Il ne faut pas plus qu’un message pour me faire sortir de chez Enzo au beau milieu de la nuit.
Il fait froid, l’air est lourd d’humidité et j’ai décidé d’opter pour des vêtements discrets. Enfin.
Ils sont discrets pour moi… Enfin… Disons que c’est le meilleur compromis que j’ai trouvé entre discret et cool.

Je me mords la lèvre en voyant passer mon reflet dans les vitrines. C’est débile, comment je peux être discrète? J’ai pas du tout envie. Oui mais Kaelig a dit qu’il fallait se faire petit.

Mais j’ai littéralement pas de fringues discrètes…
J’veux dire, j’suis à mon max et j’ai des plateformes de douze centimètres, un mini-short en jean noir déchiré, des bas résilles jaune pétants et un chemise délavée noirs avec de grosses écritures blanches clamant “Nothing lasts forever”, elle est ouverte sur une brassière également jaune pétant (pour ne pas dire fluo, on va pas se mentir)... J’ai mis un bonnet dans le but de camouflé ma tignasse rose et je me fais quand même l’impression d’être un putain de néon.
J’ai fait mon max, j’ai cherché des fringues convaincantes dans le dressing d’Enzo avant de réaliser que sa penderie est sortie du cul d’une licorne tout comme la mienne. Dingue ça, on est pas fait pour devenir des espions…

Et bon…
J’ai envie d’être jolie…Absurde hein.
Parce que c’est Kaelig que je rejoins et que c’est important.

Je sens la gueule me chauffer et je couine en accélérant le pas. C’est terrible. J’ai encore un bon vingt minutes avant l’heure de notre rendez-vous et j’ai envie d’y courir et j’ai le coeur tout léger et des papillons plein le bide.

Aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaah!

C’est trop bizarre et cool mais bizarre.

Et puis je sors de la ville…. Je tourne au petit bosquet, continue jusqu’à la petite forêt.
Je me retrouve vers une petite cabane en bois. Je m’adosse à un poteau électrique en souriant tranquillement. J’aimerais bien vivre dans un endroit comme ça. Je me fais un petit film de la vie idéale : toi, moi, un clébard adorable et puis de la musique et des rires. Ca serait la belle vie.
Je chantonne quand j’entends un bruissement de feuilles qui me fait sursauter.
Je me félicite de ne pas avoir switcher full démon d’un coup. C’est un progrès.
Je n’arrive pas à savoir la raison pour laquelle Kaelig a choisi ce point de rendez-vous.
Cela dit, l’avantage, c’est que je peux bien ressembler à un panneau de signalisation : c’est pas les biches qui vont me faire chier avec ma tenue où aller cafter que je viens retrouver le chef des Sang-Coureurs… Si?
Je sors mon téléphone pour envoyer un petit message.

”Coucou mon coeur! <3
Je suis arrivée! (t’es en retard mais j’t’excuse parce que t’es mignon)
J’espère que tu viens pas à pied parce qu’il fait turbo-froid et j’dirais pas non à un endroit plutôt sec. x.x
Eh! J’ai ramené des bières de chez Gontrand!
Tu m’maaaaaaaaaaanques blblblblbl <3

- Si jamais tu devais retrouver ton amoureux en secret, tu t'y prendrais comment ?
-  C'est quoi ça ? T'as nouvelle technique d'approche parentale ? T'essaie de me faire cracher des tuyaux pour qu'après je me fasse gaulée ? T'es trop naze, Tata.

Viorea me lorgne par dessus son téléphone portable, la mine blasée de l'ado qui trouve les adultes "so boring".

- Non, j'essaie juste de faire un peu la conversation.

Ma fille soupire  et roule des yeux à se les énucléer.

- Ah, c'est l'instant "père-fille" imposé de la journée ? Faisons ça vite alors, j'ai pas envie de perdre mon temps avec toi.... Elle gonfle une bulle de chewing-gum qui éclate bruyamment. Ben déjà je trouverais un endroit cosy loin de la ville et loin d'toi, genre cottage ou chalet. Mama a toujours dit que les chalets c'étaient romantiques.
- Nous sommes en Irlande, il y a peu de chalets.
- On aurait du déménager en Suisse alors, plutôt que dans ce trou paumé où y pleut tout le temps. Bref... un truc sympa et confort, en marge, dans la nature, pour qu'on puisse baiser tranquille.
- Ça, ça ne risque pas d'arriver jeune fille !

Ni pour toi, ni pour moi.

- C'que t'es vieux jeu! pas étonnant que ta pouffiasse t'ait largué en feignant un cancer.
- Je te demande pardon ?
- C'est partout sur les réseaux sociaux ! Elle est bien vivante et elle s’est remise avec son ex....
- Hein ?
- Ouep, regarde! Elle tapote sur son écran tactile et pivote le téléphone vers moi. Le compte instagram d'Elehiel affiche des photos récentes d'elle et Enzo se trémoussant sur la piste de l'Eden's rest. Enzo Salguero est vraiment plus stylé qu' toi. Chais pas pourquoi tu t'ingénies à te looker comme un plouc alors que t'as du fric. Nouvelle bulle qui explose en particules sucrées. Alors ? Content d'avoir détruit notre famille pour rien ?

Vioréa retire ses pieds de la table et prend la direction de la porte.

- Fin du temps réglementaire "père-fille". Tchuss....

Je la laisse filer avec un soupir. au moins cet échange n'aura pas été complètement improductif.

*****************

Coucou mon coeur! <3
Je suis arrivée! (t’es en retard mais j’t’excuse parce que t’es mignon)
J’espère que tu viens pas à pied parce qu’il fait turbo-froid et j’dirais pas non à un endroit plutôt sec. x.x
Eh! J’ai ramené des bières de chez Gontrand! Very Happy
Tu m’maaaaaaaaaaanques blblblblbl <3

Entre dans la cabane,
et referme derrière toi,
la clé est sur la porte

L'intérieur de la chaumière n'est pas très grand, d'autant que le couloir est éclairé à la bougie par une série de photophores que les volets clos n'auraient pas laissé deviner.  Le chemin balisé de lumière mène à une pièce plus large où s'étend un tapis épais ornementé de divers coussins moelleux, occupés en partie par une guitare, et d'autres bougies de diverses tailles. Je trône au milieu assis en tailleur et je me fais un peu l'effet d'un maharajah. J'ouvre des tupperware pour me donner contenance : de la cuisine maison, simple et nourrissante, à grignoter avec les doigts.

- Tu as faim ? Si jamais tu as froid, j'ai ramené des couvertures aussi...

Entre dans la cabane, et referme derrière toi, la clé est sur la porte.

La porte…? De la cabane? Pourquoi y a les clés de la porte sur la cabane? Je plisse les yeux en me tournant lentement vers la cabane. C’est quoi ce plan?
Je me sens méfiante et c’est stupide parce que c’est Kaelig. Les vieux réflexes ont la vie dure, faut croire. Je renvoie un simple ok.
Est-ce que c’est l’absence de smileys qui me fait stressée? Pas la moindre idée.
Je m’approche de la cabane et, effectivement, y a les clés sur la putain de porte. Je les regarde en plissant les yeux. Allez savoir pourquoi je suis limite au bord de l’apoplexie. J’inspire un peu avant d’ouvrir pour découvrir… Des bougies.

J’éclate de rire. Un rire sincère. C’est mignon et j’me trouve un peu stupide d’avoir flippé comme ça. J’avance en suivant les petites lumières scintillantes, j’ai le sourire aux lèvres.

Bon, y a une part de moi qui flippe : y a des bougies partout et quand j’ai une émotion forte, j’explose en mazout, une vraie pluie de pétrole. C’est un coup à tout cramer.

Je découvre Kaelig, assis en tailleurs au milieu d’un grand tapis, avec de la nourriture. La pièce est baignée d’une lumière tranquille.

-Wouaaaah… C’est beau!

Je retire mon bonnet et m’approche de lui. T’es trop mignon, tu sais. La mise en scène.

-Bon, je suppose que t’es plutôt grave en avance, en fait.

Que je lance en pouffant de rire.

-Tu as faim ?
-Oui, ça sent super bon! C’est quoi tout ça?

Je zieute la nourriture d’un air intéréssé. Il a fait tout ça lui-même? Ca a l’air trop trop bon.

-Si jamais tu as froid, j’ai ramené des couvertures aussi…

Je l’observe avec un petite sourire malicieux. Je suis positivement glacée.

-Naaaan, j’ai une meilleur idée!

