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 Comme une lettre qu'on ne se souvient pas avoir écrite

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Anja Almen
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- Moi ? J'aurais dû ramener quelqu'un chez elle et être payé pour... Je m'attendais à quelqu'un de beaucoup plus placide que toi, quelqu'un qui ne me ferait même pas la conversation.
- Placide et méprisante … ? Est-ce ainsi que ma Mère m’a décrite ?
J’ai un mince sourire de dérision et récupère le chiffon qui a pris une teinte rougeâtre.
- Je suis donc heureux, troublé, mais heureux.
- Je comprends, vu le portrait peu flatteur auquel tu t’attendais.
- Et si je n'avais pas eu cette mission à faire, je ne sais absolument pas où je serais, sans doute à en quémander une autre.
- Alors tu vas de mission en mission ? C’est de cette façon que tu vis ?

Il n’y a aucun jugement de valeur derrière ses mots. Lorsque l’on a une vie aussi longue que les nôtres, il faut apprendre à se trouver des objectifs pour continuer encore et toujours à vivre.

- Hé bien à part ta mère, oui. Tout du moins, c'est la première fois que j'en côtoie un de manière volontaire.
- Tu es mon premier démon, si je puis dire… Ta race comme la mienne préférons l’ombre à la lumière. Il n’est pas étonnant que l’on se croise peu. Est-ce que… est-ce que tu considères que je me suis montrée monstrueuse ?
- Pas plus que les gens qui t'ont emprisonnée.

Oui il est sincèrement gentil de me le laisser croire. Mais aux yeux de tous, nous sommes les montres et les chasseurs sont de véritables héros, prêts à sacrifier leurs vies pour protéger les innocents. Peut-être que Mère avait raison. Le gris n’existe pas.

- Je ne regrette en rien ce que j'ai fait. Mais je peux comprendre que c'était un spectacle...
- ... Fascinant.
- Répugnant.
Je lui lance un coup d’œil surpris.
- Vraiment ? C’est ce que tu penses ?
Après tout oui, je peux l’envisager. Comme il est fascinant d’observer une meute de loups chasser ou un lynx se jeter sur sa proie. Nous sommes des créatures plus proches de la Mort que de la Vie.
Son petit rire me fait sourire par ricochet.

- Tu n'as pas à regretter ce que tu as fait, jamais.
- Cela, je peux te le promettre.
L’Esfir d’il y a quelques jours aurait été horrifiée de ce qu’elle a fait, d’avoir laissé son instinct de prédation et de vengeance obscurcir son jugement.
L’Esfir d’aujourd’hui a appris qu’il y avait bien pire que de perdre son humanité.
- Tu as aimé ? Te... libérer ? Te transformer par la seule force de ta volonté.
La question me laisse songeuse et je contemple le bas de ma robe déchirée et tâchée.
- Je… je ne suis pas certaine que ma volonté ait été à l’œuvre. Plutôt son absence. Dès notre renaissance nous luttons contre la Bête qui se glisse en nous. C’est… disons notre aspect le plus bestial. Lorsque tu as libéré mes chaines, je n’ai plus eu envie de lutter contre Elle. Je voulais qu’Elle tue, qu’Elle fasse mal. Je lui glisse un coup d’œil. C’est la première fois que je me suis sentie aussi… vampire. Je ne sais pas encore si j’ai aimé ou détesté. Peut-être un peu des deux…
- Je sais que tu pensais que ça allait être ta fin et que tu n'avais rien à perdre, et j'espère que tu ne regretteras pas de ne pas être allé au bout de tes projets d'hier nuit.
Je lui souris avec une mélancolie évidente.
- Non, je ne regrette pas. J’ai encore des choses à faire avant…
- Tu es sûre que tu ne veux pas dormir ? Si tu veux, je peux chanter pour toi, pour t'apaiser, je connais plein de chants nordiques anciens qui te plairaient, je pense.

Je suis si surprise par sa proposition que j’envisage d’abord de refuser tout net. A la maison c’est moi qui chantais pour les autres. Moi qui apaisais en jouant tantôt le rôle de mère, tantôt celui d’épouse dévouée.

- Pourquoi pas ? Je n’arriverais sans doute pas à dormir mais tu as raison… je dois récupérer des forces pour les quelques jours à venir. Puis-je garder ton manteau ?

Il est chaud et il porte son odeur, l’avoir autour de moi me rappelle que je ne suis pas encore totalement seule.
Je m’en drape donc et m’allonge sur une sorte de banquette aux cousins poussiéreux, le visage tourné vers mon drôle de sauveur.
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Baphomet
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“C'est ainsi qu'elle m'a laissé penser que tu serais, oui.”

Et j'ai non seulement marché, mais couru. Les vampires sont des monstres ? J'aurais préféré, largement préféré. Au moins je n'aurais pas nourri de sympathie pour Esfir, ou de fascination. Tout aurait été plus simple.

“À remplir des missions mineures, oui. Enfin… de toi à moi, j'essaie d'en profiter pour m'occuper des âmes à ma manière.”

Son premier démon ?

“...et ton dernier, je l'espère. Je ne suis pas très représentatif de mon espèce. La gentillesse a tendance à être méprisée. Ne t'approche pas des démons, s'il te plaît. Leurs actions sont intéressées”

La vampire me fait repenser à ce qu'elle m'a fait vivre, cette expérience de libération que je sais que je ne devrais pas apprécier à ce point.

“Fascinante, oui, c'est ce que je pense.”

Esfir aussi a aimé, et elle n'aime pas avoir aimé. J'entrevois ses deux extrêmes, humaine et vampire, et qu'elle doit passer de l'un à l'autre constamment. Elle n'a jamais vraiment laissé la Bête s'extérioriser jusqu'à hier soir. Je suis heureux d'en avoir été le témoin… et allié… Mon regard se pose sur son poignet où on peut encore deviner la marque cinglante du fer et des entraves.

Oui, je suis heureux que, malgré les circonstances, j'ai contribué à lui sauver la vie… l'existence.

Dans un élan d'audace, je prends Esfir contre moi, la laissant emmitouflée dans mon manteau, et je commence à chanter, timidement d'abord, puis avec de plus en plus d'assurance.

Je commence par une comptine en ancien nordique, qui se transmet exclusivement à l'oral, et qui permet de reconnaître les plantes médicinales. J'enchaîne sur un chant guerrier qui verse, dès le second couplet, en une romance, puis une chanson aux accents plus… paillards : l'histoire d'un guerrier puissant et respecté qui se fait plus passif dans la chambre à coucher.

Finalement, je me lance sur un air beaucoup plus mélodieux qui vante les paysages et les aurores boréales, ainsi que la légende qui l'accompagne. Je ne sais pas combien de chants je fais, mais je fini par m'endormir simplement, la tête pleine d'images d'un autre temps.

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Anja Almen
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Plutôt que de se mettre à chanter, Baphomet vient non seulement me rejoindre mais se serre contre moi pour m’étreindre.
Je reste immobile, figée. Puis je ferme les yeux et me laisse aller, petit à petit. Je savoure le réconfort qu’il m’offre, la chaleur qu’il me prodigue. Peut-être qu’il ne fait pas cela de façon désintéressée, peut-être qu’il est aussi habile et manipulateur que ma Mère…
Peu importe, il est présent. C’est bien tout ce que je lui demande. De ne pas me laisser me noyer. De m’aider à affronter un présent qui me donne envie de hurler de chagrin. De me raccrocher encore un temps à ce monde.

Je n’ai jamais été assez naïve pour croire qu’il n’est que bonté et beauté. Bien au contraire. Mais cela fait de jours que je m’abime dans ses vicissitudes.
Cette étreinte est un baume. Et quand il se met à chanter, je me détends parfaitement. Parfois les mélodies me sont connues et je joins ma voix à la sienne, d’autres, je souris aux paroles et puis le plus souvent, je l’écoute, tout simplement. Je n’ose pas bouger d’un cil, de peur de briser l’instant.
Je ne me permets de le faire qu’au moment où sa voix, de plus en plus ténue, finit par s’éteindre totalement. Alors seulement, je me tourne doucement pour ne pas le réveiller.
Comme je l’envie de pouvoir se laisser bercer par l’oubli pendant quelques heures. Moi je reste là, avec mes fantômes.

- Merci Baphomet, je lui répète à nouveau tout bas en caressant sa joue.
Parfois mon compagnon semble avoir le sommeil troublé et je lui parle tout bas en posant ma main fraiche contre son front, espérant chasser les démons qui s’agitent en lui. Je le veille. C’est bien le moins que je puisse faire pour lui.
Lorsque le soleil finit sa course dans le ciel, tout mon corps le ressent lorsque. Je laisse le démon se reposer et me glisse lentement hors de ses bras. Il a la bouche légèrement ouverte et une mine parfaitement attendrissante. Naturellement, je le recouvre du manteau. Ma proximité a du lui donner froid.

Sans un bruit, je sors dans la fraîcheur nocturne et inspire l’air frais et vif. Je m’approche du cheval qui ne semble pas plus impressionné que cela par ma présence.
- Tu es donc véritablement intelligent… Bigadin.
L’animal hennit et semble hocher sa grosse tête. Mes doigts glissent sur son poil foncé et flatte son encolure. Le petit malin me renifle ostensiblement et chatouille ma peau.
- Cherches-tu quelque chose ?
Sans le faire attendre plus longtemps je lui présente la carotte que j’ai retrouvé dans un coin de la cabane. Rachitique, elle semble faire toutefois envie à mon nouvel ami équin. Je la lui présente donc avec un petit rire.
- Veux-tu bien nous amener jusque chez moi cette nuit, je te prie ?
Mes épaules s’affaissent un instant. Je vais avoir besoin de toute la force mentale qu’il me reste. Je sens alors une présence derrière moi et me retourne pour faire l’effort de sourire à Baphomet.
- J’allais te réveiller… il est temps de partir je crois… as-tu réussi à te reposer ?
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Baphomet
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Je suis rentré chez moi, me voilà. Je ne suis pas "moi", je suis quelqu'un d'autre, le dernier esprit que j'ai vidé de sa mémoire pour être exact. Ma maison est constituée d'un poulailler, d'un potager, et d'un moulin. Suis-je fermier ? Non, meunier ? Peut-être éleveur. Il faut que je trouve ce que je suis supposé faire. Sans avoir trouvé ma réelle fonction, je m'y attèle avec abnégation, comme je l'ai toujours fait. Quand je sors de l'endroit, je reste figé sur place... Tout le village est à feu et à sang. Pourquoi n'ai-je rien entendu ? Partout, les gens se battent, les enfants se mordent entre eux, les couples se disputent presque sauvagement. Je vois un cochon qui défonce sa barrière à grands renforts de grognements.

