, et les autres effectivement. Belle plante, petit Sam, et Ygerne... J'ai un sourire tendre. Ouais, allez, on a fini avec les pleurnicheries. Mon regard se porte vers la mer et ses vagues et je laisse mon cœur se serrer une dernière fois. Comme un fait exprès, nous n'avons pas parlé d'une dernière personne qui a été très importante pour moi aussi, je comprends un peu confusément qu'elle n'a même pas sa place dans notre conversation. Et puis comme Lexi-sexy a sa main dans ma nuque, je laisse toute pensée négative de côté.

Ce soir, c'est elle et moi. Elle a pleuré sur son mec, j'ai pleuré sur mon chien. On reprend juste pour nos gueules respectives maintenant.

"Je t'aime, Lexi, tu le sais, ça ?"

Elle en conclura ce qu'elle en voudra. Je suis prêt à assumer ces mots, de manière pure et désintéressée. Elle passe désormais avant mes propres besoins. Je pense qu'elle me connaît suffisamment pour savoir que je ne dis rien à la légère et surtout pas cela.

"On ira piquer de la bouffe à la caserne alors !"

J'allume la cigarette et en tire une petite bouffée. Parfaite. Et je le tends à Lexi. Quand elle tousse, je le montre du doigt.

"Ce petit truc est le seul remède que j'ai contre la mémoire immédiate. Je me souviens toujours de tout, mais grâce à ce machin, c'est beaucoup moins violent et je peux passer une soirée sans nécessairement me rappeler du nombre de battements de ton cœur ou de la couleur exacte de tes joues quand je te fais du rentre-dedans. Donc ouais, il est devenu assez fort avec le temps."

J'écoute son histoire, captivé, les pupilles agrandies par le cannabis. Elle me décrit une soirée parfaite avec son père et je me met à sourire. Je l'ai lu dans ses souvenirs, mais c'est passé en second plan par rapport à son rapport avec la danse.

Sur le coup, je n'avais pas songé une seule seconde que le clown ait pu vouloir l'aider, son visage grimé était déformé par ses souvenirs d'enfance. Il était effectivement effrayant et j'ai cru à un cauchemar sur le coup. Les souvenirs ne sont pas objectifs, en particulier les souvenirs d'enfance.

À moi, donc…

Je prends une longue bouffée et expire lentement, essayant de sélectionner la plus effrayante de mes aventures. Finalement, je lui rends la cigarette et saute sur mes jambes d'une manière théâtrale. Je me mets à bondir derrière le feu et commence mon récit, mes bras s’écartant progressivement.

“C'était pendant ce siècle. Je travaillais pour mon maître à la collecte d'informations et je n'avais pas trouvé mieux que d'être un psy. Tout se passait bien au début, je n’avais pas une réputation de dingue, mais je calmais les traumatismes de manière assez efficace… J’aurais pu aller loin si… en cette nuit du premier novembre, une jeune adolescente ne s’était pas présentée directement à mon cabinet. Elle avait les traits tirés et semblait épuisée, de plus, elle était muette et ma porte était restée fermée à clé...

Petite pause oratoire. Je passe devant Lexi, reprend un taff. Mine de rien, cette simple constatation me fait un peu frissonner encore aujourd’hui.

"... Sans prévenir, elle a disparu, dans un éclair. J’ai eu beau essayer de me repasser la soirée en boucle dans ma tête, je n’ai trouvé aucune explication. En recherchant dans les archives, j’ai pu trouver son identité, une jeune femme de quarante-cinq ans, décédée trente ans plus tôt."
Nouvelle pause où je prends l’attitude exacte que j’avais à l’époque, faisant les cent pas comme dans mon bureau, l’air concentré.

"J’ai revu cette femme, accompagné de mes autres quelques patients du moment. Je me suis rendu compte qu’après mes recherches, ils n’avaient rien en commun… si ce n’est leur date de décès, tous, trente ans plus tôt, le même jour. En fait, je n’ai jamais eu de patients vivants. J’en cauchemardais la nuit, j’avais l’impression de devenir fou, je ne les reconnaissais pas comme fantômes, ni comme esprit. Pour moi, ils étaient bien là, vivants, et humains."

Je tire une taf, gardant un visage stressé, le même que j’avais à l’époque.

"J’ai remonté la piste, petit à petit, et je suis tombé sur un accident de bus. Une adolescente aurait traversé la route et un bus, voulant l’éviter, aurait provoqué un gigantesque carambolage… Les esprits ne me laissaient pas en paix pour autant. Ce qu’ils voulaient me dire, je n’en avais aucune idée."

Je m’arrête, dans mes cents pas

"Et puis, la route me disait un truc. Je me suis rendu compte que je connaissais cet endroit. J’ai fouillé dans mes souvenirs, mais aucun moyen de me rappeler ce que c’était. De retour aux enfers, j'ai retrouvé un gobelet de Starbucks qui datait de cette même période au nom de… Bafaumeh… je l'ai ouvert, et j'y ai vu un nuage de mémoire, MA mémoire."

À ce stade, je fais le mouvement d'ouvrir le gobelet et d'en inspirer le souvenir. Je me bloque, choqué, et fait semblant de lâcher le gobelet de stupeur.

”C'était… un de mes propres souvenirs, volontairement effacé. J'ai vu cette gamine se faire abuser de toutes les manières possibles au bord de la route par un type que j'ai trucidé sur le moment et dont le démembrement en règle a provoqué la fuite de la jeune femme, c’était… si horrible que je ne pensais pas pouvoir m’en sortir. Je ne pouvais plus dormir, j'étais hanté par son image, et celle des autres qui ont été pris dans l'accident. Les gens que j’avais suivis pendant tout ce temps en thérapie sont les fantômes de mes propres souvenirs, revenus des décennies après pour une raison quelconque.”

Je retourne m’asseoir près de Lexi.

"C’est depuis ce moment que j’ai décidé de ne plus jamais toucher à ma propre mémoire et d’effacer la mémoire d’un traumatisme avec beaucoup de parcimonie."

Lexi ? Tout va bien ?

"Tu as faim ?"

- Je t'aime, Lexi, tu le sais, ça ?

La jeune femme tourne brusquement la tête vers lui, le visage plissé par l’émotion. Et puis elle pleure doucement. Ça fait tellement de bien d’entendre ces mots-là. Ils vibrent d’une sincérité évidente et magnifique et lui réchauffe le cœur bien mieux que le grand feu qu’il a fait.
Elle essuie son visage et vint littéralement se coller à lui, les bras fermement ancrés à sa taille.
- Moi aussi je t’aime mon petit démon sensible…
Et finalement, est-ce que d’extraordinaires amitiés ne valent pas mieux qu’un grand amour ? Surtout s’il se brise à la moindre épreuve.  
Lexi n’a aucune idée du temps qu’à durer leur étreinte mais lorsqu’elle consent enfin à le lâcher, elle lui dédie un sourire lumineux.

- On ira piquer de la bouffe à la caserne alors !
- Ouiii ! Redevenons des voleurs… ça nous a si bien réussi la première fois !
Elle goûte à la cigarette magique et lui fait remarquer qu’elle lui semble un peu plus forte que d’habitude.  
- Ce petit truc est le seul remède que j'ai contre la mémoire immédiate. Je me souviens toujours de tout, mais grâce à ce machin, c'est beaucoup moins violent et je peux passer une soirée sans nécessairement me rappeler du nombre de battements de ton cœur ou de la couleur exacte de tes joues quand je te fais du rentre-dedans. Donc ouais, il est devenu assez fort avec le temps.
- Si ça ma fait oublier tout le reste, ça me va parfaitement.

Elle se lance dans son histoire mais elle doute d’avoir de grand talent de conteuse. Par contre, ses yeux se mettent à briller de plaisir quand Baphomet y va à fond sur la sienne. Incapable de détacher ses yeux de lui, elle prend de temps à autre une autre bouffée, frissonnant de malaise à mesure qu’il avance dans son histoire.  
Comme lui, elle ne l’interrompt jamais et lorsqu’il revient s’assoir à côté d’elle, Lexi fixe le démon, la bouche légèrement ouverte, la cigarette à la main.

- C’est depuis ce moment que j’ai décidé de ne plus jamais toucher à ma propre mémoire et d’effacer la mémoire d’un traumatisme avec beaucoup de parcimonie.
Elle continue de l’observer en silence, toujours aussi abasourdie et se rend compte qu’elle est restée muette peut-être un peu trop longtemps.
- Tu rigoles ? C’est un truc qui t’es vraiment arrivé ? Et t'as vraiment tué quelqu'un ?? C’est… c’est absolument dingue !!!! Comment tu t’es remis de ça ?
- Tu as faim ?
Elle pouffe de rire.
- C’est le seul truc qui te vient à l’esprit après m’avoir raconté cette histoire ? Mais quelle vie t’as eu ! Je ne pensais pas non plus que tu étais du genre à vouloir oublier volontairement quelque chose… Cette histoire a dû te retourner salement pour que tu en viennes à ça… Elle consulte sa montre et secoue la tête. Pas encore ! Sinon on risque de croiser Gi-Ja et d’autres soldats. C’est à cette heure-ci qu’il cuisine habituellement. Tu sais qu’il s’est mis en tête de me guérir le cœur par l’estomac ? C’est très mignon de sa part, mais je ne suis malheureusement pas un mec. Elle se tapote le ventre. Mais je peux pas dire que je m’en plaigne… Elle regarde autour d’eux…Bon alors… il est où mon chien/chat préféré ?

Grmph... Elle a le droit de m'appeler comme ça, mais il ne faut SURTOUT PAS que ça se sache par personne d'autre. Après, je suis un petit démon sensible voleur, ça rattrape un peu le côté badass du truc... Et je suis en train de me faire câliner par elle, donc le côté badass, on va y revenir plus tard. En attendant, je profite. Mes bras se serrent contre son corps. Donc... ça va. Pour ce qui est de la cigarette, je ne suis pas certain que ça lui fasse oublier quoi que ce soit. C'est juste un truc qui déglingue les neurones à long terme, et ça me va tout à fait.

"Ouais, plus ou moins. Et ouais, je t'ai dit, j'ai un truc avec le viol. Je ne sais pas si ça vient de là, mais depuis j'ai beaucoup de mal. Aujourd'hui, j'ai la hantise de m'être fait effacer la mémoire sans le savoir ou de m'apercevoir que je l'ai déjà perdue pour une raison ou une autre. C'est pour ça, oublier les gens qui m'ont fait du mal pour aller de l'avant est tentant mais... non merci."