Je contourne la bouffe avec précaution après avoir déposé mon sac et viens me faufiler contre lui. Je l’embrasse. Tu m’as manqué. Tu me manques toujours quand t’es pas là. C’est débile, pas vrai. Ben je m’en fous, tu vois.
Je colle mes mains dans sa nuque.

-C’est super jolie cette cabane. Super romantique.

Je caresse son visage un petit moment avant de m’écarter pour sortir les bières de chez Gontrand et les poser à côté de la nourriture.
Je retire ma veste que je plie à coté de nous.
Je me sens chouchoutée, c’est terrible. J’ai un grand sourire que j’arrive pas à dégrapher de ma gueule et les larmes aux yeux.

-C’est trop trop bien. T’es trop fort. Tu vas m’faire chialer!

Que je lui lance en rigolant, la larmichette à l’oeil.

- Oui, ça sent super bon! C’est quoi tout ça?
- J'ai tenté de nous faire de quoi pique-niquer... Soit indulgente, je me suis remis à la cuisine il y a quelques mois seulement, avant c'était Lavinia qui faisait tout et j'avais interdiction d'approcher les fourneaux. Tu as des mini-galettes au parmesan, du cake feta-épinard, des triangles au guacamole et aux poivrons grillés, des minis hot-dogs, des sandwichs beurre de cacahuète, des tomates cerises et des concombres en bâtonnets avec une sauce au yaourt et fines herbes et.. euh...hum... Je pique un fard, tant je me fais l'effet d'une "desperate housewife"...bref.. Je.. t'as à manger, quoi... Si jamais tu as froid, j’ai ramené des couvertures aussi…
-Naaaan, j’ai une meilleur idée!

Fidèle à elle-même, Elie vient se pelotonner contre moi. Baisers de chaton mouillé, frigorifié, je lui souffle sur le nez pour la réchauffer et lui frotte les épaules. Je pourrais presque l'entendre ronronner.

- C’est super jolie cette cabane. Super romantique.
- Vraiment , elle te plait ?

Elle s'agite un peu trop, je la rattrape par la taille et la colle à mon torse. J'ouvre mon blouson pour l'enfermer avec moi, puis zippe la fermeture éclaire, bonnant-malant sur ce double volume.

- C’est trop trop bien. T’es trop fort. Tu vas m’faire chialer!
- J’espère pas, tout de même ! Parce que c'est la notre maintenant.

Je m'explique.

- J'en avais marre de te voir à la sauvette dans des ruelles sombres ou dans des planques désaffectées de Sang-coureurs, alors j'ai acheté cette cabane et les quelques hectares autour. C'est notre chez-nous...

Je l’écoute m’expliquer tout ce qu’il a préparé et j’en salive. La vache, il a fait de la bouffe pour trois cent personnes et tout ce qui me dit à l’air super bon. Je le vois rougir sans vraiment de raison. Ca me donne envie de le câliner fort et tout le temps.
Une fois blottie dans ses bras pendant qu’il me réchauffe et que j’ai la sensation d’être complètement envelopper de sa présence, je prends le temps d’observer la cabane dans les bois. Elle est jolie, romantique. Ca change des planques un peu glauques des Sang-Coureurs où on a toujours un peu peur de se faire prendre ou des ruelles. Ca, c’est plus facile.

-Vraiment, elle te plait ?

Je hausse les sourcils et souris. Elle a l’air super jolie la petite cabane. Je nous y verrais bien. Si je devais choisir un endroit où vivre avec Kaelig, ça serait sans doute quelque chose dans ce gout là. Pas trop grand, tout en bois, chaleureux, ouverte un peu partout, comme ça on est jamais loin de l’autre.

-Ouais! C’est vraiment une jolie cabane. J’aimerais bien habiter dans un truc comme ça, un jour.

Il me zippe dans son manteau et je pouffe de rire, encore un peu sous le coup de l’émotion et de la surprise. J’ai pas des masses l’habitudes qu’on soit romantique avec moi. C’est nouveau, surtout après l’enfer et tout ce qui se passe maintenant que je suis revenue. Ca me touche au dela des mots. Ca me tire un peu les larmes. Bon, ok, beaucoup.

-J’espère pas, tout de même ! Parce que c’est la notre maintenant.

Mon cerveau devient parfaitement blanc. Je comprends pas ce qu’il vient de me dire. Comme ça, “la notre”? Qu’est-ce qu’il veut dire? On se retrouve ici, maintenant? Notre petit coin caché?
Mais y a un truc bizarre, j’ai cette sensation de plongeon dans le bide.

-J’en avais marre de te voir à la sauvette dans des ruelles sombres ou dans des planques désaffectées de Sang-coureurs.
-Oui, c’est vrai que c’est pas top…
-Alors j’ai acheté cette cabane et les quelques hectares autour.

Je m’étouffe en avalant ma salive. Je tousse comme pas permis.

-Quoi?!
-C’est notre chez-nous…

Heureusement que je buvais pas, j’aurais éteint toutes les bougies.

-Attends? QUOI? EUH.

Je gigote dans son manteau pour lui faire face.

-Comment ça, t’as acheté la cabane et les hectares? C’est quoi des hectares, déjà? Et ensuite! COMMENT CA ON A UNE CABANE?

Je me dézippe tant bien que mal de sa veste pour sortir comme un diable de sa boite de notre cocon chaleureux.
Et je me mets à courir partout pour visiter.

-Aaaaah! KAELIG! Y a une mezzaniiiiiine! ET LA ON PEUT METTRE UN HAMAC! Et t’as ramené ta guitaaaaaaaare! AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH!

Je ne tiens plus en place. Je suis heureuse, avec un grand H. C’est la première fois que j’ai un chez moi et du coup, la première fois que j’ai un chez nous. Enfin, j’avais mon squat mais c’est pas pareil du tout. Je reviens lui sauter dans les bras et l’embrasse longuement avant de m’écarter pour lui dire.

-T’es un grand malade! T’es génial et t’es un grand malade! On a un chez nous! Haha! C’est chez toi et chez moi! C’est chez nous!

Je ris et je pleure tellement je suis heureuse. Je l’embrasse à nouveau avec un empressement stupide qui nous fait basculer en arrière.

-T’es trop génial! Olala! Kaelig! On a un chez nous!

Je sautille un peu sur lui avant de m’allonger à coté de lui et de le regarder, caler contre son bras.

-J’ai beaucoup de mots mais j’ai pas les mots. J’veux dire. C’est. Une maison. Et, j’ai hate de faire pleins de souvenirs ici. Avec toi. Ouais…

Je regarde le plafond, en souriant.

-Ouais… On va se faire des beaux souvenirs ici. C’est sûre.

L'information mets un certain temps à l'impacter. Je vois son visage s'éclairer au ralenti, c'est assez drôle.


- Comment ça, t’as acheté la cabane et les hectares?
- Oui...
- C’est quoi des hectares, déjà?
- Les quelques kilomètres carrés de terrain autour de la baraque.
- Et ensuite! COMMENT CA ON A UNE CABANE?
- On a une cabane.

J'éclate de rire.
La voilà qui s'extirpe de mon cocon-blouson en manquant défoncer le zip. Elle gambade partout tel un cabri dans son vert pâturage. Visiblement j'ai été bien inspiré par cette initiative. J'avais peur qu'elle le voit comme... Je ne sais pas, une sorte d'annexe à ma maison principale.
Elle se vautre sur moi - et j'en tombe presque à la renverse - sa petite frimousse pailletée luisant d'un sourire de gamine extatique. Craciun avant l'heure.

- T’es un grand malade! T’es génial et t’es un grand malade!
- Je suis juste amoureux de toi.
Ma vieille déclaration sirupeuse passe à la trappe.
- On a un chez nous! Haha! C’est chez toi et chez moi! C’est chez nous!
- Si j'avais su que ça te mettrait autant en joie, je l'aurais fait avant !
-T’es trop génial! Olala! Kaelig! On a un chez nous!

Cette fois elle m'embrasse si fougueusement que j'en ai le ventre qui crépite. On bascule dans les coussin en s'enlaçant comme des adolescent. Je n'ai plus l'âge pour ces bêtises. Mais ce sont des bêtises qui me vivifient le coeur et les sangs.

