Plumes {Riley&Ohanzee}

Date d'inscription : 31/10/2020

- Ma chérie, tu vois pas qu'il crève d'envie que tu le ramènes chez-toi ? Regarde-moi cette bouille de chiot mouillé, ça s'ramasse et ça s'adopte ces mignons-là.

Riley observe le manège joyeux du couple un brin loufoque. L’ambiance est si légère, joyeuse et pleine de vie qu’elle se surprend à taper du pied en rythme et à pianoter ses doigts sur la table, un grand sourire aux lèvres. On s’y sentait bien dans ce resto. Elle reviendra au Gontr'Hamburger, c’est une certitude.

Le visage mortifié d’Ohanzee l’a fait éclater de rire puis elle tapote gentiment sa main restée sur la table.

- T’en fais fait, elle plaisante. Même si c’est vrai que tu as un côté attachant qu’on peut pas nier. Mais jusqu’à preuve du contraire on ne peut pas adopter un adulte, aussi mignon soit-il.

Elle se rencogne contre son siège et croise les bras sur sa poitrine. Elle réfléchit un instant et imagine ramener le jeune homme dans le petit appartement qu’on lui avait alloué pour la durée de sa mission en ville. Et puis après quoi ? Il dort dans son lit ? Et elle ? Elle voit soudain une voiture de patrouille de son régiment dans la rue et se raidit, se cachant instinctivement le long du mur. Heureusement, la voiture ne fait que passer. Ce brusque retour à la réalité lui met un coup à l’estomac. Qu’est-ce qu’elle est en train de faire ? Elle devrait laisser le jeune homme se débrouiller ! Après tout il avait réussi à s’en sortir pendant au moins une vingtaine d’années sans elle non ? Elle lève les yeux vers lui et croise son regard à la douceur infinie qui semble cacher des secrets insondables. Elle reprend appui sur la table et passe à nouveau ses doigts dans ses cheveux dans un geste de nervosité certaine.

- Tu me crois si je te dis que je n’ai aucune idée de ce que je fais ? avoue-t-elle avec un petit sourire perdu. Pour la première fois de ma vie je n’ai aucun plan à l’avance et c’est … perturbant et nouveau. Tu es perturbant et nouveau… Je ne sais même pas comment t'aider...

Date d'inscription : 18/06/2020

- T’en fais fait, elle plaisante.
- Je n'en suis pas certain. Il lorgne la danseuse d'un air suspicieux.
- Même si c’est vrai que tu as un côté attachant qu’on peut pas nier. Il la regarde avec de grand yeux et les tâches de rousseur à vif. Mais jusqu’à preuve du contraire on ne peut pas adopter un adulte, aussi mignon soit-il.
- On peut l'inviter, en revanche, s'entend-il rétorquer à sa propre surprise. Il porte la main à sa bouche, confus et fortement embarrassé de cette inconvenante audace. P.. pardonnez-moi, je ne voulais pas dire cela ! Mes mots sont allés plus vite que mes pensées. Il en a oublié les efforts de tutoiement.

Le manège des danseurs prend fin lorsque le jukebox change de piste. La joueuse de mots croisés se met en quête de ses chaussures qu'elle a égarées. Le patron s'en retourne aux boissons à servir et ne tarde pas à revenir à la table de ses seuls clients. Il toise Riley plaquée contre la banquette et sourit tranquillement.

- Vous comptez faire une petite sieste ? Elle sont confortables, je les ai moi-même testées.
- Une Classic-chic, une Gargantua et deux "Suprêmes" pour la huit, beugle Lionel, le cuistot en faisant fleurir les plats sur la desserte. Gontrand a tôt fait de venir les chercher pour leur servir sur des "Pompompom" guillerets.
- Bon appétit* !leur souhaite-t-il en français avant de s'éclipser.

Le chocolat viennois est on ne peut plus gourmand. Il dégouline de crème onctueuse saupoudrée de cacao noir et dégage un fumet appétissant. C'est tellement ostentatoire, que le jeune homme s'en trouve presque gêné. Il s'intéresse alors à la barquette de frittes en osier rouge dont le fond a été tapissé de papiers gras à motifs vichy. Ohanzee attrape une des allumettes dorées incrustées de cristaux de sel entre le pouce et l'index. Il la scrute sous tous les angles, en hume l'odeur, y risque prudemment un premier coup de langue, puis carrément une bouchée.

- Mais.... C'est de la pomme de terre! s'exclame-t-il en reconnaissant la texture. Il n'a jamais connu ce légume que cuit à l'eau. Le croustillant de la fritte en sublime le gout.

Il croise le regard de Riley qui lui apparait nerveuse. Elle a cette mimique répétitive avec sa chevelure. Il ne comprend pas son trouble.

- Tu me crois si je te dis que je n’ai aucune idée de ce que je fais ?
- Je.. je pensais que vous connaissiez les mets servis par cet aubergiste ?
- Pour la première fois de ma vie je n’ai aucun plan à l’avance et c’est … perturbant et nouveau.
- Oh... Il repose la frite dans son panier, une expression inquiète sur ses traits fins.
- Tu es perturbant et nouveau…
- M.. moi ?!
- Je ne sais même pas comment t'aider...
- Je n'ai pas besoin d'être aidé. Je suis navré de v.. te causer tant de désagréments. Je vais partir, cesser de v.. te gêner. Je... Il s'est levé, maladroitement, quelque peu fébrile. J'ai chamboulée vo..tes croyances, tes certitudes. J'ai manqué d'égards. Je suis désolé...

Il sort de table, prêt à s'en aller mais reste bêtement planté là.

-..... Je ne sais pas comment faire pour rentrer, souffle-t-il, penaud.

Au fond du restaurant, la danseuse aux mots-croisés pousse un cri de triomphe en retrouvant une de ses ballerines.

Date d'inscription : 31/10/2020

- Je n'ai pas besoin d'être aidé. Je suis navré de v.. te causer tant de désagréments. Je vais partir, cesser de v.. te gêner. Je... J'ai chamboulée vo..tes croyances, tes certitudes. J'ai manqué d'égards. Je suis désolé...

Riley le regarde se lever, surprise, sans trop comprendre ce qu’il se passe.

- Non attend !

Elle ne sait même pas pourquoi elle l’arrête. Après tout, elle a plus ou moins décidé qu'ils reprendraient leur route, chacun de leur côté. Peut-être parce que malgré ses paroles, elle perçoit en lui une détresse profonde derrière la douceur et que cette détresse lui serre le coeur ? Peut-être parce qu'il ne la regarde pas comme une pestiférée mais avec cette bonté qui semble le caractériser et qui lui fait du bien à l'âme ? Elle ne se l'explique pas. Elle se lève à son tour et agrippe la manche de sa veste.

- S’il te plait. Reste. Je ne voulais pas…j’essayais simplement de te dire que… j’ai pas vraiment l’habitude de faire ça. L’impulsivité je veux dire, c’est pas mon truc. Mais c’est pas grave ! Je ne crois pas au destin mais je sens que je devais de rencontrer, tu vois ? A cause de mon frère…pour pouvoir lui dire adieu et je... j’ai l’impression de te devoir tellement…
A cours de mots elle se tait et le regarde quitter la table.

-..... Je ne sais pas comment faire pour rentrer

Prise d’une nouvelle crise d’impulsivité (décidemment…elle ne se reconnaissait plus), elle finit par lancer :

- Je t’invite chez moi, c’est d’accord !

Avant de se mordre les lèvres. Lorsqu'il a suggéré l'idée il y a quelques instants, elle a fait semblant de ne pas l'entendre. Il ne se doutait sans doute pas un instant de ce que cela impliquait.
Très vite elle réfléchit pour ajouter quelque chose, n’importe quoi.

- Temporairement, jusqu’à ce qu’on trouve une solution. Ça te va ?

Elle lui tend la main, un faible sourire aux lèvres.

- Viens, tu n’as pas goûté aux frites au chocolat.

Un coup d'oeil à la ronde, l'informe que personne dans le restaurant n'a perdu une miette de leur échange.

