If I'm crazy, I'm on my own
If I'm waitin', it's on my throne
If I sound lazy, just ignore my tone
'Cause I'm always gonna answer when you call my phone
Like, what's up, danger?

Can't stop me now!

Clope éteinte. Pas chaloupé. Je me fond dans la Nuit, fille de ses jupes pour la vie. Le clapotis de l'eau est la seule symphonie nocturne sur ces quais brumeux. Les bateaux tanguent, attendent, géants au repos dont les silhouettes se découpent, opaques dans l'obscurité. Les mouettes dorment ou se font chier. Rayez la mention inutile.
Je remonte le col de mon perfecto. Le vent est frais, piquant et salé. Je ne cligne pas des paupières pour autant. Je ne perdrais pas ma proie sur un battement de cil. Il est là, en pleine discussion avec un groupe de cinq gadjos. Difficile pour moi d'évaluer leur nature à cette distance. Vue la râclure je ne me fais pas beaucoup d'illusion. Les Hurlants ne sympathiseraient pas avec des dockers humains.

Cinq.
Jouable.

Craquement de nuque.
Reniflement.
Je troque ma cibiche contre ma machette qui coulisse du fourreau, sanglé à mon dos. J'avance, enjambées tranquilles, roulant des épaules, jusqu'à ce qu'un réverbère signale ma présence et que les cinq gus percutent.

- Salut les connards ! Je fais des moulinets avec ma machette. C'est ici la p'tite sauterie ? Chuis pas sûr-e, v'voyez ? C'tait pas marqué sur mon invitation.

Ma lame marquée de runes distinctives les mettes en alarme.

- C'est un putain d'sang-coureur !
- Oh nan! Juste "putain", ça m'ira très bien.
- T'as du culot d'pointer ta mouille ici...
- Saram, il est seul, indique le plus musculeux d'une voix caverneuse.
- Ca c'est vraiment pas cool pour Géraldine ! Je regarde mon arme avec une moue peinée. T'entends ça Gégé, t'es même pas comptée comme ma "plus one"!
- Super, on a devant nous un petit rigo.... Geste vif, arc de cercle parfait. La moitié de la tête roule au sol, tranchée nette au niveau des dents.
-...Lo ? que je demande innocemment.

Le sang dont était repus le strigoï a éclaboussé ses congénères qui s'énervent en domino. Un sourire requin étire mes lèvres.

Quatre.
Easy.

La suite s'enchaine à une vitesse vertigineuse. L'entrainement paie. Les sensations sont là. Exaltation du combat. Excitation quasi sexuelle. Je saute, esquive, virevolte. Ma lame tranche et se repait du "mauvais" sang. Sângele rău se întoarce în întuneric.

Trois.
Deux.

Le gros balèze  enchaine un uppercut -manqué-et un coup de boule -bien plus réussi. Neurones qui clignotent une poignée de secondes. Je me secoue la tronche et étanche mon pif sanglant d'un revers de pouce. Halluciné que j'encaisse la violence de son attaque en me marrant, le colosse se tourne vers le dénommé "Saram".

- Barre-toi ! Ce mec est pas humain !

Rahat.
Je voulais continuer de chasser à la loyal, mais il va falloir que je contourne mes propres règles.  

Concentration.
Visualisation.
Déclic.

la vague télékynésique fauche le colosse qui tombe à la renverse. Sans perdre une seconde de vue Saram, je sors une grenade à rayon UV que je dégoupille et que je balance par dessus mon épaule. Une violente lumière blanche, comme si on y voyait en plein jour se repend brutalement  déchirant la nuit d'un faisceau qui s'étiole peu à peu. Les vampires n'ont pas eu le temps de se régénérer : leurs cendres flottent au vent.

Je me met à courir après Saram comme une dératée. Maintenant que je viens de signaler au patrouilles de bidasses qu'on batifolait sur les docks, ça va vite rappliquer. Je vais avoir peu de temps pour régler mes comptes.

C'est ce salopard qui s'en est pris à mon petit frère
et a transformé Léonard!

Riley n’aime pas les quais.
Ce dédale de rues entre les entrepôts enfermés dans le silence relatif du couvre-feu où le clapotis de l’eau semble résonner partout comme si la mer grignotait la terre. La brume s’infiltre partout, éclaireur tentaculaire qui s’enroule autour des chevilles. Ça fait maintenant trois heures qu’elle est là à se geler les miches et plus les minutes passent plus la tension augmente, comme si l’air lui-même retient son souffle en attendant quelque chose…quelque chose sur le point d’arriver. Machinalement, elle ressert sa poigne sur son HK416, l’index sur la sécurité.

Elle est vraiment à cran et doit se calmer. Lentement, elle s’oblige à adopter une respiration calme et profonde. Séparé le tiers de sa troupe en binômes pour couvrir le plus de terrain possible est une bonne idée. Restée seule, moins. Ça n’a rien de réglementaire mais sur les quais, elle aime être concentrée et parée à tout.

- Jenson, rapport.
Grésillement au bout de la ligne. Silence.
- Jenson ?
- Ouais pardon, je suis là Lieutenant. On n’est pas loin de la capitainerie. RAS pour le moment.
- Jouer pas au plus malin et restez sur vos gardes.

Riley vérifie ainsi chacun des gars à la tête de petits groupes. Visiblement, elle est la seule à se sentir à l’étroit et inquiète dans ce quartier. Son instinct la trompant rarement, elle préfère rappeler à ses hommes qu’ils ne sont pas en balade romantique sous la lune blafarde.
Eclair de lumière aveuglant.
On y était.
Riley tourne le dos à la lueur solaire.
Elle est toute proche, LA plus proche.
Ses jambes entrent aussitôt en action et elle court avant même que la clarté soudaine ne s’éteigne, les yeux vers le sol pour éviter de se faire aveugler.
Grenade flash ? Sauf qu’il n’y a eu presque aucun son. Lorsqu’elle arrive sur les lieux de l’explosion, son fusil d’assaut a perdu sa sécurité mais se trouve prêt à tirer. Elle fait rapidement le tour du périmètre mais n’aperçoit qu’un dos vêtu de cuir détaler à toute allure. Une poussière épaisse est balayée par des rafales de vent et une légère odeur de brûlé plane dans l’air.

Bordel de merde ! Il se passe quoi ?

Pas le choix, la décision est prise en quelques secondes. Elle part à la poursuite de la silhouette qui disparait déjà. Ses rangers claquent sur le bitume, zigzaguent entre les flaques d’eau mais elle ne perd pas la cible de vue.
Elle ne perd jamais une cible de vue.
Lorsqu’elle la retrouve enfin, elle s’est arrêtée et fait face à un autre homme, pris dans un cul de sac. Deux les deux puent le danger à un mètre et la chair de poule envahit son épiderme tellement l’atmosphère est lourde. L’homme au perfecto a une machette en main et semble menacer l’autre. A peine essoufflée, Riley se déplace comme une ombre, héritage de son entrainement de sniper et réussit à contourner légèrement l’homme fin en cuir pour les avoir tous les deux en ligne de mire. Fusil d’assaut calé contre l’épaule, jambes prêtes à l’action, elle signale soudain sa présence.

- Messieurs, vous êtes tous les deux en effraction de la loi sur le couvre-feu.

Ses yeux passent de l’un à l’autre mais surveillent de près la machette.

- Vous là ! Posez votre arme sur le sol. Lentement.

L’homme au perfecto fait mine de bouger vers l'avant et Riley tire aussitôt une rafale à ses pieds, juste assez près pour le stopper, pas assez pour le toucher.

- Première sommation. Je n’aime pas me répéter.

L’ordre claque avec une autorité tranquille qu’elle est loin de ressentir. Le corps tendu à l’extrême, elle attend la prochaine action qui ne manquerait pas d’arriver.

Je file le train de cet enfoiré en me demandant pourquoi il décampe pas en vitesse maximale. Ca pue l'entourloupe. Ce jigodie va peut-être me la jouer à l'envers. Je comprends soudain pourquoi il s'est laissé serré dans cette impasse, pourquoi il a cette sale expression satisfaite épinglée sur la gueule...

- Messieurs, vous êtes tous les deux en effraction de la loi sur couvre-feu.

Furtive, la grognasse. Je ne l'ai pas sentie venir. Samar, lui, a du percevoir les battements de son coeur-et celui de toute sa patrouille- à des kilomètres.

Samar ricane.
Je fulmine.
Je déteste les complications.

- On se détend ma jol.... Rafale de mitraille. A peine eu le temps de lever une main. .. WOW ! Putain! Mais bidasse à la con ! C'est quoi ton problème ???!!!
- Première sommation. Je n’aime pas me répéter.

Appel d'air à mes cotés. Le vampire vient de foncer droit sur la jeune femme à une vitesse surhumaine. Si la tireuse a le temps de lâcher quelques bastos, ça ne ralentit en rien la créature qui vient de se chopper un otage premier choix. Il est déjà sur son corps tombé à la renverse, sa bouche déchirée aux coins par la démesure de crocs effilés comme des lames de rasoirs.

Secoue-toi, bordel !

Bras tendu. Je concentre toute mon énergie sur le strigoï.
Poing qui se ferme. Je sens mon pouvoir le tenir en étau.
Vrille du poignet. Samar vole contre un mur de briques qui se lézarde sous l'impacte.
La colère  bat à mes tempes. Je ne remarque pas que mes pupilles se sont dilatées jusqu'à laquer de noir la totalité de mes iris. Mes chardons tatoués me sont sortie de la peau et s'agitent comme des serpents en colère prêts à mordre.

- J'vais t'fumer, fils de chien !

Il se relève à peine que je l'envoie valdinguer sur le mur d'en face. Il rit comme un dément, ce qui excite passablement ma rage.

- Tu es une engeance de la Bête.... AHAHA... Tu es comme moi ! Fiul fiarei !