Je fais un sourire tendre à Lexi. Elle aussi a tué des gens.

"C'était sur un coup de tête, oui. Et je ne m'en suis toujours pas spécialement remis. Mes pairs peuvent tuer à tour de bras, certains trouvent ça même amusants. Cependant, quand on a accès à l'entièreté de leur mémoire, leurs craintes, leurs peurs, leurs joies, leurs peines, c'est compliqué de ne pas compatir. "

Je lui propose d'aller manger, mais elle décline, prétextant que Gi-gi est en train de faire à manger. Je serre les dents en apprenant que Lexi est avec lui. Cependant, je n'en dis rien. Peu importe Gi-gi, peu m'importe leur amitié, peu m'importe qu'il aille suffisamment bien pour faire à manger pour les autres... et peu importe qu'elle se fasse soigner par un autre que moi.

"Oh, c'est cool..." et nianiania et nianiania

Par contre, je ne vois pas bien le rapport entre le fait d'être un mec, et le fait d'être soigné par la nourriture. Et puis merde, là, y a que nous !

"De quoi aurais-tu besoin ?"

Gredin ? Bordel.

"Alors c'est une excellente question. Je suis parti en mission avant le brouillard et je ne l'ai plus trop revu. Parfois, je repère des traces sur la plage qui semblent lui appartenir, mais sincèrement, ce matou et moi, on a jamais tellement fait la paire, alors je ne serais pas étonné qu'il m'évite, mais qu'il veuille me retrouver. Ce truc n'a jamais eu aucune putain de logique."

Sincèrement, je ne suis pas vraiment inquiet. Pas que je n'aimais pas cette étrangeté de la nature, mais bel et bien parce que j'ai jamais vu une forme de vie aussi débrouillarde.

- Oh, c'est cool...
Lexi le regarde attentivement. Entre sa réponse évasive et son air un chouillat constipé, elle devine qu’il y a cachalot sous gravillon. Est-ce que c’est cette histoire avec Gi-Ja ? Certainement.
- De quoi aurais-tu besoin ?
Elle attrape fermement son menton et tourne son visage vers elle. Elle voit bien que ça le fait souffrir et qu’il fait mine de rien. Comme d’habitude.
- Pas à moi Baph … c’est pas cool du tout, alors arrête de faire semblant ! Ça ne te plait pas comme situation. C’est à cause de Gi-Ja ? Lourd soupir. Tu sais quoi ? Un jour je vais me ramener avec Neo ! Vous allez apprendre à vous connaitre, de gré ou de force. Ce gros lézard buté va voir à quel point tu es quelqu’un de bien, il va enfin pouvoir faire un minimum confiance à son mec et vous allez tous me faire le plaisir d’être potes ! Tu voudrais bien essayer ? Ca, ça serait cool ! Ce dont j’ai besoin, c’est que tu sois heureux. Parce que quand tu l’es ça rayonne sur les autres. Donc moi automatiquement, affirme-t-elle avec un petit sourire finaud en relâchant son menton.

Elle amène le sujet du chat – du chat de Baphomet ? De son chat à elle ? De leur chat finalement, non ? – sur le tapis. Cette boule de poils caractériel et bizarre lui manque affreusement.

- Alors c'est une excellente question. Je suis parti en mission avant le brouillard et je ne l'ai plus trop revu.
- Plus depuis ? répète-t-elle, horrifiée.
- Parfois, je repère des traces sur la plage qui semblent lui appartenir, mais sincèrement, ce matou et moi, on a jamais tellement fait la paire, alors je ne serais pas étonné qu'il m'évite, mais qu'il veuille me retrouver. Ce truc n'a jamais eu aucune putain de logique.
- Je sais ! Elle reprend la cigarette d'entre ses lèvres et lui souffle la fumée au visage. Je trouve que vous allez bien ensemble moi. Au contraire. C’est pour ça que je l’aime si fort ! Et puis après tout le mal qu’on s’est donné pour le récupérer, franchement...

Cette soirée particulière restera dans les annales.
Elle s’allonge dans le sable et observe les premières étoiles briller dans un ciel sans nuage.
- Ca va aller pour lui. J’en suis persuadé. Si un truc va nous survivre, c’est bien ce vilain machin adorable. Pauvre bébé… tout seul dans le Brouillard… tu crois qu’il était vraiment que chat ? Parfois je me demande si c’était pas un être maudit ou quelque chose comme ça ?

Elle attrape sa main et l’entraine vers elle.
- Viens t’allonger avec moi ! On est bien là !

"Ne me fait jamais ça." absolument aucune envie de faire la rencontre d'un gros dragon jaloux. Pas maintenant, j'ai pas envie d'avoir à me justifier de vouloir garder une amitié. J'ai pas non plus envie de me sentir redevable si d'aventure il acceptait de me laisser avoir une audience avec son plan cul du moment. "Gi est désormais heureux,  et c'est très bien comme ça." je ne fais pas partie du paysage... tu m'étonnes !

Je grogne...

"Mais t'es suuuper chiante en fait... bon, d'accord... c'est bien parce que c'est  toi... mais pas tout de suite."

NE RIEZ PAS !

"La, c'est ma soirée à moi et à ma bestie !"

Heureusement, Gredin à la rescousse ! Par pitié, rends toi utile pour une fois, et arrive !

"Nah, aucune chance que ce ne soit qu'un chat. On dirait un genre de malédiction qui aurait frappé un mechant druide, ou un rruc du genre. Ou peut-être... un chat vampire ? Il a une gueule de chauve-souris."

Ignorant délibérément le gros panneau "attention danger" qui plane au-dessus de nos têtes, je viens m'allonger tout près de Lexi au point de passer mon bras derrière sa tête pour la prendre contre moi.

Ouais, on est bien, là.

"J'adore comme on joue les durs, toi et moi, alors qu'on est deux fiottes sentimentalsmes."

Avec la voûte céleste entière comme plafond, je crois pas avoir passé une plus belle soirée.

"Dis, au ranch, y a quelqu'un qui saurait faire des tatouages ?"

Ah merde, le bedo arrive au bout...

- Mais t'es suuuper chiante en fait...
Lexi a un sourire un peu triste. C’est un refrain qu’elle a déjà entendu.
- Je sais. Tu n’es pas le premier à me le dire et sans doute pas le dernier. Parce que j’appuie sur les plaies infectées et fatalement ça fait mal et je comprends que c'est pas foncièrement agréable. Mais je fais ça pour vous. N’en doute pas.
- Bon, d'accord... c'est bien parce que c'est toi... mais pas tout de suite.
Son sourire se fait plus franc.
- Mais non patate ! Evidemment pas maintenant. Ce soir, vos p’tites bisbilles peuvent bien allez se faire voir. Mais… je le ferais Baphomet. Même si tu me détesteras sur l’instant et peut-être après. Alors… prépare-toi psychologiquement !
Parce qu’elle est convaincue qu’un dialogue pourrait tout arranger. Son côté bisounours sans doute.

- La, c'est ma soirée à moi et à ma bestie !
- Awww, je suis ta bestie !! C’est trop mignon !!! Et oui tu as raison. Ce soir, c’est toi, moi, la cigarette magique, la plage et le ciel !

Fatalement, elle finit par demander des nouvelles de… du chat ?
- Parfois je me demande si c’était pas un être maudit ou quelque chose comme ça ?
- Nah, aucune chance que ce ne soit qu'un chat. On dirait un genre de malédiction qui aurait frappé un méchant druide, ou un truc du genre. Ou peut-être... un chat vampire ? Il a une gueule de chauve-souris.
- Oh tu crois ! Ca serait si cool et si terrible à la fois ! Peut-être qu’il a besoin d’un bisou magique ? Elle a un petit rire. Et avec sa bouille, pas étonnant qu’il n’en ait pas encore reçu un… J’essaierai quand on le retrouvera. Ah oui mais je ne suis pas une princesse…

Finalement, ils finissent allongés et Baphomet la tient contre lui. C’est parfaitement agréable, très tranquille et naturel et son cerveau drogué en ronronne de contentement. Ou alors c’est elle ? Difficile à dire. Elle cale sa tête dans le creux de son épaule et observe le ciel.
- J'adore comme on joue les durs, toi et moi, alors qu'on est deux fiottes sentimentalistes.
- Hey ! Elle lui donne une petite tape sur le torse. J’suis pas une fiotte d’abord ! Avant de glousser. Mais ouaiiiis je pense qu’on donne pas le change plus de… allez je nous donne cinq secondes et je suis large ! Reprenant son sérieux, elle lève les yeux vers son visage. T’es bien là ?

- Dis, au ranch, y a quelqu'un qui saurait faire des tatouages ?
Elle se replace confortablement avec un petit soupir.
- Oh ça doit se trouver ! Je sais que les Berserkers sont bardés de tatouages et qu’ils font ça « à l’ancienne ». Sinon on doit bien avoir un tatoueur dans les réfugiés. Pourquoooooiiii ?  Tu veux te mettre sur la peau « Je suis une fiotte sentimentaliste » ? Oh ! Mieux, tu veux un portrait de Gredin sur la poitrine ? Sans rire… tu voudrais te faire quoi et où ? Tu sais que j’ai toujours voulu en faire un moi aussi ? Mais on m’a tellement martelé que mon corps était un outil inviolable – apprécie l’ironie du terme – que j’ai jamais sauté le pas. Elle lui montre la peau fine juste derrière l’oreille. Juste là ! Je trouve ça mimi et sexy, ne me demande pas pourquoi…

Oh non, je l'ai vexéééée !!!

"Non, c'était un compliment, je t'assure. Ce n'était pas un reproche. C'est juste que tu ne perds pas le nord et quand tu veux quelque chose, tu ne lâches pas. Je trouve ça bien ! T'inquiètes, si ça avait été un reproche venant de moi, ç'aurait été l'hôpital qui ne balaye pas devant sa porte. Et je sais que tu fais ça pour moi, mais j'ai eu un passé pas glorieux, ce n'est pas étonnant que Gi-Gi ait renoncé à me voir si son nouveau petit copain n'est pas chaud pour moi !"

En fait, je me demande si Lexi se doute d'à quel point mon passé n'est absolument pas glorieux et qu'il aurait sans doute mieux valu que son ami ne se souvienne plus de nos petites altercations. En fait, je me demande si elle se doute une seule seconde d'à quel point je peux trouver cela détestable d'être contraint en amour et que je n'aurais pas les meilleures dispositions envers Neorvrim parce que j'ai déjà connu ça, et que ça ne peut pas conduire à quelque chose de très sain. Mais bon, c'est pour Lexi, alors je serai sage et enjoué, comme elle me l'a demandé.

