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 Comme une lettre qu'on ne se souvient pas avoir écrite

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Baphomet
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"...Non, que je t'explique..."

"Vous..."

"Que je vous explique..." Mon regard couvre l'intégralité de l'assistance, des vampires, pleins de vampires, que des vampires. Puis, je reviens à elle, la Mère de tous, la Reine. Je devrais sans doute lui montrer un peu plus de déférence, mais ce ne serait pas vraiment moi. "Si vous voulez un effaçage de mémoire total et en règle, surtout s'il est de plusieurs centaines d'années, il va falloir que la personne en question ait confiance en moi."

Les yeux de la vampire s'étrécissent un instant.

"Je lui ordonnerai d'avoir confiance en vous."

Je souris, regarde le sol un instant. Si elle a du mal à garder sa jeunette sous son joug à cause de la mémoire de son passé, ou pour toute autre raison, on ne juge pas... je doute qu'elle puisse ordonner à "sa fille préférée" de faire confiance à quelqu'un, comme ça.

"Ce n'est pas... Enfin... C'est vous qui voyez !"

Nonchalance, une épaule qui se hausse. Cette fois, la vampire est touché. Je le vois à la manière subtile qu'elle a eue de froncer le nez, comme si une mauvaise odeur avait marqué l'atmosphère un fugace instant.

"Je vois... Rapprochez-vous d'elle, apprenez à la connaître, et gagnez sa confiance. Vous avez une semaine. Passé ce délai, considérez notre pacte comme brisé."

Mon sourire s'agrandit, et mes yeux se baissent à nouveau. Maintenant, nous allons pouvoir travailler de manière convenable. Elle frappe des mains et ses sbires s'évanouissent dans les ténèbres, comme par magie. Je me retrouve seul avec la reine des vampires qui se lève de son trône et s'avance jusqu'à moi dans une lenteur calculée qui ne sert strictement à rien quand on me connait un tant soit peu. Bon, j'avoue, ça fait classe !

Elle fait le tour de mon corps, comme une prédatrice devant une proie. Si j'ai peur, j'essaie de ne pas le montrer, pactiser avec une vampire aussi puissante n'est clairement pas l'acte le plus sécurisant que j'ai fait, mais je dois récupérer le chat, je ferai tout pour le récupérer, absolument tout.

Finalement, elle me murmure et mon oreille commence aussitôt à s'engourdir de froid.

"Chevauchez vers l'est, jusqu'à l'aube. Là, vous trouverez un village enneigé. C'est là qu'est ma fille, ma favorite. Sa capture par des chasseurs de vampire doit être en cours et elle sera certainement mise au donjon d'ici que vous y arriverez. Méfiez-vous d'elle et gardez-vous de la sous-estimer. Contentez-vous de la libérer pour qu'elle commence à vous faire confiance, mais même avec cette petite mise en scène, ce ne sera pas facile."

Un instant plus tard, mon cheval fendait la poudreuse dans un hennissement surexcité, sa respiration se matérialisant autour de nous par des nuages de respiration, haché par des grognements d'efforts à chaque foulée.

Mon manteau bien serré autour de moi, la lourdeur de mon arbalète de chasseur de vampire dans mon dos, il me fallait à présent mettre en place tout un stratagème pour libérer une fille vampire, gagner sa confiance, et lui effacer la mémoire, sous les ordres de sa mère...

PUTAIN DE MANIGANCES DE MERDE !

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Anja Almen
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Le temps s’est suspendu.
Je n’ai aucune idée du lieu où je me trouve, où on m’a enfermée, encore moins de la date.

Ma tête et mon corps sont maintenus dans un état de stase, la verveine taisant tout sentiment ou velléité de m’enfuir. Je somnole dans l’obscurité, avalée par les ténèbres, l’esprit embrumé. Ici, je n’ai plus d’existence.

Pas de battement de cœur.
Pas de respiration.
Pas de mouvement.


Plus rien.
Et puis, la verveine se dilue, lentement, sûrement. Mes nerfs anesthésiés frémissent. Je commence à sentir la pierre froide contre ma tempe et ma joue, la fraicheur des lieux. Et puis… et puis le sang dont est taché mes vêtements. Ma jolie robe en est imbibée. Mes cheveux défaits aussi. Mes narines finissent par s’en imprégner.
Enfin, mon cerveau retrouve ses fonctions cognitives et les souvenirs remontent, insidieusement. Comme ils le feraient d’une rivière.

Ce n’est pas mon sang…
Notre belle propriété loin des hommes et de leurs violences…
Ce n’est pas mon sang…
… envahie soudain par des étrangers. D’ignobles chasseurs ! Ma douce Elin… décapitée…
Ce n’est pas mon sang…
… Damian criblé de balle en argent… mon gentil loup ne hurlera plus à la lune…
Ce n’est pas mon sang…
… Polly ! Mon espiègle et adorable petite fille, elle qui aimait tellement m’offrir les fleurs qu’elle cueillait… morte dans mes bras, égorgée. Le sang, tout, ce sang. Kolbeinn qui me regarde avec un désespoir si poignant que je comprends qu’il n’y a plus rien à faire si ce n’est les retrouver tous, peu importe où la mort les a conduits.

CE N’EST PAS MON SANG

Un bruit terrible raisonne soudain et semble prendre toute la place dans le lieu où je me trouve. Un son déchirant, un cri d’agonie propre à faire trembler les pierres. Et puis je réalise que ce son provient de ma gorge. Je hurle la douleur d’avoir perdu tout ceux que j’aimais, ma peine si profonde qu’elle m’engloutie bien plus sûrement que l’obscurité. On dit que le cœur des vampires est mort. C’est faux. Le mien battait pour eux et à présent que je suis là, seule, il se brise en un milliard de fragments pointus qui me transpercent de l’intérieur.

Je hurle toujours, pour qu’on me rende ma fille, mes infants, mon époux… MA VIE. Je ne comprends pas pourquoi j’ai été laissée là ! Pourquoi ne m’achève-t-on pas ? Le peu de sang qu’il me reste trace des sillons carmins sur mes joues. Je ne peux même pas les pleurer convenablement.
Je tente de bouger mais mes poignets sont lourdement entravés et je suis trop affaiblie par la plante. A genoux sur le sol, les bras tendus derrière moi, j’aimerais à cet instant être frappée par un rayon de soleil pour disparaitre à mon tour.

Je n’ai aucune idée de ce que me veulent ces hommes et plus rien ne pourra m’atteindre aujourd’hui. Lorsque le chagrin me laisse un moment de répit, j’oscille entre l’envie de les tuer tous pour ce qu’ils m’ont fait et celle de les supplier pour qu’ils me redonnent de la verveine, pour apaiser le vide de mon cœur et la tristesse incommensurable de mon âme.
L’oubli ou la mort… n’est-ce pas un peu la même chose tout compte fait ?  
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Baphomet
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"Vous êt' sûr ?"

Après un instant d'hésitation, j'acquiesce. Oui, certain.

"Oh bah si vous voulez, hein..."

Un cri déchirant me fait sursauter, loin, comme si la terre elle-même se mettait à hurler toute sa haine. Je déglutis, à plusieurs reprises.

"C'est juste qu'elle est pas commode et qu..."

"Je suis certain de vouloir la voir. D'accord ?"

"D'accord, d'accord, j'insiste pas !"

C'est bien ce qu'il a fait pendant les vingt dernières minutes. Enfin, il prend le gros anneau dans un cliquetis de clés. Il se lève avec un soupir sonore, comme s'il considérait que je n'avais encore bien compris que ma demande l'embêtait. J'ai un frisson quand nous traversons le couloir et passons devant les cellules. Certains prisonniers tendent des bras maigres à travers les barreaux de leur cage. Soumise à mon aura, leur torture doit en être que plus horrible.

Au bout d'un long couloir, je comprends que nous sommes dans un genre de souterrain. Les plaintes des prisonniers s'égrainent pour un silence de mort. Le geôlier continue son chemin tout juste éclairé par sa torche enflammée. L'impression qu'il fait encore plus froid ici que dehors est d'autant plus présente.

Depuis qu'on m'a demandé d'effacer l'esprit d'une vampire et de le raccourcir de plusieurs siècles, j'ai beaucoup pensé à ma manière de faire, à mes aptitudes, j'ai beaucoup douté aussi, avant d'être parfaitement sûr de moi. Je me suis demandé si je résisterai à lui avouer, un jour, ce que j'ai réellement fait, et je me suis répondu à moi-même : oui. Je n'ai qu'une parole.

Et alors, le geôlier a inséré sa clé dans la serrure, et toutes mes certitudes se sont essoufflées exactement comme la flamme de sa torche en cet instant, alors que la porte s'ouvre en grand sur des gémissements, et un froid que je n'avais jamais connu.

"ah...merde...j'reviens...vous approchez pas..."

Loin d'écouter ce conseil aussi inutile que plein de bon sens, je tombe à genoux devant cette jeune femme qui m'est presque offerte. Elle représente actuellement la totalité de mes mauvaises pensées qui m'assaillent. Je passe ma langue sur mes lèvres avant de tendre les mains pour en saisir ses avant-bras. Il me faut toute la volonté du monde pour ne pas sursauter et lâcher prise. Non, cette femme n'est pas morte.

"Esfir..."

Je me glisse contre elle pour essayer de la réchauffer, ou plutôt de la réconforter, me délestant de mon arbalète au passage.

"Je vais te faire sortir d'ic..."

"MON DIEU ! NON !"

J'empoigne mon arme et tire un carreau en plein dans la poitrine du geôlier revenu. Son cri s'étouffe dans un gargouillis et une gerbe de sang buccale.

"Avant d'être interrompu, donc, je disais que j'allais te faire sortir d'ici..."

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Anja Almen
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Des pas dans le couloir, je les entends approcher. Je perçois également deux cœurs vibrants, l’un plus rapide que l’autre.
Vient-on enfin me délivrer de cette souffrance ? J’ai un rire sec, ma gorge a souffert de mes hurlements continus.
- J’arrive… attendez-moi, je vous en prie, je chuchote à ma chère famille de cœur.

Les chaines cliquètent alors que bouge. Je n’ai pas la force de me redresser sur mes jambes mais je peux lever le menton devant la Mort. Pour la deuxième fois de ma vie. Aujourd’hui, personne ne m’arrachera à Elle.

Lorsque la porte s’ouvre, un courant d’air glacé me traverse. A peine ai-je le temps d’apercevoir deux visages que la lumière s’éteint. Mais moi, je vois encore parfaitement et mes yeux nyctalopes suivent l’avancée du deuxième homme. Il ne ressemble pas à un humain, de cela j’en suis certaine. Sinon il n’avancerait pas, sinon il ne viendrait pas à porter de mes crocs. Même à terre, un prédateur reste dangereux.

Je sursaute violemment lorsqu’il fait mine de me toucher et plus encore lorsqu’il chuchote mon prénom.
- Qui… qui êtes-vous ?

Je ne l’ai jamais vu. J’en suis persuadée. Alors comment me connait-il ? Pourquoi semble-t-il… affligé par mon état ?
Mon cerveau drogué a bien du mal à saisir une logique à tout cela. Il s’approche encore, vient se coller à moi. Si je suis horrifiée par cette proximité avec celui qui sera certainement mon bourreau, j’arrive à peine à émettre une faible exclamation d’incompréhension. Son odeur m’assaille et tend de sang à porter de crocs me donne cruellement envie de lui arracher la gorge. A quoi bon ? Prolonger ma vie n’a plus aucun sens. Je ferme les yeux, patiente, contrôlant ma soif terrible.

- Fais ton travail bourreau. Vite et bien. S’il te plait…
- Je vais te faire sortir d'ic...
La surprise me fait écarquiller les yeux et je recule brusquement la tête.
- Quoi ? Non, non.. non… je ne veux pas…
- MON DIEU ! NON !

Le deuxième homme est reparu avec une torche et estomaqué je le vois s’écrouler, un carreau fiché dans le poitrail.

- Mais qui êtes-vous donc ? je murmure en dodelinant de la tête. L’effort pour me tenir à genoux et parler me laisse groggy comme tout ce sang qui bat dans leurs corps.  
- Avant d'être interrompu, donc, je disais que j'allais te faire sortir d'ici...
J’ai un rire aigre.
- Pourquoi ? Pourquoi feriez-vous cela ?
Je rassemble mes dernières forces pour approcher mon visage du sien, crocs saillants, lueurs vengeresses dans le bleu polaire de mes yeux.
- Faites et je vous jure que tous ici mourront pour ce qu’ils m’ont fait ! Vous y compris !

