- Tu…je me force pas. Pas du tout même…
- D'accord... souffle-t-elle profondément soulagée.
- C’est juste que…je sais ni ce que je fais ni… Il vient se nicher dans son cou pour s'y cacher. J’ai…aucune connaissance…dans ce domaine. Absolument aucune…

Salomée caresse tendrement sa nuque et son crâne alourdi de trop de pensées. Elle le redresse, prenant son visage entre ses mains pour qu'il puisse lire ses lèvres.

- Moi non plus. Haussement d'épaules. C'est pas grave. On va découvrir ensemble, d'accord ? On forgera nos propre connaissances, comme ça.

Marcus finit par oser la fixer dans les yeux. Une bouffée d'émotion indescriptible et singulière gonfle la poitrine de la dragonne. Tout cela est nouveau pour elle aussi. Tout cela est merveilleusement nouveau et consenti.
Lorsque le Charmeur de bêtes reprend finalement un peu confiance en lui, il retrousse petit à petit le tee-shirt qu'il a lui même prêté à son invitée. La jeune femme se laisse faire, une certaine appréhension logée dans le creux de ses entrailles, et lui prête même maladroitement assistance. Elle entrouvre légèrement les lèvres quand il enserre son cou, et sa respiration se fait plus saccadée à mesure qu'il explore la nudité de son buste de la pulpe des doigts. Elle frémit à l'approche de son nombril la tête vaporeuse et le ventre pétillant d'envie.

C'est ça le désir, alors...
Le véritable désir.

Lorsque Marcus l'embrasse à pleine bouche, Salomée l'enlace cherchant elle aussi le contact de sa peau sous le tissus. Elle explore ce corps étranger, masculin, inconnu, fascinant. Je le veux tout à moi. Ses mains vagabondent sous le coton, effleurent les tétons drus sur ses pectoraux et ressortent par le col, comme des petites bêtes pleines de pattes qui dansent sur l'angle de ses mâchoires. Elle glousse, avec une espièglerie qui ne fait que croitre en compagnie de l'ermite des bois. A croire qu'il n'y a pas que les animaux qu'il sache charmer.

- Preux chevalier, enlevez donc cette armure qui m'empêche de décemment vous câliner... déclame-t-elle, reprenant le même jeu qu'à leur arrivée. Son sourire s'étiole un peu, remplacé par l'anxiété des premières fois. S'il te plait, Marcus...

Ensemble…

Voilà un concept nouveau pour lui. Mais il se fait bien à l’idée de découvrir tout un tas de chose avec elle. Juste elle.
Il est présentement en train de saisir à quel point son corps est réceptif au sien, que ce soit sa bouche, ses mains ou juste la texture de son derme. Il vibre à son contact comme il n’a jamais vibré.

Sentir ses bras autour de lui est grisant. Il comprend maintenant pourquoi l’ICV ne lui a jamais permis aucun contact. C’est trop puissant et bien trop addictif. Lorsque ses paumes capables de fondre la matière trouvent sa peau, Marcus frémit et pousse une légère plainte tout en l’étreignant avec force, ses propres doigts noyés dans l’or de ses cheveux.
Ceux de Salomée partent à l’assaut de son torse qui se couvre de chair de poule puis ressortent pour venir chatouiller son menton. Il sourit en la voyant s’esclaffer, une lueur légère et malicieuse dans le fond de ses yeux.  

- Preux chevalier, enlevez donc cette armure qui m'empêche de décemment vous câliner...
Malgré la demande faite sur le ton du jeu, Marcus hésite un instant. La pudeur est une chose qu’il a acquise avec sa liberté puisqu’on ne la lui avait jamais permise avant. Et puis il sait son corps aussi imparfait que le reste alors qu’elle est si belle…
- S'il te plait, Marcus...

Le sorcier prend une profonde inspiration et hoche la tête. Il exécute le geste mécaniquement et bientôt son tee-shirt finit sur celui de Salomée. Son apparence ne lui a jamais importé avant. Il est comme il est. Mais dans les yeux de la jeune femme, il souhaiterait être plus séduisant.

Plutôt que de ne rester à rien faire, il la fait lentement reculer jusqu’à ce qu’elle finisse par s’assoir sur son lit. Il vient s’installer à ses côtés, le cœur tambourinant si fort contre sa poitrine qu’il en sent les pulsations dans tous son corps. Il se penche à nouveau vers ses lèvres qu’il embrasse avec une sensualité qui n’a rien d’étudiée.

Le Charmeur de bêtes s’applique à apprivoiser sa dragonne.

Sa bouche repart doucement à l’assaut de son cou et cette fois il ne s’arrête pas là. Il la renverse délicatement sur le matelas puis descend sur sa gorge offerte et enfin plus bas, sur ses deux petits monts que ses lèvres escaladent avec envie pour trouver leurs sommets aux pointes durcies. Là aussi, sa langue curieuse vient goûter la peau.
Il relève plusieurs fois la tête, se fiant aux expressions du visage de Salomée pour savoir si elle aime ce qu’il lui fait, se laissant totalement aller à ses envies.
Finalement il se redresse un peu et la fixe, à nouveau un peu perdu.

« Et maintenant ? » semble demander son regard qui l’engloutit sous ses vagues bleues.

Il est beau.

Salomée, qui n'avait pu que le deviner, l'esquisser dans les alcôves secrètes de sa tête, peut désormais s'abreuver de sa beauté. Ses prunelles claires glissent sur lui comme on se repait des splendeurs d'une statue. Parfait, il ne l'est pas, mais c'est dans cette imperfection qu'il est sublime. Son visage d'elfe, son corps d'adulte à la vie malmenée, la jeunesse poignante de ses traits d'enfant qui a grandi trop vite et de travers...

Si beau...

La sorcière approche une main hésitante au creux de la poitrine de Marcus et y pose sa paume à plat. Le coeur de son compagnon bat puissamment et vite. Il galope comme un cheval furieux. Un sourire émerveillé fleurit sur les lèvres de la sorcière.

Marcus la fait asseoir sur le lit avant de l'y rejoindre. Ils se noient dans le regard de chacun, à la fois terrifiés par l'inconnu et excités de la découverte. Ils échangent un baiser lascif qui allume une multitude de feux en Salomée. Elle lui rend sa fougue à l'instinct et se laisse tendrement conquérir. Le sorcier a beau être sourd, le corps a son propre langage. S'il ne parvient pas à entendre les gémissements délicieux de sa compagne, il peut les lire sur son visage ou dans l'alphabet honnête de sa chair : brulante, frissonnante, sensible à la moindre de ses initiatives.
Finalement, il semble à court d'idées, n'osant franchir le Rubicon de l'élastique de ce pantalon qui la couvre pour moitié. La dragonne lui caresse la joue avec une affection qu'elle se découvre par touches. Elle cherche sa bouche pour partager son oxygène avec lui. Nourrir leur bulle en air frais. Se faisant, elle bascule leur position pour venir le chevaucher.
Elle s'accorde quelques secondes pour savourer cette vision, en graver le moindre détail sur sa rétine. Ses doigts dessinent avec minutie et application les contours de ce buste dominé avant de céder leur place à ses lèvres. Sait-elle exactement ce qu'elle fait ? Absolument pas. Elle n'a plus de guide dans sa tête, pas le moindre métronome pour lui dicter les règles et les interdits, alors elle ose. Elle ose laisser libre cours à une voracité charnelle qu'elle sent peu à peu émerger. Sa seule boussole demeure les réactions de Marcus à mesure qu'elle couvre ce derme vierge de contacts humains de ses baisers avides.