Là, au milieu, il y a un démon que je reconnaitrai entre tous. Il a mes yeux, mon visage, mais il est juché sur un destrier et semble prendre plaisir au milieu de tout ce chaos. Lui ne me reconnaît pas. Quand son regard se pose sur moi, il a un rictus horrible.

"Pathétique..."

Il me faut toute la volonté du monde pour ne pas lui sauter dessus et le rouer de coups. C'est alors qu'au milieu du feu des chaumières, une bise s'élève, fraiche et bienvenue. Elle me caresse le front tendrement. Quand j'ouvre les yeux, je remarque que je ne suis absolument plus soumis à son aura de haine. Ce que je pense, c'est de mon seul et unique fait. Je lui fais un sourire amusé.

"...Enchanté, moi, c'est Baphomet."

Ce prénom est à moi, maintenant. Rien qu'à moi. C'est peu. C'est beaucoup.

Je rêve de serrer mes mains autour de son cou, je rêve de lui défoncer le crâne, je rêve qu'il me supplie à genoux de bien vouloir lui pardonner... Je rêve de ma lame à travers son corps... Des scènes qui se superposent les unes à la suite des autres, de plus en plus jouissives, de plus en plus réalistes.

Tout mon corps se met à brûler immédiatement et je m'éveille dans un sursaut. Quand j'ouvre les yeux, je suis horrifié de voir que la porte est ouverte et il me faut quelques instants pour me rappeler ce qui s'est passé la veille.

"Esfir ?"

Ma voix est à peine murmurée, mais elle est apeurée. J'aimerais... qu'elle se soit enfuie, qu'elle ait pris mon cheval, et qu'elle se soit mise à l'abri. Enfin j'aimerais aimer cela. Quand je vois sa silhouette se détacher sur celle de Bigadin, j'ai un soupir de réconfort quasi instinctif. Elle est là, finalement.

"Oui, tu as raison, il est temps. Et... oui, étrangement. Pas assez cependant. Je pense que je ne pourrais jamais assez dormir."

Je passe mon manteau sur sa frêle silhouette qu'il serait si facile de sous-estimer et je m'attèle à harnacher notre monture. Dans le même mouvement, je remonte aussi l'arbalète et tends les cordes. Je montre l'arme à la vampire avant de l'attacher dans mon dos.

"Fais-moi penser à t'apprendre à t'en servir. On ne sait jamais."

Gros titres probables du lendemain : un vampire tue un démon avec sa propre arme.
"Il était un peu débile, en même temps..." déclare la mère des vampires.
"Le coup est parti tout seul" se défend l'accusée.
Autre nouvelle, un cheval aurait été aperçu en train de jouer aux cartes... et de gagner.


Comme la première fois, je fais grimper la dame sur le garrot avant de prendre place juste dans son dos. Je prends les mains de la vampire dans les miennes pour y glisser les rênes.

"À toi de guider, à présent."

Après quelques coups de talons sans grands effets, je laisse Bigadin entamer notre course au petit galop. Son pas s'allonge au moment où nous quittons la forêt et que nous déambulons dans un chemin de terre. Cette chevauchée nocturne est très agréable, mais je me détourne de cette idée en sentant le corps de ma compagne de voyage se tendre de plus en plus à mesure que le paysage change autour de nous.

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Anja Almen
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- Oui, tu as raison, il est temps. Et... oui, étrangement. Pas assez cependant. Je pense que je ne pourrais jamais assez dormir.
- Cela m’arrive si rarement que j’ai presque oublié l’effet que cela fait. Le manteau est à nouveau plein de sa chaleur et je le sers contre moi. Tu… tu semblais faire des cauchemars. J’ai hésité à te réveiller avant mais tu as fini par te calmer.

- Fais-moi penser à t'apprendre à t'en servir. On ne sait jamais.
Je le regarde tendre la corde de l’arbalète avec facilité et sourit, dévoilant mes canines.
- Qu’est-ce qui te fait croire que je ne sais pas déjà ? Mon… mon sourire se fane un peu… mon époux était un guerrier. Il tenait à ce que je sache me défendre. J’ai toujours préféré l’arc.

Une fois en scelle, il me confie les rênes et je les sers avec un temps de retard
- À toi de guider, à présent.
Je hoche la tête puis claque de la langue pour amorcer notre chevauchée. Sûre de moi à cheval, je guide notre monture avec expertise. J’ai toujours aimé les chevaux.
Une fois sur un chemin, j’essaie de me repérer avec la position des étoiles et finit par retrouver la route qui mène à la ville qui se trouve non loin de ma maison. Nous la contournons et amorçons la dernière partie du voyage. A mesure que la nuit s’écoule, je me tends et me recroqueville en moi-même.
Je ralentis notre allure et fais bifurquer le cheval pour qu’il prenne un petit sentier à peine visible. Sauf pour Baphomet et moi. L’obscurité est incapable de garder ses secrets pour nous.

- C’est au bout du chemin, je lui indique alors que mes mains tremblent un peu.
Nous arrivons finalement en vue du domaine qui fut le mien. Qui l’est toujours même si je sais par avance que jamais je n’y remettrais les pieds après notre passage ici.
J’exhale un souffle glacé alors que alors que je commande à Bigandin de s’arrêter. J’embrasse la scène du regard et tente de garder contenance. La neige a effacé le sang dans le jardin mais la mort a laissé des traces partout.
Il règne un silence de mausolée. J’échange un regard avec mon compagnon, y puisant du courage avant de descendre à terre.

Le regard fixé sur le perron de notre belle maison aux vastes dimensions, j’avance dans la neige.
Le corps de Polly est toujours là, affalé sur la première marche. Son visage blanc tourné vers le ciel fait d’autant plus ressortir l’immense balafre qui mutile sa gorge. Je m’arrête et agrippe la main du démon, cherchant un soutien nécessaire pour ne pas m’effondrer.
Je réussis l’exploit de ne pas m’écrouler.

Lentement, je me remets en marche et m’agenouille devant elle. Je dégage son front de ses longues mèches blondes mais ne peut contrôler un sanglot.
- Je suis désolée… tellement désolée…
Impossible de lui fermer les yeux. Ils sont gelés et figés à présent. Je vais devoir affronter son regard sans vie.
Avec beaucoup de précaution, je la soulève dans mes bras et cale sa tête contre mon torse. Je suis tellement concentrée sur le fait de ne pas exploser de chagrin que je ne note pas l’humidité rouge qui coule de mes yeux.
- Je… je voudrais la changer et la laver. Puis… lui faire un bucher. Peut-être que cela prendra un peu de temps. L’acceptes-tu ?
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Elle n'a pas dormi avec moi ? Fichtre. J'aurais au moins aimé lui apporter cet apaisement. Je me demande si avant la fin de la semaine, j'en aurais l'occasion. Elle a l'air d'en avoir besoin.

Une archère alors ? Mais manier un arc de guerre demande énormément de fo... Oui, laissons tomber. Elle a sans doute presque autant de force physique que moi.

"Amusant, je te voyais plus manier les dagues."

Le cheval fait le trajet sans montrer de signes de fatigue. Nous ne le poussons pas dans ses retranchements non plus, si le soleil se lève avant notre but, nous trouverons bien de quoi nous abriter. Il y a des lumières au loin et je devine une ville assez animée pour être éclairée la nuit. Puis, notre course s'infléchit sur un chemin qui donne sur une grande maisonnée. D'accord. Je vois ce qu'Esfir voulait dire quand elle parlait d'avoir un "chez-elle".

Cependant, à mesure que nous nous approchons, je ressens l'épaisse odeur de la mort, et les âmes vagabondes me titillent mon sens de démon. Je lève les paumes au ciel pour les sentir. Elles sont nombreuses, trop nombreuses.

C'est la main de la vampire qui se glisse dans la mienne. Paume contre paume, froid contre chaud, elle se met à serrer très fort, et je la soutiens fermement.

Le spectacle de la gamine est l'un de ceux que je n'oublierai jamais. Regard innocent à jamais figé, visage d'incompréhension le plus total, petite bouche entrouverte d'où se sont échappées deux filets de sang. Elle... lui ressemble. Je comprends qu'elle ait pu la vouloir comme fille. Elle a l'air si douce, si adorable. J'aurais aimé la connaître de son vivant, je pense que je l'aurais autant adoré qu'elle m'aurait détesté. Je vois son âme tourner autour d'Esfir comme pour tenter de la rassurer, comme une mère réconforte son enfant et lui murmure que tout ira bien. Puis, rapidement, son âme me rejoint, comme du métal attiré par un aimant, et se fond en moi. Je me sens obligé de dire quelques mots que je murmure.

"Tu seras bien traitée, tu auras la vie que tu mérites, je te le promets."

D'autres âmes font de même, attirées par le psychopompe que je suis.

Mon attention se porte immédiatement sur Esfir et sa nouvelle requête.

"Bien sûr. Je t'en prie, nous avons tout le temps du monde. Je vais vous laisser, et je vais préparer le bûcher."

Trouver du bois mort dans la neige n'est pas la chose la plus facile à faire. Heureusement, le temps est trop froid pour être humide et l'un des appentis regorge d'un bois de qualité entreposé et mis a séché. De mes propres mains, je construis une petite structure, essayant de ne pas être accablé d'autant parce qu'elle est justement pour une personne de petite taille, une enfant. J'ajoute du petit bois tout autour. Le travail manuel m'aide beaucoup à me concentrer. D'ordinaire, je ne suis pas triste de la mort, c'est d'ailleurs là que mon travail commence pour de vrai. Une fois fini, je redresse le visage vers le ciel, paumes en l'air, souris, ferme les yeux. J'entends alors Esfir venir vers moi.

"Tu as vu ? Il s'est mis à neiger."

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- Tu seras bien traitée, tu auras la vie que tu mérites, je te le promets.
Ces quelques mots soufflés dans le vent me font relever la tête.
- Tu… tu l’as vu ? Et les autres ? Est-elle en paix ? je demande d’une voix tendue. Je… je voudrais la changer et la laver. Puis… lui faire un bucher. Peut-être que cela prendra un peu de temps. L’acceptes-tu ?
- Bien sûr. Je t'en prie, nous avons tout le temps du monde.