- J’ai beaucoup de mots mais j’ai pas les mots.
- T'es pas obligée de dire quoi que ce soit, tu sais... Je lui caresse le bout du nez du mien.
- J’veux dire. C’est. Une maison.
- Oui... ça a quatre murs et un toit. et même des fenêtres : la folie !
- Et, j’ai hâte de faire pleins de souvenirs ici. Avec toi. Ouais… Ses yeux brillent alors qu'elle contemple le plafond. Moi, je suis en adoration de son profil...Ouais… On va se faire des beaux souvenirs ici. C’est sûre.
- On va commencer par la peindre et la décorer ensemble... On va s'écharper sur la couleur et le mobilier comme n'importe quels couples qui se respectent. Peut-être même qu'on se fera un potager et un petit coin insonorisé pour jouer de la gratte...Je rigole un peu et je la sens gondoler sur ma poitrine... Stea mea....

Je me penche au dessus d'elle pour l'embrasser avec une tendresse qui se meut peu à peu en désir.

FEU ROUGE GROS MALIN !
Tu sais très bien que ça va mal finir.

- Je t'aime, tu le sais, hein ?

Dans ces moment là, j'oublie nos natures respectives, nos engament mutuels, le monde affreux dans lequel nous vivons... J'oublie et je me projette dans un quotidien de tranquillité bénie à se réveiller à ses côtés, à jouer de la musique quand bon nous chante, à simplement savourer le bonheur d'être ensemble.

Une illusion bien douce pour un brave vieux guerrier...

- Un jour je rendrais officiel notre relation...

Je l’entends rire à travers l’ivresse de ce qui se passe. Je le sens se détendre aussi. J’imagine qu’il a dû hésiter à faire ça. J’imagine aussi que je pourrais trouver à redire sur le sujet mais la vérité c’est que ça serait le cas si je n’avais pas une confiance absolue en Kaelig. Quand il me dit que c’est chez nous, je le crois quand bien même j’y ai pas mis un centime.
On a une cabane. J’ai du mal à réaliser. La déclaration d’amour ne passe pas inaperçu, loin de là. Je suis juste parfaitement débordée, j’ai envie de tout faire maintenant et quand on s’allonge et que j’essaie d’expliquer comment c’est trop cool.

-Oui… ça a quatre murs et un toit. Et même des fenêtres : la folie !
-Mais grave! C’est la première fois que j’ai une maison! Et en plus, c’est la notre. Ca la rend doublement cool.

Et puis, pour la première fois depuis longtemps, je me projette vraiment. J’imagine les éclats de rire, les moments doux. Y a cette flamme inextinguible qui brule en moi et elle se dit qu’elle a bien fait de jamais s’éteindre. D’avoir confiance en toi.

-On va commencer par la peindre et la décorer ensemble…
-Yay! De la déco!
-On va s’écharper sur la couleur et le mobilier comme n’importe quels couples qui se respectent.
-Bah… Pourquoi? Moi, j’pense qu’on va s’entendre. Y a pas de raison! Elle est toute mignonne, faut juste la transformer en cocon confortable, nan?
-Peut-être même qu’on se fera un potager
-On ferait pousser des tomates!
-et un petit coin insonorisé pour jouer de la gratte…
-Oh? J’pourrais pas t’entendre jouer du lit alors? Je vote contre!

J’accompagne ma réplique d’une trogne boudeuse alors que je gigote contre lui pour montrer mon mécontentement.

-...Stea mea…

Il m’embrasse de cette manière qu’il a parfois de m’embrasser. Celle qui fait exploser des étincelles dans mon ventre. Celles que je comprends jamais. Habituellement, elles me font peur mais là, ça va.
Enfin. Je crois.
Toujours est-il que je n’ai d’yeux que pour lui. Je peux pas m’empecher de le trouver beau. L’éclairage des bougies rend sa peau toute dorée et ses yeux pétillent, il a l’air bien.

-Je t’aime, tu le sais, hein ?
-Bien sûr que je le sais, mon coeur. Moi aussi, je t’aime.

J’imagine que nos rendez-vous sous tension l’ont inquiété. C’est vrai qu’on s’est pris le bec plusieurs fois. Des fois, j’appréhende un peu que ça se passe mal mais il suffit que je le vois pour que ça me passe.

-Un jour je rendrais officiel notre relation…

Je hausse les sourcils. Surprise, à nouveau, je l’observe sérieusement. Je pourrais exploser de joie à nouveau. Il a cet air solennel des grands jours. Je sais reconnaître un serment chez Kaelig quand j’en vois un et ça en a la saveur.
Ca me touche. J’ai du mal à comprendre les tenants et les aboutissants de notre relation aux vus du monde mais je sais à quel point Kaelig les perçoit et -si ça ne me plait pas vraiment- la nécessité à se cacher pour ne pas déséquilibrer la balance.
Je caresse son visage doucement, me redresse pour l’embrasser.

-Pas que j’aimerais pas, au contraire, j’adorerais pouvoir me balader partout main dans la main avec toi mais… Tu es sur?

Mes mains se perdent dans ses cheveux alors que je parcours à nouveau son visage. Une part de moi se demande si ma joie n’aurait pas déclenché mon pouvoir sans que je m’en aperçoive. Quoiqu’il en soit, cette déclaration me fout de la flotte dans les yeux. Il va vraiment finir par me faire chialer. Je trouve que je contrôle plutôt bien ma transformation même si ça commence vraiment à me tirailler le dos. J’essaie pourtant de jouer le rôle de la sagesse.

-Si tu t’affiches définitivement avec moi, maintenant. Les Sang-Coureurs vont explosés, non? J’veux dire… Je sais que j’y comprends pas grand chose à tout ça mais tu viens d’acheter une cabane dans la forêt pour qu’on puisse s’y retrouver discrètement… J’veux juste pas que tu… regrettes après...

Je viens me lover contre lui, main sur son coeur.

-MAIS! Si c’est ce que tu veux, fais-le.

Je lui souris.

-Moi, je suis là quoiqu’il arrive. Je te tiens la main.

Je l’embrasse tout doucement.

-Parce que je suis juste amoureuse de toi.

Je pouffe de rire avant d’attraper un petit cake pour toi et un pour moi. Je mords dedans et c’est juste trop bon.

-Han! C’est trop bon!

Je me cale contre lui pour savourer. Ca fait tellement de beau trucs qui arrivent. J'occupe ma bouche et mes mains. Le fait est que je flippe qu'il me dise que j'ai raison même si il a le droit. J'ai très envie de pouvoir faire des sorties avec lui. Aller au cinéma, aller voir un concert, se balader dans les rues main dans la main...

- Pas que j’aimerais pas, au contraire, j’adorerais pouvoir me balader partout main dans la main avec toi mais… Tu es sur?
- Je fatigue de mentir...
- Si tu t’affiches définitivement avec moi, maintenant. Les Sang-Coureurs vont explosés, non?

Soupir lasse.

- C'est un risque en effet.
- J’veux dire… Je sais que j’y comprends pas grand chose à tout ça mais tu viens d’acheter une cabane dans la forêt pour qu’on puisse s’y retrouver discrètement… J’veux juste pas que tu… regrettes après... MAIS! Si c’est ce que tu veux, fais-le.
- Je n'ai aucun regret. Pour le moment on va faire bon usage de cette maison secrète. Le temps que je prépare correctement le terrain. J'y songe depuis un moment. Nous nous sommes trompés sur le compte d'Unseelie. C’est beaucoup plus énorme que nos querelles surnaturelles habituelles. Nous devons faire front commun créatures comme humains. Je pense que le temps d'officialiser notre alliance avec Malsheem arrive à grand pas et qu'à ce moment là nous découvrirons de quel bois se chauffent mes hommes et si nos liens avec l'ICV ont les reins solides. Il y aura de la casse, peut-être de la perte.... Mais la menace est bien trop importante.


J'ai un petit sourire de sale gosse.

- A titre personnel, je commence à fréquenter plus de démons que de chasseurs. Il serait temps que je clarifie ma position à ce sujet, tu ne crois pas ?
-Moi, je suis là quoi qu’il arrive. Je te tiens la main. Parce que je suis juste amoureuse de toi. Elie picore à ma bouche et pépie de bonheur : Han! C’est trop bon!

Je ris doucement en lui caressant les cheveux.

- Bientôt, on sera libre, je te le promets....

Tu es épuisé. J’ai l’impression de te freiner dans ton envie de liberté et ça me fait mal à coeur. Ton soupire pourrait déclencher un ouragan. Je presse tes mains, dans une vaine tentative de te donner un peu de force. Je ne veux pas que tu ailles trop vite pour toi, c’est tout.

-Je n’ai aucun regret.

Je hoche doucement la tête et embrasse le dos de ta main.