Arrivée à la même limite que lui, elle hésite quelques secondes, interrogeant son partenaire du regard. Ne voyant nulle indication contraire, elle le déleste de ce qu'il lui reste de vêtements, dévoilant une anatomie toute en pulsations et turgescence.
Un instant perturbée par la réalité concrète de ce sexe, Salomée observe la chose avec une curiosité circonspecte. Néanmoins, ça ne l'empêche pas d'essayer d'apprivoiser cette étrange excroissance si dure au toucher. Elle s'y prend de la même manière que son torse.

- Est-ce que... Est-ce que tu aimes ? demande-t-elle avec douceur, sondant le visage de Marcus et la moindre de ses expressions. Elle n'est pas certaine de bien opérer comme il se doit.

Heureusement pour Marcus, Salomée semble avoir plus d’idée et surtout plus d’audace que lui. La caresse sur sa joue calme un peu son palpitant qui menace de sortir de sa poitrine, le baiser qui suit bien moins.
Il aime terriblement ça. L’embrasser, être embrasser, partager le même air. Geste typiquement humain qu’il commence à peine à apprivoiser.
Il se retrouve soudain sur le dos, Salomée au-dessus d’elle et il la contemple comme s’il n’avait jamais rien vu d’aussi envoûtant de toute sa vie. Ce qui est sans doute vrai.
Lentement, il passe une main au-dessus de son visage, incapable de s’exprimer par des mots.

~ Tu es belle.

Ses phalanges vagabondent sur son torse nu et il se tend involontairement jusqu’à être habitué à son toucher délicat, donné uniquement pour le plaisir. Elle se penche ensuite pour y presser ses lèvres et il émet un faible gémissement incontrôlable. Il a peur de fondre devant tant de douceur, peur que tout s’arrête soudain pour qu’il découvre qu’il a juste rêvé tout ça. Il plonge donc ses doigts dans ses cheveux blonds, s’assurant qu’elle est bien là, avec lui.
Quand elle s’arrête finalement, il se sent étourdi, assommé par tant d’affection. Salomée se redresse et ils se regardent un moment, le souffle court. Ses prunelles claires semblent lui demander quelqu’un chose et Marcus, curieux, ne dit toujours rien, la laisse prendre l’initiative que lui n’a pas eu le courage de saisir tout à l’heure.

Il retient sa respiration, ferme les yeux, honteux sans savoir de quoi exactement. Un râle lui échappe lorsqu’elle le caresse et il ouvre grand ses paupières, se redresse finalement sur un coude pour capter une vision qu’il n’aurait jamais pu imaginer. Lorsqu’elle remplace ses doigts par sa bouche, il retombe sur le matelas et fixe le plafond en essayant de contrôler les sons qui veulent sortir de sa bouche dans une cacophonie d’expressions de plaisir intense. Il a pourtant appris à maitriser son corps pendant les nombreux examens qu’il a subi.

- Est-ce que... Est-ce que tu aimes ?

Il hoche frénétiquement la tête, la mine presque douloureuse. Aimer est un mot bien faible mais il n’en a pas d’autre non plus pour expliquer combien ce qu’il ressent est unique, bouleversant et délicieux.
Il sent quelque chose monter en lui avec la force d’une éruption volcanique. Une fièvre, un embrassement qui menace de tout submerger sur son passage. Ca le panique complètement, n’ayant absolument aucune idée de ce dont il s’agit.
Il se redresse brusquement et relève Salomée vers lui, le souffle aussi précipité que s’il venait de courir pendant de longues minutes. Maladroitement, il vient chercher les lèvres de la jeune femme et tente de communiquer sans grand succès.

- Attends… je… Salomée…

Il l’étreint à l’étouffer, enfouit son visage contre son cou et essaie de dompter les élans de son corps et surtout de cette partie de son anatomie qu’elle cajolait avec bien trop d’habileté. Décidant que le meilleur moyen était encore de faire diversion, il revient chercher son regard et invite ses paumes sous le pantalon qu’il lui a prêté, le faisant glisser petit à petit le long de ses jambes.
Enfin elle est aussi nue que lui, à genoux sur le matelas.
Il baisse les yeux vers cette partie totalement étrangère de l’anatomie féminine et y découvre une toison toute douce au toucher. Le centre de son plaisir à elle s’il suit la logique de son propre corps. Leurs regards se captent à nouveau, Marcus se rapproche puis fait coulisser ses doigts plus bas, sans doute un peu malhabile mais avec une extrême délicatesse.

- Montre-moi… souffle-t-il dans une voix encore plus rauque que d’ordinaire, apprends-moi…

Marcus lui signifie avec expressivité qu'elle ne commet aucun impair, alors Salomée continue, se laissant guider par l'instinct. Elle n'a pas osé mettre cette drôle de chose dans sa bouche comme elle l'a déjà vu faire par les nombreuses maitresses d'Edgard. Elle s'est contenté de simplement laper et embrasser. Sourcils froncés, louchant sur la verge gonflée, elle coince une mèche de ses cheveux derrière l'oreille et se décide à tenter la manœuvre. À peine a-t-elle refermé ses lèvres sur l'engin que Marcus s'agite.

- Attends… je… Salomée…

La sorcière s'arrête immédiatement et relève la tête, inquiète.

- Quoi ?! Qu'est-ce qu'il y a ?! Je t'ai fait mal ?!

Au lieu de répondre, le jeune homme la hisse jusqu'à lui pour trouver ses lèvres. Une pensée saugrenue la traverse : l'idée que sa bouche n'est pas "propre". Ce n'est pas un détail qui semble gêner son compagnon qui finit par se réfugier dans son giron. Salomée saisit soudain, confusément, que Marcus a eu peur. Peur de cet excès de plaisir, peur du vertige qu'il cause, peur de s'abandonner à lui sans retenu.
La jeune femme enlace le sorcier encore tremblant de ce trop plein d'attentions. Elle bécote délicatement son épaule, la naissance de son cou jusqu'à cette oreille qui ne l'entend pas soupirer. Une nouvelle fois son palpitant semble étouffé par une pression inconnu. Inexplicable.

- Tout va bien, tout va bien... murmure-t-elle, bien qu'il ne puisse saisir un traitre mot de ce ronronnement réconfortant. Je suis là, je te tiens....