Je hoche la tête pour éviter de le remercier à nouveau. J’ai l’impression de passer mon temps à le faire. Ce qui est le cas. Il ne cesse de se montrer d’une gentillesse dont je devrais sans doute me méfier. Mais j’en suis bien incapable. Cette gentillesse, c’est bien tout ce qu’il me reste.  

- Je vais vous laisser, et je vais préparer le bûcher.

Je le laisse donc et pénètre dans ma maison, la gorge serrée, le cadavre gelé de ma fille serré contre moi. Je ne cherche pas à savoir ce que sont devenues les cendres des autres. Chaque chose en son temps. Toute mon attention est focalisée sur mon enfant et ce que je me dois de faire pour elle.
Après avoir récupérer la plus jolie robe de sa garde-robe, je descends dans nos sous-sols aménagés. Tout y est exactement comme lorsque nous avons été attaqués. Le dernier bouquet que Polly m’a offert git sur le sol, abandonné, fané… les chaises ont été bousculées lorsque nous avons quitté la pièce précipitamment.

Tout respire encore la présence de Kolbeinn et de nos infants et je dois affaire abstraction de toute cela. Polly… il n’y a qu’elle qui compte. Je l’installe sur une table et la nettoie consciencieusement puis je l’habille. Son regard gelé et fixe est dérangeant, il me donne envie de hurler de rage et de désespoir dès que j’ai le malheur de le croiser. Pour cacher sa vilaine blessure, je ceins son cou d’une belle écharpe, celle qu’elle aimait tant me voir porter.
Puis je me change à mon tour pour le voyage à venir. Ensuite je me rends dans la petite serre un peu plus loin sur notre propriété et collecte quelques fleurs. Consciencieusement, je confectionne une petite couronne qui vient orner ses beaux cheveux blonds que j’ai peigné.
Je suis à nouveau dans un état second, concentrée sur mon travail manuel.
Une fois prête, je la ramène dehors et constate que le bucher est prêt et à une dimension parfaite. Je tente un sourire à l’attention de Baphomet et dépose ma fille dans l’écrin de ce lit en bois.

- Tu as vu ? Il s'est mis à neiger.
Je lève la tête et laisse quelques flocons s’écraser contre ma peau. Si je ne bouge pas, elle m’ensevelira comme elle le fera de ma fille. Aucune chaleur n’émane de nos corps pour la faire fondre. Nous deviendrons deux statues de glace recouverte de neige, puis de vagues formes, avant d’être absorbées par le paysage.

- Oui, je souffle, elle sera mon linceul. Le bucher est parfait. Peux-tu me chercher de quoi l’allumer ?
Pendant ce temps, je reste auprès d’elle, je lui chante une dernière berceuse en caressant ses cheveux, comme je le faisais pour l’endormir. Lorsqu’il revient, je noue mes cheveux, attrape la lame courte qui pend à ma hanche et les sectionne aux trois quarts. Après les avoir noués joliment, je dépose ce bouquet particulier entre ses petites mains.
- Où tu iras, tu ne seras jamais seule.

J’attrape la torche que Baphomet me tend, mais au dernier moment j’hésite.

- Peut-être qu’il n’est pas trop tard… peut-être que je peux essayer de la transformer ?
Je déteste cette voix plaintive, je déteste cette idée stupide qui me tente malgré tout et contre toute bonne logique. L’est-on seulement lorsqu’on aime ?
De plus courtes mèches me balaient le visage. Je n’en ai pas l’habitude. Instinctivement, je cherche le regard du démon, espère y trouver plus de raison ou l’impulsion qui me manque pour remplir mon devoir jusqu’au bout.
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Les autres ? Je ne ressens pas leurs âmes. Si elles sont vampires, je pense qu'elles sont déjà parties dans leur propre monde. J'espère qu'elles y sont bien traitées. Personne ne dit jamais rien de concret à leur sujet. A priori, elles s'auto-gèrent, et cela se passe très bien. Je pense tout de même que je vais y jeter un œil quand je serai de retour. On ne sait jamais.

Une fois le bûcher monté, je vois Esfir revenir avec sa petite fille dans les bras, comme si elle ne pesait rien, ce qui est sans doute le cas. Je la regarde déposer la petite au creux des branchages. Un instant, je suis sur le point de lui avouer que je peux l'allumer d'un claquement de doigt avant de me rappeler que mon pouvoir fonctionne à la lumière. Je m'éloigne donc jusqu'à trouver une branche de l'année dernière. J'écarte les doigts et le bout d'une des tiges se met à rougeoyer, après un instant, une belle flamme apparaît. Je craque de nouveaux branchages pour faire un... bouquet de flammes.

C'est un moment très étrange pour trouver que sa coiffure qu'elle a raccourcie en signe de deuil lui va particulièrement bien. Elle fait moins femme du monde, et plus aventurière.

Elle murmure quelques mots et me prend la torche. Je baisse la tête, comme pour prier silencieusement, vieux réflexe que j'ai encore gardé. Cependant, je relève les yeux vers la vampire qui me demande quelque chose de simplement... horrible.

"Esfir..." Puis-je réellement être brutalement honnête ? Que même s'il y avait encore la moindre chance, la ramener des morts dans cet état lui serait d'une tellement grande douleur qu'il lui serait sans doute impossible de ne pas sombrer définitivement dans la folie en plus de... tout le reste. "Je comprends que tu t'attaches à cet espoir, mais même s'il était encore temps, tu ne voudrais pas la transformer, et tu le sais."

Je ne veux pas être brusque, pour rien au monde, mais j'aimerais aussi qu'elle envisage sérieusement ce qu'elle vient d'envisager de faire. Souhaiter condamner sa fille à sa propre existence, une existence qu'elle m'a déconseillée, d'ailleurs, serait trop abominable. Je pose une main sur son épaule.

"Esfir, l'âme de ta fille est désormais en sécurité. Je peux te l'assurer. Ceci n'est que son corps. Libère-le."

Ma main se pose autour de la sienne qui tient la torche. D'un coup, j'ai peur, très peur, qu'elle ne fasse une bêtise et qu'elle ne s'immole elle-même avec le bûcher. Cependant, je n'ai pas d'autres choix que de lui faire confiance. Je recule de deux pas avant de lui dire.

"Je suis là, tu le sais, n'est-ce pas ?"

Mon regard se porte vers le ciel. Il n'est plus aussi sombre et je commence à craindre qu'elle ne voit pas le temps s'écouler.

"Après cela, il faudra que je t'emmène dans un endroit où tu seras à l'abri de la lumière. En connais-tu un pas trop loin d'ici ?"

Inutile de dire que je ne souhaite pas que nous restions ici pour la journée. Trop de souvenirs parsèment cet endroit.

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Anja Almen
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- Esfir...
Cette pause avant de poursuivre me fait du bien. Elle m’indique que ce qui va suivre n’est peut-être pas facile à dire pour lui, et pour moi à entendre. En théorie. Car il se trouve que j’ai besoin de l’entendre me dire à quel point cette idée est horrible.

- Je comprends que tu t'attaches à cet espoir, mais même s'il était encore temps, tu ne voudrais pas la transformer, et tu le sais.
Malgré moi, mon visage se plisse un instant, douloureusement soulagé, horriblement chagriné.
- Oui… oui je le sais, je déclare en contemplant les flammes qui dévoreront bientôt le corps de ma petite fille. Je ne l’ai jamais envisagé du temps de sa vie. Il est ridicule de le faire maintenant. Elle n’est pas faite pour ce monde-là.
- Esfir, l'âme de ta fille est désormais en sécurité.
- Avec toi ?
- Je peux te l'assurer. Ceci n'est que son corps. Libère-le.

La main de Baphomet s’enroule autour de la mienne, vient lui communiquer une chaleur bien plus bienveillante que celle qui se dégage de cette torche aux multiples branches. Mais étonnement, il se retire, me laissant seule maitresse de la situation et quelque part, je lui en suis reconnaissante. Encore.
Il m’a donné l’impulsion mais c’est à moi de finir ce qui a été commencé.
- Je suis là, tu le sais, n'est-ce pas ?

Branche à la main, je me tiens aussi droite et digne que possible. Lentement, je hoche la tête. Je ne sais comment j’en suis venue à lui faire confiance, lui que je ne connais que depuis deux jours à peine. Mais les épreuves forgent les liens entre les êtres. Et nous en avons vécus quelques-unes en très peu peu d’heures.

- Je le sais.

- Après cela, il faudra que je t'emmène dans un endroit où tu seras à l'abri de la lumière. En connais-tu un pas trop loin d'ici ?
Je hoche la tête, comprenant à demi mots qu’il soit autant que moi s’éloigner de ce lieu autrefois si plein de vivant mais qui aujourd’hui a été terni par la violence et la mort.
J’approche une dernière fois du dernier lit de Polly, me penche sur son front comme pour lui dire bonne nuit et y dépose un long baiser.
- Bonne nuit, Polly. Puisses-tu trouver un jardin éternel ou t’épanouir, ma petite fleur.

Enfin je recule et le bucher s’embrase aussitôt. Les flammes dévorent goulument le bois sec et bientôt elles s’élèvent bien haut. Je me suis rapprochée du démon et ma main libre vient chercher la sienne. C’est tout le réconfort auquel je me laisse aller, il me perd de ne pas penser à faire de bêtises. Je contemple un moment le bucher. L’odeur de chair brûlée commence à envahir mes narines sensibles et je me détourne. Je récupère un sac que j’ai préparé dans l’entrée, puis silhouette auréolée de feu, je passe de pièce en pièce pour mettre le feu au mobilier. Lorsque je ressors, la maison se fait, elle aussi se fait dévorer. Je jette la branche à présent inutile dans la neige.

- Allons-y,  je déclare d’une voix bien trop tranquille et plate. J’en ai terminé ici, je crois. Ne nous attardons pas. Je connais effectivement un lieu pas très loin d'ici.

Nous remontons en scelle et je guide à nouveau le cheval, le faisant emprunter des sentiers abandonnés depuis longtemps et envahit par les racines. Il ne nous faut que peu de temps pour voir un hameau abandonné depuis quelques années.

- Il y a eu une épidémie il y a trente ans. Depuis personnes ne passent dans les parages et toutes les maisons ont été laissées telles quelles. Nous y serons à l’abri, si cela te convient.

