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 Grande échappée // Lounis & Lexi

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Lexi Hailey
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Le caporal Lexi Hailey ne comprend rien de ce qui se passe, n'a pas encore pleinement saisi la menace qui les attend, tapie dans cette purée de pois mais elle sent confusément et jusqu'au fond de ses tripes, qu'il n'a rien de naturel.
Comme elle avait vite accepté que Baphomet n'était pas un être "comme les autres".

Elle suit son unité et son fraîchement promu Major, ayant répondu présente lorsqu'elle a compris que cet imbécile de Jenson allait se lancer dans une mission de sauvetage pour secourir l'élu.e de son coeur en disant merde à leur hiérarchie.

Elle perçoit des silhouettes qui se déplacent dans le brouillard, des civils qui viennent s'agglutiner à leur groupe et elle garde le dos de Jenson en visuel, un phare dans la nuit.
Lorsqu'ils se séparent en deux groupes pour aller chercher Rory, Lexi se joint immédiatement à cette nouvelle mission. Sans même réfléchir, réflexe d'une camarade qui suivra les siens jusqu'en enfer s'il le faut.

Une fois le frère Jenson avec eux, la cavalcade reprend, sans aucune certitude de sortir de cette masse grise qui semble se glisser jusque dans vos os. D'autres civils rejoignent leur petit groupe, d'autres formes s'agitent et Lexi s'arrête, plisse les yeux. Elle n'a pas le temps de s'appesantir sur cette subite alerte de son instinct.

- Major ! appelle-t-elle pour faire cesser l'avancée du groupe. Elle désigne l'amas de petites ombres de son menton et s'avance résolument, suivi d'Egan.

Un violent frisson la prend lorsqu'elle découvre le spectacle d'une femme, ou du moins ce qu'il en reste, en train de grignoter un corps Les petites ombres sont en fait des enfants terrifiés qui fuient ce spectacle digne d'un film d'horreur, mené par un garçonnet d'une dizaine d'années au teint basané et aux boucles brunes. Pendant que Egan observe la "zombie", la gardant en ligne de mire, Lexi s'approche des enfants en posant un doigt sur sa bouche. Ils la suivent sans discuter, aidés par l'autorité de l'uniforme qu'elle porte.
Ils s'éloignent du festin de chair pour retrouver leur groupe.

- Rapport ? demande Jenson, les traits tendus.
Pendant qu'Egan lui décrit l'horreur d'une voix blanche, Lexi se tourne vers les enfants.
- Tout va bien se passer. On va vous sortir de là, ok ?
La plupart hochent la tête, les yeux hantés.
- Il faut qu'on reste groupé d'accord ? Prenez vous la main. Ne vous lâcher surtout pas !
Elle récupère doucement celle du petit garçon qui semble avoir été leur meneur
- Comment tu t'appelles ?

- Bassem, lui répond aussitôt l'enfant, signe qu'il a conservé une certaine lucidité.
Elle pose la main de Bassem sur sa ceinture qui s'y accroche avec force. Lexi lui sourit, tentant de garder un air serein. Elle a toujours excellée à cet exercice. Pratique qu'elle a peaufiné lors de ces missions humanitaires.

- Ok, Bassem. Toi non plus, tu ne me lâches sous aucun prétexte.
Le garçon acquiesce et ils repartent tous à pas vifs. Ce sont des bruits de battements d'ailes qui les stoppent tous comme un seul homme et la même urgence qui les saisit d'instinct lorsque le major leur hurle de courir.

La paume accrochée à la menotte de Bassem, Lexi leur sert de locomotive. Mais l'horreur les rattrape, s'abat sur eux sans pitié et se met à les grignoter les uns après les autres. Les balles sifflent mais ne peuvent stopper l'afflux de lépidoptères dévoreurs de chair.
Lexi tente de faire comme ses camarades tout en sachant la manœuvre vouée à l'échec. Elle n'arrête pas pour autant, comme les autres militaires. Alors que les enfants se sont agglutinés autour d'elle, Lexi tire et tire encore, sert les dents en sentant les morsures vicieuses dans son dos et ses bras.

Courir encore, plus vite, ne pas se retourner sur le corps au sol de Rodgers, ne pas chercher à retrouver les deux enfants qui ont disparu pendant leur course éperdue.
Avancer pour sortir de là. Essayer du moins.

Le caporal a cessé le feu, à court de munition, elle a pris la main de Bassem dans la sienne et les exhorte à ne pas s'arrêter, les tirant presque pour aller plus vite.
Et puis, un miracle, contre toute attente, une lueur plus claire vers l'avant.
Lorsque soleil réchauffe finalement son corps glacé, Lexi a bien du mal à réaliser qu'ils sont finalement sortis de là. Elle n'arrête pourtant pas de courir tout de suite. Ce n'est qu'éloignés de quelques mètres de la masse grisâtre qu'elle consent à stopper.
Faisant totalement fi de ses blessures, Lexi s'agenouille et dévisage les enfants un par un, tous hors d'haleine. Il en manque quatre sur la dizaine qu'elle a récupéré.

- Ca va ? Vous n'êtes pas blessés ? leur demande-t-elle avec empressement.

Geste inconscient, elle caresse la joue de certains avec des doigts tremblants, badigeonnant la peau du rouge de son propre sang. Une petite fille d'à peine cinq ans ce met à pleurer à chaudes larmes en appelant sa mère et Lexi la sert contre elle, ouvrant l'autre bras pour quiconque le souhaite. Elle les sert fort, pleurant en silence, elle aussi, incapable de prononcer la moindre parole de réconfort, ne pouvant que leur offrir sa présence.  
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Lounis Al hamoud
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La chair n'oublie jamais, elle enterre. Elle enfouit en vous l'histoire qui ne vous a jamais été comptée. Bassem était trop petit pour se rappeler la guerre, le naufrage ou le visage de ses parents, mais lorsque la brume envahit les rues et que la terreur ébroue la cour de récréation, il sait, il le ressent dans ses trippes, dans chaque fibre de son corp d'enfant. C'est cela : la guerre.
Et comme Lounis, il en est un survivant.
Un reflexe reptilien lui rappelle comment survivre. Est-ce par instinct ou par mimetisme qu'il attrape la main de ce camarade et hurle un cri de ralliement ? Est-ce parce que son frère lui à raconté, là bas, en Syrie ? Peut-être. Il ne saura jamais vraiment. Il n'a que neuf ans. Malgré la purée de pois, il remarque que les monstres ne les prennent pas pour cible, eux, les enfants. Alors, il entraine ceux qu'il peut avec lui. Il n'a qu'un but en tête.

Lounis.

Son ainé et lui sont tout ce qu'il reste d'une famille que la guerre a grignotée jusqu'à l'os. Il ne peut pas mourir. Il ne veut pas mourir ! Il veut revoir Lounis ! Et c'est là que Allah se montre magnanime et grand, il lui envoie un malāk : un ange guerrier pour les guider hors du domaine des monstres. Bassem ne flanche pas quand l'ange lui demande de s'arrimer à elle, il vérifie même que les plus petits s'attachent bien les un aux autres. Il ne pleure pas en enjambant le corps déchiqueté de leur institutrice, il ne regarde pas les horreurs qui jouent aux ombres chinoises dans le brouillard. Il fixe l'horizon en alignant un pieds devant l'autre, pas après pas.

La malāk les conduit à la lumière. Lorsque le ciel d'hiver est de nouveau visible, Bassem se retourne et constate que de la fil-indienne qu'il était parvenu à constituer, il ne sont plus que cinq. Juste cinq. Une fillette pleure. Lui, se l'interdit malgré sa pulsion première de se refugier lui aussi dans les bras de l'ange. Le regard hanté, il fixe la ville désormais invisible. La guerre ne l'a pas eu, une fois de plus. Mais son frère ?

"Je pleurerais quand il sera là." se promet-t-il.
Là, il pourra.

***

Lounis s'est fait à cette vie de marin, même si sa silhouette élancée et son teint olivâtre jurent parmi l'équipage du petit chalutier irlandais. Il n'a jamais rechigné à se lever à quatre heures du matin pour ne revenir qu'en début de soirée. La vie collective en compagnie des autres marins-pêcheurs lui rappelait les camps de réfugiés qu'il avait connus, où tous vivaient entassés. Cela ne l'avait jamais dépaysé. Au contraire, cela lui avait permis de dissiper ses angoisses de naufragé.
Vers midi, alors que tous s'apprêtaient à entamer la pause déjeuner, la silhouette lointaine de la ville se couvrit d'une épaisse fumée engloutissant les arrêtes et pointes des bâtiments. Inquiet, Angus MacDougall, leur capitaine et également celui qui s'était constitué famille d'accueil pour Lounis et son frère, barra pour faire demi-tour. Un frisson glacé dévala l'échine de Lounis. S'échappant du nuage opaque, une nuée de papillon lumineux s'envolaient vers les cieux, leur ailes s'étiolant comme autant de fusées de détresse.

- Qatlaa ... qatlaa kathirun .... murmura-t-il avec effroi. Angus ! Il ne faut pas aller ! 'Iinah alshaytan! 'Iinah alshaytan! C'est le Brouillard ! Unseelie ! implora-t-il.

Le mot jeté, comme un filet sur leurs âmes, inspira immédiatement la peur. Prisonnier de ses mailles, ils fût décidé d'accoster à Merrow's Creek. Une décision qui leur sauva tous  la vie.

***

Lounis ne se décourage pas. Voilà deux jours que l'Apocalypse s'est abattue sur Tir Nà Nog mais la panique n'est toujours pas retombée. Il est difficile de quantifier les pertes et de réunir les familles qui le peuvent. La transhumance des survivants entre différents camps complique la tâche. Cependant, Lounis est familier des fils d'attente pour se faire recenser, obtenir de la nourriture, des vêtements ou simplement des nouvelles fraiches. Il a l'habitude de marcher sans ménager sa peine des heures durant. Il n'a pas oublié.
Bassem n'est pas au Monastère des Moines Pêcheurs, il n'est pas non plus au haras des Gaffney, ni a l'étrange réunion d'anciens forains près de Lubdàn's cimetery. Il continue donc de marcher vers le prochain point de regroupement : la base militaire. Il y a bien cette fameuse école apparue sur la berge du lac mais le jeune homme n'est pas certain que cette rumeur soit vraie. L'ont raconte bien des choses qu'il peine à croire : des monstres, des papillons mangeurs d'hommes, des sorciers, des vampires... Pour le syrien qui a connu la guerre civile, les bombes et les balles, les humains se suffisent bien à eux même pour commettre des atrocités.

Il arrive enfin en vue des barbelés entourant la caserne de l'armée. C'est dans son attirail d'ouvrier aquacole qu'il se présente à la grille et patiente dans la queue de pauvres ères qui, comme lui, sont en quête d'un membre de leur famille disparu ou bien d'un endroit où dormir. Sur le bas côté une femme s'effondre dans les bras d'une autre, en apprenant que son mari ne figure pas parmi les résidents de cet endroit. La scène est douloureusement familière, juste la couleur des cheveux et de la peau change. La guerre joue toujours le même refrain. Lui, n'a jamais su ce qu'il était advenu de ses sœurs après le Passage, même cinq année après.

- Lounis Al hamoud, ça être mon nom, déclare-t-il au soldat lorsque vient son tour. Je cherche Bassem. Petit frère. Bassem Al hamoud. Petit. Dix ans il a. Pas encore, presque. Presque dix ans insiste-t-il, ses grand yeux expressifs essayant de combler son anglais frustre.
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Lexi Hailey
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Il a fallu se relever, laisser les enfants. Lexi a eu bien du mal à abandonner la main de Bassem.
La lâcher, c’était perdre les autres. Sont-ils vraiment en sécurité à présent ?
Le reste lui apparait flou.

Elle se souvient d’avoir regardé leurs frêles silhouettes s’éloigner, pris en charge par des collègues qui étaient à l’extérieur.
Elle se souvient d’O’Shea qui est tombé dans ses bras et qu’elle a consolé comme elle a pu, en essuyant ses propres larmes.
Elle se souvient des regards hagards échangés avec les autres membres de son unité.