Un couinement lui échappe, lorsqu'elle perçoit une des larges mains de Marcus s'inviter dans son propre pantalon et empoigner le charnu de sa fesse. Il choisit de la délester à son tour de tout vêtement. Elle le laisse faire avec un  sourire confiant, flattant les boucles brunes de l'arrière de son crâne.
Voilà qu'ils se font face, à genoux sur le lit, dans une étrange solennité.
Patiemment, elle attend de savoir ce que Marcus souhaite faire ensuite. Comme à chaque fois, elle frissonne d'expectative avant même qu'il la touche. Le sorcier, cherche à son tour à comprendre et apprivoiser ce corps différemment construit du sien. Marcus tâtonne gauchement mais avec une douceur qui compense l'inexpertise du terrain. Sans même en avoir conscience, elle écarte légèrement les cuisses quand il vient l'explorer. Frémissement trouble qui l'oblige à attraper le bras de son partenaire par reflexe alors qu'elle se penche en avant.

- Montre-moi… apprends-moi…
- Ok... souffle-t-elle en venant doucement happer ses lèvres.

Elle vient se glisser contre Marcus, dos contre son torse, nuque en appui sur son épaule. Tout en le regardant, elle s'empare délicatement de ses mains et les guide sur son corps. Elle dicte à l'une d'empoigner l'un de ses seins, et amène l'autre vers les confins de son anatomie. Elle dessine avec lui les subtilités cachées de son sexe, prenant le temps de souligner ces courbes et crevasses plus sensibles que d'autres. Elle se tend, se contracte, gémit en renversant parfois la tête dans le creux de son cou. Une fois qu'elle le pense assez sûr pour se promener seul, elle quitte cette main vagabonde pour cueillir sa joue avec un sourire tendre. Elle se perd dans les constellations de ses joues et ses grand yeux bleus et honnêtes.

- Tu es tellement beau...

Lui,
lui ne me fera jamais de mal.

Marcus la tient fermement contre lui, lui servant de pilier fiable, bien plus à l’aise lorsqu’il donne du plaisir que lorsqu’il en reçoit.
Explorer, il a toujours aimé ça, trouver des endroits cachés, inconnus des autres. C’est un peu ce qu’il a l’impression de faire avec Salomée.
Guidée par elle, l’une de ses mains flatte sa poitrine tandis que l’autre s’est immiscée entre ses cuisses. Le corps de la jeune femme est tout en courbes, en douceur et en humidité. Sensation inédite et étonnante au bout de ses doigts qu’il se plait à découvrir.
Pour la première fois de sa vie, il a l’impression d’avoir une sorte de pouvoir sur le corps d’un autre, un pouvoir délicieux, délectable s’il en croit les expressions de son visage qu’il ne quitte pas des yeux une seconde.
Salomée est incroyablement expressive et son corps parle dans un langage qu’il comprend. Il lui prend parfois l’envie de dévorer de sa bouche ses cris qu’il n’entend pas mais qu’il devine et c’est bien ce qu’il fait.
Une pensée qu’il ne l’a encore jamais traversé passe la barrière de ses lèvres.

- J’aimerai t’entendre…

Sans doute l’unique fois où il regrette d’être né sourd. Elle tourne la tête vers lui et il pose son front contre le sien.

- Tu es tellement beau...

Il rougit un peu, frôle ses lèvres des siennes mais reste mutique, la gorge obstruée par une énorme boule, le palpitant serré comme si elle le tenait entre ses doigts. Son visage doit très certainement trahir ce drôle de sentiment et son expression se pare soudain d’une détermination à l’amener au bout du chemin qu’ils viennent d’entamer sur son lit.
Il lui donnera tout ce qu’il peut lui donner.  

Entre ses cuisses, les doigts de Marcus se font plus précis, plus redoutables et son pouce flatte régulièrement cette petite excroissance de chair qui lui fait plisser le visage de si charmante manière.
Il sent confusément qu’il fait bien, le lit sur le visage de Salomée qu’il ramène à lui d’un ordre murmuré si elle fait mine de se détourner.

- Regarde-moi. Faut que je te vois… je veux te voir…

La respiration de la jeune femme s’accélère et elle tremble un peu entre ses bras. Marcus ne sait pas exactement où il l’emporte mais il l’amène petit à petit. Les traits de Salomée expriment soudain une sorte d’extase qu’il n’a encore jamais vu chez qui que ce soit et il vient cueillir cette bouche ouverte dans un ultime baiser. Entre ses cuisses, elle palpite et se resserre autour de ses doigts enfouis en elle.

Il la laisse revenir à elle, toujours calée contre lui.
Curieux, il lève sa main vers son visage et prend en bouche l’index et le majeur recouvert d’elle.
La goûter encore.
Saveur unique, un peu fruité, pas désagréable.

Doucement, il la renverse sur le lit et vient s’allonger en face d’elle, continuant à la regarder, encore et encore, ses yeux jamais repus de la contempler, saisissant à chaque fois une nouvelle expression ou moue. Celle qu’elle affiche maintenant par exemple.
Le dos de son index trace de caressant va et vient sur son bras et elle semble frissonner.

- Tu as froid ? s’inquiète-t-il.

L'expérimentation sexuelle chez Salomée fût plus que succincte.
Vers l'adolescence, aux alentours de ses premières règles, elle se prit d'intérêt pour ce qui se passait au delà de son nombril. Dans l'intimité de sa chambre, elle se mit en quête d'exploration de son anatomie féminine, maladroitement mais avec la même soif de comprendre et d'apprendre qui l'anime toujours aujourd'hui.
Edgard la surprit.
La flamme de mépris et de répugnance qu'elle lut dans ses yeux la mortifia jusqu'à l'âme. Un sourire mauvais fleurit sur les lèvres du garçon. "Tu veux à ce point être comme toute ces femmes qui sont incapables de faire abstraction de leur utérus ? Tu veux à ce point ressembler à ma mère ?" Il vint s'asseoir auprès d'elle sur son lit, alors que Salomée se recroquevillait sur elle même. Il lui caressa la joue. "Très bien. Je vais te faire jouir, mais ce sera la seule et unique fois. Ensuite, tu n'éprouveras plus jamais le moindre désir, plus jamais le moindre intérêt pour le sexe. Tu vaux mieux que cela. Suis-je bien clair ?.... Jouis, à présent."
L'ordre fût donné.
Son cerveau forgé à l'obéissance ne se rebella pas.
Son corps se tendit alors qu'une force inconnue grimpait en elle. Une décharge foudroya sa cervelle. Sublime éclat de plénitude. De liberté. Edgard étouffa le cri sous sa paume. Sa carcasse d'adolescente s'affala sur le matelas, vidée de toutes forces. Edgard rabattit tendrement les couvertures sur elle et lui baisa le front.

Salomée pleura longuement puis jeta ce souvenir dans la fosse où s'empilaient ses désillusions.

***

J'aimerais tellement que tu m'entendes

- J’aimerai t’entendre…
- Tu es tellement beau...