Je tourne la tête vers lui et me rends soudain compte que je n’ai plus que cet étrange démon dans ma vie. Tout le reste m’a été retiré.
Tu es ma dernière quête Baphomet. Après ? Après… j’aspire à un peu de paix.
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Je suis vraiment soulagé d'avoir trouvé quoi lui dire à propos de Polly. S'il est effectivement trop tard, j'aimerais surtout qu'elle réalise que de la ramener à la vie sera une nouvelle fin pour elle. Je prends ma voix la plus douce pour lui dire que sa fille est avec moi. Hochant la tête avec un sourire.

La voilà, seule avec son devoir. J'aimerais lui dire qu'elle se sentira mieux après, mais je ne veux pas la brusquer davantage. Je m'inquiète suffisamment pour le lever de soleil et du fait qu'on soit potentiellement bloqués ici. Ses mots m'éteignent un instant avant que le feu ne fasse son office. Sa main délicate se glisse dans la mienne, si grossière en comparaison. J'aimerais dire quelque chose, n'importe quoi, mais quelle que soit la phrase à laquelle je pense, elle est moins belle que ce silence quasi contemplatif. Quand elle s'éloigne, je la suis du regard et vois qu'elle est en train de brûler sa maison, ses souvenirs, son passé. Elle n'a pas tout à fait la même allure que la vampire dans le donjon, mais cette vision me donne tout de même des frissons.

Bigadin, pour sa part, commence à s'impatienter. Il n'a pas aimé être attaché près d'un feu qui prend de l'ampleur. Je le détache et le calme avant d'aider Esfir à se mettre en selle. Je n'ai pas le temps de m'installer moi-même que le voilà déjà en route. Je baisse la tête tandis que mon dos est pris d'un froid mordant. J'aurais dû lui demander si elle n'avait pas de vêtements pour moi, ou un manteau de rechange. C'est à cette pensée que je me redresse et remarque un endroit où la nature a repris ses droits depuis bien longtemps. Les buissons se sont aventurés jusqu'au bord des sentiers qui n'ont de l'aspect d'origine que deux sillons vallonnés. Il y a une grange qui a été détruite, probablement par une mauvaise tempête. Je pense au Démon à la Rose quand elle me parle d'épidémie. Il a ses passes temps bien à lui.

"C'est parfait."

Elle me regarde et je lui fais un sourire en retour. Je me serre un peu contre elle, ayant un peu plus froid à mesure que le matin se lève.

"Alors... Quelle maison sera la nôtre ?"

Je mets pied à terre, laissant Bigadin me suivre.

"Mademoiselle, nous avons de magnifiques cottages à vous proposer. Que diriez-vous de celui-ci ? Charpente en chêne massif, ossature renforcée, mortier de qualité. Construction 100% printanière. Nous avons sur votre droite, une configuration un tantinet différente, avec la cuisine séparée des chambres afin de ne pas être gêné par la fumée, une petite nouveauté de notre siècle, une déperdition de chaleur, mais au moins les enfants ne se mettent pas à tousser. Nous avons aussi... HEY !"

Bigadin ne me laisse pas le choix, il commence à avancer au pas de course, puis au petit trot, jusqu'à un silo à grain. Ce dernier est pratiquement vide, mais il laisse ses lèvres happer quelques grains de maïs séchés qui peuvent rester.

"On dirait que notre ami a choisi pour nous. Permettez, très chère..."

Je tends les bras pour faire descendre Esfir. Je décroche bride et selle pour les mettre à l'abri. Bon, qu'est-ce que nous réserve cette mais...

FICHTRE !

Après avoir poussé une porte, j'ouvre de grands yeux sur ce que je sais être une cave sympathiquement remplie de bouteilles au contenant plus ou moins officiel ou légal. Certains sont même agrémentés de langue de dragon, de champignons hallucinogènes, ou de bourrache officinale.

"À mon avis, nous sommes dans la maison d'un apothicaire à l'ancienne..."

Je prends une branche entre mes mains que je reconnais comme étant de la sauge des devins. Je la respire et je comprends un peu trop tard que son effet est toujours là, malgré la déshydratation de la plante.
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Anja Almen
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Je ne me suis pas retournée une fois alors que nous nous sommes éloignés de ma maison en feu. Je sais que je n’y trouverai rien d’autre que des souvenirs souillés et des fantômes pour lesquels je ne pourrais plus rien. Peut-être me suivent-ils. C’est même certain. Je ne les quitte donc pas vraiment. Tout ne peut s’évaporer avec la fumée.

Je sens Baphomet soulagé de pouvoir nous arrêter rapidement. Il se rapproche de moi et je devine que le froid l’atteint à présent que nous ne bougeons plus. Malheureusement, je suis bien incapable de lui donner la moindre chaleur.

- Alors... Quelle maison sera la nôtre ?
- Nous avons l’embarras du choix.
Je souris à ses facéties.
- Mademoiselle, nous avons de magnifiques cottages à vous proposer. Que diriez-vous de celui-ci ? Charpente en chêne massif, ossature renforcée, mortier de qualité. Construction 100% printanière.
- Mmm, trop quelconque.
Malgré mon humeur morose je me force à adopter un ton plus léger moi aussi et ne pas lui imposer mon chagrin. Il en a déjà suffisamment fait pour moi.  
- Nous avons sur votre droite, une configuration un tantinet différente, avec la cuisine séparée des chambres afin de ne pas être gêné par la fumée, une petite nouveauté de notre siècle, une déperdition de chaleur, mais au moins les enfants ne se mettent pas à tousser.
- C’est… c’est une bonne chose. Mais le trou dans le chaume risque de poser problème.
Faire abstraction de ce que je viens de faire à ma propre enfant est difficile.
- Nous avons aussi... HEY !

Le cheval se déporte vers un reste de céréales qui a sans doute pousser après le départ des hommes et je l’ai laissé faire. Il mérite bien une petite friande pour son labeur.
Le silo jouxte une petite maisonnette qui a l’avantage d’avoir encore un toit sans trou.
- On dirait que notre ami a choisi pour nous.
- Il a l’œil ce cheval.
- Permettez, très chère...

Je me laisse glisser au sol et l’aide à déharnacher Bigandin. La maison choisit par notre destrier nous réserve son lot de surprise. Mais l’intérieur est exceptionnellement sec bien que poussiéreux. J’observe les plantes et les bouteilles avec un intérêt curieux. De la qualité, je note en dépoussiérant les inscriptions de papier qui pendent des bocaux et des fioles.

- À mon avis, nous sommes dans la maison d'un apothicaire à l'ancienne...
- Hum hum… Certainement. Si j’étais toi, je ne ferais pas… trop tard… cela. Qui sait si nous ne sommes pas dans l’antre d’un magicien.

Je m’attèle à faire un feu dans l’âtre. Baphomet a besoin de se réchauffer. Le bois aussi est sec heureusement et il flambe bientôt avec vigueur.
- Tu vas pouvoir te réchauffer… je suis désolée, j’aurais dû penser à te passer des vêtements plus chauds avant de tout brûler. Je n’ai pas réfléchi… j’ai juste … eu une impulsion sur le moment. Je tourne la tête vers l’est. Ton cheval a bien fait de nous presser, le soleil vient de se lever. Nous aurions sans doute été installés plus confortablement dans ma demeure mais … je ne me voyais pas y rester à présent.

Je le contemple avec sollicitude et esquisse un mouvement pour caresser sa joue avant de m’arrêter. Il a froid, inutile d’aggraver la situation.
- Tu n’as pas faim ou soif ? Je ne sais pas comment fonctionne ton métabolisme mais cela fait longtemps que tu n’as pas avalé quelque chose.  
Penser à son bien-être me distrait de mes idées noires.
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Immédiatement, ma vision change, mes sens deviennent plus… doux ? L'odeur qui me chatouillait le nez devient plus suave et je me mets à éternuer. J'ai, pour la première fois depuis longtemps, l'impression que ma mémoire se charge moins en informations. Ma respiration ne m'apparaît plus si clairement, le nombre de mes pas, le bruit exact que font mes bottes sur le plancher. Pour autant, je ne peux pas oublier l'éclat des yeux d'Esfir, comme deux saphirs qui auraient beaucoup trop de valeur pour moi. Je sais parfaitement la première étincelle, son odeur, l'éclat étrange des cheveux de la vampire quand tout s'embrase, ainsi que le leger parfum de poussière qui prend feu.

“Peut-être, ce serait rigolo…”

Même ma voix ne me paraît pas pareille, moins tranchante, plus légère. C'est un peu comme si je pouvais choisir ce dont je veux me rappeler ou non. Du coup, cela m'aide un peu à m'ouvrir et à être plus tranquille et faire simplement ce dont j'ai envie. Même le contrat passé avec la reine vampire s'éloigne petit à petit.

“T'inquiètes. J'ai mes propres méthodes pour me réchauffer, mais ça ne se fait pas avec une personne que je viens de rencontrer.”

Et puis maintenant que j'y pense, je ne me voyais pas me vêtir des atours de son mari. Je m'approche de la cheminée, me rappelant soudain à quel point j'ai froid.

“Tu as raison. On est mieux ici. Comment tu te sens ? Tu vas bien ?”

J'ai posé ma main sur son épaule tout en la sollicitant. Il semblerait que ce que j'ai respirer me fasse l'effet d'être plus… moi. C'est dommage que je ne connaisse pas cette personne. Lentement, je retire ma main, me demandant vaguement pourquoi je l'avais touchée.

À sa question, je tourne la tête vers elle, comme si elle avait énoncé une vérité fondamentale.

“Si, j'ai faim. Mais c'est pas grave ! J'ai mangé cette dernière semaine. Ce n'est pas ton cas, tu n'as eu qu'une… personne… depuis huit jours minimum. Dois-je avoir peur ? Et…”

Mon regard s'envole et se pose sur la branche de saule.

“Si on jouait à action ou vérité !”

Puis, je pose ma main sur son épaule, beaucoup plus concerné.

“Ça va, toi ?”

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- T'inquiètes. J'ai mes propres méthodes pour me réchauffer, mais ça ne se fait pas avec une personne que je viens de rencontrer.
J’ai un instant d’errance, ne sachant vraiment de quoi il parle et je lui lance une œillade incertaine et confuse. Je lui tends plutôt la main.
- Viens au moins près du feu.
- Tu as raison. On est mieux ici.

Mieux ? Je n’en suis pas certaine. Mais au moins, nous sommes dans un lieu qui ne me rappelle rien. Et je sais à présent avoir fait mon devoir. Polly ne sera pas livrée aux affres de la décomposition ou à l’appétit de charognard.

