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 Comme une lettre qu'on ne se souvient pas avoir écrite

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Baphomet
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C'est une expérience dont je ne reviens pas si facilement, j'ai même envie d'y retourner sitôt qu'elle s'est terminée. Quand elle revient lécher mon cou, j'ai réellement un gémissement de plaisir inattendu. Mes mains se crispent sur ses flancs.

Elle me fait le compliment le plus unique et le plus incongru. Je ne sais pas si je dois la remercier, ou au contraire m'en excuser.

"Notre voyage n'est pas terminé, tu en auras plus si tu es sage."

Elle émet un regret, mais je la coupe d'un doigt sur ses lèvres charnues, rendues gonflées par le contact.

"Shh... Tu as été parfaite."

Nous sommes si proches l'un de l'autre. J'ai envie de la sentir contre moi, de sentir sa bouche sur ma peau, encore et encore, avec ou sans morsure. Dans ses yeux, je peux contempler l'effet que mon sang lui fait, et je n'en suis pas peu fier. Elle en a encore envie, moi aussi, mais à ce stade, ce serait stupide et délicieusement dangereux.

"Peut-être, peut-être pas. Après tout, les effets de mon aura sont sans doute décuplés par mon sang."

Mais j'aime la voir sourire, l'entendre rire.

Sa main dans la mienne paraît chaude, bouillante, comme de la lave sous la glace. Elle me relève sans le moindre effort et je suis obligé de faire disparaître mes ailes pour enfiler mon manteau. Avant de sortir, je relève mon col.

"Je me sens prêt."

...Un peu la tête qui tourne, et un peu trop euphorique pour être vraiment efficace, mais peu importe. Je me sens bien, prêt à tout. J'ai goûté à ce que c'était que d'être sa cible, et je pense que jamais je ne pourrais réellement m'en passer.

Nous sortons et après avoir fermé la porte et vérifié que Bigadin allait bien, la toute première chose que je fais est évidemment de faire une boule de neige pour la lancer vers Esfir. Quand elle se retourne, je me retourne vers mon cheval.

"Bigadin, voyons, ça ne se fait pas, c'est une dame ! Excuse-toi !"

Dois-je me préparer à courir ? Fléchis sur mes jambes, ivre, drogué, opiumisé, ou doté d'un tout autre état second dont je n'aurais pas conscience, je m'apprête à tout de sa part. Les mains en avant, je m'apprête aussi bien à son attaque qu'à la poursuivre.

"Ne me dis pas que tu te sens déjà lasse, Mademoiselle Saphir. De toute façon, en aucun cas, tu ne pourras me battre."

Je devrais boire, je devrais me nourrir... et au lieu de ça, je provoque la seule personne qui pourrait me tuer sans même que j'ai envie de l'arrêter.

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Anja Almen
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Sa proposition de me faire boire à nouveau est aussi tentante qu’idiote. Je ne dois pas m’y laisser prendre. C’est bien pour cela que j’ai cessé de me nourrir de cette façon. Il y a un côté bien trop… charnel et addictif. Trop proche de la Bête et donc très peu contrôlable.
La preuve, l’envie de revenir à son cou a été si forte que même le contrôle strict que j’exerce sur moi a failli y céder.

- Shh... Tu as été parfaite.

Parfaite ? Non loin de là. Sait-il seulement ce qui m’a traversé la tête pendant que je le buvais ? Certainement pas. J’ai même du mal à m’éloigner physiquement de lui. Parce que d’une certaine façon, notre proximité est réconfortante. Il est présentement la seule source de chaleur et de bienveillance dans mon existence. Après tant de ténèbres, il n’est pas étonnant que mon âme soit attirée comme un papillon par la lumière.
Suis-je un monstre d’aimer son bras autour de moi ou son timbre de voix rassurant ?
J’ai perdu ma famille et mon mari il y a moins d’une semaine et voilà où je suis aujourd’hui. Certainement me prendrait sans doute pour un monstre. Peu m’importe.

Finalement, je me prépare à sortir et l’invite à me suivre.  
- Je me sens prêt.
- Sûr ? Je viens de te ponctionner une belle quantité de sang. Promis… je vais essayer de me rappeler que ça n’est pas toi ma cible.

La nuit est belle. Il a cessé de neiger mais sa couche blanche recouvre tout sur quelques centimètres. Quelques choses s’écrasent soudain dans mon dos et je me retourne consternée, la bouche ouverte d’indignation.
- Tu as osé ?
- Bigadin, voyons, ça ne se fait pas, c'est une dame ! Excuse-toi !
- C’est cela ! Excuse toi donc…
Chose qu’il ne fait pas évidemment. Pendant qu’il parlotte, je prépare ma vengeance, la fomente pendant à peine quelques secondes. En un clignement de cil, je suis face à lui. Une seconde plus tard et une grosse boule de neige finit dans sa bouche.
- Avec les compliments de « Madame » Saphir.

J’éclate de rire et me mets aussitôt à couvert. Mes munitions s’entassent rapidement et je déverse un feu nourri sur « mes ennemis ». Ca n’est pas pour rien que j’aime l’arc. J’ai une visée redoutable.
Soudain je me redresse, tous les sens aux aguets et lève la main pour indiquer le silence à Baphomet. J’ai les yeux braqués sur un chevreuil au bois élégant. Par un miracle inexplicable, il n’a pas fui face à notre vacarme. Il nous observe lui aussi, et je n’ose plus bouger. C’est Bigadin qui souffle et hennit doucement. Aussitôt l’animal se met à courir et sans réfléchir je le suis comme le prédateur que je suis. L’instinct prend le dessus et je vole presque au-dessus de la neige, silhouette floue entre les arbres. Baphomet est-il derrière moi ? Je n'en ai aucune idée. Mon attention est focalisée sur ma proie.

Je la rattrape sans trop de peine, dégaine ma dague et la touche à la cuisse. Après quelques mètres, l’animal boitille puis s’écroule, vaincu. J’ai presque de la peine de mettre fin à l’existence d’une si belle créature. Mais si moi je me sens incroyablement rassasiée, Baphomet a besoin de manger. Je m’approche et constate que l’animal respire encore alors je m’agenouille et caresse lentement son échine. Baphomet est là et je lui souris en lui tendant mon autre main.
- Viens... cela fait aussi partie de la chasse pour moi.
J'attends qu'il me rejoigne et guide sa main, d'abord sur la fourrure épaisse, puis sur le manche de mon arme.
- Merci, tu ne mourras pas en vain.
D’un coup de dague bien placé, nous mettons fin à sa vie.
- Tu auras largement de quoi manger cette nuit. As-tu déjà dépecer un animal ?
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Baphomet
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Ce ne sera pas moi, la cible ? Pourquoi ? Et pourquoi j'en ressens du regret ? Elle était prédatrice et elle paraît presque… soumise à présent. Je déteste que ça me plaise à ce point.

Après lui avoir balancé une boule de neige et lâchement accusé mon compagnon l'equidé, elle a un sourire amusé. En une fraction de seconde, la voilà devant moi et me balance de la neige. J'éclate de rire, essaie de l'attraper avant qu'elle ne se sauve et finit par lui balancer des boules de neige le plus vite possible… officiellement, je la laisse gagner en bon gentleman que je suis. Officieusement, fichtre ce qu'elle est douée !

Au moment où je vais prendre l'avantage, elle se rend. Fier de moi, je me rends compte juste à temps qu'elle a juste repéré une proie. Comme un véritable oiseau en chasse, elle semble fondre sur sa victime. Je me mets à la poursuivre, mais je suis nettement moins à l'aise à me mouvoir dans la neige, sans mes ailes. C'est vraiment une chasseresse redoutable une fois la nuit venue. Elle frappe la chair de l'animal efficacement... et m'ordonne de m'approcher.

Finalement, c'est à moi de mettre la bête à mort. Je m'exécute sans attendre

"Tu ne veux pas son sang ?"

J'ai déjà dépecé un animal, mais c'était il y a longtemps, je n'étais encore qu'un corbeau à l'époque. C'est la première fois que je tue un innocent et cela est très étrange.

"Je m'en charge."

Je charge l'animal sur mon dos pour le ramener à notre maison avant de raviver le feu.

Serrant sa dague dans mon poing, je commence à retirer la peau, tranquillement, en commençant par les sabots, afin d'avoir toute la fourrure d'un seul tenant. Puis, je commence par tailler une cuisse que je mets à cuire, les épaules, et récupère toute la chaire que je peux dans le but de la faire fumer. Au moins, j'aurais des réserves, et éventuellement quelque chose à échanger si nous croisons un village.

"Est-ce que tu manges de la nourriture autre que du sang, parfois ?"

La fraîcheur de la viande est inégalée. Jamais je n'avais eu la... part du lion, si je puis dire. Et j'avais faim, vraiment très faim.

"Je te nourris, tu me nourris, nous formons un bon duo."