Elle se sent tellement bien entre ses bras, dans cette cabane, perdue au milieu de nulle part. Elle se sent protégée et à l'abri. Les sensations jusque là interdites explosent sous son crâne, le saturant d'informations. Il noie ses synapses d'un cocktail détonnant d'hormones qui ballotte son corps tout entier. Elle n'a qu'un souvenir très vague de son seul et unique orgasme, mais elle se rappelle fort bien la montée en puissance incontrôlable jusqu'au lâcher-prise. Jusqu'à l'Eclair.
Elle n'a pas conscience de s'agripper à Marcus comme si sa vie en dépendait, comme si déraper de cette falaise signifiait sa mort définitive.

Edgard a dit...

- Regarde-moi. Faut que je te vois… je veux te voir…

Le visage de Marcus emplit tout son champ de vision. Le gentil Marcus. Le doux charmeur de bête. Elle lui sourit, rassurée soudain, pour mieux s'abandonner à lui. La foudre se déchaine sur sa misérable carcasse. La plénitude de la liberté est là, intacte, comme si elle attendait Salomée depuis toujours.
La dragonne redescend des nuages vidés de leur orage, alanguie dans les bras de son compagnon. Elle se sent comme de la pâte à modeler, incapable de faire le moindre mouvement sans le concours de quelques doigts. Allongée face à Marcus, elle le contemple avec un drôle de sourire vaporeux, le regard encore fiévreux de lui.

- Tu as froid ?

La sorcière secoue la tête à la négative, étrangement émue. Elle vient néanmoins se blottir contre lui, rapprochant son visage du sien. Ses doigts gravitent sur le nez si particulier du jeune homme.

- J'aurais voulu te faire jouir, moi aussi. finit-elle par dire. Pourquoi tu n'a pas voulu ?

- Tu as froid ?

Elle fait signe que non, mais Marcus, soudain pudique à nouveau, remonte la couverture sur eux, cache son sexe encore tendu. Salomée se rapproche et il fronce le nez quand ses phalanges viennent le chatouiller.

- J'aurais voulu te faire jouir, moi aussi. Pourquoi tu n'as pas voulu ?

Il hausse les épaules, ne voulant pas lui avouer que ce qu’elle lui a fait ressentir était beaucoup trop fort, beaucoup trop étranger et qu’il a eu peur tout simplement. Et puis depuis tout petit, il a appris que ses propres désirs ne comptaient pas et les habitudes ont la vie dure. Alors il a préféré se concentrer sur les siens et l’instant est passé.

La pluie clapote contre son toit et les vitres sont toute embuées créant une drôle d’atmosphère, feutrée, intime.
Il n’a aucune idée de quoi dire ou faire, se sent à la fois satisfait et fébrile. Un bras sous sa tête, il se contente de faire dévaler le bout de ses doigts le long de sa colonne vertébrale.

- T’as ressenti quoi ? finit-il par demander, curieux malgré tout. Ça avait parfois l’air presque…douloureux…

Corbeau croasse et Marcus a presque oublié la présence de ses compagnons à côté d’eux.
« Accouplement humain étrange et bruyant. »
« Pas besoin de tes commentaires, Corbeau. »
« Auras quand même. »

Inconsciemment, ses joues s’ornent de cramoisi.

Marcus élude la question, couvre sa nudité, ce sexe qu'il ne saurait voir, ou bien son corps à elle en plein extase. Maintenant qu'il la vue, libre et sans retenue, peut-être qu'elle le répugne aussi.
Comme Edgard.
Salomée pince les lèvres, silencieuse, préférant s'absorber dans le comptage des multiples tâches de rousseur sur la joue de son compagnon qu'elle effleure du bout de l'index.

- T’as ressenti quoi ? ....Ça avait parfois l’air presque…douloureux…
- Ca ne l'était pas... Un long silence. Elle réfléchit à choisir ses mots avec soin. C'est simplement qu'on perd le contrôle et une partie de nous refuse cet état de fait. Elle lutte pour ne pas lâcher prise, s'offrir au vertige... explique-t-elle. Pourtant, c'est inéluctable. On finira par tomber. Paradoxalement, c'est cette tension de la bataille qui décuple les sensations. C'était parfois doux, agréable, comme quelque chose de délicieux à manger par exemple et d'autre plus électrique, comme des sortes de petites décharges qui font vibrer tout ton corps. De toutes petites étincelles qui crépitent de plus en plus vite, et fort....Et puis après, il y a l'éclair. Il tonne fort dans ta tête, il résonne partout, te secoue et tu planes comme un oiseau. Tu flottes dans du coton...

Elle n'a jamais autant parlé, ni usé d'autant de métaphore. Elle ne sait pas comment mieux expliquer. Elle se redresse pour se pencher au dessus de lui.

- C'est ça, qui t'a effrayé ? demande-t-elle avec douceur tout en lui caressant la pulpe des lèvres. Il ne faut pas avoir peur de se laisser emporter, c'est libérateur.

C'est pour cette raison qu'Edgard m'a interdit d'avoir une sexualité.
Pour que je ne sois pas tentée par la liberté qu'elle peut apporter.

- Moi... fait-elle avec une drôle d'émotion dans la voix. On m'en a privé toute ma vie de cette expérience. Les larmes lui montent aux yeux et elle ne comprend pas pourquoi. On m'a conditionnée pour que j'oublie ce que c'est, pour que je ne le souhaite jamais.... Petit rire mouillé. Excuse-moi... Je sais pas ce que j'ai... Elle s'essuie les yeux et lui embrasse le front. Désolée, j'espère... j'espère que de m'avoir vue, dans cet état, ça ne t'a pas dégouté....

Toi aussi...

Marcus essaie de suivre le flot inhabituel des mots qui coulent de la bouche de Salomée. Beaucoup d’image dans son verbe, certaines qu’il comprend, d’autre non. Mais dans l’ensemble il saisit qu’elle a aimé. Beaucoup. Et à quel point elle lui a fait confiance pour s’abandonner dans ses bras, pour être là pour la rattraper après qu’elle se soit envolée. Revoilà la boule dans sa gorge qui semble y avoir pris ses quartiers alors qu’il crispe les mâchoires.

Lui n’a pas pu. Lui n’a pas voulu.
Il se rend compte pour la première fois des cicatrices que l’ICV a laissé en lui.
Les Humains ne lui inspirent plus aucune confiance.
Et aux derniers moments, il a préféré reculer. Alors même que Salomée est spéciale.  
La jeune femme bouge soudain et son visage se perche au-dessus du sien, auréolé de l’or de ses cheveux. Transfiguré par cette vision, Marcus ne bouge pas.

- C'est ça, qui t'a effrayé ?
Le sorcier baise le bout des doigts qui taquine ses lèvres mais détourne le regard. Honteux. Finalement il hoche la tête.
- Il ne faut pas avoir peur de se laisser emporter, c'est libérateur.
~- J’ai…été mis en condition pour ne pas « me laisser emporter ». Par quoique ce soit. Ce que j’ai ressenti avec toi c’était…nouveau et déroutant, j’avais aucune idée ce que c’était…ou jusqu’où ça allait me mener.