- Merde, souffle-t-elle, les joues roses de gêne. Se donner en spectacle c'est vraiment la dernière chose qu'elle souhaite.

Date d'inscription : 18/06/2020

Les mots de Riley se gravent au plus profond de lui. Il est partagé entre un sentiment de félicité propre à sa nature bienveillante, aux valeurs portées par sa foi, et une angoisse diffuse. Il est heureux que son don ait servi à quelque chose de bien. Dame Rouge et Sieur White ont beau le lui affirmer, il n'a jamais pu assister aux bienfaits concrets de ses visions.
Riley est réelle.
Riley est tangible.
Riley est visible.

Et il sera d'autant plus dur de s'en séparer le moment venu.

- Je t’invite chez moi, c’est d’accord ! Temporairement, jusqu’à ce qu’on trouve une solution. Ça te va?

Elle lui demande son avis.
Personne n'a jamais jugé bon de le solliciter. Il ne sait donc que répondre. Son regard tombe sur cette main tendue, cette paume dont il désire retrouver le contact.

Je suis faible et dépourvu de détermination.

Ses doigts répondent à l'invitation. Ils se referment, avides, sur cette chair offerte. Il se repaissent goulument de la chaleur électrique qu'elle induit. Cette main, il ne la lâchera plus. Les deux jeunes gens retrouvent le confort de la banquette sous les applaudissements fournis de Gontrand et Klaudia. Les échos venant des fourneaux attestent que même Lionel s'y est mis.
Ohanzee laisse échapper un petit rire, pas mécontent de constater qu'il n'est pas le seul à rougir, cette fois. Les guerriers savent donc baisser leur garde. Il conserve précieusement en mémoire, cette expression inédite sur le visage de sa magnifique compagne.

Avant de manger, toutefois, Ohanzee récite une bénédicité, paupière closes :

- Merci à toi, Seigneur, pour avoir mis Riley sur ma route, ce jour. Merci à Jared pour avoir sur trouver la paix en ta maison. Merci au Sieur Gontrand de nous accueillir en sa demeure emplie de danses et de rires. Merci pour ce repas et pour m'octroyer la permission de vivre cette félicité. Puisses-tu me pardonner, Ô seigneur, d'abuser ainsi de ta sainte majesté une journée de plus.

La chantilly est une chose incroyable et forcement une invention d'inspiration divine. Ohanzee a tenté de boire convenablement son breuvage. Le constat de son nez aquilin orné de crème est pour le moins incongru. Les crêpes sont moelleuses et charnues, gorgée de confiture clairement réalisées maison et, contre toutes attentes, le sel croustillant des frittes ravive la saveur corsée du chocolat.

- C'est merveilleux, s'exclame le jeune métisse. Je n'ai jamais connu un tel repas de roi ! Ses yeux brillent d'une joie pure, quasi enfantine. Merci infiniment.

Ohanzee n'a pas quitté une seule seconde la main de Riley.

Date d'inscription : 31/10/2020

Lorsqu’elle sent à nouveau la paume d’Ohanzee contre la sienne, Riley pousse un soupir de soulagement avant de regagner leur table et adresse un sourire timide aux employés du restaurant.

Elle le regarde réciter son bénédicité, bouche bée, mais ne l’interrompt pas. Il est emprunt d’une sorte de paix qu’elle se refuse à briser. Elle se sent presque indigne de ne serait-ce qu'y songer.

Il mange et découvre la nourriture avec un appétit et une joie avide pendant qu’elle sirote son café. Elle pousse l’assiette de la deuxième crêpe dans sa direction juste pour voir jusqu’à quel point ses yeux sombres peuvent pétiller de plaisir. Son bonheur est contagieux et elle sourit et rit plus en quelques minutes que pendant une année entière. Ce n’est qu’au milieu du repas qu’elle se rend compte qu’il n’a pas lâché sa main depuis qu’elle la lui a offerte. Elle peut la retirer mais elle n’en éprouve pas l’envie et puis il la garde jalousement, elle sent sa poigne, ferme sans pour autant être désagréable. Il a bien plus de force qu’il ne le soupçonne, elle en est persuadée. Mais elle devine que même s’il en avait conscience, il ne l’utiliserait pas. Ça n’est simplement pas dans sa nature.

- C'est merveilleux. Je n'ai jamais connu un tel repas de roi ! Merci infiniment.

Une expression amusée sur le visage, elle chipe une serviette en papier et essuie le bout de son nez constellé de tâches de son pour le débarrasser des traces de chocolat.

- Avec plaisir Ohanzee, murmure-t-elle.

Lui avoir apporter autant de bien-être la ravie stupidement. Il semble aller mieux, bien mieux qu’il y a une heure et elle se demande soudain dans quel état se trouve les traces dans son dos.
Un coup d’œil à sa montre lui indique que l’heure tourne et elle hésite, se demandant si elle allait vraiment le ramener dans son petit deux pièces, privilège dû à son nom et au fait qu’elle était prête à payer de sa poche pour éviter la proximité avec ces chers collègues. Que pouvait-elle faire d’autre ? Le laisser errer en ville ? Certainement pas.

- Je vais régler, d’accord, la prévient-elle. Tu m’attends ?

Elle dégage doucement sa main de la sienne et se dirige vers le comptoir pour payer la note.

- C’était excellent ! Vous avez un établissement…particulièrement chaleureux. Merci encore.

Elle rejoint ensuite la banquette, enfile sa veste en restant debout et sourit bravement au jeune homme.

- Tu viens ?

Date d'inscription : 18/06/2020

Instant volé. Le point de convergence entre deux êtres perpétuellement sous contraintes a lieu ici, maintenant, à cette table. Rompre le pain de concert est un gage d'amitié durable. Ohanzee est transporté par cette multiplicité de sensations exquises : la musique, les parfums, les saveurs, le rire communicatif de Riley... Elle parait aussi détendue que lui. Il s'en trouve rassénéré.
Il voudrait que ce moment n'ait jamais de fin.

- Je vais régler, d’accord, la prévient-elle. Tu m’attends ?
- D'accord...

Par habitude des corvées, le jeune homme s'emploie à débarrasser la table et ramener la vaisselle souillée sur la desserte.

- Auriez-vous un chiffon pour nettoyer la table? demande-t-il à Lionel qui le gratifie d'un haussement de sourcil sur un regard torve.
- Et après tu vas me frotter le dos, gamin? Laisse donc tout ça, va. On va s'en occuper.
- Oh.. euh.. fort bien.

Il retourne docilement s'asseoir comme Riley le lui a demandé.

Au comptoir, Gontrand, le patron, remercie la jeune femme d'un sourire bonhomme.
- Merci ! Faudra revenir ! La prochaine fois je vous ferais gouter une de mes gaufres-calzone.
Klaudia, qui s'est allumé une cigarette alors que le restaurant est non-fumeur, lui attrape brusquement le bras et la gratifie d'un regard perçant.
- Tu me sembles être une chouette fille, bien trop chouette pour cette ville. Elle lui glisse une carte de visite dans la poche. Sur le carton rouge, il y a un pictogramme de ciseaux noir et l'url d'un site internet. Elle a rajouté à la main, au stylo bille, un numéro de téléphone. Si un jour tu rencontres des difficultés, chérie, appelle-moi. Elle la gratifie d'un clin d'oeil avant de la libérer.

- Tu viens ?
- Oui, fait Ohanzee en suivant son hôtesse la boule au ventre.

L'angoisse a eu le temps de grimper en flèche alors qu'il attendait sur sa banquette comme un enfant bien élevé. Il a beau retourner la situation dans sa tête, quelque soit la perspective ou l'angle, il finit toujours par retourner dans le giron de l'I.C.V. et Riley par payer les conséquences de son escapade. Le métisse demeure profondément silencieux, l'esprit happé par ses réflexion et de fait, ne voit pas le chemin passé. Il ne réintègre la conscience de lui même que devant la porte de Riley abruptement concrète.
S'il la franchit maintenant, il n'y aura pas de retour en arrière. Il goutera aux plaisirs d'un autre toit que celui qu'on lui concède au monastère, il aura succombé aux tentations de l'extérieur.

