J’me laisse entrainer dans les sous-bois.
Elle et moi, on sait ou tout ça va nous mener. Chaque pas nous rapproche plus près de c’qu’on veut tous les deux, depuis c’qui me parait des siècles. J’ai l’regard fixé sur elle, j’la laisse décider de notre destination. D’une part parce que moi j’m’en fous royalement, j’serai prêt à la prendre sur le capot de ma bagnole en plein milieu de la lande alors… et d’autre part j’en profite pour essayer de garder le contrôle de tout ce qui bouillonne encore en moi. Le Berserker reflue mais il est toujours là, prêt pour une autre bataille. J’l’ai jamais fait quand j’suis dans cet état, les veines encore pleines d’adrénaline et de pouvoir.
Ça devrait m’inquiéter un peu mais j’suis plus capable de réfléchir. J’agis, suivant un instinct aussi ancestral que ma nature.

Finalement, elle s’arrête et j’regarde même pas où on est, j'l’attire brusquement à moi et on se dévore à nouveau la bouche comme si on était en manque l’un de l’autre. Ensemble, on la débarrasse de son barda d’archère qui glisse au sol et j’tire sur les manches de son blouson pour qu’il suive le même chemin. J’vais pour continuer de la dépieuter sans douceur mais elle se dérobe et recule jusqu’à être arrêtée par un vieil arbre.
J’la quitte pas des yeux, redevenus normaux, et mes pupilles sont dilatés à l’extrême, comme un prédateur sur le point de se repaitre de sa proie. Ou c’est p’t-être l’inverse. Comme une proie qui se sait observer par le prédateur. Jolhane se met à demi-nue devant moi et lève le menton, fière, alors même qu’elle tremble. Loin, très loin, j’ai un reste de conscience qui m’dit qu’elle doit mourir de froid, mais cette petite voix raisonnable on la chasse comme un vulgaire moustique emmerdant.
J’ai beau l’avoir déjà vu nue un paquet de fois à chaque fois ça me retourne les tripes, comme si j’contemplais un chef-d’œuvre de perfection. J’reste figé, de cette immobilité animale, juste avant la ruée jusqu’à ce que son souffle me parvienne.

- Satisfais-moi…

Je perds totalement les pédales.
J’attaque.
Tout mon corps se met en mouvement en même temps et j’la rejoins en un clignement de cil. Mes mains trouvent les rondeurs dévoilées et les pétrissent sans douceur alors que ma bouche se repait de son cou, grignote chaque parcelle de peau, la mord parfois. Souvent. De deux coups d’épaule, j’me débarrasse de mon cuir mais j’ai pas la patience d’aller plus loin. J’veux d’abord me repaître d’elle.

Ma bouche descend plus bas, s’attarde sur ses seins dans un ballet désordonné et humide. Mes poignes, abîmées et pleine de sang ouvrent les pans de son jeans avec violence, sans même me faire chier à ouvrir bouton et braguette. L’un et l’autre cède sous ma force. Ses vêtements sont des obstacles que le Berserker en moi a pas envie de gérer avec subtilité. J’tombe à genoux et lève ma tête vers elle alors que j’fais descendre le tout sur ses longues jambes, culotte comprise, jusqu’à ce qu’elle soit complètement nue. J’viens becqueter la chair de son ventre et comble mes narines de son odeur.
Putain c’est juste…aphrodisiaque à souhait. J’en ai la bouche qui s’assèche tellement j’ai soif d’elle. Une partie de moi aimerait prendre le temps de la satisfaire pleinement mais j’ai trop attendu ça pour arriver à me contenir maintenant. Lentement, j’me remets sur mes jambes. Ma main vient amoureusement se loger autour de son cou et j’lui redresse doucement la tête jusqu’à ce que nos regards se croisent et une émotion plus subtile que le désir fleurit dans ma poitrine. Violente. Indescriptible. Mais j’m’attarde pas sur sa provenance ou sur ce qu’elle veut dire.
J’suis tellement avide d’elle que j’prend même pas le temps de retirer mes propres vêtements. J’ouvre simplement mon pantalon et la hisse dans mes bras, la maintenant fermement par les cuisses, son corps prisonnier entre le mien et la dureté de l’écorce.  

Pour une fois, le Berserker et moi on est sur la même longueur d’onde et notre volonté ne fait qu’une : s’unir à elle jusqu’à ce qu’elle crie grâce.
Et quand enfin on fait plus qu’un je laisse échapper un long râle de soulagement autant que de plaisir primaire.

Jolhane attrape la nuque de Magni à pleines mains. Elle fourrage sa tignasse noire avec une avidité possessive. Elle l'aide maladroitement et avec autant d'agressivité que lui à se débarrasser de sa veste de cuir. Elle plante ses griffes à même le derme de son dos, laissant des sillons roses sur l'ours tatoué. Une marque de propriété. Les coutures de sa chemise bariolée craquent. Elle veut déchirer cette barrière de tissus horripilante et s'y emploie tout en mordant le muscle saillant de son trapèze. Délicieux. Les boutons cèdent libérant le torse du guerrier.
Ce dernier l'empêche de poursuivre son œuvre et tombe à genoux, à ses pied, après avoir déglingué la fermeture éclaire de son jean. Jolhane gémit de frustration et d'expectative. La voilà parfaitement nue dans le froid hivernale qui ne l'atteint plus. Son corps bouillonne et fume presque, conférant une atmosphère d'irréel à l'offrande de celui-ci. Les bras relevés, les main accrochées à l'écorce du tronc, elle ondule et tressaille à chaque morsure qui enfièvre son bassin.

Temps d'arrêt.
Un instant suspendu.
Un calme fugace avant la tempête.
Magni est de nouveau debout et la contemple avec une flamme singulière dans le regard. La poitrine de Jolhane s'agite de ruade furieuses. Un tremblement de terre qui provoque une fissure cardiaque. Son coeur fendu, fragile et saignant, elle le lui tend, entre ses doigts graciles, ici et maintenant.
En a-t-elle seulement conscience ?
Et lui ?

Magni la soulève de terre pour l'empaler sur son membre tendu, si dur et puissant en elle, que la jeune femme pousse un cri de satisfaction qui fait trembler les arbres. Le hoquet de plaisir se transforme en sanglot presque douloureux. "Enfin... Enfin nous ne faisons qu'un !" Son front chute contre celui du Berseker, les paupières mi-closes. La respiration hachurée, elle ouvre les yeux pour harponner son regard d'un or en fusion. Elle s'agrippe de toutes ses forces à lui, enroulant ses jambes autour de sa taille, serrant les cuisses autour de ses hanches sculptées à la hache et aux poings. Son bassin ondoie, affamé. Qu'importe que le chêne lui égratigne le dos, elle n'en sent que mieux le poids de l'homme qui la possède.

"Mon homme"
"Mon ours".
Rien qu'à elles.

J’me perds dans son regard d’or. J’me noie totalement.
J’suis tellement bien là que j’pourrais rester comme ça jusqu’à la fin des temps, jusqu’à ce que le monde extérieur nous oublie.

Sauf que mes pulsions prennent le dessus, l’envie de possession complète aussi.
Elle s’est tellement serrée contre moi que ça en devient chaud de bouger. Les doigts plantés dans le tendre de ses fesses, j’amorce les premiers mouvements. Rien de tendre. Le besoin est top puissant, trop primitif. Le corps de Jolhane est brutalement pris en étau entre moi et l’arbre. Si j’étais un amant plus attentif j’me dirais qu’elle doit sentir l’écorce s’enfoncer dans sa chair aussi bien que ma queue, mais c’est trop violemment bon pour que j’pense à ce genre de chose. Et puis si j’en crois les cris qui sortent de sa bouche ça doit pas l’indisposer plus que ça.
J’viens en gober quelques-uns à la source, m’en nourrir, parce que même ça, ça m’appartient.
Tout m’appartient chez elle.
C’est c’que je veux croire. C’est ce que le Berserker me souffle.
Nos mouvements de bassin se font plus frénétiques et pourtant j’ai l’impression que c’est jamais assez. Ma bouche cherche goulument à la marquer partout où elle passe, aspire la peau, la mord jusqu’à laisser une marque. Je grogne comme un foutu animal et j’la pistonne avec force, sans me préoccuper de rien d’autre que de notre plaisir.

Et puis j’en ai soudain marre de cette position qui me permet pas grand-chose. J’l’arrache de l’arbre et j’nous coule au sol entre ses racines. J’en profite pour me débarrasser de mes derniers vêtements avec frénésie et revient plonger en elle avec plus de puissance et plus d’ampleur. J’baragouine des trucs en islandais, la tête rejetée en arrière. Mes doigts ensanglantés s’enfoncent dans la terre alors que j’la surplombe complètement. Et pourtant j’ai l’impression que c’est elle qui mène la danse, son regard attisant tous mes instincts, m’ordonnent d’aller plus vite, plus fort.

« Satisfais-moi »

J’me délecte un peu plus de son corps offert tandis que j’alterne entre rythme rapide et plus langoureux.

- þú ert minn, que je viens murmure contre sa peau

Cette fois j’veux savourer.
Cette fois j’veux pas que ça soit une course contre l’Ours.
De toute façon, il a fermé sa gueule ou alors il approuve c’qui se passe. J’en sais foutre rien.

- öxin mín er þín

J’ai l’impression que mon corps tout entier vibre au rythme de notre étreinte bestiale et j’ai le cœur qui bat anormalement fort. J’relève sa jambe haut sur ma hanche, trouve un nouvel angle qui me permet d’aller plus loin et mon cerveau commence sérieusement à avoir des blancs complets tellement c’est bon.

- Ég er þinn að eilífu.

Ça sonne comme un serment. C’en est un. J’oublie toute prudence, tout mon passé compliqué avec ma première femme, et j’dépose tout c’que je suis entre ses mains. C’est sûrement une connerie mais j’ai pas de regret. De toute façon il est trop tard pour faire machine arrière.