Je lui assène mon poing en pleine gueule, lui réduisant le nez en purée.

- T'es même pas roumain! Tête de CON ! L'appropriation culturelle tu connais !??

Je lui bourrine la tronche, visage crispé par une haine farouche. Son hilarité me rend dingue.

- R.. Regarde... Regarde-toi.....AHAHAHA..... T'as plus rien d'humain.....

Ma machette le prive brutalement d'un bras. Il hurle comme un veau qu'on vient d'égorger. Son sang noirâtre et coagulé m'asperge la face sans que je ne bronche.

- Ca c'est pour Léonard...
- Qui c'est ça ? Ton mec ?
- L'gamin qu't'as transformé et abandonné !
- Ahahah.. y'en a eu tellement! S'il a survécu alors j'lui ai rendu service ! Fiara va cuceri !

La douleur doit lui faire perdre les pédales parce qu'il s'esclaffe sans reprendre son souffle. Je le prive de son autre bras. Cette fois il se laisse glisser cul à terre avec un gémissement.

- Ca c'est pour Sorin!
- S.. Sorin Taur ??? qui me demande, incrédule.

Je lui empoigne la tignasse et lui relève le menton.

- Lui, oui.... C'est mon p'tit frère, connard! T'as d'la chance que je sois obligé-e de t'ramener vivant.
- Tu es un Taur... ahaha... merveilleux.... Alors mon sacrifice ne sera pas vain.
- Hein ?

C'est alors qu'un frisson me parcourt l'échine. Je les sens tout autour, postés sur les hauteurs des bâtiments. Je lève la tête. Combien sont-ils ? Dix, douze ? Et moi j'ai juste ma non-bite, mon couteau, un vamp rigolard manchot et Princesse Gâchette.

- Chier !

Tout va très vite et Riley a à peine le temps de réagir. L’homme qui se jette sur elle avance à une vitesse surhumaine. Littéralement. Il a beau se prendre trois balles dans torse, il grimace à peine et continue d’avancer comme s’il venait simplement de recevoir de petites piqûres de moustique.

En quelques secondes, elle se retrouve propulsée au sol, l’impact amorti par son gilet assez épais et son casque. L’homme lui arrache son arme des mains et écarte ses mâchoires comme une sorte de foutu serpent. Ses crocs, largement visibles, brillent dans la lumière du lampadaire.

Bordel de putain de merde !
Un vampire ! Comme dans les films, en plus léthal.

Son cerveau bugge complètement mais son corps n’a aucune intention de se laisser planter par cette horreur tout droit sorti de 30 jours de nuit. D’instinct son bras bloque le torse de…la créature tandis que l’autre chercher son arme de poing, callé contre sa hanche. Riley serre les dents, lutte, pousse un grognement d’impuissance lorsque le vampire arrive à se pencher de plus en plus sur son cou.

Non, non, non … je ne peux pas mourir comme ça…

L’énergie du désespoir la gave d’adrénaline et au moment où elle allait tenter le tout pour le tout en essayant de le balancer aussi loin d’elle que possible, le poids de la créature disparait soudain et il s’écrase contre un mur avec une force prodigieuse mais surtout invisible.
Riley se dresse sur ses coudes et tourne automatiquement la tête vers l’homme au perfecto qui vient de lui sauver la vie. Toute son attention est concentrée sur son opposant. Pupilles noircies, faciès déformé par la rage, il s’acharne contre son ennemi.

Leur conversation n’a pas beaucoup de sens pour elle mais elle saisit toutefois quelques bribes d’information. Elle devine que son sauveur est un sorcier lui aussi…plus frontal. Et assoiffé de vengeance.

- Ça c'est pour Sorin!
- S.. Sorin Taur ?
- Lui, oui.... C'est mon p'tit frère, connard! T'as d'la chance que je sois obligé-e de t'ramener vivant.

Donc il serait…le fils de Kaelig ?

Riley se secoue soudain, réalisant qu’elle est toujours à terre comme une abrutie, encore sous le choc. Elle se redresse sur ses pieds, retire son casque déformé qui lui comprime le crâne et ramasse son arme en vérifiant au passage qu’elle est toujours chargée et en état de marche. L’opération lui prend à peine dix secondes mais le vampire est déjà hors d’état de nuire apparemment.
Au moins ils peuvent être vaincus…pas par elle…maigre consolation.

Elle sent pourtant un long frisson désagréable lui parcourir l’échine et suit machinalement le regard du sorcier. Une dizaine de ces créatures ont pris position sur les toits. Peut-être plus. Leurs crocs ne sont peut-être pas visibles mais leurs postures et le propos du manchot laisse à penser qu'ils font partie de la même équipe.
Elle s’est jetée toute seule dans la gueule du loup pour un combat qui n’est même pas le sien. Ses doigts se crispe sur son arme. Elle refuse de mourir dans cette impasse crasseuse. Pas maintenant, pas ce soir…
Petit à petit, elle se rapproche du gars en cuir jusqu’à se trouver presque dans son dos, position de défense par excellence. Tout en bougeant, elle murmure dans son oreillette.

- Jenson, Murtagh, Egan et O'Shea sortez mes hommes des quais. Immédiatement.
Si elle est perdue, elle peut au moins mettre ses troupes à l’abri.  
- Lieutenant vous… ?
- Nom de Dieu, Jenson, fermez votre gueule pour une fois dans votre vie et obéissez aux ordres. Foutez le camp.  
- Reçu.
Elle pousse un léger soupir de soulagement, les yeux toujours braqués sur les toits, l'arme prête à tirer.  
- Si vous avez un plan, je vous suis. Ces trucs ont un point faible quelque part ? Chuchotement adressé à son allié improbable.
Qu’elle le veuille ou non, c’est bien ce qu’il est.

Ils se foutent de nos trognes, dans l'obscurité. On les caqueter comme des poules dans  les hauteurs. Il font monter l'ambiance, histoire que notre mise à mort soit plus savoureuse. Puisant dans les sens d'Asmodée, je tente de les compter. Mon estimation initiale était à la baisse -voir à la baise- ils sont seize. Seize absence de battements de coeur. Seize vampires.

La bidasse a des reflexes plutôt sains : elle vient se coller dos à dos avec moi et éloigne ses hommes avec quelques ordres soufflées dans son oreillette.

- Si vous avez un plan, je vous suis. Ces trucs ont un point faible quelque part ?
- Ta pétoire leur fera que dalle. Prends plutôt ça. Je lui tends ma machette discrètement. Tranche la tête ou vise le coeur, c'est ce qui met le plus de temps à se régénérer. J'ai un petit ricanement qui n'annonce rien de bon. Y'a que le soleil qui bute ces saloperies. J'éspère que t'es aussi douée du couteau que d'la gâchette, poupée,  parce que va falloir tenir jusqu'à l'aube...

Je déglutis.
Ma peau grêle.
On y est.

Les premiers, n'y tenant plus, donnent l'assaut et sautent. Je lâche une déflagration télékinésique qui les envoie s'encastrer dans les murs, laissant cinq impacts distincts dans la briquette.

- MAINTENANT !

Je laisse le soin à  Gâchette-Girl  de trancher dans le vif. Chardons dehors, j'accueille la deuxième salve qui s'élance en poussant des hurlements. Le tout c'est de bien se concentrer, bien se concentrer...

...Et pas s'épuiser.

Les gloussements et rires de gorges des créatures perchées là-haut n’annoncent rien de bon. Ils semblent raisonner à l’infini au-dessus des toits. Riley a la bouche sèche, les mains moites sous ses gants.  

- Ta pétoire leur fera que dalle. Prends plutôt ça. Tranche la tête ou vise le coeur, c'est ce qui met le plus de temps à se régénérer.

Elle laisse tomber son arme au sol. Si elle est aussi inutile que son allié l’affirme, elle ne fera qu’entraver ses mouvements. Ses doigts se referment sur le manche de la machette, étonnement lourde dans sa main.

- Putain de merde, souffle-t-elle en réalisant qu’elle allait vraiment se battre contre des créatures dont elle n’avait idée de l’existence jusqu’à ce soir. Ok. Reçu. Le cœur ou la tête…

Elle le répète comme un mantra se demandant si elle trouvera la force et le courage nécessaire à une telle barbarie. L’image de la gueule béante du…truc qui a failli lui arracher la gorge lui revient en mémoire. Elle n’a pas le choix.
Tuer ou être tuer.
Finalement tout se résumait souvent à ça. Et si pour survivre elle doit trancher dans le vif, elle le fera.
Le ricanement qu’émet l’inconnu lui fait froid dans le dos. A croire que la situation l’amuse.

- Y'a que le soleil qui bute ces saloperies. J'éspère que t'es aussi douée du couteau que d'la gâchette, poupée, parce que va falloir tenir jusqu'à l'aube...

Rapidement, elle vérifie sa montre. 3h14. L’aube est loin, surtout en hiver. Elle grimace, teste l’équilibre de la lame en la faisant tourner d’un mouvement du poignet.
Ça ira. Elle peut le faire.
C’est qu’un gros couteau après tout et elle est doué avec les lames.

- Je me débrouille. Hors de question de crever dans une allée sordide.

Les premiers assaillants, cinq en tout, sont cueillis par une vague puissante et invisible qui les écrase contre le mur derrière eux. La brique cède et s’enfonce sous l’impact.

- MAINTENANT !

L’ordre claque. Riley s’élance comme une balle. En quelques secondes, elle est face aux créatures aux longues dents. La peur la fige pendant une seconde, deux. Le temps pour l’une d’elle de grogner ce qui a le don de la ramener à la réalité. Elle arme son bras, effectue un mouvement fluide et puissant qui finit dans le cou de la première créature.