- Riley... amorce-t-il, hésitant sur le seuil de sa porte. Mais nulle parole ne vient suivre l'énoncé de son prénom. Il pose sur elle une oeillade d'une intensité si profonde qu'elle déshabille jusqu'à l'os.

Nous ne devrions pas.
Je ne veux pas partir.
Je vous mets en danger.
Je veux te peindre.

Date d'inscription : 31/10/2020

- Tu me sembles être une chouette fille, bien trop chouette pour cette ville. Si un jour tu rencontres des difficultés, chérie, appelle-moi.

Riley attrape la carte et la contemple un instant avant de la glisser dans la poche de sa veste en adressant à l’étonnante serveuse qui ne leur a pourtant rien servi, un sourire incertain.

- Euh…merci.

Elle conduit lentement dans des rues déjà désertes à cause du couvre-feu et ne rencontre qu’une patrouille qui ne l’arrête même pas en reconnaissant sa voiture. A croire que moins ils lui parlaient, mieux ses collègues se portaient. Sa « flamboyante » réputation l’a évidemment poursuivi jusqu’ici. Indésirable à nouveau…
Elle tourne la tête vers le jeune homme qui regarde pensivement par la fenêtre. Non pas pour tout le monde. Lui ne la juge pas. Sur rien.
Elle s’arrête finalement devant son immeuble et le guide jusqu’au troisième étage. Le bâtiment n’a rien d’un palace mais il est propre et entretenu avec un certain soin. Riley farfouille dans sa poche et sort sa clé. La porte déverrouillée, elle pénètre dans son petit appartement, pose ses clés sur une petite étagère et se débarrasse de sa veste. Elle n’est dans cette ville que depuis peu, la décoration en est donc plutôt spartiate et impersonnelle. Mur blanc, petit canapé, table et kitchenette premier prix. Au moins tout fonctionne et est immaculé. Elle s’en est assurée. Elle a simplement rajouté une photo de son frère et elle sur le buffet qui fait aussi office de meuble télé et une bougie dont elle affectionne particulièrement le parfum de fleurs blanches qui flotte encore dans l’atmosphère. Sa chambre se situe dans la deuxième pièce là où se trouve une minuscule salle de bain attenante.

- Voilà, c’est pas grand-chose, mais c’est mon presque chez moi, déclare-t-elle avec une emphase un peu ironique. Tu y seras en sécurité.

- Riley...

Elle tourne la tête vers lui et reste un instant figé par son regard perçant qui semble lui fouiller l’âme. Elle veut dire quelque chose mais s’en trouve incapable. Elle s’approche lentement de la porte, l’ouvre en grand pour lui dégage un passage plus large et reste là. Elle n’arrive pas à comprendre ce que lui disent ses iris sombres, mais elle devine son hésitation.

- Ohanzee, je t’invite, finit-elle par laisser passer d’une voix apaisante. Vraiment, tu es le bienvenu mais si tu ne veux pas, on trouvera autre chose. Dis-moi ce que tu préfères.

Date d'inscription : 18/06/2020

Pardonne-moi, Seigneur.
Tu a beau être mon berger,
Je m'éloigne encore du troupeau.
Ohanzee clôt les paupières et prend une large inspiration. En franchissant ce seuil, il admet sa propre perdition. Il accepte d'être une partie de ce nouveau monde qu'il a jusque là regardé au travers de barreaux, à l'abri. Il lève un pied, fait un pas, foule le paillasson. Voilà. Terra Incognita.
Le jeune homme expire et ouvre les yeux. Il n'a pas été foudroyé ce qui est plutôt encourageant.

- Merci pour v.. ton... -Je vais y arriver, promesses- ton hospitalité.

Il retire consciencieusement ces misérable espadrilles, autrefois blanches, à présent maculées de terre, pour les ranger bien aligner contre le mur. Il a des pieds admirablement harmonieux, des pieds de statue. Il retire sa besace de fortune et dézippe -il a compris le système et s'en réjouit- la veste militaire qu'elle lui a prêtée. Il suspend son geste une fois au bas de la fermeture, réalisant qu'il est toujours nu au dessous.

- Hum...

Il pénètre plus avant dans l'appartement avec la délicatesse scrupuleuse d'un papillon effleurant les pétales d'une orchidée. L'antre de Riley est presque aussi monacale que sa propre cellule, le matériel de peinture en moins. Rien ne laisse présager d'elle ce qu'il a déjà eu l'occasion d'observer : son chagrin christique, ses rires solaires, sa gourmandise attendrissante. Les murs d'ici ne recèlent aucune émotion.

- Si T.. Tu , se force-t-il à l'emploi de la familiarité, tu crains pour ta vertu, je dormirais à même le sol. J'en ai l'usage. Je ne tiens pas à perturber davantage tes habitudes.

Il aimerait prendre une douche, mais il n'ose le lui réclamer.

Date d'inscription : 31/10/2020

Riley l’observe puis referme la porte derrière lui. Bon. Plus de retour en arrière. Elle se rend alors compte qu’elle n’a jamais invité personne chez « elle ». Jamais. Pourtant elle ne se sent pas tellement nerveuse. Il retire ses chaussures et abaisse la fermeture éclair de sa veste avec une évidente satisfaction, dévoilant à nouveau son torse nu. Riley détourne les yeux en se grattant la gorge.

- Si T.. Tu , tu crains pour ta vertu, je dormirais à même le sol. J'en ai l'usage. Je ne tiens pas à perturber davantage tes habitudes.

Cette fois elle éclate de rire

- C’est très gentil à toi de t’inquiéter pour ma vertu mais ça fait un petit moment qu’elle s’est fait la malle. Et puis j’ai confiance en toi, ajoute-t-elle, les yeux rieurs. Au pire des cas, je suis à peu près certaine de pouvoir te mettre au tapis. Hors de question que tu dormes par terre ! Qu’est-ce qu’on dira de mon hospitalité après ? Je dormirai sur le canapé, annonce-t-elle en désignant ledit meuble du menton. Je te laisse mon lit.

Reprenant conscience de son état un peu débraillé, elle se dirige vers la porte de sa chambre et lui lance par-dessus son épaule.

- Tu veux peut-être prendre une douche ? Ça te fera du bien. Suis-moi !

Sa chambre est plus petite mais plus à son image. Elle a rajouté un patchwork coloré, fabriquée par sa grand-mère, la fana de mots-croisés, sur le bas du lit, fait au carré. Son parfum flotte dans l’air et les quelques livres qu’elle affectionne particulièrement trônent sur sa table de chevet.
Elle farfouille dans sa commode et trouve une serviette propre et douce au toucher puis un tee shirt de grande taille qu’elle utilise d’habitude en guise de chemise de nuit. Elle lui fourre les affaires dans les mains et lui ouvre la salle de bains.

- Fais comme chez toi. Y’a du gel douche et du shampooing, prend ce qu’il te faut. Désolée d’avance pour l’odeur, plaisante-t-elle, j’ai pas pensé à prendre des parfums plus…masculins.

Soudain plus gênée, elle se mord les lèvres.

- Tu…euh…tu veux que je regarde tes blessures dans le dos ? Je ne suis pas médecin mais j’ai une formation de secouriste et une bonne trousse à pharmacie.

Date d'inscription : 18/06/2020

Son hilarité le déboussole. Il a l'impression d'avoir proféré une bêtise crasse. Il s'en tord les doigts de gêne. Cependant, il s'avère vite que les rires de Riley sont irrésistibles. Il se surprend à sourire timidement, tout en se grattant la nuque.

- Certes. Je suis plus efficace avec une bible ou un pinceau. Par contre, je me refuse à te déposséder de ton lit. Je prendrais donc la couchette... Et ça n'est pas négociable, s'empresse-t-il d'ajouter avec toute la fermeté dont il est capable.
- Tu veux peut-être prendre une douche ?
- Je t'en serais infiniment reconnaissant! répond-il avec une expression de soulagement palpable.
- Ça te fera du bien. Suis-moi !