Jolhane ne cherche aucunement à juguler ses cris. Elle ponctue chaque secousse, chaque morsure de vocalises incendiaires ou de "Oui" fébriles. Elle en avait tellement envie, depuis tellement longtemps, elle, comme Ghimbir. La satisfaction primale de ce désir lui fait tourner la tête. Le monde s'arrête où Magni n'est plus. Pour le moment il pulse en elle, il dévore sa peau, il pétrit sa chair de ses pognes rustres, laissant des traces de souillures sur son derme laiteux.
Des peintures de guerre.

Leur bataille à eux.

Leurs corps mêlés glissent contre l'écorce et foule la mousse. Sa chevelure d'or vénitien s'étale en soleil radieux au milieu des racines. Son corps pâle forme un contraste saisissant avec l'humus viride, les ocres terreux et les bruns boisée. Une véritable nymphe sylvide. L'ovale de son visage est transfiguré par un abandon sublime et bienheureux.
Jolhane éprouve une joie sauvage, possessive et viscérale. Son palpitant rue si fort qu'il pourrait imploser à tout moment. Elle ignore toujours la signification des ces litanies gutturales qu'il prononce avec la ferveur d'un possédé. Nul besoin de traduire, leur magie l'ensorcèle déjà. Des éclairs d'une blancheur immaculée lui font crépiter la cervelle, accentuant sa lascivité comme ses appétits. Elle ne veut que jamais cela ne s'arrête, elle souhaite qu'il vivent ainsi connectés, le plus simplement du monde, sans craindre que l'univers ne leur tombe sur un coin de tête.

Jolhane tend les bras brusquement vers son amant, pour qu'il y plonge. Son expression suggère un manque brutale de lui alors que pourtant, il martèle son intérieur pour le modeler à son gout. Elle désire son souffle dans le creux de son cou, son corps massif blotti entre ses bras, elle veut fusionner tout entière dans sa fourrure et mélanger son odeur à la sienne pour qu'il ne puisse plus jamais les dissocier.

- Mon amour... gémit-elle comme une plainte en l'emprisonnant fermement contre son coeur.

Un vague impérieuse et implacable, l'emporte vers la cime du chêne et au delà. Tout son être se tend comme la corde de son arc. Ses reins se cambrent. Sa carcasse grelotte, possédée par le plaisir fauve qui lui est prodigué, puis se détend échiné et haletant. Le monde résonne encore de son exultation.

Jolhane m’ouvre les bras et l’invite est trop belle pour être déniée.
J’me coule sur elle comme j’me fonds en elle, remontant haut ses cuisses qu’elle noue aussitôt autour de mes hanches. Elle me sert contre son corps de liane à m’étouffer et j’me dis que cette mort serait pas si terrible que ça.
En appui sur mes coudes, je caresse son visage rougis de mon sang sec à présent, le baise avec révérence. J’veux graver cette image bien précise dans ma tête. Pour toujours.
- Putain…t’es si belle Jolhane… si belle.
Semblerait que j’ai retrouvé mon anglais finalement… Comment une nana comme elle a pu choisir un looser brutasse comme moi ?
Mystère. Et après tout j’m’en fous.
J’viens baiser ses lèvres comme un dément, comme un mec en manque d’air, en manque d’elle. J’accentue mes poussées, j’sens qu’elle est plus très loin, son corps tout entier m’enserrer de partout.
J’suis complètement envoûté, les sens pleins d’elle et d’elle seule. Mon souffle se perd dans son cou que j’gratifie d’ultimes morsures avant de la sentir partir.

- Mon amour...

J’redresse brusquement la tête, les yeux écarquillés. J’ai le palpitant qui cogne comme un dératé dans mon poitrail. Pourtant j’suis incapable de m’arrêter de bouger, j’veux accompagner sa jouissance autant qu’je peux.
J’ai le cerveau vide mais son gémissement y résonne avec force. J’sais pas quoi faire de ça. Une partie de moi exulte comme jamais, l’autre…l’autre angoisse totalement, se cache comme un animal blessé. Mais d’abord mon corps à besoin de l’assouvissement aussi et j’ai la délivrance brusquée par ce simple murmure qu’y’a le don de me chambouler comme jamais. Y’m’faut pas plus de quelques secondes pour la rejoindre. Les muscles raidis, j’m’enfonce aussi loin que possible et j’me laisse aller – comme un con – dans un rugissement triomphant alors que j’abas ma carcasse repue sur elle.
C’est là que la panique monte et que j’me fige. On a la respiration complètement erratique tous les deux et la sueur de nos corps refroidie rapidement dans l’air froid ambiant.
J’attends que mon corps s’apaise, que ma cervelle retrouve quelques connexions neuronales et j’me redresse. J’la fixe comme un ahuri, un abruti fini, la gorge tellement serrée que j’m’y reprends à plusieurs fois pour parler. Si ça s'trouve elle s'est laissé emballer par l'euphorie du moment !

- C'que t'as dis...tu le pensais vraiment ? J’suis désolé, Nymphette…j’voulais pas… j’voulais pas que ça arrive…

Putain de menteur. Tu crèves d’envie de son amour…

- J’veux pas que tu souffres à cause de moi.

Pour ça, fallait y penser avant gros con ! Genre avant de t’incruster comme un parasite dans sa vie, dans sa maison.

Pourtant j’lui souris, un sourire franc, les yeux brouillés par des….
PUTAIN DE MERDE, j’vais chialer comme un gosse !!
Pour m’éviter la honte suprême qu’elle s’en rende compte, j’me coule contre elle jusqu’à ce que ma tête se trouve contre sa gorge, contre son cœur et j’m’accroche à elle comme un noyé à la dérive.
J’me sens tellement pas digne d’elle. J’espérais tellement plus recevoir l’amour de qui que ce soit !
Ca me remplit de joie.
Ca me fout une trouille de tous les diables.
J’aimerais lui dire c’que je ressens vraiment mais si j’le fais j’ai peur de sceller son destin au mien et il est probablement pas bien brillant. Elle mérite tellement mieux...
J’ai le corps secoué par un sanglot silencieux et j’serre les dents.
Ah il est beau le Berserker hein ?

Jolhane, vaporeuse et satisfaite -au moins pour le moment- observe la canopée, savourant ses impressions premières de l'instant : son essoufflement qui gonfle l'air de vapeur, la moiteur de leur corps encore brulants, les parfums de la terre et les leurs, l'arythmie fascinante de leurs deux coeurs à l'unisson.
Elle se sent merveilleusement bien.

Mais ça n'est pas le cas de Magni.

- C'que t'as dis...tu le pensais vraiment ?

Qu'a-t-elle dit au juste qui l'ait à ce point perturbé?
" Mon amour" souffle Ghimbir.
"Quoi ?!"
"Mon amour, c'est le mot que tu lui a dit."
Ainsi donc, elle s'est trahie. L'abandon du corps est aussi celui de l'esprit.

- Oui... fait-elle à mi-voix, les pommettes roses.
- J’suis désolé, Nymphette…j’voulais pas… j’voulais pas que ça arrive…
- Magni... pourquoi pleures-tu ?
- J’veux pas que tu souffres à cause de moi.
- Je ne souffre pas... Pas du tout. Je n'ai jamais été aussi heureuse de toute ma vie, répond-elle avec une sincérité tranquille.

Le guerrier s'écroule et pleure abondamment contre son giron. Elle le berce, tendrement, câlinant sa chevelure de jais, ébouriffée de feuilles mortes.

- Je t'aime... chuchote-t-elle à son oreille, entre deux caresses. Je t'aime de tout mon coeur. Mais... Elle suspend ses mots un instant, sur le bout de sa langue. Je ne te demande pas de me rendre cet amour si tu ne l'éprouve pas. Je suis assez forte pour vivre heureuse comme ça, comme nous sommes. Cela me suffit. Du moment que tu restes auprès de moi... que tu ris avec moi, que tu chasses avec moi, que tu te sentes en paix dans notre maison. Je n'en demande pas davantage...

Elle s'écarte un peu de lui pour mieux voir son visage. Ses jolies doigts de fée parcourent les angles escarpés de son visage.

- Un jour, peut-être, que ton coeur m'acceptera. Ou peut-être jamais. Qui peut le dire ? Sache seulement que si je souffre un jour ce ne serait pas à cause de toi, simplement parce que j'ai choisi de t'aimer. Et ça , il m'est impossible de le regretter. D'accord ?

Elle vient laper consciencieusement le sel de ses joues. Elle le lave de sa tristesse, de ses angoisses, de sa propre détestation. Elle frissonne, néanmoins. Maintenant que leurs ébats ne les réchauffe plus, l'hiver leur rappelle qu'il existe. Il n'y a que Magni qui fasse radiateur et elle se bouine tout contre lui.

- Il commence à faire froid.... fait-elle timidement remarquer.

J’me laisse câliner, parce que ça me fait du bien et qu’on emmerde mon ego tout égratigné de se montrer si vulnérable. J’m’essuie le visage histoire de retrouver une certaine dignité.
Ouais…c’est pas gagné.

- Je t'aime... Je t'aime de tout mon coeur.

J’ferme les yeux pour mieux savourer ces mots et j’me blottit d’autant plus contre elle. On me les a déjà murmurés et puis ils se sont fanés avec le temps. Jolhane n’est pas Daphné. Va falloir que j’l’intègre.
Ca altère en rien la sensation de plénitude que ça m’apporte de les entendre dans sa bouche. Même si au fond de moi j’crois toujours ne pas les mériter.  

- Mais...

Elle s’arrête et j’me crispe. J’aime pas les mais… J’redresse la tête pour mieux l’observer. Cette femme bien plus courageuse que j’le serais jamais. Qui ose faire face à ce qu’elle ressent alors même qu’elle a tout un pan de sa vie qu’est plus là.

- Je ne te demande pas de me rendre cet amour si tu ne l'éprouve pas. Je suis assez forte pour vivre heureuse comme ça, comme nous sommes. Cela me suffit. Du moment que tu restes auprès de moi... que tu ris avec moi, que tu chasses avec moi, que tu te sentes en paix dans notre maison. Je n'en demande pas davantage...
- Y’a rien qui m’fait plus envie que ça… rester avec vous… J’veux qu’tu saches que j’ai jamais été aussi heureux que ces dernières semaines, avec toi…avec vous…T’es mon dernier cadeau Nymphette…

J’viens doucement baiser ses lèvres.