- Comment tu te sens ? Tu vas bien ?
Je pose ma main sur la sienne, reconnaissante de sa sollicitude et lui souris.
- Pas vraiment. Mais je me sens aussi… soulagée d’une certaine façon. Que tu aies été à mes côté m’a grandement aidée. Il ne me reste plus qu’à t’aider à mon tour à obtenir ce qu’on t’a pris. Et ensuite… ensuite nous verrons bien. Tu n’as pas faim ou soif ? Je ne sais pas comment fonctionne ton métabolisme mais cela fait longtemps que tu n’as pas avalé quelque chose.
- Si, j'ai faim. Mais c'est pas grave ! J'ai mangé cette dernière semaine.
- Tu n’as donc pas besoin de te nourrir régulièrement ?
- Ce n'est pas ton cas, tu n'as eu qu'une… personne… depuis huit jours minimums. Dois-je avoir peur ?

J’ai un petit rire en secouant la tête. Il est pourtant vrai que maintenant qu’il le mentionne, je sens la faim qui me grignote de l’intérieur. Mon esprit n’étant plus focaliser sur quoique ce soit, il cherche la survie de mon corps. Et cela passe par du sang. Baphomet a raison, l’homme dont je me suis nourri ne suffira pas à me maintenir en éveil. Mes membres sont d’ailleurs plus gourds. La calcification commence déjà.

- Peut-être ira-je chasser ce soir… je réponds, plutôt lasse.
Je fronce les sourcils en notant qu’il semble particulièrement ailleurs.
- Et… Si on jouait à action ou vérité !
Je tends inutilement mes mains vers le feu.
- Je ne connais pas ce jeu. Dois-je choisir entre les deux ? Je ne suis pas certaine d’y exceller non plus. Allons-y pour vérité.
- Ça va, toi ?
Je le vois réitérer geste et question avec un rien d’inquiétude.
- Est-ce la vérité que je te dois ? Je me place en face de lui et observe avec attention ses pupilles un peu trop dilatées. Tu m'as déjà posé cette question... il u a à peine quelques minutes. Non… mais cela irait moins bien encore si j’étais seule. Je me considère donc comme chanceuse que ma Mère t’ait envoyé pour me sortir de mon donjon. Et toi ? Que choisirais-tu entre une action et une vérité ? Je regarde avec suspicion le bouquet de plantes qu’il a respiré en entrant. Je crois que tu as besoin de te reposer.

Je m’approche de l’établi de l’ancien propriétaire et me met à fouiller un peu plus dans ses affaires dans l’espoir de trouver de quoi lui éclaircir les idées.  
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Je me mets à trembler pour me débarrasser des derniers relans de froid. Je me demande si cela sera suffisant, mais au pire, je sais que j'ai de la ressource. Je connais Esfir depuis... quoi... 37h ? C'est largement suffisant pour lui montrer ma ressource secrète.

D'ailleurs, elle me complimente sur ma présence et me remercie. Je m'inquiète effectivement pour elle, sa santé mentale et physique.

"Si, il faudrait que je me nourrisse incessamment sous peu." Et en plus, j'ai faim, ça tombe bien ! De la chasse ! Oh ! Super ! "Je t'accompagnerai !"

Je propose une idée de jeu et elle accepte immédiatement, mais je brûle ma chance en posant une question que j'avais déjà posée, du moins d'après elle. Cependant, je suis heureux de savoir qu'elle se sent bien en ma présence.

"ACTION ! Demande-moi une action, n'importe quoi !" je trépigne presque sur place.

Besoin de me reposer ?

"Oh non, ce n'est pas une action très intéressante. Je me suis reposé toute la journée dernière. Je suis en pleine forme, je t'assure !"

Les effets du saule commencent à se dissiper, peu à peu, mais sont encore bel et bien présents. Elle s'est levée et commence à farfouiller. Je me lève à son tour et commence à écarter quelques fioles. J'éclate de rire devant une étiquette "aphrodisiaque", et devant une autre, très utile actuellement : le "sérum de vérité". Je me demande ce que ça ferait si on en prenait une gorgée l'un et l'autre, et quelle configuration serait la meilleure. Je trouve aussi une "potion du diable" quoi que ça veuille dire, diverses Panacées, et un élixir de longue vie... voilà qui ne nous sera utile ni à l'un, ni à l'autre.

"Tu cherches quoi ?"

Après tout, si je peux l'aider...
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- ACTION ! Demande-moi une action, n'importe quoi !
Par les dieux mais qu’avait donc cette herbe qu’il a reniflé ? Malgré moi et toute cette situation, je lui souris, amusée.
- Je crois que tu as besoin de te reposer.
- Oh non, ce n'est pas une action très intéressante. Je me suis reposé toute la journée dernière. Je suis en pleine forme, je t'assure !
Je lui lance un coup d’œil entendu.
- Certes mais tu as l’air d’avoir été… drogué. Regarde-toi ! Tu trépignes sur place, tes pupilles sont dilatés, ton rythme cardiaque vient de s’accélérer d’un coup avant de ralentir tout autant et… je tapote ses lèvres de l’index… tu fais la moue comme un enfant.

Au début, je récupère délicatement chacune des fioles qu’il prend entre les mains. Il serait capable d’y goûter par simple curiosité et je ne suis pas certaine que l’idée soit très bonne.
- Quoi ? Pourquoi ris-tu ?
J’ai un petit rire à mon tour.
- Crois-tu qu’il soit efficace ? Si on en juge par la petite quantité qu’il reste à l’intérieur, je dirais que nous avons affaire à l’une des meilleures ventes du propriétaire des lieux. Sérum de vérité ? Il n’existe malheureusement rien de tel… A qui le donnerais-tu si tu le pouvais ?

L’étalage de fioles en tout genre est une mine de potions pour charlatan. Ou peut-être pas qui sait ? C’est pourtant sceptique que je déchiffre les étiquettes unes à unes.

- Tu cherches quoi ?
Je lui reprends la petite bouteille des mains.
- De quoi contrecarrer les effets de la drogue qui est entrée dans ton organisme. Bon, tu souhaites toujours jouer ? L’occuper l’empêchera peut-être de mettre le bazar dans ce que je suis en train de trier. Je prends donc ses deux mains dans les siennes pour l’empêcher de prendre autre chose. Baphomet ? Tu veux bien me préparer un lit ou quelque chose de confortable ? Disons que c’est ton action. Je vais avoir besoin de me reposer pour pouvoir être efficace demain à la chasse. Après si tu veux tu choisiras mon action à moi.

Voilà qui devrait l’occuper un moment.
Pendant qu’il s’exécute, je reprends mes fouilles et déniche un petit mortier dans lequel je dépose quelques passiflores et valérianes séchées. Elles seront bien moins efficaces que des fraiches mais je n’ai pas le luxe du choix. Il me faut de l’eau à présent… Je n’ai vu aucun puit dans les environs du village. Sans doute se servaient-ils directement dans la petite rivière non loin. Reste le liquide des fioles qui ne doit rien contenir de bien méchant… J’en ouvre une au hasard avant de la sentir. Mmm, non définitivement rien de magique ni de toxique. Je trouve un gobelet et après l’avoir nettoyé au mieux j’y verse un peu du liquide et le mélange de fleurs moulues. Avant de le lui tendre.
- Tiens, bois.
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J'ai pas été drogué, je me suis drogué tout seul, comme un grand. De plus, je me soupçonne d'en augmenter les effets juste parce que c'est... drôle. Je ne me considère pas comme quelqu'un d'amusant, mais j'ai envie de l'être, vraiment très envie. L'humour a cette étrange faculté de faire disparaître la tristesse, au moins temporairement. Si on fait disparaitre quelque chose temporairement plusieurs fois de suite, cela va peut-être finir par être définitif ?

Au moment où Esfir me fait remarquer que je trépigne sur place, je me mets à trépigner de plus en plus pour finalement totalement m'arrêter quand elle met son doigt sur ma bouche.

"Même pas drôle..."

Après mon farfouillage dans les fioles, j'en trouve plusieurs qui me font avoir un rire et j'en range plusieurs à ma ceinture.

"J'ai trouvé un truc pour... enfin... réussir à avoir des rapports sexuels plusieurs fois de suite." Elle dit très exactement ce que je pense "Tu crois que ça se demande comment, un tel truc ? 'Bonjour monsieur, je suis un peu mou ces derniers temps, vous n'auriez pas quelque chose qui me permettrait de rentrer dans ma femme ?'. Je ne savais pas que les gens d'ici avaient ce genre de problèmes." Encore qu'ils buvaient énormément, cela n'aide pas, c'est certain.

Bon, à qui je donnerai la potion de vérité ?

"Hé bien, j'ai deux réponses à te donner. À ta mère, déjà, pour la forcer à dire ce qu'elle a réellement fait. Et peut-être à moi-même, pour que tu voies que je te dis toujours la vérité... Et toi ?"

J'ai besoin qu'elle ait confiance en moi, cela ne veut pas dire que je ne ferai pas tout pour en être digne.

J'hoche la tête. Oui, je veux toujours jouer. J'aime bien jouer, en fait. Je ne savais pas que j'aimais bien jouer. Bon, l'action n'est pas la chose la plus exaltante que j'ai eu à faire, mais je veux bien construire un lit. Je suis sur le point d'ouvrir la porte quand je me rends compte que ce serait très dangereux pour la miss vampire. Je me téléporte donc à l'extérieur et vais fouiller toutes les maisons, une à une, pour trouver un semblant de literie. Je me téléporterai bien plus loin, jusqu'à une ville, mais c'est tellement épuisant, et je me sens si peu maître de moi que je vais sans doute éviter. Dans une maison plus luxueuse que les autres, je trouve des peaux de bête plutôt très bien conservées, je trouve aussi du linge de maison et des matelas d'une conception ancienne et solide. Une fois tout cela rassemblé, je nettoie le tout dans la neige pour en retirer la poussière et les éventuels insectes. Finalement, tout a perdu son odeur de poussière. En moins de quelques minutes, je suis de retour à l'intérieur de la maison et installe tout cela, presque fièrement.

"Tadaaaa !"

Je borde le tout près de la cheminée.

"Alors, j'ai recherché à une action que tu pourrais faire, mais je ne trouve rien de..."

Boire ? Ah d'accord. Je prends le verre qui sent le médicament à base de plante. Cela ne me dit rien qui vaille, le "liquide" semble être plus laiteux qu'autre chose. L'idée qu'elle puisse chercher à m'empoisonner ne m'effleure même pas l'esprit.