Une fois mon petit-déjeuner achevé, je vérifie la cuisson de la viande qui reste et entreprends de me diriger vers Bigadin pour le harnacher et m'en servir comme bête de somme. Malheureusement, arrivé près de lui, je glisse et tombe dans la neige. J'agite la main jusqu'à ce qu'une certaine vampire vienne à mon secours, vampire sur laquelle je saute afin de lui faire manger de la neige, comme à moi.

"Moins facile maintenant que j'ai retrouvé mes forces !"
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Anja Almen
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- Tu ne veux pas son sang ?
- Non, le tien m’a suffi. Et je suppose qu’il est bien meilleur.

Nous œuvrons de concert pour préparer au mieux les repas futurs de Baphomet. Pour un novice – je le vois à ses gestes – il s’en sort très bien. Je me perds de le corriger parfois
- Est-ce que tu manges de la nourriture autre que du sang, parfois ?
Je hausse les épaules.
- Parfois, pour donner le change lorsque je suis en présence d’être humain. Ou pour essayer de me rappeler de ce que cela fait. Mais la nourriture ne m’est plus d’aucune utilité.
- Je te nourris, tu me nourris, nous formons un bon duo.
- C’est vrai.

Je le regarde manger avec volubilité, un petit sourire satisfait aux lèvres. La simplicité toute bête de son appétit me met du baume au cœur. Même si la nuit est bien avancée, il nous faut poursuivre notre chemin. Non sans avoir lancé une deuxième bataille de boule de neige. Il l’a clairement cherché ! J’ai le plaisir de découvrir un adversaire plus coriace. Mais je gagne sans mal la partie.
D’ailleurs, je découvre que le jeu fait partie intégrante de la personnalité de Baphomet. Cela et les conversations qui n’ont parfois ni queue ni tête mais qui ont la faculté de m’alléger l’âme et le chagrin. Je le soupçonne de faire exprès simplement pour me faire du bien.  

Les jours et les nuits s’enchainent et nous nous rapprochons petit à petit d’Oslo.
Je me rends alors compte que ce voyage touche à sa fin et j’en éprouve un certain pincement au cœur. Mais Baphomet retrouvera sa vie, n’aura plus à trainer ma mélancolie et ma tristesse toujours latente et qui ne demande qu’à réémerger. Nous partirons chacun de notre côté, heureux pour sa part de retrouver ce qu’on lui a pris.

Je ne me suis plus nourrie sur lui et j’avoue en avoir parfois éprouver l’envie coupable et terrible. Je me suis surprise à fixer son cou, penchée trop près sur lui. J’ai donc souvent chassé seule, espérant satisfaire mon appétit ailleurs. Mais rien ne vaut la saveur si particulière et addictive de son sang.  

Juste avant l’aube, nous trouvons un aubergiste aux portes de la ville qui accepte de nous céder une chambre contre quelques pièces que j’ai récupéré avec mes affaires. Il nous a pris pour des époux et ni moi ni Baphomet ne l’avons contredit. Les choses sont plus simples ainsi. Une fois dans la chambre, je m’empresse de recouvrir la fenêtre et de fermer les rideaux.

- J’espère que cela suffira.

Heureusement, le lit ne se trouve pas directement en face et je m’y recroqueville avec un soupir. Le silence nous entoure encore mais bientôt, la ville et son bourdonnement constant nous environnera. Voilà pourquoi nous avions toujours préféré la campagne. Et puis, Kolbeinn et moi venions de petits villages. Ne souhaitant pas ternir notre dernière journée à patienter ensemble, je lui offre un sourire vaillant.

- Bientôt, tu seras débarrassé de ta mission… et de moi. Que comptes-tu faire ensuite ? Vas-tu rester en Norvège ?

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Baphomet
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Je ne sais pas pourquoi il est très important pour moi que mon sang soit meilleur que celui d'une bête. Ce n'est pas simplement un compliment, c'est presque... une nécessité. Je sais que nous n'allons pas nous suivre toute notre vie, donc c'est ridicule. C'est alors que je réalise qu'elle est vampire, et une vampire assez âgée, alors... pourquoi pas ? Au moins je pourrais lui demander avec un trémolo dans la voix si elle a trouvé un sang meilleur que le mien. La mère des Vampires ne l'autorisera pas, je le sais. Elle ne voulait pas d'attaches pour sa protégée, et je doute qu'elle accepte qu'un démon lui tourne autour, un démon dont elle n'est pas supposée se souvenir, d'ailleurs.

Tandis que je mange, je pense à tout cela. Je la laisse gagner la bataille de boule de neige avec un peu plus de fougue, cette fois. Mais je la laisse gagner tout de même.

Bigadin est chargé de viande, et nous continuons donc notre chemin à pied, ce qui le rallonge d'autant, et me fait très plaisir. Je passe mes journées contre elle, et mes nuits à lui parler de tout, de rien. Parfois, quand je suis parti dans une histoire, je me retrouve même à marcher à l'envers pour lui faire face, mes gestes se perdant, démonstratifs. J'aime la voir sourire, l'entendre rire. Sa voix et ses yeux sur moi ont définitivement changé. Elle a confiance, désormais, et plus cela va, plus je m'en déteste. Je ne devrais pas, j'ai un travail à accomplir, et je le fais. Je lui ai même sauvé la vie et lui ai donné envie de poursuivre son existence.

C'est mieux pour moi, c'est mieux pour elle.

Alors pourquoi est-ce que tout cela sonne faux ?

À notre dernière journée à passer ensemble, près d'Oslo, il n'y a plus de cabanes abandonnées, ou de villages vides. Nous sommes obligés de demander à un aubergiste qui a du mal à comprendre notre demande. Finalement, dans un soupir, je consens à faire semblant de lui dire la vérité.

"Madame Saphir et moi-même nous sommes mariés en cachette dans le nord, nos familles trouvent cette union contre-nature parce que nous ne faisons pas partie du même monde. Alors, nous avons chevauché toute la nuit et nous repartirons dès ce soir. Voulez-vous bien nous aider ?"

Il y a une chose qui ne change pas, quelle que soit l'espèce à laquelle la personne appartient, son genre, son vécu, ses aspirations... Tout le monde veut se sentir comme un héros, même si cela ne dure pas longtemps. Je vois dans ses yeux un souvenir, sans doute celui d'une amourette de jeunesse, oui, c'est cela. Une fille qu'il n'a pas pu avoir parce qu'il n'était pas né dans la bonne famille. Il nous invite à le suivre et nous installe dans une chambre avec peu de fenêtre, à ma demande.

Aujourd'hui va être le dernier jour où j'aurais Esfir contre moi pour dormir. Nous aurions pu sans doute pousser jusqu'à la Reine des vampires, mais ni elle, ni moi, ne semblions en avoir envie. Elle a l'air triste. Je retire mon manteau qui ne m'a jamais paru aussi lourd qu'en ce moment, avant de m'installer face à elle.

"Ma mission ne fait que commencer... Cet animal dont je t'ai parlé est sans doute la clé de voûte pour... une nouvelle existence, pour moi."

Donc, pour répondre, je n'ai aucune idée de ce que je ferai ensuite. Je n'aurais qu'une chance, je vais la saisir.

"Et toi ? Tu penses que ta mère te laissera... me voir ? Enfin... Moi et d'autres personnes. Mais surtout moi."

Je prends sa main et la serre un instant, juste le temps qu'elle se réchauffe.

"Ne pense pas que je me réjouisse de devoir te laisser à elle. Je t'en veux un peu pour ça, tu sais ?"

Elle n'a qu'un mot à dire, et nous repartons dans l'autre sens. De toute façon, je ne suis pas fait pour gouverner, je le sais, pas avec ces yeux Saphir qui me regardent.

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Je le regarde s’installer en face de moi et lui sourit tendrement. Oui, j’éprouve une certaine tendresse pour lui. Nous avons beau nous connaitre depuis peu, j’ai l’impression que nous nous côtoyons depuis plus longtemps. Les épreuves rapprochent, c’est une certitude.

- Ma mission ne fait que commencer... Cet animal dont je t'ai parlé est sans doute la clé de voûte pour... une nouvelle existence, pour moi.
Le voir s’enthousiasmer pour ce projet me fait plaisir.  
- J’en suis très heureuse pour toi. Et tu as le droit de m’en parler de cette nouvelle existence ?
- Et toi ? Tu penses que ta mère te laissera... me voir ? Enfin... Moi et d'autres personnes. Mais surtout moi.
- Pourquoi ne le voudrait-elle pas ? Tu nous as aidée toutes les deux ! Et puis j’estime que ça n’est pas parce qu’elle t’a envoyé pour me sortir de cette prison sordide que je lui dois une obéissance aveugle. Il n’en a jamais été ainsi.  

Je pousse un soupir et cale ma tête contre le mur.