Puis il a fallu s’organiser et vite. D’abord soigner les blessés. Lexi a eu de la chance, ses blessures sont profondes mais pas dangereuses. De larges pansements recouvrent une grande partie de son bras gauche et sa nuque. Pour le reste… et bien il allait falloir faire avec.
Les images d’horreur, les pertes, l’improbabilité de ce à quoi ils ont assisté.
A la sortie du centre médical monté avec hâte, elle a la surprise de tomber sur le petit garçon. Bassem.
Sans un mot, elle lui a tendu la main et l'a guidé parmi la cohue tout en lui posant quelques questions.
On peut reprocher beaucoup de choses à l’armée mais elle sait être efficace lorsqu’on a besoin d’elle et qu’elle n’est pas entravée par tout un tas de contrordre et une hiérarchie paralysante. Des premiers recensements ont déjà été fait sous la houlette d’un Rory aux traits tirés mais qui semble savoir ce qu’il fait.
- Hey Hailey. Salut, l’accueille-t-il avec un sourire résilient. Comment vont tes blessures ?
- Ca peut aller. Les tiennes ?
- Pareil.
- J’ai besoin de ton aide. Mon jeune ami ici présent, Bassem al Hamoud, cherche son grand frère, Lounis. Ca te dit rien par hasard ?
- Attends je cherche dans les dossiers qu’on a déjà pu établir.
Lexi regard le garçon dans les yeux et lui sourit avec confiance, lui tenant toujours la main. Si elle n’a pas pu sauver ses camarades, elle le sauvera lui et le rendra à sa famille. Elle se l’est promis en le voyant seul à l’attendre.
Si calme, si patient, si courageux.
Rory revient quelques minutes sans avoir eu vent de la venue d’un Lounis al Hamoud.
- Tu veux bien être vigilent et me prévenir dès que tu le vois ? Elle se tourne à nouveau vers le petit survivant. Ton frère n’est pas encore passé mais on va l’attendre. Toi et moi. Je ne te laisserai pas, je te le promets.

Bassem l’a donc suivi partout sans jamais pleurer, parlant peu, et ne se montrant que peu démonstratif. Il l’a aidé à compter leurs provisions alimentaires mises sous scellés pendant toute une journée. Heureux, comme elle, de pouvoir s’occuper l’esprit, d’être utile. Elle n’ose pas lui poser trop de questions, se contentant de banalité sur ce qu’il aime manger, à quoi il préfère jouer… Ce genre de banalités qui aident à se raccrocher au moment présent. Elle sait qu'il est syrien. La suite, elle se l'imagine bien.

Le soir, elle l’a raccompagné jusqu’aux tentes qui ont été dressées pour accueillir les réfugiés mais n’a pas pu s’éloigner au moment où il a attrapé sa main quand elle a fait mine de partir. Alors Lexi est restée à son chevet et lui a raconté des histoires. Celles qu’elle connait par cœur, Casse-Noisette, Copellia… Elle fait danser ses doigts sur ses draps en fredonnant la musique pour lui mimer vulgairement les danses associées jusqu’à ce qu’il s’endorme. Lorsqu’il est réveillé par un cauchemar, elle est toujours là et ce, jusqu’à l’aube, recroquevillée sur un siège à peine confortable.
Mais ça n’a pas d’importance, elle recommencera autant de fois qu’il le faut.
Elle a promis.

*****

Rory saisit, en passant et complètement par hasard, le prénom lancé par un jeune homme grand et qui ressemble beaucoup au petit garçon qu’Hailey lui a amené la veille. Avec difficulté, il fait avancer son vieux fauteuil jusque l’un des bureaux de recensement.
- Lounis ? C’est bien ton nom ? Il lui adresse l’un de ses sourires solaires dont il a le secret. Viens avec moi. Ton petit frère est là. Sain et sauf. Il a demandé après toi. Il va être si content de te voir.
Il le guide entre l’agitation encore un peu fébrile qui règne à la caserne, dans ses jours qui suivent une catastrophe. Ils mettent quelques minutes à atteindre le bâtiment principal

Lexi les voit passer le seuil avant le petit garçon, occupé à trier des vêtements par taille pour pouvoir fournir des paquetages de premières nécessités aux réfugiés qui n’ont plus rien. La plupart ont été récupéré dans les maisons vides au alentour ou directement dans la caserne.
Elle sait d’instinct que c’est lui. Lounis. Le seul membre de sa famille qu’il reste à Bassem. Il y a la ressemblance physique, évidemment mais surtout ce regard qu’elle croise. Des yeux qui semblent déjà trop vieux pour des êtres si jeunes, une vieillesse de l’âme qu’elle connait bien et qu’elle a croisé chez de nombreuses personnes qui ont affronté le pire en se relevant malgré tout.
Lexi sourit, profondément soulagée et heureuse pour Bassem. Elle pose une main sur l’épaule du garçon, consciente qu’un petit miracle va se jouer sous ses yeux.
- Bassem ? Je crois que quelqu’un est là pour toi. Regarde…
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Lounis Al hamoud
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Bassem n'avait pas pleuré. Les larmes lui étaient montées aux yeux quand, le soir venu, Lounis n'était toujours pas là. Il avait alors retenu la main de la malāk, juste pour qu'une présence adulte le rassure. L'ange se faisait appeler Lexi Hailey et savait raconter les histoires du soir avec un certain talent, sans doute moins évident que son grand frère dont le timbre grave et doux manquait cruellement à ses tympans d'enfant. Néanmoins, il s'était finalement endormi. Un court répit au milieu des cauchemars, car durant le sommeil, il est bien connu que les diables s'invitent dans les esprits. Et cette nuit là, ils étaient dotés d'ailes de lépidoptères.
Lexi n'avait pas quitté son chevet.
Bassem avait alors dit à l'ange que son frère et lui était tout ce qu'il restait d'une famille que la guerre avait boulotté, des vestiges dont il était trop petit pour se souvenir. Ils n'avaient pas toujours été que deux. Chaque soir, son ainé et lui se faisaient la promesse que la Guerre ne les dévorerait pas eux aussi. Ainsi, la famille Al hamoud continuerait de perdurer à travers eux.
Bassem avait tenu parole.
Lounis le ferait aussi, il en avait la certitude.

Alors l'ange hocha la tête et lui promis de retrouver son frère.
Cette fois, Bassem trouva le repos pour de bon.


***

- Lounis ? C’est bien ton nom ?

Le jeune marin-pêcheur lève aussitôt les yeux et son regard tombe sur un jeune garçon handicapé dont le sourire éblouissant escamote le fauteuil roulant. Il n'a rien d'un soldat.

- Oui ! Lounis Al hamoud : mon nom !
- Viens avec moi. Ton petit frère est là.
- Bassem ?! Bassem vraiment là, ici ?!


Une retenue forgée par l'expérience le force à refouler tout élan d'espoir. Il a connu tant de déconvenues auparavant, croyant retrouver ses sœurs sans jamais y parvenir.

- Sain et sauf. Il a demandé après toi. Il va être si content de te voir.

Une onde de soulagement menace de l'inonder mais il s'y refuse encore. Pas tant qu'il n'aura pas constaté de ses propres yeux la réalité de ces mots. Le jeune homme, dans son harnachement de toile cirée et de bottes de pluie suit le dos de son guide en tâchant de ne pas le perdre de vue. Lorsqu'il passe le pas du plus grand des baraquements, le syrien croise les prunelles bleues d'une guerrière aux cheveux d'or. Elle le fixe comme si elle le connaissait. Son sourire le laisse un instant interdit, puis il découvre, à l'abri de sa silhouette, l'ombre de boucles brunes qu'il connait bien.

- Bassem !
- Lounis !!!


Les deux frères se précipitent l'un vers l'autre et se tombent dans les bras. A genoux sur le sol, Lounis étreint le petit garçon avec l'émotion d'un père. Bassem, lui , s'offre enfin le luxe de pleurer à chaudes larmes. Les deux rescapés de guerre échangent fébrilement en arabe.

- T'as vu ? La guerre ne pas eu ! Elle ne m'a pas eu cette fois non plus ! hoquète l'enfant en serrant ses petits poings sur l'imperméable de Lounis.
- J'ai vu, j'ai vu... Tu as été très courageux. Le plus courageux des petits frères.
- Dieux a veillé sur moi ! Il m'a envoyé un ange pour me ramener à toi ! Pour que tu sois pas tout seul ! Pour qu'on reste deux !
renifle-t-il.
- Dieux est grand, et miséricordieux.
- Regarde, c'est elle.


Bassem se retourne et désigne Lexi du doigt. Son ainé pose de nouveau ses yeux expressifs sur la guerrière blonde. L'avatar perçoit alors l'âme brillant avec force agiter ses ailes esquintées mais vaillante dans la poitrine du caporal Hailey. Une très belle âme. Une âme de martyr

- Merci... souffle-t-il  avec gratitude dans un anglais fortement teinté d'accent. Il se relève doucement et s'empare de ses mains qu'il joint au creux des siennes. Il ploie sa grande carcasse vers la jeune femme. Son front touche ces mains salvatrices les bénissant de toute sa reconnaissance. Merci pour tout !
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Lexi observe la réunion des deux frères, la gorge serrée par l’émotion, un sourire lumineux sur le visage. Entendre le petit garçon pleurer est une sorte de soulagement.
Elle aussi aimerait pouvoir se laisser aller de cette façon. Juste une fois, être consolée à son tour. Mais ça n’est pas son rôle.
Alors, en compensation, elle se repait de ce spectacle qu’elle sait rare, qu’elle n’est pas certaine de revoir un jour. Elle croise le regard ému de Rory qui s’attarde lui aussi un instant avant de faire tourner son fauteuil et de les laisser seuls.
Ils ont tous besoin de cette dose d’espoir, de ce shoot de bonheur qui, même s’il n’est pas sien, réchauffe la jeune femme bien mieux que les radiateurs qui tourne à plein régime sous les tentes.
Vaguement, elle croit entendre le mot de « Dieu » et « guerre ». Son arabe est franchement rouillé.
Bassem se tourne soudain vers elle.

- Ca ira pour toi maintenant, lui affirme-t-elle avec toute la conviction dont elle est capable.  
Bientôt son ainé l’imite et la fixe avec une intensité qui la rend légèrement mal à l’aise. Elle a l’étrange impression d’être regardée de l’intérieur si cela à un sens quelconque.

- Bassem a été très courageux.
- Merci...
Son geste la prend complètement de cours. Les mains de Lounis sont incroyablement chaudes sur les siennes. Calleuses et pourtant douces. Lexi lève le menton pour ne pas lâcher son regard. Ce jeune homme a les yeux aussi expressifs que son petit frère. Ils brillent à cet instant d’une reconnaissance dont elle ne se sent pas légitime. Comment en a-t-elle laissé derrière ? Lexi secoue doucement la tête, l’émotion qui la saisit soudain lorsqu’il s’incline devant elle l’empêche de prononcer le moindre mot.

- Merci pour tout !
Les doigts de la jeune femme exercent une légèrement pression sur les siens.
- Afwan. Voilà un mot qu'elle a souvent répété et qu'elle connait bien. C’est mon devoir.

Elle attend qu’il se redresse pour lui sourire, les yeux pétillants. Ses pouces caressent brièvement sa peau dans un geste dicté par la surcharge émotionnelle de l’instant avant de les récupérer délicatement.
- Je suis très heureuse de faire ta connaissance, Lounis Al hamoud. Nous t’attendions avec impatience. Ton frère savait que tu viendrais.

Le tutoiement lui est venu naturellement, comme si elle le connaissait déjà ou que quelque chose les liait. Peut-être est-ce le cas ? Un lien d’une dizaine d’année que le destin a mis sur sa route pour le guider loin du brouillard.

Sa paume se pose sur les boucles du petit garçon.
- Je vais perdre ma petite ombre, alors.
Lexi revient vers l’ainé.
- Où tu as trouvé refuge ? Près du ranch ? Elle sait que de nombreuses personnes ont été aperçu là-bas selon le rapport des hélicos. Vous avez besoin qu’on vous ramène ?