"Tu vas le boire avec moi !"

Je cherche un autre contenant, mais je n'en trouve pas qui soient totalement dépourvus d'un liquide plus ou moins honnête. Je m'en saisis d'un qui n'en contient pas beaucoup et transvase une partie du produit médicinal dans l'autre.

"Voilà ! À la tienne !"

Je trempe mes lèvres et avant de m'arrêter net, je me rends compte que je connais ce léger parfum de sève blanche légèrement citronnée. C'est...

"...De l'opium..."

Et j'éclate de rire.

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Anja Almen
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Je suis surprise de le voir soudain disparaitre.
- Ba… Baphomet ?
Je sais tellement peu de chose sur les démons et quasiment rien sur leurs capacités. Ainsi ils savent… disparaitre ? A priori oui, je suis seule.
Je m’attèle donc à trouver de quoi effacer les effets de l’étrange drogue de son organisme. Tout est bon à prendre pour m’occuper l’esprit.
Le démon réapparait quelques minutes plus tard et je me retourne vivement.

- C’est… plutôt pratique. Et surprenant. Tu as d’autres particularités dont je devrais avoir connaissance ?

Il réussit l’étonnant exploit de créer une sorte de nid douillet fait de fourrures et de linge de lit. Non moisies. Un détail qui n’en ai pas un lorsque l’on a mon odorat.  
- Tadaaaa !
Il semble si fier de lui que je lui souris avec affection. Impossible de ne pas le trouver particulièrement attachant.
- Beau travail.
- Alors, j'ai recherché à une action que tu pourrais faire, mais je ne trouve rien de...
- Une tragédie… Tiens, bois. Je n’ai pas trouvé d’eau mais le contenu des fioles ne semble qu’être un genre de spiritueux pas trop méchant. Ca ne pourra pas te faire de mal.
- Tu vas le boire avec moi !
- Je… quoi ?

Il devient difficile à suivre ou alors c’est moi qui suis anormalement fatiguée. Il met tant d’énergie à me trouver un autre gobelet que je n’ai pas le cœur de lui dire que rien de ce que je n’ingère ne m’affecte en bien ou en mal.
Je me saisis donc du récipient qu’il me tend
- Voilà ! À la tienne !
Je bois à mon tour et fronce les sourcils pour me concentrer sur la saveur. Mais rien ne ressort. Mes papilles sont définitivement mortes. Amer, acide, sucré, salé ne sont maintenant plus que des mots qui n’ont plus aucune signification pour moi.
- ...De l'opium...
Horrifiée, je contemple le gobelet et pose ma main sur ma bouche.
- Par les dieux, je suis désolée ! Je n’en ai jamais senti avant… je n’avais aucune idée.
A peine en ai-je entendu parler un jour. Je repose nos gobelets sur l’espèce d’établi examine le démon.
- Comment tu te sens ? Je pose mes doigts contre sa carotide pour confirmer ce que mon ouïe sensible a déjà entendu. Ton rythme cardiaque a baissé. Viens.

Je le repousse jusqu’à l’espèce de lit qu’il a minutieusement construit comme un oiseau fait son nid. Ce qui n’est pas totalement incohérent vu sa véritable nature.

- Heureusement que tu n’en as pas pris beaucoup. Peut-être même que ton métabolisme démoniaque contrecarrera le moindre effet néfaste.
J’ai un petit rire aussi embarrassé que désolé et caresse délicatement sa joue.  
- Je crois que tu devrais t’abstenir de prendre quoique ce soit d’autre…
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Baphomet
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Ouh là… euh… excellente question ! Je l'en remercie de me l'avoir posée. Il y a mon aura… mon influence… qu'elle connaît déjà.

“Je peux générer de l'ombre et de la lumière, je ne sais pas si l'ombre est suffisamment puissante pour te protéger de la lumière directe du soleil... Mais en cas d'urgence, je pense que ça peut être utile.”


Ni si ma lumière pourrait être suffisante pour anéantir sa mère avant qu'elle ne puisse réagir. Oui, je me pose la question de plus en plus.

“Oh, je peux aussi faire ça !”

Je lève la main et la couverture en fourrure se lève du lit. J'enveloppe Esfir avec un sourire. L'idée de parler de ma vraie forme ou de mes autres particularités ne me vient même pas à l'esprit.

La vampire le bois et alors que l'euphorie me gagne, je vois qu'elle n'est effectivement pas affectée le moins du monde. Pire encore, elle s'inquiète pour moi. Fichtre !

“Je me sens treeeees bieeeen.”

Et j'éclate de rire à nouveau. Elle me dit que ce n'est pas bien, mais moi je trouve cela agréable. Je me laisse tomber sur le lit, toujours en ricanant.

“J'aime bien quand tu poses ta main sur ma joue. Elle est fraîche. J'aime pas quand les gens lèvent la main sur moi, mais toi, j'aime bien. C'est bizarre, non ?”

Je pose mes paumes sur mes yeux tout en m'allongeant. Je me sens fatigué d'une bonne fatigue, si tant est que cela puisse exister. J'ai faim aussi, mais de l'une de ces faims qu'on a mérité de ressentir. Demain soir, nous irons chasser. Je me demande comment Esfir chasse, et si elle a des bestioles privilégiées... Ou si je ne peux pas me nourrir moi pour ensuite la nourrir elle. Je lui demanderai.

“Vérité !”


Avant de lever une main pour regarder la petite princesse vampire. Elle est très jolie avec sa crinière de feu, ses yeux de glace, et sa peau d'une pureté qu'on ne peut retrouver que dans la mort. Sa dangerosité pulse dans chacun de ses gestes, presque comme si elle se retenait toujours.

“Ça t'ennuie si je dors avec toi, aujourd'hui aussi ? C'est juste parce que j'aime bien et que je dors mieux. Et comme ça, je pourrais veiller à ce que tu dormes bien. Demain, on chasse, on se fait un bras de fer, on fait une bataille de boule de neige et j...”

Est-ce que j'ai sombré ? Tout à fait !

Est-ce que j'ai essayé d'attraper Esfir dans mes bras ? Absolument !

Est-ce que j'y suis parvenu ? Aucune idée !

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Anja Almen
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Il génère donc de la lumière ! Qui sait ce qu’elle pourrait me faire, s’il lui prenait l’envie de la diriger contre moi. Non pas que je le craigne. Je ne le pense pas capable d’une telle duplicité comme je ne vois pas bien en quoi cela servirait son objectif.
Sans compter qu’à ce stade, j’accueillerai certainement sa lumière avec une certaine forme de soulagement. Mais à la place c’est une fourrure qui se pose sur mes épaules et je lui souris.

Pour lui faire plaisir, je continue ce petit jeu sans me rendre compte que je le corse malgré moi. Cela m’apprendra à jouer les apprentis alchimistes.
- Je me sens treeeees bieeeen.
Je secoue légèrement la tête.
- Je vois ça.

Il se laisse tomber sur le lit dans un éclat de rire qui me révèle à quel point il est surtout victime de mes tâtonnements imprécis. Je m’assoie à ses côtés et retire mes bottes.
- J'aime bien quand tu poses ta main sur ma joue. Elle est fraîche.
- Je pensais que c’était de chaleur dont tu avais besoin.
- J'aime pas quand les gens lèvent la main sur moi, mais toi, j'aime bien. C'est bizarre, non ?

Je me tourne vers lui, une jambe sur cette couche improvisée qu’il a déjà investie, tout à son aise.
- Je n’en savais rien. Je suis désolée d’avoir… envahi ton espace personnel sans te le demander.

Je contemple mes paumes éternellement blanches et froides. C’était, à vrai dire, des gestes impulsifs mus par l’inquiétude ou l’envie d’exprimer une certaine émotion difficilement explicable avec des mots. Je le vois déjà s’échapper dans les bras accueillant et douillet du sommeil. Comme je l’envie à cet instant. Il semble être enveloppé d’une bulle ou rien ne peut l’atteindre.
- Vérité ! énonce-t-il soudain.
Je le contemple, le sourire moins convaincu mais tout aussi tendre avant de tourner mon regard vers le feu.  
- Te sens-tu seul, Baphomet ?

C'est parfois l'impression que j'ai.

- Ça t'ennuie si je dors avec toi, aujourd'hui aussi ?
- Non, ça ne m’ennuie pas. Je ne suis pas certaine de pouvoir dormir de toute façon.
- C'est juste parce que j'aime bien et que je dors mieux. Et comme ça, je pourrais veiller à ce que tu dormes bien.
- Tu es trop gentil pour ce monde Baphomet. J’ai noté que tu avais le sommeil troublé. Beaucoup de cauchemars ?
- Demain, on chasse, on se fait un bras de fer, on fait une bataille de boule de neige et j...

Je ne saurais jamais la suite du programme mais me fait entrainer vers les fourrures ou je me retrouve allongée à coté de lui. Alors je reste là, en tête à tout avec mes propres démons et je finis par pivoter vers le seul qui ne me fera pas de mal. J’écoute le monde extérieur. Il doit sans doute neiger à nouveau tant les bruits me parviennent étouffés. Et je le regarde aussi dormir, tente à nouveau de chasser ses mauvais songes d’une main rassurante sur son front, sa joue. Effectivement, je note qu’il se calme presque aussitôt. Lui faire du bien m’en fait à moi. Me redonne un semblant d’utilité en ce mode, aussi futile soit-il que de repousser les cauchemars d’un gentil démon.

Je ferme les yeux à mon tour, appelant un peu de paix de tout mes vœux et suis miraculeusement exaucée. Pour la première fois depuis des jours, le sommeil me happe à mon tour sans me tourmenter de visions d’horreur.

Paisiblement, je dors donc à ses côtés.
Lorsque j’ouvre à nouveau les yeux, je sens que la nuit est tombée mais surtout que mes membres se font lourds et gourds. Insidieusement, la pétrification commence. J’ai besoin de sang.
Je mets de côté mon inconfort lorsque je constate que mon partenaire de sommeil à les yeux ouverts lui aussi.
- Bonsoir… je murmure. Comment te sens-tu maintenant ? Toujours très bien ?
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Baphomet
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J'aime bien qu'elle "envahisse mon espace personnel"...

J'aime pas quand ce sont les autres. Les autres critiquent, utilisent, se servent, abusent. Mais pas Esfir, pas cette petite vampire. Elle arrive, se place dans mon monde avec ses propres affaires, me fait une très forte impression. J'aime celui que je suis à travers ses yeux saphir, j'aimerais être cette personne au moins pour elle.