Demi-mensonge. Je ne suis pas certaine de pouvoir tuer l’imbécile qui m’aurait laisser m’échapper. Car je ne me rappelle pas l’avoir vu pendant l’attaque…
Alors oui, créature ! Laisse moi donc venger les miens et ensuite, je m’offrirais enfin au soleil.
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Baphomet
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Son regard me transit de froid, d'un froid émotionnel. Je ne suis pas sûr d'y arriver, ou plutôt, je suis certain d'échouer lamentablement. Sa confiance à gagner n'est pas celle que la Reine m'avait dépeinte, facile et docile. Cette femme a un réel tempérament, ce n'est pas une esclave dont on peut tirer sur la chaîne quand elle se met à se rebeller. J'en ai assez de lutter contre ce que je ressens actuellement. Je ferme les yeux un instant, ignorant délibérément sa question. Qui je suis ? Tu le sauras bien assez tôt, j'en ai peur. Pourquoi a-t-il fallu que tu sois si vivante ? Ou moi si naïf ?

Elle m'ordonne presque de la tuer, de lui abréger ses souffrances. Manque de chance, je n'obéis pas si facilement. Elle est si désespérée que la liberté n'a plus aucune saveur à ses yeux et qu'elle est aveuglée par la vengeance. Une fois le geôlier abattu, je me retourne vers la vampire qui s'accroche à moi comme un chaton s'accroche à un morceau de poulet.

"Je suis... Personne... Je fais cela parce que ta mère m'envoie te chercher. Et... Tu sais quoi ? Je prends le risque de mourir sous ta main, ou tes dents."

J'attrape ses chaînes et tire d'un coup sec. Oui, j'aurais pu me saisir de la clé du gardien, mais j'ai assez rarement l'occasion de faire claquer des chaînes, et j'aime bien ce geste symbolique. J'écarte mon manteau pour prendre la vampire contre moi. Son contact glacé me fait à nouveau frisonner, j'ai l'impression de maintenir un petit poussin gelé, un poussin armé d'une mitrail... Ah non, ça n'a pas encore été inventé. Disons un poussin très dangereux alors.

Quand nous arrivons dans le bureau des gardes, je sens la vampire revenir à elle et vouloir sauter sur le premier humain à notre portée. C'est un chasseur de monstres, ils le sont tous ici. Et si Esfir est un monstre à leurs yeux, je dois être bien pire dans leur échelle de valeur. J'essaie de la maintenir contre moi, de toutes mes forces, mais il faut croire que je suis bien plus habitué à des capacités humaines qu'à une vengeance doublée d'une puissance de vampire expérimentée. Elle se débat, et finit par m'échapper pour sauter sur le premier gardien qui a le malheur de passer la tête.

Est-ce que je trouve ça séduisant ? J'essaie que non. J'essaie... sincèrement...

"Fais attention, Esfir ! Ils sont armés."

Elle est déterminée, certes, mais ils sont littéralement entrainés et équipés contre les créatures comme elle.

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Anja Almen
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- Je suis... Personne...
Pourquoi me mentir ? Que cache cette créature ? Mon regard le sonde. Observer est bien la dernière chose qui ne me coute pas d’effort. Il n’a évidemment rien d’un vampire. Elle doute qu’il soit loup, il n’en a pas l’odeur malgré la chaleur qui émane de son corps. Alors quoi ? Démon ? Elle en a vu très peu dans sa longue vie.

- Je fais cela parce que ta mère m'envoie te chercher.
- Ma… ma mère ? je répète avec émotion
Inge ? Quelque chose cherche à remonter les vapeurs de la verveine mais je suis bien trop épuisée pour me concentrer. Ma chère mère serait donc derrière l’apparition de ce démon ?
- Est-elle… ici ?
Après tout, je ne devrais pas m’en étonner. Elle a toujours veillé sur moi, gardienne inlassable d’une vie qui n’aurait jamais dû continuer au-delà de ma première mort. Nous avons, certes, eu nos différents. Jamais elle n’a pu ou su approuver mes choix mais le lien qui nous unit est bien plus solide que cela… Un fol espoir étreint mon cœur.
- Ma… ma famille ? A-t-elle pu la sauver ? Sont-ils… ? Mon filet de voix se tarie, la gorge trop abimée pour continuer.
- Et... Tu sais quoi ? Je prends le risque de mourir sous ta main, ou tes dents.

Son tour de force me prouve que j’ai sans doute vu juste. Je ramène mes bras à moi, les poignets encore cerclés d’acier.
Me voilà libre. J’inspire profondément pour me calmer, ne pas laisser la Bête faire un massacre. Il est hors de question que les choses se déroulent de cette façon. Lorsque je tuerai ses hommes, cela se fera avec sang-froid. Je veux les voir expirer leurs derniers souffles comme j’ai assisté à celui de ceux que j’aimais.

Je me laisse entrainée par le démon. Car je sais à présent que s’en est un. Par les dieux qu’il est chaud ! J’en profite pour rassembler toutes les forces qu’il me reste et plus les battements de cœur, nombreux, de mes geôliers se précisent, plus je me redresse.    
Je glisse hors des bras du démon. En un instant j’ai attrapé le premier homme qui a le malheur de croiser notre route. Il sent la sueur et la vinasse. Mais il en faut plus pour m’arrêter à présent. Je plante mes crocs dans son cou sale et manque lâcher prise tellement la chose me répulse. Mais il me suffit de repenser à la tuerie à laquelle il a participé pour resserrer mon étreinte.
Une main plaquée fermement sur sa bouche pour étouffer ses cris et ses gargouillis, je le bois sans aucun plaisir. Cela fait des années que j’évite de boire au cou, préférant me servir d’un verre comme intermédiaire. Son sang chaud et trop épais me râpe la langue. Il a un goût atroce mais je continue de le boire. J’en ai besoin. D’ailleurs l’action de la verveine diminue et je sens mon corps retrouver une énergie nouvelle. Lorsque je le relâche, sa dernière pulsion de vie venait de périr. Je m’essuie la bouche du revers de la main avec une grimace.

- Fais attention, Esfir ! Ils sont armés.
- Je sais.

J’ai le regard plus clair, plus pointu et me tient à nouveau droite et fière. J’écarte et tords les anneaux de fer à mes poignets puis ramasse le coutelas qui pendant à la ceinture de ma première victime.
Je dois avoir l’air d’une folle ou la personnification de Skadi, venue réclamer vengeance.

Nous progressons vers les hauteurs et j’extermine chaque garde que nous croisons avec une froide détermination. Je n’émets pas un son, par un commentaire. Ces hommes savent pourquoi. Chaque cellule est ouverte, dégueulant un flot de prisonniers. Je ne sais même pas ce qu’ils ont fait pour mériter cela. J’aimerais dire que je les libère par charité. Fut un temps, c’est ce que j’aurais fait. Aujourd’hui, je sais qu’ils serviront de distraction parfaite. Certains me donnent plus de fil à retordre mais je me bats comme un être qui n’a plus rien à perdre. L’un d’eux arrive même à planter un carreau dans l’épaule. Peu m’importe. Cette douleur là ne sera jamais plus forte que celle qui tourmente mon cœur. Ma lame dégouline de sang, j’en suis recouverte, faisant ressortir le clair de mes yeux glacés.

Je crois que le démon m’a aidé, parfois. A vrai dire, je suis dans une sorte d’état second. Tout ce que je sais c’est que lorsque nous sortons enfin dans la nuit claire et étoilée, plus une âme qui vivent n’arpentent cette ignoble prison.

J’inspire l’air pur par simple gourmandise. L’air était saturé de rance et de l’odeur cuivré du sang et de la mort entre les murs de pierre. Ici, je laisse ma folie guerrière s’étioler avec ce souffle que je ne possède plus.
Enfin je me tourne vers mon « sauveur ». Ai-je l’air menaçante ? Je ne sais pas. Je jette mon arme à terre pour lui signifier que je n’irai pas plus loin dans cette tuerie.

- Merci, démon Personne. J’imagine que pouvoir choisir sa mort est un cadeau. Tu peux retourner voir ma Mère. Ta mission est une réussite.

Moi… moi je vais rester là. Et attendre le soleil.  
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Baphomet
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Ma tête se secoue lentement, gravement.

L'"extraction" de la vampire prend de plus en plus d'ampleur. Quand elle m'échappe et saute sur le premier type à corps perdu, je ne peux pas m'empêcher de me mordre la lèvre. Elle le mord et aspire sa vie. L'homme a les yeux grands ouverts d'étonnement, avant que de l'affreuse compréhension passe dans son regard exorbité, et finalement que la vie ne le quitte pour de bon. Dans un bruit de gorge proche d'un orgasme, il se laisse aller dans son dernier souffle.

En contrepartie, il semble que Esfir n'ait pas apprécié cette étreinte, ce qui me ferait presque plus de peine que de constater qu'elle vient de tuer quelqu'un. Cette âme sera pour moi, je verrai moi-même ce que j'en ferai une fois de retour à la maison. Le bruit de ses chaines qui tombe me fait avoir un frisson. J'aime la libération physique plus que tout, la subversivité, la révolte... Oh... Ouais ! Ce qu'elle est belle, ainsi.

Cette image, de cette femme aux vêtements déchirés, se tenant dans la pénombre, les poings serrés, l'odeur de sang partout sur elle, les yeux rougeoyants, avec des morceaux de chaînes à ses pieds... Restera à jamais gravée dans ma mémoire. Pour autant, je ne la vois pas réellement parce qu'elle me tourne le dos et nous regardons dans la même direction dans cette prison. Je ressens sa colère, cette espèce de déchirure avec celle qu'elle était par le passé. Son pied se lève et elle se met à marcher, comme on fait ses premiers pas vers une nouvelle existence. Le sang, les cris, les mouvements brusques, la mort et la vie... Une nouvelle naissance faite sur le chaos le plus total, juste là, sous mes yeux.

Dans quoi me suis-je embarqué ? Je n'ai pas signé pour cela ! Je devais extraire une pauvre hère toute perdue, éventuellement avoir un peu pitié d'elle, gagner sa confiance facilement, être un héros à ses yeux, lui effacer la mémoire et récupérer le chat ! Voilà tout ! Mais il faut croire que le Destin aime beaucoup me taquiner. Trop instable, je n'ai jamais été son pion préféré.

Qui est cette personne qui n'a besoin de personne ?

En tout cas, c'est avec un plaisir vorace que je l'aide à libérer tous les prisonniers, et elle, à leur tête, s'attaque à la totalité de l'armée "anti-monstre". Dire que cette milice venait tout juste d'être mise en place et de prendre de l'ampleur ainsi que d'avoir les moyens... La voilà écrasée à peine mise sur un piédestal. Les cellules semblent parfois aménagées pour un type de monstre en particulier, plus ou moins isolée, plus ou moins renforcée, à l'abri du soleil ou alimenté constamment en eau... Je commence à croire que ce n'était pas une prison pour monstres en phase d'être mis à mort, mais presque un genre de ménagerie, de zoo. C'est alors que mes pas côtoient ceux de loups-garous, d'animaux divers et variés, de lièvres étranges avec des cornes, et d'humains plus ou moins difformes. Au final, il y a un faible pourcentage de créatures surnaturelles, mais tous vont dans la même direction et tous luttent pour leur liberté et lutteront jusqu'au bout.

Tout à mon combat, j'assomme un des gardes qui était sur le point de tirer un carreau d'arbalète, et me précipite vers un autre à peine trop tard. Celui-ci laisse aller sa corde et Esfir grogne quand la pointe s'enfonce dans son épaule. Moi, je hurle de rage et tue un autre homme à coup d'arbalète lourde dans son crâne. Cela m'en fait deux. Quand je retrouve ma... mon... enfin Esfir... elle est devant l'entrée du donjon, couverte de sang poisseux, au milieu de traces disparates dans la boue et la neige qui s'enfuient en tous sens. J'inspire l'air, comme elle et lui accorde un sourire.

"Il n'y a pas de quoi, Esfir, mais ma mission est encore loin d'être terminée, j'en ai peur. Rassure-toi, nous n'en avons plus pour longtemps à collaborer."

Je serre les dents et me détend en apercevant ma monture encore là, en train de piaffer, très certainement rendue nerveuse par la cavalcade. Je retire mon long manteau pour le poser sur les épaules de la vampire et rabat la capuche sur son visage.

"Au cas où nous serions plus en retard que je ne le craignais... Viens."

Je la prends dans mes bras pour la mettre sur mon cheval avant de prendre place derrière elle.

"Déjà, nous allons essayer de soigner cette blessure que tu as à l'épaule. Ensuite, j'ai le devoir de te ramener chez toi."

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Anja Almen
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Je tente de lui rendre un sourire mais je n’arrive pas. J’ai été vidée de tout. Et maintenant que ceux qui m’ont tout pris gisent sans vie, je n’ai plus aucun but, plus aucune joie à attendre, plus rien.