-Ok, bébé.
-Pour le moment on va faire bonne usage de cette maison secrète. Le temps que je prépare correctement le terrain.
-hmhm.
-J’y songe depuis un moment.
-Petit cachotier. Que je lui lance en souriant un peu.
-Nous nous sommes trompés sur le compte d’Unseelie.

Je baisse les yeux un court instant. Toute cette histoire me met mal à l’aise. Je me pelotonne contre lui.

-C’est beaucoup plus énorme que nos querelles surnaturelles habituelles.
-...Ouais…
-Nous devons faire front commun créatures comme humains.
-Ca serait une bonne idée, oui.
-Je pense que le temps d’officialiser notre alliance avec Malsheem arrive à grand pas et  qu’à ce moment là nous découvrirons de quel bois se chauffent mes hommes et si nos liens avec l’ICV ont les reins solides.
-... J’aime pas l’ICV… Y a un truc qui cloche. Y a plein de rumeurs chelous qui circulent dans la rue.
-Il y aura de la casse, peut-être de la perte…

La guerre, à nouveau. J’inspire doucement et hoche lentement la tête. Je me prépare mentalement à retourner au combat.

-La menace est bien trop importante.
-C’est vrai.

Je relève la tête pour le regarder sourire comme un gamin qui va faire une bêtise.

-A titre personnel, je commence à fréquenter plus de démons que de chasseurs.

Je rigole comme une gamine et passe mes bras autour de son cou.

-Ouuuuuh! Sale délinquaaaaant!
-Il serait temps que je clarifie ma position à ce sujet, tu ne crois pas?
-Si. Je pense que si. Surtout vu le bien que ça te fait de t’extirper de tout ça. Je pense que ça te fera du bien de l’assumer une bonne fois pour toute. Moi, je suis là quoiqu’il arrive. Je te tiens la main. Parce que je suis juste amoureuse de toi.

Je mange pendant qu’il rit. Je viens lui tendre un mini hot-dog. Il me regarde en caressant mes cheveux. Ca déclenche une rougeur sur mes joues que je ne cache pas. J’embrasse sa paume doucement.

-Bientôt, on sera libre, je te le promets…

Je souris puis je l’embrasse doucement. Je caresse doucement son visage à nouveau, je m’en lasse pas. Je pense que je m’en lasserais jamais.

-D’accord….

Je me tourne pour récupérer deux bières que je décapsule d’un coup de dent. Je lui tend.

-A notre future vie libre et à cette jolie cabane qui sera notre nid douillet alors.

On trinque à la beauté de ce moment aussi, non. Un calme dans la tempête.

C'est sorti.
Ce parpaing qui me pesait sur l'âme. Le formuler aussi clairement et intelligiblement me fait un bien fou. Je me sens libéré. Pour autant, désormais mises en mots, la perspective, autrefois hypothétique, se meut en secrète détermination. Un but à atteindre, un idéal à concrétiser, une cause honorable.
Je respire tendrement les cheveux d'Elehiel. A nous voir, là, comme ça, nous n'avons pas la moindre chose en commun. Pire, tous nous opposent : l'âge, la nature, le milieu, l'éducation, ... Et pourtant, personne ne m'a révélée autant qu'elle ne l'a fait. On peut être un étranger pour soi, tout au long de sa vie.

Tragique.

- Je t'aime....

Elle se redresse et décapsule sa bière avec les dents. Je ne peux m'empêcher de ricaner.

- Glamour !
- A notre future vie libre et à cette jolie cabane qui sera notre nid douillet alors.
- A la liberté et à la vie tout court.

Les bouteilles s'entrechoquent et les gorges s'abreuvent. Je pousse un long soupir.

- En vérité, je pense que la personne qui sera la plus difficile à convaincre de ces changements sera Vioréa. Je lorgne vers Elie avec un soupçon de taquinerie. Elle suit ton instagram et pense que tu t'es inventée une mort pour échapper au vieux friqué barbant que je suis? Enzo serait ton véritable amant et vous auriez monté le coup ensemble. En plus d'être con, je suis doublement cocu.

Sourire qui s'éteint un peu.

- J'ai essayé, beaucoup essayé depuis l'internement de sa mère et notre séparation, mais décidément, je ne pige rien aux adolescentes....Si t'as un mode d'emploi, fais-le moi savoir....

Je le sens se détendre. Comme toujours, avoir dit finalement les choses, les faire sortir l’apaise au plus haut point. Je cale ma tête contre lui, me delecte de chaque inspiration qu’il prend, enfouie là-haut. C’est délirant comment je suis accro à tous ces petits détails.

-Je t’aime…
-Moi aussi, mon coeur. Plus fort que tout.

J’ouvre les bières à la dure et ça le fait rigoler. Je lui tire la langue avant de trinquer.

-A la liberté et à la vie tout court.
-A la liberté et à la vie.

Ca me parait mieux, oui. On boit et je me détend tranquillement, j’attrappe un plaid dans lequel je nous enroule maladroitement.

-En vérité, je pense que la personne qui sera la plus difficile à convaincre de ces changements sera Vioréa.

Il m’offre un sourire taquin qui m’interpelle. Sa fille n’est jamais l’objet de blague, il prend la situation avec un grand sérieux et avec un certain désarroi.

-Elle suit ton instagram…
-Mais non! Que je fais en souriant comme une abrutie.
-Et pense que tu t’es inventée une mort pour échapper au vieux friqué barbant que je suis?
-Olala! Mais c’est pas vrai…
-Enzo serait ton véritable amant et vous auriez monté le coup ensemble.

J’éclate d’un rire spontané et incontrôlable.

-Si tu savais le NOMBRE de gens qui ont cru que Enzo et moi on était en couple! HAHAHAHA! C’est hilarant! Alors que j’suis probablement la seule personne au MONDE qu’il a jamais baisé!

-En plus d’être con, je suis doublement cocu.
-T’es pas con.

Je fais volteface pour lui voler un baiser furtif avant de voir son sourire fané. Je caresse son visage. J’attends un peu.

-J’ai essayé, beaucoup essayé depuis l’internement de sa mère et notre séparation, mais décidément, je ne pige rien aux adolescentes…
-Oh…

Je caresse son visage doucement, lui redresse un peu la tête et pose un baiser rapide sur ses lèvres.

-Si t’as un mode d’emploi, fais-le moi savoir….

Je réfléchis à la question en jouant doucement avec la barbe de Kaelig.

-Elle et moi… On est… très différentes… Mais, je pense qu’elle morfle beaucoup et que son seul repère, vu que tu t’es effacé longtemps, ça a été Lavinia. Et là, tout à coup, on la prive de ce repère… Et forcément, dans sa tête, tu es responsable. Je pense pas qu’elle soit bête mais… Elle a mal et c’est plus facile de rager sur toi que d’envisager que son repère est… bancal?

Je me tais un moment.

-J’ai pas de solutions miracles mais je pense que ce que tu fais est un bon début et que ça va jamais être très simple. A un moment donné, je pense qu’elle a le droit d’être en colère. C’est un sentiment valide, c’est naturel, vu la situation. Et elle a le droit de l’être contre toi. Pas parce que t’es un gros méchant mais juste parce que tu as été l’initiateur de la rupture définitive. Alors… Peut-être qu’il faut simplement lui faire comprendre que tu acceptes sa colère et que malgré elle et malgré tout le reste autour - moi comprise - tu seras là pour elle et que ça ne veut pas dire être contre sa mère. Peut-être qu’elle se moquera de toi, sur le coup. Parce que, dans la famille vous avez vraiment une toute petite fierté, tu vois.

Je lui pince le nez en riant un peu pour détendre l’atmosphère.

-Mais, je peux te dire que ça sera entendu et tester. Enfin, c’est ce que j’imagine en tout cas.

Je souris un peu. Je me sens toujours un peu stupide à essayer de donner des conseils à ce sujet. Je ne sais pas ce que c’est d’être parent. J’imagine juste ce que c’est d’être un enfant en manque de repère. Je sais ce que c’est d’avoir peur d’avoir confiance, d’être en colère contre tout ce qui m’entoure. J’espère sincèrement que Vioréa ira mieux parce qu’elle doit se sentir affreusement mal en permanence.

-Ta fille, elle a quand même une sacrée force, de ce que tu me racontes. Elle agit comme une basic bitch mais je pense qu’au fond, c’est loin d’être une mauvaise personne. Elle est juste à bout et elle a mal, alors… Elle fait comme on lui a appris. Elle se venge sur tout ce qui bouge parce que “tout le monde est le jouet de tout le monde”... Elle a probablement besoin de temps et de savoir que tu es là et vigilant désormais. Sur ce qui est bien et mal, sur ce qui l’affecte ou non.