"Envahis mon espace personnel quand tu veux !"

Encore un rire, suivit d'un ton plus sérieux.

"J'ai pas de cauchemars, mon esprit a juste du mal à... tout ranger."

Tout à mon rire que je reprends, je sombre. J'ai entendu sa question, et j'y réfléchis parce qu'il me faut du temps pour essayer de savoir comment y répondre, jamais je ne me suis posé cette question auparavant, pour être honnête. Non, je ne me sens pas seul. Je ne me suis jamais senti seul parce que quand j'étais corbeau, je n'étais pas bien traité. Quand j'étais démon, ça a été encore pire. J'ai toujours été un laissé pour compte, et ça m'a toujours été très bien. Je veux être seul, j'ai toujours voulu l'être. Je sens mon visage se tendre à cette idée et ta main vient trouver ma peau et je me calme presque aussitôt.

Là, cette nuit, je n'ai pas envie d'être seul. Je ne me sens absolument pas seul, et ce n'est pas une idée angoissante.

J'effleure l'inconscience comme je caresse tes cheveux qui coulent entre mes doigts. Cette nuit, je n'ai aucun rêve à part cette question qui tourne, encore et encore. Je me sens me rapprocher d'elle, l'entourer de mes bras, ma petite fraîcheur à moi. Je vais jusqu'à me coller à elle, respire son parfum dans une inspiration pour grande que les autres, et me laisse aller à un vrai sommeil réparateur.

Il me faut un très long moment pour émerger et pour comprendre ce qui s'est passé. Déjà, j'ai changé de position. Je me suis endormi sur le dos, et me voilà tout contre Saphir...Esfir...

J'ai chaud !

De plus, il y a un petit détail qui s'est insinué entre nous qu'elle risque de sentir si elle se réveille. Je regarde la peau de son visage, et de son cou, et ne peux pas juger de sa conscience avec sa respiration. Elle me paraît si immobile que ça m'en ferait peur. J'essaie de me reculer, un peu, trèèèès lentement pour ne pas l'éveiller...

"Bonsoir..."

"Salut."

Je lui souris.

"J'ai un peu mal à la tête, mais ça ira mieux dès que j'aurais bu un peu."

Bon, aller, se mettre sur le dos ni vu ni connu et... Fichtre !

Elle n'a pas seulement dormi entre mes bras, mais aussi entre mes ailes qui se sont invitées pendant la nuit, nous couvrant totalement comme une couverture de plumes. J'aurais dû y penser, quand je dors bien, généralement, je me roule en boule entre mes ailes pour avoir bien chaud. Je ne peux donc pas faire semblant qu'elles ne sont pas là car Esfir est actuellement allongée sur l'une d'elle.

Cela ne peut vouloir dire qu'une chose...

"Tu as dormi ! Pour de vrai ! Comment tu te sens ? Prête à chasser ? Ou tu es trop faible, peut-être ?"

Eeeeet je me souviens de sa question complexe.

"Je me sens seul, mais ce n'est pas une mauvaise chose parce que je trouve les entités, quelles qu'elles soient, malveillants les unes avec les autres. Je pensais que c'était intrinsèques aux démons, mais ce n'est pas le cas. Cependant, avec toi, je ne me sens ni seul, ni angoissé. C'est très bizarre..." Par contre, je me sens en danger, mais je n'arrive pas à en avoir peur, je trouve cela même plutôt fascinant. Je pense que c'est un sentiment avec lequel il va falloir que je m'habitue avec Esfir.

"À toi ! Action ou vérité ?"

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Anja Almen
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Il semble que nous ayons cherche la présence de l’autre pendant notre repos car nous sommes l’un contre l’autre, son bras passé autour de ma taille, si proche que je pourrais compter les petites paillettes d’or dans ses yeux. Il est tellement étrange de m’éveiller aux côtés d’un autre homme que Kolbeinn, même si nous ne nous dormions que rarement ensemble.  

- Salut.
Son sourire est irrésistible et je me dois de lui rendre.
- J'ai un peu mal à la tête, mais ça ira mieux dès que j'aurais bu un peu.
Malgré l’engourdissement de mes membres, je me sens incroyablement bien, au chaud. Petit à petit le chagrin va revenir, je le sais, il commence déjà à grignoter cette sensation de bien-être. Alors je le savoure tant qu’il est encore perceptible.
- Le puit ici tire son eau d’une source pure. Tu pourras boire tout ton saoul si l’eau n’a pas gelée.

Il se redresse et je me rends soudain compte pourquoi, pour la première fois depuis presque une semaine, je ressens autre chose que du froid. En plus de la fourrure, nous étions emmitouflés dans… deux grandes ailes blanches. Les siennes !
- Baphomet… tu… tu as des ailes !
Et je suis même allongée sur l’une d’elle. Je me redresse douloureusement à mon tour pour éviter de l’écraser.
- Je suis tellement désolée ! Est-ce que je t’ai fait mal ?
- Tu as dormi ! Pour de vrai !
Je fronce un peu les sourcils, ayant encore un peu les idées embrouillées.
- Oui. J’ai dormi. Aussi étrange que cela puisse paraitre. J’ai certainement sous-estimé mon état. Et… j’étais au chaud. Ça ne m’arrive pas souvent.
- Comment tu te sens ? Prête à chasser ? Ou tu es trop faible, peut-être ?

Je lui tends la main pour qu’il m’aide à me redresser. Un aveu en soi. Mais je me dois de lui expliquer plus clairement.
- Je ne sais pas si tu sais ce qui se passe lorsque nous manquons de sang… notre corps se durcit et nous finissons en statue. Nous appelons ça la Pétrification. Elle a commencé je le sens. Mes articulations sont raides. Je crois donc… que je vais avoir besoin d’aide pour chasser.  

Ou bien… mon regard glisse vers le cou du démon et remonte aussitôt. Non. Lui demander cela me semble injuste. Il en a déjà fait beaucoup pour moi. Lui aussi a faim et soif.
Il me surprend soudain en répondant à la question que je lui ai posé avant que nous ne sombrions tous les deux.

- Je me sens seul, mais ce n'est pas une mauvaise chose parce que je trouve les entités, quelles qu'elles soient, malveillants les unes avec les autres. Je pensais que c'était intrinsèques aux démons, mais ce n'est pas le cas.
Je garde sa main dans la mienne et la serre doucement.
- Non. C’est juste que tu as eu de mauvaises expériences. Tout le monde n’est pas malveillant, je t’assure.
- Cependant, avec toi, je ne me sens ni seul, ni angoissé. C'est très bizarre...
- J’en suis heureuse. J’espère que je ne suis que la première d’une longue liste.  
- À toi ! Action ou vérité ?
- Oh, tu souhaites encore jouer ? Choix difficile. Je ne pense pas avoir encore de grandes vérités à te livrer et l’action me semble un peu compromise. Je te laisse choisir… Peut-être pourrions nous rependre un fois que toi et moi seront nourrit ?  J’en oublie presque que nous avons encore du chemin à faire et que nous n’allons pas rester ici. vEnfin non… je suppose qu’après nous allons nous remettre en route… [/color][/i]
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Son visage a changé. J'ai déjà remarqué que sa voix évoluait avec moi, que l'éclat de ses yeux avait changé aussi... Mais son visage s'est détendu, décrispé, et... beau. Il a toujours ce petit quelque chose d'implacable et dangereux, mais elle a remplacé la défiance par de la détente. Je l'ai toujours trouvé belle, mais jamais je ne l'avais trouvé... unique. Elle me regarde dans les yeux, et pendant un instant, personne ne dit rien.

Elle découvre mes ailes et s'en exclame tout d'un coup.

"Ah oui ? Ah tiens."

Elle se dégage de cette étreinte et je soulève mon aile de son corps pour l'y aider.

"Non non, ne t'inquiète pas, je les avais déjà avant." Me faire mal ? Je redresse celle qu'elle vient de dégager et les relève avant de les "ranger" contre moi "Elles sont fortes, tu ne m'as pas fait mal. J'espère que je ne t'ai pas tenu trop chaud... Elles ont tendance à faire grimper la température."

Je me redresse et l'aide à se relever. Ses mouvements, si souples hier, sont devenus raides, et m'inquiètent un peu. Elle me dit avoir besoin de mon aide, mais je n'ai aucune envie de la laisser, de plus, je n'ai jamais... réellement... chassé.

Je perçois son mouvement oculaire sous ma gorge et je sens qu'un frisson me parcourt, un frisson qui aurait dû juste me faire dresser les poils, mais qui me fait aussi ébouriffer les ailes. Il y a quelque chose d'atrocement agréable dans cette idée. Une folie douce s'insinue en moi, lentement, mais trop surement pour que je puisse totalement l'ignorer. Mon inquiétude en augmente le flot, d'ailleurs. La pétrification a l'air atrocement douloureuse.

Si elle essaie de me rassurer sur mon état de solitaire, cela me fait rire. Je serais moi, ce qui est le cas, je ne tablerai pas sur le fait que je sois si bien entouré pendant ces prochains mois, voire ces prochaines années. Cependant, une seule personne me suffit, je n'ai pas besoin d'être au-devant de la scène.

Finalement, je lui retourne le défi.

"Je veux toujours jouer..."

Mais mon sourire retombe, elle ne veut visiblement plus. Dommage. Mais je comprends ce qu'elle ressent. Elle semble vouloir repartir vite.

"Alors, nous n'avons pas le choix..."

Je déploie mes ailes qui se sont tendues avec cette nouvelle idée qui ne me quitte plus, laissant quelques plumes au passage, et déboutonne les premiers boutons de ma chemise. Je penche la tête sur le côté.

"...Action pour toi... Mords-moi."

L'opium continue de faire effet, je le sens, peut-être qu'elle en ressentira un peu les effets à travers moi ?

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- Ah oui ? Ah tiens.
Je lâche un petit rire.
- C’est tout ce que tu trouves à dire ?

Je m’inquiète sincèrement d’avoir froissé ou blessé ces incroyables appendices. Il faut bien avouer que je ne m’attendais pas à cela. Malgré ma longue vie, jamais encore je n’avais vu de créatures humanoïdes ailées.
- Non non, ne t'inquiète pas, je les avais déjà avant.
- Je me doute…
J’esquisse un geste pour les toucher mais il les plaque soudain contre son corps et je m’empresse de baisser la main. Il les déplace avec une telle fluidité, comme de véritables extensions de lui-même. C’est parfaitement fascinant.
- Elles sont fortes, tu ne m'as pas fait mal. J'espère que je ne t'ai pas tenu trop chaud... Elles ont tendance à faire grimper la température.
- Non du tout. Au contraire ! C’était… très agréable.