- Il n'y a pas de quoi, Esfir, mais ma mission est encore loin d'être terminée, j'en ai peur.
- Tient-elle tant que cela à me revoir maintenant ? … pour me dire combien elle avait raison et j’avais tort ?

Ma Mère ne s’est jamais considérée comme autre chose qu’une prédatrice. Selon elle, soit vous tenez lieu de chasseur, soit de proie. Il n’y avait pas d’autres alternatives. J’ai essayé pour ma part de naviguer entre les deux… Même si nous nous somme quittées rudement et fâchées, j’espérais pouvoir lui prouver qu’elle se fourvoyait. Qu’un entre deux existait !
Comme j’ai été bête… comme j’ai été naïve… Je contemple la prison silencieuse d’où s’échappent encore un ou deux retardataires.  

- Nous serons toujours les monstres… je souffle pour moi-même.

Et ceux que j’aime… aimais… ont payé très cher le fruit de ce constat. Pardon Kolbeinn… nous nous étions promis une éternité de bonheur. Je n’ai pu que t’offrir que quelques années… Pardon mes chers infants… Polly aurait pu grandir, devenir une belle jeune femme, trouvée le bonheur, vieillir paisiblement et s’éteindre. Elle est morte terrorisée à l’aube de sa floraison, un reste de bouquet encore serrer entre ses petits doigts.
- Rassure-toi, nous n'en avons plus pour longtemps à collaborer.
- Certes. Je lui désigne son cheval du menton. Pars loin d’ici.

Je le contemple avec un rien de perplexité alors qu’il me couvre de son manteau. Mon visage disparait à nouveau dans l’obscurité de la capuche.
- Que fais-tu ?
- Au cas où nous serions plus en retard que je ne le craignais...
J’observe l’horizon à l’est.
- Il me reste deux… peut-être trois heures.
- Viens.
Je soupire. Je n’ai plus la force de me battre, plus maintenant. Tôt ou tard, je finirai bien par trouver l’opportunité de suivre mes desseins à la lueur du soleil. Cela fait si longtemps que je ne l’ai pas vu…

En quelques secondes, me voici à cheval, aussi docile et tranquille qu’une poupée à présent. Une carcasse sans âme et sans plus de volonté.

- Déjà, nous allons essayer de soigner cette blessure que tu as à l'épaule.
- A quoi bon,  fais-je d’une voix sans timbre. Ce carreau dans ma chair, c’est bien tout ce qui me raccroche à cette réalité insupportable. Je n’ai pas besoin de soin.  
- Ensuite, j'ai le devoir de te ramener chez toi.
- Depuis quand ma mère fraye-t-elle avec des démons ? Etes-vous l’un de ses sbires ?

Peu importe après tout, il est bien cruel de m’obliger à rester sur cette Terre. Sans eux, elle n’a plus aucune saveur. Plus aucune perspective de joie.
Pendant notre chevauchée, je ne bouge pas d’un cil, le regard fixé vers l’horizon. Si seulement le soleil pouvait se moquer du temps et apparaitre ici et maintenant.

- Où se trouve pas ma Mère ?  Je finis par demander.
Parce qu’au final, c’est bien la seule chose qui compte. Le temps qu’il me reste à souffrir…
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Baphomet
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Ah... Je comprends le pourquoi de cette mise en scène...
Moi qui me demandais pourquoi elle avait enfermé sa fille simplement pour qu'elle ait confiance en moi, visiblement tout cela va encore beaucoup plus loin. Parfois, je me demande si j'ai été manipulé ainsi, j'aurais été une proie tendre et facile, influençable à souhait. Et parfois, je m'interdis simplement de me poser la question.

Je sais que cette vampire a encore sa laisse attachée à son cou et que sa propriétaire la laissée se faire mordre dans le but qu'elle revienne entre ses pattes. C'est ignoble. Si ça se trouve, elle est elle-même responsable du massacre des siens. Ce n'est donc pas étonnant qu'elle n'accorde que peu de crédit à la confiance véritable.

"Je n'ai aucune idée du débat qui vous sépare et je pense pas que tu souhaites avoir mon avis."

Sur le point de rejoindre mon compagnon équin, Esfir murmure quelque chose qui me glace le sang bien plus que sa propre peau.

"Les vrais monstres se cachent au grand jour, crois-moi..."

Cette fois, elle veut réellement se débarrasser de moi.

Oh non, chère Dame. Je ne sais que trop bien ce que ça fait quand on vous laisse tomber après une perte. Je sais très bien les pensées qui t'assaillent et surtout, je sais à quel point tout cela est parfaitement sérieux. Il est aussi inutile que ridicule de penser que je puisse laisser qui que ce soit seul après tout cela, toi en particulier. Prenant les devants, je laisse donc ma passagère sur mon cheval et, après avoir frissonné d'un vent neigeux dans le dos, nous repartons au galop vers les falaises du nord.

"A d'autres, s'il te plaît. Tu vas me dire que tu n'avais pas besoin d'être délivrée, ou que tu n'as pas besoin de guide, et que tu n'as pas besoin de quelqu'un qui va te servir à défouler ta colère pour les prochaines heures..."

Parce qu'elle est mieux quand elle est en colère que quand elle est triste. Infiniment.

"Ta mère ne fraye avec personne, crois-moi... Toi et moi sommes à sa botte, l'un comme l'autre. Je pensais lui rendre un service contre un autre, mais je m'aperçois que ce n'est pas si simple. Rien n'est simple." Notre course avance bien, et je soupire avant de sourire. "Nous ne sommes pas obligés de la rejoindre tout de suite."

Les fjords s'offrent à nous et nous les longeons au petit galop. Au moment où l'aube commence à pâlir la nuit, je bifurque notre course vers la forêt où je trouve ce que je recherchais. Rapidement, nous sommes entourés d'une brume très épaisse, presque étouffante. La neige est de moins en moins épaisse jusqu'à ce que je voie apparaître le tout premier petit bout de terre depuis plusieurs mois. Je descends, prends Esfir pour l'aider, et retire le harnachement de ma monture pour la journée. Pas besoin de l'attacher, il n'ira pas bien loin.

La cabane qui surplombe les sources chaudes et les étuves se trouve à peine en contrebas et j'aide la vampire à se mouvoir. Une fois arrivés, nous entrons dans la cabane de rondins qui a l'air de n'avoir reçu aucun visiteur depuis plusieurs semaines. C'est normal depuis le retour de l'hiver.

"Montre-moi cette blessure, s'il te plaît."

Je suis stupide, je nous ai éloigné du monde alors que sa guérison se situe précisément dans le fluide vital d'être vivants.

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Anja Almen
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- A d'autres, s'il te plaît. Tu vas me dire que tu n'avais pas besoin d'être délivrée, ou que tu n'as pas besoin de guide, et que tu n'as pas besoin de quelqu'un qui va te servir à défouler ta colère pour les prochaines heures...

Lentement je tourne la tête vers lui. Mes mouvements sont bien moins fluides. Un réel épuisant tant physique que mental me prend et je ne lutte nullement contre. Il y a un certain réconfort à se laisser aller ainsi à l’engourdissement.
- Ils viennent de m’enlever tous ceux qui comptait pour moi, démon. Crois-tu que tout cela ait de l’importance ? Ma voix est toujours aussi atone. Malheureusement cette blessure ne me tuera pas et se résorbera d’elle-même. Je n’ai plus de colère.

Je n’ai plus rien. Peut-il le comprendre ? Je ne sais pas. Nous autres, créatures épargnées par le temps et la Mort définitive, ne voyons pas les pertes et le chagrin comme les mortels. Mais celles donc je souffre… sont bien différentes.

- Ta mère ne fraye avec personne, crois-moi... Toi et moi sommes à sa botte, l'un comme l'autre.
« A sa botte » ? La formulation ne lui plait guère. Que veut-il dire par là ? Elle pensait être sortie de son réseau d’influence.
- Je croyais qu’elle m’avait reniée il y a bien longtemps.
- Je pensais lui rendre un service contre un autre, mais je m'aperçois que ce n'est pas si simple. Rien n'est simple.
- Je ne sais pas ce qu’elle t’a promis, ni ce qui vous lie… mais méfie-toi d’elle. Elle ne passe de marché que si elle est certaine d’en sortir gagnante.

Car je suppose que les années ne l’ont pas changées ni adoucies. Qu’il fasse ce qu’il veut de cet avertissement.
- Nous ne sommes pas obligés de la rejoindre tout de suite.
- Pourquoi pas. Le plus tôt sera le mieux.

Le paysage, pourtant magnifique et qui aurait suscité mon admiration il y a quelques … jours ? Semaines ? m’indiffère aujourd’hui. J’aurais cru qu’il nous menait vers une ville mais j’ai la surprise de nous voir nous enfoncer en forêt. La neige, pourtant tenace et épaisse en cette saison, se retire petit à petit. La brume chaude qui nous réchauffe à mesure que l’on s’enfonce me mette soudain sur la voie.
Nous sommes près de sources chaudes.
Je me laisse à nouveau faire.
- Démon ? Sais-tu depuis combien de temps j’étais… dans cette prison ?

Le paysage a quelque chose de féerique. Mais encore une fois, j’y reste insensible. Un terme qui me poursuivra jusqu’à la fin de cette vie certainement.
Je me tiens debout dans la cabane basse de plafond. Le mobilier en bois est couvert d’une fine couche de poussière. Je reste immobile. Sans savoir quoi faire de mon corps… de mon existence même.

- Montre-moi cette blessure, s'il te plaît.
Je soupire. Pourquoi y tient-il tellement.
- As-tu ordre de me ramener sans une égratignure ?

Je me laisse tomber sur un banc et retire le manteau du démon. Ce n’est quand le retirant que je me rends compte d’à quel point il était chaud, à quel point son odeur à lui camouflait celle du sang dont je suis toujours couverte. J’observe mon corps avant de remonter jusqu’à ma blessure, d’où s’écoule un filet rouge et régulier, puis au visage de Baphomet.
- Mon allure explique pourquoi tu n’as pas souhaité que l’on s’arrête en ville. Retire simplement le carreau. La blessure se refermera. Sans doute pas tout de suite. Je suis anémiée.

Et bien que mon corps le réclame, l’idée d’avaler du sang me répugne.
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"Tout a toujours de l'importance..." J'inspire l'air sec et expire dans un nuage de vapeur. "...et oui, cette blessure guérira et ne te tuera pas."

J'ai vu qu'elle n'avait plus de colère et cela m'attriste beaucoup. Elle est remplie de ressentiments. J'inspire à nouveau et me blinde pour la suite.

Reniée ? Carrément ? Pour moi, c'était la fille prodigue, la fille chouchoutte, la quasi parfaite à quelques exceptions près qui n'appartiennent qu'à son passé et que je dois me faire un devoir d'effacer consciencieusement. Je commence à percevoir que j'ai fait une bêtise, ou plutôt que je participe involontairement à un acte d'enlèvement, avec aucune possibilité de m'en sortir, ou de l'en sortir. La seule et unique consolation que j'ai est que si ça n'avait pas été moi, ç'aurait été quelqu'un d'autre. Mon cerveau s'embrume à mesure que je réfléchis à des possibilités. Je n'ai absolument pas signé pour cela... Mais peut-être que je pourrais... faire quelque chose ?

Et puis je me rappelle qui je suis et à quel point je ne sais pas fomenter quoi que ce soit sans que tout dégringole en quelque chose d'encore pire. Alors, je me constitue mes murailles mentales. Cette personne est un otage que je délivre, dont j'efface la mémoire, et qui me fournira un nouvel otage.

Sa voix à elle seule suffit à faire voler en éclat cette image mentale de murailles.

"Sept jours."

J'ouvre une valve pour faire entrer une source chaude dans la rigole entre nos pieds. La vapeur monte immédiatement à l'intérieur de la cabane. Je m'imaginais qu'elle ait pu avoir froid et je me moque intérieurement de ce manque de jugement. Sans aucune autre forme de procès, Esfir se dévêtit devant moi, me montrant à nouveau ses vêtements déchirés et sa peau couverte de sang. Son épaule blessée est à nu et sa tunique tombe jusqu'au milieu de son bras.

Tout mon blindage vole en éclat.

La mission était simple : gagner sa confiance, effacer sa mémoire, et en apprendre plus sur mon propre pouvoir. Ses envies à elles, sa destinée, ses préférences, ou même son bien-être ne devraient pas entrer en ligne de compte. Elle aurait dû être une fille... normale...

"Disons que c'est préférable que je te ramène intacte, oui."