Je soupire.

-J’imagine qu’à sa place, je me demanderais si ton intérêt est sincère. Genre, si tu t’interesses à moi parce que t’as plus le choix, maintenant que t’as ejecté ma mère de l’équation. Faut bien que tu t’occupes de moi et que tu redores ton blason pour pas être le méchant. Elle a peut-être du mal à croire que les gens peuvent être sincère. Toi, d’autant plus, puisqu’elle considère que tu as trahis Lavinia.

Je plisse les yeux.

-Bref, j’sais pas trop quoi te dire alors je parle encore beaucoup mais… Voilà. C’est juste ce que j’ai en tête quand tu m’en parles. Elle a mal, elle a pas confiance, elle le cache superbement bien. Je sais pas trop si ça t’aide… Ou si j’t’accable, là….

Je le serre dans mes bras.

-Tu vas t’en sortir, t’es un battant et puis t’es pas tout seul. J’sais bien que t’es capable d’être un papa en or. Léviathan t’adore, c’est un signe. Et puis, t’as toujours aimé tes gamins et tu commences à le montrer pour de vrai et c’est tellement cool et beau à voir. C’est pas facile mais tu vas t’en sortir. Et ils vont s’en sortir avec toi, tu verras.

J’embrasse son cou.

Je médite tes paroles. Tu es toujours infiniment perceptive, empathe comme seule une mère pourrait. Tu ferais une maman d'une sacrée trempe pour mes grands ados usés par leurs parents indignes. Asmodée avait raison : tu sais causer aux gamins.

- C'que tu me dis me semble sensé. J'essaie, dis-toi... J'essaie d'être là malgré ses rebuffades et ses insultes systématiques. Je me sens coupable, moins d'avoir initié la rupture que d'avoir accepter de m’éclipser de mon rôle de père.
- Ta fille, elle a quand même une sacrée force, de ce que tu me racontes.
- Ah ça, elle a un foutu caractère.
- Elle agit comme une basic bitch mais je pense qu’au fond, c’est loin d’être une mauvaise personne. Elle est juste à bout et elle a mal, alors… Elle fait comme on lui a appris.
- Tu veux dire.. ce que sa mère lui a appris ?
- Elle se venge sur tout ce qui bouge parce que “tout le monde est le jouet de tout le monde”... Elle a probablement besoin de temps et de savoir que tu es là et vigilant désormais. Sur ce qui est bien et mal, sur ce qui l’affecte ou non. J’imagine qu’à sa place, je me demanderais si ton intérêt est sincère.
- Mais enfin, c'est sincère ! que je proteste.
-...Genre, si tu t’intéresses à moi parce que t’as plus le choix, maintenant que t’as éjecté ma mère de l’équation. Faut bien que tu t’occupes de moi et que tu redores ton blason pour pas être le méchant. Elle a peut-être du mal à croire que les gens peuvent être sincère. Toi, d’autant plus, puisqu’elle considère que tu as trahis Lavinia.

Je reste sans voix devant cette sinistre analyse. Plus je la tourne et retourne mentalement plus elle m'apparait insupportable de vérité.

- Bref, j’sais pas trop quoi te dire alors je parle encore beaucoup mais… Voilà. C’est juste ce que j’ai en tête quand tu m’en parles. Elle a mal, elle a pas confiance, elle le cache superbement bien. Je sais pas trop si ça t’aide…
- ...Nous avons sciemment et méthodiquement détruit chacun de nos enfants.... fais-je d'une voix blanche.
- Ou si j’t’accable, là….

Rire un peu triste.

- Un peu des deux... C'est malheureusement mérité.
- Tu vas t’en sortir, t’es un battant et puis t’es pas tout seul. J’sais bien que t’es capable d’être un papa en or. Léviathan t’adore, c’est un signe.
- C'est pas très rationnel ça non plus, soyons honnête...
- Et puis, t’as toujours aimé tes gamins et tu commences à le montrer pour de vrai et c’est tellement cool et beau à voir. C’est pas facile mais tu vas t’en sortir. Et ils vont s’en sortir avec toi, tu verras.
- Et toi, t'assumerais de jouer ton rôle à mes côtés un jour ? Je.... Je veux t'obliger à rien, mais... t'es douée pour comprendre les gosses. T'es douée pour comprendre les gens, tout court.

J'ai mis Kaelig mal. Je m'en rends bien compte. Je suppose que, quand il va s'agir de ses enfants, ca sera souvent comme ça. Je caresse son visage, essuie le sourire piteux d'un baiser pansement. J'essaie de lui remonter un peu le morale avec Leviathan.

-C'est pas très rationnel non plus, soyons honnête.
-Non, c'est vrai. Mais je sais pas bien si les relations humaines ca relève de la raison? Je pense que c'est tout sauf rationel de se projeter dans autrui. Parce que c'est invariablement compliqué et douloureux.

Je hausse doucement les épaules avant de me caler contre lui.

-Et toi.
-Quoi, moi?
-t'assumerais de jouer ton rôle à mes côtés un jour ?

Je me redresse et l'observe. J'y ai réfléchis. Un peu. Le jour où lui et moi ca sera officiel, sa famille deviendra, techniquement, la mienne.
Viorea, Sorin, Cristian, Mihai et tout le reste dont je retiens pas encore les noms. Ca me fout le vertige. Un peu. C'est un sujet sérieux. Je crois que ça m'inquiète mais surtout ca me remplit d'un sentiment de responsabilité. Je dois avoir l'air beaucoup trop sérieuse parce que Kaelig commence presque à bafouiller.

-Je.... Je veux t'obliger à rien, mais…
-Mais quoi? Que je reponds en souriant
- T'es douée pour comprendre les gosses. T'es douée pour comprendre les gens, tout court.

Je rougis un peu. Ca me touche tellement fort. Je l'embrasse, longuement, avec une détermination nouvelle et profonde.

-Je t'aime. Et quand il faudra, je serais là, a tes côtés. Comme t'es là aux miens. Et tu ne m'obliges pas. Jamais. Je serais à la hauteur. Et putain.

J'eclate de rire.

-Tu viens d'faire de moi une belle mère, bordel. T'as pas honte nan?

Je le chatouille en rigolant avant de l'embrasser à nouveau.

-En vrai, y a le tiers de tes enfants qui sont plus vieux que moi. Haha!

Je me recale contre toi. Yeux fermés, j'inspire tranquillement.

-j'y ai pensé longtemps. Que être ensemble à terme, ça voudra dire aussi m'impliquer dans la vie de ta famille. Et. Ca me va. Comme ca je pourrais aussi avoir le nez dans ta penderie. C'est insane d'être péter de thune et de te saper comme Jacda. Sérieux.

Je lui tire la langue avant de lui fourrer une tomate dans la bouche avant qu'il proteste.

-Teuteuteu. Le style a son importance. Et t'es beaucoup trop canon pour être passe-partout. Oui oui a la chasse tout ça mais.

Je l'embrasse a chaque mot.
-t'es. Trop. Beau. Pour. Etre. Saper. Comme. Tout. Le. Monde.

Je lui souris.

La réponse me soulage plus profondément que je ne l'aurais cru. Ton hilarité me soulage. L'espace d'un instant j'ai cru avoir commis un impair, marché sur une mine explosive; pourtant tu semble avoir pris le temps de réfléchir à la question. Le simple fait que tu ais pris en compte cette perspective fait pétiller l'étoile gravée au palpitant. Je me joins à ta liesse sans retenu

- Tu viens d'faire de moi une belle mère, bordel. T'as pas honte nan?
- Carrément pas, t'es bien plus sexy et sympa que celles des contes de fée.
- En vrai, y a le tiers de tes enfants qui sont plus vieux que moi. Haha!
- C'est pas toi qui disant qu'on en avait rien à foutre de l'âge ! Y'a aussi un bon tiers qui t'a déjà adoptée.
- J'y ai pensé longtemps. Que être ensemble à terme, ça voudra dire aussi m'impliquer dans la vie de ta famille. Et. Ça me va.

Je gratifie cette déclaration solennelle d'un profond et serein baiser. Je sens tes lèvres frétiller d'un sourire dans mes moustaches.