Elle devrait se sentir déchargée de la responsabilité de Bassem, néanmoins quelque chose la pousse à ne pas vouloir se détourner tout de suite.
Pour la première fois, elle se rend compte que si elle a été là pour lui, le petit garçon lui a également permis de traverser ses deux jours sans perdre totalement l’espoir ou la raison. Il était le but qu’elle s’était donné, une cause pour laquelle s’accrocher encore.
En être subitement privé lui fait peur.
Pourtant, elle sait qu’elle finira par devoir affronter à nouveau le monde seule, aussi moche soit-il.  
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Lounis Al hamoud
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- Afwan. C’est mon devoir.
- Devoir de malāk
, ponctue-t-il avec un sourire qui donne à son visage grave des atours juvéniles. Un ange, explique-t-il avec une oeillade tendre pour son frère cadet. Bassem parle de toi, comme ça. Un ange qui garde.

Le contact de leurs doigts à la fois profondément intime et tout en pudeur se rompt finalement.

- Je suis très heureuse de faire ta connaissance, Lounis Al hamoud. Nous t’attendions avec impatience. Ton frère savait que tu viendrais.
- Moi, pareil. Je connais pas... ton nom ?
- Lexi !
coupe Bassem. C'est comme ça qu'elle s'appelle.

Le plus jeune des Al hamoud maitrise un anglais bien plus fluide que son ainé. Il a appris cette langue presque en même temps que sa langue maternelle, en allant à l'école avec d'autres petits irlandais, quand Lounis n'a appris qu'à baragouiner du vocabulaire pratique pour se faire comprendre.

- Lexi, répète le syrien avec un hochement de tête sans la quitter des yeux. Saeid limuqabalatik, Lexi.
- Je vais perdre ma petite ombre, alors.
- Ombre ?
Se sourcils fournis se froncent.
- Zala, traduit le petit garçon. Elle parle de moi.
- Il n'a pas embêté ton travail ?
s'alarme aussitôt son ainé.
- Mais non ! Ughat sayiya ! s'insurge Bassem. J'ai été sage !
- Ok ! Ok !
s'amuse Lounis qui apprécie de le voir réagir au quart de tour sans n'avoir rien perdu de son naturel.
- Où tu as trouvé refuge ? Près du ranch ? Vous avez besoin qu’on vous ramène ?
- Ranch ? Les chevaux, oui ? Non, pas mon refuge. J'ai dormi, dans monastère et puis cherché Bassem. Je faisais travail de pêche quand Unseelie a volé Tir Nà Nog.


Il dégage d'ailleurs une odeur malencontreuse de sueur et de poisson.

- Et Pépé Gus ?! Et Mamie Rela ? Et les tontons ?! s'inquiète brusquement l'enfant. Ils vont bien ? Où sont ils ?
- Angus est dans monastère. Mirela, pas trouvée encore. Mais tout l'équipage va bien. Il y a beaucoup de bazar pas simple, pour trouver la famille.
- Mamie Rela est pas avec les monstres, hein ?
Le gamin interroge Lexi du regard. Les anges doivent certainement savoir ce genre de chose.

Les deux adultes échangent une oeillade embarrassée, ne sachant que répondre au petit garçon : un pieux mensonge ou une rude vérité. Lounis opte pour un silence prudent, comme souvent.

- Bassem et moi, n'avons pas refuge. On peut rester ici ? Avec toi ? demande-t-il alors à Hailey.
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Les voilà qui la traite d’ange. A vrai dire, elle aimerait beaucoup. Ne sont-ils pas immortels ? Faiseurs de miracles ?
Mais Lexi n’est rien de plus ni rien de moins qu’humaine.

- Moi, pareil. Je connais pas... ton nom ?
- Lexi ! répond Bassem à sa place. C'est comme ça qu'elle s'appelle.
La jeune femme a un petit rire, ravie de voir le petit garçon s’animer de cette façon au contact de son ainé.
- C’est ça. Caporal Lexi Hailey. Lexi… ça suffira.
- Lexi.
Le regard de Lounis est profondément troublant : entre l’innocence et la sagesse de lourdes épreuves traversées. Le même impression d’être fouillée jusqu’à l’os la saisit. Le manque de sommeil commence à se faire sentir.
- Saeid limuqabalatik, Lexi.
- Moi aussi. Je vais perdre ma petite ombre, alors.

L’ainé semble bien moins à l’aise avec l’anglais que le plus jeune. Logique après tout. Les enfants s’adaptent si vite à toute situation. Peut-être Bassem ne se souvient-il même plus de son pays natal ? La jeune femme les observe échanger avec un petit sourire en coin, heureuse de se dénouement heureux pour au moins une famille.

- Où tu as trouvé refuge ? Près du ranch ? Vous avez besoin qu’on vous ramène ?
- Ranch ? Les chevaux, oui ? Non, pas mon refuge. J'ai dormi, dans monastère et puis cherché Bassem. Je faisais travail de pêche quand Unseelie a volé Tir Nà Nog.
- Je vois. Ca explique ça,elle a un geste vague vers son accoutrement.

Lexi le jauge soudain de haut en bas, plissant les yeux pour évaluer sa taille et fouille dans les vêtements pour trouver de quoi lui trouver des changes. Il est vraiment grand…Elle écoute d’une oreille leur échange sur le reste de leur famille d’accueil.

- Mamie Rela est pas avec les monstres, hein ?

Lexi croise le regard de Bassem puis plus longuement celui de son frère, attendant de voir ce qu’il choisira de lui dire ou non. Devant son silence et l’œillade pleine de confiance de l’enfant, elle ne peut se résoudre à lui mentir. Ainsi atténue-t-elle au mieux la réalité.
Elle dégage une boucle brune du front de l’enfant avec un mince sourire.

- Tu sais, il y a encore plein de gens dehors qui ne savent pas où aller, comment retrouver les membres de leurs familles… Ca va prendre quelques jours pour réunir tout le monde. Et même si elle n’est pas là, il y a encore de l’espoir. Un ami nous a dit que des personnes avaient construits des abris sous la terre en ville, pour échapper aux monstres. Elle peut être aussi là-bas. Il va falloir être… patient et continuer à y croire. Tu peux faire ça ? En attendant, moi je vais voir ce que je peux faire pour la retrouver. J’aurais juste besoin que tu me donnes son nom et que tu me dises à quoi elle ressemble.
- Bassem et moi, n'avons pas refuge. On peut rester ici ? Avec toi ?

Avec elle ? Pendant un instant, Lexi bloque sur cette formulation puis se reprend. La caserne. C’est de cela dont il veut parler. Néanmoins, elle ne peut s’empêcher d’éprouver un soulagement déplacé. Sa mission n’est pas encore finie.

- Oui. Bien sûr !
Elle empile quelques vêtements dans un sac et son mouvement brusque ravive la douleur de son bras, la faisant grimacer. Elle tend les lanières à Lounis.
- Tiens, pour toi. Pour te changer. Ton frère a déjà ce qu’il faut. Venez, je vais trouver de quoi vous installer.

Elle les guide à nouveau vers l’accueil des réfugiés, retrouve Rory et l’informe qu’elle s’occupe de la famille Al hamoud. Ils croisent Devane qui ébouriffe gentiment les cheveux de l’enfant et qui semble très heureux lui aussi de le voir accompagné de son grand frère.
Lexi récupère une tente à monter relativement grande, deux sacs de couchage, ainsi que leurs tapis de sol et les amène jusqu’à leur nouvelle demeure : quelques mètres carrés d’herbe dans un périmètre qui a été découpé en plusieurs parcelles prêtes à être investies.
Elle dépose le tout par terre et leur offre un sourire contrit.

- Je sais que ça n’est pas grand-chose mais c’est tout ce qu’on a pour le moment. Bassem ? Tu te souviens comment aller dans le dortoir où tu as dormi ? Tu veux bien y retourner pour chercher tes affaires et les ramener ici ?
Pas grand-chose évidemment. Le tout tient parfaitement dans un sac. Lexi le regarde s’éloigner avant de se tourner vers Lounis.
- Ton frère est un petit garçon incroyable. Il a vu des horreurs dans le brouillard. Des choses… que personne ne devrait voir. Surtout pas un enfant. Mais il n’a rien dit. Il n’a pas pleuré avant de te voir. Il a fait des cauchemars. Beaucoup. Et il en fera encore. Je voulais simplement te prévenir.
Elle lui désigne la tente du menton.
- Je vais t’aider avec ça.
Elle se doute qu’il est parfaitement capable de le faire sans elle, mais encore une fois, elle s’attarde, reculant le moment où elle sera seule avec elle-même, ses premiers symptômes et ses propres horreurs.
- Tu ne préférais pas rester avec les autres membres de votre famille ? lui demande-t-elle en ramassant les pics à planter dans la terre. Tu veux que j’aille les faire chercher ou les prévenir au moins ?
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Lounis Al hamoud
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Le caporal prend les choses en mains et tente, autant que faire se peut de tranquilliser le jeune garçon. Cet histoire d'abri souterrain apporte une lueur d'espoir pour l'ainée comme le cadet.

- Elle peut être aussi là-bas. Il va falloir être… patient et continuer à y croire. Tu peux faire ça ? Le petit hoche vigoureusement la tête. En attendant, moi je vais voir ce que je peux faire pour la retrouver. J’aurais juste besoin que tu me donnes son nom et que tu me dises à quoi elle ressemble.
- Mirela MacDougall
, répond Lounis à la place de son petit frère. C'est vieille dame avec cheveux épais, gris. Nashit... mime-t-il en agitant les poings serrés.
- C'est une vraie pile électrique ! traduit Bassem.
- Ca! Électrique. Vrai chef de la maison, acquiesce le pêcheur avec un sourire discret. Puis, il ajoute : Bassem et moi, n'avons pas refuge. On peut rester ici ? Avec toi ?
- Oui. Bien sûr !


La jeune femme lui fournit un paquetage de linges.

- Tiens, pour toi. Pour te changer. Ton frère a déjà ce qu’il faut. Venez, je vais trouver de quoi vous installer.
- Merci, Lexi.
Lounis ploie la tête pour remercier. Il louche sur son bras bandé. Blessure de guerre ? demande-t-il avec gravité. Je vais porter, décrète-t-il avec son vocabulaire limité. Montre où... S'il-te-plait.

Lexi a beau vouloir s'acquitter seule de cette tâche, Lounis lui retire avec délicatesse des mains et empile le tout entre ses bras. Elle n'a plus qu'à les guider où planter leur tente.

- Je sais que ça n’est pas grand-chose mais c’est tout ce qu’on a pour le moment.
- Je connais pire,
déclare simplement le syrien.
- Bassem ? Tu te souviens comment aller dans le dortoir où tu as dormi ? Tu veux bien y retourner pour chercher tes affaires et les ramener ici ?
- J'y vais !


Une fois seuls et Lounis déjà à la tâche, l'ange complimente l'ainé des Al hamoud sur son petit frère.

- Ton frère est un petit garçon incroyable. Il a vu des horreurs dans le brouillard. Des choses… que personne ne devrait voir. Surtout pas un enfant. Mais il n’a rien dit. Il n’a pas pleuré avant de te voir. Il a fait des cauchemars. Beaucoup. Et il en fera encore. Je voulais simplement te prévenir.

Le sourire pétri d'amour fraternel de Lounis s'étiole et de nouveau il contemple Hailey avec cette gravité intense.

- Les gens disent des choses. C'est vrai ? Les monstres ? Un silence. Je veux savoir. Dis-moi ce que j'ai pas vu. Raconte-moi.... Je t'en prie. Il penche la tête en avant, se courbant avec une humilité qu'il a visiblement, chevillée au corps.
- Je vais t’aider avec ça.
- Tu dois pas. Blessée, tu te souviens ?
- Tu ne préférais pas rester avec les autres membres de votre famille ?
- Bassem, c'est ma famille. Et...
Il déplie la toile de tente avec une maitrise manifeste du modèle. Bassem est bien avec les gens d'ici. J'ai vu. Je vais là où c'est mieux pour lui.
- Tu veux que j’aille les faire chercher ou les prévenir au moins ?
- D'accord, mais on finit ça en premier.
Il tire avec un douceur un des piquets qu'elle tient en bouquet. Tu veux bien, malak shaqra' jamila ?