Le bruit de la chair qui se déchire est ignoble, de l’os qui craque presque insupportable.
Jamais elle n’a fait ça auparavant. Elle doit, va pourtant le refaire. A quatre reprises. Les têtes tombent d’abord, les corps ensuite, dans des bruits mats. Le sang gicle et macule son visage, empoisse ses cheveux mais elle essuie ses yeux, sans réfléchir.

Déjà une deuxième vague descend et est écrasée à terre, trainée sur les pavés avant de finir leur course au sol contre un autre mur. Riley repart, ses semelles raisonnant dans la ruelle. La lame virevolte et tranche. Encore et encore. Son bras fatigue déjà. Il n’est pas si évidemment que ça de se faire le bourreau de tant de têtes alors elle compense par la rage de vivre qui exulte dans des cris vengeurs quand la machette s’abat. L’un est plus rapide que les autres, se relève, fonce sur elle.
Riley a tout juste le temps de pivoter, lame en avant. Elle s’enfonce dans un bruit de gargouillis dans le ventre de la créature qui siffle mais ne s’arrête pas.

Sans lâcher le manche, elle recule, et assène un puissant coup de pied dans le ventre de son adversaire pour le libérer de la machette qui se renfonce aussitôt dans la chair, au niveau du cœur. Le vampire s’effondre.

Le souffle court, elle prend quelques secondes pour évaluer la situation. Dans la ruelle, il n’y a que des morts mais sur les toits, il en reste presque autant que ceux qu’ils viennent d’abattre.

Une œillade vers l’inconnu au perfecto qui semble être arrivé à la même conclusion.
Plus que la moitié. Ils pouvaient le faire.
Riley sert les dents, attend la suite.

Gâchette est étonnante. C'est sa première valse avec le surnaturel -ça question me l'a prouvé- mais elle tient bon avec un foutu aplomb qui force le respect. A moi de faire en sorte de nous maintenir en vie le plus longtemps possible.
Ce qui m'inquiète, c'est qu'avec mes perceptions décuplées  par l'Union, j'entends d'autre gadjos radiner leur cul. Il n'y en a plus seulement sur le toit, mais d'autres qui affluent par les ruelles. Je perçois leurs pas fiévreux sur le pavé.

Ass...
mon beau Diable.
J'crois bien que je suis dans la merde.
Si jamais tu m'entends...?

Samar continue de se marrer comme un dément. Ses bras se reconstruisent lentement et douloureusement.

- Vous faites CHIER sur vos perchoirs !

Je contracte tout mes muscles, centralise toute ma volonté sur une bourrasque qui balaie les Hurlants de leurs promontoires. Ils tombent comme des mouches, surpris et désarçonnés. Certains se réceptionnent sans difficulté, d'autres se vautrent comme des merdes.

Je vais la jouer serré.
Au sens littéral.

J'écrase mon poing sur la paume de ma main.
Un strigoï s'aplatit contre le bitume lézardé, écrabouillé comme si un palette de parpaings lui était tombé sur la gueule.
Je tend le bras vers la tête d'un autre. Mes doigts se crispent, s'imprime dans un crane. Craquement sinistre des os. La cervelle explose et repeint la taule.
Telle une nuée de tentacules, mes chardons épineux fouettent l'air, attrapant par le pied le petit malin qui ruait sur Gâchette pour la prendre  à revers. Il glisse sur l'asphalte, plantant ses griffes dedans avant que je lui explose la face avec le parechoc d'un camion imaginaire.

- Tu tiens l'coup, Gâchette ?

On enchaine les passes, sans s'arrêter, sans reprendre nos respirations. Je sue à grosse gouttes. Les tendons en feu. Les runes fument sur la peau de mon bras exhalant dans l'atmosphère un parfum de barbecue. J'ai un mal de crâne tenace à force de solliciter mes dons. Mes réserves vont fondre comme neige au soleil à ce train.  Gâchette fait bonne figure, mais j'entend à sa respiration que ses poumons agonisent. Elle fatigue. On fatigue. Pas le temps de s'appesantir. Les cadavres s'entassent. Ils déboulent de partout. La verveine enduisant la machette ralentit leur guérison, mais n'endigue pas le flot d'assaillants toujours plus nombreux. Ils en arrivent de partout. J'ai arrêté de compter.

L'aube ça parait si loin, putain.

Ass..
Chéri...
Entends mon appel
Sors nous de ce merdier.
Appelle la cavalerie...

Riley voit sortir les sortes de racines épineuses de la peau de l’inconnu les yeux ronds. Mais leur situation ne lui permet pas vraiment de s’appesantir sur le phénomène. Tout ce qu’elle voit c’est qu’elles sont foutrement efficaces couplées à son pouvoir. Mais un coup d’œil en direction du sorcier en sueur, les traits déjà tirer par la fatigue, lui démontre que ça ne sera pas assez. Pas alors qu’il en déboule de partout, comme une marée noire incontrôlable qui se disperse autour d’eux.
Son bras fatigue tellement qu’il la lance horriblement.
Elle fait abstraction, serre les dents si fort qu’elle en a mal aux mâchoires.
Elle fauche.
Autant que possible. Avec précision. Mais ses coups commencent à perdre de leur puissance et elle est souvent obligée de s’y reprendre à plusieurs fois.

- Tu tiens l'coup, Gâchette ?

Dans un hurlement rageur, elle décapite l’une de ces grandes gueules qui vient d’atterrir à leurs côtés. La tête roule vers la jeune femme qui la repousse d’un coup de pied, dégoutée. Elle a une tête à faire peur, couverte d’un liquide carmin, les yeux rendus plus blancs et brillants.
Une sorte de guerrière barbare, tatouée par le sang de ses ennemis.

- Autant…qu’il le faudra…

Mais ils savent tous les deux que ça n’est que de l’esbrouffe. L’épuisement n’est pas loin et même si elle n’arrêtera pour rien au monde, elle finira par commettre une erreur.
Mais ils continuent de lutter, parce que ni l’un ni l’autre n’ont envie de céder la victoire, s’appuyant de plus en plus sur l’intervention de l’autre pour finir le travail ou pour épaule une attaque plus faiblarde.  
La seule issue est envahie de ces monstres aux dents longues.
Riley a une dernière carte à jouer. Elle la révèle à son allié, le souffle plus court.  

- Il me reste… une grenade. On peut essayer… de se frayer un chemin. Si on la pousse assez loin… on devrait arriver…à ne pas être touchés…par l’impact. Après…on court.

Si elle en trouve encore la force.

Mon rire claque, morbide dans l'air. Nous sommes encerclés acculés dans l'impasse.

- Tu manques pas d'ressources, Gâchette! C'est presque sexy... Revers de main sur la gueule pour chasser la sueur. Ok. Ca s'tente... Mais on va la faire à ma sauce. On va les laisser v'nir à nous l'plus près possible. Tu dégoupilles, tu lances, je nous protège avec un bouclier télékinésique. L'temps qu'y ramassent leurs bouts, on aura mis les voiles. Tu marches ?

Evidemment qu'elle marche! On a ça en commun de pas vouloir crever entre deux hangars, boulotés par l'upgrade darwinien du moustique.

On se met en position. Une fois que la dizaine de gus encore debout sont assez proches, Gâchette, sort sa grenade de sous sa veste et actionne l'engin. Une fois que le machin a quitté ses mains, je l'agrippe par la taille et la colle contre moi. Mes chardons s'enroulent autour de nous comme pour créer un tourbillon protecteur.

Stupeur de nos agresseurs.
Vous ne l'aviez pas vue venir celle là, tas de con.

Explosion.

Je fermes les yeux, la lumière irradiant mes rétines. Le souffle nous envoie valdinguer contre le mur malgré la protection magique, me laissant salement sonné et les oreilles bourdonnantes.

- Tire-toi, Gâchette... Tire.. toi.. vasy... que je gémis, la cervelle en coton.

J'étais en train de remplir de la paperasse quand pouf. Me voilà dehors et mieux encore, j'apparais sur une note d'explosion. Je hausse les sourcils d'un air étonné.
Au moins, j'arrive sur une note dramatique...
J'observe les alentours et je découvre un sacré nombre de cadavres. Bon, "morceaux épars de cadavre" serait probablement plus juste.

-Tire-toi, Gâchette...

La voix malmenée de Ciulin ramène au premier plan la brûlûre de la marque d'Union et son appel pressant s'imprime dans ma mémoire.
Je réapparais directement à coté de Ciulin. Pouf... Encore.

-Qu'est-ce que...

Des grondements me font regarder les alentours. Des Hurlants. Des Hurlants partout. La moutarde me monte immédiatement au nez. L'état d'épuisement de Ciulin, les blessures et le nombre de cadavres me font comprendre qu'ils ont faillis l'avoir, lui et la fameuse "Gâchette".
J'attends une raison de m'énerver depuis des semaines.

-... Oh... Je vois....

L'espace d'un instant, j'envisage de me laisser aller à la colère avec un certain délice mais un gémissement me fait oublier ce plan, somme toute nul à chier. Je m'agenouille un instant pour aider Ciulin à se relever.

-Asti min, allez. Reprends toi.

Instinctivement, je lui transmets de l'énergie. Je siffle en tenant à l'oeil ces abrutis d'extrémistes. J'ai pas la patience de vous niquer un par un.

-Joli explosion, mon entrée était soignée...

Une vague de chaleur soudaine irradie le bitume et l'air se met à trembler de deux terribles grondements.

-Tiens... Gâchette.... Gâchette, sérieusement?... Aide Ciulin à marcher... J'vais avoir besoin de mes mains...

Je la tends et une hache sans age s'y matérialise, couverte de runes. Freki et Geri, loups gigantesques, se postent derrière moi. J'ai précisé que j'avais pas le temps pour ces connards de Hurlants.
D'une voix calme, je donne l'ordre :

-Engir eftirlifendur...