"Je serai le plus adorable des démons, je m'y prépare psychologiquement."

Je fais un sourire spécial Baphomet Inquiétant

Oh... alors... comment dire ça...

"Gredin a eu des câlins et des bisous en fait..." PLEIN ! "...J'adorerais voir quelle trogne il a en forme humaine."

Probablement un vieux loubard couturé de cicatrices à qui il manque un œil, mais le genre un peu classe, avec un regard qui vous perce l'âme. Mine de rien, je l'aime bien ce chat, même si c'est un connard.

J'aime la sentir heureuse, comme maintenant.

"Je suis très bien, mieux que depuis très longtemps. T'as vu ? Les cinq étoiles en forme de W ? C'est Cassiopée, c'est ma constellation préférée sur ce plan."

Je pose non pas une question qui me brûle les lèvres, mais une question instinctive, qui est sortie comme ça, sans même passer par mon cerveau. Pour peu, j'en aurais presque sursauté.

"Non, je pense que tout le monde peut se douter que je suis une fiotte sentimentaliste. Par contre, Gredin, pourquoi pas... Mais à condition que ce soit sur la fesse. En réalité, je ne sais pas, j'avais pensé à ce que je voulais faire. Pas de tatouage alors ?" j'arque mes épaules légèrement, nouveau détail sur le corps de la femme qui se presse contre moi. "ça te dirait qu'on se fasse deux tatouages, pour marquer les soirées mémorables qu'on se tape depuis qu'on s'est rencontré ?"

Je soupire d'aise et presse un peu plus mon bras autour d'elle. Ce que la Voie Lactée est belle ! On dirait presque qu'elle se pare de plus en plus de couleurs, soirs après soirs.

- Je suis très bien, mieux que depuis très longtemps. T'as vu ? Les cinq étoiles en forme de W ?
Elle tente de discerner les dites étoiles et note enfin la forme évoquée. Elle trace la lettre un peu déformée du doigt.
- Celle-là ?... tu as remarqué que depuis le Brouillard le ciel est de plus en plus beau ? La pollution doit reculer.
- C'est Cassiopée, c'est ma constellation préférée sur ce plan.
- Oh ! Pourquoi ta préférée ? Qu’est-ce qu’elle a de particulier ?

Comme souvent, il change de sujet rapidement et parle de tatouage… et de sentimentalisme.
- Non, je pense que tout le monde peut se douter que je suis une fiotte sentimentaliste.
- Une adorable fiotte ! Et on se fout de ton passé pas glorieux ! C'est celui que tu es aujourd'hui qui compte et que je vois moi !
- Par contre, Gredin, pourquoi pas... Mais à condition que ce soit sur la fesse.
- Pourquoi j’ai une impression de déjà-vu ? On a pas déjà parlé de ça Monsieur Mémoire ? Très précisément sur ta fesse il me semble !
- En réalité, je ne sais pas, j'avais pensé à ce que je voulais faire. Pas de tatouage alors ?
- Nope… page vierge… blanche quoi !
- Ça te dirait qu'on se fasse deux tatouages, pour marquer les soirées mémorables qu'on se tape depuis qu'on s'est rencontré ?

Elle se redresse légèrement sur un coude. Le sourire aux lèvres, elle cherche son regard.
- Tu veux dire le même ? Toi et moi ?
Le cannabis aidant, elle trouve que c’est une excellente idée. Ça lui fait étrangement plaisir qu’il veuille inscrire leur amitié sous la peau. Le temps passera, elle vieillira, lui non et des années et des années après sa mort, ce tatouage restera, lui.
Son air s’est fait un peu plus mélancolique à cette pensée alors elle se secoue, parce qu’elle n’en est pas encore là ! Et elle veut se tatouage.

- C’est une très belle idée ! Mais t’es sûr de toi ? J’veux dire … t’as passé des années sans faire de tatouage… tu vas pas regretter ?
Elle se retourne pour lui faire face, les yeux pétillants et plante son menton sur son torse.
- Faudrait quelque chose qui nous correspond à tous les deux ! Bon… si je devais chercher des symboles pour toi, y’aurait… des cornes ! un chien – t’adore les chiens !, un corbeau blanc évidemment ! un symbole viking parce que finalement tu viens de là, non ? Moi… hum… moi j’ai pas grand-chose hormis un symbole militaire ou la danse… Tu veux vraiment le faire sur la fesse ?

"Oui, j'ai remarqué. La pollution lumineuse recule, et la nuit éclate dans toute sa splendeur. Dans certaines villes comme New-York, ils ne voient jamais les étoiles."

Je dis cela d'un ton rêveur. J'ai vu les gens s'installer, bâtir, en baver, puis se vautrer dans un confort bienvenu avant de commencer à abuser et à consommer.

"C'est... C'était une constellation qui avait beaucoup d'importance pour moi quand je volais de nuit. Elle m'accompagnait le matin, et me raccompagnait le soir, un peu comme la mère que je n'ai jamais eue. Quoi qu'il arrive, elle était là, même quand il y avait trop de nuages pour la voir, je la sentais. Ce n'est que récemment que j'ai su comment elle s'appelait par ici. Cassiopée, la déesse, m'est un peu moins chaleureuse."

Une adorable fiotte, ça va que c'est elle. Je me penche pour lui embrasser le front.

"Merci, Lexi."

Nous parlons de tatouage et mon idée farfelue semble la séduire.

"Ma fesse t'obsède !" J'éclate de rire. Oui, nous en avions déjà parlé. "Ouais, le même, ou deux qui se ressembleraient !"

Je me redresse également tandis qu'elle pose des questions sur mes motivations.

"Je regrette déjà... Non, sans rire. Tu savais que mon culte m'avait collé deux tatouages sur les avants-bras ?" Un symbole qui nous lie, alors... "Les cornes, oui, mais je ne vois pas cela en tatouage. Il y a aussi l'étoile, pointe vers le haut... Cependant, la danse classique m'a toujours évoqué la légerté. Que dirais-tu d'une plume, blanche ? Et non, je vais le faire au même endroit que toi, derrière l'oreille me semble bien."

Enfin, on ne va pas se faire ça ce soir. Je me rallonge à nouveau. Et puis j'éclate de rire.

"Lexi à la blanche fesse !"

Son explication sur la constellation la fait littéralement fondre.
- Awww, c’est que tu serais presque poète, toi aussi.
Son sourire se fige un instant en pensant à « un autre poète » et elle grimace pour le chasser rapidement. Personne ne viendra troubler cet instant-là.
- Cassiopée, la déesse, m'est un peu moins chaleureuse.
- Attends…. C’est la connasse qui a accroché sa fille à un rocher non ? Andromède ? Tu sais, personnellement c’est toutes les déesses grecques qui me gonflent un peu.

Même Psyché... Parfois, elle se demande si ça n'est pas la déesse qui a poussé Lounis dans ses bras juste pour... retrouver des sensations de son passé. Si c'est le cas, elle la haïra de toute son âme pour avoir provoquer cet horrible gâchis.

Une petite affirmation venant du cœur plus tard, Lexi est récompensée par un bisou sur le front qui la fait sourire.
- Merci, Lexi.
- Mais je t’en prie. C’est toujours un plaisir de te rappeler des évidences.

L’idée de faire un tatouage lui trotte dans la tête depuis un moment. Depuis l’adolescence à vrai dire mais elle n’a jamais trouvé l’occasion, ni la volonté de marquer un corps qui lui échappera un jour. Mais aujourd’hui, elle en a envie ! Et l’idée d’en avoir un en commun avec Baphomet lui gonfle le cœur.

- Ca serait un peu comme un bracelet de l’amitié, non ? plaisante-t-elle. J’ai jamais eu d’ami assez proche pour faire des dingueries comme… oh piquer un chat dans une fourrière ou faire un tatouage commun ! Mais t’es sûr de toi ? J’veux dire … t’as passé des années sans faire de tatouage… tu vas pas regretter ?
- Je regrette déjà...
Il récolte une tape sur le torse.
- Hey ! Sois pas vilain !
- Non, sans rire. Tu savais que mon culte m'avait collé deux tatouages sur les avants-bras ?
- Ah non je ne savais pas ! Quoi comme tatouage ?

Ils réfléchissent à un symbole qu’ils auraient en commun mais la drogue semble avoir très agréablement ramolli son cerveau.
- Les cornes, oui, mais je ne vois pas cela en tatouage.
- Moi non plus… et puis ça peut faire vide vulgaire.
- Il y a aussi l'étoile, pointe vers le haut... Cependant, la danse classique m'a toujours évoqué la légèreté. Que dirais-tu d'une plume, blanche ?
- Une plume …. Elle se redresse, le regard pétillant. J’adore ! C’est discret et élégant. Plume de corbeau et plume de cygne …
- Et non, je vais le faire au même endroit que toi, derrière l'oreille me semble bien.

Elle touche machinalement le petit bout de peau derrière l’oreille de Baphomet. Elle est d’une telle finesse qu’ils risquent d’avoir mal mais franchement, c’est le cadet de ses soucis et de ses préoccupations.
- Lexi à la blanche fesse !
Rouge tomate, elle n’en rit pas moins avec lui. Sa face hilare est un spectacle qu’il savoure de retrouver, même s’il rit à ses dépens.
- Arrête un peu ! Et puis j’ai pas les fesses si blanches que ça !
Elle se tord inutilement le cou pour vérifier mais de un, elle n’en a pas un qui pivote comme un hibou et de deux, son postérieur est présentement bien à l’abri sous du tissu.
Elle revient s’allonger à côté de lui.
- On va le faire alors ? Toi et moi ? J’ai tellement hâte ! Et trop la flemme d’aller chercher à manger… Elle cherche sa main et la serre dans la sienne. Merci d’avoir été là aujourd’hui. Le jour où j’avais le plus besoin de toi. Tu le sais hein ? Que la réciproque est vraie. Que tu peux venir me voir quand tu as besoin et que je lâcherai tout pour toi.

Poète ? Non ! Alors là... ABSOLUMENT PAS ! Je ne suis pas quelqu'un du genre à préférer les belles paroles à une bonne partie de jambes en l'air, ou alors... j'ai jamais eu d'aussi belles paroles.