- La vérité… c’est que je ne sais toujours pas ce que je vais faire. Mon monde s’est écroulé il y a à peine quelques jours et grâce à toi, je me relève des décombres mais… il ne me reste toujours qu’un champ de ruines. Je n’ai plus que cela. Je lui souris plus tristement. Tu sais ce que cela fait de vivre si longtemps que tu te demandes ce que l’existence a encore de beau et de neuf à vivre… Je contemple mes mains restées éternellement lisses. J’ai presque mille ans et plus d’avenir. Je finis par hausser les épaules. Nous verrons bien ce que ma Mère a à me dire. Je commence à comprendre pourquoi elle s’accroche si fort à son ambition. C’est sans doute tout ce qu’il lui reste.

Une main chaude et bien moins pâle s’invite sur la mienne et je la sers à mon tour, noue mes doigts blancs entre les siens.
- Ne pense pas que je me réjouisse de devoir te laisser à elle.
- Tu dis cela comme si tu me livrais à mon bourreau ! Ne t’inquiète pas pour moi. Je la connais bien. Et je sais qu’elle ne me veut aucun mal.
- Je t'en veux un peu pour ça, tu sais ?
J’ai un petit rire, un rire qui sonne un peu tristement même à mes oreilles.
- Pourquoi donc ? Parce que je pense que cela te soulagera de ne plus vivre que la nuit et de retrouver ta liberté ?

Je me penche en avant et me laisse aller à l’étreindre quelques secondes. Un début d’au revoir sans doute. Je m’écarte et lui caresse la joue.  
- Tu n’es pas qu’un oiseau nocturne mon gentil corbeau blanc. Ta peau a besoin de sentir la chaleur du soleil. Et puis… tu as des projets qui t’attendent, un nouveau chemin à prendre. Si les Nornes le veulent, nous nous recroiserons peut-être à nouveau. Quoi qu’il arrive, j’aurais été heureuse de faire ce voyage avec toi. Même si je trouve cela légèrement insultant que tu m’aies laissé gagner chaque bataille de boules de neige. Habilement je détourne ce sujet qui est en train de me rendre incroyablement mélancolique et triste avant l’heure. Oh et peux-tu m’expliquer pourquoi l’aubergiste nous a regardé avec les larmes aux yeux tous les deux ? Qu’est-ce que tu aies allé inventer ?

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Sa question est pertinente et elle a le droit de savoir….c'est donc à regret que je secoue la tête. Je n'ai pas le droit de lui en parler. Peut-être quand j'aurai lamentablement échoué, je reviendrai la voir pour tout lui expliquer, mais pour le moment, c'est trop sensible. Je risquerai de la mettre en danger, et de compromettre ma mission.

À nouveau, elle parle de sa mère comme d'une personne qui lui veut foncièrement du bien. Encore une fois, j'essaie de la croire. Elle la connait mieux que moi, et peut-être qu'elle ne veut que son bien-être, qu'elle lui laissera le choix de perdre la mémoire ou non, peut-être même qu'elle n'est en rien responsable de l'attaque qui l'a privée de son mari et de son enfant.

"Pour nous autres, il n'y a jamais plus rien... Tu as ta mère... et tu m'as moi." Peut-être seulement momentanément, mais j'espère qu'elle sait qu'elle pourra toujours compter sur moi. "C'est amusant, tu es trois fois plus jeune que moi !" J'ai un rire avant de reprendre mon sérieux. "J'ai souvent eu la sensation d'avoir tout perdu, et même de tout perdre réellement... Mais de ces décombres dont tu parles, il peut en sortir n'importe quoi. Quelque chose de beau, que tu reconstruiras, ou te permettre d'aller habiter ailleurs si le cœur t'en dit. Tu n'as plus d'attaches, c'est un mal comme ça peut être un bien, ou les deux. C'est un nouveau départ, une nouvelle vie."

Ce sont des mantras que je me suis fréquemment répété à moi-même.

"Tout fini, et tout commence."

Elle se serre contre moi avant de poser sa main sur ma joue. J'incline la tête sur le côté.

"Comment sais-tu que je suis un corbeau ?" Je secoue la tête "Les corbeaux sont crépusculaires et les corbeaux blancs sont sensibles à la lumière." Dans sa main, je ris de sa phrase. "Je suis désolé de t'avoir insultée, j'aurais ma revanche un jour où l'autre." A sa dernière question, j'ouvre tout à fait les yeux, me redresse, et passe ma main dans ma nuque, un peu gêné. "Oh... il disait que ce n'était pas une maison de passe et qu'il ne voulait pas nous prêter de chambre pour la journée. Du coup, j'ai dû lui raconter la première chose qui m'est venue, que nous étions en fuite après nous être mariés en cachette et que nous avions chevauché toute la nuit et... que nous voulions un coin à nous pour la journée sans être dérangés si possible."

Je fais toucher mes index l'un avec l'autre.

"Voilà voilà..."

Elle n'a pas envie de rester seule avec ses pensées, et je n'ai pas l'intention de la laisser, pas maintenant. Mon sourire devient immédiatement joueur.

"Du coup, nous pouvons faire tout le bruit qu'on veut, et comme c'est notre dernière journée ensemble, je te propose de te donner mon sang une dernière fois..."

Je bondis sur le lit, attrapant la couverture

"Mais cette fois, je ne me laisserai pas faire !"

Comme un filet attrapant un banc de poisson, je lance la couverture sur ma vampire et profite de son moment de stupeur pour aller me cacher au-dessus de l'armoire.

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Je trouve parfaitement adorable qu’il tente de me consoler. Je n’ose pas lui dire que je n’ai pas le courage de vivre cette nouvelle vie, de trouver d’autres raisons de continuer à avancer. Grâce à lui, je ne suis pas tombée dans le puit sans fond de mon deuil et de mon chagrin, c’est bien plus que je ne l’espérais. Je me demande un instant à qui ou quoi il fait mention lorsqu’il parle d’avoir « tout perdu » lui aussi mais je n’ai définitivement pas envie de passer notre dernière journée ensemble à parler de choses trop tristes.
Je préfère l’étreindre et passer à d’autres sujets.

- Comment sais-tu que je suis un corbeau ?
- J’ai passé l’ensemble du voyage à me demander pourquoi ton sang avait ce goût animal et surtout à essayer de me rappeler de quel animal il s’agit. J’ai fini par reconnaitre le corbeau. Et tu as des ailes blanches… donc j’en ai déduit le corbeau blanc.
- Les corbeaux sont crépusculaires et les corbeaux blancs sont sensibles à la lumière.
- Je n’en savais rien.

Ma petite boutade sur nos batailles de boule de neige à l’effet escompté et ma dernière question achève d’enterrer ce sujet déplaisant qu’est l’avenir.
- Oh...
- Dois-je m’inquiéter que tu aies l’air si gêné ?
- Il disait que ce n'était pas une maison de passe et qu'il ne voulait pas nous prêter de chambre pour la journée. Du coup, j'ai dû lui raconter la première chose qui m'est venue, que nous étions en fuite après nous être mariés en cachette et que nous avions chevauché toute la nuit et... que nous voulions un coin à nous pour la journée sans être dérangés si possible.
J’éclate de rire à sa confession.
- C’était donc plus ou moins ce que j’avais imaginé ! Nous voilà donc de jeunes mariés en fuite.
- Voilà voilà...
- Très romantique.
- Du coup, nous pouvons faire tout le bruit qu'on veut…
- Va-t-on devoir lui fournir une sorte de spectacle sonore pour lui prouver la véracité de ton histoire ?
- Et comme c'est notre dernière journée ensemble, je te propose de te donner mon sang une dernière fois...
- Oh… tu n’es pas obligé.
Aussitôt, mon regard tombe sur mes mains. Oui elles sont sans doute un peu raide, mais je tiendrais jusqu’à revoir ma Mère.
- Mais cette fois, je ne me laisserai pas faire !

L’obscurité tombe soudain sur moi sous la forme d’une couverture et je pousse un petit cri surpris. Je pousse un soupir à la fois résigné et amusé.
- Qu’as-tu encore inventé ? Tu veux jouer à cache-cache ? Je te préviens je suis très douée. Je peux même te trouver les yeux fermés.

Lentement je me redresse et la couverture glisse au sol. J’ai effectivement les paupières closes et pour prouver ma bonne foi, je noue mon écharpe autour de ma tête. Immobile et attentive, je tends l’oreille puis je me mets à frapper doucement mes mains en rythme avec les battements de cœur que je perçois non loin de moi. Je suis son accélération à mesure que je me rapproche, frappant de plus en plus vite.

- Ton cœur te trahie, Baphomet. Il s’affole aussi vite que celui d’un oiseau.