Les deux loups s'élancent. Je doute qu'ils puissent annihiler l'ensemble des Hurlants et j'ai toujours pas bien cerné ce qu'il s'est passé mais je dois les faire sortir de là et les deux Loups d'Odin seront moins détectables que si j'utilisais mes pouvoirs de prince démon. Bon dieu, que j'aimerais les faire s'entretuer jusqu'à ce qu'ils chialent tous.... Je secoue la tête et entreprend d'ouvrir la voie vers un endroit plus calme où je pourrais déterminer si la téléportation est une option viable aux vues de leur blessures.

Tout s’est passé si vite que Riley a à peine le temps de réaliser. La grenade dégoupillée, elle se retrouve soudain contre le Sorcier, protégés par les mêmes ronces qui fonçaient sur les créatures il y a encore quelques secondes.

La déflagration est épouvantable. Elle a juste le temps de fermer les yeux, se serrant instinctivement contre le perfecto. Au moins, elle ne mourra pas seule. Cette pensée est étrangement réconfortante. Mais le beau visage d’Ohanzee apparait derrière ses paupières closes et lui rappelle ce qu’elle va sans doute perdre. Le terriblement pincement du regret lui broie le cœur.

Contre toute attente, elle est toujours en vie lorsqu’elle rouvre les yeux.
En vie mais courbaturée de partout, une douleur lancinante sur le côté gauche. Elle palpe et sent la tête de l’os sorti qui fait une vilaine bosse. Merde. Elle s’est démis l’épaule. Elle tousse, le souffle encore coupé par son atterrissage forcé contre le mur. Un liquide chaud lui coule dans le cou. Blessure à la tête. Elle verra plus tard. Elle cherche son compagnon d’infortune du regard et le trouve dans un état similaire au sien pas très loin d’elle.

- Tire-toi, Gâchette...

- Alors là…si tu crois…Ah ! putain ça fait mal ! Elle a tenté de se lever et en paie les frais. Je pars pas…sans toi !

Un « homme » apparait soudain aux cotés du Sorcier et Riley recule d’instinct avant de dégainer son arme maladroitement et de la pointer sur le nouvel arrivant.

- Le…touchez pas !
Cette fois, l’adrénaline qui court encore dans ses veines l’a aidé à se relever en prenant appui contre le mur à moitié défoncé.

-... Oh... Je vois....

L’inconnu s’agenouille et aide le sorcier à se relever. Ok. Pas un ennemi donc. Riley range son arme. Le temps presse, ils ne sont pas encore sorti d’affaire, elle entend encore d’autres de ses saletés courir sur les toits.

-Tiens... Gâchette.... Gâchette, sérieusement ?... Aide Ciulin à marcher... J'vais avoir besoin de mes mains...

Dents serrés, Riley se traine jusqu’à…Ciulin donc et l’installe contre son flan pas amoché. Leur sauveur vient de sortir une hache d’on ne sait où et éberluée, Riley aperçoit deux loups énormes apparaitre à ses côtés.
Ok. Très bien. Soit elle s’est cognée la tête très fort, soit les pouvoirs de cet homme sont…impressionnants.

A eux trois, ils font place nette et leur dégagent une voie. Grognant de douleur, elle oblige Ciulin à avancer cahin-caha. Ils réussissent à parcourir quelques mètres. Par habitude, elle jette un coup d’œil derrière elle et aperçoit une Grande Gueule qui fonce sur eux. L’instinct de survie la fait pivoter, malgré son fardeau et dégainer à nouveau son pistolet, arme qu’elle sait pourtant inutile. La souffrance lui fait pousser un geignement pathétique mais la main tremblante, elle tire. La créature a à peine un mouvement de recul à l’impact avant qu’il ne se remette à courir. Mais son intervention a au moins le don d’attirer l’œil d’un des loups qui se charge de le supprimer. Riley lâche son arme. C’était sans doute l’absurdité de trop pour son corps qui tremble de partout.
Impossible d’avancer encore.

La tête en feu, remplie de ouate et d'étincelles. On dirait un vieil ampli en plein larsen. Ma vue ne fait pas le point. Focus de merde. J'hallucine à plein tube : mon mari vicking-démon ultra sexy est penché sur moi et me fait les yeux doux.

- Diavolul meu...
- Asti min, allez. Reprends toi.

Je secoue la tête avec une grimace.

Samar. Les Hurlant. gâchette.
La merde.

- Joli explosion, mon entrée était soignée...
- "Real men don't look at explosion..." que je chantonne comme un con. J'ai l'impression d'être bourré.
- Le…touchez pas !

Je tends un bras mollement vers Gâchette.

- F.. Flippe pas c'est mon mari.
- Tiens... Gâchette.... Gâchette, sérieusement ?... Aide Ciulin à marcher... J'vais avoir besoin de mes mains...

J'ai l'équilibre précaire, mais les idées qui reviennent, plus claires.

- Samar... Faut rattraper Samar.

Personne ne m'écoute, on me fait mettre un pas devant l'autre de force. J'ai le bras en appui sur les épaules de ma partenaire. Y'a un truc bizarre qui me taquine l'aisselle et qui craque moche. L'odeur de Gâchette m'emplie les narines : sang, sueur, poudre, et gel douche à la vanille.

- Ma machette.... Faut .. prendre... que je bougonne avant que mon mec m'en foute plein la vue.
- Engir eftirlifendur...

Qu'est-ce qu'il y a de plus sexy qu'un prince-démon-avatar d'Odin et sa machette magique ?
Un prince-démon-avatar d'Odin avec deux énormes loups poilus!
J'ai un sourire complétement idiot épinglé sur la gueule.
Un coup de feu me rappelle brusquement que c'est pas le moment de frétiller comme une pucelle. Gâchette a bien tenu jusque là, mais elle a clairement atteint son seuil d'encaissement. Je suis épuisé, mais je récupère plus vite. Merci le sort d'Union! La dynamique de notre tandem s'inverse. Cette fois, c'est moi qui la soutient par la taille.

- Craque pas Gâchette, la cavalerie est arrivée... On va se sortir le cul d'cette merde et tu pourras m'dire comment tu t'appelles. Tu verras, on s'marra autour d'une bonne bière de cette soirée à chier.

Je continue de lui parler, de l'abreuver de conneries, pendant qu'on avance : "T'as vu comme mon mec a un beau cul ?", "J'ai toujours rêvé d'avoir un clebs ! Maint'nant j'en ai deux !", "P'tain j'te raconte pas l'budget croquettes!". J'ai pas l'énergie de lancer des sorts ou jouer des poings : juste de tracer la route et de babiller de la daube.

Soudain, du coin de l'oeil, je repère Samar et ses petits bras-moignons qui essaient de se tirer en longeant les murs. Mon visage se contracte sur une expression haineuse.

- SAMAR ! FILS DE PUTE ! Le gadjo se fige et me lance une oeillade desespérée. Je pivote vers mon beau diable. Ass! C'est lui qui a attaqué Sorin et transformé Léonard! Simone le veut vivant !

Alors que j'ouvre en deux les lignes ennemis, que ça soit à coup de loup ou de hache, un cri de colère me fait me stopper net.

-SAMAR ! FILS DE PUTE !

Je tourne la tête pour aviser un mec légèrement dans le déséspoir et avec une absence flagrante de bras.

-Ass! C'est lui qui a attaqué Sorin et transformé Léonard! Simone le veut vivant !

Un sourire carnassier m'ouvre le visage.

-... Eh bien si Madame le veut vivant...

Téléportation controlée, cette fois. J'apparais à quelques centimetres de lui. Un coup de crocs et le voilà agripper à mon bras comme un roquet enragé. Mes yeux tournent noirs, par jeu.

-Tss,tss,tss....

Pas besoin de grand chose sur son esprit impressionnable.

-Etouffe toi.

La voix est suave, douce. Ma fascination a toujours un gout de miel. Empoisonné, certes...
Le vampire s'étouffe et tousse, tente de se dégager mais j'appuie sa tronche contre le mur.

-Non, non... Tu restes avec moi. Tu ne vas nulle part. Tu vas me suivre, docilement.

Tout le corps du vampire se décontracte d'un coup. Son regard prend cette lueur caractéristique de mes prises de contrôle, une adoration servile qui ne disparaitra que lorsque je l'aurais décidé. Il n'est pas assez brillant pour le faire lui-même.
Je m'écarte et recule d'un pas. Il avance d'un pas. Un pas de coté, un pas en miroir chez lui.

Parfait.

-Tu viens avec moi, on va voir une amie.
-Oui... Monsieur.
-C'est bien... C'est bien.

J'avance vers Ciulin et Gâchette, la hache prête à partir en cas de problème.

-Demande a tes gars de s'en aller, Samar. Tu n'as plus besoin d'eux, pas vrai? T'es avec moi, maintenant.
-Oui... C'est vrai. Ils sont inutiles maintenant.

Une larme roule sur son visage. A l'intérieur, au fond, il est terrifié. Je lui juste laissé le luxe d'avoir peur. Il lance un appel à ses gars. Bien évidemment, certains ne sont pas d'accord mais la plupart est juste assez confuses pour perdre le temps nécessaire à mes loups pour les repérer. Le carnage est méthodique. Je ne peux pas me permettre d'avoir des hurlants sur ma trace, de toute façon.
Je lance un clin d'oeil à Ciulin.

-On y va? L'ambiance est à chier.

Riley s’accroche fermement à Ciulin, sa seule bouée de toute façon. Se sentir si faible l’enrage mais elle sait qu’elle ne peut pas y faire grande chose. Ces pieds fonctionnent mécaniquement, poussés par sa volonté.

- Craque pas Gâchette, la cavalerie est arrivée...
- J’essaie…jte jure que j’essaie…
- On va se sortir le cul d'cette merde et tu pourras m'dire comment tu t'appelles. Tu verras, on s'marra autour d'une bonne bière de cette soirée à chier.
- Ambré pour moi…s’te plait…j'aime bien quand c'est corsé...