- Un jour, peut-être, que ton coeur m'acceptera. Ou peut-être jamais. Qui peut le dire ? Sache seulement que si je souffre un jour ce ne serait pas à cause de toi, simplement parce que j'ai choisi de t'aimer. Et ça, il m'est impossible de le regretter. D'accord ?
J’ai encore une fois la gorge tellement nouée que j’arrive à rien. J’attrape les doigts qui parcourent mes traits et en baise chaque extrémité avec une profonde délicatesse.
- C’est pas…ma voix déraille et j’en profite pour la regarder dans les yeux, histoire que j’sois pas un foutu couard de a à z. C’est pas ça le soucis Nymphette. J’ai qu’un cœur en miette à te donner, à bout de souffle… J’suis pas… j’suis pas un bon plan d’avenir tu vois. J’ai pas de plan du tout d’ailleurs. Ma vie ça s’arrête à demain, peut-être. Et j’veux pas t’imposer ça. Tu mérites aut’chose que des peut-être. Et plus je reste et plus j’ai l’impression d’être un putain d’égoïste qui pense qu’à son bien-être. Je sais qu’ça va mieux avec mon Ours mais ça peut aussi tourner rapidement au vinaigre. Il partira jamais. Ca restera une putain d'épée de Damoclès au-dessus de moi...et des vôtres. Parce que clairement…si je pensais à vous avant ma gueule, j’me serais déjà barré. Mais j’peux pas. J’en suis incapable et j’me déteste pour ça.

J’sens d’autres larmes silencieuses dévalées mes joues. Parce que putain j’adorerai pouvoir être l’homme qui la mérite mais j’me voile pas la face. J’en suis encore loin. Faut voir le bon côté des choses, ça me lave au moins la gueule toute cette flotte salée.  
Elle vient la récupérer du bout de la langue et j’ferme à nouveau les yeux jusqu’à ce que j’la sente frémir contre moi et j’remarque enfin qu’elle a les lèvres bleues.

- Il commence à faire froid...

Ça serait bien que j’me reprenne un peu aussi avant de me transformer en flaque pas très glorieuse.
Je renifle très gracieusement et acquiesce en souriant.
Allez Magni ! Va falloir rependre du poil de la bête là. L'auto-apitoiement c'est pas mon truc.

- Ouais.
J’la serre contre moi et j’nous redresse tant bien qu’mal. C’est mon cuir le plus proche alors j’le pose sur ses épaules et ça me rappelle notre première rencontre. J’ai les coins de la bouche qui se relèvent encore plus et j'embrasse son front. Puis j'commence à ramasser ses fringues et j’l’aide à s’habiller, grimaçant en constant l’état de son jeans.
- Oups désolé… j’espère que c’était pas ton préféré. Cela dit quand j’vois la charpie qu't'as fait d’ma pauvre chemise, j’ai moins de scrupules.

Une fois qu’elle retrouve ses couches protectrices de vêtements, j’frotte doucement son corps pour la réchauffer. Toujours à poil. On a la classe ou on l’a pas. Une fois qu’elle retrouve des couleurs, j’enfile aussi mes fringues.

- Tu crois qu’on va avoir des soucis…? Avec les Vulpe j’veux dire. Ce Matyas a l’air eu…d’un connard…d’être attaché à Aria. J’suis pas certain qu’il va lâcher l’affaire si facil…

J’ai un vertige soudain et j’commence à ressentir le contre-coups de la transe. Putain déjà ? Heureusement que c’est pas arrivé en pleine chevauchée fantastique. J’appuie contre l’arbre mais lève la main.

- J’crois que j’ai un peu abusé…c’est ce connard aussi…il m’a cherché…J'ai un p'tit ricanement satisfait. C'était sympa de lui mettre la misère cela dit. Ca va… j’viens déjà de chialer comme un gosse devant toi, j’pense que ma dignité s’en remettra pas si en plus tu m’aides à rejoindre Christine.

- Y’a rien qui m’fait plus envie que ça… rester avec vous… J’veux qu’tu saches que j’ai jamais été aussi heureux que ces dernières semaines, avec toi…avec vous…

Une nouvelle fois la chaleur s'épanouit dans sa poitrine suivie d'étincelles dans tout le reste de son corps. Ses sensations confirment qu'elle ne s'est pas trompée : ce sentiment tout neuf, c'est bien de l'amour. Son premier amour.

- T’es mon dernier cadeau Nymphette…
- Et toi, mon premier... réplique-t-elle doucement. Un jour, peut-être, que ton coeur m'acceptera. Ou peut-être jamais. Qui peut le dire ? Sache seulement que si je souffre un jour ce ne serait pas à cause de toi, simplement parce que j'ai choisi de t'aimer. Et ça, il m'est impossible de le regretter. D'accord ?
- C’est pas…C’est pas ça le soucis Nymphette. J’ai qu’un cœur en miette à te donner, à bout de souffle… J’suis pas… j’suis pas un bon plan d’avenir tu vois. J’ai pas de plan du tout d’ailleurs. Ma vie ça s’arrête à demain, peut-être. Et j’veux pas t’imposer ça. Tu mérites aut’chose que des peut-être.

Jolhane le laisse s'épancher avant de poser un index sur ses lèvres.

- Chhhh..... Tes miettes sont précieuses, je les collecte déjà, petit bout par petit bout... et je t'apprendrais à retrouver ta respiration. Elle lui sourit. Je vais citer les paroles d'un homme sage qui m'a dit : "Tu m'as fait croire à l'avenir, même un tout petit peu, alors ne me retire pas ça." Même si on ne voit pas plus loin que demain, un jour de plus avec toi, c'est toujours mieux que pas de toi du tout. Tu comprends ?

Qu'il comprenne ou pas, elle a choisi. Elle a décidé que ce serait lui. L'instinct avait parlé avant même qu'elle n'en prenne conscience. On ne va pas à l'encontre de son instinct.

- Ton instinct te commande de rester. Ecoute le...

Elle grelotte brusquement. La température a rattrapé son cerveau et elle découvre qu'elle est frigorifiée.

- Il commence à faire froid...
- Ouais.

Ils se mettent debout et Magni la couvre de son cuir, tanné par son odeur musquée et rassurante. Elle hume cette fragrance avec un soupir d'aise.

- J'adore ton odeur.

Magni lui bécote le front et elle lui gratouille la barbe du bout des phalanges. Sa confession lui donne l'impression d'être étonnamment légère. En harmonie avec elles-mêmes. L'islandais, toujours nu, la rhabille et chacun constate les dégâts sur ses fripes. Jolhane glousse et se mordille la lèvre.

- Un partout, la balle au centre, s'amuse-t-elle.

Doe se love contre le torse nu de son compagnon et se laisse frictionner avec délices. Elle a presque la même expression que Ghimbir quand elle reçoit des câlins. Avec un soupçon d'espièglerie, elle lui empoigne le charnu des fesses à deux mains.

- Tu n'as donc jamais froid?!

Il finit par se vêtir à son tour. Jolhane ne perd pas une seconde du spectacle.

- Tu crois qu’on va avoir des soucis…? Avec les Vulpe j’veux dire.
- Hum.. Probable. Dès que ça m'implique c'est problématique. Ils n'ont pas vraiment digéré que leur précieuse Aria ait été remplacée par Jolhane la sauvageonne qui ne veut aucun contact avec eux.
- Ce Matyas a l’air .... d’être attaché à Aria. J’suis pas certain qu’il va lâcher l’affaire si facil…
- Magni !

Elle se précipite vers lui, inquiète.

- J’crois que j’ai un peu abusé…c’est ce connard aussi…il m’a cherché…C'était sympa de lui mettre la misère cela dit.
- C'était plaisant et... étrangement sexy de te voir faire. Ca va aller ?
-Ca va… j’viens déjà de chialer comme un gosse devant toi, j’pense que ma dignité s’en remettra pas si en plus tu m’aides à rejoindre Christine.
- Ta dignité est d'accord pour que je te cajole et joue les infirmières ?, badine-t-elle en ramassant arc, carquois et hache pour les harnacher à sa silhouette. Elle vient se caler sous son épaule et lui servir de béquille. En avant, Doudou deuxième du nom ! Marnie sera fâchée d'apprendre que je t'ai esquinté...

Ils rejoignent Christine sans trop d'encombres. La journée touche à sa fin et c'est bientôt le couvre-feu de 18h. Elle installe Magni à la place du mort et l'aide à mettre sa ceinture. Elle le gratifie de plusieurs bécots sur sa bouche et son nez.

- Je conduis, décrète-t-elle.

Cette fois, le démarrage se fait sans encombre. Jolhane apprend rudement vite et assimile encore plus rapidement. Plutôt que de prendre la route les ramenant au cottage, la jeune femme roule vers le long de la côte et décroche pour s'arrêter à un bed & breakfast mignonnet qui donne sur la plage.

- Il va bientôt être 18h, je te propose qu'on s'arrête ici pour que je te rafistole et que tu puisses dormir. Les lits sont garantis Marnieproof ! fait-elle avec un rire de petite fille qui dit une bêtise.

- Ca va… j’viens déjà de chialer comme un gosse devant toi, j’pense que ma dignité s’en remettra pas si en plus tu m’aides à rejoindre Christine.
- Ta dignité est d'accord pour que je te cajole et joue les infirmières ?
- Nope mais elle fera avec, que j’soupire déjà résigné. Surtout si tu finis par me refoutre à poil à un moment ou à un autre.
J’appuie sur ses épaules juste un chouillat. Même si j’ai les batteries à plat, j’oblige à pas être un poids mort trop lourd.
- En avant, Doudou deuxième du nom ! Marnie sera fâchée d'apprendre que je t'ai esquinté...
- T’inquiète j’éclaircirais la situation noir sur blanc comme ça si je cane pendant la nuit la poupette aura son explication.