Soudain je tourne la tête vers ce dont je me rappelle être un meuble. Une armoire. Les battements de cœur sont à présent si rapides qu’on pourrait croire que j’applaudis doucement. En un mouvement à peine visible je me trouve à ses côtés et le fait retomber sur le lit qui grince sous son poids. Je le suis tout aussi vite et m’assois simplement sur le bord du lit, une main plaquée sur son torse en un simulacre de maintien. Je ne l’entrave en rien.

- Attrapé… qu’ai-je gagné ? je demande, le sourire aux lèvres sous mon bandeau de fortune.
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Baphomet
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Doooonc…. Elle a déjà bu du corbeau..  je me demande si les vampires ont un tableau de chasse avec, dans l'idée, des petites cases à remplir…‘Mon premier loup-garou’ ‘J'ai déjà eu du sanglier à dos argenté’ ‘Du cygne ? Jamais !’. Loin de moi l'envie de compatir pour le-dit corbeau, ces animaux se montrent parfois d'une cruauté sans limite. Ils ont pourtant cette réputation d'intelligence et parfois de sagesse… tout le contraire des vampires qui sont perçus comme des bêtes sanguinaires incapable d'éprouver la moindre émotion à part la faim. Moi, je sais que tout cela est faux.

D'un air un peu penaud, je lui explique mon entourloupe pour le tavernier. J'ai eu peur qu'Esfir ne prenne très mal l'idée que j'essaie de me faire passer pour son amant. Cependant, cela semble l'amuser plus qu'autre chose.

“Merci, je me découvre romantique avec toi. J'espère que ça ne deviendra pas une habitude.”

Ou que personne ne le saura à part elle et moi.

D'un coup, je partage mon humeur joueuse avec elle et elle se prend au jeu pour mon plus grand plaisir ! Je remarque avec fascination qu'elle garde les yeux fermés et qu'elle se met presque à danser sur mon rythme cardiaque qu'elle bat en rythme avec ses paumes. Elle m'attrape tellement facilement que c'en est déconcertant. Non, ce n'est pas seulement déconcertant, c'est même plus que fascinant. J'aime un peu trop l'idée qu'elle puisse me retrouver les yeux fermés.

Je me retrouve plaqué sur le lit, sa paume sur mon torse. Ma fascination grandit d'autant plus. On a déjà essayé de me soumettre physiquement par le passé, mais jamais en ayant mon consentement. Je ne pensais même pas que ça puisse être possible. Je décide de pousser cet étrange jeu.

“Gagné ? Tu penses avoir gagné ? Ça ne fait que commencer !”

J'attrape sa main pour la soulever, me dégager et la retourner sur le lit, moi au dessus d'elle, ses poignets dans mes paumes. Je plonge mon regard dans le sien, sourire aux lèvres. Je ne réalise que rrop tard qu'elle n'a jamais eu affaire à ce genre de traitement auparavant.

“Allez, je suis certain que tu as connu des proies plus coriaces que moi !”

Au dessus d'elle, je ne veux pas paraître prédateur, ni dominant… mais… une envie commence à raisonner en sourdine en moi, quelque chose que je pensais avoir vaincu depuis longtemps…

Mais contrairement à avant, je n'ai pas peur, j'ai même confiance. De toute façon, il faut que je prenne soin d'Esfir. Je n'ai pas le choix, n'est-ce pas ?
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Anja Almen
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- Gagné ? Tu penses avoir gagné ?
- Ca me semble plutôt évident, je rétorque tranquillement, toujours aveuglée.
- Ça ne fait que commencer !

Nos positions sont soudain échangées et la surprise me fait lâcher un petit cri. A vrai dire je ne le pensais pas capable d’une telle habileté ou du moins j’oublie que derrière les sourires et la légèreté se cache un être surnaturel tout aussi capable que moi d’une force surnaturelle. Je presse un peu sur sa poigne pour en tester la résistance et ne le sens pas prêt à me relâcher.

- Baphomet…
Mise en garde ou demande de libération voilée ? Difficile à dire même pour moi. Je n’ai, pour ainsi dire, pas vraiment l’habitude qu’on me traite de cette façon. Ca n’a jamais été le genre de jeu que Kolbeinn initiait et il ne me serait jamais venu à l’esprit non plus.

- A quoi est-ce que tu joues à présent ?
- Allez, je suis certain que tu as connu des proies plus coriaces que moi !
- Tu n’es pas une proie Baphomet…Tu es…

Quoi donc ? Qu’est-il ? Un ami proche, oui… c’est ce qu’il est devenu pendant notre voyage. Avec une facilité déconcertante, certainement facilité par le fait que j’ai besoin d’un ami à cet instant. Un ami qui sache ce que j’ai traversé, qui l’a vécu en partie à mes côtés.
Les yeux bandés, son odeur m’apparait plus nette, les battements de son cœur plus fort. Et par les dieux, il bat vite, il... m'appelle. Lentement, mes jambes remontent pour cercler sa taille comme un collet qui se refermerait doucement autour du cou d’un lapin.
Le piège se ferme brusquement et je le renverse, sans doute trop brusquement parce que nous atterrissons sur le sol dans un bruit sourd et mes mains appuient fermement sur ses bras pour l’empêcher de bouger.
Mais pendant un bref instant, j’oublie tout cela et vise sa gorge. Mes crocs grattent la peau alors que je reviens à moi.

Je recule vivement et retire le foulard de mes yeux.

- Pardon ! Je suis désolée. Tu vas bien ? Avec ce genre de bruits le patron des lieux risque de se demander ce que l’on fait… si tu tiens à me donner ton sang à nouveau, mieux vaut que y aller doucement.
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Baphomet
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Quand je retourne le jeu contre elle, je dois admettre que je m'attendais à beaucoup de chose : de l'amusement, du dégoût, de la révolte, de l'indignation. Cependant, qu'elle prononce ce nouveau prénom avec une conviction étrange, je ne m'y attendais pas du tout. Je suis certain que si elle prononce ce mot trois fois n'importe où sur la planète avec cette même intonation, elle m'invoque sur le champ.

Je ne suis pas une proie...

Je suis...

"Qui suis-je pour toi ?"

Il s'avère que cette question ne trouvera jamais de réponse. Elle enserre ma taille et je dois admettre que je ne sais absolument pas quoi penser de ce mouvement... ou je n'espère pas trop à ma chance. Non, elle ne peut pas me désirer, pas maintenant, ce serait trop...

Je me rassure, et me tends tout à la fois. Tout ce qu'elle veut, c'est mon sang, effectivement. Mon dos heurte le sol et m'arrache un rire, rire qui reste coincé dans ma gorge au moment où Esfir s'apprête à la mordre assez férocement. Elle se relève, et je vois enfin ses yeux. Mais si elle a une attitude défensive, elle reste tout de même sur moi.

"Je vais très bien, ne t'en fais pas."

Dommage qu'elle se soit arrêtée.

"Je tiens à te donner mon sang avec le goût du jeu. N'as-tu jamais eu envie de laisser libre cours à la Bête en toi, tout en la maîtrisant, ou plutôt en lui imposant des règles ? J'ai confiance en toi, Esfir aux yeux de Saphir, je suis persuadé que tu prendrais beaucoup de plaisir à ne pas retenir ta force, à lutter, à devoir ruser, à garder ton intelligence et à ne pas te laisser aller dans une totale bestialité pour obtenir ce que tu convoites... Et pour ce qui est du patron... peu importe !"

La chambre est suffisamment grande pour ça. Je me téléporte dans un nuage d'ombre pour réapparaître sur le lit dans un son semblable à un claquement de fouet avant de lancer sur Esif un des lourds coussins qui l'ornait. À l'impact, il se déchire, déversant plein de plumes dans la chambre, presque comme s'il neigeait à l'intérieur.

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- Je vais très bien, ne t'en fais pas.
- C’est vrai qu’il en faut certainement plus pour te faire mal.
- Je tiens à te donner mon sang avec le goût du jeu. N'as-tu jamais eu envie de laisser libre cours à la Bête en toi, tout en la maîtrisant, ou plutôt en lui imposant des règles ?

Je triture l’écharpe et repense à des temps lointains. Lorsque la civilisation était faite d’encore plus de violence et de barbarie. Un temps où mon humanité était baignée dans des flots de sang, où il n’existait que la Soif.

- Tu sais, lorsque l’on renait, on ne maitrise rien du tout. Surtout pas la Bête et Elle a soif. Tout le temps. Ma Mère… elle ne m’a jamais incité à la contrôler. Elle voulait que je la ressente, au plus profond de moi. Que je la fasse mienne. Je n’y suis jamais parvenue. Jouer avec Elle, c’est dangereux. Je ne m’y risque pas. Parce que je n’ai aucune idée de ce dont je suis capable ni si j’aurais la volonté de l’arrêter.      
- J'ai confiance en toi, Esfir aux yeux de Saphir… je ne sais pas si c’est le surnom ou sa confiance en moi qui me fait sourire à ce point. Certainement un savant mélange des deux. Je suis persuadé que tu prendrais beaucoup de plaisir à ne pas retenir ta force, à lutter, à devoir ruser, à garder ton intelligence et à ne pas te laisser aller dans une totale bestialité pour obtenir ce que tu convoites... Et pour ce qui est du patron... peu importe !