J'incite la dame à se pencher légèrement en avant et saisit la pointe du carreau avant de la retirer d'un coup sec tant que je n'ai pas encore trop de sentiments ou de crainte de lui faire trop de mal. Je sors un linge propre pour panser sa blessure doucement. Il s'imbibe immédiatement de beaucoup plus de sang d'ennemis que du sien. Sa peau, en dessous, semble parfaitement blanche.

"Que peut-on faire pour te nourrir et que tu te rétablisses au plus vite ?"

C'est maintenant que j'aurais besoin de toute mon aura, pour qu'elle se détende, au moins un peu. Avant de lui supprimer la mémoire, je veux qu'elle aille bien. Je n'ai pas peur que cela éveille sa colère à nouveau et qu'elle décide de se venger contre moi, au contraire.

Je finis de nettoyer son bras de toute l'hémoglobine qui le parsème, comme un animal se roule dans la boue pour se protéger. Je trempe le linge dans le cours d'eau et recommence mon nettoyage sur son cou.

"Alors... parle-moi un peu de toi..."

Juste une discussion ne va pas pouvoir être pire, de toute façon... n'est-ce pas ?

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Anja Almen
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Sept jours.

Sept longues nuits et d’interminables journées.
Mes infants ont déjà dû partir en poussière. Mais Polly…
Par les dieux, ma pauvre chérie… en train de pourrir, seule… son corps froid livré aux atrocités de la décomposition.
Cette idée me glace de l’intérieur, me donne envie de vomir la bile acide qui me grignote de l’intérieure. Je dois y retourner… avant… avant toute chose, je dois y aller. J’ai été sa mère pendant presque six ans. Je me dois de lui donner une sépulture décente.

Quand bien même l’intérieur de la cabane se réchauffe, je n’en ressens aucun bienfait. La glace et le froid auraient-ils réussi à geler tout mon être ?
A peine émet-je un gémissement lorsqu’il retire le carreau de ma peau.

- Disons que c'est préférable que je te ramène intacte, oui.
J’ai un rire très bref.
- Oui… cela ferait tache dans sa petite cour je suppose que j’arrive dans cette accoutrement.

Le démon se montre incroyablement prévenant et d’une grande douceur en pansant une plaie qui ne le mérite pas tant.
- Que peut-on faire pour te nourrir et que tu te rétablisses au plus vite ?

Je le regarde avec une forme de pitié dans le regard. Dans quoi s’est-il donc fourré pour en arriver à jouer les intermédiaires pour ma Mère ? C’est un homme séduisant qui semble plein de ressources. Est-il l’amant de ma Mère ? C’est une possibilité. Elle a toujours su bien s’entourer.

- Ta gentillesse fait-elle partie du marché ? Il me faudrait chasser. Mais je n’en ai ni la force, ni la volonté… Je ferme les yeux un instant. Et puis, il va faire jour.


Mon regard finit par dériver sur ses mouvements alors qu’il me nettoie. Bien en vain.
- Tu vas y passer un temps infini. Laisse, j’ai un semblant de sourire alors que je pose ma main sur la sienne pour l’arrêter.


Lentement je me redresse et rempli un petit bac d’eau chaude. La tête renversée, j’y trempe mes cheveux. Je n’ai rien pour les nettoyer mais au moins le sang qui les empoissent disparait petit à petit. Une fois la chose faite, je les essors et constate qu’ils ont retrouvé leur blondeur cuivrée. Kolbeinn adorait me laver les cheveux. Il disait qu’il n’y avait là rien de plus intime.
La douleur me saisit à la gorge puis se transforme en sanglot que j’ai bien du mal à réprimer.

- Alors... parle-moi un peu de toi...
La voix du démon est une diversion bienvenue. Lentement, je m’assois à nouveau, saisie de légers vertiges et commence à dénouer ma chevelure avec les doigts. Un geste répétitif qui me délasse un peu.

- Que veux-tu savoir ? Avant tout, j’estime avoir le droit de connaitre au moins ton nom.

Je fixe les nœuds sur le bois de la cabane.
- J’ai un service à te demander… Je ne sais pas où ma Mère t’a demandé de m’amener mais… je voudrais faire un détour… là où je vivais. Je veux être certaine…
mon timbre déraille… je dois savoir si ma fille est encore là-bas… laissée à l’abandon… toute seule… je dois y aller. Et faire ce qu’il faut pour elle.
Je tourne la tête vers… quoi ? est-il véritablement mon sauveur ? J’ai bien du mal à le penser. Sans lui… peut-être que tout aurait été fini déjà. Le comprends-tu ?
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Elle semble morte de l'intérieur, comme de l'extérieur. Où est passée cette survivante que j'ai entraperçue tout à l'heure ? Celle que rien ne semblait pouvoir arrêter, ses cris de rage, cette énergie, cette passion ? Tout cela n'a pas pu apparaître et disparaître ainsi. C'est certain que si elle devient cette petite poupée sans âme, ce sera plus facile pour moi. Mais l'autre femme me manque déjà. Tout à mes pensées, je fais un léger sourire ombreux à sa remarque. Faire tache ? Si seulement ce n'était que ça. Elle veut faire de toi une guerrière parfaite, un assassin de talent, une femme pleine d'intelligente et... vide... de libre arbitre.

Ces pensées freinent un peu mes gestes.

"Ma gentillesse ? Je ne suis pas gentil." je dis cela alors que je presse un peu le linge dans l'eau chaude et de le mettre sur sa peau pour l'assouplir. "Vraiment. Je t'assure que j'aurais préféré n'avoir aucun marché avec elle." Chasser alors ? "Tu dois te nourrir d'être vivants, d'humain, d'animaux, ou d'autres créatures ?"

Je ne dois pas faire cela, je ne dois pas faire cela, je ne dois pas faire cela... Et tout s'occulte quand je revois cette scène, quand elle s'est jetée sur l'homme. Fichtre !

"Hé bien j'aimerais tout savoir, si tu te sens la force mentale. Me parler de ceux que tu as vécus, de la v.. de l'existence que tu as menée, ce que cela fait de ne plus voir la lumière du jour, si cela t'a manqué, si c'est vrai qu'on passe par une phase de frénésie intense au début... Comment est ta relation avec ta matriarche, pourquoi tu la détestes autant..." Et à mon contact, cet état de fait ne risque pas de s'arranger. "Toutes les informations que tu considères comme importantes à savoir sur toi, ou toutes celles que tu voudras bien me partager."

Je dis cela alors qu'elle se lave les cheveux. Je prends place et m'assois sur le banc à mon tour, étendant mes jambes et retirant mes bottes. C'est qu'il commence à faire assez chaud ici.

Je commence d'ailleurs à déboutonner le premier bouton de ma chemise pour être plus à l'aise.

Je l'observe, chacun de ses gestes, l'éclat de ses cheveux qui constitue l'unique semblant de doré dans cet environnement terne. Je regarde ses mèches serrées d'où s'échappe un petit filet de sang à chaque rinçage.

"Baphomet." Voilà, j'ai décidé de mon nom, avec un peu de retard. C'est une de mes très nombreuses appellations parmi tant d'autre, je l'ai déjà utilisée, parfois. "Appelle-moi Baphomet."

L'incompris. C'est parfait !

J'écoute le service et je sens une boule se former dans ma gorge. Ne pas savoir ce qui s'est réellement passé, ne pas être confronté à la vue, c'est une torture plus horrible que tout.

"Oui, bien sûr, je comprends. Nous irons et nous nous en occuperons."

Après tout, j'ai été un prêtre... Je suis un démon... et elle est elle... Cela signifie que je ne peux pas laisser une âme en peine de deuil, je ne peux pas laisser une âme errer sans avoir la certitude qu'on s'occupera bien d'elle en enfer, et je ne peux pas laisser Esfir dans la détresse.

"Mais pour le moment, nous allons nous occuper de toi pour cette journée et n'y aller qu'à la nuit tombée."

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- Ma gentillesse ? Je ne suis pas gentil. J’ai un mince sourire. Bien sûr qu’il l’est et qu’il n’en est pas conscience est terrible à mes yeux. Vraiment. Je t'assure que j'aurais préféré n'avoir aucun marché avec elle.
- Dans ce cas, acquitte-toi de ta mission et ne cherche plus à la revoir. C’est sans doute mieux pour toi.
- Tu dois te nourrir d'être vivants, d'humain, d'animaux, ou d'autres créatures ?
- De tout. Bien que nous évitons de nous nourrir de créatures surnaturelles. Le sang est trop riche et chargé en magie.

Il me récite une série très précise de ce qu’il veut savoir et cela éveille ma méfiance. N’est-il pas opportun ce « sauveur » ? Qui me montre de la compassion et de la prévenance ? Qui veut tout savoir sur moi ?

- Pourquoi tout cela t’intéresse ? Je ne suis qu’un colis à remettre pour toi.

Je le regarde se mettre à l’aise, peut-être a-t-il chaud ? Je n’arrive même plus à me souvenir de cette sensation. Ces sept jours infernaux semblent m’avoir ôté toute notion de chaleur.

- Baphomet. Appelle-moi Baphomet.
Mes sourcils se froncent. D’une part parce qu’il semble avoir eu une légère hésitation. S’agit-il d’un nom d’emprunt ? En quoi est-ce important.
- Baphomet donc.
Ce qui est plus étrange ce que ce nom me dise vaguement quelque chose. L’ai-je déjà entendu quelque part ? C’est une possibilité. Nous avons beaucoup voyagé après tout.
- Il me semble l’avoir déjà entendu.

Je lui parle alors de ma requête. A vrai dire qu’il le veuille ou non, j’irai et cette détermination allume une nouvelle et très légère lueur dans mon regard. Jamais je ne me suis retrouvée à voyager seule et je sais combien la compagnie d’un être vivant capable de marcher au soleil peut être un avantage pour nous autres, enfants de la nuit.

- Oui, bien sûr, je comprends. Nous irons et nous nous en occuperons.
Je pousse un imperceptible soupir de soulagement. Lui échapper m’aurait couté une énergie folle que je veux garder pour… pour plus tard.
- Je te remercie.
Cela me donne un nouveau but, aussi mince soit-il. Je dois m’acquitter de ce devoir.
- Mais pour le moment, nous allons nous occuper de toi pour cette journée et n'y aller qu'à la nuit tombée.
Mes doigts accrochent un nœud récalcitrant et j’émets un petit rire. Je m’étonne qu’il soit autant sincère que triste.

- « S’occuper de moi » ? Ne gâche pas ton énergie Baphomet. Je ne suis qu’une morte à peine vivante.

Je laisse filer un silence alors que mes doigts poursuivent leurs mouvements hypnotiques. Après tout je peux lui livrer quelques petites choses. Nous allons bien devoir occuper les heures qui nous attendent avant le coucher du soleil.

- Cela me peine… je commence doucement… de ne plus sentir les rayons du soleil sur ma peau mais cela fait si longtemps que paradoxalement, j’ai oublié la sensation que cela faisait. J’ai oublié son éclat et sa lumière. Quelque chose me manque mais je ne me souviens plus de ce « quelque chose ». Les premiers temps après la renaissance sont… durs. D’abord il faut se faire à l’obscurité, puis à nos nouvelles capacités. C’est comme enfiler un nouveau corps, familier et différent à la fois. Et puis… il y a la faim, la Bête tapie en nous. Elle vous tord l’estomac et chaque être vivant devient un repas envisageable. Il faut de la volonté et un accompagnement de tous les instants pour ne pas se laisser engloutir par elle. Je ne conseille donc pas… une reconversion.

Finalement je me laisse aller à une confession plus intime.

- Je ne déteste pas ma Mère. D’une certaine façon, je l’admire. C’est une femme de poigne qui a décidé que son destin lui appartenait. Elle a simplement… une ambition démesurée. Dévorante. Parce que la vie ne lui a jamais fait de cadeau, elle considère qu’elle doit les arracher de force. Nous avons eu… nos divergences. Parce que j’ai créé un infant sans son accord… parce que je l’ai aimé… elle m’a reniée parce que j’ai décidé de vivre ma vie pour moi et non plus pour ses plans. C’était une véritable trahison à ses yeux. C’est pour cette raison que je m’étonne de la voir venir à mon secours. Comment l’a-t-elle su ? Quand t’a-t-elle engagé ? …
Ces questions n'ont rien d'anodines... Je redresse la tête et cesse de me coiffer. Avec des gestes lents, je récupère le manteau et le place sur mes épaules.
- Si tu es fatigué, tu n’es pas obligé rester éveiller pour me tenir compagnie… ça n’est pas comme si je pouvais aller bien loin.
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"Je t'assure que je n'ai pas l'intention de la revoir."