"C'est elle-même... Et je pense que toutes les divinités sont un peu détestables par pas mal de pans... Sauf Pan, lui, je l'aime bien."

Nous parlons de tatouage et mon idée totalement folle semble la séduire. Hé bien qu'est-ce qu'on attend ? Un bracelet de l'amitié qu'on ne pourrait pas retirer, qu'on le veuille ou non. Je lui fais un sourire lumineux quand elle me rappelle cette fameuse soirée, à dire vrai, moi non plus je n'ai jamais eu d'amis assez proches pour cela, sauf elle. J'en ai toujours rêvé, cependant, d'avoir quelqu'un d'assez complice pour me suivre.

"Je ne vais potentiellement pas regretter plus que toi. Pour te répondre, ils m'avaient collé 'Solve'" je désigne mon avant-bras "Et coagula"" en désignant mon autre avant-bras. "Tu..." je réalise soudainement que je ne lui ai jamais montré mon aspect démoniaque. Peut-être pas ce soir, mais... pourquoi pas un jour si elle le souhaite. Je ne pense pas qu'elle partira en hurlant. "...Enfin, cela signifie 'dissoudre et réassembler' en latin, ce sont les principes de base de l'alchimie. J'ai mis du temps à comprendre pourquoi, et encore aujourd'hui, je suis pas certain d'avoir tout bien compris, mais j'aime beaucoup l'idée. Cela me donne d'autant plus la sensation de pouvoir bâtir quelque chose. Après, mes fidèles étaient des farceurs."

Je me redresse, sur les coudes, après lui avoir imposé son surnom tout neuf.

"Pour moi, t'as les fesses blanches jusqu'à ce que je les voie par moi-même !"

Petit sourire qui s'agrandit. Puis, je saute sur mes pieds.

"Je t'en prie, c'est un plaisir. Allez, allons faire ce tatouage ! Je te suis. Et ensuite, je t'apporterai de la bouffe, tout ce que tu voudras. La nuit est encore jeune et je n'ai pas très envie d'aller dormir."

Je me demande vers qui nous nous dirigeons pour lui faire une demande aussi farfelue.

- Je ne vais potentiellement pas regretter plus que toi. Pour te répondre, ils m'avaient collé 'Solve et coagula… Tu...Enfin, cela signifie 'dissoudre et réassembler' en latin, ce sont les principes de base de l'alchimie.
- C’est… plutôt chouette si on garde juste en tête l’image. J’aime bien comme l’humanité a toujours aimé les phrases comme : « Rien ne se créer, tout se transforme ». Par contre, j’ai du mal à voir le rapport avec toi. Tu étais considéré comme le patron des alchimistes ou quelque chose comme ça ? Elle a un petit rire. Dire qu’il y a quelques mois je ne savais même pas que le surnaturel existait…
- J'ai mis du temps à comprendre pourquoi, et encore aujourd'hui, je suis pas certain d'avoir tout bien compris, mais j'aime beaucoup l'idée. Cela me donne d'autant plus la sensation de pouvoir bâtir quelque chose. Après, mes fidèles étaient des farceurs.
- Des visionnaires ! lance-t-elle avec une grosse voix de trailer de cinéma.

Le débat sur ses fesses la consterne autant qu’elle trouve ça hilarant. Elle sent bien qu’elle aurait beau dire ce qu’elle veut, il n’en démordrait pas. Juste par jeu sans doute.
- Mais t’en as vu des bouts je te signale ! Et elles ont un très joli hâle doré !

Il se lève et Lexi grimace à l’idée de redonner un peu de gravité à son corps. Elle fait toutefois l’effort de se mettre assise et réclame de l’aide pour se remettre sur ses pieds en tendant les mains vers Baphomet.
Le programme la fait sourire jusqu’aux oreilles.
- Okey… ça me va ! Allons emmerder les ours ! fait-elle avec un jeu de sourcil digne d’une méchante de dessin animé.

Marcher jusqu’à la voiture lui fait du bien et dissipe un peu le brouillard de la drogue. En tant normal, elle aurait hésité à prendre le volant mais à part rentrer dans un chevreuil, ils ne risquent pas grand-chose.
Pendant le trajet, elle lui fourre un carnet et un stylo entre les mains pour qu’il dessine leur tatouage. Ou du moins à peu près. Les Berserkers logent non loin de la caserne près d’une maison où vivent une étrange femme renarde et des enfants survivants du Brouillard que Lexi a déjà croisés.

Une fois garés, c’est Lexi qui prend les choses en main et attrape d’ailleurs celle de Baphomet pour s’approcher d’un attroupement de grands gaillards aux poils de barbe drus, à la voix bourrus et à l’accent pointu.

Après les avoir invités à boire un verre d’hydromel que la jeune femme refuse prudemment, vu l’odeur très forte d’alcool qui s’en dégage, ils parviennent à obtenir le nom de celui qui pourrait les aider ainsi que sa localisation.
Björn donc, s’est installé à l’écart et voit arriver ces invités impromptus avec une certaine perplexité.
- Bonsoir, déclare-t-il de son timbre tranquille. Je peux faire quelque chose pour vous ?
- Björn c’est ça ? Moi c’est Lexi… se présente la jeune femme, un sourire avenant sur les lèvres, enfin caporal Hailey, mais Lexi c’est bien et voici mon ami Baphomet. On aurait une petite faveur à te demander.
- Une faveur ? Il fronce le nez, comme s’il pouvait sentir l’odeur de l’herbe fumée sur eux. Ce qui est sans doute le cas.
- Oui ! On aimerait se faire tatouer tous les deux. Le même motif… montre-lui Baph !
- Dans votre… état ? Vous êtes sûr de vous là ? Je ne fais pas dans les décalcos...
Le coup d’œil sceptique du Berserker lui fait froncer les sourcils d'indignation.
- Evidemment ! Hein qu’on est super sérieux ? Elle donne un petit coup d’épaule à son comparse.
Le sorcier Berserker observe Baphomet d'un oeil acéré.
- Vous dégagez quelque chose de ... familier. Lexi observe les deux hommes, perplexe. Quelque chose de... il garde le silence, semble réfléchir et cherche à traverser la chair du démon pour contempler son essence même. Munin ?   

"Le rapport avec moi est compliqué à définir. Mais en somme, "solve" signifie une dissension, une brisure, un déséquilibre, voire une rupture avec les anciennes traditions. Le connu éclate, l'incertitude est partout. "Coagula" est l'étape d'après, celui où il est nécessaire d'avancer, de poser de nouvelles bases, de nouveaux acquis, une nouvelle liberté. Je suis le saint patron du libre arbitre, si tu veux m'attacher quelque chose."

Je réalise que ce terme de "libre arbitre", je ne l'ai pas dit souvent, et il me semble que Lexi soit désormais la seule à le savoir.

"Non mais t'es Lexi blanche fesse, c'est tout !"

Surnom validé et survalidé !

Ah oui, les fameux Berserkers, les bestioles d'Odin... Je baisse un peu la tête, évite finalement de partir en introspection, et nous voilà parti.

"T'as pas la même voiture !"

Ah, dessiner ! Je sais pas vraiment dessiner ! L'autre piaf sait dessiner ! On aurait dû lui demander à lui ! Et là, je réalise un truc... J'ai un moment d'absence, mes yeux se révulsent tandis que je passe ses souvenirs dans ma tête... Ses mains sont miennes, il créé, il dessine, non, il sculpte, on revient en arrière, oui, là, il dessine, et il dessine. Il a dessiné des flammes, il a dessiné des écailles, une chevelure... une plume. La voilà ! Immédiatement, je prends le stylo et commence à gribouiller sur la feuille, il faut que je m'y reprenne à plusieurs fois, les courbes sont plus tendres, plus gracieuses, plus harmonieuse. La partie duvet est délicate, mais agréable à faire. Quand j'ouvre les yeux, je me trouve devant une plume parfaitement exécutée. Merci poulet grillé !

Je laisse partir les dernières volutes de mémoire et approche le stylo de manière un peu hésitante avant de commencer à tracer des spirales comme l'est la mémoire dans une bouteille.

Je suis satisfait de moi, je m'aperçois qu'on est en train de se garer. Ah merde, moi qui pensais que Lexi allait me faire le coup de la panne... On ne peut vraiment jamais être mieux servit que par soi-même ! Je me laisse guider jusqu'à un rassemblement de monsieurs qui font une tête de plus que la normale. Ah oui, jolie petite armée ! Lexi demande le tatouilleur de service, et nous voilà parti pour une petite maisonnée à l'écart. Björn ? Je ne peux pas m'empêcher de sourire. Je connais ce nom ! Non, il faut que je tienne ma langue, ils ne sont qu'amis après tout.

Tutoiement direct, that's my girl !

Et... je suis présenté, comme ça, sans détours. OK !

J'observe l'homme qui nous fait face. Il a un visage grave, une musculatude... muscula... musc... il est balèze !!! Je me mets à ricaner devant l'incrédulité qui se dessine sur son visage.

"Parfaitement sérieux, chef !"

Par contre, j'aime pas son regard de là tout de suite. Merde. Qu'est-ce que quoi ? Il veut me piquer ma weed, c'est ça ? Trop tard, mon gros, j'ai déjà tout fumé avec ma copine.

Munin

Je retrouve toute mon inhibition ainsi que celles des quarante dernières années, ainsi que celles des quarante d'avant, et encore celles d'avant.

"Bonjour, votre correspondant est indisponible pour le moment, mais veuillez laisser un message, il vous rappellera dès que poss..."

Tit coup d'épaule de la part de Lexi. Quoi ?

"Ça fait un bail qu'on ne m'a pas appelé comme ça. J'ai plus l'habitude." et je sais pas si j'aime ça. La dernière personne à m'avoir appelé comme ça était Asmodée, et encore avant, c'était Lucie. Que des personnes très aptes à me faire avoir une très haute opinion de moi-même, pile ce dont j'avais besoin en ce moment. "On s'connait ?"

- Munin ?

Lexi regarde Baphomet sans comprendre. Au fond de sa mémoire pleine de fumée, elle sait que ce nom devrait éventuellement lui dire quelque chose mais là… rien ne lui vient.
Elle voit les changements s’opérer sur le visage de Baphomet et s’en inquiète encore plus.