Je lâche un petit rire.
- Malheureusement, cela n’est pas si simple. La ligne entre contrôle et perte totale de maitrise est trop fine, trop angoissante. Peut-être que j’y parviendrai un jour.

Il bouge alors dans la pièce, se téléporte plutôt et au moment où je lève le visage vers le lit sur lequel il vient de reparaitre je reçois un cousin sur la tête. Je pousse un petit cri de surprise et il explose en mille plumes qui tombent sur moi comme de la neige douce et légère. Un décor presque féérique.

Je lève les yeux vers ses flocons magiques avec un petit rire et souffle sur leurs délicates textures.
- Définitivement, le tenancier de ce lieu n’appréciera pas la façon dont on se sert de sa literie. Mais moi j'aime !
Des plumes plein les cheveux et accrochées à mes vêtements, je viens m’assoir à côté de lui et glisse ma main dans la sienne.
- Baphomet ? Merci… d’avoir été là. D’avoir été un soutien… plus que nécessaire pendant ce voyage. Et s’il touche à sa fin, je veux croire que toi et moi, ça n’est que le début… qu’un jour je pourrais être là pour toi, comme tu l’as été pour moi.

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J'écoute son histoire avec beaucoup d'attention, changeant de position, pour être franchement face à elle. Cela doit être une sensation absolument horrible que d'avoir faim tout le temps. Je me demande si cela équivaut à ma propre retenue... Enfin, pour elle, c'est différent, parce qu'elle a bu, tandis que je me refuse à toute sorte d'abandon pour ma part. Alors pire ou pas, je n'en sais rien, mais différent en tout cas. Elle y a déjà goûté, elle sait ce à quoi elle renonce. Pour ma part, je ne peux que le fantasmer, ou le vivre à travers les autres.

"Saphir, je suis fort, je peux te résister. J'ai envie que tu explores ces limites avec moi. Dans le meilleur des cas, tu en ressortiras grandi, et apte à résister absolument à tout. Dans le pire des cas, tu débarrasseras la terre de l'un des pires démons qu'elle n'ait jamais portés."

Je continue le jeu. La pièce devient neigeuse, et je ne fais rien, absolument rien pour l'arrêter, continuant à faire tomber des plumes.

"Si tu aimes, il n'a rien à en dire. Au pire, on le payera plus grassement."

Elle s'approche, et quelque part, je sens que le jeu est fini. Fichtre, déjà ? Le ton devient sérieux entre nous alors qu'elle me dit quelque chose qu'elle n'a sans doute pas dit à beaucoup de monde. Je m'apprête à lui dire que ce n'était rien, que si elle veut, nous pourrons nous revoir -même si je sais très bien qu'elle me dit cela plus pour me faire plaisir que par réelle envie d'avoir une quelconque relation avec moi.- J'ai toujours été là pour les gens qui sont dans le besoin ou la détresse. Je m'efforce à l'être, parce que je sais que ma volonté est immense. Cependant, je ne souhaite à personne le fait d'être témoin de ce que je deviens quand je suis moi-même dans la détresse la plus totale.

Pendant ces moments-là, je suis monstrueux, et personne ne peut plus rien pour moi. Naturellement, et pour éviter d'entrer dans de vaines promesses, je n'en dis rien.

"Je t'en prie, c'était vraiment un plaisir de te rencontrer. Je serai toujours là pour toi. En fait, je vais même t'apprendre à m'invoquer, comme ça, tu pourras m'avoir dès que tu en auras envie."

Cependant...

Je me redresse et me remet hors de portée.

"J'ai quand même envie de jouer avec toi. Une chasse, une seule fois. S'il te plaît. Tu pourras retrouver ta mère avec une nuit de retard, mais offre-moi d'être témoin de tes limites. Et si tu ne le fais pas pour toi, fais-le pour moi, j'ai particulièrement envie de lutter contre quelqu'un qui a..." envie de moi, très envie de moi, au point de ne pas m'en laisser le choix...  "... une force comparable à la mienne. D'ailleurs, il te faudra peut-être au moins ça pour résister à ce que l'existence que ta mère va te faire vivre. Après avoir vécu en paix, sans doute qu'elle va te forcer à boire à la veine. S'il y a une chose que j'aimerais que tu fasses pour moi, c'est accepter ce petit soupçon de subversivité."

Je tombe à genoux, théâtralement.

"S'il te plaît, Saphir."

Cette envie particulière me tombe dessus, comme ça. Elle semble même supplanter ma propre noirceur, au moins pour l'instant. Je pense que cette envie d'être l'objet de convoitise de quelqu'un va me rester pendant très longtemps. C'est une idée à laquelle je m'accroche et seule, elle peut me l'offrir, parce que je suis bien conscient que personne ne peut me désirer à ce point.

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- Saphir, je suis fort, je peux te résister. J'ai envie que tu explores ces limites avec moi. Dans le meilleur des cas, tu en ressortiras grandi, et apte à résister absolument à tout. Dans le pire des cas, tu débarrasseras la terre de l'un des pires démons qu'elle n'ait jamais portés.
Je pose aussitôt mon doigt sur ses lèvres.
- Ne dis pas une chose pareille enfin ! Ca n’a rien de vrai… En vérité, je ne sais pas si laisser court à la Bête me rend plus forte ou la rend plus forte contre moi… Ce n’est pas une question que les vampires aiment se poser entre eux.

Sur un tapis de plumes, je me rapproche pour délaisser ces considérations qui… oui, me font un peu peur. Je préfère me raccrocher à notre amitié naissance et improbable et lui signifier à nouveau combien je lui suis reconnaissante. Revenir à des sentiments plus humains donc.

- Je t'en prie, c'était vraiment un plaisir de te rencontrer. Je serai toujours là pour toi. En fait, je vais même t'apprendre à m'invoquer, comme ça, tu pourras m'avoir dès que tu en auras envie.
- T’invoquer ? L’idée me plait. Faut-il des bougies ? Du sang de vierge à la pleine lune ? je lui demande, un rien gentiment moqueuse.
Il s’éloigne néanmoins à nouveau et je fronce les sourcils
- J'ai quand même envie de jouer avec toi.
- De jouer ?
- Une chasse, une seule fois. S'il te plaît.
- Cela n’a rien d’un jeu, Baphomet… cela peut être dangereux pour toi. Et pour moi. Imagine qu’un chasseur traine dans les parages ?
- Tu pourras retrouver ta mère avec une nuit de retard, mais offre-moi d'être témoin de tes limites. Et si tu ne le fais pas pour toi, fais-le pour moi, j'ai particulièrement envie de lutter contre quelqu'un qui a... une force comparable à la mienne.
L’hésitation ne m’échappe pas mais comme je ne saisis pas ce qu’elle veut dire je ne relève pas. C’est plutôt sa détermination à me faire et voir prédatrice qui m’inquiète.
- D'ailleurs, il te faudra peut-être au moins ça pour résister à ce que l'existence que ta mère va te faire vivre.
J’ai un petit rire.
- Je n’ai pas encore décidé si j’allais rester avec elle.
- Après avoir vécu en paix, sans doute qu'elle va te forcer à boire à la veine. S'il y a une chose que j'aimerais que tu fasses pour moi, c'est accepter ce petit soupçon de subversivité.
- Tu tiens vraiment à ce que je mette de côté tous mes principes, des années de lutte contre moi-même ?
Il s’agenouille alors et je ne peux m’empêcher de sourire.
- S'il te plaît, Saphir.
Délicatement, je lui caresse la joue.
- Et si je ne parvenais pas à me contrôler ? Si je faisais du mal à d’autre personne ? Le hameau est certes petit, mais il compte quelques habitants malgré tout.

Il a l’air d’en avoir tellement envie… une envie que je ne comprends pas. Ou sans doute mal. Peut-être est-ce simplement une volonté de connaitre cette facette là de mon être. Une facette que j’ai enfoui en moi depuis si longtemps…
Mais après tout ce qu’il a fait pour moi, puis-je lui refuser cette demande ? Je l’ai prévenu, je ne peux rien faire de plus.
Lentement, ma main vient chercher la sienne.
- D’accord, si tu y tiens à ce point… Mais j’émets quelques conditions. Un tu te reposes dès à présent. Deux, je veux que tu t’éloignes le plus possible de toute vie humaine ? Il n’y aura que toi… et moi.