Pour une vampire, elle est aussi morte à l'intérieur qu'à l'extérieur. C'est presque comme si elle n'éprouvait pas même de joie à l'accomplissement de ses projets et qu'il en fallait toujours plus. Je tourne la tête vers elle vivement au moment où elle me parle de se nourrir sur des créatures surnaturelles. Alors c'est ainsi ? Sommes-nous réellement que du sang avec des échelles de valeur ? Cela me tire un sourire.

"Riche et magique, c'est ce qu'il te faut, non ?"

Je me demande un instant si la matriarche a déjà envisagé de ne se nourrir que d'un type de créature, pour avoir de plus en plus de puissance. Ce ne serait pas étrange, après tout. Je lui pose plein de questions sur son passé, son vécu, et d'un coup, elle me rétorque quelque chose qui trahit son manque de confiance. Nous avons encore un long chemin à parcourir. Finalement, je décide à me fendre de la vérité, ou du moins une partie.

"Parce que quand on m'a investi de ma mission, je m'étais fait à l'idée de ce que j'allais trouver et ramener... et pas... qui. Ta mère t'a présenté comme sa propriété, mais tu es une personne à part entière, avec des envies qui diffèrent des siennes, une volonté propre." Je pensais tomber sur un instrument, je suis tombé sur un esclave en fuite. "Alors oui, cette existence que je découvre m'intéresse. Tu es d'une nature très fascinante. On ne te l'avait jamais dit ?"

Il fait tellement chaud que j'envisage de me déboutonner encore, mais ce ne serait pas décent. J'ai tellement vécu loin des femmes avec tous ces interdits que je ne sais même plus comment me comporter réellement.

"Ah oui ?" Elle sait ce que je suis. "J'essaie de me détacher de mon ancienne existence. J'ai utilisé ce nom parfois dans les écrits. Sept lettres, aucune signification nette, mais beaucoup de significations spirituelles dans des souvenirs oubliés. En réalité, ici je pourrais être n'importe quoi... Mais pour une raison étrange, je n'arrive pas à vivre par moi-même, je n'ai pas ta force de caractère. C'est peut-être pour ça que tu m'es si..." troublante, charmante, envoûtante "... singulière."

Peu à peu, je réalise que je deviens quelqu'un, au moins pour elle. J'ai toujours vécu derrière un rôle, et là, je devrais simplement être un genre de coursier pour elle. Cependant, je deviens un peu plus, quelque chose... ou quelqu'un... à part entière. Cette idée est étrange, mais très agréable.

"Ne pense pas que je fasse cela pour ta mère..." Non, trop rapide ! Il y a des aveux qui sont réels, mais qui font peur. "Je fais cela avant tout pour moi. Avoir une cavalière qui tombe de cheval est délicat à gérer." Je lui fais un sourire, un sourire qui, je l'espère, en dis plus que mes mots. "De toute façon, nous avons une journée à passer l'un avec l'autre, autant s'en servir pour que tu te sentes mieux et que tu aies les idées claires. À ce propos, l'alcool, ça te fait quelque chose ?" Il n'y a pas mieux pour passer un deuil rapidement. "Je pense qu'une soirée d'oubli te ferait le plus grand bien."

Je l'écoute me parler de sa vie, de ses aspirations, de ses envies, de la caresse du soleil sur sa peau qui lui manque. Pour ce qui est du changement de corps, je ne peux que la comprendre. Absorbé dans ses mots étranges, exprimé avec un souffle qui ne lui est plus nécessaire, j'écoute cette voix qui n'est que pour moi. Mon sourire se fait plus mélancolique. Chaque être vivant est envisagé alors ?

"Suis-je envisageable ?"

Ce n'est que maintenant que je me suis allongé, le coude contre le bois, la tête dans ma main. Elle parle de sa mère et je ne peux que la comprendre. C'est une femme qui n'existe qu'à travers ses volontés. Pour ma part, si je suis admiratif d'Esfir d'avoir voulu se libérer de ses chaînes, je n'ai pas les mêmes sentiments pour une femme qui ne semble plus ressentir la moindre émotion.

"Elle ne veut pas te sauver, je le crains."

Fictre... c'est parti tout seul. Je me redresse pour m'asseoir, les coudes sur les genoux.

"Elle veut t'avoir à nouveau pour elle toute seule. Je pense que son pouvoir est bien plus grand que je ne l'imaginais, ou que tu as pu l'imaginer."

C'est vrai qu'elle ne peut pas partir... Je me rallonge sur le dos, une main derrière la nuque, le regard fixé au plafond.

"Je sais pas si je pourrais dormir comme ça." Je me sens trop éveillé, trop nerveux d'être à côté d'une tueuse avec autant de savoir-faire, ce n'est pas de la peur, c'est plus de... l'exaltation. Après toutes ces années d'existences, je ne pensais pas ressentir cela à nouveau un jour. "Et puis je devrais aller te chercher quelque chose à manger, mais nous avons besoin de Bigadin en pleine forme." je tourne mes yeux vers elle "Le... cheval."

Puis, une idée incongrue me vient et je me tourne tout à fait vers elle.

"Tu peux changer des animaux en vampires ?"

J'aime les animaux, mais force est de constater qu'ils ont une durée de vie assez réduite et que je m'attache trop et trop vite.

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Anja Almen
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- Riche et magique, c'est ce qu'il te faut, non ?
Il est presque adorable de constater à quel point il ne pense qu’à mes besoins physiques. Ce qu’il me faut ? Je n’en ai aucune idée. Tout mon être se bat pour ne pas ouvrir la porte. Comment penser à ce qu’il me faut alors ?
- Pour que tu puisses me livrer en un seul morceau, n’est-ce pas ?

Avoir le temps de réfléchir à la situation commence à me faire me poser des questions sur lui, sur ses questions indiscrètes sur ma vie. En quoi peut-elle avoir une quelconque importance pour lui.

- Parce que quand on m'a investi de ma mission, je m'étais fait à l'idée de ce que j'allais trouver et ramener... et pas... qui. Ta mère t'a présenté comme sa propriété, mais tu es une personne à part entière, avec des envies qui diffèrent des siennes, une volonté propre.
- Et cela a de l’importance pour toi ? J’ai un petit sourire triste. Tu es un bien piètre mercenaire. La récompense seule devrait te motiver.

Et cela me fait me questionner encore plus sur l’idée saugrenue de ma Mère de le choisir lui. Si elle voulait simplement me récupérer, elle aurait largement pu le faire elle-même. Mais non, elle a choisi ce démon en particulier… pourquoi ? Qu’as-tu donc de si spécial ? Je l’observe avec acuité. J’aimerais être capable de percer son âme et comprendre cette situation qui m’échappe.  

- Alors oui, cette existence que je découvre m'intéresse. Tu es d'une nature très fascinante. On ne te l'avait jamais dit ?
- Non.
Je ne cherche pas à l’être. A vrai dire, nous avons passé des décennies à nous fondre dans la masse, à ne surtout pas attirer l’attention. « Etre fascinante » me parait aussi étrange que d’ « être vivante ». Je ne suis ni l’un, ni l’autre.
- … Mais pour une raison étrange, je n'arrive pas à vivre par moi-même, je n'ai pas ta force de caractère. C'est peut-être pour ça que tu m'es si... singulière.
- Cela demande d’avoir un but à suivre. Je ne suis pas certaine que la force de caractère ait quoique ce soit à voir avec ça.
- Ne pense pas que je fasse cela pour ta mère... Je fais cela avant tout pour moi. Avoir une cavalière qui tombe de cheval est délicat à gérer.
Je me surprends à lui rendre un semblant de sourire. Je lui dois bien ça pour m’avoir sorti de l’enfer de cette prison après tout.
- Je vois. Evidemment.
- De toute façon, nous avons une journée à passer l'un avec l'autre, autant s'en servir pour que tu te sentes mieux et que tu aies les idées claires. À ce propos, l'alcool, ça te fait quelque chose ?
- Rien du tout, je déclare avec un soupir. Depuis longtemps. A peine mes papilles se souviennent-elle du goût. C’est également l’un de nombreux inconvénients de notre… condition.
- Je pense qu'une soirée d'oubli te ferait le plus grand bien.

Je garde le silence et appuie la tête contre le mur derrière moi. Ai-je vraiment envie d’oublier ? Certes, chaque souvenir qui se bouscule dans mon esprit est douloureux. Mais les oublier n’est-ce pas les tuer à nouveau ?
- Non… je ne veux pas oublier.
Je lui parle un peu des vampires, bien moins de moi.
Pas tant que je ne saurais pas pourquoi ma chère et retorse Mère la choisit lui, plutôt qu’un autre.
- Suis-je envisageable ?
La question me surprend. Il est donc vraiment déterminé à me remettre en forme.
- Techniquement oui. Tu as du sang vivant.

- Elle ne veut pas te sauver, je le crains.
La suspicion grignote à nouveau mon être.
- Comment cela ? Je lui adresse un coup d’œil pointu, attentive à son langage non verbal.
- Elle veut t'avoir à nouveau pour elle toute seule.
- Oh… oui. Ça n’est pas une nouveauté.
- Je pense que son pouvoir est bien plus grand que je ne l'imaginais, ou que tu as pu l'imaginer.
- Sans doute. Cela fait bien longtemps que je ne l’ai pas vu… Presque 800 ans. Je me doute qu’elle n’a pas abandonné ses ambitions parce qu’elle m’a perdue… Si tu es fatigué, tu n’es pas obligé rester éveiller pour me tenir compagnie… ça n’est pas comme si je pouvais aller bien loin.
- Je sais pas si je pourrais dormir comme ça.
Je m’enroule plus encore dans ma cape.
- Pourquoi donc ?
Moi-même je me sens épuisée, et pourtant mon corps ne réclame aucun repos.
- Et puis je devrais aller te chercher quelque chose à manger, mais nous avons besoin de Bigadin en pleine forme. Coup d’œil interrogateur. Le... cheval.
- Pas les dieux ! Où as-tu été pêché ce nom-là ? Non… je ne me nourrirais pas de ton cheval. Je survivrai sans nourriture pour les quelques jours de ta mission.
Pour autant je sens que la plaie laissée par le carreau ne s’est toujours pas refermée. Elle me picote désagréablement. Mais encore une fois, cela ne me tuera pas.
- Tu peux changer des animaux en vampires ?
Il réussit à nouveau à me faire sourire.
- Non. Heureusement, ça n’est pas possible. Qui voudrait maudire l’une de ces pauvres créatures animales ! Personne ne veut d’un chien avide de sang… La Bête nous est réservée.

Je ferme les yeux mais suis aussitôt assaillie par des images terribles. Les cris, la violence, le sang… je réouvre les paupières, crispée sur moi-même. L’oubli serait effectivement plus facile et confortable. Mais leur avoir survécu me donne à présent une responsabilité et cette fois-ci je ne leur faillirais pas.

- Parle-moi donc de toi. Les démons ont une fonction précise il me semble ? Un royaume affilié ? Qui est donc ton supérieur ?
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Baphomet
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Je soupire et lève les yeux au ciel. La ramener en un seul morceau... Si on pouvait simplement arrêter d'en débattre pour le moment, ça arrangerait mon esprit perturbé.

"Je sais que ta mère t'a dressée à penser que le profit doit être une priorité avant tout, mais que ferais-tu à ma place ? Tu ne prendrais pas soin de la personne dont tu es supposé t'occuper, au-delà du simple contrat ? Je suis certain que ce serait ton cas."

Moi ? Un... mercenaire ? Cette fois, j'éclate de rire, pas longtemps, juste un peu.

"T'as pas idée à quel point je peux être incroyablement... dissident. Oui, je ferai un très mauvais mercenaire, il est délicat de m'acheter, et impossible de m'empêcher de penser et de remettre en question ce qu'on me demande."

...et cela constitue précisément mon problème actuel. Effectivement, seule la récompense devrait me motiver, un peu plus parce qu'effacer sa mémoire va constituer un défi à la hauteur de mon pouvoir, mais je ne pensais pas que cela me poserait des problèmes moraux. Ne sommes-nous pas supposés être dépourvu de morale, nous, les démons ? Ou alors c'est juste elle ?

Elle me parle d'avoir un but à suivre et je m'interroge sur le mien. Je suis comme un chien sans laisse actuellement, perdu. Je ne vis que pour servir un but dont on m'a toujours dit qu'il me dépassait très largement et que je devais bien me garder d'espérer comprendre un jour. Je n'ai pas de but propre... alors... je n'ai pas de volonté.

"Alors, je suis damné."

Cette fois, je me sens vraiment mal. Elle ne veut pas oublier, et j'ai été envoyé précisément dans ce but, pas un autre. C'est presque une supplique. Jamais ma détermination à mener à bien la mission n'a été aussi fragile. Cependant, je fais ça pour le chat, je fais ça pour mon maître, pour les âmes... Peut-être même que je fais ça pour elle, qu'elle ait une meilleure existence loin de son chagrin.