- Dis, ça va ?
- Bonjour, votre correspondant est indisponible pour le moment, mais veuillez laisser un message, il vous rappellera dès que poss...
Devant cette attitude bizarre, Lexi lui donne un petit coup d’épaule pour le ramener au présent.
- Baph ?
Parce que c’est comme ça qu’elle le connait. Baphomet. Baph. Baphy, Baphy chéri quand elle est un peu pompette. Munin, elle ne sait pas qui sait…
- Ca fait un bail qu'on ne m'a pas appelé comme ça. J'ai plus l'habitude.
La jeune femme dévisage le sorcier/chaman-on-sait-pas-et-c’est-pas-le-sujet, cherchant des réponses qui ne viennent pas. Björn garde une expression impassible, jusqu’à ce qu’un coin de sa bouche rebique et qu’il fasse un bref signe de tête.
- Si ça t’ennuie, je ne t’appellerais pas comme ça alors.
- On s'connait ?
- Non. Et oui. Je suis… il marque une pause… sous la protection d’Odin et son … encore une pause… sorcier et prêtre dirons-nous. Je reconnais ton essence originelle. Je la vois. Mais je ne voulais pas te mettre mal à l’aise.

Lexi échange un regard avec le démon, un peu perdue. Est-ce qu’il lui racontera cette partie-là de sa vie ? Pourquoi il n’a pas l’air de l’apprécier tellement ? Voir de la cacher ? Beaucoup de questions et aucune réponse.

- Donc… ce tatouage ? recadre Björn et Lexi reprend leur objectif après un dernier regard vers Baphomet.
- Oui... elle pose les yeux sur le dessin pour la première fois. La vache ! C’est super beau ! Je savais pas que tu dessinais aussi bien ! Manifestement y’a plein de trucs que je sais pas hein…
Ça pourrait sonner comme un reproche mais c’est plutôt un constat un peu triste. Quoiqu’il en soit, elle ne peut que respecter sa volonté.
- En tout cas, j’adore ! On aimerait le faire là ! Elle dégage ses cheveux pour montrer l’arrière de son oreille.
- Ca va faire mal, commente sobrement le Berserker.
Lexi a un petit reniflement de dédain.
- Pas grave ! Tu essaieras la danse classique pendant des années, l’endométriose et l’armée. On reparlera de douleurs après. Les mecs…
Ca c’est pour la bravade… maintenant il faut assumer. Le sorcier a un petit rire et lève les mains en signe de paix.
- Ok, ok… j’ai rien dit ! Je peux faire ça oui. Mais à l’ancienne avec juste une aiguille sans machine.
Lexi déglutit et frotte la peau derrière son oreille. C’est vrai qu’elle est très, très fine.
- Baph ? Ca t’ennuie si je commence ? Sinon je risque peut-être d’avoir trop la trouille. Tu restes avec moi, hein ?

Après avoir préparé ses affaires, Björn l’invite à s’assoir avec une lueur de défi dans le regard et Lexi, se sentant piquée au vif, vient s’installer comme une reine sur son trône. D’abord, le sorcier tresse ses cheveux, les plaquant sur son crâne d’un côté pour éviter qu’ils ne le gênent puis la tourne vers le feu et trace les traits du dessin au stylo.
- Prête ? fait-il finalement, l’aiguille à la main en penchant la tête de la jeune femme.
- Ca va prendre longtemps ?
- Une heure et quelques sans doute…
- Ok… ok… elle tend la main à Baphomet, le regarde et sourit. Vas-y.

Ce monsieur se présente. Alors, il connait notre famille désunie ? Chouette ! J'avais tellement besoin de ça en ce moment, là, maintenant, alors que je suis avec ma Lexi privilégiée. Je secoue la tête et donne le dessin à Lexi qu'elle complimente.

"C'pas moi, c'est le piaf..."

J'hésite et désigne ma tempe du doigt.

"C'est un vrai artiste."

Merde...

"Lexi... C'est pas une période très marrante de ma vie, mais si ça t'intéresse, je te dirai."

Juste que Lexi, c'est que du bonheur, et que ça, ce n'est pas que du bonheur. Le mélange des deux me paraissait incompatible. Je ne voulais rien lui cacher, évidemment. C'est comme ma forme démoniaque que je ne montre absolument à personne, ça se fait pas, voilà tout.

En tout cas, cela n'a pas l'air de la débiner plus que cela, même par le Björn qui lui annonce une douleur atroce. Je lève les yeux au ciel et plussoie ma copine de tout mon être. Elle a souffert bien plus qu'aucun Berserker pour son tatouage, même physiquement.

"Je t'en prie, commence."

Elle s'installe et je viens près d'elle, passant un bras autour de ses épaules, et murmure tout contre son oreille.

"Après un petit quart d'heure, ton corps va commencer à produire des endorphines. Tu vas te mettre à planer grave... Profite... Mais essaie de pas dire trop la vérité sur les conneries qu'on a pu faire et nos aventures."

La ligne douleur/plaisir, je la connais trèèèès bien. Je lui fais un petit clin d'œil amusé. Bon, nous avons donc une heure à tuer ? Hé bien c'est partit !

"Avant d'être Baphomet, j'étais Munin, et avant cela, j'étais un vilain corbeau blanc. J'av... j'ai un frère, Hugin. Tout cela a commencé il y a plus de trois mille ans, avant, je ne me souviens pas de ce que j'étais, si tant est que j'sois quelque chose. Nous avons rencontré Odin et il nous a affublé des pouvoirs de la mémoire, moi-même, et de la pensée, mon frangin. Mon pouvoir, je l'ai mis au service des hommes, mon frère a mis le sien au service d'Odin... Pardon m'sieur Björn, mais je ne vais pas raconter une histoire très flatteuse..."

En même temps, il m'en ont fait baver, je ne vais pas leur jeter des fleurs, encore moins aujourd'hui. Mes yeux se ferment alors que je me souviens de l'instant précis où j'ai reçu mes pouvoirs, que j'étais déjà envieux parce que j'aurais aimé avoir Pensée et qu'on ne m'a pas laissé le choix... Mais Hugin croassait plus fort... Mes yeux se ferment d'autant plus fort alors que les prémices de mes souvenirs me reviennent, de la toute première fois où j'ai utilisé mon pouvoir... Non, pas ce soir, pas avec Lexi ! Je ne veux pas qu'elle sache cela.

"À l'époque, quand nous partions, Odin ne savait plus rien et était incapable de penser. Il a eu... ses histoires de familles, et il n'en avait jamais assez de puissance. Après des siècles d'errance et d'une existence inégale, Odin a décidé de devenir un démon. Mon frère l'a suivi par attrait pour la puissance, je l'ai suivi par fidélité. Ouais, je sais, on dirait pas, mais j'étais le plus fidèle des deux, mais pas le chouchou. Mon frangin est devenu un démon bien avant moi, prenant ses marques, exécutant sa volonté. Il a eu un Hellhound, un royaume sur lequel régner. Pour ma part, je me considérais encore au service des hommes, et de leurs âmes, essayant de les aider au maximum malgré les règlements et ce genre de choses totalement idiotes. Odin est devenu plus puissant avec sa nature démoniaque, mais aussi plus faible par son âme qui a été brisée. Il souffre, et je le sens bien, jusque... là." Je montre ma poitrine "Je n'ai pas choisi d'être Mémoire, et je t'assure que c'est un pouvoir dont j'aurais aimé me débarrasser rapidement. J'ai essayé d'élever mon culte, un culte de personnes pensantes qui voulaient révolutionner les traditions, hommes comme femmes, juste en modifiant leurs souvenirs. Je voulais me réapproprier, en tant que démon, ce pouvoir de la Mémoire. J'ai donc instillé, çà et là, des idées d'un culte occulte, secret. Cela a commencé à bien marcher quand j'ai ajouté scandales et tortures... Mais personne, absolument personne, n'est mort en mon nom."

Attends... je lui ai déjà dit tout ça.

"Navré, je m'égare. Mais ouais, je suis bel et bien Munin, le compagnon d'Odin, et Hugin est mon frangin. Je sais pas si je le suis encore, ou non, d'ailleurs. Chez moi, l'adage 'on ne choisit pas sa famille' s'applique vraiment très bien. Les gens qui m'appellent comme ça sont assez rares, au final, et... pardon Björn, mais c'est rarement une bonne nouvelle."

Le Panthéon nordique et ses traditions de conquêtes guerrières n'est réellement pas fait pour moi.

"...D'ailleurs, quand le culte Nordique s'est fait peu à peu remplacer par la tradition chrétienne, je me suis fait prêtre. C'était super pratique pour instiller mon nouveau culte !"

Lexi sert fort les doigts de Baphomet et pince les lèvres quand l’aiguille perce sa peau. Elle s’astreint à ne pas bouger et respire profondément.

- Après un petit quart d'heure, ton corps va commencer à produire des endorphines.
- Ah ? fait-elle d’une voix blanche. J’ai hâte… là ça picote quand même pas mal.
- Tu vas te mettre à planer grave... Profite...
Elle sourit sans oser bouger pour lui lancer son regard qui tue. De toute façon, Björn lui maintient la tête fermement.
- L’herbe ça me fait planer. Pas la douleur.
- Mais essaie de pas dire trop la vérité sur les conneries qu'on a pu faire et nos aventures.
- Promis. Seul Hollywood aura le récit complet ! Tu vois qui dans ton rôle ?
- Avant d'être Baphomet, j'étais Munin, et avant cela, j'étais un vilain corbeau blanc. J'av... j'ai un frère, Hugin. Tout cela a commencé il y a plus de trois mille ans, avant, je ne me souviens pas de ce que j'étais, si tant est que j'sois quelque chose.
- Trois milles ? répète Lexi, estomaquée.
Björn, quand à lui, se contente de sourire en coin en trempant son aiguille dans l’encre. Il doit déjà connaître cette histoire par cœur lui.
- Nous avons rencontré Odin et il nous a affublé des pouvoirs de la mémoire, moi-même, et de la pensée, mon frangin. Mon pouvoir, je l'ai mis au service des hommes, mon frère a mis le sien au service d'Odin... Pardon m'sieur Björn, mais je ne vais pas raconter une histoire très flatteuse...
- Elles le sont rarement quand on analyse bien les choses. Je suis loin d’idéaliser mes dieux, tu sais. Loin de là. Odin nous a plus ou moins abandonné aussi. Ne bouge pas… Lexi c’est ça ?

Au fur et à mesure du récit de Baphomet, Lexi a gardé la main du démon au chaud entre les siennes.
- Ok… je comprends que tu n’aimes pas tellement ce nom-là. Je suis désolée. Je me sens nulle de t’avoir poussé à me raconter ça alors que c’est une histoire délicate.
- Je n’avais jamais non plus entendu l’histoire du point de vue de Munin, intervient Björn. Intéressant de voir à quel point cette perspective diffère. Merci de l’avoir contée.