Ses prunelles pétillent un instant d'un amusement très enfantin, et indubitablement charmant.
Ils s'activent à ériger l'abri. Lounis prend soins d'éviter de trop solliciter le bras meurtri de Lexi. Malgré le froid hivernal, le syrien et sa grande carcasse sont bientôt en nage dans leur accoutrement de toile cirée. Sa propre odeur finit par lui faire froncer le nez.

- 'Ana ntan! grimace-t-il une fois leur ouvrage terminé. Je peux laver ? Douche ici, oui ? lui demande-t-il soudain.



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Lexi Hailey
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L’amour fraternel qui lie Lounis à Bassem n’a besoin d’aucun mot pour s’exprimer. Il est là, dans le sourire du grand frère et dans la lueur de ses yeux, dans les pleurs du plus petit, la vie qu’il vient de retrouver subitement.
Lexi a toujours regretté d’être fille unique. Aujourd’hui elle en est soulagée. Ça n’aurait fait qu’une malade de plus. Une autre vie brisée.

- Les gens disent des choses. C'est vrai ? Les monstres ?
La caporal tourne machinalement la tête vers le brouillard et sa masse grisâtre et menaçante. Elle hoche simplement la tête, les yeux hantés par des visions de cauchemars trop récente pour être enfouies. C’est bien les seuls souvenirs dont elle sera heureuse de se débarrasser.
- Je veux savoir. Dis-moi ce que j'ai pas vu. Raconte-moi.... Je t'en prie.
Lexi déglutit plusieurs fois, cherchant ses mots mais préfère s’accrocher au regard doux de Lounis qu’à cette horrible masse grouillante.
- Il y a… il y a quelque chose qui change les gens là-bas. Qui les transforme en être qui marchent, courent, mangent et … je crois en avoir vu un glisser quelque chose dans la bouche d’une femme. Elle secoue la tête. Je ne suis même pas sûre de ce que j’ai vu, tout ce que je sais c’est que ces choses n’ont plus rien d’humain. Et puis… il a des sortes de papillons mais bien plus gros. D’un geste, elle montre l’envergure de ses bestioles. Ils n’ont rien de légers et grâcieux comme les papillons qu’on voit dans la nature. Ils sont… horribles et… Sa paume se pose sur sa blessure… ils mangent la chair humaine.

Elle a soudain un haut le cœur et devient pâle comme la mort. C’est la première fois qu’elle s’autorise à repenser à ce qui s’est passé dans le brouillard depuis deux jours. Elle s’oblige à respirer calmement et à plein poumon.

- C’est ce que j’ai vu. Mais il est possible qu’il y ait d’autres choses là-dedans.
Lexi sert les dents et s’oblige à revenir à l’instant présent. Et à l’assemblage de la tente.
- Je vais t’aider avec ça.
- Tu dois pas. Blessée, tu te souviens ?
- J’ai connu pire, fait-elle en écho à ses propres paroles avec un faible sourire. Tu ne préférais pas rester avec les autres membres de votre famille ?
- Bassem, c'est ma famille. Et... Bassem est bien avec les gens d'ici. J'ai vu. Je vais là où c'est mieux pour lui.
Cette abnégation totale pour son frère est… terrible autant qu’elle est belle.  
- Tu es un … très bon grand frère. Tu veux que j’aille les faire chercher ou les prévenir au moins ?
- D'accord, mais on finit ça en premier. Tu veux bien, malak shaqra' jamila ?
Lexi sourit, amusée et pas tout à fait insensible au charme tout en douceur du réfugié.
- J’ai reconnu le mot ange mais pas le reste. Mais oui, finissons d’abord de vous installer.

A deux, la tente se dresse bientôt fièrement sur leur parcelle. Bien vite, Lexi saisit le petit manège de Lounis mais ne s’en offusque pas. Il n’est pas désagréable d’être la cible d’attention particulière pour une fois.
- 'Ana ntan!
Certains mots lui reviennent, et ceux là, elle les connait. Elle se mord la joue pour ne pas rire.
- Un peu. Mais là aussi, j'ai connu pire.
- Je peux laver ? Douche ici, oui ?
Lexi acquiesce.
- Prends des affaires.

Elle siffle un collègue non loin et lui demande de garder un œil sur Bassem lorsqu’il reviendra, et de lui dire qu’elle est partie montrer les douches à son frère. Mais devant le baraquement qui sert pour les ablutions en tout genre, un petit attroupement de râleurs s’est formé et la caporal doit jouer des coudes pour avancer et comprendre ce qu’il se passe. Elle revient ensuite vers Lounis et attrape son poignet pour le guider dans la foule de mécontent qu’ils doivent traverser.
- Une canalisation a explosé. Grosse fuite et gros dégâts. Plan B.
Ils arrivent enfin devant le baraquement des officiers dont une chambre lui a été affectée mais où elle n’a même pas encore dormi. Elle a simplement jeté ses affaires là. Elle ouvre rapidement la porte et le fait entrer. Elle a un peu honte de tout cet espace alors qu’elle n’a à leur offrir qu’une pauvre tente et martyrise sa lèvre en mordillements gênés.
- C’est euh… sensé être ma chambre. Tu as une douche ici, fait-elle en ouvrant une porte. Y’a du savon et tout ce qu’il faut. C’était… pour les hauts gradés à la base.
Elle reste plantée là, un peu maladroitement.
- Tu t’en sortiras pour retrouver ta tente ou tu préfères que je t’attende ?
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Lounis Al hamoud
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Le récit de Lexi est glaçant. Lounis sent un effroi indicible dévaler ses vertèbres. Cependant, la conviction que tout cela est malheureusement réel s'ancre en lui, soufflée par une sagesse olympienne bien plus vieille.

- Alalihat ghadiba... murmure-t-il avec une profonde tristesse. 'Iinahum yueaqibunana.

Lexi pâlit et, la sentant vaciller, le jeune homme la rattrape par les épaules. Il espère lui insuffler un peu de chaleur humaine et de soutien.

- C’est ce que j’ai vu. Mais il est possible qu’il y ait d’autres choses là-dedans.
- N'y pense plus
, lui intime-t-il avec une délicatesse bienveillante.

Leur labeur terminé, Lounis espère pouvoir prendre une douche salutaire, cependant , un attroupement de rescapés grognent devant les sanitaires. L'uniforme permet à la caporal de se frayer un chemin dans la foule de mécontents et d'entrer dans le bâtiment. Lounis l'attend sagement, ne sachant que faire de sa grande carcasse au milieu de ces gens qu'il dépasse pour la plupart d'une bonne tête.
Soudain, Lexi reparait, le visage affichant une expression décidée toute martiale.

- Problème ? s'enquiert le jeune homme avec inquiétude.
- Une canalisation a explosé. Grosse fuite et gros dégâts. Plan B.
- Plan B ?!


Le syrien n'a même pas le temps de se résigner ou de se questionner que Lexi l'entraine avec une détermination farouche vers un autre bâtiment à la fréquentation plus confidentielle. Il pénètre dans une pièce qui a tout l'air d'être une chambre à coucher. Lounis se sent brusquement dans ses petits souliers.

- C’est euh… sensé être ma chambre.

Une information dont il ne sait franchement que faire et qui accroit son malaise. La gêne le pousse à fixer ses pieds.

-Tu as une douche ici, Y’a du savon et tout ce qu’il faut.

Le jeune homme a brusquement les joues qui cuisent, mortifié de bénéficier d'un passe-droit alors qu'une centaine d'autres ne pourront pas se laver aujourd'hui.

- Je.. Je veux pas traitement différent. Les autres... Ils... La perspective d'être propre chatouille malgré tout son égoïsme. J'ai vraiment droit ? Tu penses ?
- C’était… pour les hauts gradés à la base.


Cela excuse-t-il qu'il l'utilise ? Il hésite, profondément embarrassé, mais son fumet de poisson mariné à la sueur l'emporte finalement sur ses réticences. Il prend une inspiration et entre dans la petite pièce d'eau.

- Tu t’en sortiras pour retrouver ta tente ou tu préfères que je t’attende ?
- C'est ta chambre. Tu peux rester.
Sourire fugace. Une piètre tentative d'humour, il en est tout à fait conscient. Je préfère tu restes. Je veux pas qu'on accuse que je vole les douches de hauts-gradés.

Il s'éclipse alors, goutant avec un bonheur certain les bienfaits de son décrassage en règle. Néanmoins, il ne s'éternise pas, incapable de gaspillage. Il enfile le pantalon de treillis, le t-shirt et le pull informe kaki que Lexi lui a assignés. N'ayant pas d'autres chaussures, il remet ses bottes cirées. Ses boucle brunes encore humides, il sort de la douche revigoré.

- Merci, beaucoup. Il effectue encore cette courbette qui le tasse humblement sur lui même.
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Lexi Hailey
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- Je... Je veux pas traitement différent. Les autres... Ils...
- Ils se doucheront un jour ou l’autre, affirme-t-elle avant d’ajouter avec un peu petit sourire. Et si ça peut te soulager, tu n’auras qu’à te dire que je fais ça pour mon odorat et celui de Bassem.  
- J'ai vraiment droit ? Tu penses ?
Elle hoche la tête.
- C’était… pour les hauts gradés à la base. Cette chambre je ne l’ai eu que parce que mon nouveau gradé est un ami. J’aime autant en faire profiter d’autres.

Elle le voit hésiter encore mais ne sait plus quoi ajouter d’autre pour le rassurer. Alors elle fait comme si la chose était entendue.

- Tu t’en sortiras pour retrouver ta tente ou tu préfères que je t’attende ?
- C'est ta chambre. Tu peux rester.
Elle a un petit rire.
- Grand Seigneur avec ça ! C’est juste une pièce avec un lit. Que je n’ai même pas encore utilisé.
- Je préfère tu restes. Je veux pas qu'on accuse que je vole les douches de hauts-gradés.
- C’est que tu auras été plus malin que les autres, déclare-t-elle avec un sourire en coin. Ok je t’attends alors.

Tandis qu’il se permet enfin une douche, la jeune femme soupire et se laisser tomber sur le lit qui grince un peu. Son bras la lance terriblement. Elle retire son manteau, son pull et remonte la manche de son tee-shirt sur son pansement rougi. Elle ferait sans doute mieux de le changer. Elle sort le matériel qu’Emma lui a donné à cet effet et retire la compresse souillée. Le papillon n’a eu l’occasion que de lui manger un morceau de chair peu profonde, mais on distingue nettement des traces de dents. Ou de crocs…La plaie cicatrise plutôt bien mais les mouvements de montage de la tente ont réouvert sa blessure qui saigne malgré les précautions de Lounis.

Le jeune homme la surprend en plein soin et elle se tourne rapidement pour que sa blessure ne soit pas trop visible. Sans doute a-t-il vu bien pire mais Lexi conserve une certaine pudeur, même pour ça. Elle a à peine eu le temps de nettoyer la plaie.
- Tu as été rapide !
- Merci, beaucoup.
Elle tourne la tête vers lui et reste un moment à l’observer en silence. Lounis a un physique qu’on pourrait qualifier de saisissant. Impossible à oublier. Si ses origines transparaissent clairement, il possède des traits dignes d’une statue grecque antique. Ce n’est qu’au bout d’un certain temps qu’elle se rappelle qu’il lui a parlé et elle revient à ses soins.  
- Je t’en prie ! Tu te sens mieux ? De temps en temps enfreindre les règles ça a du bon. Je finis ça et je te raccompagne. On passera par la laverie pour tes vêtements sales.
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Lounis Al hamoud
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- Tu as été rapide !
- L'habitude : économiser l'eau
, explique-t-il. Merci, beaucoup.