Discuter la raccroche à la réalité, lui permet de ne pas flancher. Sa voix continue à parler pour ne rien dire et elle lui en est un peu plus reconnaissante à chaque pas, plus difficile que le précédent.

"T'as vu comme mon mec a un beau cul ?"
Elle ne peut pas s’empêcher de regarder. Effectivement pas mal. Elle a tâté mieux récemment cela dit. Oh ! C’est nouveau ces mouches blanches. Pas bon. Elle cligne des yeux pour les chasser alors que les babillements chuchotés à son oreille se font plus lointain.

- Pas maintenant ! Tu flanches pas maintenant !
L’ordre donné à son propre corps est à peine murmuré, elle se redresse, resserre son étreinte sur le perfecto. Le mari de Ciulin s’occupe de Moignon Man et étrangement, celui-ci le suit docilement et émet un son étrange qui lui vrille les oreilles.
Elle devrait être sur le cul de tout ce qui se passe.
Mais si elle tombe, elle ne se relève pas et de toute façon son cerveau est bien trop occupé à essayer de tenir.
Tenir.
Tenir.
Son nouveau mantra. Jusqu’à quand ?

-Tu viens avec moi, on va voir une amie.

Elle en pleurerait presque. Non, non. Elle veut rentrer chez elle. Elle veut pouvoir s’écrouler dans un lieu qui représente un peu de sécurité et de concret. Elle en a ras-le-bol de devoir encaisser ce soir. Un peu de repos c’est trop demandé ?

- On y va? L'ambiance est à chier.

Le badinage pendant une mission, elle en a pas l’habitude non plus…et ça l’agace. Sans doute parce que son épaule lui fait un mal de chien et la douleur irradie comme un feu intérieur qui la dévore.
- Ca vous ennuie...si on se presse... un peu.  

- Ambré pour moi…s’te plait…j'aime bien quand c'est corsé...
- Une vraie irlandaise, hein ? que je ricane.

Je suis en train de perdre Gâchette. J'en suis clairement conscient. Elle a l'air d'un zombie animé par une seule volonté : marcher

- On y va? L'ambiance est à chier.
- C'était une rave party vraiment pourrie.

Echange de sourires de connivence. Focus, Ciulin. Arrête d'avoir tout le temps envie de te le taper.

- Ca vous ennuie...si on se presse... un peu.
- T'as été super coriace, Gâchette! Super coriace. On va te soigner, ok ? Je me tourne vers Asmodée, l'air assez inquiet. Faut que ton frère s'en occupe. J'crois qu'elle a un truc de pété... Faut pas qu'elle cane, elle a été franchement badass! Y'a peu d'humain qu'affrontent des vamps pour la première fois sans trembler des g'noux.

Moi, je tiens debout.
Moi j'ai été entrainé.
Moi, je me régénère.
Je ne suis plus tout à fait l'humain lambda de mes débuts, la chasseuse qui se recousait toute seule avec de la ficelle à rôti. Mais, je me souviens de ce que ça fait, d'être à bout.

Le carnage prend finalement fin. Freki me rapporte la machette de mes ancêtres. Je lui flatte le museau avec un sourire de gosse. Ils sont si beaux ces gros toutous infernaux.

- Mulțumesc mare, caine bun... Caine bun... Tu veux bien la prendre sur ton dos ?

Geki grogne, visiblement de désapprobation. Freki se montre plus souple et pousse Gâchette de la truffe. Je prends ça pour un oui. J'aide ma camarade à grimper sur son poil englué d'hémoglobine par endroit. Je suppose que s'ils m'obéissent c'est parce que j'ai l'odeur de leur maitre partout sur moi.

- Allez Gâchette, t'a pas t'nu jusqu'là pour tomber dans les pommes.

L'aube nous cueille. Je l'avais presque oubliée celle-là. Le soleil naissant emplit les ruelles sanglantes de sa lumière. Les corps se transforment en tempêtes de cendres qui s'envolent au vent. Ce serait presque poétique. Mais je suis pas poète et je m'en bas la race des belles images.

- J'ai une dalle de guedin ! J'pourrais bouffer une tourelle d'pizzas à moi seul!

-Faut que ton frère s'en occupe.

Je hoche doucement la tête en avançant, sur le qui-vive.

-J'crois qu'elle a un truc de pété... Faut pas qu'elle cane, elle a été franchement badass!
-Ok.

Le soleil commence à pointer le bout de son nez. J'observe le vampire qui me suit avec une peur panique dans le regard. Je décroche le téléphone pour appeler Simone.

-Elskan. J'ai un paquet pour toi. Il t'attend dans ma cave. Il sera bien gentil. Hein, Samar..?

Le vampire sourit, contre chaque fibre de sa terreur, et hoche la tête.

-Oui, monsieur.
-Qu'il est obéissant.

Je raccroche et je donne mes derniers ordres à Samar.

-Je vais t'envoyer quelques part. Tu n'auras pas le droit de bouger ou de te tuer. Pas non plus le droit de te régénérer. Tu ferais ça pour moi, pas vrai?

Il hoche la tête et je l'expédie au lieu de rendez-vous.

-Y a peu d'humain qu'affrontent des vamps pour la première fois sans trembler des g'noux.

Je hoche la tête et prends le temps de calmer ma colère. Gâchette est chargé sur le dos de Freki sous le regard désapprobateur de Geri. Je flatte l'encolure du grand loup. Il est clair que Ciulin tient désormais à Gâchette.

-Je vous revaudrais ça, mín fallega.
-Tu as intérêt...

Je souris en accompagnant tout ce beau monde. Le soleil défonce ce qu'il reste de vampires. Parfait. J'en profite pour ausculter tout le monde et hoche la tête.

-J'ai une dalle de guedin ! j'pourrais bouffer une tourelle d'pizzas à moi seul!
-Ok... On s'occupe de ta pote et on commande à bouffer... Sal, s'il te plait. J'ai besoin de tes bon soins. Rejoins nous à l'Eden. Mon bureau.

Je me cale contre Geri et pose une main sur Ciulin puis l'autre sur Freki. Téléportation à l'Eden.

-Freki, par là. J'vais l'allonger ici...

Je suis un chouia fatigué. Je fais glisser la jeune femme du dos de Freki à la banquette moelleuse de mon bureau. Je regarde l'épaule de la jeune femme d'un oeil connaisseur.

-Première fois contre des vampires, tu t'en sors bien, Gâchette...

Je me retourne vers Ciulin.

-Comment tu te sens? Et il s'est passé quoi? Parce que si j'ai pas une excellente excuse pour avoir esquiver la paperasse, j'vais m'faire défoncer.

Je dis ça avec un sourire de petit con avant de serrer Ciulin dans mes bras.

Geri parle. Je sais bien que je devrais pas m'étonner, mais ça m'estomaque. Je viens quand même de dire à Freki "Bon chien" en roumain. Il va croire que je lui ai manqué de respect. La boulette, un peu. Du coup après la téléportation -une chance que Gâchette soit à moitié comateuse parce qu'elle en aurait certainement gerbé sinon- je me promets de remercier les loups avec sincérité.

- Première fois contre des vampires, tu t'en sors bien, Gâchette...
- Si ça avait été une épreuve Sang-Coureur, elle aurait eut sa machette et son pins! Je me tourne vers les deux "Hellhounds" qui n'en sont pas vraiment. Merci beaucoup les copains. Vous avez assuré! Je... J'voulais pas êt' impoli, hein, d'taleur.

Freki a un drôle de raclement de gorge qui s'apparente vaguement à un rire. Geki grogne. Je vois bien la dynamique "good cop/bad cop" se dessiner, là.

- A charge de revanche, Frigg, me fait Freki.

Les loups disparaissent et je regarde Ass complétement incrédule.

- Y m'a appelé Frigg ? Pourquoi , y m'a appelé Frigg ?....Attends, j'viens de me faire taunter par de l'humour nordique, là ?!
- Comment tu te sens?
- Claqué. J'ai pas l'habitude de magoter aussi longtemps.
- Et il s'est passé quoi? Parce que si j'ai pas une excellente excuse pour avoir esquiver la paperasse, j'vais m'faire défoncer.

Je partage son rire. Ass me sert contre lui et je me sens étrangement noyé par un sentiment de bien être. A chaque fois que je suis dans ses bras, je me sens comme à la maison, au chaud, en sécurité. Ca fait un bien dingue. J'échange avec lui un long baiser pour exprimer tout mon soulagement d'être rentré au bercail.

- J'étais en mission pour Maman Lionne. Ca fait un moment qu'elle planchait sur l'agression de So' et Léonard. On a retrouvé le nom du responsable y'a deux jours. J'ai commencé à l'chasser et ce soir c'était sensé être le bon moment pour l'épingler. Sauf que j'ai été pris dans un traquenard. Gâchette patrouillait avec ses hommes. Elle est Lieutenant, apparemment. Je me tourne vers elle : T'es bien Lieutenant, hein ? D'ailleurs faudrait que tu nous files ton blaze, sinon j'vais t'appeler Gâchette toute ta life. Moi c'est Ciulin et voici Balthasard. Ciu et Balty, ça l'fait aussi.

Je m'esclaffe avant de me laisser tomber à côté d'elle. J'ai la dalle, la gorge desséchée, une envie furieuse de clope et de pizza.

- Bon au moins on pas tout foiré c'te fois... Ma référence au Brouillard est nette. Samar va pouvoir lâcher des noms. J'en ai ma claque d'courir après des fantômes.

C'est ce moment précis que choisi @Salomon Grass pour apparaitre, debout sur le bureau, pieds-nus, dans une chemise de soie à imprimés ananas et un pantalon de velours côtelé jungle green. Il porte son tablier de jardinier, un bandeau harnaché d'une loupe grossissante et de la terre entre les orteils.