Lexi grimace et sert les mâchoires en sentant l’aiguille se planter de plus en plus près de l’arrière de son oreille.
- Tu veux une pause ? demande le tatoueur.
- Non… non ça va… continue.
- La Mémoire est un pouvoir tout aussi enviable que la Pensée. La Mémoire, c’est la rencontre entre le passé, le présent et le futur. Sans doute est-ce pour cela que ton cheminement de vie est bien loin de celui de ton frère. Que tu es là avec nous aujourd’hui et pas lui.
- Il a raison. Tu es bien mieux là, assure la jeune femme qui bouge encore un peu pour lui sourire. Désolée ! s’exclame-t-elle sous le regard noir du Berserker.
- Navré, je m'égare. Mais ouais, je suis bel et bien Munin, le compagnon d'Odin, et Hugin est mon frangin. Je sais pas si je le suis encore, ou non, d'ailleurs. Chez moi, l'adage 'on ne choisit pas sa famille' s'applique vraiment très bien. Les gens qui m'appellent comme ça sont assez rares, au final, et... pardon Björn, mais c'est rarement une bonne nouvelle.
- C’est une menace ? s’amuse Björn.
- Hey pas de bagarre alors que le monsieur a une aiguille tout près de mon oreille… !
-...D'ailleurs, quand le culte Nordique s'est fait peu à peu remplacer par la tradition chrétienne, je me suis fait prêtre. C'était super pratique pour instiller mon nouveau culte !
- Attends quoi ? Pause Björn !
Elle tourne la tête vers Baphomet ayant manifestement beaucoup de mal à ne pas exploser de rire.
- Pardon ???? Toi ? Prêtre ??? Je suis désolée hein mais… non. Impossible. Tu te fiches carrément de moi là ?

Elle ne se souvient plus de mon âge ! Aaah, quel malheuuuur ! Elle est la seule à le connaître. Je la regarde. Oui, seul ce cerveau, cette mémoire est apte à dire mon âge. En fait, seul cet organe est apte à dévoiler beaucoup de moi. Sans m'en empêcher, je lui fais un sourire aveugle que ni elle, ni Björn, ne peut voir.

"Odin vous a abandonné ? Comment ça ?"

Ma main se serre autour de celle de Lexi quand elle s'excuse. Non, je ne veux pas de ça entre nous !

"Naaaah, t'inquiètes. J'aime bien que tu me poses des questions, d'autant que je suis pas le dernier à le faire... et puis... j'aime bien en fait."

Ah ça, c'est sûr que quand on s'adresse au sous-fifre, c'est différent ! Ce sont les vainqueurs qui écrivent l'histoire et c'est ainsi que Christoph Colomb découvrit l'Amérique ! J'aurais dû me reconvertir en scribe en fait. J'aurais fait des ravages dans les livres.

J'aime bien Björn, déjà parce qu'il me flatte, et qu'en suite, il n'est absolument pas condescendant avec moi. En fait, il est assez loin de tous les préjugés qu'on pourrait avoir des Berserker. Je reviendrai le voir, un bédo en cadeau ! Ah non, j'en ai plus, mon dernier est en train de s'immiscer dans les cellules de ma chère Lexi. Je trouverais bien quelque chose...

Lexi serre ma main, et j'ai l'impression de respirer un peu plus à nouveau.

"Merci, mec. C'est vrai... Mon frangin ne connait pas Lexi... Putain... le pauvre !"

Parce que je ne peux pas affirmer la même chose pour Björn au final.

"Une menace ? Absolument pas ! C'est juste que Munin est ce qu'on m'a imposé d'être. Baphomet est qui je suis vraiment, ce que j'ai construit. C'est un peu comme quand une mère appelle son môme par tous les prénoms possible... Généralement... ça veut pas dire 'je t'aime'."

Je sursaute presque quand Lexi réclame à cor et à cri une pause... et j'éclate de rire, très fort. Je regarde Lexi avec des larmes d'hilarité plein les yeux. Après un certain temps conséquent, je consens enfin à essayer de répondre.

"Pourquoi penses-tu que les anges ont des ailes ?"

Ce serait un raccourci excessivement rapide, mais pas dénué d'explication. Cependant, je ne vais pas prétendre être le créateur de tout un culte monothéiste qui a conquis pratiquement toute la planète... Juste... disons que j'étais là, quoi.

"Non, je ne me fiche pas de toi... Quand je suis revenu sur terre, il me fallait un but, n'importe quoi, quelque chose pour soulager l'âme des êtres restés vivants. Bien sûr, je ne pouvais pas rester très longtemps sur la surface à l'époque, mais je faisais de mon mieux. Les temps changeaient, les lois changeaient. L'esclavage, la polygamie, et le mariage non consenti devaient disparaître. Il s'avère que les prêtres avaient fonction d'enseignants, de médecins, et de juge, à l'époque... Donc, parfait pour faire évoluer les choses."

...Et punir les violeurs d'un claquement de doigt...

"De plus, à l'époque..." mon regard se pose sur la main de Björn. Merde. J'aurais pas dû commencer à raconter cette histoire. Non, c'est Lexi Baby Sexy, tout va bien se passer. "...J'avais pas spécialement prévu d'être en couple avec qui que ce soit. Le choix de carrière était donc évident pour moi ! Et voilà, je suis devenu prêtre, un des plus tolérants et des plus chaste de mon époque."

Je me caresse la lèvre inférieure du bout de l'index, un peu songeur, perdu dans mes pensées et dans les yeux de Lexi.

"Tu me crois, maintenant ?"

- Odin vous a abandonné ? Comment ça ?
- Il nous a créé, nous sommes ses guerriers et ses prêtres en quelque sorte. Il nous a façonné, nous a guidé puis nous a quitté, ne nous laissant que des préceptes oraux, transmis de génération en générations. Mais vous voyez le concept du téléphone arabe ? Eh bien c’est la même chose avec nous. Les préceptes originels ont été largement tordus. Nous sommes dévoyés, dégénérés et jamais il ne s’est penché sur ses fils pour nous montrer la bonne voie à nouveau.
Prise d’un élan de compassion amplifié par la drogue, Lexi pose sa main libre sur le bras de Björn.
- C’est horrible ! Je suis désolée pour vous. Les « parents » divins ont l’air aussi nuls que ceux qu’on se tape ici.
Björn a un petit rire.
- C’est gentil. Mais aujourd’hui, il est prêt à faire amende honorable. Alors je veux bien oublier tout ça pour construire quelque chose. On va le faire trimer un peu !
- Wow… t’as la sagesse des vieux sorciers qui guident le jeune héros dans l’aventure ! Tu auras le droit d’apparaitre dans le film de nos aventures à Baph et à moi.  

Le démon se confie sur sa nature première et Lexi se promet de garder une place spéciale dans sa mémoire pour ses révélations là, qu’elle croit comprendre assez rares. Entre la douleur de l’aiguille, la drogue et le ronron de la voix de Björn et de Baphomet, elle a un moment de blanc. Elle se demande si le fils d’Odin et son Corbeau n’arriverait pas à s’entendre. Baph a besoin d’être entouré, elle l’a su dès le premier jour.

- Une menace ? Absolument pas ! C'est juste que Munin est ce qu'on m'a imposé d'être. Baphomet est qui je suis vraiment, ce que j'ai construit. C'est un peu comme quand une mère appelle son môme par tous les prénoms possible... Généralement... ça veut pas dire 'je t'aime'.
- Merde… Ma mère m’a jamais dit « je t’aime »… Elle ne s’en rend compte que maintenant.
- Hey au moins tu as eu une mère toi !
Lexi glousse et essaie de ne pas bouger pour éviter de se faire gronder à nouveau.
- On est vraiment en train de jouer à qui a été le plus malheureux dans sa vie ?

Baphomet lâche alors une bombe tellement monumentale qu’elle nécessite un arrêt sur image. Lui prêtre ??? Pourquoi il rit comme ça ? Parce qu’il se fiche d’elle c’est ça… Elle fait la moue puis finit par rire à son tour sans trop savoir pourquoi. Juste parce que ça l’a rend heureuse de le voir rire. Ca change des larmes sur la plage.

- Pourquoi penses-tu que les anges ont des ailes ?
- Noooon ?? Tu me fais marcher ??
- Parce que l’homme a toujours été obsédé par l’idée de voler ? tente Björn avec un petit toussotement.
Lexi pointe le Berserker du doigt.
- Voilà ! Ça c’est une réponse censée !
- Non, je ne me fiche pas de toi... Quand je suis revenu sur terre, il me fallait un but, n'importe quoi, quelque chose pour soulager l'âme des êtres restés vivants.
- Et donc… prêtre ?
- Bien sûr, je ne pouvais pas rester très longtemps sur la surface à l'époque, mais je faisais de mon mieux. Les temps changeaient, les lois changeaient. L'esclavage, la polygamie, et le mariage non consenti devaient disparaître.
- Devaient ! Bah c’est un beau loupé !
- Il s'avère que les prêtres avaient fonction d'enseignants, de médecins, et de juge, à l'époque... Donc, parfait pour faire évoluer les choses.
Lexi secoue la tête, incapable de se faire à l’image d’un pieux Baphomet, la bible à la main en train d’accueillir ses ouilles et de chanter des psaumes en latin.
- De plus, à l'époque... J'avais pas spécialement prévu d'être en couple avec qui que ce soit. Le choix de carrière était donc évident pour moi !
- Oh arrête ! Parce qu’en plus t’as suivi les règles ? Genre abstinence et tout et tout ?
- On penche la tête Miss ! Je vais pas y passer la nuit non plus sur vos tatouages, proteste Björn.
La revoilà donc la tête sur le côté à dévisager Baphomet par en-dessous avec un rien de suspicion.  

- Et voilà, je suis devenu prêtre, un des plus tolérants et des plus chaste de mon époque.
- … c’est l’histoire la plus étrange que j’ai jamais entendue !
- Tu me crois, maintenant ?
- Bah oui ! Tu me mentirais pas, déclare-t-elle sur le ton de l’évidence. Mais quand même… soutane ? Col blanc ? Confessionnal ? Elle ricane tout en restant aussi immobile que possible. J’aurais donné cher pour voir ça ! Je serais même venue voir une de tes messes… c’est pas tous les jours qu’on apprend que son meilleur ami a été prêtre ! Ca veut dire que tu peux marier les gens ?