Lexi pose sur lui un regard dont Lounis ne décrypte pas la signification. Il se laisse docilement fixer, en attendant en silence qu'elle en ait terminé avec cette sorte d'inspection. Les rythmes et les desseins de chacun sont insondables et le syrien n'est pas homme à les brusquer.

- Je t’en prie ! Tu te sens mieux ?
- Oui ! Beaucoup. Merci.. Encore
, insiste-t-il avec un hochement de tête supplémentaire.
- De temps en temps enfreindre les règles ça a du bon.

Le jeune homme ponctue sa tirade d'un rire tranquille et une nouvelle fois cet éclat fugace de lumière lui donne des airs de grand enfant.

- Je finis ça et je te raccompagne. On passera par la laverie pour tes vêtements sales.
- Ok... J'aide toi, si tu veux.


Il s'assoie à côté d'elle sans manière et lui retire doucement la compresse des doigts. Il tamponne délicatement la gaze imbibée de désinfectant sur la plaie puis la sèche de l'excédent de produit. Ses gestes méticuleux sont d'une grande prévenance et témoignent d'un tempérament forgé par l'amour des choses bien faites.

- Vilain bobo, déclare-t-il en attrapant les straps sensées aider les chairs à se resolidariser entre elles et minimiser la cicatrice. Il les fixe avec le même soin. Papillons mangeurs, c'est ça ?... Tu as mal ? s'enquiert-il en la couvant du regard.

Lounis l'aide à enrouler le bandage sur son épaule et son bras, puis à ranger le matériel médical. Il se lève avec un léger soupire et contemple la porte. Son profil altier ne suffit pas à cacher sa mélancolie. Une fois de plus, l'inconnu lui tend les bras, l'exode reprend. Il se trouve de nouveau balloté par les événements comme dans les vagues de la Méditerranée qui ont failli avoir raison de lui.
Il espérait mieux pour Bassem qu'un monde qui s'écroule comme les immeubles d'une Alep en proie au bombardements.

- Maintenant, nous devenons quoi ? demande-t-il plus à lui même qu'à Lexi. Petit rire résigné, étouffé, il baisse la tête et se tourne vers. Désolé, je sais que tu sais pas.

- Tu questionnes toujours, et la destinée
Moqueuse est un silence
Hermétiquement clos,
Un silence sans fin.


Il déclame ces quelques vers en arabe, de son timbre grave et doux.

- C'est poème arabe, écrit par une femme irakienne, explique-t-il. Ca dit en beau qu'on ne sait pas et qu'il faut vivre avec.


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- Ok... J'aide toi, si tu veux.
- C’est pas…mais déjà il s’assoit à côté d’elle,… nécessaire.

Constatant l’efficacité et la douceur de ses gestes, Lexi se laisse faire, le regard perdu vers la fenêtre, l’esprit vagabondant vers la situation qui vient de leur tomber dessus, les choses à mettre en place, leur chance de s’en sortir... Elle ne montre aucun signe d’inconfort si ce n’est la crispation de sa mâchoire.

- Vilain bobo.
Elle revient à Lounis et jette à peine un coup d’œil à sa blessure.
- On peut dire ça.
- Papillons mangeurs, c'est ça ?
Elle hoche simplement la tête.
- J’ai eu de la chance.
- Tu as mal ?
Son regard s’attarde un instant dans le sien avant que la jeune femme n’acquiesce à nouveau.
- Un peu. Une cicatrice de plus. C’est pas bien grave. C’est vrai que tu sens meilleur ! ajoute-t-elle avec un sourire en coin.

Une fois son bras pansé et bandé, elle tâte précautionneusement le pansement sur sa nuque qui semble sec sous ses doigts. Elle se rhabille avec des gestes lents pour ne pas saper le travail de Lounis et range « sa chambre ».
- Maintenant, nous devenons quoi ?
Lorsqu’elle se tourne vers lui, prête à le raccompagner, elle se fige en le voyant immobile, paré d’une mélancolie qui exsude de tout son être. L’envie subite la prend de le consoler, de lui dire que tout ira bien. Mais évidemment, Lexi n’en fait rien. Elle ne souhaite pas lui mentir.

- Désolé, je sais que tu sais pas.
Tu questionnes toujours, et la destinée
Moqueuse est un silence
Hermétiquement clos,
Un silence sans fin.


La musicalité des mots la saisit quand bien même elle n’en a pas compris le sens.
- C’est magnifique.
- C'est poème arabe, écrit par une femme irakienne. Ca dit en beau qu'on ne sait pas et qu'il faut vivre avec.

Lexi s’approche et pose une main réconfortante sur son épaule.
- C’est en partie vrai. Mais il y a des choses que l’on sait malgré tout. Maintenant, nous allons soigner nos blessés, nous organiser et survivre. Peut-être apprendre à vivre différemment. Maintenant tu vas aimer ton petit frère plus que jamais et lui apprendre encore à revoir les limites de son monde. Ce ne sera pas facile, mais vous en êtes capables. Et moi… moi je vais me battre pour Bassem, pour toi et tous les autres et peut-être qu’un jour, on arrivera à vaincre cette chose en ville et qu’on vous donnera un monde plus sûr… d’accord ?

Elle lui sourit avec autant de conviction que de tristesse. Elle doute voir ce monde un jour, pas alors que sa maladie semble s’être éveillée peu avant l’avancée du brouillard. Mais elle donnera ses derniers moments, ses dernières forces pour que cela arrive.
Sa main se dresse vers les mèches brunes de Lounis en train de sécher avant de se stopper en plein vol, consciente de l’incongruité de son geste.

- Tu as les mêmes boucles que ton frère, déclare-t-elle pour camoufler sa gêne. Viens, il doit se demande ce qu’on fait.

Après un détour vers la laverie où elle lui montre comment procéder pour faire son linge, ils regagnent finalement la tente où le petit garçon les attendent effectivement.
Ne trouvant plus aucune raison de s’attarder, elle caresse une dernière fois la tignasse de Bassem – avec lui, elle peut se le permettre – et leur sourit.
- Bon. Je vais devoir y retourner. Elle se penche pour déposer un baiser sur le front de l’enfant. A bientôt petite ombre. Si vous avez besoin de quoique ce soit, n’hésitez pas à venir me voir. Vraiment, insiste-t-elle, ayant noté l’humilité de Al hamoud. Dès que je le pourrais, j’irais informer votre famille d’accueil que vous êtes tous les deux-là.
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- C’est en partie vrai. Mais il y a des choses que l’on sait malgré tout.

Lounis se demande candidement lesquelles, mais n'ose interrompre la tirade de Lexi. Les mots ont un pouvoir et il ne faut pas les contrarier. Si la jeune femme libère les siens, ce qu'elle a autant besoin de les prononcer que lui de les écouter. Aussi, s'exécute-t-il avec un sourire paisible, sans la quitter des yeux.

- Maintenant, nous allons soigner nos blessés, nous organiser et survivre. Peut-être apprendre à vivre différemment. Maintenant tu vas aimer ton petit frère plus que jamais et lui apprendre encore à revoir les limites de son monde. Ce ne sera pas facile, mais vous en êtes capables. Et moi… moi je vais me battre pour Bassem, pour toi et tous les autres et peut-être qu’un jour, on arrivera à vaincre cette chose en ville et qu’on vous donnera un monde plus sûr… d’accord ?
- D'accord, malak shaqra' jamila.


Un sourire fugace anime ses prunelles noisettes. Il observe les doigts du caporal s'aventurer vers ses cheveux, avec une certaine perplexité, et peut-être, également, de la curiosité.

- Tu as les mêmes boucles que ton frère.
- Oui... Tu veux toucher ?
Demande-t-il en penchant la tête vers elle avec le plus grand des naturels.
Lexi se dérobe.
- Viens, il doit se demande ce qu’on fait.
- Oui.


Ils finissent donc par regagner la tente fraichement montée devant laquelle Bassem fait planton.

- Ah ! Vous êtes là ! s'exclame-t-il.
- Je me lavais.
- T'as bien fait ! Tu sens plus bon maintenant ! Tu trouves pas Lexi ?
- Bon. Je vais devoir y retourner.
Bassem a le droit aux caresses et même à un baiser. Lounis devra se contenter juste d'un sourire. A bientôt petite ombre. Si vous avez besoin de quoique ce soit, n’hésitez pas à venir me voir. Vraiment.

L'ainé des frères Al hamoud hoche la tête.

- Compris.
- Dès que je le pourrais, j’irais informer votre famille d’accueil que vous êtes tous les deux-là.
- Merci. 'Iietani binafsik
, ajoute-t-il.

Une fois la guerrière blonde ayant pris congé, le syrien murmura dans sa langue natale tout en la regardant s'éloigner:

- Parfois j'aimerais être encore un enfant...
- Pourquoi ?
s'enquiert son frère. Il suit la direction de ses yeux et glousse. Pour avoir des bisous de Lexi ? Tu peux pas, c'est mon ange gardien à moi !

Lounis éclate de rire et une bagarre de chatouille débute alors.

***

Une semaine s'écoule, puis deux.
Le chaos des débuts s'organise peu à peu et un semblant de routine s'installe. La plupart des survivants ont été réunis par famille et relogés. Les différents camps de réfugiés ont mis en place une forme de relais entre eux des plus efficaces : eau, vivres et médicaments continuent de circuler et avec eux les informations.
Certaines sont difficiles à appréhender. Outre les monstres au service d'Unseelie, il faut désormais composer avec d'autres qui, jusque là, n'appartenaient qu'au folklore. Des vampires, des loups-garous, des démons, des djinns, des avatars de dieux antiques, des fées, des sorciers... La magie est désormais une réalité que certain ont du mal à digérer.
Lounis n'est pas de ceux là. Au contraire, il apprend qu'il n'est peut-être pas le seul à voir des choses invisibles et improbables. Cette découverte offre des perspectives inédites qu'il veut absolument explorer mais sa maitrise de l'anglais le frustre et l'empêche de pleinement investiguer.
De plus, il essaie de se rendre utile auprès des militaires autant que faire se peut, comme de prendre soins du vieux MacDougall. Angus, qui est finalement venu les rejoindre, rumine encore son chagrin. La disparition de Mirela l'a vieilli de plusieurs années et il ne parvient pas à s'accrocher à un quelconque espoir. Bassem et Lounis mettent pourtant beaucoup d'énergie à lui rendre le sourire et un peu de volonté. Le petit garçon entraine Papy Gus dans tous ses jeux et ce dernier s'avive alors un peu, incapable de repousser l'enfant et son aplomb à vivre si contagieux.

C'est lors d'une de ces après-midi que Lounis décide de forcer sa nature discrète en allant au devant de Lexi Hailey.
Il l'a, certes, croisée de temps à autre, lui adressant un signe de main de loin ou glissé un bonjour au passage, mais jamais il n'a osé l'aborder pour une véritable conversation. C'est donc avec une certaine appréhension, qu'il part en quête de la malāk. Il s'adresse à un grand asiatique jouant avec son chien qu'il a identifié comme appartenant à la même unité que la caporale. Ce dernier lui sourit chaleureusement et le guide à travers les baraquements. Plusieurs soldats sont réunis autour d'une partie d'échecs opposant un colosse chauve et musculeux et un blond mal rasé aux traits tirés. Les paris semblent aller bon train et Lexi y prend part.

- Hailey ! appelle Gi-ja. Il y a quelqu'un pour toi !

Derrière lui, Lounis passe une main dans ses boucles brunes pour se donner un peu de contenance.




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Lexi Hailey
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Lexi n’avait pas tort.
La survie est une caractéristique naturelle chez l’Homme et les choses s’organisent dans ce sens. Jenson se montre un Major étonnamment compétent quand bien même sa vie privée part en miette.
Toute l’unité a accueilli la nouvelle de l’agonie de Ciulin Mari avec beaucoup de tristesse et de compassion. Lexi a presque eu envie d’aller lea voir, mais ne s’est jamais sentie assez légitime pour le faire.