...Ou peut-être que je pourrais tricher...

Mon esprit se replace sur l'évaluation de la situation présente, nous ne sommes pas encore tirés d'affaire. De plus, elle vient de m'avouer elle-même qu'elle m'envisage.

"Pour cela, il faudra sans doute déjà que tu m'attrapes. Je suis sans doute une proie agréable, mais je sais aussi sélectionner mes prédateurs. Seuls les plus talentueux peuvent m'avoir."

Je lui parle de sa Mère, et elle me répond avec désinvolture, j'ai un sourire amer. Peut-être que sa mère n'est pas responsable de l'attaque ? Mais même moi, j'ai un sérieux doute.

Hey ! Elle se moque de mon cheval ! Pauvre Bigadin...

"Il s'appelle comme cela parce qu'au moindre coup de feu, il... s'écroule par terre, et fait le mort. Tu aurais préféré que je l'appelle comment ? Cheval ?"

Peut-être qu'elle survivra, mais à quel prix ? Non, il va lui falloir trouver de quoi se nourrir avant la fin de la journée. Ainsi, nous pourrons partir l'esprit tranquille... Enfin surtout moi. Après tout, si je suis sa seule source de nourriture à des kilomètres à la ronde pendant notre petit détour, je risque très fortement d'y passer. Certes, elle est âgée et a beaucoup plus de maîtrise, mais elle est aussi beaucoup plus expérimentée.

"Un chien, non... Mais j'aurais aimé garder mon cheval... Et puis un cheval qui se met à chasser la nuit avec des canines proéminentes et les yeux rouges, c'est un peu amusant."

Sans m'en être rendu compte, je me suis allongé à nouveau, la main derrière la tête.

"Il n'y a rien de spécial à dire sur moi, j'en ai peur. Je suis un jeune démon, très jeune. Dans le monde des enfers, je suis... un genre de technicien de surface. J'aurais dû être un duc des enfers, c'est ce qui m'avait été promit quand on m'a transformé. Mais bon, j'ai pas la carrure pour ce genre de chose. En même temps, je suis le Démon du Libre Arbitre, donc obéir aux autres, ce n'est pas spécialement ce que je préfère. Faire obéir non plus d'ailleurs. Mon maître, c'est Asmodée, j'appartiens à son royaume à lui. Il m'apprécie parce qu'il sait que si je réponds à un de ses ordres, c'est parce que j'en ai envie, et pas parce que c'est mon maître... Oh, d'ailleurs... on va passer ces quelques jours ensemble... tu risques de te sentir libérée du joug de ta mère, peu à peu, sans réellement t'en rendre compte." J'espère d'ailleurs qu'elle n'en prendra pas trop goût. "C'est un de mes petits effets secondaire qui explique que je travaille souvent seul."

Par contre, il y a des chances pour qu'elle sente de moins en moins le poids de son deuil... On va dire que c'est toujours ça de pris.

"Est-ce que tu as besoin de dormir ? Est-ce que cela te ferait du bien ? Je te promets de te réveiller au crépuscule."

C'est presque amusant à quel point je peux ressentir la vie en elle, et même un certain feu ardent sous la surface glacée de sa peau. J'espère en connaître l'origine avant... avant de l'effacer pour de bon.

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Anja Almen
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- Alors, je suis damné.
- Nous le sommes tous les deux.

Ce constat pourrait être terrible mais il est pourtant véridique. Je lui offre un sourire plein de compassion. Parce qu’il m’en reste semble-t-il. Nous sommes morts tous les deux une première fois et nous avons certainement perdu une partie de nous pour avoir la possibilité de continuer à arpenter ce monde.  
Il semble inquiété par mon état de dénutrition.

- Pour cela, il faudra sans doute déjà que tu m'attrapes. Je suis sans doute une proie agréable, mais je sais aussi sélectionner mes prédateurs. Seuls les plus talentueux peuvent m'avoir.
- Je n’en doute pas. Rassure-toi, je ne me jetterais pas sur toi. Je suis assez âgée pour savoir contrôler ma faim.

Je tourne la tête vers la porte. Je l’entends d’ici, le cœur de ce vaillant cheval. Il n’a l’air nullement affolé par les évènements.
- Il s'appelle comme cela parce qu'au moindre coup de feu, il... s'écroule par terre, et fait le mort.
- Voilà qui est plutôt malin. Ou parfaitement stupide. Parfois, la ligne entre les deux est plutôt mince.
- Tu aurais préféré que je l'appelle comment ? Cheval ?
- Je ne sais. Je n’ai jamais eu d’animal assez longtemps pour m’y attacher.

Il accepte enfin de se livrer un peu et je l’écoute avec attention. Ne serait-ce que pour me remplir la tête d’autres choses que d’horreurs. Il est une distraction comme une autre à mon chagrin. Ainsi il appartient au royaume d’Asmodée. Je connais bien peu le monde et les règles démoniaques. Si j’en ai déjà croisé quelques spécimens, j’ai vite compris qu’ils ne s’intéressent guère à nous.

- Nos âmes… vous reviennent-elles, elles aussi ? Finissons-nous dans le même lieu que les humains ou les autres créatures ?
Après tout, nous pourrions être puni pour avoir défié la Mort une première fois. Aujourd’hui, il m’apparait primordial de savoir où sont partis mes infants.
- Lorsque tu retourneras au Pandémonium, peux-tu t’assurer que l’âme de ma Polly soit bien traitée ? C’est sans doute beaucoup te demander, j’en suis consciente.

Ainsi donc, il est le démon du Libre Arbitre.
- Si je comprends bien, ton Libre Arbitre n’est pas froissé par le mot « Maitre » tant que tu le sers par… conviction ou amour, c’est bien cela ?
- Oh, d'ailleurs... on va passer ces quelques jours ensemble... tu risques de te sentir libérée du joug de ta mère, peu à peu, sans réellement t'en rendre compte.
- Merci de me prévenir. Je ne suis sous aucun joug si ce n’est celui de la gratitude et d’une ancienne affection. Peux-tu être plus fort que cela ?...
- C'est un de mes petits effets secondaire qui explique que je travaille souvent seul.
- Parce que tu pousses inconsciemment ceux que sont à tes ordres à te désobéir ? Peu pratique j’en conviens.

- Est-ce que tu as besoin de dormir ? Est-ce que cela te ferait du bien ? Je te promets de te réveiller au crépuscule.
- Non ! Non… je fais moins précipitamment. Fermer les yeux, c’est… difficile. Mon corps n’a pas besoin de dormir. Je presse le charnu de mes paumes contre mes yeux qui se remplissent de rouge et tente de contrôler une puissante monter de chagrin. Pleurer ne les ramènera pas et je vais avoir besoin de ce sang pour la tâche qui m’attend chez nous. Continuons de parler… si tu le veux bien. Que… que feras-tu une fois ta récompense empochée ? As-tu un chez toi, quelque part ? Quelqu'un qui t'attends ?
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Baphomet
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Nous le sommes, effectivement.
Sincèrement, cela m'attriste, effectivement... Mais d'un autre côté, je me sens assez apaisé de ne pas me savoir seul. Parler avec la vampire m'apporte une sérénité que je n'avais jamais éprouvée auparavant, comme si j'étais avec quelqu'un de pareil que moi et que je reconnaissais inconsciemment. Nous nous sourions comme si nous venions de nous découvrir.

Elle ne se jettera pas sur moi ? Erf...

"...Dommage."

Nous parlons de mon ami le cheval et j'explique son nom.

"Ça lui a sauvé la vie plusieurs fois. De même, lors d'une vente, il n'arrêtait pas de se mettre à tousser, ou à boiter. Moi, je l'aime bien."

Esfir s'intéresse, sans détours, sans mélange, à ce que deviennent les âmes en enfer. C'est amusant parce qu'elles sont assez rares, les personnes qui osent me poser la question. Naturellement, je ne peux pas lui dire que j'essaie d'éviter la torture ou l'espèce de conditionnement que subissent les âmes à toutes celles que je croise.

"Les âmes des vampires ne dépendent pas de nous. Elles vont ailleurs dans un endroit indépendant."

Sa demande me fait sourire. Au-delà des pactes, au-delà des contrats, au-delà des engagements, au-delà même de sa demande... Je peux répondre tout à fait librement, ce qui me fait le plus grand des plaisirs depuis très longtemps.

"...c'était prévu."

À sa question, mon regard se perd un peu, entre les interstices sombres des gros rondins, sur la ligne d'une veine de sève.

"À dire vrai, je n'en sais rien. Peut-être qu'Asmodée me soumet au moins un peu. Il me dit que non, et j'ai tendance à le croire... Mais je ne suis pas le démon de la vérité, s'il existe une telle chose." ...Lui, par contre, est le démon du mensonge.

Oh, par les cornes, est-elle réellement persuadée d'être aussi détachée qu'elle le pense ? L'influence de sa Mère est partout autour d'elle, d'ailleurs, ma simple présence lui a donné de la puissance. Cela me fait de la peine. Cette reine des vampires est puissance, et tout le monde pense dur comme l'acier que c'est un plaisir de lui obéir.

"C'est encore pire que cela. Un chien peut se retourner contre son maître à ma simple présence. Bigadin, par exemple, je l'ai choisi pour son intelligence parce que je ne peux pas plier une quasi-tonne et la forcer à m'obéir juste parce que je tiens les rênes. Je n'ai strictement aucune autorité sur qui que ce soit. Si j'ai des personnes à mes ordres, elles doivent être en parfait accord avec ce qu'elles font. Mon maître ne m'appaire avec personne, parce que la personne finit toujours par remettre ses ordres en doute."

Peut-être que ma présence dissoudra un peu de l'influence de la mère d'Esfir à cette dernière. Je l'espère en tout cas. Si je peux au moins lui libérer un peu l'esprit, ce sera toujours cela de pris !

Je regrette qu'elle ne puisse pas dormir, mais je comprends. Son traumatisme est encore beaucoup trop vif et sa mémoire n'a pas pu traiter convenablement cette nouvelle information. Je me retrouve à continuer de lui parler. C'est étrange, les gens n'apprécient pas trop ma conversation habituellement. Cependant, ce n'est pas désagréable, bien au contraire, c'est presque comme si j'apprenais à la connaître, et à me connaître en même temps.

"Alors... Ma récompense n'est pas d'objet ou d'or, je pense que tu peux t'en douter. Ma récompense est... un... animal. Une bestiole immortelle supposée me servir de guide pour une mission bien particulière." La seconde question est un poil plus délicate. "En enfer, non, je n'ai pas réellement d'endroit à moi. Sur terre non plus d'ailleurs, j'ai toujours été un nomade et j'ai beaucoup de mal à m'attacher à des terres ou à un endroit en particulier. Ici, et maintenant, je suis ici et maintenant. C'est tout ce qui compte. J'aimerais savoir ce que cela fait d'avoir un nid, mais cela se fait à deux." Cela doit répondre à sa dernière question. "Non, personne ne m'attend, pas d'inquiétudes là-dessus. En même temps, si j'avais quelqu'un, je détesterais l'idée qu'il ou elle m'attende. Je préfère qu'il ou elle soit libre, libre de vouloir être avec moi."

De plus, pour partager ma vie avec quelqu'un, encore faudrait-il pouvoir être intime avec quelqu'un et ce n'est pas encore gagné. Ma vie de prêtrise me manque un peu à ce niveau-là, au moins la question ne se posait pas.
Je me rends compte que j'ai été assez imprécis à sa première interrogation.

"En fait, il faut bien que tu comprennes quelque chose : je m'adapte, je me suis toujours adapté. Je prends le rôle dont on a besoin et je l'incarne. Je ne reste jamais moi plus de l'espace d'une demie vie humaine. On pourrait penser facilement que j'aime faire preuve de duplicité, mais la vérité est que je ne me suis pas encore trouvé. Baphomet est peut-être la toute première chose qui sera désormais immuable chez moi."

Mes yeux s'envolent dans son regard d'un bleu étonnant.

"Navré, tu dois être déçue de te rendre compte que tu as effectivement rencontré le "personne" en personne."

Dans un geste nerveux, je passe mon pouce sur la commissure de mes lèvres. C'est vrai que je ne marque la mémoire de personne, bien au contraire, je les efface. Il faudrait que je trouve un moyen d'exister sans exister, de faire ma marque sur cette terre, et dans les esprits. Oui, c'est ce que je ferai.

"Peut-être qu'après cette mission, j'essayerai d'exister pour moi-même."