- Moi... On m'en a privé toute ma vie de cette expérience.
Marcus voit avec effarement et horreur des larmes envahir les yeux de la jeune femme. L’a-t-il fait pleurer ?
- On m'a conditionnée pour que j'oublie ce que c'est, pour que je ne le souhaite jamais... Excuse-moi... Je sais pas ce que j'ai...
- Mais c’est fini maintenant…

Même s’il se doute que les choses ne sont pas aussi simples, comme elles ne le sont pas pour lui. Il lève une main pour venir recueillir ses larmes qu’il comprend un peu mieux. Elle s’essuie à son tour les joues et dépose un baiser d’une extrême douceur sur son front. Comme à un enfant. Et son cœur se serre.

- Désolée, j'espère... j'espère que de m'avoir vue, dans cet état, ça ne t'a pas dégouté...

Il devine soudain qui a pu lui mettre cette idée-là dans la tête et une rage comme il n’en a plus ressenti depuis longtemps contre cet homme l’anime. Il la renverse à nouveau dos au matelas, inversant leur position, même si ça l’empêche de signer correctement. Tant pis, il s’en assèchera la voix s’il le faut.

- Pourquoi tu dis ça ? Jamais ! A cours de mot pour l’instant, il vient simplement l’embrasser, l’enfermer entre ses bras, la couvrir de son corps, espérant lui transmettre combien il la trouve et l’a trouvée incroyable. Il recule finalement la tête et vrille ses yeux dans les siens. T’étais …à couper le souffle. J’avais jamais vu… quelque chose d’aussi envoûtant que ton visage quand…quand tu t’es envolée. Cette image-là, elle restera gravée dans mes rétines et si je pouvais je passerai le reste de l’après-midi à te donner du plaisir rien que pour pouvoir te revoir comme ça…

- Pourquoi tu dis ça ? Jamais !

Se l'entendre affirmer avec une telle force ravive brutalement son émotion. Elle prend le visage de Marcus en coupe alors qu'il l'embrasse avec une détermination farouche. Elle sanglote de soulagement, le myocarde serré.

- T’étais …à couper le souffle. J’avais jamais vu… quelque chose d’aussi envoûtant que ton visage quand…quand tu t’es envolée. Cette image-là, elle restera gravée dans mes rétines et si je pouvais je passerai le reste de l’après-midi à te donner du plaisir rien que pour pouvoir te revoir comme ça…

Les joues de la jeune femme s'empourprent violemment et ses sanglots se métamorphosent en petits rires trempés.

- Je pourrais être tentée... fait-elle, son regard liquide plus limpide que jamais. Elle l'enlace pour échanger un nouveau baiser fervent avec lui. Merci... souffle-t-elle simplement. Je suis tellement contente que tu existes...

La confession est d'une sincérité absolue et s'accompagne encore une fois de cette oppression du cœur, gonflé au point de frôler l'explosion, trop gorgé de sang et d'oxygène. Elle picore son visage comme un oisillon, déposant des bisous magiques sur chaque centimètre carré de peau. Elle se sent à nouveau calme, l'esprit clair et dégagé.

Grâce à Marcus.

- Un jour... Tu me feras assez confiance pour t'abandonner dans mes bras ? demande-t-elle en jouant avec ses boucles.

Ce qu’il dit est sans doute terriblement maladroit mais il constate avec soulagement que son visage s’éclaire soudain et chasse les larmes. Elle rit, il voit ses épaules tressauter et il sourit en retour.

- Je pourrais être tentée...
- T’as qu’un mot à dire…

Joueur soudain, il vient frotter délicatement frotter son nez contre le sien puis elle l’étreint et l’embrasse à nouveau et il tente de faire abstraction de la montée de désir qui embrase ses veines à nouveau.

- Merci... Je suis tellement contente que tu existes...

Il contemple ses lèvres, les traits déchirés par une émotion qui a la puissance d’un raz de marée. A son tour, il sent les larmes lui monter aux yeux et il papillonne des paupières pour les chasser. Son front chute contre la gorge de la jeune femme alors qu’il tente pudiquement de cacher son émoi.

- Personne…me l’a jamais dit… murmure-t-il sur un ton qu’il n’est même pas certain d’être compréhensible.  
Lorsqu’il redresse la tête, il se fait happer par son regard clair et franc avant qu’elle ne vienne l’embrasser partout, des baisers tendres, doux, qui le chatouillent un peu parfois. Marcus ferme les yeux, baigné par tellement de contact chaud et affectueux qu’il en a le tournis. Il revient cueillir ses lèvres avec une sensualité dont il n’a pas conscience et qu’il découvre par tâtonnement alors que sa main attrape son le côté de sa tête.

- Un jour... Tu me feras assez confiance pour t'abandonner dans mes bras ?
Il la fixe un long moment et finit par hocher la tête. Son pouce retire les derniers reliquats humides au coin de ses yeux.
- Je voudrais pouvoir voler avec toi, découvrir ce que ça fait tout ce que tu m’as décrit… avoue-t-il. Ensemble… Un petit sourire malicieux s’esquisse sur ses lèvres faisant ressortir l’asymétrie de ses traits. Ca veut dire…que tu voudrais recommencer ?

- Personne…me l’a jamais dit…[/i]
Salomée relève son visage avec douceur
[i]- Maintenant, si. déclare-t-elle en pétrissant ses boucles brunes. Je remercie cette maudite forêt qui bouge pour une seule chose : notre rencontre...

La jeune femme le couvre de baisers tendres, pleine d'une chaleur et d'une affection qu'on ne lui a jamais laissée prodiguer. Marcus happe ses lèvres, son oxygène et l'ensemble de ses pensées.

- Un jour... Tu me feras assez confiance pour t'abandonner dans mes bras ? s'enquiert-elle.
- Je voudrais pouvoir voler avec toi, découvrir ce que ça fait tout ce que tu m’as décrit… Un sourire fleurit sur les lèvres de la sorcière. Ensemble...
Elle frotte son nez contre le sien.
- Il n'y a qu'une manière pour qu'on puisse le vivre ensemble...
- Ca veut dire…que tu voudrais recommencer ?

Salomée fait mine de réfléchir en promenant son regard vers le plafond. Son sourire espiègle la trahit. Dépouillée de ses atours sévères de dragonne, elle semble rajeunir. Elle a tout de la gamine délurée prête à commettre une bêtise. Une allure dont elle n'a clairement pas conscience.

- Je crois qu'il pleut toujours dehors... On a tout notre temps, donc...

Elle pince les lèvres en le regardant par dessous ses sourcils expressifs puis détourne son attention en venant lécher la commissure de son sourire de lutin. Sa langue ne tarde pas à se glisser dans sa bouche pendant qu'une de ses mains s'immisce sous la couverture. Elle observe les expressions de Marcus alors qu'elle flatte délicatement sa virilité. Elles alimentent ses propres braises à peine apaisées.