Depuis quelques jours, de multiples informations circulent au sein de la caserne en ont déstabilisé plus d’un. Lexi, pour sa part, fut étonnée sans l’être. Après tout, elle avait bien trouvé un homme capable de manipuler la mémoire, s'était battue contre des monstres… la magie, les créatures… tout cela allait dans le même sens.
Savoir qu’il existe des êtres capables de guérir à peu près tout fut bien plus difficile à encaisser pour Lexi. Pendant un court instant, l’espoir a fait battre son cœur plus vite puis une peur irraisonnée l’a saisi juste après. Depuis, elle se tient sur cette corde raide, paralysée alors que des chorées se manifestent de plus en plus souvent.

Alors la caporal s’active comme elle peut pour être utile et a été discrètement chargée par le Major d’intégrer une nouvelle recrue dans leur unité.
Gi-Ja Cosgrave.
Caporal comme elle. Instinctivement, elle a su qu’il cachait des choses, qu’il était profondément malheureux et il ne lui a pas fallu longtemps pour comprendre pourquoi. Il suffit d’être attentif à la manière qu’il a de regarder Jenson lorsqu’il pense ne pas être observé et à écouter les bruits de couloir. Il est sorti avec quelques femmes, dont Emma, mais en pince pour le Major. Quoi qu’il en soit, Lexi essaie de faire en sorte qu’il se sente bien parmi ceux qu’elle commence à apprécier bien plus qu’elle ne le devrait.
Une nouvelle mission pour oublier ses problèmes, oublier le reste…

Lexi a également fait ce qu’elle a pu pour tenter de retrouver Mirela MacDougall. Sans succès pour le moment. Elle a néanmoins accéléré le déménagement de son mari, Angus, qui a souhaité retrouver la famille Al hamoud à la caserne. L’homme a l’air dévasté par la disparition de sa femme, crevant le cœur de la jeune femme. Elle espère de tout cœur qu’elle est enfermée dans les bunkers, saine et sauve.
Lexi a toujours aimé les histoires qui finissent bien. Elle s’est juste fait une raison concernant la sienne.
Elle a parfois croisé Bassem et Lounis, a échangé quelques mots, sourires ou signes de la main sans que cela n’aille plus loin. Comme elle l’a deviné, elle note qu’ils s’en sortent aussi bien que possible et s’en trouve soulagée aussi bien qu’égoïstement chagrinée.
Elle aurait aimé leur être encore utile… nécessaire. Mais même s’ils avaient besoin de quoique ce soit, elle n’est pas certaine que Lounis serait venu la voir pour autant.
C’est pourquoi elle est passablement surprise lorsqu’elle redresse la tête en entendant Gi-Ja. Un franc et lumineux sourire étire ses lèvres en croisant le regard de son visiteur. Au même moment Devane appuie sa grande carcasse contre le dossier de sa chaise.

- Echec et mat.
- Eh merde ! claque Smithens, dépité. D’autant plus qu’il était parti gagnant il y a quelques tours de cela.
- Nooooooon !!! s’exclame O’Shea.
Lexi se contente de tendre la main vers leur benjamin qui y dépose une tablette au chocolat en grognant quelque chose sur l’injustice de ce monde.
- Sois pas ronchon O’Shea. Tu gagneras la prochaine fois.
- Tu parles ! Comment tu fais pour toujours gagner ? T’es une de ces sorcières avoue !
- Exactement !
Elle le laisse là-dessus avec un sourire de Joconde et s’approche de Lounis, la mine triomphante.
- Bonjour Lounis ! Je te laisse la marmaille Gi’ ? Fais attention à ce qu’ils ne s’entretuent pas pour des cigarettes. Egan t’en doit, au fait.
Elle entraine Lounis dehors et lui tend son trophée au cacao.
- Tiens, tu la partageras avec ton frère et MacDougall. Je suis contente de te voir. Comment vous allez tous ? Vous vous faites à… Geste vague de la main vers l’agitation de la caserne… tout ça ?
En comparaison, ils marchent tranquillement et s’éloignent des bâtiments.
- Je peux faire quelque chose pour toi ?
Parce qu’il ne peut s’agir que de cela.  
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Lounis Al hamoud
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- Bonjour Lounis ! Je te laisse la marmaille Gi’ ?

La nouvelle baby-sitter soupire.

- Je croyais que ma période de bizutage était finie...déclare-t-il, poings sur les hanches avec un sourire en coin qui dément pourtant la corvée.
- Fais attention à ce qu’ils ne s’entretuent pas pour des cigarettes. Egan t’en doit, au fait.
- Smithens a encore perdu ?! Il devrait se faire une raison à force.
Cosgrave grimace en réalisant soudain. Ca veut dire que c'est toujours Devane qui choisit la sirène demain, hein....?

Il pousse un juron en coréen avant de rejoindre ses camarades, sa chienne sur les talons. Lounis observe un instant son large dos avec une expression indéfinissable. Il n'a jamais vu une âme si terne, à la lumière si faible, comme si elle était malade ou bien qu'elle s'économisait. Elle n'est pourtant pas vieille ou abîmée, juste en demi-teinte. "Résolue à ne pas briller trop fort" pense-t-il alors.
Il s'en détourne finalement pour suivre Lexi Hailey, toujours aussi blonde, toujours aussi lumineuse de l'intérieure malgré les ailes effritées de son âme.

- Tiens, tu la partageras avec ton frère et MacDougall.
- Chocolat ? C'est précieux. Merci.


Lounis récupère l'offrande entre ses deux mains comme s'il tenait un artefact d'une grande rareté. Il le range dans sa poche de pantalon, à l'abri.

- Je suis contente de te voir.
- Moi aussi. Vraiment
, ajoute-t-il avec cette expression juvénile de joie sincère qui fond tout doucement.
- Comment vous allez tous ? Vous vous faites à…… tout ça ?
- Je connais déjà "tout ça",
lui répond-il en toute simplicité. Bassem est un enfant. Les enfants c'est... A son tour il fait des gestes pour combler son manque patent de vocabulaire.... plus facile. Angus, plus dur. Il souffre. Je fais comme je peux, mais il a son coeur dans le brouillard, tu vois ? Il hausse les épaules, en homme qui a l'habitude d'affronter la fatalité. On va comme on peut le mieux, je crois. Et toi ? C'est étrange, toutes ces choses nouvelles, non ? C'est comme si les contes, ils prennent vie...

L'un et l'autre cheminent d'un pas tranquille, flânant presque. Lounis trouve vraiment agréable cette compagnie féminine dont il n'est pas coutumier.

- Je peux faire quelque chose pour toi ?
- Oui ! Hum... Je...
Il cherche comment formuler sa demande. J'ai besoin de mieux comprendre les choses. J'ai pas assez de mots pour ça. L'anglais que je parle, il est simple. Trop. Il faut que je parle mieux... Que je comprenne mieux. C'est pour les choses étranges, pour savoir... C'est important...

Il a le clair sentiment de s'embourber dans ses explications, alors il opte pour une approche plus simple et directe.

- Tu veux bien m'aider pour l'anglais ? S'il te plait.
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Lexi Hailey
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- Je connais déjà "tout ça".
Elle lui jette un coup d’œil de côté.
- Je sais.
Et elle en est désolée. Profondément. Quand bien même rien de ce qu’a vécu le jeune homme est de sa faute.
- Tu aurais le droit de ne plus trouver ça supportable. Et ton frère ?
- Bassem est un enfant. Les enfants c'est… plus facile. Angus, plus dur. Il souffre. Je fais comme je peux, mais il a son coeur dans le brouillard, tu vois ?
- Sa femme. Ils doivent être très amoureux…
- On va comme on peut le mieux, je crois. Et toi ?
- Pareil, j’imagine. La journée, quand je suis occupée et entourée, c’est presque supportable. C’est… la nuit que les choses sont plus compliquées, confie-t-elle dans un élan d’honnêteté. J’ai du mal à m’endormir souvent.
- C'est étrange, toutes ces choses nouvelles, non ? C'est comme si les contes, ils prennent vie...
Lexi a un petit rire.
- C’est vrai. Il y a quelques semaines, j’ai rencontré un homme qui avait… d’étranges pouvoirs. Mais je croyais qu’il était un genre de spécimen unique. Je ne pensais pas qu’il existait tous ces êtres surnaturels. C’est assez déstabilisant. On a l’impression d’être… vulnérable.  

Elle songe à ce démon qui est venu soigner les blessés, à la sœur de Ciulin qui a fait disparaitre ses plaies sans laisser une seule cicatrice. Machinalement, elle passe une main sur son bras.
Un silence tranquille se glisse entre eux, rendu plus puissant à mesure qu’ils s’éloignent de l’activité humaine qui règne un peu partout.

- Je peux faire quelque chose pour toi ? demande-t-elle finalement en tournant la tête vers Lounis. J’imagine que tu n’es pas venu pour ma compagnie.
- Oui ! Hum... Je... J'ai besoin de mieux comprendre les choses.
Lexi s’arrête et attend patiemment qu’il déroule le fil de sa demande dans une langue qui ne lui est pas forcément naturelle.  
- J'ai pas assez de mots pour ça. L'anglais que je parle, il est simple. Trop. Il faut que je parle mieux... Que je comprenne mieux. C'est pour les choses étranges, pour savoir... C'est important...
La jeune femme plisse légèrement les yeux, son instinct en alerte.
- Tu veux bien m'aider pour l'anglais ? S'il te plait.
Elle le fixe un long moment droit dans ses prunelles brunes et expressives, tentant de deviner ce qui le pousse à faire cette demande, secrètement heureuse qu’il se soit tourné vers elle pour la faire.    
- Je ne suis pas vraiment professeur. Mais je peux essayer oui, affirme-t-elle avec un petit sourire. Je vais te trouver des supports d’apprentissage, des livres faciles à lire par exemple. Mais tu te débrouilles déjà très bien. Tu veux faire ça dans votre tente ou tu préfères ailleurs ? Que ça reste entre toi et moi ?

Elle laisse filer quelques secondes avant de lui demander franchement.
- Lounis ? Pourquoi c’est soudain si important que tu comprennes ? Tu… tu veux bien me le dire ? De quelles choses étranges tu parles ? Ça te concerne toi ? Ou ton frère ?  
Elle agrippe brièvement le bras du jeune homme, y appliquant une fugace caresse du pouce.
- Tu n’as pas à avoir peur, tu sais… je suis ton alliée...ne sachant pas s’il comprendra ce mot, elle précise, comme une amie. Quoiqu’il arrive.
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Lounis Al hamoud
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- Je ne suis pas vraiment professeur. Mais je peux essayer oui.

Lounis lui prend les mains en hochant la tête, une gestuelle de gratitude sans doute déplacée pour tout autre que lui. Chaque cadeau, chaque faveur se doit d'être pourtant reconnue à sa juste valeur.

- Je vais te trouver des supports d’apprentissage, des livres faciles à lire par exemple. Mais tu te débrouilles déjà très bien.
- Vraiment ? Je trouve pas
, réplique-t-il avec une moue dubitative. Je saisi les phrases, le gros sens, mais pas le fin. Et parler c'est encore moins.
- Tu veux faire ça dans votre tente ou tu préfères ailleurs ? Que ça reste entre toi et moi ?


Lounis baisse les yeux vers ses pieds, s'absorbant dans un court silence avant de répondre. Il la regarde pas en dessous, comme un enfant qui hésite à formuler ce qu'il sait être un caprice.

- Je préfère tous les deux. Juste toi et moi. C'est possible ?

Le syrien est embarrassé d'oser une telle exigence. Il l'est à chaque fois qu'il se sent l'objet d'un traitement particulier aussi légitime soit-il.

- Lounis ?
- Oui ?
- Pourquoi c’est soudain si important que tu comprennes ?


La bouche aux lèvres fines du jeune homme s'ouvre sans laisser filtrer un son, puis se referme. Il déglutit. Son regard fuit.

- Tu… tu veux bien me le dire ? De quelles choses étranges tu parles ?