Je ne bougerais pas de cela. C’est une offre à prendre ou à laisser.
Evidemment, il ne refuse pas. Gardienne de son sommeil, je veille sur lui, assise à ses côtés sur le lit, à lui caresser lentement les cheveux alors que j’attends que le jour s’écoule.
Lorsqu’il laisse place à la nuit polaire, et que les bruits de vie extérieure se taisent, je secoue doucement le démon endormi.
- Baphomet ? La nuit est tombée. Lorsque tu te sentiras prêt je te laisserai quelques minutes d’avance. Pas plus.
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"Connaître son pire ennemi est sans doute la meilleure chose à faire. Tu ne penses pas. Et si ton ennemi est cette bête, alors apprends à savoir jusqu'où elle peut aller. Ensuite, ensemble, vous serez plus forts."

Cependant, je comprends l'idée. La noirceur est une chose qui nous affecte tous, les puissants comme les faibles, et peu d'entre nous sont prêts à la voir en face. Je ne lui demande pas de s'attaquer à tout être vivant, je lui demande juste de me la montrer. Elle sourit et même rit quand je lui parle de m'invoquer.

"Un pentacle, déjà, avec les trois branches vers le haut, jamais vers le bas, c'est très important. Ensuite, les accessoires, les bougies et le sang de vierge, c'est que pour l'ambiance, mais ce n'est pas nécessaire... Mais tu peux me montrer ta lune, si tu veux. Mon prénom, trois fois, et le tour est joué ! Je te garantis que je fais mon petit effet en soirée."

Malgré tout, j'insiste, je me déteste d'insister, mais je sais que j'ai raison. Il ne nous arrivera rien, j'en suis persuadé. Pour ce qui est de rester ou pas avec sa mère, je crains qu'elle n'ait pas le choix, malheureusement, mais je n'en dis rien. Son dernier argument me brise, un peu.

"Non, je veux que tu gardes tes principes, tes années de lutte seront bénéfiques. Tout ce que je te demande est de laisser cette bataille contre toi-même de côté et de t'allier avec la Bête. Quand on est en paix avec sa nature, il n'y a rien de meilleur, je peux te l'assurer."

J'aimerais y parvenir, un jour, et j'y parviendrai, grâce à des personnes comme Esfir qui m'apprécient et pour lequelles j'ai envie d'être le meilleur de moi-même. Je sais, intrinsèquement, qu'elle n'aurait pas réellement peur de qui je suis réellement.

"À mon tour de poser des conditions : quoi qu'il arrive, fais-moi confiance. D'accord ? Moi j'ai confiance en toi."

Je m'allonge avec un sourire et me recouvre avec mes propres ailes. Satisfait, je m'endors pratiquement immédiatement.

***

La nuit arrive tranquillement et je me fais réveiller par une voix douce, charmante et joueuse. Quelques minutes ? Alors comme ça elle se prend au jeu ? Soit.

Je me lève et disparaît. Je reprends forme sur le chemin que nous avions emprunté pour venir, et continue vers le Nord. Je me mords la lèvre jusqu'à me mettre à saigner. Je suis à présent conscient qu'à chaque expiration, elle me sentira. Je continue ma course hors des santiers jusqu'à une grande clairière. Je me place au milieu, prends une goutte de ma lèvre pour mettre juste une tâche sur un rocher. De là, je rebrousse chemin jusqu'à un arbre que je grimpe.

Alors, Saphir, montre moi à quel point tu es douée…

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- À mon tour de poser des conditions : quoi qu'il arrive, fais-moi confiance. D'accord ?
Je le scrute un moment dans les yeux, puis nos mains jointes avant de lui sourire.
- Je te fais confiance.
- Moi j'ai confiance en toi.
Mon sourire s’agrandit. Oui… il est bien trop gentil pour ce monde.

***

La nuit tombée, je regarde par la fenêtre, bras croisés sur la poitrine. A la lueur des quelques bougies, je compte lentement dans ma tête. Je montre les dents et les touche du bout des doigts. Des dents encore humaines qui peuvent facilement devenir crocs d’une bête.
Puis-je vraiment m’allier à Elle ? Cette simple idée me semble si déraisonnable… improbable.

Je me détourne de la fenêtre sans reflet et enfile mes bottes. Mes gestes sont lents, emprunts de… oui de retenus et de discipline. Je prépare mon corps et mon esprit. Je n’emporte rien avec moi.
Je suis la traqueuse autant que l’arme.

Ensuite je redescends, paie le tavernier pour une nouvelle nuit et sort dans l’obscurité.
Vu qu’il s’est téléporté, il n’y a nulle trace au sol. Malin, autant se servir de tous les atouts qu’il a à sa disposition.
Je ne me presse pas, avance en humant l’air. Après plusieurs tentatives, je la perçois. Son odeur inimitable. Elle est en suspension dans l’air comme une trainée de poudre don je n’ai qu’à suivre la piste. Aussitôt, je me mets à courir à une vitesse surhumaine, je ne perds pas un instant son odeur qui s’infiltre dans mes narines et ne les quitte plus. Je m’éloigne des humains et j’en suis suffisamment soulagée pour laisser mes crocs sortir.
Plus je cours et plus son parfum m’entête. Assez pour que je puisse presque le sentir sur mon palais.
Le goûter !
Alors que je vais aborder une immense clairière, je m’arrête. Je me tapis dans l’ombre. Il y a deux pistes à présent : l’une d’elle mène directement au centre de la clairière. Et pourtant je n’entends, ni ne perçoit rien de vivant ici.
Je ferme les yeux, invisible, inaudible et me concentre. Je réouvre des yeux légèrement rougit alors que je souris dans le noir, certaine d’avoir trouver ma cible.

Je m’avance vers ce cœur qui essaie de rester discret. Mais c’est un cœur que je connais bien pour l’avoir veillé, écouté.
Sûre de moi, le sourire large, je lève la tête vers l’arbre palpitant.

- Baphomet ? Je t’ai trouvé ! Cours… montre moi que tu n’es pas si facile à capturer…
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Comme un corbeau, sur un arbre perché, je guette le moindre mouvement de la forêt.

C'est avec une vitesse surprenante que je la vois arriver jusqu'à moi, presque sans aucune hésitation. J'expire une dernière fois avant de fermer ma bouche pour ne pas l'aider outre mesure. Elle passe entre les arbres aussi désespérément facilement qu'une panthère.

Je l'observe avec autant de fascination que de crainte.

Elle est faite pour tuer, chaque fibre de son être est façonné, étudié, peaufiné dans l'unique but de boire du sang pour survivre. Je me demande qui de la faim ou la satiété la rend plus forte. J'observe ses mouvements à la fois rapides et fluides. J'entends presque son souffle entrer dans ses narines, je la contemple me chercher. Je souris, jusqu'à ce qu'elle se détourne de mon piège et se dirige vers mon arbre. Je me penche quand elle lève la tête jusqu'à moi.

"Salut Saphir."

Je pose mes pieds sur les branches, totalement recroquevillé sur moi-même. D'un coup, je m'élance, étend mes ailes qui se mettent à battre. Cela faisait si longtemps que je n'avais pas pu voler, simplement voler. J'inspire amplement et infléchis mon vol vers une autre partie de la forêt.

"Attrape-moi, si tu peux !"

Naturellement, elle est rapide, très rapide. De plus, je sens mon cœur s'emballer un peu plus à chaque battement d'aile. J'hésite, puis je trouve un cours d'eau vive et me pose, un peu essoufflé, sur l'un des rochers en son centre. L'eau bat si fort que je me demande si son bruit couvre mon propre battement. Autour de moi, les rochers sont escarpés et j'attends patiemment de voir Esfir arriver et de pouvoir juger de toute sa grâce féline. Les oreilles aux aguets, j'écoute les bruits de la forêt comme je ne l'ai pas fait depuis très longtemps, sans doute depuis que j'ai vécu une autre vie. Maintenant, la nature ne me reconnaît plus, je ne fais plus corps avec elle, je ne suis plus sauvage, ni animal.

Cependant, si cela me permet de passer mes soirées à jouer ainsi, je ne peux plus regretter. Mes ailes me recouvrent, je suis aussi à découvert qu'inaccessible. Je me souviens d'une légende selon laquelle un vampire ne pourrait pas traverser de cours d'eau vive, il est grand temps que je sache de quoi il en est réellement.

Un craquement me fait vivement redresser la tête.

Un animal ? Ou ma traqueuse ?

L'un est plus dangereux que l'autre, infiniment.

Fichtre, Baphomet, tu fais quoi, là ?
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Anja Almen
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- Salut Saphir.
- Hé ho monsieur du corbeau.

Il sort alors ses ailes et je siffle de mécontentement.
- Tu triches !
En vérité, pas tant que cela. Encore une fois, il est assez malin pour utiliser ses propres armes.
- Attrape-moi, si tu peux !

Je me concentre sur le bruit de ses ailes qui battent la mesure et le suit au son. Mais sans obstacle à écorce pour l’arrêter, il va bien plus vite que moi qui doit zigzaguer constamment. Heureusement, l’exercice accélère les pulsations de son cœur, impossible à ignorer à présent.