- Comme ça je pourrais aussi avoir le nez dans ta penderie.
- Quoi?!!!
- C'est insane d'être péter de thune et de te saper comme Jacda. Sérieux.
- Rahat! Je grimace avec un air faussement offusqué. T'es dure sur ce coup ! Mes chemises sont pas trouées à la brûlure de cigarette et teintes au vomi de la biture de la veille !
- Teuteuteu. Le style a son importance. Et t'es beaucoup trop canon pour être passe-partout.
- N'insulte pas la flanelle de mes ancêtres! fais-je amusé.
- Oui oui a la chasse tout ça mais.
- Maiiiiiis...... ?!
- T'es. Trop. Beau. Pour. Être. Saper. Comme. Tout. Le. Monde.
- Si c'est le prix à payer pour que tu partages officiellement ma vie, je consens au relooking. MAIS, JE TE PRÉVIENS, je ne porterais pas de léopard ou de paillettes comme ton pote Enzo. J'aimerais conserver un minimum de crédibilité dans mon domaine... Pas de machins qui brillent.

- Carrément pas, t'es bien plus sexy et sympa que celles des contes de fée.
-Bah encore heureux putain! J'ai pas les chapeaux ridicules!

Je rigole de plus belle. Tu as l'air soulagé, mon amour. Tellement soulagé. J'imagine que ça aurait pu me surprendre mais je te connais. Je sais quelle importance a et aura toujours ta famille. Je n'y comprends pas grand chose pourtant Enzo, Even et quelques rares personnes font partie de ce qui me semble être ma famille de coeur, ma famille de galère aussi. Il y en a un qui commence à me turlupiner de ramener. Plusieurs en fait. Les Dormeurs, Owen surtout.

-C'est pas toi qui disait qu'on en avait rien à foutre de l'âge ! Y'a aussi un bon tiers qui t'a déjà adoptée.
-Hahaha! J'suis trop populaire, qu'est-ce que tu veux? Chui la cool kid du quartier, c'est tout.

Je me pavane limite sous son nez en lui lançant des oeillades comiques. Et puis je m'attaque à un gros problème, celui du "papy pouilleux" comme on l'appelle avec Ciulin quand personne d'autres nous entend. Kaelig cable tout de suite et ça me fait pouffer de rire comme une andouille. Il est mignon quand il fait sa mijaurée comme ça.

-Rahat! T'es dure sur ce coup !
-han han! que je lui lance en secouant mon doigt négativement comme une vraie desperate housewife.
-Mes chemises sont pas trouées à la brûlure de cigarette et teintes au vomi de la biture de la veille !
-C'tout c'qu'il leur manque, hein!
-N'insulte pas la flanelle de mes ancêtres!
-Laisse la à tes ancêtres, ça leur va mieux au teint, beau gosse!

Je m'amuse comme une gamine et lui aussi. On se chamaille faussement, c'est délicieux.
Finalement, il craque.

-Si c'est le prix à payer pour que tu partages officiellement ma vie, je consens au relooking.
-yaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaay!
-MAIS, JE TE PREVIENS.
-bouuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuh!
-je ne porterais pas de léopard ou de paillettes comme ton pote Enzo.
-J'y avais même pas pensé! Tu m'prêtes de ces intentions! J'suis trop vexée!
-J'aimerais conserver un minimum de crédibilité dans mon domaine... Pas de machins qui brillent.
-Amour, je peux te rendre encore plus crédible que t'es maintenant, juste en changeant ta garde robe. T'as la prestance d'un chef mais la garde robe de n'importe qui. Bon, avec un gros porte-feuille, CERTES.

Je souris et je me cale contre lui.

-Le style et les vêtements, c'est aussi un moyen de véhiculer qui tu es et de le faire de manière subtile. J'te parle pas de te foutre en legging ou de mettre des crop-tops. Je te parle d'apprendre à te mettre en valeur et à te magnifier. Parce que t'es beau et charismatique.

Je plisse les yeux.

-Bon par contre, j'nous ferais des tenues coordonnées, t'as pas le choix. On va être trop beaux.

Grand sourire.
Vibration de téléphone. Je plisse les yeux.

-Je... Faut que je regarde.

Je récupère mon téléphone en me tortillant et l'allume, je deviens pale, me pupilles virent au noir d'encre. La Haus. J'avais oublié ça. J'ai fait ça avant de mourir...

-Oh putain...

J'ouvre le mail, je le lis doucement et j'en reviens pas. Peu à peu l'envie de sauter partout. La joie, la grandiose et merveilleuse joie! Je me sens devenir poisseuse.

-aaaaaaah! Noooon! Pas ici! blblblblb!

Je saute sur mes pieds et fonce dehors par la porte de derrière. Le téléphone me glisse des mains et part comme une savonette.

-Naaaan! Reviens! Haaaah!

Une explosion de mazoute plus tard, j'suis completement dégueulasse, mes ailes papillonnes dans mon dos comme des chiots en joie.

-Ils m'ont retenuuuuuuuuuuuuuuuuuuuu! HAHAHA! KAELIIIIIIG! Ils m'ont retenuuuuuus! OLALA!

On se gondolent comme des baleines, on cabotinent comme des porcelets. Toute une ménagerie à deux sans pour autant être un sempiternel Taureau. Tu me rends terriblement vivant, stea mea.

- Oui, continue de me lustrer la couenne, j'aime qu'on me dise que je suis "beau" et "charismatique"... fais-je avec un sourire de crooner. Ceci étant mon métier me pousse à me fondre dans la masse, tu sais.
-Bon par contre, j'nous ferais des tenues coordonnées, t'as pas le choix. On va être trop beaux.
- Siiii tu veux.... Tu n'écoute pas ma maigre contre-argumentation.

Je sens quelque chose vibrer contre mes cuisses. Visiblement, ta fesse grelotte.

- Je... Faut que je regarde.

Je te libère à regret pendant que tu te redresses. Ton visage s’affaisse sur une expression que j’interprète comme catastrophée.

- Oh putain...
- Draga, que se passe-t-il ?

Mon inquiétude grimpe à l'aulne de ton excitation. Une boue noire et suintante suppure par tes pores. Tes yeux se voilent d'une couche opaque.

- Aaaaaaah! Noooon! Pas ici! blblblblb!
- Elie ! Parle-moi ! Dis-moi quelque chose !

Tu te lèves précipitamment pour courir au dehors. Je te suis -en toute inconscience- , ramassant au passage le téléphone qui vient de t'échapper des doigts.

- PUTAIN DE MERDE EL..... Sur le seuil de la porte je me prends une giclée de goudron qui me barbouille la gueule et me colle le poil... lie.

Je me dégage la bouche et les yeux d'un revers de mains; et je crache le surplus dégueulasse de mazout que j'ai failli avalé. Tu batifoles dans les fougères comme une fée azimutée.

- Ils m'ont retenuuuuuuuuuuuuuuuuuuuu! HAHAHA! KAELIIIIIIG! Ils m'ont retenuuuuuus! OLALA!
- Qui. T'a. retenue... que j'interroge d'un ton morne.

Je ne pige absolument rien.

- Elie ! Parle-moi ! Dis-moi quelque chose !

Je l'entends. Dans le lointain. C'est caché sous une couche de pure excitation. Je n'ai envie que d'une chose : sautiller encore et encore et encore. Fallait-il que je meurs pour que finalement les choses aillent mieux? J'en sais rien mais putain. Ce mail! CE MAIL!

Je capte à peine que j'ai englué Kaelig. Je serais désolée après. Là, je suis toujours en train de retourner tout ca dans mon cerveau. C'est trop beau, trop énorme. Ca veut enfin dire que je vais gagner de l'argent sans avoir à mettre mon cul sur le trottoire ou m'enfermer dans un job que je tiendrais de toute façon pas. C'est le soucis avec la santé mentale fragile.

Toute à ma liesse, je partage avec toi. Et forcément, tu comprends absolument rien, mon amour. Ca me fait rire un peu. T'as ta tête de bougon.

-Qui. T'a. Retenue?
-La Haus of Gaga!

Je m'attends a ce qu'il comprenne pendant quelques secondes avant de réaliser qu'il ne peut pas. Et vu les yeux qu'il me lance, il commence a penser que je le prends pour un con ou bien qu'il est trop vieux pour ces conneries alors je lui vole un baiser avant de lui expliquer.

-Tu te souviens quand j'étais malade, je bossais sur plein de projets? Y avait le pieu automatique. Mais avant j'ai fait d'autre trucs. Des fleurs, des trucs du style et. A l'arena, j'ai filmé une Chorégraphie, tu te souviens? Bah j'ai envoyé tout ça à la haus of gaga. C'est un énorme collectif d'artistes en tout genre gérer et créer par Lady Gaga. Entre temps, je suis morte et bon, j'ai oublié.