L'immigré de guerre torture les phalanges de sa main gauche avec la droite. Ses sourcils fournis se froncent par tremblements intermittents, illustrant une profonde bataille intérieure.

- Ça te concerne toi ?
-...
- Ou ton frère ?
- Non ! Bassem est normal !
s'exclame-t-il aussitôt, se trahissant en même temps.
- Tu n’as pas à avoir peur, tu sais… je suis ton alliée...comme une amie. Quoiqu’il arrive.

Lounis contemple cette paume bienveillante sur son bras et finit par s'en emparer. Lexi a la confiance de Bassem et l'instinct de l'enfant n'est jamais mauvais.

- Viens, dit-il en l'entrainant avec lui dans un coin tranquille à l'abris des regards et des oreilles.

Il l'invite à s'asseoir dans un coin à côté de lui, là où il s'est déjà installé souplement en tailleurs. Un nouveau silence les enrobe, plus pesant cette fois.

- Depuis petit, je vois des choses que les autres voient pas. J'entends aussi. Je vois "ruh"... hum... Il cherche le mot, hésitant, la paume sur sa poitrine... "âme" ? Il reproduit le geste vers le buste de la jeune femme. "Esprit" ? Tu comprends ? Je vois des papillons en lumière. La voix, dans ma tête, m'a dit que ça c'est l'âme. Elle a dit qu'elle me protège comme une amie, une malak. Quand j'ai parti de Syrie, le bateau... Il mime une embarcation qui tangue et chavire à défaut d'avoir le terme exact... Couler. Je suis noyé. Presque. Depuis, ma malak parle plus.

A mesure qu'il s'exprime, apparaissent des lepidoptère aux ailes colorées, magnifiques, annonciateurs d'un printemps dont se n'est pourtant pas la saison. Lounis ne les remarque pas, luttant pour s'exprimer au plus juste. Par Allah, que cette confession est pénible à faire tant par son aspect intime, sa dimension irréelle que la sensation d'être prisonnier de mots trop étriqués.

- Mais, je vois toujours... les papillons. Il découvre alors ceux qui butinent sur sa main. Il les chasse doucement. Ils viennent pour moi. Souvent...

Le jeune homme fixe Lexi avec une angoisse palpable et tragiquement résignée.

- Tu as peur, maintenant ? De moi ? s'enquiert-il avec ses grands yeux tristes.
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- Je préfère tous les deux. Juste toi et moi. C'est possible ?
Elle acquiesce tranquillement.
- Oui, c’est possible. Je vais arranger ça.

Néanmoins, elle ne peut se sortir de la tête les mots qu’il a employé et tente d’en savoir plus. Mais n’obtient qu’un silence gêné, presque torturé, lui faisant comprendre à quel point ce qu’il va peut-être lui révéler est important pour lui.
Lorsqu’elle évoque la possibilité que son secret touche son frère il parle enfin.

- Non ! Bassem est normal !
- Normal ? Toi, tu penses ne pas l’être alors ? demande-t-elle en douceur. Tu n’as pas à avoir peur, tu sais… je suis ton alliée...comme une amie. Quoiqu’il arrive.

- Viens.
Main dans la main, il la guide dans un coin loin de toute regard ou oreille indiscrète. Curieuse mais prudente, Lexi s’assoit à côté de lui, patiente jusqu’à ce qu’il libère ses mots si difficile à trouver.

- Depuis petit, je vois des choses que les autres voient pas. J'entends aussi. Je vois "ruh"... hum... "âme" ? "Esprit" ? Tu comprends ?
Lexi fixe la paume qui s’est invitée contre sa poitrine.
- Tu vois… les âmes ? répète-t-elle avec un rien d’hésitation. Donc là… tu vois la mienne ? Comment ?
- Je vois des papillons en lumière. La voix, dans ma tête, m'a dit que ça c'est l'âme. Elle a dit qu'elle me protège comme une amie, une malak. Quand j'ai parti de Syrie, le bateau... Couler.

La militaire sursaute violement en voyant les premiers papillons et a un bref mouvement de recul pavlovien se relevant comme pour fuir, le cœur battant à tout rompre, un début de panique dans le regard. Sa raison met un moment à lui rappeler que ceux qu’elle a croisé dans le brouillard ne ressemblaient en rien à ceux-là et lentement, sa volonté fait refluer la panique.  
- Je suis désolée, fait-elle en s’asseyant en face du jeune homme. J’ai eu… j’ai cru… continue. Ça va aller.
- Je suis noyé. Presque. Depuis, ma malak parle plus.
- Donc… tu entendais une voix ? Qui est subitement partie au moment où tu as failli mourir ?

Comme pour se convaincre parfaitement de leur caractère inoffensif et dans l’idée d’affronter cette nouvelle peur, les doigts de Lexi s’approchent de l’insecte aux ailes de toute beauté qui vient de se poser sur l’épaule de Lounis. Elle le frôle à peine et humaine comme lépidoptère frémissent sous le contact

- Mais, je vois toujours... les papillons. Ils viennent pour moi. Souvent...
- Je vois ça.
- Tu as peur, maintenant ? De moi ?

Le regard du jeune homme lui sert le cœur et sa main se pose sur son genou, rassurante, sans hésitation. Imperceptiblement penchée vers lui, elle secoue la tête
- Non, Lounis. Je n’ai pas peur de toi. Des papillons, un peu. Même si je sais que « les tiens » ne sont pas les mêmes que ceux qui nous ont fait du mal.

Elle prend une profonde inspiration et tente de voir cela avec du recul, de traiter ses interrogations avec lucidité et méthode.

- Tu sais, j’ai laissé un être surnaturel toucher à ma mémoire, je me suis faite soignée par une sorcière… elle a un mince sourire. Et tu vois les âmes et attire les papillons. Il faut croire que tu n’es pas vraiment sur le spectre de l’humain classique. Je crois que c’est notre monde à présent. Autant l’accepter, la peur ne sert pas à grand-chose.

Elle essaie de rassembler le peu d’information qu’elle a réussi à glaner, notamment auprès de Jenson qui leur a fait un bref topo sur le monde surnaturel.

- Ok… Je comprends maintenant. Ça doit être terrifiant de ne pas savoir exactement ce qui t’arrive. Même si savoir n’est parfois pas moins terrifiant. Je suis certaine que tu trouveras quelqu’un pour t’aider à découvrir qui était cette « ange ». Je t’aiderais si tu veux. Peut-être es-tu sorcier ? Tu sais si quelqu’un de ta famille avait des « dons » particulier ? Il me semble que les pouvoirs sont héréditaires. Transmis par le sang.
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Les papillons sont vecteur de terreur dans cette ville. Lounis le sait et, si la réaction de Lexi ne l'étonne pas, elle le peine. Inexplicablement, son rejet le touche. C'est pour cela qu'il lui pose la question sans détour.

- Non, Lounis. Je n’ai pas peur de toi.

Son soulagement s'étale sur son faciès de statue antique, en adoucissant les contours.

- Des papillons, un peu. Même si je sais que « les tiens » ne sont pas les mêmes que ceux qui nous ont fait du mal.
- Je comprends, tu sais. La peur se contrôle pas. C'est ... animal.


Il n'est pas certain de l'emploi du mot dans ce contexte mais espère qu'elle l'aura malgré tout compris.

- Tu sais, j’ai laissé un être surnaturel toucher à ma mémoire, je me suis faite soignée par une sorcière…
- On parle d'un démon qui guérit chez les chevaux. Et aussi de djinns qui soignent...
- Et tu vois les âmes et attire les papillons.
- Oui... Bizarre, hein ?
- Il faut croire que tu n’es pas vraiment sur le spectre de l’humain classique. Je crois que c’est notre monde à présent. Autant l’accepter, la peur ne sert pas à grand-chose.
- Vrai.


Lounis couvre cette main que Lexi a perchée sur son genou pour ne plus la lâcher.

- Moi, je suis quoi dans ça... ? Je veux savoir. Peut-être mieux parler, avec les bons gens, ça aidera. Tu vois ?
- Ok… Je comprends maintenant. Ça doit être terrifiant de ne pas savoir exactement ce qui t’arrive. Même si savoir n’est parfois pas moins terrifiant. Je suis certaine que tu trouveras quelqu’un pour t’aider à découvrir qui était cette « ange ». Je t’aiderais si tu veux. Peut-être es-tu sorcier ?
- Peut-être. Comment ça marche, "sorcier" ?
- Tu sais si quelqu’un de ta famille avait des « dons » particulier ? Il me semble que les pouvoirs sont héréditaires. Transmis par le sang.


Il réfléchit sans cesser de pétrir délicatement les phalanges de la jeune fille, comme si ses doigts vagabondaient autant que son esprit.

- Je crois pas. Ou alors jamais on nous a dit. J'ai... J'ai jamais parlé ça, avec ma famille. Je voulais pas être fou pour eux. J'ai jamais dit, à personne. Tu es la première à qui je dis, Lexi, déclare-t-il en la fixant de son regard grave et doux.

Et à vrai dire, il ne sait pas encore s'il a été bien avisé de lui faire confiance. Il suit son instinct, au gré du vent qui le porte.

- Je peux poser une question à toi ?

Lounis la contemple avec une intensité certaine. Il prend une inspiration comme pour une longue apnée.

- Ton papillon d'âme. Ses ailes sont ... Il mime des sortes de lacérations dans le vide... Cassées, comme ça. C'est... Souvent..... Il pèse ses mots avec diplomatie... Les gens malades, blessés graves... Tu vas bien, hein? s'enquiert-il avec une empathie sincère pour cet ange aux plumes déchirées. Je suis ami, moi aussi. glisse-t-il finalement sur le même ton qu'elle plus tôt.
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- Tu sais si quelqu’un de ta famille avait des « dons » particuliers ? Il me semble que les pouvoirs sont héréditaires. Transmis par le sang.

Le regard de Lexi tombe sur les doigts de Lounis qui pétrissent les siens avec beaucoup de douceur. Il y a bien longtemps qu’on ne l’a pas touché de cette façon-là, avec autant de délicatesse.  

- Je crois pas. Ou alors jamais on nous a dit.
La jeune femme réfléchit.
- Peut-être qu’ils le cachaient parce qu’ils avaient peur ? Ou alors… tu es autre chose. Elle lui dédit un sourire rassurant. On trouvera.
- J'ai... J'ai jamais parlé ça, avec ma famille. Je voulais pas être fou pour eux.
- Je comprends…
Elle-même n’aurait jamais confier ce genre de choses à ses parents.
- J'ai jamais dit, à personne. Tu es la première à qui je dis, Lexi.
La caporal relève les yeux pour croiser ceux de Lounis. A son tour, elle presse légèrement les doigts du réfugié.
- Merci. De me faire confiance.
- Je peux poser une question à toi ?
- Bien sûr.

Il l’observe à nouveau comme s’il voyait au-delà de sa chair et de ses os. C’est sans doute le cas, voit-il son « papillon ». Elle parierait qu’il n’est plus si lumineux que cela. Plus les secondes s’allongent, plus la jeune femme se tend imperceptiblement.  

- Ton papillon d'âme. Ses ailes sont ...
Elle devine ce qu’il va dire. Pourtant, elle s’entend demander d’une voix blanche.
- Quoi ?
Ses gestes sont éloquents et Lexi baisse les yeux.
- Cassées, comme ça. C'est... Souvent... Les gens malades, blessés graves...
Lexi garde le silence, les yeux toujours plantés sur le sol.
- Tu vas bien, hein ?
Elle s’apprête à lui affirmer que oui, à balayer sa question, à prétendre que tout va bien comme elle le fait depuis des années. Elle a toujours refusé que quiconque la plaigne ou la regarde différemment simplement parce qu’elle allait être malade. Parce qu’elle l’est… Mais elle relève le menton et lit tant de bienveillance et de sollicitude dans les traits et les yeux de Lounis qu’elle referme la bouche.
- Je suis ami, moi aussi.

Lexi a un petit sourire triste et hésite longtemps à l’inquiéter pour quelque chose qui a été scellé depuis sa naissance. Mais Lounis s’est confié à elle sur son plus grand secret, lui a accordé sa confiance. Elle peut bien lui rendre la pareille.