Mais je m’arrête soudain en pleine course perturber par un vacarme étrange que je n’identifie pas tout de suite. De l’eau… nous sommes près d’un court d’eau rapide. Je souris de toutes mes dents, comprenant ce qu’il essaie de faire.
- Malin…
Je continue de me noyer dans l’ombre et seule la lueur dangereuse de mes yeux rouges luit dans la nuit. Je commence à apprécier ce petit jeu. Sans doute trop. Je reprends ma course avec un rire exalté. Il n’y a plus que mes pas dans la neige, le vent qui souffle sur mon visage, l’odeur de sang, entêtante… et la pensée de le goûter. Bientôt.
Je stoppe devant le cours d’eau que j’ai entendu, sans me livrer à la clarté de la lune. Je reste là, j’observe. Il m’attend sur un rocher.
Les palpitations de son cœur se sont faites sourdes mais je les perçois toujours.
Je me glisse dans l’eau sans émettre une éclaboussure. Elle est glacée évidemment, mais peu m’importe. Je ne ressens plus le froid depuis très longtemps. Je nage sans avoir besoin de respirer, sans déranger la vie qui grouille dans ce lac malgré l’hiver. Je me repère difficilement, mais j’avance et finalement je repère le rocher. Je sors le haut de ma tête de l’eau juste derrière lui.
Il ne m’a pas encore repérée mais ça ne saurait tarder. Je me renfonce dans l’eau, prends mon élan puis me hisse d’une poussée jusqu’à lui.

Ses ailes me dérangent dans ma prise mais je m’agrippe à lui de toutes mes forces et vise son cou instinctivement.
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Baphomet
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Après quelques bruits de pas, une feuille qui se froisse, un mouvement dans l'air, plus rien.

Pas de respiration, pas de battement de cœur, et pourtant, une présence indéniable dans l'ombre et le silence. Elle est l'incarnation du danger, et moi, la carnation de la proie.

Au bout d'un moment, je m'inquiète de ne plus entendre de bruit et je me fais la réflexion que je ne la perçois plus non plus. Tant que je la.savais, je pouvais me concentrer dessus, mais là, plus rien. Juste la nuit, un peu trop silencieuse. Je regarde l'eau qui mousse, les rochers, les parois, le rivage... mais rien. Si elle était là, elle a soit renoncé, soit…

Quelque chose jaillit de l'eau, m’éclaboussant au passage. Elle est douée, peu importe le milieu dans lequel elle évolue. Encore une fois, aux porte du danger, je suis fasciné.

Je n'ai pas le temps de me retourner, mais mon instinct me siffle de me défendre. Mes ailes sont frappées, par-derrière, et je la sens s'arrimer à moi avec force. Je me courbe, lutte, essaie de résister à ses crocs et ne pas me laisser mordre si facilement. J'essaie de l'attraper à la gorge, mais rien ne semble vouloir la dissuader de lâcher.

J'essaie de me téléporter, mais les claquements d'air ne me permettent pas d'aller très loin. J'évite sa mâchoire une fois de plus, frissonnant de la proximité de ses dents, étend mes ailes, et nous envole.

Sa poigne se fait plus ancrée encore, je la sens être déstabilisée au moins suffisamment pour me laisser un instant de répit. Je pourrais en profiter pour essayer de l'attraper, de la frapper pour la faire lâcher, mais à la place, je m'envole de plus en plus haut, jusqu'à ce que la lumière de la lune soit la seule à nous accueillir.

Dans un instant de flottement, au point d'inertie, avant de me laisser choir, je passe ma main dans mon dos pour la refermer sur sa gorge... ou du moins essayer.

Notre lutte est étrangement silencieuse, comme pour ne pas perturber la forêt nocturne. Il n'y a que les humains qui ont l'instinct de crier.
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J’ai la détermination d’un prédateur qui vient de mettre la main sur sa proie et qui la sent se débattre un peu trop pour crier victoire immédiatement. J’ai grimpé sur son dos mais ses ailes me dérangent. Je dois me faire violence pour ne pas les tenter de les arracher.

Elles sont magnifiques ses ailes !

Et que l’idée me traverse même l’esprit me prouve que je tutoie un peu trop mes limites.

Baphomet rue mais mes bras sont bien ancrés et mes jambes ont cerclé sa taille avec force. Malgré tout, je n’arrive toujours pas à planter mes crocs dans sa chair. Nous nous téléportons plusieurs fois je crois. Je ne le vois pas, mais je le sens, ma tête me tourne un peu mais je sers plus fort.

Je ne m’attendais pas à nous sentir soudain nous envoler. Pendant quelques secondes, je ne pense plus qu’à ma survie et me doigts l’agrippent avec plus de désespoir.
Nous prenons de la hauteur. Encore et encore. Malgré le poids de mes vêtements mouillés. Et je suis soudain sidérée par la beauté du paysage. Je ne dis pas un mot mais profite de la lueur de la lune, presque pleine, qui illumine la neige.

Mais sa main cherche à attraper ma gorge et me ramène brutalement à notre lutte. Instinctivement j’écarte la menace d’une torsion douloureuse du poignet mais qui ne lui brisera rien. Cependant, je perds un peu l’équilibre et part en arrière avant de me rétablir.

Je profite de cet instant en suspend pour réattaquer vicieusement, me dressant plus haut. Mes bras bloquent les siens et j’ai un puissant frisson lorsque je sens qu’il est à ma merci.
Mon regard tombe sur l’endroit que je vais attaquer. Là, juste à la jonction entre son épaule et le cou. Son cœur bat si vite, si fort.
Sans plus attendre, je m’abats sur ma proie.  
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Elle semble reprendre le cours de son attaque au moment où j'essaie de l'attraper. Cela m'amuse en réalité. Jamais je ne me suis senti autant...

Désiré...

Je m'en fiche que ce soit pour mon sang !

J'adore cette sensation. Non. C'est même plus que cela. Cela donne envie à mon corps de s'enfuir et de s'accrocher à la fois. Ce n'est pas comme un simple besoin d'être aimé, c'est réellement désirer, être désiré, au-delà du raisonnable, au-delà de la possibilité de dire "non".

J'ai confiance en Esfir, et cela rend le tout encore plus savoureux encore, le plaisir de le vivre à fond, sans aucune limite, sans aucune crainte ni aucune réticence. À chaque fois que ses bras s'agrippent à moi, que je sens ses ongles me griffer, mon corps réagit d'une manière tout à fait inappropriée et pourtant tellement naturelle. J'écarte les bras et les ailes, comme pour saluer cette nouvelle nuit avec toute la solennité qu'elle mérite. Cette nouvelle nuit, cette nouvelle vie.

Au moment où ses dents entrent en moi, je pousse un cri purement bestial, de joie et de rage mêlée... Et je relâche toute tension dans mes ailes. Lentement, très lentement, je bascule en arrière. Le vent se fait doux, puis de plus en plus fort jusqu'à être violent à mesure que notre chute nous entraîne. Ce changement de pesanteur, accentué par l'inertie qui change, et la courbure de mon corps entièrement vers l'arrière, oblige Esfir à changer ses prises.

Brusquement, je me retourne afin d'avoir ma prédatrice en face. Je plonge mes yeux dans ses saphirs, deux merveilleux joyaux sans doute beaucoup trop beaux et précieux pour être confiés à quelqu'un comme moi. Sa mère est folle, ou elle ne se rend pas compte de la valeur de sa disciple.

Je l'attrape, dans mes bras, et la serre contre moi avant de remettre de la tension dans mes ailes et nous éviter de nous écraser. Le freinage est brutal. Autour de nous, avec la pression de l'air, des gerbes d'eau s'étalent en scintillants avant de se cristalliser à cause du froid. Ce n'est que quand j'ai repris ma remontée que je me rends compte que je suis en train de rire. Je me rends compte aussi que mon sang coule le long de mon épaule, et le long de mon aile, entre mes vêtements et ma peau.

Oh, je sais, elle a gagné, mais je n'ai pas encore sorti tous mes atouts.

Je me penche sur elle pour poser mes lèvres sur les siennes. Je sens le goût de mon sang sur sa bouche.

Je suis fou...

... d'elle.

En cet instant, je le sais, je me mets en très grand danger.
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Anja Almen
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Mes crocs percent sa chair et … oh par les dieux ! Je retrouve la saveur inimitable de son goût. Je me presse plus étroitement contre mon exquise proie, aspire goulûment le sang qui s’échappe en bouillon régulier.
Il me faut un temps infini pour comprendre que nous tombons et même ainsi, j’ai bien du mal à le relâcher mais je glisse soudain, pas assez préoccuper par ma prise sur lui.
Tout ce qui compte se résume à ce liquide chaud. A nouveau, je perçois l’animalité, la chaleur et un goût prononcé de… oui de liberté.