Une fois debout, je ne peux que constater combien mon état physique se détériore. Inutile de devenir un poids pour lui durant notre voyage. Et puis jamais je ne me suis laissé aller à repousser ainsi mes limites. Qui sait ce qui pourrait arriver dans ces conditions.
Déjà les palpitations de la veine de son cou m’appellent comme un chant de sirène irrésistible. Il va donc me falloir compter sur lui pour chasser notre repas.

- Je veux toujours jouer...
- Je ne pense pas avoir encore de grandes vérités à te livrer et l’action me semble un peu compromise. Je te laisse choisir… Peut-être pourrions-nous rependre un fois que toi et moi seront nourrit ? Enfin non… je suppose qu’après nous allons nous remettre en route…
- Alors, nous n'avons pas le choix...
L’amplitude de ses ailes rend soudain notre abri bien petit. Dire qu’elles m’ont étreintes durant notre sommeil… j’ai encore du mal à le croire.
- Comment cela… ? Qu’est-ce que tu fais ?
Mes yeux suivent chacun de ses gestes alors qu’il déboutonne sa chemise révélant sa gorge. Son geste est une invitation en soi et mes pupilles se dilatent devant cette offrande consentie.
- ...Action pour toi... Mords-moi.
J’ai un bref mouvement de recul. Du moins, il a essayé d’être bref mais je me sens malhabile, comme déjà à moitié transformée en pierre.
- Non !... Je veux dire…

Cela serait effectivement la solution la plus simple. Mais je n’ai aucune idée de l’effet d’un sang de démon sur nous, tout comme je ne sais pas comment il réagira à la morsure. Ressentira-t-il du plaisir comme les humains ? Cela risque de nous mettre dans une situation… embarrassante au mieux, dangereuse au pire.
- Tu es certain ?
Rien que quelques gouttes… juste de quoi chasser et me sustenter vraiment. Résignée à peut-être commettre une erreur… une supplémentaire, je lui prends la main et le force à s’assoir sur notre lit improvisé.
- Juste un peu… d’accord ? Le temps de retrouver un peu d’énergie pour chasser.
Je m’agenouille face à lui et mon pouce trace sa veine, mes crocs se sont déjà allongés, prêts à l’emploi.
- La douleur sera passagère. Ensuite… pour les humains, je sais qu’il éprouve une sorte de torpeur ou du plaisir. Cela facilite… notre repas. Je me redresse jusqu’à ce que mon visage soit face au sien. Je ne sais pas ce que cela te fera à toi... Cela fait très longtemps que je ne me suis pas nourrit à la veine. Ne me laisse pas boire plus d’une minute, tu veux bien ? Use de la force s’il le faut.

Ma main se glisse doucement sur sa nuque pour le maintenir en place. Je me penche vers son cou, tremblante à l’idée de me nourrir. Puis je viens le mordre le plus proprement possible. Son sang inonde ma bouche et mes papilles chantent. Je laisse échapper un soupir de bien-être tandis que je me rapproche, passant mon bras libre autour de sa taille dans une sorte d’étreinte en plus léthale.
Je bois goulument, le temps se suspend et s’arrête au battement de ce cœur que je sens pomper plus vite en réponse à mes aspirations. Son sang est riche, épicé, l’un des meilleurs qu’il m’ait été donné de gouter. Je pourrais en devenir ivre et j’ai un gémissement de frustration à l’idée de le relâcher déjà. Pourtant il le faut. IL LE FAUT.

Enfin je relève la tête et ferme les yeux pour savourer jusqu’à la dernière seconde cette sensation incomparable de délice, léchant mes lèvres pour ne pas en échapper une goutte.
Et puis je reviens à moi et ouvre les paupières.

- Tu vas bien ?
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Très agréable ? J'ai un sourire sans doute idiot vissé sur le visage. Elle semble fascinée par mes appendices qui se sont invités pendant la nuit. Cependant, mon sourire tombe quand je comprends à quel point elle a l'air diminuée. Je suis idiot, j'aurais dû faire ce que j'avais à faire hier. Là, je suis moi-même trop faible pour être un chasseur efficace, et elle ne peut plus rien elle-même.

Quand je la soumet à un défi, son premier réflexe est d'y résister. Sa seconde pensée me fait dire qu'elle en est arrivée à la même conclusion que moi. Nous n'avons pas le choix.

“Sûr et certain.”

Elle me repousse en arrière et je prends place à nouveau sur le lit. Je n'avais pas prévu sa voix qui se fait murmure, presque souffle sur ma peau. D'un coup, je me rends compte qu'elle a pris sa décision et que vu la poigne qu'elle exerce sur mon poignet, il n'y a pas grand-chose que je puisse faire pour l'en empêcher.

Je trouve cela très intime, bien plus que je ne l'aurais réalisé. Ce n'est pas comme de simplement nourrir quelqu'un, il y a un aspect quasiment érotique à tout cela. Moi qui étais si sûr de mon geste, me voilà beaucoup plus timoré. Même mon corps se met à trembler un peu devant cette prédatrice.

Quand elle se met à ma hauteur et me regarde dans les yeux, je me sens d'autant plus vulnérable, plus mis à nu, dans tous les sens du terme. Sa main sur ma gorge est comme une promesse, et une menace mélangée. Son "juste un peu" sonne presque comme un regret, mais je me demande s'il est formulé comme un regret d'avoir à me prendre du sang ou... de ne pas pouvoir en prendre plus.

"D'accord. Ensuite, on chassera ensemble."

C'est que j'ai un petit peu faim, moi aussi, mais d'une autre faim que je ne pensais pas ressentir un jour, ou du moins, pas comme ça, pas ainsi. Elle m'explique ce qui va se passer, et ce qui se passera probablement, et me voilà investi de la mission de lutter pour ma vie.

"Tu peux avoir confiance en moi."

Je ne peux m'empêcher de nous imaginer, les deux, luttant l'un contre l'autre... et je n'ai pas le temps de pousser plus loin cette pensée que ses mains s'enroulent autour de ma nuque. Elle ne fonce pas sur moi comme j'en aurais eu le préjugé. Elle perce ma peau de ses crocs et... non, ça ne fait pas mal. J'ai déjà eu plus mal.

Arrive son gémissement, bestial, presque implorant avant même que je ne sente mon fluide vital se déverser en elle à une vitesse alarmante. Elle s'approche encore et je me saisis de sa taille, pour qu'elle ne s'approche pas, ou au contraire pour la garder près de moi ? Je n'en ai aucune idée. Sa morsure commence à avoir quelque chose d'agréable, comme une douleur qui me ferait du bien. En fait, c'est même plus que cela, comme si je découvrais qu'on puisse prendre du plaisir dans la souffrance. Mon corps entier la réclame, comme ça, ou autrement, peu importe. J'ai la sensation que la moindre parcelle de mon être est soumis à une extase que je n'avais jamais connue.

Elle a un nouveau gémissement qui m'éveille, je passe ma propre main derrière sa nuque, pour la maintenir encore un peu, juste un petit peu, puis pour l'aider à s'écarter de moi, en tirant tout doucement. Il me faut un peu de temps avant de voir à nouveau, d'entendre, et de parler.

"Je... je vais bien, je crois..."

Mes ailes se sont refermées sur nous, comme pour nous enfermer dans une bulle, nous préserver du monde extérieur, et arrêter le temps. Quand je m'en aperçois, je les écarte tout doucement.

"Et toi, comment tu vas ?"

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Anja Almen
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Comme une lettre qu'on ne se souvient pas avoir écrite - Page 2 Empty
Il m’est difficile d’interpréter son geste au premier abord, puis il devient beaucoup plus explicite lorsqu’il me fait comprendre avec une dangereuse délicatesse qu’il est temps d’arrêter.
Ce que je finis par faire.

- Je... je vais bien, je crois...

J’ai bien du mal à détacher mes yeux de ces deux plaies sur son cou qui saignotent encore. Incapable de m’en empêcher, je viens lécher cette sève carmine délicieuse qui goute dans un geste bien plus vif, plus féroce presque. Mes lèvres sont si proches… un seul mouvement et je pourrais poursuivre ma dégustation. Ma frustration se dispute avec mon désir d’en prendre plus et pendant quelques secondes, je me demande s’il serait capable de m’arrêter si je devais succomber à la tentation.

Mais je prends une profonde inspiration posant mon front contre sa mâchoire et tente de lutter contre mes pulsions de survie.
- Ton… ton sang est exquis. Il… Il a les mêmes notes que ton odeur.

Enivrant serait le mot juste. Il me tient toujours par la taille et je note soudain ses ailes à nouveau présentes, cachant notre duo et ce que nous venons de faire au reste du monde.
Si je ressens de la culpabilité, elle est à part égale avec mon insatisfaction.  

- J’aurais dû m’arrêter avant, je déplore en m’écartant enfin pour de bon de son cou.
- Et toi, comment tu vas ?

Une question à laquelle il est facile de répondre. D’ailleurs tout mon corps le fait pour moi. Mes gestes sont à nouveau vifs et souples, mon regard perçant s’est allumé de cette envie de replonger mes crocs dans sa chair et ma peau parait presque réchauffer, moins pâle au tout cas que précédemment. Sa vie coule en moi et me redonne une énergie nouvelle, cette sensation irrésistible de pouvoir tout accomplir.

- Bien, très bien même.
Un rire incongru m’échappe. Un rire qui ne porte aucun chagrin et que je stoppe aussitôt, surprise, une main sur ma bouche.
- Ton sang est vraiment particulier. Et puis je comprends soudain. Sans doute parce qu’il est encore drogué… quelle idiote je suis !

Néanmoins mon sourire est bien plus franc. Je me redresse sur mes jambes et découvre avec une satisfaction primale que j’ai retrouvé la pleine puissance de mon corps. Je n’ai jamais été une adepte de la chasse ou de l’effort physique mais je fourmille d’une énergie qu’il me faut dépenser. Je remets mon arme à ma ceinture, enfile mes bottes et me pare de mon manteau. J’attrape celui de Baphomet et lui tend la main pour le relever à son tour.

- Allons chasser si tu te sens prêt.
Grisée par le sang et l’opium, je n’ai nullement conscience du rictus carnassier qui retrousse mes lèvres sur mes canines ni de la fixité de mon regard.
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