- Je suis malade, lâche-t-elle finalement. C’est génétique… ma mère l’a aussi. La maladie d’Huntington. Tu en as déjà entendu parler ? C’est… neurodégénératif, ça attaque mon système nerveux et ça se déclenche en vieillissant. Ma mère l’a déclaré à quarante-cinq ans, elle ne savait pas être porteuse du gêne. Elle a eu de la chance. Moi ça a déjà commencé alors que je n’ai même pas trente ans. Elle fait bouger sa main libre dans l’air comme pour apprécier en avoir encore parfaitement le contrôle. Ton corps te lâche, parfois vite, parfois lentement. Tu commences par avoir des mouvements que tu ne maitrises pas. Et plus la maladie évolue, plus les symptômes vont empirer. Mon cerveau sera atteint à son tour et petit à petit j’oublierai tout. Ce que j’ai vécu. Qui je suis… je vais… m’effacer, tu vois ? Jusqu’à ce que je devienne grabataire. Je ne pourrais plus quitter mon lit. Je ne pourrais plus rien faire…et je n'aurais plus qu'à attendre la fin.
Elle a un faible rire cassé. C’est bien pour cela qu’elle a décidé qu’elle ne se laisserait jamais devenir un légume.  
- C’est sans doute pour ça, que mon âme n’est pas très vaillante. Elle est déjà en train de disparaitre j’imagine. Le silence s'installe, lourd de sa déclaration. Tu veux bien garder ça pour toi… s’il te plait ?  
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Lounis Al hamoud
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- Je suis malade. C’est génétique…
- "Génétique". Dans le sang, comme sorcier ?
- Ma mère l’a aussi. La maladie d’Huntington. Tu en as déjà entendu parler ?
- Non.
- C’est… neurodégénératif.


Le mot est trop complexe et ses traits se froissent d'incompréhension.

- Ca attaque mon système nerveux et ça se déclenche en vieillissant. Ma mère l’a déclaré à quarante-cinq ans, elle ne savait pas être porteuse du gêne. Elle a eu de la chance. Moi ça a déjà commencé alors que je n’ai même pas trente ans.

La confirmation de ce qu'il pressentait ne rend pas Lounis heureux. Il aurait préféré avoir tord. Avec une tendresse sincère pour cet ange guerrier qui se bat autant avec elle-même qu'avec leurs ennemis, il récupère la main libre de la jeune femme et masse ces deux pognes qui, tôt ou tard, finiront par échapper au contrôle de sa propriétaire.

- Comment ça fait ? Je veux dire, sur toi.
- Ton corps te lâche, parfois vite, parfois lentement. Tu commences par avoir des mouvements que tu ne maitrises pas. Et plus la maladie évolue, plus les symptômes vont empirer. Mon cerveau sera atteint à son tour et petit à petit j’oublierai tout. Ce que j’ai vécu. Qui je suis… je vais… m’effacer, tu vois ? Jusqu’à ce que je devienne grabataire. Je ne pourrais plus quitter mon lit. Je ne pourrais plus rien faire…et je n'aurais plus qu'à attendre la fin.

Ce mal est affreux, plus cruel que toutes les guerres. Lounis pense alors à Alep, sa ville natale, criblée de balle et d'obus, écharpée jusqu'à l'os de sa chair de bitume et de béton, mais qui, malgré tout, se tient toujours debout. Lexi est comme Alep. Son âme en est la parfaite illustration.

- C’est sans doute pour ça, que mon âme n’est pas très vaillante. Elle est déjà en train de disparaitre j’imagine.
- Non, c'est faux.
s'indigne-t-il aussitôt. Il lui presse l'épaule avec une affection palpable. Elle brille beaucoup. Elle est blessée mais courageuse. Elle ne veut pas être invisible comme ton ami Gi-Ja. Elle existe. Fort.

Et cela il l'admire au delà des mots gourds qui passe ses lèvres. Lexi n'est peut être pas une vraie malak, mais elle en a l'étoffe. Il s'autorise à lui caresser la joue , du bout du pouce, lors du silence qui s'ensuit, une manière pour lui de le détricoter en douceur.

- Ton âme est belle, Lexi Hailey.
- Tu veux bien garder ça pour toi… s’il te plait ?


Lounis esquisse un sourire.

- Tu as mon secret. J'ai ton secret. Nous sommes gardiens pour l'autre. Ladayk waedi.

Lounis lui rend alors l'usage de ses doigts.
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Lexi aimerait pouvoir se dire que cette confession l’a délesté d’un certain poids, mais ça n’est même pas le cas.
- C’est sans doute pour ça, que mon âme n’est pas très vaillante. Elle est déjà en train de disparaitre j’imagine.
- Non, c'est faux. Elle brille beaucoup. Elle est blessée mais courageuse. Elle ne veut pas être invisible comme ton ami Gi-Ja. Elle existe. Fort.

La jeune femme se mord la lèvre avec force, notant au passage la comparaison avec Cosgrave, alors que ses yeux s’embuent.
- Le chant du cygne… murmure-t-elle avec un sourire ironique. C’est… une expression qui désigne la plus belle et la dernière chose que fera quelqu’un avant de mourir.

La caresse légère sur sa joue cueille l’une de ses larmes et la jeune femme renifle. La compassion du jeune homme lui fait autant de bien qu’elle lui lacère le cœur.

- C’est pas grave tout ça. J’ai eu presque dix ans pour m’y faire. Me préparer. Ca ira. Avec un peu de chance j’arriverai à faire quelque chose de bien avant.
- Ton âme est belle, Lexi Hailey.
Cette fois, son sourire se fait plus sincère.
- Merci. Je ne sais pas trop à quoi ça me sert mais autant briller jusqu’à ce que le rideau tombe non ? Tu veux bien garder ça pour toi… s’il te plait ? Personne ne sait… et je ne veux pas, que l’unité me regarde différemment. Toi non plus d’ailleurs… alors continue à me voir comme tu le faisais avant, ok ?
- Tu as mon secret. J'ai ton secret. Nous sommes gardiens pour l'autre. Ladayk waedi.
- Entendu, acquiesce-t-elle.

Elle s’essuie rapidement les joues et prend une grande inspiration comme pour repartir en apnée. Elle se lève et tend une main à Lounis pour l’aider à faire de même.
- On n’aura qu’à se retrouver le soir. Après le repas. Pour tes cours je veux dire. Je vais nous trouver un lieu pour ça. Et après, tu pourras partir en quête de toi. Et tu trouveras. Ca n’est rien comparé à ce que tu as déjà fait.

De cela, elle est certaine. Lounis a une force, qu'il ne soupçonne sans doute pas, et qui lui permettra d'aller au bout de sa quête.
Et elle, elle n’aura qu’à attendre que le cygne finisse par s'arrêter de chanter.  
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- On n’aura qu’à se retrouver le soir. Après le repas. Pour tes cours je veux dire.
- D'accord. Où ?


Lounis se redresse souplement après avoir saisis sa main.

- Je vais nous trouver un lieu pour ça.
- Ok.
- Et après, tu pourras partir en quête de toi. Et tu trouveras. Ca n’est rien comparé à ce que tu as déjà fait.
- Non. C'est nouveau. Vraiment inconnu
, déclare-t-il avec simplicité.

Avant de se quitter, il la retient doucement quelques seconde.

- Lexi ? Je te verrais jamais différemment de la guerrière qui a sauvé mon frère. Tu seras toujours la malak de Bassem.

"Et un peu la mienne", songe-t-il in peto.

Le soir venu, après le repas, la toilette, les prières de Maghrib et Ishâ et la traditionnelle histoire pour dormir, Lounis quitte Bassem le laissant aux bons soins d'Angus. Il s'extirpe de leur tente et part en quête de son institutrice d'anglais.
Au cours de cette journée, il a eu le temps de pensée à la situation de Lexi. Une chose l'interpelle : pourquoi ne pas faire appel à un de ces guérisseurs magiques qui sont désormais monnaie courante ? Il y a le fameux démon-arbre du haras, les djinns de l'eau, les sorciers médecins.... Elle n'a que l'embarras du choix. Pourquoi ne veut-elle pas se soigner ?

C'est accaparé par cette question qu'il finit par la retrouver à leur lieu de rendez-vous secret.
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Recroquevillée sur un rebord de fenêtre ouverte qui laisse passer l’air frais nocturne, Lexi fume pensivement en observant au loin les différentes tentes qui s’alignent comme des rangs d’oignon. Dans l’une d’elle, un petit garçon essayera de trouver le chemin des rêves.
- Dors bien petite ombre, chuchote-t-elle dans le vent tout en attendant son grand frère.
L’après-midi a été plus que mouvementé et la jeune femme a profité d’une de ses inspections pour vérifier l’abandon de certaines maisons pour récupérer du matériel pour ses « cours ». Elle ne sait pas tellement à quoi elle joue. Elle n’a jamais enseigné quoique ce soit, mais elle est déterminée à aider Lounis.

« Je te verrais jamais différemment de la guerrière qui a sauvé mon frère. Tu seras toujours la malak de Bassem. »

Des paroles douces qui tournent encore dans sa tête. Des paroles qu’elle espère vraies au risque de regretter de s’être confiée.
Ce n’est pas par hasard qu’elle s’est « entichée » de cette famille au point de vouloir les aider. Il lui a suffi de quelques minutes en leur compagnie pour comprendre à quel point ils font partie de cette catégorie rare de personnes qui n’ont pas une once de malveillance en eux. Et cette bonté naturelle ne fait que briller plus fort dans ce genre de situation difficile.
Si Lexi peut leur rendre la vie plus douce, elle le fera.
C’est pourquoi elle a mis des heures à trouver cette petite pièce, après avoir récupérer un passe partout chez le Major tout en esquivant ses questions. Mais Jenson est bien trop accaparé par une montagne de soucis pour l'asticoter trop sur la question.
La pièce devait servir de débarras à l'origine vu le nombre de meubles entreposés. Mais elle possède une fenêtre et se trouve assez loin des activités de la caserne pour que leurs allées et venues ne soient pas repérées. Lexi a mis un certain temps à déblayer la salle, repoussant le maximum de choses contre le mur pour ne laisser qu’un bureau et deux chaises. Puis elle a fait envoyer un petit mot à Lounis avec des indications précises pour retrouver l’endroit.

Lexi tourne la tête en entendant la porte s’ouvrir presque timidement et accueille son « élève » avec un sourire.
- Bonsoir Lounis. Tu as fini par trouver. Bienvenue dans ta salle de cours, ajoute-t-elle.
Elle rejette la fumée de sa cigarette par la fenêtre puis éteint le mégot avec précaution pour ne pas trop l’écraser et pour le conserver au bord de son cendrier.
Elle déplie souplement sa silhouette vêtue d’un simple legging et d’un pull qui mettent bien plus en exergue sa silhouette déliée et gracieuse de danseuse que ne le fait son uniforme.
- Je te proposerai bien une cigarette mais je ne crois pas que tu fumes, si ? Comment était le chocolat ? demande-t-elle malicieusement, comme si la gravité de leur conversation de la matinée avait été effacée. Viens d’assoir. Elle lui désigne l’une des chaises et s’installe à côté de lui.
- J’ai trouvé des petits trésors ! Un livre de grammaire avec des exercices, des fiches de révisions d’une ou d’un élève très appliqué et des romans plutôt faciles pour améliorer ton vocabulaire ! Et en prime, je suis tombée là-dessus ! Elle lui montre un dictionnaire anglais-arabe. Incroyable, non ? Oh… elle lui montre un autre livre avec un petit sourire, les yeux pétillants… et ça c’est juste… un cadeau.
Il s’agit d’un recueil de poèmes de Lord Byron.
- Tu ne comprendras peut-être pas toutes les formulations mais je crois que tu aimeras, déclare-t-elle en s'accoudant sur le bureau pour observer ses réactions.
Elle s’arrête soudain, mortifiée.
- Tu connais l’alphabet latin, hein ?
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