Il obtempère, pénétrant plus avant dans l'intimité de la guerrière. Il contemple l'édredon, le soupçon de décoration, la fragrance qui émane de la pièce. La pile de livre l'interpelle. Il prise la lecture, c'est une de ses rares ouvertures sur le monde moderne. Malheureusement il n'a guerre droit à plus de trois ou quatre ouvrages dont les contenus sont d'abord filtrés par I.C.V. Aussi découvre-t-il avec un certain étonnement ces titres exotiques :"Le crime de l'Orient Express" (sans doute en référence aux invasions mauresques), "La Trilogie Ecossaise" (Un traité de géographie ?), "Orgueil et préjugés"( écrit par une femme, voilà qui est surprenant),...

- Tu es une érudite, se réjouit-il. J'aimerais pouvoir lire davantage que la Bible et l'Encyclopédie universelle. On ne m'autorise guère plus que cela...

Il s'interrompt, conscient soudain d'en avoir sans doute trop dit. Trop occupée à lui dégoter des vêtements de rechange, elle n'a peut-être pas entendu.

- Fais comme chez toi. Y’a du gel douche et du shampooing, prend ce qu’il te faut.
-.. Euh.. Très certainement.

La "douche" du laboratoire est antiseptique. Les jets puissants le trempent, l'aspergent d'émulsion liquide savonneuse et le désinfectent avec une solution hydroalcoolique. Il est ensuite séché sous de grands ventilateurs d'air chaud. Il ignore tout de la différence entre gel et shampoing. Cependant, la texture éponge de la serviette est très douce, très satisfaisante au toucher.

-Désolée d’avance pour l’odeur, j’ai pas pensé à prendre des parfums plus…masculins.

Ohanzee a débouché un des flacons de plastique qui hume bon la fleur d'oranger et l'amande douce.

- Pourquoi donc "masculin" ? C'est une fragrance très agréable, je trouve. Très boisée.
- Tu…euh…tu veux que je regarde tes blessures dans le dos ? Je ne suis pas médecin mais j’ai une formation de secouriste et une bonne trousse à pharmacie.

L'amérindien l'observe un moment, il ne sait que lui répondre. Chaque amorce de phrase qui se contorsionne sous son crâne sonne comme une mystification honteuse.

- Elles... Elles se résorbent d'elles-mêmes en général. finit-il par lâcher. On m'applique une sorte d'onguent pour assouplir le derme. J'ignore si tu possèdes ce genre de médication. Un silence. Il se sent une nouvelle fois parfaitement stupide de ne rien connaitre à rien. Hum.. Comment... Comment ton appareillage de "douche" fonctionne-t-il ?

Date d'inscription : 31/10/2020

- Elles... Elles se résorbent d'elles-mêmes en général. On m'applique une sorte d'onguent pour assouplir le derme. J'ignore si tu possèdes ce genre de médication. Hum.. Comment... Comment ton appareillage de "douche" fonctionne-t-il ?

Riley fronce les sourcils. C’est déjà dur à avaler que des plaies saignent puis s’arrêtent sur commande, mais qu’elle se résorbent carrément lui parait un peu trop…mystique. Elle secoue la tête. De toute façon, depuis cet fin d’après-midi tout son univers et bouleversé, chamboulé, renversé. Et son esprit plutôt cartésien se heurte à tant de choses « surnaturelles » qu’il préfère prendre les problèmes plus terre à terre d’abord.

- Un genre de crème hydratante ? Oui j’ai ça.

Elle ouvre le rideau de douche et lui montre le fonctionnement de l’eau chaude et de l’eau froide puis lui désigne la serviette.

- Quand tu as fini tu te sèche avec ça. Prends le temps qu’il te faut, lui assure-t-elle. Je retourne dans la pièce principale. Appelle-moi quand tu as fini, je …hum m’occuperais de ton dos après.

Elle sort de la petite pièce et referme la porte derrière elle. Avec un soupir à fendre l’âme, elle s’y appuie un instant. Comment les choses ont pu basculer si vite et en si peu de temps ? Elle finit par rejoindre le salon et se débarrasse de ses chaussures, les déposant à côté de celles d’Ohanzee. Ces simples morceaux de tissus, à la fois banals et complètement étrangers menacent de la faire craquer soudain. La panique la submerge.

Qu’est-ce que je fous ? Jared…j’aimerais que tu sois encore là pour me guider…

Mais elle est seule, ou presque avec ses décisions. Elle commence par appeler sa hiérarchie pour les prévenir qu’elle se sent mal et ne pourra pas assurer sa patrouille cette nuit. Comme Ohanzee en a certainement pour un moment, elle décide d’enfiler un vieux legging et s’installe au sol en tailleur, la posture droite. Elle ferme les yeux, cale sa respiration pour la ralentir, doucement, lentement, jusqu’à ce que son esprit soit entièrement accaparé par ce simple exercice. La panique reflue petit à petit, elle retrouve une certaine paix. Son esprit s’apaise. Elle a décidé de prendre Ohanzee sous son aile, que ça soit raisonnable ou non. C’est un fait. Elle ne peut plus l’abandonner comme ça, simplement parce que tout devenait compliqué. Elle a déjà relevé des challenges bien plus difficiles. Mais elle a besoin de réponses, elle ne peut plus naviguer à vue comme elle le fait depuis des heures, sa raison n’y résisterait pas.

Son but est donc fixé, résoudre l'énigme Ohanzee.

Date d'inscription : 18/06/2020

Une fois seul dans la salle de bain, Ohanzee est envahi de perplexité. De curiosité également. Visiblement, dans cette époque, l'eau s'achemine directement à soi et dans chaque foyer, sans effort, sans contrainte. Entre ses ablutions dans la rivière d'un autre siècle et les caissons technologiques du monastère, il n'a guère eu l'occasion de se faire à l'idée d'un entre deux.
Alors, il prend son temps, il expérimente, il découvre. Le shampoing est spécifique aux cheveux, l'après-shampoing permet de les démêler. La fleur de douche lui gratte la peau mais mousse tant et si bien qu'il se prend à glousser. Il souffle dessus pour la faire s'envoler. Candide amusement. La pluie chaude du pommeau est relaxante et dénoue ses muscles crispés. Rien de comparable avec l'agression des jets à l'ICV. Il en abuse tant et si bien que la petit pièce est bientôt envahie de buée.
Il sort enfin du baquet en émail carrelé. Ses pieds savourent le moelleux du tapis de bain et son derme apprécie la serviette éponge. Il essore sa chevelure alourdit d'eau et regarde ses plaies dans le reflet du miroir. Elles se sont encroutées mais de manière saine, sans le pus qui s'invite parfois, en hommage au "bon vieux temps".

Ohanzee enfile le t-shirt mais n'ose pas remettre son pantalon sale, souillé de terre, d'herbe et de sang. Il noue donc la serviette blanche en pagne. Lorsqu'il s'extirpe de la salle-de-bain c'est accompagné d'un nuage de vapeur parfumée. Sa tignasse humide mouille le T-shirt par endroit. Elle tombe en drapé soyeux sur ses épaules. Il appartient à cette catégorie rare d'êtres qui ignorent leur propre beauté.

Ne voulant pas troubler la méditation de Riley, il s'agenouille en face d'elle, comme pour prier. Il attend, silencieux, paisible. Personne ne pourrait imaginer la vivacité créative qui l'agite en dedans. Il peint Riley mentalement par touche vives et passionnées, éclaboussant les murs de son crâne de pigments, de clair-obscur et de solennité. Il capture sa sérénité pour lui seul, pour en chérir le souvenir lorsqu'ils seront séparés.

Car ils le seront, c'est un fait.

Date d'inscription : 31/10/2020

Riley prend une ample inspiration finale et un parfum familier chatouille ses narines. Intriguée, elle ouvre les yeux et tombe sur le regard scrutateur d’Ohanzee qui parcourt son visage avec une concentration et une intensité qui la fait rougir comme elle ne l’a plus fait depuis son adolescente, lorsqu’elle était gauche et timide. Jamais encore on ne l’a dévisagé comme il le fait. Pendant quelques longues secondes, elle n’arrive pas à détourner les yeux et l’observe en retour. Ses longs cheveux humides de la douche, ses traits métissés, ses iris sombres habités par une fièvre qu’elle n’arrive pas à déchiffrer, tout en lui respire une beauté étrange et fascinante.