La marche est lente vers ma bagnole mais heureusement on rencontre personne sur le chemin. P’t-être que Matyas a pris racine dans les sous-bois et viendra plus nous emmerder ? Maintenant que j’ai le ciboulot un peu plus clair, mon instinct me souffle qu’on a pas fini d’entendre parler de lui. Ses yeux étaient bien trop plein de haine pour qu’il passe l’éponge comme ça.
Comble de l’indignité, elle m’installe d’office à la place du passager. J’lui fais ma mine la plus indignée pendant qu’elle me met même ma ceinture et mêmes ses adorables bisous n’arrangent pas ma mine renfrognée.
- Je conduis.
- Merci maman, mais j’t’assure que j’aurais pu le faire.
J’proteste évidemment pour la forme. On sait bien elle et moi que j’suis plus capable de grand-chose là tout de suite. J’attends qu’elle ferme ma portière pour me laisser aller avec bonheur sur le siège.
Mais j’grommelle un « Traitresse » à ma Christine quand elle démarre du premier coup.

- Il va bientôt être 18h, je te propose qu'on s'arrête ici pour que je te rafistole et que tu puisses dormir. Les lits sont garantis Marnieproof !
- Hein ? Quoi ?
Nooooon j’me suis même pas endormi dans la bagnole derrière mes lunettes.
- Oh ouais chouette ! Ca m’parait un bon plan.

De toute façon, elle a l’air tellement heureuse que j’me vois pas lui dire non. J’ouvre la portière et m’extirpe avec difficulté de l’habitacle. J’passe un bras autour des épaules de Nymphette venue à mon secours et l’attire à moi pour embrasser son front.
- J’crois qu’me fais trop vieux pour les galipettes dans les bois. Même si c’était des putains de galipettes.
Cette fois j’me charge quand même de porter nos sacs. Faut pas déconner non plus et j’avise la bicoque qui ressemble passablement à notre…au cottage de Jolhane en vachement plus grand. On s’avance vers la réception bras-d’ssus bras d’ssous et j’siffle entre mes dents. L’ambiance est chaleureuse, cosy, comme dans les magazines de déco en plus…vivant. Poutres apparentes, ptits fauteuils couleur crème, parquet au sol. Y’a un foyer dans le salon qui sert aux clients où brûle un feu ronronnant. Bref ça me plait bien. Mais j’imagine même pas le cout d’une nuit dans c’te bicoque. J’sonne machinalement la petite sonnette pour annoncer notre présence.

- Euh…tu penses pas que ça serait plus raisonnable et moins coûteux de rent…
- Bonsoir !

Trop tard, la réceptionniste, une femme d’mon âge à peu près et aux formes généreuses nous accueille tout sourire. J’lui lance le même en retour histoire de camoufler un max mon état général crasseux et euh…un peu sanguinolant et on réserve une chambre au nom de Nymphette (plus simple que le mien). Elle nous indique ensuite notre chambre au premier étage et j’me traine dans les escaliers comme une p’tit vieux.

- Te fous pas d’moi Nymphette parce que j’peux encore trouver l’énergie de te foutre la fessée du siècle !

La chambre et spacieuse et sent bon le propre. Un régal ! Le lit est immense (Alléluia !) et semble super moelleux avec sa foultitude de coussins au coloris harmonieux. J’fais un peu le tour du propriétaire et découvre une salle de bain tout aussi proprette avec une large douche à li’talienne qui me donne des idées pas très catholiques. J’lâche les sacs au sol et pousse un soupir de bienheureux. C’est si silencieux ! J’ai plus l’habitude. Et d’un coup j’ai une épiphanie.

-  Putain…j’crois que les gosses me manquent déjà…
J’me tourne ensuite vers Jolhane et glisse mes larges paluches dans les poches arrières de son jeans.
- Même si ça fait du bien de se retrouver un peu seuls tous les deux. Faut qu’on en profite…
Ma bouche descend dans son cou gracile qui porte mes nombreuses, très nombreuses marques. J’devrais me sentir coupable d’avoir à ce point abimé sa peau mais en fait… j’trouve ça juste excitant.
- Ca te dis une p’tite douche à deux ? que j’susurre, un sourire charmeur aux lèvres.  

- J’crois qu’me fais trop vieux pour les galipettes dans les bois. Même si c’était des putains de galipettes.

Jolhane ponctue d'un petit rire étouffé dans le cou de l'islandais.

- N'en parle pas comme si c'était les dernières... fait-elle avec une oeillade suggestive avec de lui voler un baiser.

La jeune femme récupère leurs armes qu'elle dissimule dans la housse destinée à l'arc tandis que Magni s'occupe de leurs maigres bagages. Le petit hôtel est chaleureux et surtout désert. La réceptionniste rubiconde est ravie d'avoir enfin des clients. Elle ne se montre donc pas trop regardante sur leur provenance. Si elle lance des regards soupçonneux à Magni, la présence de Jolhane semble apaiser sa méfiance.

- Une chambre double, s'il vous plait.
- Vous avez de la chance, la suite pour jeune mariés est libre !
- J'imagine que vous n'avez pas du en accueillir beaucoup ces derniers temps.
- A qui le dites-vous ! C'est la mort du petit commerce cette quarantaine...Ma chere enfant, nous vivons des temps bien difficile, opine-t-elle, oh oui, bien difficile. Voici votre clé. Le dîner sera servi à 20h. Le petit déjeuner est servi entre 7h et 11h.
- Merci beaucoup madame.
- Appelez-moi Jenna ! Tout le monde m'appelle Jenna !
- Merci Jenna et bonne soirée !

L'escalier pour monter au seul étage disponible semble mettre le berseker au supplice. Jolhane se mordille la lèvre pour garder son sérieux, juste derrière l'ursidé grabataire qui traine la patte.

- Te fous pas d’moi Nymphette parce que j’peux encore trouver l’énergie de te foutre la fessée du siècle !
- Ne prends pas le risque de te faire un lumbago, vieil ours, s'amuse-t-elle avec une expression maligne qui laisse à penser que le trait d'humour lui a été soufflé par Ghimbir.

La chambre est agréable, ni trop spacieuse, ni trop confinée. La literie sent la lessive fraiche et la lavande. Tout à l'air moelleux et confortable, si bien que Jolhane se prend à bailler. Le coup de froid a tapé dans ses réserves d'énergie, à elle aussi. Quelque chose manque au paysage, pourtant...

- C'est... drôlement paisible, tu ne trouves pas ?
-  Putain…j’crois que les gosses me manquent déjà…

L'affirmation lui tire un pouffement de plaisir. Elle aime que Magni se sentent si bien auprès des enfants. Ils le lui rendent sans fioriture, même Ryan à sa manière détournée. C'est gage que son instinct ne s'est pas trompé. Il a bien choisi.
L'élu s'invite malicieusement dans ses poches pour prendre éhontément possession de son fessier.

- Même si ça fait du bien de se retrouver un peu seuls tous les deux.
- Faut qu’on en profite…
- Faut qu’on en profite…
Concluent-ils en même temps.
Jolhane éclate d'un rire mélodieux qui se transforme en petits couinements concupiscents. Magni lui chatouille une peau encore sensible, bleuie et mordillée par ses soins.
- Ca te dis une p’tite douche à deux ?
- Oui...susurre-t-elle en se mordillant la lèvre. Je risque juste de rouvrir tes blessures. Il faudra sans doute tout recoudre après... Elle échange avec lui un long baiser qui enflamme l'imagination. Ta dignité est d'accord ?

Elle lui échappe et s'effeuille sur le chemin menant à la salle de bain. Son corps porte les marques de leur étreinte sauvage : égratignure dans le dos, traces de dents et de succion, trainées sanglantes et souillées de terre.

- Tu viens... mumure-t-elle entièrement nue, sur le seuil de la salle d'eau.

La douche est spacieuse, l'eau chaude et délassante. Jolhane pousse un petit soupir de plénitude. Lorsque Magni la rejoint, elle a repris tous les atours de cette nymphe des eaux qu'il a rencontré la toute première fois. Elle vient se pendre à son cou pour quémander des miettes de baiser.

- Fais-voir les impacts de flèche, tu veux bien ? ronronne-t-elle tout contre lui. Je veux juste vérifier si tu cicatrises correctement.

- Ca te dis une p’tite douche à deux ?
- Oui...
Rhhhaaa elle recommence avec son p’tit mordillement de lèvres là. Rien que d’le regarder j’me sens déjà moins crevé.
- Tant mieux…
J’encadre son visage de mes mains et vient frotter son nez contre le mien.
- Je risque juste de rouvrir tes blessures.
- Miiiiince… du coup tu devras jouer les infirmières sexy ? … Tu penses qu’ils ont un service de location de costume ici ?
- Il faudra sans doute tout recoudre après...
- T’as de drôles de préliminaire toi… mais qu’est-ce que je ferai pas pour toi hein…
J’pourrais me passer de bouffe, j’pourrais me passer d’eau, mais jamais de sa bouche. C’est juste une impossibilité scientifique.
- Ta dignité est d'accord ?
- Ahhh c’est de ma dignité qu’on parlait ? Elle j’en sais rien mais tout le reste de ma personne est plus que partant !

L’une de mes mains file hors de la poche pour se glisser en dessous de son jean mais elle se coule hors de mon étreinte et joue au p’tit poucet avec ces vêtements. J’la regarde faire comme un con au lieu de la suivre, profitant pleinement du spectacle et grimace quand j’note toutes les marques que j’ai laissées sur sa peau parfaite.

- Tu viens...
J’aimerais bien lui répondre mais j’crois que j’ai plus de sang pour irriguer mon cerveau. Comment elle peut me faire autant d’effet alors qu’on vient de s’envoyer en l’air y’a moins d’une heure ? Aucune idée. Le fait est que j’me sens à nouveau à l’étroit dans mon fute…
C’est uniquement quand elle disparait d’ma vue que j’peux à nouveau réfléchir et j’me mets aussitôt à me désaper vitesse grand v avec une précipitation qui pourrait sembler un poil comique.
Enfin nu, j’vais la rejoindre sous la douche, ma douce Nymphette dégoulinante d’eau. J’approche dans son dos et encercle sa taille avant de me coller à elle. L’eau chaude délasse mes muscles meurtris et qu’ont pas encore fini d’en baver !