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Anja Almen
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Je me demande bien quel est cet endroit indépendant dans l’après. J’espère les y retrouver. Je m’accroche à cette demi-promesse pour ma petite fille. Cela retire un très léger poids sur mon cœur.  
Les explications de Baphomet me laissent songeuse. Ainsi, être démon ne semble pas non plus de tout repos. Logique après tout, lui et moi portons en nous l’expérience et la charge d’une première vie avortée. Notre renaissance se doit d’être une chance autant qu’un fardeau.

- C'est encore pire que cela. Un chien peut se retourner contre son maître à ma simple présence. Bigadin, par exemple, je l'ai choisi pour son intelligence parce que je ne peux pas plier une quasi-tonne et la forcer à m'obéir juste parce que je tiens les rênes.
- C’est donc la mesure de l’intelligence d’un être qui le rend plus ou moins perméable à ton aura ? Ou… son poids… ? Faible tentative d’esprit. C’est tout ce dont il est capable après avoir été tant malmené.
- Je n'ai strictement aucune autorité sur qui que ce soit. Si j'ai des personnes à mes ordres, elles doivent être en parfait accord avec ce qu'elles font. Mon maître ne m'appaire avec personne, parce que la personne finit toujours par remettre ses ordres en doute.
- Mmm… je vois. Mais cela ne s’applique qu’à des… partenaires de travail.

Plutôt que de me laisser aller au sommeil, je remplis me déplie et reprend le chiffon qu’il a utilisé précédemment pour nettoyer ma plaie. Avec des gestes lents et mesurés, comme si mes bras pesant très lourds, je le plonge dans l’eau et commence à nettoyer le reste de ma personne. J’ai la journée pour cela après tout. Dans le même temps, je lui pose des questions. Occuper ses mains et son esprit. C’est ma seule parade contre le chagrin et tout le reste.

- Alors... Ma récompense n'est pas d'objet ou d'or, je pense que tu peux t'en douter. Ma récompense est... un... animal.
Surprise je relève la tête de mon bras.
- Un animal ? Ma Mère t’as enlevé un animal et c’est pour cela que tu es là ?
- Une bestiole immortelle supposée me servir de guide pour une mission bien particulière.
Elle cligne des yeux, incapable de savoir s’il lui ment avec aplomb ou s’il dit la vérité. Est-ce sensé expliquer qu’il se jette au milieu de chasseurs aguerris pour la retrouver ?
- En enfer, non, je n'ai pas réellement d'endroit à moi. Sur terre non plus d'ailleurs, j'ai toujours été un nomade et j'ai beaucoup de mal à m'attacher à des terres ou à un endroit en particulier. Ici, et maintenant, je suis ici et maintenant. C'est tout ce qui compte.
J’ai un mince sourire.
- Je peux le comprendre. C’était la vie de ma Mère et moi pendant un moment. L’errance… nous laissions quelques cadavres exsangues derrière nous…
- J'aimerais savoir ce que cela fait d'avoir un nid, mais cela se fait à deux.
- Pas forcément. Avant de rencontrer Kolbeinn… j’avais une maison à moi. C'était... plaisant de savoir qu'un lieu est là... quelque part et n'attends que toi pour revivre à nouveau. Que tu n'as qu'à y pénétrer pour retrouver tes marques... Je reprends mon lent nettoyage, revoyant cette petite maison en pierre qui ne payant pas de mine. J’y étais bien. J’y ai été chez moi. Dans quel état vais-je retrouver la maison qui fut la notre, demain ?
- Non, personne ne m'attend, pas d'inquiétudes là-dessus. En même temps, si j'avais quelqu'un, je détesterais l'idée qu'il ou elle m'attende. Je préfère qu'il ou elle soit libre, libre de vouloir être avec moi.
- Cette personne peut aussi être libre de t’attendre, non ?
- En fait, il faut bien que tu comprennes quelque chose : je m'adapte, je me suis toujours adapté. Je prends le rôle dont on a besoin et je l'incarne. Je ne reste jamais moi plus de l'espace d'une demie vie humaine. On pourrait penser facilement que j'aime faire preuve de duplicité, mais la vérité est que je ne me suis pas encore trouvé. Baphomet est peut-être la toute première chose qui sera désormais immuable chez moi.
Je l’observe avec curiosité ce démon étrange, son honnêteté qui doit lui avoir joué bien des tours. Nos regards se croisent et le coin de mes lèvres s’incurvent légèrement.

- Navré, tu dois être déçue de te rendre compte que tu as effectivement rencontré le "personne" en personne.
- Non je ne le suis pas. Je n'attendais personne. C'est donc personne que j'ai eu...

Il réfléchit à quelque chose. Je le vois à son tic avec sa lèvre. Il n’a pas conscience de le faire souvent.

- Peut-être qu'après cette mission, j'essayerai d'exister pour moi-même.
J’approuve de la tête.
- La quête de soi est la plus importante de toute. Ça me semble donc être une bonne chose, Baphomet. J’espère que tu trouveras ce que tu cherches.

Je fixe le chiffon mouillé. Si seulement tout pouvait se terminer maintenant. Mais au lieu de cela, je vais devoir affronter demain puis après demain. En suis-je seulement capable ? Ai-je seulement le choix. Je peux au moins faire en sorte que Baphomet obtienne ce qu’il souhaite. C’est forte de cette résolution que je reviens planter mes yeux dans les siens et lui tend le chiffon.

- Tu… tu veux bien m’aider à… avoir moins l’air d’être un monstre et à retirer le sang sur mon visage ? Je ne veux pas que… je ne veux pas rendre visite à ma fille comme cela…
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Baphomet
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Sa voix change légèrement, comme si elle avait à nouveau pris l'habitude de prendre une inspiration pour parler. Elle n'est plus simplement murmurée, mais se pare de plus d'intonation.

"Bigadin est un cheval qui n'obéit pas quoi qu'il arrive, il fait ce qu'il a envie. Les autres sont des esclaves équins bien soumis. En le trouvant, j'ai gagné un temps fou et je lui laisse avoir toute la liberté qu'il souhaite entre nos chevauchées dont il choisit l'allure, d'ailleurs. Alors oui, je préfère travailler avec des gens intelligents parce qu'ils sont naturellement plus proches d'un état d'esprit libre. Par contre, pour ce qui est du poids, rien à voir... Mais en cas de désaccord, contraindre un petit chien est toujours plus simple que de contraindre une vache."

Je baisse les yeux dans un sourire amusé. Mes partenaires de travail sont touchés, mais les autres aussi.

"Cela s'applique à tout le monde. Jamais personne ne fera un mariage forcé avec moi, par exemple. Pourtant, ça a l'air d'être un peu la période en ce moment."

Voilà, je lui dévoile ce que je sais, sur ce que je vais recevoir.

"Oui, c'est plus ou moins cela, à ceci près qu'elle ne me l'a pas enlevé à moi spécifiquement, elle l'a retiré au monde, et moi, j'en ai besoin."

Et voilà que j'ai le nom du mari défunt. Je souris qu'elle s'ouvre un peu plus sur sa vie d'avant. Alors c'était une personne plutôt sédentaire, avant ? Intéressant ! Moi, je vagabonde de maisons abandonnées en fermes qui ont parfois besoin de moi. Mes lieux de prédilection restent ceux où je peux être seul, où je peux déployer enfin mes ailes et les étirer sans fin. Ces appendices ont toujours fait partie de moi, ont leurs propres exigences, et me procurent toujours un sentiment de réconfort. Cependant, avoir un endroit fixe où je serai seul me paraît étrangement étranger, comme si ça ne faisait pas partie de ma nature.

"Je m'y essayerai peut-être."

Nous parlons un peu de moi et de mes attentes.

"Oh, si ça l'amuse de m'attendre, je ne dis pas non. Mais j'ai toujours imaginé que si j'avais un partenaire de vie, nous serions ensemble, complices, à faire nos aventures l'un avec l'autre."

C'est peut-être avant-gardiste, non ? Personne n'emmène sa femme se mêler de ses affaires. Pour ma part, je sais que je me sentirai plus fort si j'étais en présence d'une personne qui m'a choisie et qui reste volontairement avec moi. En fait, je pense même que je pourrais déplacer des montagnes.

Du bout des lèvres, je murmure une volonté que je n'avais jamais formulée, même en pensée : celle d'être moi.

"Je ne savais pas que c'était une quête à part entière. Tu l'as déjà faite ? Je te remercie pour ta sollicitude."

Je me redresse, prend délicatement le chiffon entre ses doigts pour le rincer à nouveau jusqu'à ce qu'il soit à peu près propre. Le mieux serait qu'elle retire ses vêtements pour les laver et les faire sécher, ou qu'on lui en trouve de nouveaux. L'eau a une odeur minérale très agréable qui contient celle plus métallique du sang. Je regarde son épaule d'où il y a encore un très mince petit ruisseau de sang sombre. Le chiffon à nouveau gorgé d'eau chaude, je m'approche d'Esfir pour lui nettoyer consciencieusement le visage. Sa peau est si blanche par endroit, je remarque quelques veines sous sa peau, autour de ses yeux. Je note la blondeur nouvelle de ses cheveux collés, sa mâchoire puissante et la forme délicate de son nez. Quand je passe le tissu sur ses lèvres, je ne peux pas m'empêcher de frissonner quand je dévoile furtivement deux belles canines sous la peau. Ses yeux sont fermés, et il me semble me rappeler leur couleur exacte que quand elle ouvre à nouveau les yeux.

Nous sommes proches, très proches, trop proches. Fichtre. Je m'en mords la lèvre inférieure, presque jusqu'au sang.

Je sais que je ne devrais pas... y... penser. Mais je sais aussi que c'est déjà trop tard. Il a toujours été trop tard avec elle, n'est-ce pas ?

Allez, courage. J'ai vécu bien pire ! Enfin bien "pire", il y a pire dans la vie que de nettoyer la peau d'une femme. Disons que j'ai été dans des situations beaucoup plus intimes, mais cela ne me paraissait pas si irrésistible alors. C'en est trop, je souffle, déboutonne un nouveau bouton de ma chemise, avant de commencer à passer le chiffon dans sa nuque.

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Anja Almen
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- Oh, si ça l'amuse de m'attendre, je ne dis pas non. Mais j'ai toujours imaginé que si j'avais un partenaire de vie, nous serions ensemble, complices, à faire nos aventures l'un avec l'autre.
- C’est une idée que peu d’hommes partagent, fais-je avec douceur. Kolbeinn était ainsi fait, lui aussi. Mais il a vite compris que je ne le laisserais pas empiéter sur des choses que je préférais faire seule. La force de l’habitude sans doute. J’aime… créer des parfums. J’ai… j’avais un petit laboratoire ou j’extrayais l’essence de fleurs, de plantes ou de minéraux pour les mélanger. Chaque personne a sa propre odeur évidemment, mais j’aimais la magnifier avec une composition de mon cru.

J’ai un sourire mélancolique en songeant à ces moments-là et gênée de m’être laissée aller à des confessions plus personnelles, je triture le chiffon entre mes doigts, heureusement, la conversation dévie rapidement.
- Je ne savais pas que c'était une quête à part entière. Tu l'as déjà faite ?
J'ai un mince sourire. On peut donc avoir des années et des années d'existence et avoir encore des difficultés à se connaitre réellement.
- Je crois, oui. Du moins je le croyais. Mais cette quête peut changer en fonction des gens que l’on croise. Elle peut aussi évoluer, selon les évènements qui s’imposent à nous.

Le tournant qu’a pris la mienne me laisse un vide si profond que je n’arrive même plus à envisager qu’elle ait une suite. Je me prends à imaginer le retour dans le giron maternel. Bien sûr, elle me consolera, mais rapidement, elle me demandera de cesser de pleurer une vie qu’elle n’a jamais approuvée parce qu’elle savait depuis le début comment tout cela finirait… Non… non je n’aurais pas la force de la suivre à nouveau dans sa propre quête effrénée de pouvoirs et de conquêtes.

- Je te remercie pour ta sollicitude.
Je relève brusquement la tête.
- Je t’en prie.

Ma requête formulée, je n’ai pas réfléchi au fait qu’il soit contraint d’être si proche. J’observe les traits de son visage, la nuance exacte du vert de ses yeux et puis je ferme les miens pour ne pas le gêner. Je n’ai aucune idée de sa notion de proximité et d’espace personnel. Tout ce que je voulais, c’était retrouver le visage dont ma fille a le souvenir. Celui de sa mère et non du monstre qu’elle abrite. Il se montre très délicat, comme si j’allais me briser en deux s’il appuyait plus fort.
Peut-être est-ce le cas. Je ne sais plus ce qui me fait tenir. Pour m’occuper l’esprit, je lui compose un parfum en esprit, je le respire pour mieux sentir son essence. Un exercice qui m’amusait toujours.
Certain pense que l’âme se trouve au fond des yeux, moi, je crois que l’on porte sur soit quelque chose de plus unique encore.