- Ohanzee...

Elle ne se lasse pas de son prénom, parti intégrante de son exotisme et de son étrangeté. Malgré elle, elle lève une main et vient frôler la peau de sa joue couverte d’une barbe légère du bout des doigts puis la retire aussitôt. Le contact est bref mais électrique.

- Pardon, je ne voulais pas…

Honteuse, elle baisse les yeux et remarque qu’il a enroulé la serviette autour de sa taille. Elle se sert aussitôt de ce prétexte pour se relever.

- Je…je vais essayer de te trouver un pantalon.

Elle file dans sa chambre, les joues encore rouges, le cœur battant. A force de farfouiller elle retrouve un vieux jogging qu’elle avait piqué à Jarred il y a des années et qu’elle aime encore porter de temps en temps. Elle en profite pour jeter un coup d’œil dans sa pharmacie et retrouve le tube de crème qu’elle cherchait.
Revenu dans le salon, elle lui tend le pantalon et agite triomphalement sa crème.

- J’ai trouvé ça pour tes cicatrices ! C’est ce que je mets sur les miennes.

Date d'inscription : 18/06/2020

Riley ouvre lentement les yeux. Sa carnation change légèrement de teinte, modifiant les pochades colorées qui envahissent l'espace mental d'Ohanzee. Son expression est saisissante, incroyable de fragilité et d'humanité, il la tient presque, il... Elle effleure son visage et Ohanzee cesse de respirer. Littéralement. Quelque chose de magique et de puissant irradie tout son être, explosant en particules infimes. Il s'est transformé en buisson ardent, l'espace d'une fraction de secondes, le temps d'une simple caresse.

Sidéré, il la contemple avec de grands yeux de faon effarouché.

Elle reflue et ses poumons puisent à nouveau de l'oxygène dans l'air ambiant. la machinerie en est presque douloureuse. Il déglutit. Son esprit est étourdi, englué entre son fantasme de peintre et la réalité crue. Charnelle. Impossible de faire autre chose que de bredouiller stupidement des excuses inintelligibles.

- Je…je vais essayer de te trouver un pantalon.
- M.. merci.. je.. pantalon sale.... pas osé....

Elle s'éclipse le laissant confus, échoué sur le parquet. Lentement, il hisse ses doigts jusqu'à l'angle de sa mâchoire et reproduit le geste de Riley. Pâle copie. Effet incomplet.

Je veux qu'elle recommence.

Réalisation aigue d'une tentation terrible.
Il tente de se calmer et récite intérieurement ses passages préférés de la sainte bible.

car tout ce qui est dans le monde,
la convoitise de la chair,
la convoitise des yeux,
et l'orgueil de la vie,
ne vient point du Père,
mais vient du monde.
[1 Jean 2.16]

Lorsque Riley regagne le salon, il se lève précipitamment.

- J’ai trouvé ça pour tes cicatrices ! C’est ce que je mets sur les miennes.
- Formidable ! fait-il sur le même ton, tentant de chasser le malaise précédent par une joie un peu forcée.

Il la remercie pour ce nouvel emprunt et retourne dans la chambre troquer sa serviette contre le jogging. Lorsqu'il revient à elle c'est pour s'en remettre humblement à ses soins. Il s'assoit sur un coin de canapé, lui présentant son dos et retire pudiquement son T-shirt. En écartant sa chevelure pour lui laisser tout le loisir d'appliquer le baume, Riley constate que les blessures sont en effet en court de cicatrisation. Cela ressemble à s'y méprendre à des séquelles laissées par un fouet épineux.

Date d'inscription : 31/10/2020

Riley s’installe derrière lui pendant qu’il retire son tee-shirt. Pour la première fois depuis leur rencontre, sa semi-nudité la frappe pour ce qu’elle est, quelque chose d’intime que l’on ne partage pas avec n’importe qui. Pensée qui lui vient certainement de l’instant qui vient de se passer sur son parquet et qu’elle a bien du mal à oublier. Faisant tant bien que mal abstraction des proportions parfaites du haut de son corps, Riley se concentre sur sa tâche et contemple à nouveau ses horribles cicatrices, plaies à vif il y a encore quelques heures. Horrifiée à l’idée que quelqu’un ait pu faire autant de mal à être si foncièrement gentil, elle sent une colère sourde et inattendue monter en elle. Les traces, longues et fines, ressemblent à s’y méprendre à des coups de fouet. Elle en trace une du bout des doigts, affligée par la douleur qu’il a dû ressentir lorsqu’on lui a infligé ça où sur les falaises, lorsqu’elles se sont réouvertes. Elle déplace une longue et solitaire mèche brune de sa peau nue et décapsule le tube de crème, appliquant une couche généreuse sur le bout de ses doigts.

- Ca risque d’être froid, prévient-elle avant de commencer à en enduire son dos.

Elle masse lentement la peau comme elle a l’habitude de le faire pour ses propres marques, traçant des cercles légers pour faire pénétrer la crème.

- Qui t’as fait ça Ohanzee ? demande-t-elle avec beaucoup de précaution. Tu peux me parler tu sais ? Me dire la vérité. J’ai déjà compris que tu n’étais pas…que tu étais différent. Après tout, tu peux voir les morts et les renvoyer… je ne sais même pas où ! Mais j’ai besoin de savoir, de te comprendre.

Date d'inscription : 18/06/2020

- Ca risque d’être froid.

Il frissonne, effectivement, mais moins à cause de l'onguent que de son contact délicat, de ses doigts qui courent sur sa peau. L'infirmière qui s'occupe de lui après ses transes opère la plupart du temps alors qu'il a perdu connaissance ou de manière clinique. Il sait confusément qu'on le craint. Il n'est pas un véritable innocent, son sang est vicié. Il est déjà miraculeux que l'ICV l'ai jugé utile à leur cause sainte. Pour cette chance de rédemption, il les en remercie.
Riley, cependant, lui rappelle qu'il a été en vie, véritablement, un jour. Elle pétrit sa chair avec attention et égard, et même, oserait-il, avec affection. Il n'y a pas plus horrible que de se souvenir d'un contact amical quand on en est privé depuis des siècles.

- Qui t’as fait ça Ohanzee ?

Il se mordille la lèvre inférieure.

- Tu peux me parler tu sais ? Me dire la vérité.

Riley s'engage sur une voie escarpée, un chemin que son esprit n'est pas forcément en mesure d'appréhender. Ohanzee hésite à la pousser dans un ravin sans le moindre filet.

- J’ai déjà compris que tu n’étais pas…que tu étais différent. Après tout, tu peux voir les morts et les renvoyer… je ne sais même pas où ! Mais j’ai besoin de savoir, de te comprendre.

Pourquoi ?
Pourquoi veux-tu me comprendre ?
Je ne me comprends pas moi-même.

Un silence file, morne, habité seulement par les mouvement réguliers de ses phalanges sur son dos.

- Mon père, répond-il finalement. Je l'ai déçu et il m'a châtié.

Un nouveau silence s'étale comme le baume sur ses plaies.

- Il s'est échiné à sauver mon âme toute sa vie, et lorsqu'il a constaté que c'était là chose vaine, il a voulu purger mon corps du sang malin qui l'animait.

Ohanzee pivote lentement pour faire face à Riley. Son expression est grave, emprunte d'une sagesse ancestrale.

- Pourquoi souhaites-tu comprendre ce qu'il serait préférable d'ignorer ? Pourquoi désires-tu ce savoir qui risque de t'écraser ?

Suis-je digne d'intérêt à tes yeux ?
Ce serait orgueilleux de le penser,
et irresponsable d'y aspirer.

Date d'inscription : 31/10/2020

- Mon père ? Je l'ai déçu et il m'a châtié. Il s'est échiné à sauver mon âme toute sa vie, et lorsqu'il a constaté que c'était là chose vaine, il a voulu purger mon corps du sang malin qui l'animait.