- Pour que toi et moi, on s'envole ensemble, tu... Tu dois venir... Elle déglutit, une nouvelle boule d'anxiété logée dans le bide. Ses prunelles glacées plongent dans les siennes... en moi....

Salomée regarde vers le plafond et il se dit soudain qu’il vient sans doute de prendre ses désirs pour des réalités jusqu’à ce qu’un grand sourire finisse par fleurir sur ses lèvres. Marcus vient mordiller son nez en représailles.

- Je crois qu'il pleut toujours dehors...
- J’entends pas donc je vais devoir te faire confiance aveuglément là-dessus, déclare-t-il avec un sourire irrépressible.  
- On a tout notre temps, donc...
- On va pas se demander où tu es passée ?

Elle détourne la question qu’il oublie bien vite lorsqu’elle l’embrasse. Il n’a aucun mouvement de recul lorsque sa main dévale son torse mais un gémissement torturé s’échappe de ses lèvres lorsqu’elle referme ses doigts sur son sexe qui n’a rien oublié de la brusque montée de désir inassouvi de tout à l’heure. Il ouvre grand les yeux, accoudé au matelas et essaie de se détendre, d’oublier tout sauf Salomée et ses mains divines. Ses hanches bougent sans qu’il ne contrôle quoi que ce soit et il dévore sa bouche pour bâillonner ses cris.
Il tremble un peu mais s’accroche au regard de Salomée.

Elle est là.
Ils sont bien tous les deux, seuls.
Personne ne peut l’empêcher de ressentir ou faire quoi que ce soit.

- Pour que toi et moi, on s'envole ensemble, il la regarde, ayant bien du mal de se concentrer sur ses mots, tu... Tu dois venir... une lueur d’anxiété vient de se loger dans ses prunelles d’acier et Marcus fronce les sourcils, se demandant ce qui peut l’angoisser de cette façon, en moi...

Marcus percute au ralenti. Il a évidemment une vague idée de la théorie, après tout même les animaux s’accouplent, mais pour le reste… Le cœur tambourinant comme un fou furieux, il fixe ses yeux dans les siens.
- Oh…tu veux dire…il ne finit pas sa phrase, rouge écrevisse.
Il a furieusement envie d’être proche d’elle, de découvrir tout ça avec elle. Il n’imagine personne d’autre avec qui il voudrait passer ce pas, avec qui il aurait envie d’être aussi intime. Il hoche simplement la tête, la mine sérieuse, presque avide maintenant qu’il a pris sa décision.

- Tu…t’en aurais envie ? J’ai l’impression que ça te fait peur…Il vient chercher l’une de ses mains et y dépose de tenders baisers. Te force pas non plus à quoi que ce soit…pour moi, d’accord ?

- Oh…tu veux dire…

Salomée hoche doucement la tête avec un faible sourire.

- Tu…t’en aurais envie ?
- Non. Lâche-t-elle mortellement sérieuse. C'est pour ça que je te le propose d'ailleurs. Haussement d'un sourcil ironique. Comme elle craint trop que la crédulité du jeune homme la prenne au pied de la lettre, elle ajoute : Evidemment que j'en ai envie....Avec toi.
- J’ai l’impression que ça te fait peur…
- Oui.. un peu, avoue-t-elle avec franchise. Petit rire un peu crispé. C'est... C'est ma première fois à moi aussi....C'est toujours un peu effrayant les premières fois.

Silence.

- Je vais peut-être avoir mal et saigner un peu...

Marcus vient chercher cette main perdue sous les couvertures pour la ramener à la surface et en embrasser les phalanges. La visions est rassurante mais les paroles qui vont avec la font bondir.

- Te force pas non plus à quoi que ce soit…pour moi, d’accord ?

Cette fois, c'est la dragonne qui lui mord le nez et le regarde avec de gros yeux.

- J'ai l'air de me forcer ? Si tu redis un truc pareil je demande à Corbeau de venir te bouffer la tête! fait-elle la mine boudeuse.

Néanmoins, elle enrobe ses épaules tendrement, presque possessivement. Elle plante ses billes d'acier dans ses prunelles bleues, comme deux surins aiguisés.

- Je suis une femme libre maintenant, clame-t-elle avec une détermination farouche qui sublime ses traits. Je fais mes propres choix et je te choisis toi, ok ?

Elle écarte les cuisses et enroule ses jambes autours des hanches de Marcus. Elle se presse plus étroitement contre lui.

- Et toi... Tu choisis quoi ?

- J’ai l’impression que ça te fait peur…
- Oui.. un peu. Elle rit pourtant, il enregistre mentalement chaque fois qu’elle le fait. C’est là qu’il la trouve la plus belle. C'est... C'est ma première fois à moi aussi...C'est toujours un peu effrayant les premières fois.
Il acquiesce silencieusement. Il n’en mène pas large lui-même.
- Je vais peut-être avoir mal et saigner un peu...
L’idée ne lui plait pas tellement. Pas du tout à vrai dire.
- Ah... Je veux pas te faire mal… Te force pas non plus à quoi que ce soit…pour moi, d’accord ?

Elle tend le cou pour venir lui croquer le nez et il lâche une exclamation de surprise en faisant la moue.

- Aïe ! Ca te pose pas de soucis à toi apparemment…
- J'ai l'air de me forcer ?
- Bah…j’en sais rien…
- Si tu redis un truc pareil je demande à Corbeau de venir te bouffer la tête !
- Oui chef, acquiesce-t-il avec beaucoup de sérieux avant de pivoter la tête vers le corvidé. Celui-ci les regarde et se tord le cou sur le côté avant de croasser bruyamment. Il lui faudra pas beaucoup pour accepter…Il fronce les sourcils et recouvre un peu mieux le corps de Salomée avec le sien. C’est un vicieux, lui chuchote-t-elle dans l’oreille.

Les bras de Salomée l’entourent et Marcus se redresse un peu.

- Je suis une femme libre maintenant. Je fais mes propres choix et je te choisis toi, ok ?
Ses doigts viennent tendrement caresser sa joue, puis cette moue déterminée sur ses lèvres qui profèrent des paroles qui le remuent de l’intérieur. Une douce chaleur envahit son poitrail et gonfle son cœur.  
- Ok… ça aussi c’est une première pour moi…d’être choisi…

Les jambes de Salomée s’enroulent autour de lui, l’attire tout contre elle et il frémit mais d’anticipation cette fois.

- Et toi... Tu choisis quoi ?
La mine grave, presque solennelle, il noue ses doigts aux siens et plaque sa main contre le matelas.
- Toi.

Il arrive donc à un tournant.
Il la désire, c’est un fait. Elle le désire aussi, mieux elle le choisit. Ce moment unique est à eux, et ils ont décidé de le saisir. Il sait ce qu’il doit faire, il lui faut simplement faire taire sa peur et sa méfiance ancrées dans sa chair comme son ADN. Il prend une profonde inspiration puis doucement, avec la maladresse des premières fois et une lenteur excessive, il se glisse en elle. S’étranglant à moitié de plaisir, il découvre la sensation de ne faire qu’un avec elle, enserré dans un cocon de chaleur humide. Sans s’en rendre compte, il a enfoui son visage contre son cou et il inspire profondément sa peau, cherchant à retrouver ses esprits. Il s’immobilise soudain et le visage marqué par un éblouissement aveuglant, il cherche son regard.