- Hey, jolie Nymphe…
J’dégage son épaule de ses longs cheveux qui ont pris une teinte rousse plus foncée et embrasse délicatement tous les p’tits stigmates laissés par mes soins.
- J’suis désolé…pour ça… ça t’fais pas trop mal ?
Elle se tourne entre mes bras et mes mains reviennent se mouler à son joli postérieur d’elles-mêmes. Quelles petites coquinettes celles-la !
- Je crois…que j’aime tes superbes fesses…
- Fais-voir les impacts de flèche, tu veux bien ?
- Mais t’as vraiment des kinks chelous toi !
- Je veux juste vérifier si tu cicatrises correctement.
- Ah.
J’recule d’un pas et tourne lentement sur moi-même.
- T’aime le spectacle ? Au fait, faut que j’te prévienne… Demain j’vais encaisser tous les coups que j’ai pris et l’énergie dépensée. Pas aussi fort qu’un humain d’base mais j’risque de pas pouvoir sortir beaucoup sortir du lit et que j’risque…d’avoir mal. T’inquiète j’vais gérer comme d’hab mais faut pas que ça t’affole. J’vais avoir des bleus partout mais ça va vite se résorber. En théorie. Mais crois-moi, cassez la gueule et l’ego de ce Matyas ça vaut toutes les souffrances du monde …et j’parle même pas de c’qui a suivi après… que j’conclue avec un sourire aguicheur.

- Hey, jolie Nymphe… Un bisous barbu lui gratouille l'épaule. J’suis désolé…pour ça… ça t’fais pas trop mal ?
- Non... J'aime bien porter les preuves que je te fais tourner la tête... déclare-t-elle avec un sourire espiègle.

Pendue à son cou, elle autorise ses mains baladeuses à retrouver le chemin de son séant.

- Je crois…que j’aime tes superbes fesses…
- Permets moi de feindre la surprise ! Elle glousse. Fais-voir les impacts de flèche, tu veux bien ?
- Mais t’as vraiment des kinks chelous toi !
- Des kinks ? C'est quoi un kink ?....Je veux juste vérifier si tu cicatrises correctement.
- Ah.

Magni se retourne docilement et Jolhane effleure les impacts causés par les flèches de Matyas. Une bouffée de colère et d'indignation monte en elle malgré la quiétude de l'instant.

- T’aime le spectacle ?
- Pas vraiment... Elle embrasse le creux de ses omoplates. Il ne t'a pas loupé cet enfoiré. La prochaine fois, je le transforme en passoire. Mais ça se referme déjà... c'est impressionnant. On désinfectera quand même, d'accord ?
- Au fait, faut que j’te prévienne… Demain j’vais encaisser tous les coups que j’ai pris et l’énergie dépensée. Pas aussi fort qu’un humain d’base mais j’risque de pas pouvoir sortir beaucoup sortir du lit et que j’risque…d’avoir mal.
- J'avais prévu le coup, j'ai payé la chambre pour les trois prochains jours.

Elle se glisse contre lui et enroule ses bras autour de son torse épais. Elle bécote chaque vilain trou parsemant sa couenne et colle sa joue contre son dos solide.

- T’inquiète j’vais gérer comme d’hab mais faut pas que ça t’affole.
- Ok... Ses doigts plongent en piquet de ses pectoraux à ses abdominaux.
- J’vais avoir des bleus partout mais ça va vite se résorber. En théorie. Mais crois-moi, cassez la gueule et l’ego de ce Matyas ça vaut toutes les souffrances du monde …et j’parle même pas de c’qui a suivi après…

Les phalanges de Jolhane descendent encore plus bas et découvre soudainement la fameuse "réserve d'énergie" évoquée dans les escaliers. Magni a l'épuisement sélectif, visiblement. Elle se mordille la lèvre et flatte cette partie d'anatomie qui n'a visiblement pas sommeil.

- Je vais prendre soins de toi... Murmure-t-elle à son oreille. Elle compte prendre ce rôle très à coeur.... Et nous aurons d'autres "ce qui a suivi après"....

- T’aime le spectacle ?
- Pas vraiment... Il ne t'a pas loupé cet enfoiré. La prochaine fois, je le transforme en passoire.

Je soupire de bien-être. Entre l’eau chaude qui lave efficacement les odeurs de sang, de mort et de canidé à la con et ses baisers sur ma peau, j’pourrais pas être plus heureux. Manque peut-être de la bouffe… Depuis combien de temps on m'a pas chouchouté comme ça ? Trop longtemps.

- J’ai hâte de voir ça…tu m’en laisseras un morceau ? Blague à part...j’crois qu’on a pas fini d’entendre parler de lui. Et j’peux limite pas lui en vouloir. Si j’te perdais, j’essayerais sans doute de te récupérer...

Mais pas à tout prix... pas en lui imposant quoique ce soit. J’arrive pas à m’ôter de la tête sa gueule déterminée quand il a affirmé qu’il allait lui faire retrouver la mémoire de force. C’est possible ? J’veux dire avec la magie, les druides…le monde est peuplé d’impossible qui s’avère super faisable. Pour moi y’a une grosse différence entre le fait qu’elle retrouve d’elle-même la mémoire et le fait qu’on l’y oblige. Et si ce connard m’arrache Jolhane de force…putain je vais faire un massacre. C’est une certitude. Et j’me fous bien de savoir si j’y passe après.
Merde, j’men veux d’avoir suggéré cette chasse.

- Mais ça se referme déjà... c'est impressionnant.
- Impressionnant…c’est tout moi ça non ?
- On désinfectera quand même, d'accord ?
- Si ça peut te rassurer… Au fait, faut que j’te prévienne… Demain j’vais encaisser tous les coups que j’ai pris et l’énergie dépensée. Pas aussi fort qu’un humain d’base mais j’risque de pas pouvoir sortir beaucoup du lit et j’vais… avoir mal.
- J'avais prévu le coup, j'ai payé la chambre pour les trois prochains jours.
Nouveau soupir.
- Trois jours… t’es parfaite Nymphette.

Elle se love contre mon dos et j’pose mes mains sur ses bras tout fin et si blancs qui m’enserre pourtant avec force.
- T’inquiète j’vais gérer comme d’hab mais faut pas que ça t’affole.
- Ok...
Ses mains dévalent mon torse et s’arrêtent sur mes abdos qui se tendent sur le passage de ses doigts baladeurs.
- J’vais avoir des bleus partout mais ça va vite se résorber. En théorie. Mais crois-moi, cassez la gueule et l’ego de ce Matyas ça vaut toutes les souffrances du monde …et j’parle même pas de c’qui a suivi après…

Elle descend encore et j’pose mes deux pattes contre le carrelage de la douche en laissant échapper un juron qui finit en grognement. La buée a complètement envahi la pièce et mon cerveau vient de fondre.
Certaines mauvaises langues diront encore.
Ouep et alors ?
Apparemment j’suis pas si KO que ça… j’adore ma constitution de Berserker pour le coup. J’en ferai presque un bisou à l’Ours, là tout de suite. L’une de mes paluches rejoint la sienne et j’lui montre le rythme qui m’fait frémir des pieds à la tête. Nom de Dieu ! Elle va me faire craquer complètement ou crever de désir, au choix...pourtant mes jeunes années sont quand même foutrement loin.

- Je vais prendre soin de toi...
- J’vois ça… J’sais qu’on a pas mal de round... à rattraper mais…à ce rythme tu vas me tuer Nymphette, c’est toi qui m’as traité… Putain de merde c’est bon !... de vieil ours pas plus tard que t’à-l’heure.

Remarque, vu que je risque de pas être très frais les jours qui suivent, vaut peut-être mieux pas trop trainer. J’ai le bassin qui bouge tout seul et qui suit le rythme que ses doigts m’imposent.

- Et nous aurons d'autres "ce qui a suivi après"....
- T'as des doigts de fée, que j'finis par gémir, C'est quand...quand tu veux…
On sait bien elle et moi que c’est pas vraiment le cas. J’aimerai que ça soit où elle veut, quand elle veut mais c’est plutôt quand on peut. J’active c’qui me reste de volonté et j’lui agrippe le poignet pour qu’elle arrête sa douce torture, et soyons très franc, ça me coute énormément. Dans un mouvement vif, j’la plaque contre le carrelage et vient coller mon corps au sien. J’place lentement mes mains de part et d’autre de son visage et j’me penche jusqu’à frôler ses lèvres en la matant d’une œillade très, très gourmande.
- T’as un soin ... en particulier en tête, Nymphette ?

Il y a quelque chose de grisant à soumettre un guerrier de cette trempe à sa seule volonté. Jolhane n'a pas l'habitude d'être aussi crue. C'est la première fois qu'elle touche de manière direct la virilité de Magni. Le sentir fragile sous ses doigts est terriblement excitant. Consciencieuse et appliquée, elle se coule dans le rythme qu'il lui suggère. Elle apprend comment pleinement le satisfaire. Ses grognements de plaisir sont une récompense en soit : ils exaltent et affutent ses propres désirs.

- J’sais qu’on a pas mal de round... à rattraper mais…à ce rythme tu vas me tuer Nymphette...
- Et je te ressusciterais autant de fois qu'il le faut...
- c’est toi qui m’as traité… Putain de merde c’est bon !... de vieil ours pas plus tard que t’à-l’heure.
- Tu veux que j'arrête... ? susurre-t-elle avec une note de malignité toute goupil. Je peux m'arrêter... Elle fait mine de suspendre ses caresses. Ou continuer... Elle reprend, sculptant lascivement la forme turgescente. Et nous aurons d'autres "ce qui a suivi après"....
- T'as des doigts de fée.... C'est quand...quand tu veux…

Ils savent tous deux que c'est un mensonge. Ils n'ont pas beaucoup de temps devant eux. Si l'ours est pour l'heure, ensuqué par le récent combat mené, il finira tôt ou tard par se réveiller de son hibernation. Jolhane compte profiter au maximum du peu de temps qui leur est imparti.
Elle n'est pas la seule à ressentir cette urgence. Magni l'attrape pour mieux l'acculer au mur carrelé. La jeune femme laisse échapper un piaulement terriblement érotique.

- T’as un soin ... en particulier en tête, Nymphette ?
- Te faire l'amour jusqu'à ce que tu t'évanouisses, réplique t'elle le regard fauve, tout en cherchant sa bouche dont elle fuit pourtant les lèvres.