Riley se raidit mais n’ose pas l’interrompre tandis que la colère qui l’a prise à la vue de ses blessures afflue avec plus de force. Sauver son âme qu’elle devine déjà bien plus belle que toutes celles qu’elle a croisées dans sa vie ? Comment a-t-on pu lui faire croire une chose pareille ! Le sang malin ? Parce qu’il était métis ? Ou alors…à cause de son …pouvoir ? A défaut de trouver une meilleure définition. Il semble avoir été élevé dans une foi profonde, peut-être même aveugle. Son père donc a-t-il décidé au nom de Dieu de le punir pour quelque chose dont il n'est sans doute même pas responsable ?

Il se tourne vers elle, le visage ceint d’une gravité qui le vieillit soudain. Riley abaisse ses mains, rendues inutiles, et se trouve happer par son regard.

- Pourquoi souhaites-tu comprendre ce qu'il serait préférable d'ignorer ? Pourquoi désires-tu ce savoir qui risque de t'écraser ?

- Je sais que ça peut paraitre dingue, mais … je veux apprendre à te connaitre. Peut-être parce que mon frère t’as mis sur ma route, parce que je sens que je peux t’aider. Ca sonne si mystique, dit comme ça ! juge-t-elle avec un soupçon de dérision.

A la lumière de ce qu’il vient de lui révéler, elle entre-aperçoit quelque chose de plus profond, là où prend racine le lien qui se tisse entre eux.

- Ou alors… peut-être que je me retrouve en toi : prisonnier d’une image qu’on a voulu donner de moi. On a beau savoir qu’à l’intérieur ça n’est pas qui nous sommes, on se trouve incapable d’y échapper totalement. Je délire peut-être…

L’expression de la jeune femme change pour devenir plus déterminée que jamais, presque féroce.

- Regarde-moi Ohanzee, toute ma vie on m’a répété que j’étais trop faible, pas assez bien…J’ai largement prouvé le contraire. La vérité c’est que je suis bien plus forte que ça. Alors crois-moi quand je te dis que peu importe ce que tu as à me dire, ça ne m’écrasera pas. Jamais. Fais-moi confiance.

Date d'inscription : 18/06/2020

- Je sais que ça peut paraitre dingue, mais … je veux apprendre à te connaitre. Peut-être parce que mon frère t’as mis sur ma route, parce que je sens que je peux t’aider. Ca sonne si mystique, dit comme ça !

Ohanzee la couve d'un sourire mélancolique. Riley bien que clairement débrouillarde et pragmatique, fait preuve d'une naïveté attendrissante. Cependant, il ne peut sous-estimer le poids du destin dans cette rencontre. La Main de Dieu est à l'œuvre, il en est convaincu.

- Tes paroles me touchent. Il n'y a rien de honteux ou de risible à être guidé par sa foi. Si tu crois en cela, il n'appartient à quiconque de le nier.
- Ou alors… peut-être que je me retrouve en toi : prisonnier d’une image qu’on a voulu donner de moi.
- Une image ? Il ne comprends où elle veut en venir.
- On a beau savoir qu’à l’intérieur ça n’est pas qui nous sommes, on se trouve incapable d’y échapper totalement. Je délire peut-être…
- Je ne décèle pas la moindre démence chez toi, Riley.

Ou bien nous sommes tous les deux fous.

- Regarde-moi Ohanzee... Il la regarde. Il ne fait que cela. Il la dévore des yeux comme lorsqu'elle méditait. Toute ma vie on m’a répété que j’étais trop faible, pas assez bien…J’ai largement prouvé le contraire. La vérité c’est que je suis bien plus forte que ça. Alors crois-moi quand je te dis que peu importe ce que tu as à me dire, ça ne m’écrasera pas. Jamais. Fais-moi confiance.

Pour la première fois, il ose initier un contact le premier. Il prend sa main entre les siennes, avec sollicitude. Ses mains sont solaires et paraissent dégager une énergie paisible et lénifiante.

- Ta force de caractère ne fait aucun doute à mes yeux. Néanmoins, lorsque l'on bouleverse les fondements des conceptions d'un homme.... Ou d'une femme, sur l'univers, il risque de perdre pieds. Es-tu vraiment prête à endurer cela, toi qui viens déjà de vivre une expérience ésotérique bouleversante ?

Je veux te protéger !
C'est mon rôle désormais.
Et si je te révèle la verité,
Je risque de te perdre avant même de t'avoir trouvée.

Date d'inscription : 31/10/2020

- Ta force de caractère ne fait aucun doute à mes yeux. Néanmoins, lorsque l'on bouleverse le fondement les conceptions d'un homme.... Ou d'une femme, sur l'univers, il risque de perdre pieds. Es-tu vraiment prête à endurer cela, toi qui viens déjà de vivre une expérience ésotérique bouleversante ?

Riley perçoit son inquiétude sincère et attendrissante. Ses yeux ne la quittent pas et elle commence à se dire qu’elle aime bien trop cette façon dont son regard semble se vriller directement à elle, comme si rien n’existe autour. Elle laisse filtrer un petit rire nerveux.

- J’ai déjà l’impression d’avoir perdu pied, Ohanzee. Entre ce matin et ce soir, c’est comme si on avait donné un coup de pied dans mon univers. Pourtant je suis encore là… Et je ne le regrette pas. Quand mon frère est mort, je ne suis pas…je n’ai pas eu le courage d’aller à son enterrement. Je suis simplement restée cloitrée dans ma chambre pendant des jours.

Plongée dans des souvenirs douleurs, elle baisse la tête. Les pleurs interrompus de sa mère, ses cris de détresses qui raisonnaient dans leur maison sans âme, la froideur encore plus glaçante de son père, la famille et les voisins qui défilaient chez eux avec leurs mines compatissantes qui lui donnaient à l’époque des envies de meurtre. Parce que personne ne s’était intéressée à son chagrin. Ses parents avaient perdu un fils prodigue et bien-aîmés, l’armée, un pilote qui promettait d’être exceptionnel. Mais jamais personne ne s’est dit que Riley avait perdu son seul soutien, son roc dans l’adversité, la seule personne pour qui elle comptait vraiment.

- Je n’ai jamais pu lui dire au revoir, souffle-t-elle avant de relever la tête à nouveau. L’émotion a à nouveau amener des larmes dans ses yeux qu’elle refoule tant bien que mal. Jusqu’à aujourd’hui. Grâce à toi. Le cadeau que tu m’as fait…il n’a pas de prix. Oui l’expérience a été étrange…et beaucoup trop surnaturelle…et…, elle cherche ses mots, et j’ai effectivement la sensation de devenir folle. C’est pour ça que j’ai besoin de comprendre. De trouver une logique dans ce nouveau prisme de l’univers. Dans ton monde. S’il te plait…

Date d'inscription : 18/06/2020

Ohanzee écoute la confession de Riley.
A une époque lointaine, il se destinait, comme son père, à la prêtrise. Il a toujours fait montre d'empathie et de mansuétude envers son prochain, bien loin des sermons vindicatifs de son paternel. A ce titre, ce dernier l'avait toujours traité comme un faible d'esprit et de caractère. Une mollesse héritée de sa génitrice, selon lui. Ohanzee n'avait jamais douté de l'amour de son père envers lui. Simplement, il le savait corrompu par ses propres péchés. Le pasteur Figtree avait succombé à la tentation charnelle, avec une païenne doublée d'une sorcière. Avait-il eu envie de la peindre en pensée, cette mère diabolique ? Cela , il ne l'avait jamais su.

- Oui l’expérience a été étrange…et beaucoup trop surnaturelle…et…,et j’ai effectivement la sensation de devenir folle. C’est pour ça que j’ai besoin de comprendre. De trouver une logique dans ce nouveau prisme de l’univers. Dans ton monde. S’il te plait…

Les yeux suppliants de Riley effritent les digues de sa volonté, jusqu'à ce qu'elles rompent. Il ferme les yeux et prend une inspiration avant de les rouvrir.