- Tu vas bien ?

- Toi.

Comme cette réponse l'enivre, comme soudain la vie parait exaltante, pleine de couleurs et de perspectives. Dans le reflet des yeux de Marcus, Salomée a l'impression de se voir telle qu'elle est en réalité.

Je suis cette femme là.

Arrimée au Charmeur de Bêtes, la Dragonne retient son souffle. Elle le sent prudemment entrer en elle, franchir le seuil de son intimité pour s'aventurer dans sa matrice étroite. L'expression de la jeune femme se froisse en sentant ce corp étranger faire intrusion laissant une impression de brûlure dans son sillage. Elle se contraint néanmoins à respirer calmement et à se détendre. Un gémissement étranglé s'échappe de sa gorge à mesure que Marcus progresse plus loin dans ses chairs. Malgré la friction douloureuse, une sensation de délice persiste, en sourdine.

- Tu vas bien ?
- O.. oui... halète-t-elle quelque peu crispée, cherchant à décrypter le langage de son propre corps. Je crois.... et toi ?

Il a l'air. Son visage transfiguré par le plaisir est plus parlant que tous les discours.

- Continue...

Inconsciemment, le bassin de la sorcière s'anime de lui même, invitant son compagnon à suivre les cambrures de ses reins au même rythme lancinant. La mélopée plaisante d'arrière plan prend petit à petit le pas sur la morsure des débuts. Salomée cherche désespérément la bouche de Marcus pour lui offrir ses lèvres en pâture. Ses doigts se referment avidement sur sa tignasse brune et son front se colle au sien.
Malgré l'inconfort de l'abrasion, malgré leurs maladresse mutuelle, la sorcière d'émeraude est éclaboussée d'un sentiment de joie sauvage. Elle est libre de faire ce qu'elle veut, de chérir qui elle veut et de l'exprime sans retenu, réveillant même Chien de sa sieste un bref instant.

- Marcus...

Un merveilleux prénom pour se gargariser d'extase.

- Tu vas bien ?
Il cherche à décrypter le moindre signe sur son visage qui suggèrerait qu’elle trouve tout cela trop douloureux. Il arrêtera si elle lui demande, quand bien même lui se sent mieux qu’il ne l’a jamais été.
- O.. oui... Je crois...
- Sûre ?
- Et toi ? dévie-t-elle.
Assentiment donné d’un hochement de tête.
- Continue...

Il se penche d’abord pour venir l’embrasser, espérant naïvement effacer les restes de douleurs qu’il lit dans les légères ridules sur son front, qu’il bénit aussi de ses lèvres.
S’il a bien une vague idée de comment procéder, son corps semble savoir mieux que lui et quand Salomée bouge les hanches, il suit son rythme sans se faire prier.
Jamais il n’aurait pu penser qu’un tel plaisir existait, jamais il n’aurait cru pouvoir l’expérimenter un jour. La fin du monde est proche, il s’était résolu à y assister en témoin silencieux et solitaire.

Jusqu’à ce qu’il la rencontre. Jusqu’à ce qu’elle réveille tout un tas de sentiment en lui, dont une puissante envie d’elle, de vivre, de vivre des choses avec elle.

Les yeux dans les yeux, la bouche du sorcier attrapant sauvagement la sienne dans des baisers malhabiles mais sincères, Marcus lui fait l’amour.

Leur danse conjuguée s’accélère, entrainée par des instincts et des désirs libres de toute entrave. Il sent la douceur qu’elle lui a décrite puis la lente montée de flammes qui l’embrassent de partout, guide des coups de rein plus puissants, moins contrôlés. Il a conscience de chaque battement de cœur, chaque mini-séisme qui le secoue quand il réinvestit ses chairs, le tiraillement presque douloureux de ses doigts dans ses boucles, la chaleur de leur corps unis et du fait que Salomée demeurera toujours spéciale à ses yeux. Peu importe l’avenir qui les attend.

Front à front, il a l’impression d’être en communion totale avec elle et s’il ne les entend pas, il voit les multiples manifestations de son plaisir qui franchisse le seuil de ses lèvres et qu’il happe dès qu’il le peut.
Les crépitements d’électricité ne tardent pas et il écarquille les yeux, comprenant qu’il est au bout du chemin et que la falaise est juste devant lui.

Sauter ou reculer ?

- Marcus...
Comme il aimerait entendre ce son qui semble la délivrer soudain. Elle embrasse son plaisir avoir une joie sauvage, belle à en mourir et finalement il se décide à la suive, à se laisser emporter avec elle.
- Salomée…Rattrape-moi…

Il saute.
Coup de tonnerre qui l’ébranle de la tête au pied.
C’est si violent, si bon qu’il en pousse une plainte rauque, le regard toujours braqué dans le sien. Il reste figé quelque sublimes secondes, l’esprit vierge de toute pensée mais baignant dans une jouissance féroce avant de s’effondrer sur elle, la joue contre son giron, le corps tremblant de partout.

- Salomée…Rattrape-moi…

La jeune femme tiens fermement son visage pour qu'il puisse lire ses lèvres.

- Je te tiens....Je suis avec toi...

Marcus lâche prise, se laisse emporter par l'orage, le regard de la sorcière comme seul point d'encrage. Cette dernière à un sourire féroce, primaire, en sentant son compagnon semer en elle, dispersant une chaleur inattendue dans son ventre. Elle s'entend même rire, complétement exaltée par l'instant. Le Charmeur de Bêtes s'écroule sur elle, à bout de souffle et elle l'accueille à bras ouverts. Sa joue frotte contre ses boucles noires et folles, trempées de sueur et de pluie. A nouveau son coeur se sert d'émotions confuses et fortes. Certains de ses doigts pétrissent son cuir chevelu avec tendresse tandis que d'autres caressent les omoplates tremblantes de son compagnon. Elle a tout naturellement croisé ses jambes autour de sa taille, comme pour mieux le sécuriser. Leurs halètements épuisés s'entremêlent pour habiter le silence. Chien ronfle à nouveau. L'averse drue s'est mue en bruine fine qui ne malmène plus les carreaux.
La perspective d'un retour au haras la travaille déjà.

Non.
Pas maintenant.
Savoure jusqu'au dernier moment...

Salomée bascule Marcus sur le flanc tout en douceur pour mieux voir son visage et lui offrir le sien. Ses yeux pétillent toujours. Elle lui caresse la joue, tout sourire.

- Alors...Ce vol plané ? demande-t-elle malicieusement.

- Je te tiens....Je suis avec toi...