- Bonjour belle compagnie ! fait-il en crottant les papiers qu'Asmodée avait à traiter. J'ai ouïe dire que mes services était requis en cette belle matinée. J'étais en train de faire des boutures. Rien de mieux que l'Aube aux doigts roses pour faire une bouture d'âme à une jeune mandragore ! Il descend avec une élégance de gravure de mode de son promontoire et fait une bise à Ass. Bonjour cher frère ! Il vient me faire un baise-main. Bonjour cher belle-soeur ! Il se tourne vers Gâchette. Bonjour petite humaine déshydratée à l'épaule déboitée, trois côtes fêlées et multiples contusions. La nuit fût mouvementée, je présume; mais vous connaissez l'adage : "Nul ne peut atteindre l'aube sans passer par le chemin de la nuit." Il pousse un long soupire théâtrale . Logique sommes toutes. Gibran Khalil Gibran affectionnait les évidences fumeuses. Il lève les yeux au ciel. Pas étonnant que toutes ces fariboles New Age ait été inspirée de ses écrits. Je ne regrette pas de lui avoir refourgué la tuberculose à celui là.

Sans trop savoir comment, Riley passe de "pelage étrange et ruelle sordide" à "fesses sur un canapé à regarder Ciulin et son mari se peloter".

Est-ce que cette nuit pouvait être encore plus étrange qu’avant ? Apparemment oui. Elle détourne pudiquement les yeux et se gratte la gorge pour le regretter presque aussitôt. Une nouvelle douleur pulse dans son flanc. Elle se raidit contre la banquette, le souffle coupé. Les yeux aux plafonds, elle attend que la souffrance reflue, une main contre son épaule qui ne semble pas être le seul problème.

Elle ne comprend pas trop la suite de la conversation et se demande brièvement s’ils ont oublié sa présence. Du coup elle a moins de scrupule à se sentir vaseuse et prête à s’évanouir, s’endormir jusqu’à ce que Ciulin s’adresse à elle.

- Elle est Lieutenant, apparemment. T'es bien Lieutenant, hein ? D'ailleurs faudrait que tu nous files ton blaze, sinon j'vais t'appeler Gâchette toute ta life.

- Ouep, Lieutenant. Riley Finglas. Et je viens de buter des vampires. Elle pouffe soudain. J’ai plus utilisé ta machette que mon flingue cela dit, donc Gâchette, c’est pas très à propos.

- Moi c'est Ciulin et voici Balthasard. Ciu et Balty, ça l'fait aussi.

Ciulin s’assoit à côté d’elle et elle fait difficilement rouler sa tête vers lui.

- Enchantée, Ciulin Taur et merci pour le coup de main Balty…super toutou que t’as là. Elle se force à se redresser en grognant, son gilet par balle comprime son torse douloureux. Vous pourriez m’aidez à me débarrasser de ça ? Faut que je remette mon épaule en place et si ça vous fait rien je veux bien appeler un taxi pour rentrer chez moi.

Evidemment elle n’a plus les idées bien en place et ses priorités semblent un peu…particulières. Mais elle sent que le fil tenu de son sang-froid n’acceptera sans doute pas d’autres étrangetés aujourd’hui. S’éloigner de ces deux-là lui parait donc une bonne idée pour ne pas perdre totalement la raison.  

Enfin ça c’était avant l’apparition d’un autre personnage directement sur le bureau et qui semble tout doit sortir d’un jardin. Il débite un flot de paroles qui la laisse presque aussi abasourdie que son apparence et son entrée. Son phrasé lui fait penser à Ohanzee et elle ressent l’envie soudaine d’être à ses côtés.

Voilà. La goutte d’eau. Elle le savait. Elle doit partir. Sortir de là.
Elle glisse donc au bout du canapé et se redresse maladroitement finissant certes debout, mais pâle comme la mort et le souffle court, une main contre le mur pour se maintenir à peu près droite.

- Ok. Bah c’était bien sympa cette nuit, vraiment hein... mais je vais y aller avant de devenir folle. Les vampires ok. Sorcier, limite la routine. Mais chiens de la taille d’un cheval, téléportation à tout va, ça commence à faire trop pour moi. Vous avez sans doute…beaucoup de… trucs surnaturels à faire. Moi je vais me retaper gentiment ailleurs.

Avoir Ciulin dans mes bras me calme. C'est toujours comme ça. Ca m'apaise quasi immédiatement. Freki lache la bombe qui me fait me retrouver avec deux yeux ronds en face de moi.

-Y m'a appelé Frigg ? Pourquoi y m'a appelé Frigg ?

J'ouvre la bouche mais il réponds avant moi.

-Attends, j'viens de me faire taunter par de l'humour nordique, là ?!

Je pouffe de rire et change de sujet sans trop y penser. Je m'inquiète plus pour ellui que pour une blague mythologique.

-J'étais en mission pour Maman Lionne. Ca fait un moment qu'elle planchait sur l'agression de So' et Léonard.

Je tique mais ne dis rien, j'écoute.

-On a retrouvé le nom du responsable y a deux jours.
-Deux jours, je vois.
-J'ai commencé à l'chasser et ce soir c'était sensé être le bon moment pour l'épingler. Sauf que j'ai été pris dans un traquenard. Gâchette patrouillait avec ses hommes.

Les hommes sont où? Mordus? Décédés...?

-T'es bien Lieutenant, hein?
-Lieutenant. Riley Finglas. Et je viens de buter des vampires. J'ai plus utilisé ta machette que mon flingue cela dit, donc Gâchette, c'est pas très à propos.

L'armée, alors? A la solde de qui? Probablement l'ICV. Si l'armée régulière a rejoint Tir Na Nog, ils auront été les premiers à les accueillir. Après tout, ce sont les mécènes de la ville... En tout cas, vu l'état de la demoiselle, j'ai aucun doute sur le fait qu'elle n'a pas la moindre idée de ce qui se passe dans cette ville, si ce n'est une vague intuition. C'est pour ça qu'elle ne s'éffondre pas vraiment. Elle s'attendait à un tas de fumier mais elle est secoué de découvrir une décharge entière.


-Merci pour le coup de main Balty... Super toutou que t'as là.
-Ce sont des loups. que je réponds machinalement.

Elle essaie de se redresser mais elle perd des couleurs à vue d'oeil.

-Vous pourriez m'aider à me débarrasser de ça ?
-On enlèvera rien du tout sans la présence de Sal. Qui sait ce que ton gilet maintient en place ou pas...
-Faut que je remette mon épaule en place et si ça vous fait rien je veux bien appeler un taxi pour rentrer chez moi.

Je plisse les yeux et penche la tête.

-On va s'occuper de ça... Reste tranquille, Cheftaine.

Et puis y a Salomon, les pieds pleins de terre sur mon bureau. Je pousse un long soupire en regardant les papiers couverts d'engrais.

-Bonjour belle compagnie !
-Sérieux, Sal...

Simone va me tuer, c'est la deuxieme série de photocopie des papiers en question.

-J'ai ouïe dire que mes services était requis en cette belle matinée.
-Quelques blessures à soigner, oui.

Et il parle et ça me donne une irrépréssible envie de rire parce que Salomon  est toujours c omme ça. Il me claque une bise sonore.

-Bonjour cher frère!
-Salut, p'tit génie. petit sourire plein d'affection.

Il dit bonjour à Ciulin puis se tourne vers Gâchette qui a perdu quelques teintes depuis l'apparition de Salomon. Sa respiration est courte, elle tremble et ne tient pas debout. Pendant que Salomon s'écoute parler, je m'approche d'elle tranquillement.

-Ok. Bah c'était bien sympa cette nuit, vraiment hein... mais je vais y aller avant de devenir folle. Les vampires ok. Sorcier, limite la routine. Mais chiens de la tailles d'un cheval, téléportation à tout va, ça commence à faire trop pour moi. Vous avez sans doute... Beaucoup de... trucs surnaturels à faire. Moi je vais me retaper gentiment ailleurs.

Je me pose entre elle et la porte, l'air tranquille.

-Riley... J'entends que ça fasse beaucoup en un soir. Mais, soyons honnête, vous n'arriverez pas à franchir cette porte sans vous vautrer dans les escaliers derrières vous. La seule raison pour laquelle Sal, ici présent, est là, c'est pour vous soigner. Personne ne vous retiendra mais après avoir survécu à une nuit comme celle-ci ça serait dommage de se briser la nuque parce qu'on s'évanouit dans les escaliers.

Je m'écarte tranquillement.

-Après ça, si des gros loups, de la téléportation, ça fait trop... Je vous conseille de fuir cette ville parce que vous n'êtes pas au bout de vos peines niveau "trucs surnaturels". Est-ce que je vous commande une pizza également? Sal, tu manges avec nous?

- Wowowowow ma belle ! Je me lève pour rattraper Riley - un prénom de mec ça non ?- et la ramener au canapé. Franchement meuf, t'es plus à un truc zarbi près, j'pense! Surtout si ça t'permet d'repartir autrement que les pieds d'vant. Le beauf' ici présent a beau êt' un poil  chelou, c'est un super Heal.
- Je préfère le terme "baroque", ou bien "extravaguant", s'offusque le beau-frère en question. Je suis même prêt à concéder "fantasque", soyons fou... mais "Chelou" c'est fort vilain en bouche!
- Ouais ouais ouais...promis j'investis dans un dico pour nos prochains diners d'familles. S'te plait, tu veux bien t'y mettre ?
-J'adore les dîners ! J'apporterais les fleurs ! C'est toujours charmant un bouquet pour embellir une table.

Salomon retire le bousin qui lui enrubanne la tronche et se penche vers Riley. Il embaume un parfum saisissant de terre humide après une averse d'automne, de fleurs fraiches et, pour qui a un bon odorat, l'odeur de chair en décomposition. Ses grande billes globuleuses scrutent Gâchette avec une fixité inhumaine. Ses iris ont toujours été d'un chartreux intense.