- Très bien... concède-t-il sans lâcher sa main. Mon père était pasteur itinérant, ma mère, chamane d'une tribu Massachussetts. J'ignore tout des circonstances de ma naissance hormis cela : c'est mon père qui m'a élevé dans la foi et la piété. La seule chose qu'il a daigné conserver d'elle c'est mon prénom. Encore une fois, je ne sais pas pourquoi il s'est autorisé cette coquetterie. Il préférait m'appeler Isaac car c'est là le patronyme qu'il avait choisi. Vers l'âge de huit ans, j'ai été pris de fièvres malignes à répétition. Chaque épisode me plongeait dans des crises de démence bercée d'illusions extrêmement vivaces. Père m'a fait jeuner, prier, il a même tenté plusieurs exorcisme sans succès. Je portais dans mon sang les mêmes pouvoirs que ma mère. Il a dès lors travaillé sans relâche au salut de mon âme pour que je ne finisse pas en Enfer.

Ohanzee marque une pause salutaire avant de poursuivre.

- Mes fièvres se sont apaisées un temps, au point de laisser croire qu'elles avaient disparu. Plus je me montrais fervent, plus j'arrivais à taire mes visions. Arrivé à l'adolescence, j'ai rencontré une personne qui fût décisive dans ma vie. C'était une jeune fille vive d'esprit qui refusait d'être muselée : une artiste doublée d'une érudite. Par l'apprentissage du dessin et de la peinture, elle parvint à m'aider à mieux canaliser mon don et m'enseigna que je possédais la faculté de décrypter l'avenir. Nos rencontres étaient secrètes : elle était promise en mariage à un notable, je devais prononcer mes vœux. Notre amitié n'aurait jamais été comprise, ni permise. Mon père finit par découvrir nos escapades et me punit sévèrement. Il me fouetta... A mort.

Le jeune homme presse un peu plus fort les doigts de Riley, comme s'il craignait qu'elle ne s'envole à tir d'ailes.

- Je n'emploie pas ce terme à titre métaphorique. Je suis mort de la suite de mes blessures. Les plaies laissée par le fouet d'épines, celles-là même que tu viens de panser, se sont infectées, provoquant mon décès. La suite de l'histoire est mystérieuse et ne peut se résumer qu'à des conjectures. Je n'en possède pas les clés. Tout ce que je sais c'est que je me suis réveillé dans ma tombe, reprenant le cour de mon existence là où elle s'était arrêtée si brutalement. Simplement, j'avais gagné une capacité supplémentaire. Mon passage derrière le Voile m'avait ouvert à une autre dimension de ma Vision : je pouvais voir les morts et les entendre. Et ce faisant, je devais revivre à chaque fois la souffrance des circonstance de ma mort, les stigmates de celles-ci saignant comme au jour de leur infliction.

Un silence les enveloppe comme une couverture épaisse. Ohanzee n'ose pas lui révéler encore, ni son âge, ni qui l'a recueilli depuis. Il en a déjà trop dit. Lorsqu'il reprend à nouveau la parole, c'est avec une expression meurtrie par l'inquiétude.

- As-tu peur de moi, Riley, à présent que tu sais ?

Date d'inscription : 31/10/2020

- As-tu peur de moi, Riley, à présent que tu sais ?

Oui. Oui elle a peur et c’est après tout une réaction saine. De lui ? Non. Plutôt de ce qui s’ouvre à elle par son biais. Ce beau jeune homme, sorti de nulle part, vient de lui confesser des choses qui dépassent bien largement les limites de sa compréhension et du possible. Pourtant, elle fait l’effort de ne pas trop laisser paraitre son ahurissement total. Pas de mouvement de recul, pas d’exclamation de surprise, juste un écarquillement des yeux et un cœur au rythme de plus en plus frénétique qui pulse au rythme d’une panique certaine qui grimpe à une vitesse folle. Ohanzee peut surement le sentir qui bat follement contre son poignet qu’il touche de ses longs doigts fins.

Elle veut croire à une affabulation, un délire. Mais dans ce cas, après ce dont elle a été elle-même témoin, elle devrait aussi admettre que son esprit ne tourne pas rond. Non, elle sent jusque dans ses tripes qu’il ne s’agit ni d’une blague, ni de divagations mentales.

Les yeux sombres d’Ohanzee crient son honnêteté mais aussi sa profonde inquiétude, sa détresse presque. Confesser toute son histoire doit être une profonde marque de confiance pour lui et il l’a largement prévenu sur l’impact qu’auraient ses révélations. Elle ne veut pas le décevoir.

Elle attend quelques secondes, peut-être des minutes, que la tempête de ses questions et émotions s’apaise et repousse la panique qui menace d’exploser. Calmer son esprit ; elle est passée maître à ce petit jeu. Elle a la gorge sèche et s’accroche à ses mains comme à une bouée qui l’empêcherait de sombrer.

- Non…non tu ne me fais pas peur, Ohanzee. Ton passé… aussi étrange soit-il, ne change pas qui j’ai devant moi. Et je ne crois pas que tu sois capable de faire du mal à qui que ce soit. Non je n’ai pas peur de toi, répète-t-elle d’une voix plus ferme. Mais…

Elle se mord la lèvre, repasse toutes les informations qu’il vient de lui donner. Une pensée effleure son esprit. Tous les indices mis bout à bout, elle comprend soudain que lorsqu’elle le qualifiait d’ « hors du temps » elle n’était pas si loin de la vérité.

- Quand est-ce que...? Elle déglutit et ferme un instant les paupières pour se donner du courage. Quand ça s’est passé Ohanzee ? Ta naissance...

Date d'inscription : 18/06/2020

Le corps de la jeune femme lui offre une réponse naturelle : son pouls s'affole, sa respiration saccade, ses pupilles se rétractent... Riley est terrifiée par le vertige de sa réalité. Ohanzee a ouvert un gouffre sous ses pieds et il le regrette presque aussitôt.

- Non…non tu ne me fais pas peur, Ohanzee.
- En es-tu sûre ?
- Ton passé… aussi étrange soit-il, ne change pas qui j’ai devant moi. Et je ne crois pas que tu sois capable de faire du mal à qui que ce soit.
- Tu ne me connais que depuis quelques heures...
- Non je n’ai pas peur de toi.

Son affirmation réchauffe son cœur épuisé par une angoisse sourde. Il est éreinté de tendre sans cesse l'autre joue et pourtant il n'a jamais su faire autrement. Supporterait-il le rejet de Riley? Il sait désormais que non.

- Mais.. Quand-est ce que ... ? Quand ça s’est passé Ohanzee ? Ta naissance...

Ohanzee se mord la lèvre et grimace fugacement. Voilà un écueil qu'il a anticipé mais auquel il espérait échapper. Très délicatement, il libère la main de Riley, en prédiction de son éventuel dégout. Personne n'aime être touché par un monstre.

- Je suis né au XVIIème siècle, à Salem. J'ai péri pendant la sombre période des procès de Sorcières. On a découvert mon tombeau lors de fouilles archéologique. Depuis lors, j'appartiens à l'organisme qui m'a déterré.

Son timbre est atone, presque académique. Il énonce des faits dont il essaie de se détacher, qu'il tente de vider de leur gravité. Quoi qu'il fasse, cela résonne malgré tout comme une infâmie, une entorse aux lois divines.

- Je comprendrais parfaitement, que tout cela soit difficile à accepter et que tu souhaites me voir quitter ton foyer sur le champ. Ma résurrection a été, pour moi même, une terrible source de d'affliction. Cela signifie purement et simplement que Dieu ne m'accepte pas auprès de lui. Il est certainement en colère. Je me suis octroyé sa grâce sans la lui demander, celle qu'il n'avait accordée qu'à son fils Jesus Christ.

Date d'inscription : 31/10/2020

- Je suis né au XVIIème siècle, à Salem. J'ai péri pendant la sombre période des procès de Sorcières. On a découvert mon tombeau lors de fouilles archéologique. Depuis lors, j'appartiens à l'organisme qui m'a déterré.

XVIIème siècle - Salem – Sorcières - Tombeau – Fouilles archéologiques…

Des mots que l’on trouve dans des livres d’Histoire. Pourtant l’évidence la frappe comme un coup de poing, comme si les pièces du puzzle se mettent en place. Quand bien même ce puzzle est très, très différents de ceux auxquels elle est habituée. Son phrasé, son métissage, sa piété…tout concorde.