Elle préfère lui lécher les doigts et mordre l'intérieur de son poignet à la fois languide et sauvage. Elle dirige ses grandes mains calleuses et abimées le long de son corps de liane, caresses appuyées et équivoques, et se faisant se retourne en l'arrimant à ses hanches, lui offrant une vue en chute libre sur la courbure de ses reins. Elle se cambre pour attraper son expression d'une oeillade, et avec un mordillement de lèvre, le guide jusqu'en elle.
Cette fois, elle prend tout son temps, pour enrober avec douceur tout ce désir ardent qu'il manifeste pour elle, pour le sentir, pleinement pulser dans son ventre.
Pour qu'il comprenne à quel point elle ne veut que lui.

- T’as un soin ... en particulier en tête, Nymphette ?
- Te faire l'amour jusqu'à ce que tu t'évanouisses.
- J’aime ton programme…mais qui te dis que mon corps craquera avant le tien ?

J’ai la queue qui palpite douloureusement tellement j’ai encore envie d’elle. P’t-être bien que j’ai récupéré un poil de jeunesse finalement.
J’mordille son oreille, joueur pendant qu’elle s’amuse avec mes mains qu’elle fait descendre sur son corps de rêve. J’me fais sculpteur de ses courbes et j’prends le temps cette fois de savourer sa peau de velours sous mes doigts.
Mais elle se dérobe encore et me tourne le dos, l’œillade coquine et j’ai un vieux frisson d’anticipation. Elle offre sa croupe de rêve à mon regard et j’me prive pas pour la mater avec envie. J’gratifie d’une caresse son dos cambré avant d’attraper ses hanches pour l’aider à me faire glisser en elle.

J’m’enfonce dans la chaleur et la douceur de ses chairs avec une lenteur que j’la laisse doser et j’viens me coller à elle pour lui murmurer des mots d’adoration à l’oreille juste après avoir laisser échapper une longue et gutturale plainte de plaisir. J’adopte un rythme langoureux, comme si on a tout le temps du monde. C’est loin d’être le cas, mais j’me fous du reste.
Y’a qu’elle qui compte.
Mes mains restent pas inactives longtemps. L’une se régale de sa poitrine pendant que l’autre part entre ses cuisses que j’écarte un peu plus d’un coup de genoux. J’prends le temps d’apprendre à connaitre c’qui lui plait.
L’animal cherche à la posséder, l’humain à la satisfaire jusqu’à lui faire tourner la tête.
J’me presse pas, j’explore, attentif à ses réactions pour mieux ajuster mes caresses. Ma bouche dépose de longs baisers appuyés le long de sa mâchoire, dans son cou ou sur ses épaules.

- T'es délicieuse, Jolhane... délicieuse, que j'répète comme un fin gourmet qui se délecterait. J’peux pas m’empêcher de croquer sa peau de temps à autre mais mes gestes sont empreints de beaucoup moins de bestialité. Pour la première fois, j’lui fais vraiment l’amour et c’est aussi délicieux que nos étreintes brutales précédentes.

- Moi aussi j’veux prendre soin de toi, Nymphette. Dis-moi c’que tu veux…

On va pas se mentir, une part de moi bouillonne et voudrait accélérer les choses, la prendre plus fort, plus vite, mais j’me contiens. Pour elle je dompte mon côté animal, j’la laisse choisir ce qu’elle préfère, ce qu’elle veut de moi. J’suis prêt à tout lui donner de toute façon.

Les sens en feu, Jolhane renverse la tête en arrière. Elle cherche à agripper la crinière de Magni pour s'y suspendre. La houle de leurs bassin est si douce, si lente qu'elle a la sensation de se transformer en bulle de savon tant son esprit décolle. Ivre de lui, de son toucher, de cette manière subtile qu'il a de l'explorer, avec cette délicatesse insoupçonnée, elle dérive, noyée par une volupté insidieuse.
Elle gémit, ode plaintive, languide, à chaque incursion de sa virilité. Il ne la laboure pas comme ces autres fois et une part d'elle le regrette. Elle aime sa sauvagerie possessive, la sensation d'être dévoré. Néanmoins, cette expérience-ci n'est pas dénuée d'intérêt agréable. Elle part en quête de son propre, avec lui, découvre les zones les plus érogènes de son anatomie.

- T'es délicieuse, Jolhane... délicieuse

Jolhane hoquète et se mord la lippe. Le timbre de son amant, ombrageux et rauque, la fait frissonner. La jeune femme cherche sa bouche, comme une assoiffée dans le désert. Ses baisers sont désordonnés et entrecoupés d'halètements sourds. Son esprit peine à garder une cohérence. La moindre parcelle de son corps se montre réceptive à ses caresses. Elle se liquéfie, trempée à l'intérieur comme à l'extérieur.

- Moi aussi j’veux prendre soin de toi, Nymphette. Dis-moi c’que tu veux…
- Toi.. Je veux juste toi...

Elle prononce son nom à plusieurs reprise, et à chaque fois il est harangué avec davantage de force. Elle se cambre et accélère inconsciemment la valse de ses hanches. Son esprit est tout proche du décrochage et finit par fatalement s'envoler. Elle tremble, le corps secoué d'ondes de félicité, blotti contre celui de Magni. La gorge offerte au cri libérateur.

Il lui faut quelque temps pour redescendre. La tête lui tourne à cause du trop plein de vapeur. Elle se laisse aller, alanguie, contre le torse de son compagnon.

- J'ai juste besoin de toi... répète-t-elle dans un murmure repu.

- Toi.. Je veux juste toi...
- J’suis là…j’suis tout à toi…

Elle aussi semble pas tout à fait se satisfaire du rythme languide que j’nous impose. J’m’y accroche pourtant encore un peu. Rien qu’un peu pour faire durer le plaisir. Et puis elle se met à incanter mon prénom et j’ai de plus ne plus de mal à résister à l’appel de son bassin qui tente de m’entrainer dans une danse plus endiablée. J’tente des changements de tempo plus marqué. Plus vite, puis lent à nouveau et j’souris inconsciemment quand j’la sens s’impatienter un peu. Finalement j’nous rends service à tous les deux en laissant à nouveau parler mes instincts les plus profonds.

Les deux mains accrochées à ses hanches que j’ai un peu tirées vers l’arrière, j’lui écarte un peu plus les cuisses et j’accélère pour de bon. Son dos se cambre de plus en plus à chaque coup de reins et je sais qu’elle est sur le point de jouir. Elle tremble de partout et se raidit des pieds à la tête. J’l’attire brusquement contre moi et vient coller ma bouche contre cette gorge blanche qui m’appelle, suçant avidement sa peau alors que j’suis moi-même pas loin de lâcher prise. Dans un sursaut de conscience que j’ai pas eu dans la forêt, j’me retire avant le grand final, la carcasse secouée par des soubresauts incontrôlables et pousse un cri de délivrance ébloui.
Deux fois dans une seule journée après des semaines d’abstinence, ça r’ssemble quand même à un miracle.

J’finis à nouveau pas me serrer contre elle et l’enveloppe de mes bras protecteurs, la berçant doucement sous le jet encore chaud. On reste comme ça des secondes ? Des minutes ? J’perds un peu le fil.

- J'ai juste besoin de toi...
- Moi aussi j’ai besoin de toi…t’as pas idée combien j’ai besoin de toi.  

Elle a l’air si bien…si détendue… grâce à moi. Ça me fait tout drôle de me rendre compte que j’lui fais vraiment du bien.
J’la retourne vers moi et très doucement, j’viens l’embrasser comme si elle était l’être le plus délicat et précieux à mes yeux. Et c’est sans doute un peu… ouais non beaucoup, vrai.

L’eau coupée, j’nous emmitoufle dans d’épais peignoirs blancs avec des gestes très lents, les membres à nouveaux lourds de fatigue et j’nous sèche plus ou moins efficacement. J’utilise mes dernières forces pour la soulever dans mes bras et coupe toute protestation en l’embrassant férocement pour lui signifier clairement que j’me fous de ses objections. J’la dépose sur le côté du lit et j’retire nos peignoirs mouillés.

- J’veux dormir nu avec toi, que j’lui explique dans un murmure avant de l’entrainer sous les draps et tout contre moi. Avec les visites régulières de Marnie c’est un truc qu’on peut pas vraiment se permettre alors que j’adore ça.
Juste elle et moi, peau à peau.
- Juste…une petite sieste…avant de bouffer comme des ogres… que je marmonne à moitié endormi déjà.
J’suis littéralement lessivé c’qui m’empêche pas de la presser une dernière fois contre moi avant de plonger dans un sommeil bienvenu.  

- Moi aussi j’ai besoin de toi…t’as pas idée combien j’ai besoin de toi.  

La déclaration la fait presque ronronner. Elle chancèle un peu, vaporeuse et détendue, et lui gratouille la barbe. L'eau cesse de couler, comme par magie. Jolhane est trop occupée à embrasser Magni pour s'en préoccuper. Des baisers tout doux, duveteux et réconfortants. Elle flotte parmi des nuages en serviette éponge et les caresses lénifiantes de son ursidé.
Ce dernier la soulève de terre. Elle tente bien de rouspéter mollement, de faire valoir qu'il est blessé tout en gloussant, ce qui rend sa démarche passablement peu efficace. Elle interrompt ses maigres protestation en fondant une nouvelle fois sous l'assaut de ses lèvres.

Magni les dépiaute de leurs peignoirs. Il est épuisé et ça se sent. Elle même est alourdie par les efforts et les émotions vives de la journée.

- J’veux dormir nu avec toi... Elle  lui ouvre ses bras avec un sourire énamouré. Il vient se loger contre son giron et elle lui caresse tendrement les cheveux. Juste…une petite sieste…avant de bouffer comme des ogres…
- Dors mon amour, je veille sur toi...

La respiration du guerrier devient plus régulière et profonde. Il s'est endormi comme un bienheureux. Jolhane penche la tête pour coller sa joue contre sa tignasse mouillée. Elle sourit, ravie, satisfaite, parfaitement heureuse en cet instant. Elle est emportée par le sommeil en savourant ce cadeau.

Lorsqu'elle ouvre les yeux, il fait nuit noire dehors. Elle n'a pas eu la présence d'esprit de mettre un réveil et lorsqu'elle tâtonne pour trouver la petite horloge de chevet, le cadrant lumineux indique 22h.