Finalement je réouvre les paupières lorsque je sens moins souvent le chiffon tiède sur ma peau. Il n’a pas bougé et je devine dans son regard un trouble que je ne m’explique pas. Je lui souris, reconnaissante et un peu inquiète.

- Tout va bien ?  

Mes yeux suivent son mouvement et je fronce légèrement les sourcils.
- Tu as trop chaud ?
Naturellement, je porte le dos de mes phalanges sur sa joue pour l’aider puis me tourne légèrement pour lui présenter ma nuque.
- Je te remercie, moi aussi. Pour ta bienveillance. Tu… tu aurais pu me droguer à nouveau pour me ramener le plus rapidement chez ma mère, retrouver ton animal magique et repartir. Mais tu es là… à me nettoyer le visage et tu acceptes de faire un détour pour… pour ma fille. C’est… important pour moi.

Et c’est bien plus de gentillesse que ce à quoi j’ai eu le droit pendant ces sept jours horribles.
- Si tu as besoin de prendre l’air, n’hésite pas. Je me cacherai dans l’ombre lorsque tu ouvriras la porte.
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Baphomet
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Je penche légèrement le visage sur le côté. Une parfumeuse, ici ? Je ne pensais même pas que cet art existait après l'Europe autant au Nord. Me voilà très surpris. De plus, une vampire ayant une telle aspiration pour les plantes qui ont toujours désespérément besoin de soleil est une découverte unique. Je trouve cela poétique, presque comme si ses passions elles-mêmes n'avaient pas voulu s'arranger de sa condition d'enfant de la nuit. Envers et contre tout, apporter un peu de coquetterie aux gens, c'est ce qu'elle a fait. On dit que les fleurs, la nuit, ont une odeur différente.

C'est très étrange comme je trouve l'idée qu'elle puisse reconnaître mon odeur particulièrement intime, presque troublante.

”J'aurais aimé en faire l'expérience.”

Nous parlons de quête pour se trouver soi-même et je me demande comment cela se présentera à moi.

Et finalement tout cela est relégué au second plan quand je me mets à la nettoyer. C'est à moi de sentir son odeur, au-delà du sang. Elle sent effectivement une odeur de fleur, et une autre, plus suave, de sève de sapin. Je peux aussi parier sur une fragrance de fruits rouges… mais je ne suis pas réellement doué pour cet exercice au final. Je remarque avec un sourire silencieux qu'elle fait de même. N'ayant pas besoin de respirer, c'est pourtant une grande inspiration qu'elle prend dans ma direction.

"Est-ce que je sens quelque chose de particulier ?"

Le démon, le corbeau, moi ?... rien peut-être. Cela m'arrangerait autant que ça m'attristerait.

Son regard pour moi change comme sa voix a changé. C'est presque comme si elle me parlait avec ses yeux, pas beaucoup, juste un murmure, mais un murmure que je perçois à défaut de le comprendre.

"Ne t'inquiète pas pour moi." Dis-je en guise d'excuse. "J'ai effectivement beaucoup trop ch..."

Mes yeux s'ouvrent d'un coup alors que sa paume se pose sur ma peau. Elle est froide, mais c'en est presque agréable. Non. C'est agréable, ne cherchons pas de nuances où il n'y en a aucune. Je ferme les yeux et pose ma main sur la sienne pour profiter un peu de la fraicheur. J'ai l'air brûlant à son contact.

Je laisse sa main aller à regret. Une idée vivace me fait me demander ce que cela ferait si... disons... nous avions plus de nos corps en contact. Heureusement que je ne peux pas avoir d'étreintes intimes avec qui que ce soit, sinon cette idée serait pratiquement obsédante.

Cependant, elle me remercie à nouveau, et j'ai du mal à soutenir son regard.

Non non non non noooon !

Ne me remercie pas ! Je t'assure que je n'ai rien de bienveillant ! Pourquoi faut-il que je sois tombé sur toi ? Ou que tu sois tombée sur moi ? Il faut que j'arrive à me convaincre que ce que disait la mère d'Esfir est juste : elle sera plus heureuse sans mémoire ! Oui, voilà ! Dans le pire des cas, je peux toujours la lui rendre, si je vois qu'elle m'a menti.

C'est à ce moment du récit que je me rends compte d'à quel point j'ai été manipulé, et facilement avec ça. Ou plutôt non. Enfin... j'en sais rien ! Ce que j'aimerais être comme les autres démons, avec l'ambition comme seule et unique lumière. C'est peut-être le seul et unique faux pas que la mère des vampires a fait : croire que je n'ai aucun sentiment.

"Tu n'as pas à me remercier, vraiment. Et je n'ai pas l'intention de te droguer et je n'en ai jamais eu l'intention, sauf si tu me l'avais demandé, naturellement. Et pour ce qui est de ta fille, je te l'ai dit, c'était déjà décidé avant que tu me le demandes."

Son âme sera entre de très bonnes mains.

"Merci, mais je pense que je vais rester ici, avec toi, sauf si c'était une demande détournée pour me demander de partir et te laisser tranquille."

Sincèrement... c'est vraiment le moins que je puisse faire pour toi.

"....dis-moi... Si j'étais venu chercher quelqu'un d'autre dans la prison, tu aurais été libérée tout de même puisque nous avons ouvert toutes les cages. Qu'aurais-tu fait ? Où souhaiterais-tu être en cet instant ?"

Je sens la fatigue me gagner, et un peu de mélancolie.

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Anja Almen
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- Est-ce que je sens quelque chose de particulier ?
- Evidemment ! Navrée… tu trouves sans doute cela étrange… Je ferme à nouveau les yeux pour me concentrer. Du souffre, pour les profondeurs de la terre, une note à peine perceptible. Sans doute parce que tu n’y restes jamais très longtemps. Le cèdre qui va avec quelque chose de plus… animal et qui domine largement. Et une note de tête et plus légère que j’ai encore du mal à définir tant elle semble… s’adapter. Comme toi finalement… une épice je dirais ?

Il est aussi chaud que je suis froide. Le contraste est étonnant. Non, chaud n’est pas le terme, il est même brûlant. Mais toute cette chaleur est réconfortante, comme le serait certainement le soleil. L’idée saugrenue de se blottir contre toute cette chaleur me prend. A la place je retire mes doigts et les observe. Non, ma peau est toujours aussi froide et blanche.

- Tu n'as pas à me remercier, vraiment.
- Je ne le dois pas. Je le veux. C’est très différent.  
- Et je n'ai pas l'intention de te droguer et je n'en ai jamais eu l'intention, sauf si tu me l'avais demandé, naturellement.
- Non… je ne veux plus jamais sentir l’action de la verveine en moi.
- Et pour ce qui est de ta fille, je te l'ai dit, c'était déjà décidé avant que tu me le demandes.

Je lui souris avec sincérité et lui propose de prendre l’air. Il doit avoir l’odorat plein de l’odeur cuivrée du sang. Moi j’en ai l’habitude. Et puis je me souviens alors d’où il vient. Il serait étonnant qu’il n’ait pas connu son lot de massacres et de violences.

- Merci, mais je pense que je vais rester ici, avec toi, sauf si c'était une demande détournée pour me demander de partir et te laisser tranquille.
- Non, ça n’en était pas une. J’ai été seule pendant des jours. Ta compagnie est plus agréable que celle de pierres froides.
-....dis-moi... Si j'étais venu chercher quelqu'un d'autre dans la prison, tu aurais été libérée tout de même puisque nous avons ouvert toutes les cages. Qu'aurais-tu fait ?

J’ai un léger plissement de sourcils et tourne la tête pour le fixer un long moment. N’a-t-il pas deviné ?
- Je les aurais tués aussi pour venger les miens… ensuite… ensuite j’aurais revu le soleil pour la première et la dernière fois depuis bien longtemps.

Mais tu es là Baphomet. C’est moi que tu es venue chercher. Et je n’ai aucune idée de ce que je vais faire ensuite. Après avoir enterré ma fille, après t’avoir aidé… que me restera-t-il hormis un océan de souvenirs dans lequel me noyer.

- Où souhaiterais-tu être en cet instant ?
Alors que je compte lui répondre, je me rends compte que je n’en ai aucune idée.
- Est-ce tricher si je te dis que j’aimerais être chez moi, il y a des jours en arrière ? Aujourd’hui… je me demande si ma première maison est toujours debout… sans doute pas. Mais quitte à être seule, c’est certainement là où j’irai. Et toi ? Je suppose que tu ne choisirais pas de mourir de chaud dans une cabane avec une vampire en deuil…

Plus je le regarde et plus je me rends compte qu’il semble avoir été… marqué par les évènements.

- Tu vas bien Baphomet ? je lui demande avec une certaine sollicitude. C’est la première fois que tu côtoies un vampire ?  Est-ce que tu considères que je me suis montrée monstrueuse là-bas ? Je ne regrette en rien ce que j'ai fait, j'affirme avec une certaine dureté. Mais je peux comprendre que c'était un spectacle... je hausse les épaules, répugnant.
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C'est très étrange de se faire décortiquer, déguster, savourer, de manière olfactive. Je suis démon très légèrement, corbeau plus prononcé et... une épice ? Laquelle ? Pour peu, j'aurais presque envie d'essayer de me sentir moi-même.

"Du gingembre, mais ça n'existe pas ici."

Une femme qui veut vivre pleinement ses déceptions, ses actions, sa tristesse et sa colère, je ne peux que respecter cela. J'essaie de passer outre mon sentiment de culpabilité, de me sentir responsable de son futur mal-être. Je me sens de plus en plus décidé à essayer de doubler sa Mère. Je pense qu'elle-même ne serait pas d'accord, mais ce n'est pas grave. Que pourrait-elle nous faire, de toute façon ?

Mes questions fusent toutes seules. Esfir souhaite rester avec moi et cela me fait beaucoup plus plaisir que je ne l'aurais escompté.

Puis, je comprends, gravement, que si je n'avais pas été là, elle aurait effectivement mis fin à ses nuits. Malheureusement, je la sens suffisamment déterminée pour ne pas exagérer, plus maintenant, loin de la folie du massacre. Au moins, je me dis que j'éviterai qu'elle ne se tue, et j'assurerai le bien-être de l'âme de sa fille.

"Je m'en doutais."

Elle me parle de sa vie, mais pas celle qu'elle aimerait désormais avoir, mais celle qu'elle regrette. Elle souhaite retourner chez elle, simplement.

"Moi ? J'aurais dû ramener quelqu'un chez elle et être payé pour... Je m'attendais à quelqu'un de beaucoup plus placide que toi, quelqu'un qui ne me ferait même pas la conversation. Je suis donc heureux, troublé, mais heureux. Et si je n'avais pas eu cette mission à faire, je ne sais absolument pas où je serais, sans doute à en quémander une autre."

Si je... vais bien ? Non, pas du tout.

"Hé bien à part ta mère, oui. Tout du moins, c'est la première fois que j'en côtoie un de manière volontaire." Sa seconde question me laisse interdit quelques secondes. Monstrueuse, elle ? Je secoue vivement la tête. "Pas plus que les gens qui t'ont emprisonnée." ...et infiniment moins que sa mère.

Malgré-moi, elle me fait revivre les émotions que j'ai ressenties là-bas. Sa silhouette fine, mais robuste d'où se dégageait une force implacable, ses fers aux poignets qui n'étaient rien d'autre que des bracelets cassants entre ses mains, son regard rouge, sa bouche entrouverte sur ses crocs, ses mouvements fluides, comme à la fois accéléré et ralenti, et la manière qu'elle a eue de sauter sur cet homme... et mon envie de savoir ce qu'il a ressenti à cet instant..

Ma mémoire n'a mis que quelques instants à tout me retransmettre dans les moindres détails. Esfir me laisse juste le temps de compléter sa phrase.

"... Fascinant." "Répugnant."

J'ai un rire d'excuse. Non, je n'en démordrai pas, inutile d'insister ! Je passe mes mains sur mon visage.

"Tu n'as pas à regretter ce que tu as fait, jamais." Comme je vais essayer de ne rien regretter de ce que je suis en train de faire. "Tu as aimé ? Te... libérer ? Te transformer par la seule force de ta volonté. Je sais que tu pensais que ça allait être ta fin et que tu n'avais rien à perdre, et j'espère que tu ne regretteras pas de ne pas être allé au bout de tes projets d'hier nuit."

Je n'ai aucune idée du temps qu'il s'est écoulé, mais je pense qu'il nous reste encore quelques heures l'un avec l'autre.

"Tu es sûre que tu ne veux pas dormir ? Si tu veux, je peux chanter pour toi, pour t'apaiser, je connais plein de chants nordiques anciens qui te plairaient, je pense."
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