Même une fois le raz de marée passé, il la sent encore.
Là.
Partout.
Son corps repu contre le sien, ses jambes qui s'accrochent à ses hanches, ses doigts qui vagabondent paresseusement sur lui.
Elle. Elle. Elle...merveilleuse elle...
Ils respirent fort tous les deux puis s'apaisent, enroulés l'un à l'autre. Marcus se sent divinement bien, l'esprit apaisé de toute pensée négative et de toute crainte. Il aimerait rester dans cette bulle, se laisser flotter dans cet état de béatitude peu familière mais exquise. Il se dit soudain qu'il doit sans doute l'écraser mais ne trouve pas encore tout à fait l'énergie de bouger.

C'est donc Salomée qui initie le premier mouvement mais ne fait que le décaler gentiment sur le côté. Il voit ainsi son visage rayonnant, les yeux pétillants, les lèvres barrés d'un sourire resplendissant qu'il frôle de son index. Il a furieusement envie de se dire que ce sourire là n'est rien que pour lui mais en doute toutefois. Inconsciemment, il le lui rend en plus vaporeux.  

- Alors...Ce vol plané ?

Sans rien dire, il mime simplement une explosion avec ses mains et sa bouche, comme le ferait un enfant. De la malice plein les yeux lui aussi, il se rapproche jusqu'à ce que leurs nez se touchent presque. Avec beaucoup de tendresse, il vient passer une longue mèche de cheveux derrière son oreille.
~- Pas les mots. Incroyable...ça me parait bien fade. Et...pour toi ? demande-t-il timidement. Pas trop mal ?
Il dépose un baiser sur le bout de son nez, ayant encore beaucoup de mal à se dire qu'il n'est pas en train de rêver puis il se souvient que jamais il n'aurait pu imaginer une chose pareille.
~- J'aimerais qu'on reste comme ça...tous les deux.
Qu'elle n'est pas besoin de retourner au ranch et que le monde les oublie. Mais il sait que Salomée ne l'accepterait jamais, alors il ne propose pas, le coeur douloureusement serré.

Les mimiques de Marcus font glousser Salomée dans le creux de l'oreiller. Lorsqu''il lui demande si elle aussi a aimé cette première fois, elle croise ses pouces et déploie les ailes de ses doigts pour mimer un oiseau qui s'envole et fait mine de s'évanouir de bonheur.

~- Pas trop mal ? veut-il s'assurer.
- Ca va... Je pensais que ce serait pire pour être honnête. Mais j'ai surtout ressenti la fusion de nos deux corps. Ses doigt s'entrecroisent. C'était si étrange et si... chouette !

Elle fronce le nez quand il vient lui embrasser. Elle lui sourit avec cette même expression mutine de gosse prêt à faire milles bêtises main dans la main avec lui. Ses indexes viennent jouer avec le menton de Marcus et taquinent ses fossettes de guingois.

~- J'aimerais qu'on reste comme ça...tous les deux.

Un long silence s'ensuit.
La sorcière se noie dans les iris bleu de son compagnon. Un ciel ouvert à portée de main. Les prunelles de Salomée, limpides comme de l'eau claire sont incapables de mensonge. Être avec lui, vivre dans cette forêt magique, juste eux, Corbeau, Chien et Rat, est une perspective merveilleuse, un idéal qui lui plairait. La présence inopinée de Marcus dans sa vie est une bouffée d'air frais. Avec lui, elle découvre cette femme inconnue, cette Salomée cachée dont elle a tout à apprendre. Cette femme là aime les choses simples et directes, la tranquillité du silence. Elle aime aussi rire et se comporte parfois comme une gamine effrontée. Le Charmeur de Bêtes révèle chez elle une fragilité, des myriades d'émotions, des inclinations inédites...

- J'aimerais tellement pouvoir... Elle le contemple avec un pincement au coeur. L'orage s'est arrêté depuis longtemps... Il va falloir que j'y retourne.

Elle ne bouge pas pour autant. Viens avec moi. Elle ne lui demandera pas, elle connait déjà la réponse.

- Embrasse-moi... implore-t-elle à la place.

... Car bientôt je devrais partir et je veux emporter un peu de toi avec moi..

~- J'aimerais qu'on reste comme ça...tous les deux.

Un long silence suit sa déclaration. Un silence pendant lequel il voit passer plein de choses dans les yeux clairs de Salomée sans arriver toutefois à décrypter clairement tout. Il n’aurait sans doute pas dû exprimer aussi clairement un vœu naïf et égoïste.

- J'aimerais tellement pouvoir... Il va falloir que j'y retourne.

Marcus hoche la tête. Il sait. Ils vont bientôt devoir éclater leur petite bulle de bien-être et de bonheur et il en fait déjà le deuil. Il l’aimait cette petite bulle. Vraiment beaucoup.
Elle ne fait pas mine de bouger toutefois et ses doigts comme aimantés à sa peau vagabondent à nouveau sur son bras.

- Embrasse-moi...

Ses sourcils expressifs sont légèrement froncés et sa bouche à un pli qu’il efface d’abord du pouce. Puis sa paume vient se coller à sa joue et il se redresse sans se faire prier pour s’exécuter. Il prend tout son temps pour lui voler son souffle et s’il ne maitrise sans doute pas encore l’art subtil du baiser il l’embrasse avec une sensualité languide qui lui est propre et dont il n’a pas tout à fait conscience. Il dévie ensuite sa bouche sur sa joue et jusque son oreille où il murmure.

- Je reviendrai te kidnapper. Je te promets… Il relève la tête pour la regarder dans les yeux. Et un jour je te laisserai plus partir.

Dernier baiser, moments de paix subtilisé avant qu’ils ne se lèvent tous les deux et se rhabillent. Les vêtements de Salomée on eu le temps de sécher mais avec l’humidité extérieure, les températures ont chuté et Marcus lui prête une veste supplémentaire.

Finalement, ils sortent, toujours escortés par Chien et Corbeau et cheminent en silence, main dans la main, sans savoir qui a pris celle de l’autre dans la sienne en premier. De la brume humide a envahi la forêt lui donnant une atmosphère spectrale et assez inquiétante. Mais bientôt, trop vite, ils arrivent en vue du ranch. Marcus se tourne vers elle et lui sourit un peu tristement.
Il sait que dans quelques minutes, elle va devoir remettre un masque, paraitre sans faille et peur et il en est véritablement triste pour elle.

Il se penche pour un ultime baiser en l’attirant doucement contre lui, renfermant ses bras sur elle dans ce qu’il espère être une étreinte rassurante. Puis il recule de quelques pas vers la forêt.

~- A bientôt Salomée…

Il lui fait le geste d’au revoir et la regarde partir, restant planté là comme l’un des arbres qui l’entourent jusqu’à ce qu’elle regagne les premiers bâtiments sans encombre. Il aimerait pouvoir la suivre, mais il sait qu’il serait terriblement malheureux et peu à l’aise d’évoluer parmi tous ces gens. Sa liberté d’être ce qu’il est et ce qu’il veut, il n’arrivera pas à l’abandonner.
Même si elle commence à avoir un coût.