- Merde... jure-t-elle à mi-voix. Magni ? Elle tente de réveiller en douceur, le guerrier assoupi.  L'entendre ronfler, la fait rire malgré elle. Hey... Magni... réveille-toi ! On a raté l'heure du dîner.

Elle essaie de le secouer, de l'embrasser, puis, décide d'user de son arme ultime : les chatouilles.

J’suis si bien que j’ai l’impression d’être dans un autre monde, fait de chaleur, de douceur et d’odeurs agréables et familières.
Jusqu’à ce que j’perçoive des bruits, loin, très loin de ma conscience. J’crois bien qu’on m’appelle.

- Hey... Magni...

Avec insistance. J’grogne, bouge mollement et puis continue à roupiller. Maintenant que j’suis à la lisère du réveil j’sens bien que mes membres pèsent trois tonnes cinq. J’me blottis un peu plus contre le truc ? la personne ? qu’est contre moi puis je sens des lèvres contre les miennes.
Nymphette. Ma Nymphette.
Ça peut être qu’elle. J’espère que c’est elle putain ! Pourtant j’arrive toujours pas à bouger.

- Réveille-toi !

Ouais c’est bien sa voix. Et puis j’perçois ses petits doigts parcourir ma peau, à la recherche de points sensibles. Ça m’fait sourire dans mon sommeil parce que j’suis pas chatouilleux. Pas de bol. Par contre ça a quand même le don de me réveiller un peu plus. Ça et la dalle immense que j’sens tordre mes entrailles.
Jouer au kéké avec Matyas m’a vidé.

- On a raté l'heure du dîner.

Merde ! Faut que je mange sinon ça va être encore plus coton demain. Pour punir la p’tite insolente qui pense pouvoir me mettre à terre avec de simples chatouilles, j’fais un brusque mouvement pour me retrouver au-dessus d’elle et commence à lui rendre ses chatouilles avec un peu plus de mollesse.

- On t’a jamais appris à pas réveiller un ours qu’hiberne et qu’est affamé ? que j’grogne avec une fausse mauvaise humeur. Sans victuailles en plus ! Tant pis pour toi, j’vais devoir te bouffer à la place.

J’arrête mes chatouilles pour l’attaquer avec ma bouche, bécotant chaque parcelle de peau à ma portée comme si elle était effectivement mon p’tit festin adorable personnel.
Sauf que ça me fatigue vite mes conneries et que j’me laisse retomber sur le dos avec un soupir à fendre l’âme, les cheveux tout ébouriffés d’avoir séchés en dormant.

- Laisse moi crevé de faim là Nymphette, que je déclame dramatiquement. Pars et dis aux mômes que j’les aimais bien.
J’fais l’effort de tourner la tête vers elle et lui lance une œillade amusée.
- Ou alors j’bouge mon cul et on va voir si on trouve quelque chose à becqueter à c’te heure. Après tout on est dans la suite jeunes mariés ! Ils doivent avoir l’habitude qu’on leur commande à bouffer à toute heure du jour et de la nuit. Pendant ma lune de miel on est pas sorti de la chambre pendant quatre jours et quatre n...

J’me rends soudain compte de c’que je viens de dire et grimace. J’dois être encore plus crevé que j’le pense si j’me mets à raconter à ce point de la merde.

- Euh…ouais désolé…j’sais pas pourquoi j’ai dis ça…

Sans doute qu’inconsciemment ça me rappelle un peu ces moments-là. Quand la passion est au max et que tout va bien dans le meilleur des mondes. Sauf que c’est pas le cas. Enfin pas vraiment.  
J’embrasse maladroitement le front de Nymphette et m’extirpe du lit avec énormément de difficulté. Pour le coup j’ai vraiment l’impression d’être un p’tit vieux et j’fais jouer les muscles de mon torse et de mes bras pour constater les dégâts. Ils me lancent déjà. ‘Tain j’ai pas hâte d’être à demain…
- Tu viens avec moi ?
J’ai la mine un peu penaude et clairement suppliante.

Jolhane pousse un petit cri surpris, suivi d'éclats de rire. Magni est pataud mais déterminé, et contrairement à lui, elle est éminemment chatouilleuse.

- On t’a jamais appris à pas réveiller un ours qu’hiberne et qu’est affamé ?
- Non ! Non arrête ... AHAHA! S'il te plait !
- Sans victuailles en plus ! Tant pis pour toi, j’vais devoir te bouffer à la place.

Ses bécots barbus la font glousser comme une dinde. Magni la rend stupide. Délicieusement stupide. Le pauvre n'a même plus l'énergie de chahuter. Il cabotine, comme s'il était à l'article de la mort.

- Laisse moi crever de faim là Nymphette. Pars et dis aux mômes que j’les aimais bien.
- Ok, d'accord! répond-t-elle gaiment.
- Ou alors j’bouge mon cul et on va voir si on trouve quelque chose à becqueter à c’te heure. Après tout on est dans la suite jeunes mariés ! Ils doivent avoir l’habitude qu’on leur commande à bouffer à toute heure du jour et de la nuit.
- J'espère que Jenna ne s'est pas offusquée qu'on ne descende pas dîner... On doit être ses seuls clients.
- Pendant ma lune de miel on est pas sorti de la chambre pendant quatre jours et quatre n...

Le sourire de Jolhane s'étiole un peu.  Il est vrai qu'elle ne sera jamais que "l'autre", celle qui passe après, celle qui n'aura jamais aucune garantie d'être aimée en retour. Daphnée a tout eu, tout pris et tout saccagé. Comment peut-on se comporter ainsi ? Mais qu'importe, des miettes de coeur c'est déjà bien. Elle n'aurait jamais cru expérimenter un jour de tels sentiments.

- Euh…ouais désolé…j’sais pas pourquoi j’ai dis ça…

Elle hausse les épaules en mâchouillant une mèche de cheveux.

- Ne te sens pas coupable d'avoir eu une vie avant ... moi... maintenant. Tout le monde n'est pas amnésique. Faible sourire.

Magni lui embrasse le front, ce qui accentue l'impression désagréable d'être une petite fille à ses yeux, contrairement à sa "femme". Elle s'ébroue pour chasser cette vilaine pensée. La jalousie est une découverte toute neuve, aussi.
Le berseker n'a pas fière allure. Jolhane peut entendre ses os craquer alors qu'il lutte pour sortir du lit. Cela ne change rien malgré tout, elle le trouve terriblement beau, même diminué. Pensée d'adolescente en pamoison. Magni la rend vraiment bête.

- Tu viens avec moi ?

Elle dissimule mal son sourire attendri. Il est si mignon quand il supplie.

- Tu vas devoir enfiler un slip ou cette brave Jenna va avoir une crise cardiaque.

Elle s'esclaffe en bondissant du lit. Ces quelques heures de sommeil lui ont fait grand bien. Elle dézippe leur sac de voyage et sort quelques vêtements pour lui et elle. Tout en enfilant un pull directement sur ses seins nus (Un pull moulant vert foncé, au décolleté carré, qu'il ne lui a encore jamais vu) et en sautant dans une culotte, elle lui demande :

- Tu veux que je t'aide à enfiler ton jean ? Rictus espiègle. Je ne voudrais pas que tu te brises le col du fémur en levant la jambe.

Elle attrape un nouveau jean (un skinny qu'il ne connait pas non plus et qui met en valeur ses gambettes fuselées et interminables.) qu'elle enfile prestement pour ensuite voler à son secours. Tout en se mordillant la lèvre de délectation, elle l'habille du boxer à la chemise, qu'elle boutonne avec beaucoup d'ostentation et quelques baisers sur son torse. Elle n'a pas pu s'empêcher de le palper tout du long.

- Allons te nourrir, vieil ours mal léché... fait-elle en lui croquant le nez.

Elle fait montre d'une étonnante patience dans les escaliers, bien qu'elle ponctue la descente de quelques mots doux sur le grand âge de son compagnon.

- Hé bien voilà! Tu es en un seul morceau! déclare-t-elle aux pieds des marches... Et aucune chute d'organes à déplorer! s'amuse-t-elle.

La maison est très calme. Les tenanciers de l'établissement, sont devant leur cheminée qui brûle chaleureusement. Jenna tricote et son mari, bouquine en fumant la pipe.

- Bonsoir... risque Jolhane.
- Oooh ! mais qui voilà ! Lance Jenna ravie en repoussant son ouvrage pour se lever.
- Je suis désolée, nous avons manqué l'heure du diner, nous étions tellement...
- ...Epuisés ? coupe la vieille dame avec un sourire bienveillant. Je me suis doutée! En ne vous voyant pas, je suis montée toquer à votre porte, mais j'ai entendu monsieur ... Elle désigne Magni du menton... Ronfler comme un sonneur ! Je me suis dit que vous deviez être fourbus ! Je vous ai tout mis au frais, y'a plus qu'à réchauffer au four...

Elle se dandine vers la cuisine puis se retourne soudain.

- J'ai oublié de vous présenter mon époux, Patrick.
- B'soir. Fait sobrement l'homme avec un sourire sous ses épais favoris avant de replonger dan,s sa lecture.

Jenna leur montre tout ce qu'il y a à savoir d'utile dans la cuisine : emplacement des couverts, des boites de thé, de la poubelle et la manière dont marche le four et le micro-onde. Elle sort une tourte au fromage à peine entamée, un gigot de mouton en sauce avec fayots et un crumble aux pommes. Elle leur explique qu'elle n'a pas cuisiné comme ça depuis longtemps et qu'il est plaisant d'avoir à nouveau des clients. Après moult remerciements, Jolhane et Magni sont laissés seuls en cuisine.

- Euh…ouais désolé…j’sais pas pourquoi j’ai dis ça…
- Ne te sens pas coupable d'avoir eu une vie avant... maintenant. Tout le monde n'est pas amnésique.