Oh merde… maintenant elle l’imagine en train de la marier à … personne présentement mais quand même…
Pendant qu’elle divague toute seule avec des images dignes d’un téléfilm du dimanche, Björn met un point final à son tatouage.
- Voilà ! Il faudra revenir pour les finitions à la lumière du jour. Je vais te mettre un pansement dessus. Tu pourras l’enlever d’ici quelques heures. Savon doux, hydratation et cicatrisant. Pas d’exposition au soleil et on ne frotte pas.

Mais tout ce qui intéresse Lexi c’est de montrer le résultat à Baphomet.
- Alors ? Ça donne quoi ? demande-t-elle excitée comme une puce.

Ah ? Lui aussi a des nouvelles du boss ? Franchement, cela aurait dû m'énerver... Mais en fait, je suis avec Lexi, et j'ai l'impression que je pourrais soulever des montagnes. Et puis au pire, Björn m'appellera si le réveil n'a pas sonné ! Je regarde Björn avec le secret espoir qu'il ne m'oubliera pas dans tout ça. Je n'ai rien à exiger de lui, d'autant moins que je viens de désavouer mes origines. Cependant, il semble que nous ayons le même père, même si j'ai changé de nom... Cela fait un peu de nous des frères, non ? On signe où pour un frère comme lui ?

"Les parents divins sont les pires."

Je souris devant leur petit jeu "c'est moi qui suis le plus malheureux. Dans cette catégorie, Lexi a une certaine longueur d'avance bien que je n'ai pas été fouillé Björn... CETTE PHRASE EST DÉGUEULASSE ! Bon, OK, j'avoue que j'ai lâché une information étrange, mais la réaction de Lexi vaut toutes ces années d'études chiantes. Chaque seconde de nez dans les livres vaut très largement ces yeux, cette bouche, cette expression que j'ai, actuellement, sous mes yeux.  

"Je te ferai bien voler... Tiens... C'est une idée, ça !"

J'explique un peu mon choix de carrière, mes envies. Je pourrais passer des heures à expliquer chaque âme que j'ai ramenée au bercail, chaque mémoire que j'ai sauvegardée pour ensuite la retransmettre à leur compagnon/amis/descendance. C'était une période pénible et sombre. Je dévoile à mi-mot les raisons de mon choix. Lexi semble incrédule et cela me fait avoir un nouveau rire.

"En fait, à l'époque, je ne pouv..." Arrêt sur image. Non. Mauvaise idée. Ne pas raconter cela. Retro-pédalage immédiat ! Oui mon capitaine ! "...J'ai suivi la moindre de leur règle. Mes pouvoirs sur la mémoire n'étaient pas ce qu'ils sont maintenant et je voulais vraiment être le visage amical vers qui les âmes en deuil se tourneraient, sans tricher."

Bon, allez, on sort de la zone drama, on rajoute une couche !

"Après tout, aussi loin que tu en sais sur moi... si ça se trouve, je suis encore vierge !"

Je lui avais parlé de mon entourloupe que je faisais à mes clients et mes clientes.

"Oui, je peux marier les gens !"

Le tatouage est enfin fini. Je m'approche de Lexi et l'examine de très près. J'apprécie beaucoup le grain du dessin, la finesse du trait, le tout est parfaitement délicat et discret, comme un secret. Je me retourne vers l'artiste déjà partit chercher le nécessaire.

"C'est magnifique ! Bravo Björn !"

Puis, je me retourne vers Lexi et lui murmure à l'oreille.

"Essaie de te détendre."

Je pose ma main sur son front. Me voilà devant un miroir dans une ambiance beaucoup plus froide et austère. Je suis en train de m'habiller d'une soutane qui me tombe jusqu'aux chevilles. La sensation de ce vêtement en particulier est agréable, il est une armure derrière laquelle se cacher. Personne ne demande à un prêtre ce qu'il pense, personne ne questionne un prêtre sur son passé, en fait, l'homme disparaît totalement. Une inspiration pour se donner du courage tandis que les derniers boutons sont enfilés. Le sourire est amical et sincère. Cet homme est un guide pour que les âmes se fassent bien traiter dans l'au-delà. Le Baphomet n'existe pas. Pas encore. Les enjeux politique des enfers n'ont pas cours ici. Il s'agit là d'un entre deux. Une fin et un commencement. Solve et Coagula.

"C'était cadeau... Pour que tu aies de quoi fantasmer la nuit."

Au moins il y aura quelqu'un pour affirmer à quel point je pouvais être chieur pour un démon !

Une fois le pansement posé, je prends place pour avoir le même tatouage.

"MON TOUR ! Je le veux sur la fesse ! Non, je dec. Dans le cou, ce sera parfait ! Dis, Lexi, si t'étais d'héritage divin, tu voudrais être qui ou quoi ? J'suis sûr que tu y as réfléchi !"

- En fait, à l'époque, je ne pouv... J'ai suivi la moindre de leur règle.

Clairement ça n’était pas la phrase qu’il voulait prononcer à la base et Lexi se demande bien ce qu’il voulait réellement dire. Elle est également très lucide sur le fait qu’il a sans doute un jardin secret aussi grand que la planète Terre. Peu importe après tout si elle n’en recueille que quelques fleurs. Ca lui fait malgré tout un joli bouquet.

- Mes pouvoirs sur la mémoire n'étaient pas ce qu'ils sont maintenant et je voulais vraiment être le visage amical vers qui les âmes en deuil se tourneraient, sans tricher.
- C’est vraiment adorable. Mais donc ça veut dire que ton pouvoir évolue ?
- Après tout, aussi loin que tu en sais sur moi... si ça se trouve, je suis encore vierge !

Très comiquement Lexi et Björn lui jette à peu près le même regard, très, très, TRES sceptique. Finalement, la jeune femme déclare.
- Ok… je te laisse… disons le bénéfice du doute.

Un gros doute si on en croit le timbre de sa voix. Mais déjà elle bifurque sur l’idée du mariage et ça l’a fait sourire.
Puis la séance de torture de tatouage se termine et Lexi se montre plus qu’empressée d’avoir l’avis de Baphomet.
- Alooooors ? Tu vas ma mater l’oreille encore longtemps ? Ça te plait ? Tu me fais peur ! Dis un truc !
- C'est magnifique ! Bravo Björn !

Le Berserker lui sourit avec une certaine fierté.
- Merci. J’avais un très bon modèle de base mais un support un peu gesticulant.

Lexi lève les yeux au ciel.
- Essaie de te détendre.
Méfiante mais aussi très curieuse, Lexi dévisage Baphomet avec une petite moue.
- Okey…

Sitôt qu’il pose sa main sur son front, elle est transportée ailleurs, se voit dans un miroir… non ça n’est pas elle, lui précise sa tête alors qu’elle a malgré tout l’impression de vivre l’instant. Ce n’est qu’une fois que l’expérience se termine qu’elle comprend qu’elle a vu un souvenir à travers les yeux de Baphomet. Elle cligne plusieurs fois des paupières pour revenir à la réalité.

- Wow… c’était une sacrée expérience.
Un peu retournée, elle lui donne un léger coup de coude accompagné d’un regard complice.
- Mais dis donc ! Ca t’allait plutôt bien la soutane ! Très sexy… Tu as fais ça pendant combien de temps ? Ça avait l’air d’être un job plutôt… exigeant… et solitaire…

Ça l’attriste de savoir qu’il l’a été si souvent et elle pose sa tête contre l’épaule du démon dans un geste de réconfort qu’il ne comprendra peut-être pas. La drogue lui donne parfois des bouffées d’affection pour les autres.
- C'était cadeau... Pour que tu aies de quoi fantasmer la nuit.
Elle glousse.
- Merci Baph ! J’adore les cadeaux ! Si je me marie un jour – mais elle doute beaucoup que ça arrive – tu pourras la réenfiler ? demande-t-elle malicieusement.

Björn s’occupe ensuite de protéger le tatouage de Lexi et elle se décale pour laisser la place à Baphomet.
- MON TOUR ! Je le veux sur la fesse !
- C’est non, réplique le Berserker du tac au tac alors que Lexi éclate de rire.
- Non, je dec.
- Il plaisante, déclare-t-elle en même temps.
- Dans le cou, ce sera parfait !
- Où ça exactement ? Montre-moi, exige leur tatoueur qui semble prendre son rôle à cœur. Pour toi Lexi il n’y aura que des retouches. Pour toi monsieur le démon, l’encre va finir par disparaitre avec le temps. Donc si tu veux le garder, il va falloir que tu penses à en prendre soin.

Un petit pli se forme sur le front de Lexi. Elle oublie parfois qu’elle n’a qu’une toute petite vie au regard de celle de Baphomet. Celle qu’il aura encore longtemps après elle. Elle lui sourit un peu tristement en se demandant s’il le conservera ce tatouage. Est-ce que ça a une véritable importance après tout ? Seul le présent compte.  
Björn commence son travail de précision.

- Si tu veux pleurer de douleur, je ne dirais rien… plaisante-t-il.
- Dis, Lexi, si t'étais d'héritage divin, tu voudrais être qui ou quoi ? J'suis sûr que tu y as réfléchi !
Lexi lui fait les gros yeux puis avoue avec un petit rire.
- Non, jamais … Mmm alors si je devais choisir… c’est super dur comme question !...
- C’est sans doute pour ça que personne ne demande l’avis de personne en général… ironise Björn.
Ca la plonge dans des abimes de songerie.
- Une déesse guerrière ? Athéna ? Nooooooon je sais ! Cupidon ! Ca me prendrait trois fois moins de temps de jouer les entremetteuses ! Elle mime une flèche qu’elle tire avec précision sur le Berserker. Pouf ! Magique.
- Garde tes flèches pour les autres tu veux bien ?
- Ohhhh ça sonne comme un défi ça, non ? Bon et toi alors ? T’aurais une idée pour moi ?

Comment répondre à cette question ? Mon pouvoir évolue-t-il vraiment ? Oui... et non.

"Ma manière d'apprendre à le maîtriser évolue, oui. Parfois, je le tiens à la perfection, je suis capable de faire oublier assez proprement des choses aux autres. Parfois, il m'échappe, comme pour tout, et j'ai plus de mal. La personne sur qui je le fais est très importante. Si elle est ouverte et d'accord, ce n'est pas pareil que si je le lui impose... Et puis ça dépend de périodes dans ma vie."