- Permettez, jeune damoiselle. Je risque l'outrecuidance d'un contact direct, mais cela est pour votre bien. Soyez certaine que cela est effectué en tout bien tout honneur. Je vous demanderais simplement de ne pas remuer.

Il pose la pulpe de ses longs doigts gracieux sur son visage et sous l'arrête de sa mâchoire. Ses yeux irradient d'un vert nucléaire inquiétant. Pour avoir été soigné par lui plusieurs fois, je sais exactement ce qui est en train de se passer : de microscopiques "rhizomes" -ouais c'est  le terme pour les filaments blanchâtres et luminescents qui lui sortent de la peau- pénètrent sous le derme, investissent les fibres musculaires, les os, la moelle, l'infinitésimale et... le réparent. Dis comme ça, ça a l'air dégeulasse, mais en réalité c'est plutôt cool. On a l'impression de planer dans ses enzimes, genre méga shoot d'endorphines, et on se sent tout bien après comme une cure détox ou un bain de vapeur. J'ai pas les mots savants de Sal pour expliquer, mais c'est plutôt chouette, en vrai.
Au bout d'une bonne grosse minute, il s'écarte et ses gyrophares fluos s'éteignent.

- Vous voilà comme neuve, ma chère : votre épaule a été replacée, vos côtes comblées, j'en ai même profité pour corriger votre glycémie un peu trop élevée, soigné un début de carie et infiltré votre canal carpien. Je sentais pointer les prémices d'une tendinite. On est jamais trop prudent. Comme le disait Publius Cyrus : "Le courage du soldat dépend de la prudence du général.”

Il sourit de toutes ses dents incroyablement blanches, l'air très heureux d'avoir fait une bonne action. Ce mec a beau avoir quatre siècles, il est toujours comme un gosse qui attend une gomette pour marquer ses bons points.

- De la pizza au petit déjeuner ? Voilà qui est fort incongru mais je ne rechigne jamais à un peu de temps passé avec ma tendre fratrie. Quelque chose avec des légumes si tant soit peu que les italiens cessent de les confondre avec des fruits.

Se faire barrer la route ne lui plait pas des masses

-Riley... J'entends que ça fasse beaucoup en un soir. Mais, soyons honnête, vous n'arriverez pas à franchir cette porte sans vous vautrer dans les escaliers derrières vous. La seule raison pour laquelle Sal, ici présent, est là, c'est pour vous soigner. Personne ne vous retiendra mais après avoir survécu à une nuit comme celle-ci ça serait dommage de se briser la nuque parce qu'on s'évanouit dans les escaliers.

- J’ai survécu à l’Afghanistan et au Centreafrique… je crois pouvoir… gérer des escaliers. Au pire je descendrai sur les fesses. Plus sûr.

- Après ça, si des gros loups, de la téléportation, ça fait trop... Je vous conseille de fuir cette ville parce que vous n'êtes pas au bout de vos peines niveau "trucs surnaturels". Est-ce que je vous commande une pizza également ? Sal, tu manges avec nous ?

Le ton qu’emploie Balty ensuite non plus.
Un poil condescendant. Mais le coup de la pizza l’achève. Comme si elle avait faim, là tout de suite, les os en vrac et le visage couvert de sang.
Elle commence à ricaner mais s’arrête aussitôt en posant une main contre ses côtes, la respiration sifflante. Les papillons devant ses yeux se font plus vicieux et surtout plus nombreux.  

- Putain…me faites pas rire ça fait…super mal… Vous croyez quoi ? Que je suis là…pour le bon air de la mer et pour …les habitants accueillants ? On m’a envoyé avec mon régiment. Pas eu le choix. Je peux pas partir juste parce que j'en ai envie. Et pour…les trucs surnaturels jsuis peut-être pas obligé d’avoir le package en entier… en une nuit non ?

- Wowowowow ma belle !

Ciulin l’attrape doucement et la guide à nouveau vers le canapé. Elle résiste et lutte mais comme elle a l’énergie et le force d’un chaton elle se retrouve rapidement les fesses sur la banquette.

- Franchement meuf, t'es plus à un truc zarbi près, j'pense! Surtout si ça t'permet d'repartir autrement que les pieds d'vant. Le beauf' ici présent a beau êt' un poil  chelou, c'est un super Heal.

Elle se mord la lèvre pour ne pas s’esclaffer. Ça lui rappelle les longues heures à jouer avec son frère.

- Ca veut dire que j’ai été un bon DPS ? Je jouais Tank pourtant…
Elle pouffe mais s’arrête aussitôt quand l’homme étrange s’avance vers elle et son parfum d’humidité un peu écœurante lui fait froncer le nez. Il plante ses yeux globuleux dans les siens et elle s’enfonce d’instinct contre le dossier, pour se soustraire à lui.

- Permettez, jeune damoiselle. Je risque l'outrecuidance d'un contact direct, mais cela est pour votre bien. Soyez certaine que cela est effectué en tout bien tout honneur. Je vous demanderais simplement de ne pas remuer.

- A…attendez, qu’est-ce que vous allez… me …

Mais déjà il a posé le bout de ses doigts sur son visage et elle se fige. Ses yeux s’écarquillent impossiblement lorsqu’elle perçoit les sortes de filament qui lui rentre dans la peau. Elle repense soudain à tous ces films de SF qu’elle a vu avec des trucs extraterrestres qui pénètrent sous la peau et qui ont l’air plus amicaux que ces machins. Son regard accroche l’étrange teinte verte de celui de son guérisseur. Son corps se détend comme sous l’effet d’un puissant calmant. Elle a l’impression étrange de flotter et ses paupières papillonnent comme sous l’effet d’une drogue. Riley perd un peu la notion du temps qui passe et du lieu où elle se trouve. L’étrange jardinier reflue et Riley pousse un soupir de bien-être. Elle lève son bras qui lui parait étonnement léger. La douleur est partie et en tâtant son épaule, elle constate que la tête de l’os ne ressort plus. Elle se sent tellement bien qu’elle sourit à… Salomon…son cerveau vient enfin de se rappeler.

- C’est…wahou…merci !

C’est le moment précis que choisit son estomac pour se manifester, grondement féroce.

Pendant qu'elle me parle et que je sens l'envie de répondre avec toute la condescendance possible - pour une raison que je ne m'explique pas -, je mets en marche la machine à café. J'aurais bien besoin d'un verre, pour être parfaitement honnête mais ça me semble être une fausse bonne idée.

-Et pour ... les trucs surnaturels jsuis peut-être pas obligé d'avoir le package en entier... en une nuit, non?

Elle s'évanouit à moitié sur le canapé, rattrapé de justesse par Ciulin.

La vérité, c'est que j'ai du mal avec les militaires. Rien que le fait qu'ils soient tous obligés d'être là alors qu'ils ont envie de partir me casse profondément les couilles. C'est un régiment de chair à canon. Encore plus parce que L'ICV tente coute que coute de les maintenir dans l'ignorance et cette ignorance finira par les buter, un par un ou tous en groupe.  Ciulin essaie de tempérer. Je soupire un peu. Faut que j'arrête de m'enerver pour un rien. Ca devient un problème, en ce moment.

Salomon s'occupe d'elle pendant que je me sers un café serré en l'observant. Riley se détend immédiatement pendant que Salomon énumère tout ce qu'il a fait à la demoiselle. Je m'approche de lui et lui tapote l'épaule.

-Bien joué, p'tit frère. Bien joué.
-C'est... wahou...merci !

Son ventre grogne et j'éclate de rire en sortant mon smartphone. Je commande des pizzas, une XXL pour Ciulin, une végane pour Salomon et une autre XXL pour Riley. Je doute que l'appétit de tout le monde combiné ne vienne pas à bout de ces pizzas.

-Je ne sais pas si les italiens te mettront des fruits sur ta pizza mais j'peux déjà t'assurer que y a pas d'ananas dessus. Un plus, pas vrai. Installe-toi, Sal.

Je reporte mon attention sur Riley. J'essaie d'être plus... Diplomate.

-Navré pour l'attitude, un poil déplacé, Riley. Disons que se faire téléporter en pleine explosion, ça surprend toujours un peu.

Je souris avant de m'asseoir dans le fauteuil à coté.

-Vous avez une expérience non négligeable, pas étonnant que vous ayez su gérer ces vampires... Aviez-vous des hommes avec vous? Ont-ils eut le temps d'en réchapper?

Parce que s'ils n'ont pas été mangé, on va se retrouver avec une armée de soldat vampires et j'aimerais honnêtement éviter. Autant aller nettoyer tout ça dès aujourd'hui.

-Est-ce qu'on peut faire quoique ce soit d'autre pour vous? Toujours besoin d'un taxi?

- De l'ananas !? Quelle sorte d'infamie est-ce là ? Kali aurait beaucoup à en apprendre en matière de torture en étudiant les étrangetés culinaires de ce monde. Pour ta gouverne, et votre culture intrinsèquement, la tomate est la transformation d'une fleur et contient des graines prêtes à être fécondées. C'est un fruit, de fait. Peuh ! Comme si tous les fruits se devait d'être sucré.

Il a l'air outragé que le monde entier mégenre la tomate. Mon beauf est mec curieux.

- A nous, Ciulin !
- Comment ça , à nous ? J'vais très bien !
- Ce n'est pas ce que me susurre tes organes internes.
- Mes tripes filent droit, c'est bon !
- Techniquement, elle s'entortillent, mais passons. Nous en avons déjà discuté à ta sortie du brouillard. Avec tout le respect que j'ai pour les capacités régénératrices que tu empreintes à mon frère, tu n'es pas à l'abri d'une avarie. Ton organisme reste celui d'un être humain. Tu le pousses au delà de ses limites et c'est très noble -du point de vue de l'homme de science en quête de compréhension que je suis- mais également fort imprudent. Tu as fait usage d'un artefact inconnu aux capacités magiques non identifiées pour te téléporter hors du domaine d'Unseelie et cela a pratiquement liquéfié tes si obéissants organes internes.
- Putain , Sal ! que je m'emporte. Tu fais quoi d'la confidentialité patient-médecin ! HEIN ? ça d'vait rester entre-nous.
- Une chance que je sois fleuriste, rétorque-t-il avec un horripilant battement de cils, comme si ma remarque n'avait aucun sens.