Ma proie se retourne et j’émets une plainte gutturale de désapprobation lorsque je suis privée de cette ambroisie. Je retrouve alors le regard de Baphomet. C’est lui.

Lui que je viens d’attaquer vicieusement moi. Et qu’il me pardonne mais à cet instant je n’éprouve aucun regret. Pire, mon regard glisse sur la vilaine blessure que je lui ai faite et qui m’attire inexorablement, faisant briller mes iris de convoitise carmine.

Je ne sais ce qu’il voit lui, mais son expression change légèrement et je suis chamboulée d’y découvrir une sorte… de révérence étrange. Comme s’il contemplait quelque chose de précieux.
A lui de me serrer contre lui alors qu’il stoppe brutalement notre chute. Sans doute qu’elle aurait coupé le souffle de n’importe qui en possédant ou n’était pas habituée à voler. Il rit avec une sorte de sauvagerie qui fait vibrer la mienne et à cet instant, c’est lui qui me fascine.

Nous ne sommes pas loin du sol et pourtant toujours en apesanteur. Pas un seul instant je n’ai eu peur de tomber. Je savais qu’il me rattraperait. J’observe à nouveau sa plaie et me chagrine de tout ce sang gâché qui s’écoule. Mon regard revient se planter dans le sien et je me pourlèche les lèvres. Sait-il que j’étais sur le point de revenir le boire encore ? Difficile à dire.
Il me surprend avec une manœuvre tout à fait inattendue et j’arrondis les yeux en sentant ses lèvres se presser contre les miennes.
Jamais je n’avais songé qu’il puisse avoir envie… de cela. Jamais je ne l’aurais même envisagé avec un deuil trop récent et des émotions trop à fleur de peau.
Mais la chasse et ma victoire m’a ouvert à cette autre partie de moi moins mesurée et raisonnable. Plus instinctive et bestiale.
Ici, dans cette nature sauvage, il n’y a rien d’autre que nous.

Dans une sorte d’état second, je lui rends son baiser, lui fait goûter son sang qui s’attarde sur ma langue. Plus pour très longtemps. Le manque me fait soudain voir rouge et sans aucun préavis, mon croc gratte la peau fine au-dessus de sa lèvre. Je pousse un gémissement satisfait et le goûte à nouveau avec un plaisir qui n’a pas eu d’égal depuis… depuis très longtemps.

Une petite voix dans le fond de mon esprit demande à ce que j’arrête cela tout de suite parce que je suis en train de lui faire mal et je recule alors, affolée par ce que je viens de faire.

- Baphomet…
Je frôle sa blessure de mon pouce et doit me faire violence pour ne pas y retourner.
- Je suis désolée…
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Son regard de chasseuse triomphale est encore meilleur que tout ce que j'avais pu imaginer. Quelque chose se débloque en moi, une vérité simple de liberté et de confiance. Au moins, pour ce moment précieux, mon esprit se libère de toutes les contraintes que j'ai pu avoir, comme si je n'avais plus à me soucier d'être ce que je suis pour me concentrer sur qui je suis.

Oh non, je ne suis pas une simple proie qui a perdu contre son prédateur, très loin de là.

Je suis SA proie, elle est MON prédateur, et si j'ai perdu, je l'ai gagné.

Mon baiser l'a ramenée à la raison de la plus douce des manières. Je sais que c'était risqué, mais j'en profite tant que ça dure.

Un éclat rouge dans son regard me fait ouvrir les yeux et son croc se plante dans ma lèvre, presque avec douceur, comme une caresse appuyée. Je gémis contre sa bouche, un gémissement de plaisir et douleur mêlée. Je ne savais pas que le mélange de ces deux sentiments pouvait être si intense.

"Saphir."

Son pouce sur ma cicatrice est comme une caresse. J'en veux plus, à nouveau. Moi-même, j'ai du mal à me retenir. Elle s'écarte et je touche mes propres lèvres à nouveau, traçant le sillon de cette blessure avec mon ongle, comme pour la creuser davantage.

"Ne t'inquiète pas, elle finira bien par disparaître."

... malheureusement.

Ce qui est insupportable est cette distance entre nous. Je m'accroche à elle, plus serré encore, et profite allégrement de son instinct de chasseuse qui brille encore en elle. Ainsi, elle est belle.

"Encore."

La bouche encore pleine de sang, je glisse une main dans son dos pour la rapprocher de moi et l'embrasser à nouveau. Autour de nous, mes ailes battent une mesure beaucoup plus calme, comme s'il n'y avait plus d'urgence nulle part, comme la respiration du ciel nocturne lui-même.

Mon cœur bat dans ma poitrine comme un oiseau affolé dans sa cage thoracique qui sent l'ivresse de la liberté. Il faudra bien que je retourne à celui que j'étais, et que je la laisse aller à ce qu'elle doit devenir... Mais j'ai envie d'en profiter, une nuit de plus. Je viens de la connaître, elle, sans chagrin du passé, sans crainte de l'avenir, et pendant ce court laps de temps, j'étais sa seule et unique obsession.

Quand nos bouches se séparent, je murmure contre ses lèvres.

"Merci de m'avoir fait confiance."
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Je l’observe tracer cette marque pour en prendre connaissance. Elle doit lui faire mal, je n’ai pas été tendre.
Malgré moi, j’ai envie de le goûter encore et le manque m’assèche la bouche.  

- Ne t'inquiète pas, elle finira bien par disparaître.
- Je sais.

Il m’étreint plus fort et je passe mes bras autour de ses épaules se faisant plus câlin que menaçant.  

- Encore.

Sur l’instant, il ne me vient même pas à l’esprit de refuser. Sa bouche m’appelle, très littéralement. Et j’y presse la mienne avec envie. Cette fois, c’est bien plus consciemment que je l’embrasse et j’apprécie pleinement chaque seconde. Je ne peux m’empêcher de venir sucer la plaie comme une agréable friandise.
Je perçois à peine le lent battement de ses ailes. Celui de son cœur est bien plus hypnotique.  
Toutefois, je sens déjà une pointe de culpabilité me serrer la gorge.
J’ai perdu ma famille il y a à peine quelques semaines, j’ai brûlé le corps de ma fille il y a peu avec le reste de ma vie et voilà que je prends du bon temps au clair de lune. Pourtant je m’y accroche avec une sorte de désespoir à ce bon temps. N’y ai-je pas le droit ? Rien qu’un peu. Quelques secondes….

Peut-être que si nous restons bouche contre bouche à nous embrasser, le temps s’arrêtera et nous pourrons demeurer ainsi. Malheureusement, il doit respirer et Baphomet s’écarte de mes lèvres.

- Merci de m'avoir fait confiance.
J’ai un petit rire involontaire et lui caresse la joue.
- Je t’en prie. Le plaisir fut sans doute plus pour moi que pour toi. C’était … très intense. Nous… nous devrions rentrer à l’auberge. Je t’ai ponctionné beaucoup de sang et tu en perds toujours. Tu vas te fatiguer à rester en l’air.
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Baphomet
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Sa bouche sur la mienne est aussi dangereuse pour faire des blessures que pour soigner ce qu'il peut rester de mon âme. Tous mes échecs, mes brisures, ce qui m'a détruit, tout cela, elle en fait des choses dérisoires et indignent d'intérêt. Cela me rattrapera bien assez tôt, je le sais. Pour le moment, les yeux fermés, dans ses bras, je revis comme c'était la première fois, la première seconde, la toute première marche satisfaisante d'une grande ascension.

C'est alors que je me rends compte de l'ampleur du problème quand je la relâche un peu et que je regarde dans ses yeux. Je ne vais pas vouloir la quitter. Il le faudra, je le sais, au moins pendant un temps, mais je ne vais pas en avoir envie du tout. En fait, je ne sais même pas si je vais physiquement pouvoir.

Je souris. Non, le plaisir n'a pas été plus pour elle que pour moi, très loin de là.

"Nous remettons cela quand tu veux."

Si ça ne tenait qu'à moi, nous serions déjà repartis pour une nouvelle traque. Je sais qu'elle s'est retenue dans ses capacités, je me suis retenu aussi. Un jour viendra où nous n'aurons plus à nous retenir de nous approcher, de nous accrocher, de nous affronter. Nous nous ferons de vraies chasses comme d'autres vont voir des pièces de théâtre itinérantes.

Mais pas maintenant, je le sens.

"Tu as raison."

Je déteste qu'elle ait raison, mais j'ai déjà la tête qui tourne de tout ce sang perdu. Après l'avoir serré un peu plus contre moi, je nous laisse descendre doucement jusqu'à ce que nos pieds touchent le sol. Sur le point de lui proposer une course jusqu'à la chambre, je m'arrête à temps. En fait, une petite balade au clair de lune serait beaucoup plus indiquée.

"Pardon, je pense que je n'aurais pas dû t'embrasser..."

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