Tiens, c'est marrant, personne ne veut me croire quand je dis que je suis vierge ! Et pour autant, personne ne peut le prouver... à moins de passer à l'acte avec moi. Je suis sur le point de lui en faire la remarque, mais je me dis que je préfère faire mes déclarations brulantes en privé. Déjà que je me suis retenu de lui toucher le cou en faisant semblant d'admirer le tatouage !

Pour la première fois de ma vie, je montre à quelqu'un cette partie de moi. Celle-ci, personne ne la soupçonne non plus, pas même les démons qui m'auraient sans doute hurlé dessus/ou se moquer de moi s'ils avaient su. En fait, je ne devais absolument pas partager ma double-vie démoniaque à la surface non plus, mais un prêtre démon est beaucoup moins embêté qu'un démon prêtre, je vous l'assure !

Je me suis préparé à la question, et je réponds rapidement

"J'ai fait ça pendant trois vies adultes humaines. À l'époque, ça faisait 73 ans... J'ai arrêté quand les gens ont commencé à se déplacer bien plus facilement, quand les peintures et les portraits sont devenus ultra-réaliste, et qu'une mémé a hurlé que j'étais un fantôme... c'était une petite que j'avais moi-même baptisée." ELLE A DIT QUE J'ETAIS SEXY ! Étape 1 de mon plan, check ! "Oh, il faut pas t'inquiéter pour m..." Ow.. Un câlin ? On va s'préparer à l'étape deux ! Je la regarde dans les yeux, essayant de déchiffrer ce qu'elle a voulu me dire par ce rapprochement. Cependant, ses yeux dilatés me renseignent. Je vois !

"Si tu te maries un jour, je te promets d'enfiler tout ce que tu voudras."

Avec... qui... elle... souhaite... se... marier ??? Elle n'a que Lounis dans sa vie, le poète, et elle est sur le point de le quitter. Du calme, Baphy, DU CALME BORDEL. Tu passes une bonne soirée, c'est pas la peine de tout gâcher.

"...ou qui tu voudras."

Je m'installe et montre l'emplacement où je veux ma plume, juste sous la racine des cheveux, avec une courbe imitant celle de l'oreille.

"...En fait, je pensais par la suite demander à me scarifier et à m'encrer, à l'ancienne." Je me tourne vers Lexi "C'est une technique qui ne peut pas s'effacer avec le temps. C'est infiniment plus douloureux, mais ceux qui en ont eu recours les garderont toujours. On a trouvé des traces de ce genre de tatouage sur des squelettes vieux de plus de mille ans, c'est dire si c'est de la qualité." je remarque un pli soucieux sur les traits de mon amie "Ça va, Lexi ?"

C'est mon tour et je serre les dents. Alors ça fait comme ça, un tatouage ? Bordeeeel, vivement le premier quart d'heure passé pour avoir de l'endorphiiiine !

"T'inquiètes Björn, tu passes après. Je suis certain que quelque chose ou quelqu'un choisi pour nous."

Hey ! Pourquoi lui a le droit d'avoir une flèche et pas moi ?

"Tu joues les entremetteuses avec qui ?"

Bon, visiblement, ces deux-là sont proches.

"Skadi. Une déesse si puissante que même les dieux nordiques ont décidés d'accéder à ses demandes plutôt que de la combattre." Bon, elle est davantage portée sur la culture grecque. OK... Alors... "Clio ?" Si elle sait qui c'est, j'suis dans la merde !

Je ferme les yeux sous un coup d'aiguille plus fort que les autres. Aouch.

- ...En fait, je pensais par la suite demander à me scarifier et à m'encrer, à l'ancienne.
- Ca marcherait ? s’étonne le Berserker. Ta peau se regénère toute seule non ?
Lexi a d’autre considération et elle s’étrangle presque d’indignation.
- Te scarifier ! Mais pourquoi tu ferais une chose pareille ?
- C'est une technique qui ne peut pas s'effacer avec le temps. C'est infiniment plus douloureux, mais ceux qui en ont eu recours les garderont toujours. On a trouvé des traces de ce genre de tatouage sur des squelettes vieux de plus de mille ans, c'est dire si c'est de la qualité.
- Oh.. ok… c’est… baragouine la jeune femme.
- Ça va, Lexi ?
- Oui ! Pardon… c’est… mince j’arrive plus à faire des phrases ! Elle inspire un grand coup. Ca me rend heureuse et honorée de savoir que tu porteras notre tatouage pendant… bah l’éternité. Et en même temps je veux pas que tu souffres pour ça !

Alors que la séance commence pour Baphomet, Lexi note la crispation de la mâchoire de Baphomet.
- Ca fait un peu mal hein ? Tu veux faire la respiration du petit chien ?
Oui elle se moque un peu, mais comme elle est déjà passé par là, elle peut se le permettre.

Apparemment, ça ne l’empêche pas de parler.
- T'inquiètes Björn, tu passes après. Je suis certain que quelque chose ou quelqu'un choisi pour nous.
- Tu crois au Destin ? demande Lexi, curieuse. Moi non.
- A mon sens, il y a des voies prédéfinies qui s’offrent à nous. Chacun décide du chemin qu’il emprunte.
- Tu joues les entremetteuses avec qui ?
- Oh euh… elle en a sans doute trop dit et ne souhaite pas lui faire de peine. Disons que je surveille les miches d’un Gi-Ja pas très doué. Toi-même tu sais. Et avant ça y’avait Caleb qui avait un peu le même problème d’accepter sa fluidité en matière de sexualité. Pour se faire pardonner, elle lui sourit et plante son menton sur son bras. Tu veux que je m’occupe de toi ensuite ? Je vais botter les fesses d’une certaine Blanche-Neige et je te la ramène menu militari ? Du coup cette déesse ? Tu n’as pas répondu !
- Skadi.
- Le Géante ? intervient Björn.
- Tu me vois en géante ? s’amuse Lexi.
- Une déesse si puissante que même les dieux nordiques ont décidés d'accéder à ses demandes plutôt que de la combattre.
- Déesse de l’hiver et de la chasse. Entre autre. Tu peux donc garder ton arc.

Elle se rend soudain compte que Cupidon est Eros. Eros a aimé Psyché pour l’éternité. Psyché est Lounis à présent… ironique… même dans les affres de la drogue et en excellente compagnie apte à lui faire tout oublier, quelque chose la ramène à lui. Inexorablement. Son sourire se fane un peu.

- Pas Cupidon finalement…
- OK... Alors... "Clio ?
- Le nom me dit vaguement quelque chose… Elle glisse à nouveau sa main dans celle de Baphomet lorsqu’elle le voit grimacer… ça va aller Baphouchou ? Petit jeu de sourcils. C’est totalement pour me venger du Lexy Sexy Baby et je sais pas quoi d’autre… Donc Clio…
- C’est pas une Muse ?
- Ah si ! L’histoire non ? Elle prend la pose d’une digne statue grecque. C’est très passif une Muse non ? Et toi tu aurais aimé être qui du coup ? demande-t-elle à son démon préféré.

"C'est pas seulement que ça marcherait, c'est aussi que c'est un peu la seule solution... Enfin, la question ne se pose pas pour le moment."

Lexi semble troublée par mon idée, mais je pose ma main sur sa joue. Nous avons deux vies différentes, totalement. Elle ne doit pas perdre de temps avec des gens qui n'en valent pas la peine. Cette scarification sera pour moi une manière de lui assurer que je serais toujours là.

"Si je souffre pas, tu vas me traiter de chochotte et tu auras raison !"

Et d'un coup, elle se moque de moi, et cela me fait rire. Dans une tentative aussi ratée qu'amusante, j'imite donc le petit chien, ou du moins le cliché de la femme qui a de la peine à accoucher. Je ne bouge pas pour ne pas me faire engueuler par le Berserker, mais il m'en faut plus pour m'empêcher de faire des conneries.

"Je ne crois pas au destin, je crois que quelque chose ou quelqu'un choisit de nous répartir d'une manière parfois intelligente, parfois sadique."

Bon, alors, l'entremetteuse ? C'est elle qui a foutu Gi-Ja avec le grodragon ? Bah bravo ! Caleb, je le connais, et je savais qu'il était pas hétéro au premier regard ! J'imagine Lexi dans sa chambre, le soir, à tirer les dés, et à dire "bon, toi, avec lui, elle avec lui, et enfin toi qui restes tout seul... attends... je vais te mettre avec un petit nouveau que je vais sortir du brouillard exprès !". Mon sourire se fane un peu avant de revenir à la charge.

"Non, je ne veux pas que quiconque soit avec moi parce qu'il ou elle s'y sente obligé. J'aimerais beaucoup être avec quelqu'un en qui je peux avoir confiance, être complice, et me marrer et baiser toute la journée et toute la nuit... Mais cela parce que cette personne l'aura décidé."

Pas maintenant, Baphomet, pas maintenant. Elle est en couple, bordel ! Sois patient et sage, en attendant. Tu connais la patience ? C'est pas l'absence de science !

En tout cas, c'était sans doute une mauvaise idée de jouer à cela. Lexi semble se renfermer un peu. Je fais une nouvelle tentative, mais ma réponse ne lui plait pas. Merde.

"Sincèrement ? J'aurais aimé être Baphomet, juste Baphomet. Pouvoir se construire est l'une des choses que j'envie plus que tout chez les humains. Être né, ou créé, pour être travailleur et devoir servir une cause à laquelle je n'ai jamais rien compris, c'est compliqué pour moi. J'ai pas l'esprit assez étroit pour ça."

Et...

"Et Clio n'était pas passive du tout, je peux te l'assurer ! C'était le genre d'entité qui se fait passer pour inférieure dans le but de faire ce qu'elle voulait. J'en sais quelque chose, elle est rattachée à la mémoire... Ouh... J'aurais adoré être un Abra, tu sais ? Le pokémon ! C'est un chat qui est teeellement intelligent qu'il pionce tout le temps et qui se téléporte en cas d'attaque pour aller pioncer plus loin. Ouais ! Abra !"

Je souris en sentant quelque chose se faire graver sur ma peau que personne ne pourra jamais retirer, pas même moi-même, ou mes ennemis. Si cet endroit de mon corps est touché, je serais mort, ni plus ni moins.

"Et toi, mon grand, tu n'aurais pas aimé un panthéon un poil moins guerrier ?"

Sincèrement, j'espère que c'est bientôt fini parce que ça commence à chauffer un peu... Et enfin... un sentiment d'engourdissement me vient.

"Je t'emmène voler, après ?"