Je sautille tout contre lui.

-Ils viennent de me repondre et je suis prise! Ils veulent de mes pieces! J'ai pas tout lu mais ils ont trouvé ca génial! Tu te rends compte? Mon travail! Ils l'ont trouvé genial!!! Ca veut dire que mes pieces vont apparaitre avec Gaga et que je vais avoir du travail pour de vrai! J'ai jamais eu de vrai travail! C'est trop cool! Et flippant! Mais trop coooool!

Je suis parfaitement exaltée.

-La Haus of Gaga!
- La... quoi ?

J'ai l'impression que tu viens de proférer une formule d'invocation obscure, de quelques démons inconnus. Tu me gratifies d'un bécot poisseux, mais ça ne m'aide pas franchement à y voir plus clair. Finalement, tu consens à quelques explications... Qui me laissent tout de même dans le brouillard.

- Lady Gaga, la chanteuse qui porte des robes de viande ?

Je me rappelle vaguement que Viorea aime cette chanteuse avec des costumes extravaguant. Elle a presque fait une crise d'hystérie en sachant qu'elle sortait une ligne cosmétique.

- Ils viennent de me répondre et je suis prise!
- Je suppose que.. C'est bien ?
- Ils veulent de mes pièces! J'ai pas tout lu mais ils ont trouvé ça génial! Tu te rends compte?
- Pas vraiment, mais ça a l'air de te faire rudement plaisir, alors, c'est que c'est plutôt chouette ! Je crois...
- Mon travail! Ils l'ont trouvé génial!!!
- Ok ! ok !
- Ça veut dire que mes pièces vont apparaitre avec Gaga et que je vais avoir du travail pour de vrai! J'ai jamais eu de vrai travail! C'est trop cool!
- C'est super !
- Et flippant!
- Meuuuh noooon...
- Mais trop coooool!
- C’est ça ! Dis... Tu veux pas qu'on finisse cette conversation en prenant une douche ? je serais plus à même de fêter cette grande nouvelle, propre.

-Lady Gaga, la chanteuse qui porte des robes de viande?
-Oui! C'est elle!

Kaelig est perdu. Ca se voit comme le nez au milieu du visage. C'est un peu drôle de l'entendre répondre des banalités et tenter de donner le change alors qu'il comprend visiblement rien de ce qui se passe. Je rigole un peu à travers ma liesse. Il est mignon à pas comprendre mais à pas vouloir briser mon délire.

-Dis... Tu veux pas qu'on finisse cette conversation en prenant une douche ?
-T'es paumé, là, hein?

Je lui souris et l'embrasse à nouveau avant de le prendre par la main pour l'entrainer dans la cabane. J'avoue, peut-être bien qu'au passage je m'amuse à l'electriser un peu. J'y peux rien, il est si mignon.

-Je serais plus à même de fêter cette grande nouvelle, propre.

Je pouffe de rire et entreprend de nous déshabiller. Je galère à virer les miens avec les ailes, certes repliées, mais que je n'arrive pas à faire disparaitre.

-Si tu veux mais, j"ai besoin d'aide.

Je m'étire un peu et mes os craquent.

-En gros, ce que veut dire ce mail, c'est que je vais pouvoir lancer mon activité d'automaticienne et horlogère à temps plein et que j'vais même avoir des tafs de danse. J'en avais déjà avec Asmo, c'est pas le soucis mais... Ca veut dire que mon travail est enfin reconnu en dehors de l'école et bah... C'est chouette.

J'allume l'eau qui j'imagine arriver brulante, sauf qu'on est dans la foret et que les premières gouttes sont parfaitement glaciale. Je sursaute et me cabre et me cale contre lui.

-Aaaaaaaaaaaaaaah! froiiiiiid!

Je pouffe de rire.

-C'est la meilleure soirée de ma vie. En meme temps, c'est normal. Y a toi et franchement, c'est déjà tout ce dont j'ai besoin dans la vie à peu près. Ca et la danse et mes machines.

Je t'enlace, l'eau chauffe doucement. Je suis gluante mais l'eau changera ça.

-J'vais peut-être pleurer mais euh.

Je sens les larmes monter.

-C'est qu'j'suis heureuse, d'accord?

Je sanglote.

-Parce qu'il se passe plein de trucs trop beaux, là!

Je presse sur ses ailes pour qu'elle passe l'encadrement de la porte. Nous allons donc baptiser la salle de bains et -vu la propension  de ma chère et tendre à goudronner quand elle est émotionnée- nous risquons de poncer régulièrement l'émail de cette pièce.
Je tâche de réprimer toute érection malencontreuse alors qu'Elie m'effeuille à moitié nue. Je sais qu'elle ne le fait aucunement exprès mais... Je n'en reste pas moins un homme, nom d'une machette !

-En gros, ce que veut dire ce mail, c'est que je vais pouvoir lancer mon activité d'automaticienne et horlogère à temps plein
- Humhum...
-... et que j'vais même avoir des tafs de danse.
- Hum !
- J'en avais déjà avec Asmo, c'est pas le soucis
- Certes.
- ...mais... Ça veut dire que mon travail est enfin reconnu en dehors de l'école et bah... C'est chouette.
- Très.
- Aaaaaaaaaaaaaaah! froiiiiiid!

Adio, lume crudă

La voilà qui s'agrippe à moi, gigotant peau à peau, sa peau encore luisante... Juste. Sous. Mon. Pif. Je déglutis en regardant le plafond, priant pour une aide providentielle de ce connard muet. J'imagine Asmodée rire comme une hyène, Klaudia me balancer une saloperie en français, Gontrand se moquer gentiment... Rien n'y fait : mon corps réagit comme celui d'un adolescent.

- C'est la meilleure soirée de ma vie. En même temps, c'est normal. Y a toi et franchement, c'est déjà tout ce dont j'ai besoin dans la vie à peu près. Ça et la danse et mes machines.

Je te souris tendrement -malgré l'inconfort certain de ma position- parce que je suis ravi de te voir si épanouie.

- Je suis heureux pour toi Stea mea... tu mérites tout ça! Tu mérites qu'on reconnaisse ton talent.
-J'vais peut-être pleurer mais euh. C'est qu'j'suis heureuse, d'accord?

Moi aussi je risque de pleurer, mais pas pour de si nobles raisons.

- Pleure si t'as besoin, idiote... J'embrasse ton front.
- Parce qu'il se passe plein de trucs trop beaux, là!
- Je t'aime... fais-je avec un élan d'amour irrépressible pour ce petit bout de femme en perpétuelle lutte et qui savoure enfin les joies d'un peu de reconnaissance. Je l'embrasse à plusieurs reprise, un peu trop fiévreusement, épris par l'ivresse d'être avec elle.

Je m'interromps brusquement comme si je venais de buter contre une barrière invisible.

- E.. Excuse-moi... Je veux pas.... Je ne veux rien gâcher.

Je m'écarte , prêt à sortir de la baignoire.

Ton sourire emplit littéralement l'espace. Je me lasse pas de ça. De ce sourire, de la manière que t'as de me regarder comme si j'étais super précieuse.
Je réponds par un baiser et je caresse tes cheveux mouillés.

-Je suis heureux pour toi Stea mea... Tu mérites tout ça!

Et pour une fois j'y crois.

-Tu mérites qu'on reconnaisse ton talent.

Bon, c'est bon! Ouvrez les vannes, je chiale!

-Pleure si t'as besoin, idiote...

Le baiser finit de m'achever. Je pleure de joie pour la première fois depuis longtemps.

-Je t'aime...
-Moi...

Il m'embrasse une fois.

-Aussi...

Encore une fois et je me surprends à lui répondre. A m'embraser entre plaisir et inconfort. Je me laisse faire, j'explore un peu. Il s'arrête d'un coup, comme si je venais de lui foutre une baffe. Je le regarde, dans l'interrogation.

-E.. Excuse-moi...
-De... de quoi?

Je suis un peu perdue, là. Je cligne des yeux et le regarde s'écarter, parfaitement déconcertée.

-Je veux pas... Je ne veux rien gâcher.

Je hausse un sourcil et le rattrape par la main.

-Hey. Attends, attends. Amour, tu fais quoi là? Reste.

Je le ramène à moi, m'entourre avec ses bras. Je l'embrasse.

-Tu vas rien gâcher. Au pire, je dis stop et je sais que tu t'arrêteras. Si j'explore pas ça avec toi, j'l'explore avec qui?