Cette fois, Riley se lève incapable de contenir la boule d’angoisse qui vient de se former dans son ventre, nouant ses entrailles.

- Merde, murmure-t-elle. T’as pas besoin d’un verre ? Moi je crois que si !

Techniquement elle ne boit jamais, mais le précédent locataire a laissé derrière lui un fond de bouteille de whisky qu’elle a rangé tout au fond d’un placard de la cuisine. Elle file dans sa kitchenette, trouve ladite bouteille et apporte deux verres dans le salon. Elle n’en remplit qu’un mais laisse le whisky ouvert. Elle vide son verre cul sec avec une grimace. L’alcool lui brûle la gorge et elle tousse bruyamment. Le goût est exécrable mais lui donne un sérieux coup de fouet.

- Je comprendrais parfaitement, que tout cela soit difficile à accepter et que tu souhaites me voir quitter ton foyer sur le champ. Ma résurrection a été, pour moi même, une terrible source de d'affliction. Cela signifie purement et simplement que Dieu ne m'accepte pas auprès de lui. Il est certainement en colère. Je me suis octroyé sa grâce sans la lui demander, celle qu'il n'avait accordée qu'à son fils Jesus Christ.

Elle pivote aussitôt la tête vers lui.

- Non ! Non, je ne te chasse pas, d’accord ? Ca…ca va aller. Laisse-moi juste quelques minutes tu veux ? C’est… complètement dingue !!!

Elle repose son verre et passe ses deux mains dans les cheveux, les tirant vers l’arrière. Elle finit par affronter à nouveau son regard, cherchant une sorte de soutien pour affronter tout ça.

- Donc tu as près de 350 ans, c'est ça ? Mince, moi qui pensais être la plus vielle et donc la plus sage des deux ! Ses efforts pour tourner tout ceci à la dérision lui fait étrangement du bien. Elle inspire un gros coup et analyse ses dernières paroles. Ca lui permet de se focaliser sur un point précis du maelstrom qui vient de la secouer.

- Je ne vais pas te mentir, c’est…compliqué à avaler. En théorie, je ne crois pas à tout ça ! La résurrection, les visions, les fantômes… Enfin je n’y croyais pas… avant cet après-midi.

Avec lenteur et délicatesse, elle pose sa main contre le torse nu du jeune homme, là où bat son cœur.

- Mais toi, tu es réel et en vie. Et si tu l’es…alors tout le reste aussi, non ? J’ai vu Jared, j’en suis persuadé, comme j’ai vu tes plaies saignées puis se refermer. Est-ce que tu as déjà envisager la possibilité que si Dieu te refuse le Paradis auquel tu crois, c’est peut-être parce que tu as encore des choses à faire ici ?

Date d'inscription : 18/06/2020

Le sursaut de la jeune femme l'alarme. Il aurait voulu ne jamais lui dire. Il aurait aimé manger des frittes au chocolat avec elle pour toujours, simple indigent parmi les indigents. Riley s'agite, jure, boit. Elle rumine, questionne. C'est une tornade brusque lancer sur des eaux qui jusque là s'avéraient stagnante.
Onhanzee se contente se répéter une litanie de "Je suis désolé.". Murmure soufflés. Inquiets.

- Donc tu as près de 350 ans, c'est ça ?
- 349 très exactement...
- Mince, moi qui pensais être la plus vielle et donc la plus sage des deux !

Il essaie de répondre à son sourire par un écho bien morne.

- Je ne vais pas te mentir, c’est…compliqué à avaler. En théorie, je ne crois pas à tout ça ! Ce n'est pourtant que le sommet d'une tour babylonienne. Le jour où elle saura pour les vampires, les loup-garous ou les démons, qu'arrivera-t-il ?... La résurrection, les visions, les fantômes… Enfin je n’y croyais pas… avant cet après-midi.

Avec une certaine stupeur, Ohanzee la voit revenir à lui, poser une main sur sa poitrine laissée à nue. Il sent son coeur faire une ruade furieuse contre son plexus. Il donne l'impression de vouloir sortir de sa cage thoracique pour se réfugier entre les mains de Riley. C'est un contact inconvenant, franchement indécent...Terriblement agréable.

- Mais toi, tu es réel et en vie. Et si tu l’es…alors tout le reste aussi, non ?

Il n'en est pas si sûr. Parfois, il a l'impression d'être simplement dans l'expectative quand à sa sentence, dans un Purgatoire qui ne sait comment statuer sur son cas.

- J’ai vu Jared, j’en suis persuadé, comme j’ai vu tes plaies saigner puis se refermer. Est-ce que tu as déjà envisagé la possibilité que si Dieu te refuse le Paradis auquel tu crois, c’est peut-être parce que tu as encore des choses à faire ici ?
- A vrai dire... J'ignore ce que je fais ici. J'ignore parfois, même, si je suis réel. Peut-être que la vie après la mort se déroule ici ? Peut-être que je ne fais qu'un très long rêve ?

Le jeune homme presse cette paume contre son palpitant vibrant, referme ses doigts sur ce poignet verrouillé à son corps. Il en savoure le poids, les courbes et les dénivelés. Il pose sur elle une nouvelle fois ce regard intense d'enfant-vieillard qui dépouille jusqu'à l'âme.

- C'est la première fois que je me sens vraiment vivre depuis mon éveil alors... peut-être que tu as raison. Peut-être y'a -t-il un sens à tout cela et que tu en fais partie.

Date d'inscription : 31/10/2020

- A vrai dire... J'ignore ce que je fais ici. J'ignore parfois, même, si je suis réel. Peut-être que la vie après la mort se déroule ici ? Peut-être que je ne fais qu'un très long rêve ?

Il pose à nouveau ses yeux sur elle et Riley s’y accroche comme une désespérée, tandis que ses joues se colorent plus légèrement.

- C'est la première fois que je me sens vraiment vivre depuis mon éveil alors... peut-être que tu as raison. Peut-être y'a -t-il un sens à tout cela et que tu en fais partie.

Comment pourrait-elle rester de marbre face à ses mots ? Elle sent le cœur du jeune homme s’accélérer sous ses doigts et son pouce frotte involontairement contre sa peau. Elle ploie vers lui, imperceptiblement, attirée comme un papillon par une flamme, même si l’insecte sait la flamme trop vive pour ses ailes.
Ce qu’il lui confesse et à la fois beau et d’une tristesse sans nom… que faisait donc cette mystérieuse organisation qui l’a recueilli depuis son réveil ? Pourquoi est-t-il autant coupé des réalités de la modernité et de ce siècle ? Il n’était visiblement jamais monté dans une voiture ! Et surtout pourquoi a-t-il si peu d’égard pour sa vie ? Mais pour une fois, Riley a la sagesse de laisser ces questions-là en suspens. Elle sait avoir atteint les limites de ce qu’elle peut encaisser ce soir en termes de révélations surnaturelles.

- Peut-être. En tout cas je suis avec toi aujourd'hui. Et être en vie c'est aussi en savourer chaque instant non ?

Un sourire timide illumine son visage et elle souhaite soudain qu’ils retrouvent les moments simples partagés dans le drive-in.

- Merci, de m’avoir dit la vérité. Même si elle n’est loin d’être facile. Mais… et si…si on revenait à des choses moins compliquées ? Là où je suis simplement Riley et toi Ohanzee, deux amis qui partagent une bonne soirée ? Le reste peut attendre demain, conclue-t-elle d’une voix douce où l’on peut percevoir une note plus suppliante.

Son sourire s’agrandit soudain et une lueur plus malicieuse brille au fond de ses yeux.

- Est-ce que tu as déjà vu un film ?

» Tâche d'huile. || ft. Ohanzee & Riley
» Et le Destin se joue de nous... \\ Ohanzee/Riley
» Seize the Power (ft. Riley)
» "What's up danger" {Riley&Ciulin}
» Pv Ohanzee - In the name of God

RP

Plumes {Riley&Ohanzee}