Je me fais donc inspecter les boyaux en évitant soigneusement de trainer un regard vers Asmo. Je ne voulais pas l'inquiéter. C'est tout.

- Tu souffres d'une forme d'anémie due à l'usage de ta magie. Rien d'inhabituel. Cela devrait se résorber avec du repos et de la nourriture...
- Les pizzas arrivent !
-... saine.
- Y'a de la tomate.

Il me regarde un instant et explose d'un rire musicale, exactement le genre de rire qu'on s'imagine sortir du gosier d'un enfant trop précoce.

- Elle est bonne ! Très bonne!

Inutile de lui dire que je n'ai pas fait de blague. Ce qui se passe dans la tête de Sal est et restera toujours un mystère.

-A nous, Ciulin !

Je hausse un sourcil et je me tourne vers Salomon et Ciulin, surpris.

-Comment ça, à nous ?

Oui, comment ça...?

-J'vais très bien !
-Ce n'est pas ce que me susurre tes organes internes.

Je plisse les yeux, avale une petite gorgée de café, silencieusement.

- Techniquement, elle s'entortillent, mais passons. Nous en avons déjà discuté à ta sortie du brouillard. Avec tout le respect que j'ai pour les capacités régénératrices que tu empreintes à mon frère, tu n'es pas à l'abri d'une avarie. Ton organisme reste celui d'un être humain. Tu le pousses au delà de ses limites et c'est très noble -du point de vue de l'homme de science en quête de compréhension que je suis- mais également fort imprudent. Tu as fait usage d'un artefact inconnu aux capacités magiques non identifiées pour te téléporter hors du domaine d'Unseelie et cela a pratiquement liquéfié tes si obéissants organes internes.

L'information enflamme mon cerveau d'un coup. Je ferme les yeux pour composer l'image la plus calme possible mais honnêtement, ça commence à devenir compliquer de maintenir un air affable et détendue. J'ai un sourire crispé et j'observe Ciulin en lançant.

-Liquéfié, hein...?

-Putain, Sal ! Tu fais quoi d'la confidentialité patient-médecin ! HEIN ? ça d'vait rester entre nous.
-Incroyable...

Lassitude et colère se mélange dans ma voix pendant que je me lève pour retourner à mon bureau. Aucune raison à cela, à part l'envie grandissante d'exploser la pièce, morceau par morceau. Une sensation, somme-toute désagréable. Est-ce que j'ai envie de confronter Ciulin sur ce mensonge - en plus de la mission secrete avec Simone dont j'ai été tranquillement tenu à l'écart...? Oui. Est-ce que j'ai très envie d'entendre Ciulin m'expliquer que c'était pour éviter de m'inquiéter? Absolument pas. Je m'asseois à mon bureau et mon regard se perd dans le vide. Je me fais l'impression d'être un tissus usé prêt à lacher. Je n'écoute plus vraiment ce que se disent Salomon et Ciulin. Mon regard se pose sur Riley avant de repartir sur Ciulin.

(en islandais)-Marrant comme ceux qui sont sensé me parler le plus, me parlent, en fait, le moins.

Je plisse les yeux avant de les relever vers Ciulin.

-J'imagine que c'était pour éviter de m'inquiéter.

Un sourire me fend la face.

-Ca ressemble à un refrain que j'ai déjà entendu...

Un rire un peu vide me secoue.
Je suis une boule de fureur au bord de l'explosion. Le pire étant que ça a finalement très peu à voir avec la présente affaire. C'est juste ce qui risque de me faire exploser. La sensation est brulante et de plus en plus tentante. Je n'ai pas toujours été en contrôle et il est difficile de se reposer sur des gens qui, à priori, ne me font pas assez confiance pour me parler de problème grave les affectant sans que je les mette au pied du mur ou bien sans que l'information filtre contre leur gré. J'inspire profondément, dans le vague.
Je mets énormément de volonté à rester calme. Nous avons une invitée qui a visiblement beaucoup de mal avec le surnaturel et je doute qu'elle apprécie un déchainement de colère Prince-démonesque ou divin...
Cette sensation poisseuse d'être enroulé dans du papier bulle comme si j'allais me briser me vrille au plus haut point. Simon, Ciulin, les deux m'ont faits le coup en très peu de temps, finalement. Personne n'est parfait, c'est un fait. Je ne peux cependant pas m'empecher de ressentir un très vif agacement.
Je ne doute pas que mon aura colérique soit... dense. C'est honnêtement le mieux que je puisse faire actuellement.
Plissement de paupières, reniflement. Je détaille à nouveau les personnes présentes dans la pièce de mon air le plus calme.

-Est-ce l'usage de l'artefact ou le fait de la téléportation qui a généré le problème? Possible que ça soit compliqué à déterminer mais ça serait essentiel de savoir si c'est le pouvoir de Frigg et du lien ou bien le pouvoir d'Unseelie qui déclenche de tels maux.

Mon regard se pose sur Ciulin.

-Après tout, c'est toujours intéréssant d'en apprendre plus sur ce lien afin d'éviter des situations facheuses comme... Je ne sais pas... Ton décès prématuré. Ce qui aurait comme conséquence de m'inquiéter légèrement plus, n'est-ce pas?

Je sens mes yeux prendre leur atours démoniaques, craquelures de paupières incluses. Je me reprends immédiatement et me donne une poignée de seconde pour inspirer et expirer calmement. La sophrologie avec Elie a de bons cotés. Je me tourne vers Riley.

-Désolé. La fatigue et la démonstration de force ont quelques conséquences mineures sur mon apparence physique. J'espère ne pas vous avoir effrayée.

Mon téléphone vibre et je me lève.

-Ah! Les pizzas post-chasses! Les meilleures!

Je sors du bureau et descend les escaliers  avec énergie. Putain, j'ai très envie de boxer des trucs, là.

hmm.... Peut-être que j'irais faire un tour à l'Arena.
Je paie, laisse un pourboire au pauvre livreur dans le froid et remonte pour tout poser sur la table basse.

-Servez vous avant que ça ne refroidisse.

Riley fronce les sourcils face au changement d’attitude de Balty (elle n’arrive pas à se faire à Balthasard. Ça fait trop Roi Mage pour elle). Mais elle ne va pas cracher dans la soupe et se détend à son tour.
Elle va pour répondre lorsque Salomon embraie sur l’état de santé de Ciulin et même si elle ne capte pas toutes les implications de ce qu’il révèle, elle devine que ça ne plait pas tellement à son distingué et bouillonnant mari. En témoigne l’attitude un peu fuyante de Ciulin.
Elle sent d’ici les efforts incommensurables de leur sauveur pour ne pas craquer, tout comme une espèce d’aura de colère qui le fait apparaitre tout à coup bien moins humain et étonnement plus sympathique. S’inquiéter pour quelqu’un qu’on aime, ça ça lui semblait très humain. Parce qu’elle soupçonne qu’il ne s’agit que de cela au fond si elle en croit ses paroles acerbes.  

- Désolé. La fatigue et la démonstration de force ont quelques conséquences mineures sur mon apparence physique. J'espère ne pas vous avoir effrayée.

- Oh vous savez, un vampire à l’haleine dégueulasse a essayé de faire de moi son casse-croûte, j’ai donc dû revoir mon échelle de trucs effrayants. Elle hausse les épaules. Vous êtes pas si haut dans la liste tant que vous m’offrez des pizzas.

Elle se lève soudain et retire son oreillette pour vérifier qu’elle fonctionne toujours.
- J’ai ordonné à mes gars de quitter les quais avant les réjouissances. Cela dit il va peut-être falloir que je leur signale que je suis toujours en vie avant que mon père ne rameute toute l’armée pour retrouver mon corps. Elle marmonne sur un ton plus bas. Dommage pour lui ! C’est pas encore aujourd’hui qu’il va pouvoir proclamer haut et fort qu’il n’a plus de fille.

Elle constate que son système de communication semble intact et le replace dans le creux de son oreille. Puis elle s’éloigne de quelques pas, pour un semblant d’intimité et tente de prendre contact avec ses hommes.
- Jenson ?
Réponse en grésillements. Soupir de la part de Riley.

Je vais tuer ce petit con.

- Jenson ??? Bordel de merde répondez où je vous colle aux sanitaires pour le mois.
- Euh…Lieutenant ? Vous êtes en vie ? Putain, on allait partir à votre recherche avec les gars...Qu’est-ce qu’y s’est passé ? Où vous avez disparu ?
- Vous vous croyez où, soldat ? Depuis quand je dois vous rendre des comptes sur mes déplacements ? L’information principale est : je suis en vie. Rentrez et prenez du repos.
- Bien Lieutenant.
- Oh une dernière chose…Quels étaient mes ordres concernant les quais ?
- Euh…de nous éloigner du quartier.
- Exactement. Il ne me semble pas avoir demandé une mission de sauvetage.
- Mais…
- Pas d’ordre, pas d’action. C’est assez clair pour vous ?
Ce gamin a vraiment besoin d’apprendre que l’armée ne forme pas de super-héros. Pour son propre bien.
- Oui Lieutenant. Très clair, Lieutenant
- Bien. Repos.  

Lorsqu’elle se retourne, elle constate que Balty a disparu sans qu'elle ne le remarque, trop absorbée par sa conversation.

- Vous ne sauriez pas où je pourrais me laver pour reprendre un peu forme humaine… je sens le Dracula mort. Ca risque de gâcher ma pizza…