Je souris un peu. Je sais que toutes les autres fois se sont plus ou moins soldées par des échecs mais au moins, on se découvre. J'ai du mal à voir le sexe comme quelque chose d'important et la plupart du temps quand je ne le pratique pas comme mon travail, mon corps devient bizarre. Cependant, j'ai envie de tester avec toi.

-Mais, j'veux pas... Que tu te sentes mal et. Je sais que c'est pas facile pour toi non plus mais tu m'fais pas d'mal. Viens là...

J'attrape son menton et je l'embrasse doucement.

-Je t'aime. Tu gâcheras jamais rien, d'acc?

Je souris un peu et pose un baiser sur son torse. Principalement parce que j'suis trop petite pour le faire dans son cou, là. On devrait faire des plateformes de bains. Je souris en disant.

-Hey! Je sais! Si tu veux, j'te fais un massage!

Tu me rattrapes, je pivote surpris. Je pensais que c'était préférable pour toi de ne pas te soumettre à une pression inutile. Tu n'as pas l'air de cet avis.

-Tu vas rien gâcher. Au pire, je dis stop et je sais que tu t'arrêteras. Si j'explore pas ça avec toi, j'l'explore avec qui?
- C'est... Je me sens  parfaitement idiot. ...C'est très juste. Tu as raison.

J'avais fini par craindre d'être trop oppressant si j'insistais une fois de plus. C'ets un terrain toujours glissant pour moi.

-Mais, j'veux pas... Que tu te sentes mal et. Je sais que c'est pas facile pour toi non plus mais tu m'fais pas d'mal. Viens là...

Je me laisse guider docilement, moi, l'énorme mastodonte face au brin d'étoile. La différence de taille est drolatique et ne fais que te rendre davantage adorable. Je te rends chacun de tes baisers à défaut de palabres.

Tu me surprendras toujours...

- Je t'aime. Tu gâcheras jamais rien, d'acc?
- Ok... fais-je en te serrant contre moi, petite chose plus solide que moi. Moi aussi je t'aime...
-Hey! Je sais! Si tu veux, j'te fais un massage!

Je laisse échapper un pouffement.

- Comment peux-tu faire des propositions aussi indécentes tout en étant tout à fait innocente... J'attrape ton minois moucheté entre mes paumes. J'ai.. J'aimerais bien que ce ne soit pas toi qui "fasse" pour une fois. Dans le cadre de ton travail c'était toujours toi à l'initiative, toujours toi qui "donnais"....

Je te regarde longuement.

- Laisse-moi "t'offrir", s'il te plait...

Accompagnant la parole du geste, je laisse dévaler mes doigts délicatement le long de ta colonne vertébrale. J'attends ton assentiment.

- Comment peux-tu faire des propositions aussi indécentes tout en étant tout à fait innocente...

Je le regarde avec surprise pendant qu'il rigole et me rapproche de lui. Ca a l'air de l'avoir calmé et je me fais la réflexion un peu drôle qu'il se fout autant la pression que moi. Peut-être que ça vaudrait le coup d'en parler, après. Je le note dans un coin de ma tête.

-Bah quoi? C'est si indécent que ça? J'masse bien, tsais?

Tu me rapproches et je me cale contre toi.

-J'ai...

Je relève le nez, d'ici je vois que ton menton et ton nez s'agiter au dessus de moi.

-J'aimerais bien que ce ne soit pas toi qui "fasse" pour une fois.
-Ah?

Moi, ça me dérange pas vraiment. Et puis j'aime bien que t'es bien alors du coup, ça fonctionne, nan? Mais je te laisse me proposer parce que je sens bien que ça te tient à coeur.

-Dans le cadre de ton travail c'était toujours à toi l'initiative, toujours toi qui "donnais"....

Tu baisses la tête  pour me regarder. Je trouve l'attention touchante, vraiment. Je caresse ta joue doucement.

-Laisse-moi "t'offrir", s'il te plait...

Je sens ses doigts dans mon dos et je déglutis un peu. Je sais pas bien pourquoi. Je souris un peu et je hoche la tête doucement.

-Ok.

Je me dresse sur la pointe des pieds et l'embrasse doucement.

-J'te laisse faire, toute façon, t'étais trop mignon là avec tes p'tits yeux plein de paillettes. J'peux pas résister.

Je pouffe de rire et je me recale contre son torse. Peut-être que j'appréhende un peu mais t'es là alors j'ai confiance. Il m'arrive rien quand je suis avec toi. Mes ailes bruissent un peu, doucement.

Je n'ai jamais douté de ta capacité à masser comme une déesse, là n'est pas la question. Je veux que tu te laisses aller. Peut-être suis je trop précautionneux ? Peut-être suis-je simplement anxieux. J'aimerais pouvoir t'aider à franchir l'angoisse irrationnelle qui t'étreint chaque fois que tu te sens t'abandonner.

- Ok.
- Ok... que je répète en écho.
- J'te laisse faire, toute façon, t'étais trop mignon là avec tes p'tits yeux plein de paillettes. J'peux pas résister.
- Arrête de te moquer de moi, vilaine... fais-je en souriant.

De baisers en baisers, de caresses en caresses, je recouvre ta peau de tendresse. Je prends le temps d'explorer la sensibilité de ton derme, du creux de tes reins aux membranes fines de tes ailes. La matière est étrange, délicate et huileuse. Tu as beau suinter le mazout, il ne s'accompagne pas de l'odeur pétrolifère usuelle. C'est ta fragrance. Le parfum d'une étoile.

J'imagine...

Je gagne en hardiesse, attentif à la moindre de tes réactions, aux variations de ta respiration, à la grêle sous mes doigts, à la contraction de certains muscles... Prudent, patient, je m'aventure toujours un peu plus loin. Je dresse passionnément ta cartographie, avançant subtilement sur un chemin que je sais long.

J'éprouve un plaisir inénarrable à t'entendre soupirer, tout contre mon torse, là où le noyaux de mon étoile tatouée bat le plus intensément.

- Tu es belle, tu sais...

Toute entière, avec tes ailes, ton goudron et les lacs noirs de tes yeux.

Je le laisse faire et l'effet est électrisant. Je ferme les yeux et me contente de le suivre au toucher. Je me sens frémir, je me sens brulée, je me sens étrangement réactive. J'adore te sentir contre moi, j'adore savoir que tu es là. Je sursaute un peu quand tu touches mes ailes, ce sont des sensations inhabituelles. Je n'ai pas l'habitude que qui que ce soit les touche à part pour leur faire mal, pour être honnête. Je reste contre lui, contre son torse, l'eau nous coule toujours dessus et ça forme des rigoles sur sa peau. Tain qu'est-ce qu'il est beau, j'm'en lasserais probablement jamais.
Les caresses sont étonnamment agréable même si la brûlure étrange que je ressens à chaque fois et qui finit par faire mal, fait parfois sentir sa présence. Je soupire doucement, sans  chercher à me retenir

-Tu es belle, tu sais...

J'ouvre les yeux pour te regarder. C'est étrange parce que jamais j'aurais cru que tu accepterais la nouvelle moi. J'ai tellement eu peur que cette forme de moi te révulse. Je me mordille la lèvre un moment avant de t'embrasser longuement. Mes ailes nous entourrent un peu. Je suis belle. La notion me parait si incongrue. Ce n'est pas que je me trouve spécialement moche, c'est simplement que dans ta bouche à toi, ça compte. Je souris en m'écartant un peu. Je n'aime pas beaucoup cette inaction. Je me sens un peu mal à l'aise.

-Je... Haha... Merci.

Je bafouille ridiculement. Je me sens vulnérable et j'essaie d'accepter le sentiment en entier mais la vérité, c'est qu'il me fout les foies d'une manière que j'arrive pas à comprendre.
Je baisse un peu la tête et je dis.

-Kaelig... Je... Je sais que c'est pas le moment mais...Euh. Je voudrais m'excuser...

Je lève les yeux vers toi et je caresse ta joue doucement.

-J't'ai sous-estimé. Et j'ai été nulle. J'pensais... J'pensais que si j'étais comme ça tu... tu pourrais pas vraiment m'aimer ou que... ça suffirait pas ou... bref... C'était débile et j'suis désolée. J'devrais pas douter de toi. J'le sais bien mais des fois mon cerveau se met en mode panique pour aucune raison...

Je ris un peu avant de t'embrasse longuement et de ramener tes bras autour de moi, serrés.

-T'arrêtes pas.

Que je lance avec un sourire amusé alors que je viens grignoter un peu ton cou.

-Mais j'en ai marre de rien faire alors tu peux pas m'arrêter, na!