Parfois j'aimerais...juste pas me rappeler de Daphné. J’sais bien que j’ai merdé, Jolhane mâchouille à nouveau une mèche de cheveux signe qu’elle est troublée. Pourquoi j’ramène toujours tout à Daphné ? Sans doute pour me souvenir. Que les beaux contes de fée se finissent aussi dans la merde la plus absolue. Que ça fait putain de mal.
C’est pas juste pour Nymphette. C’est pas juste pour moi.
Ça m’empêche juste de vivre à fond c’qui pourrait être la plus belle histoire de ma vie.
J’détourne donc le sujet et elle retrouve un peu de bonne humeur gâchée par mes soins.

- Tu vas devoir enfiler un slip ou cette brave Jenna va avoir une crise cardiaque.
- Tu crois ? que j’demanda malicieusement.

Elle bondit littéralement hors du lit et j’lui lance une œillade plein d’envie alors que j’ai toujours le cul cloué au matelas, incapable de bouger aussi vite. Pis faut dire que j’trouve ça bien mieux de la regarder se saper. Putain ! Où elle a trouvé ce pull ?  Ce décolleté est un pur régal pour les yeux. Et sans soutif c’est juste…Miam ! Ca m’donne envie de refermer mes lèvres sur ses p’tits m…

- Tu veux que je t'aide à enfiler ton jean ? Je ne voudrais pas que tu te brises le col du fémur en levant la jambe.

Sa remarque me distrait cinq secondes de mes pensées par très catholiques mais j’me contente d’un
« Hum hum… » très vague pour lui répondre.
Et ce jeans…bordel j’avais jamais remarqué la façon dont elle s’habillait avant ! Du coup j’suis un peu dans le flou…hypnotisé en va dire, quand elle vient m’aider. J’proteste même pas.
Un j’suis trop naze pour ça. Deux j’préfère garder mon énergie pour la mater. C’est plus rentable. D’autant qu’elle en profite pour laisser ses doigts de fée de balader tranquillement sur mon torse qu’elle embrasse ici et là.

- Allons te nourrir, vieil ours mal léché...

J’ai tout un tas de réparties salaces sur le bout de la langue mais j’préfère sourire comme un gosse qui se retient de dire une grosse connerie – ce qui est totalement le cas – et venir lui voler un autre baiser dans le creux du cou qu’est plus ou moins en libre-service.
Puis viennent les escaliers et ces marches de l’enfer ! Sérieux pour mes vieux jours, j’veux une maison sans étage. J’ai l’air ridicule à m’accrocher à la rampe comme ça et j’serre les dents et bouche les oreilles à mon honneur à chaque petite pique de Nymphette.
J’peux pas lui en vouloir j’ai vraiment l’air d’un vieillard. C’est comme si non seulement tous mes muscles souffraient de courbatures en même temps et puissance mille mais qu’en plus mes articulations grincent et protestent à chaque mouvement.
Un putain de mal de chien.

- Hé bien voilà! Tu es en un seul morceau!
- Super nouvelle. J’dors devant la cheminée après. J’r’monte pas ces machins d’la mort là. C’est même pas la peine d’y songer.
- Et aucune chute d'organes à déplorer!
- C’est ça…vis ta meilleure vie ma Nymphette…quelle infirmière délicate et compréhensive tu fais, que je grince avec un sourire. Tu veux pas venir palper pour être sûrs ?

Les proprios de l’établissement forment un tableau bucolique et charmant.  
- Bonsoir...
- Oooh ! mais qui voilà !
J’me contente d’un salut d’la main. J’suis trop out pour faire la conversation
- Je suis désolée, nous avons manqué l'heure du diner, nous étions tellement...
- ...Epuisés ? Je me suis doutée! En ne vous voyant pas, je suis montée toquer à votre porte, mais j'ai entendu monsieur ronfler comme un sonneur !
- Ah euh ouais…désolé. On m’dit souvent que j’ronfle parfois comme un ours quand j'suis vraiment crevé, que j’lance avec une p’tite œillade malicieuse vers Nymphette.
- Je me suis dit que vous deviez être fourbus ! Je vous ai tout mis au frais, y'a plus qu'à réchauffer au four...

P’tit salut au mari qu’y semble être un vrai taiseux et elle virevolte jusqu’à la cuisine où elle nous explique tout avant de s’éclipser non sans qu’on la remercie chaleureusement. J’espère que Nymphette a été plus attentive que moi parce que j’ai mis toute ma concentration dans le fait de pas m’écrouler par terre. J’ai les muscles tout tremblants d’être rester debout et d’avoir fait « tant » d’effort et la bave aux lèvres devant la bouffe qu’à juste l’air délicieuse.

Mais là, tout c’que j’peux faire, c’est m’écrouler sur la première chaise à porter de fesses. La tête entre mes bras posés sur le gigantesque plan de travail au centre de la pièce, je souffle pour faire passer le vertige.

- Putain…j’suis désolé d’être aussi « faiblard ». Je déteste les après transes… et j’te jure que j’peux presque entendre le Berserker glousser dans un coin d’ma tête… le connard ! Mon père se comportait toujours comme un gros bébé après. On l’entendait geindre dans toute la baraque…et plus on vieillit plus c’est la merde pour s’en remettre.

Enfin j’redresse la tête et la contemple à nouveau dans ses nouvelles fringues – j’suis certain de les avoir jamais vu avant - me rendant compte qu’elles dévoilent complètement sa silhouette, contrairement à c’qu’elle porte d’habitude.

- T’as fait du shopping Nymphette ? que j’demande tranquillement.
J’viens inconsciemment effleurer ma lèvre avec ma langue comme un animal qui se pourlèche les babines.

Magni s'étale comme un sac. Il a tout donné pour descendre les escaliers et faire bonne figure devant les tauliers. Jolhane lui ébouriffe la tignasse.

- Ne t'endors pas avant même de becter...
- Putain…j’suis désolé d’être aussi « faiblard ». Je déteste les après transes…
- Moi, ça me permet de mieux me préparer pour les suivantes.
- ...Et j’te jure que j’peux presque entendre le Berserker glousser dans un coin d’ma tête…le connard!
- Sache que Ghimbir se la paie également ! Elle prend un air songeur. C'est peut-être ce qui me rend aussi taquine d'ailleurs...
- Mon père se comportait toujours comme un gros bébé après. On l’entendait geindre dans toute la baraque…et plus on vieillit plus c’est la merde pour s’en remettre.
- Et comment réagissait ta mère ? demande-t-elle avec curiosité, tout en leur servant une part de tourte au fromage à chacun avec un peu de salade verte. Dans le four, le gigot repend son odeur parfumée de mouton grillé.

Magni se redresse soudain, l'air intrigué.

- T’as fait du shopping Nymphette ?
- Peut-être... répond-elle, énigmatique, en picorant un morceau de pain. Elle lui glisse un regard par en dessous. Tu aimes...?questionne-t-elle , faussement détachée.

Elle le fixe de ses deux prunelles d'or, impassible. Seules ses pommettes un peu plus roses trahissent des émois de jeune fille en fleur.

- ...Et j’te jure que j’peux presque entendre le Berserker glousser dans un coin d’ma tête…le connard !
- Sache que Ghimbir se la paie également ! C'est peut-être ce qui me rend aussi taquine d'ailleurs...
- Super merci la solidarité... Tu peux toujours te brosser pour avoir des câlins la prochaine fois Ghimb ! Mon père se comportait toujours comme un gros bébé après. On l’entendait geindre dans toute la baraque…et plus on vieillit plus c’est la merde pour s’en remettre.

L’odeur de nourriture est entêtante, absolument délicieuse…et j’lorgne l’assiette qu’elle dépose devant moi, des étoiles plein les yeux.

- Merci Nymphette ! Bon app !

J’prends à peine le temps d’avaler tellement j’ai la dalle et tout est absolument succulent. J’finis en un temps record et j’me ressers une part généreuse.

- Et comment réagissait ta mère ?

J’lui adresse un p’tit sourire de connivence.

- A ton avis ? Elle se foutait de sa gueule évidemment. Et j’crois qu’il en rajoutait exprès. C’était une sorte de jeu entre eux. Mais elle le dorlotait à mort quand même en l’appelant « Brothætt litli björninn minn ». Ca veut dire « mon p’tit ours fragile ». Evidemment il grommelait pour la forme. J’me souviens qu’elle lui préparait un bain à base d’herbes qui puait comme pas deux. Mais ça avait l’air efficace pour les douleurs musculaires. Elle a jamais voulu nous dire à base de quoi c’était fait, elle disait que comme ça on serait obligé d’aller la voir de temps en temps. C’est quelqu’un ma mère pour oser tenir tête et supporter mon paternel. Les femmes et mère de Berserker, elles mènent pas une vie facile…elle s’inquiétait tout le temps pour nous. En particulier pour mon frère quand il a été question qu’il passe le rituel quand même…

J’m’arrête un instant et fixe ma fourchette. Elle me manque terriblement.

- Elle a toujours détesté Daphné mais elle faisait des efforts pour se montrer sympa avec elle et parfois elle m’appelait avec mon frère quand mon père était trop occupé, pendant mes années de mariage. Mais depuis l’explosion de l’Ours…plus rien. J’suis pas facile à joindre faut dire…

Ils me manquent tous en fait. Même ma tête de con de paternel. Est-ce qu’ils voudraient bien reprendre contact avec moi ? Le paria ? Le condamné ? Faudrait que j’essaie… J’veux pas clamser en ayant des regrets. Mais j’ai la trouille d’être rejeté. Encore.
J’lève les yeux de mon assiette et j’croise le regard de Nymphette.
Sauf que là j’suis plus tout seul.
Y’a ma Jolhane.
Y’a les gosses.
Y’a les gens que j’croise ici et là.

J’me secoue un peu et finit mon assiette pensif, avant de changer brutalement de sujet. J’me fais pas confiance aujourd’hui ? J’serais capable de chialer à nouveau de nostalgie.

- T’as fait du shopping Nymphette ?
- Peut-être...
- Ouuuh tu veux t’la jouer mystérieuse hein…
Elle me jette un p’tit regard innocent qui m’fait beaucoup trop d’effet.
- Tu aimes... ?

Est-ce qu’on peut être plus adorable qu’elle à cet instant avec son petit air de gosse timide mélangé à cette féminité sauvage qui m’fait totalement perdre la boule ? NON. Evidemment qu’non.
J’attrape sa main et la tire gentiment vers moi. Lentement j’lui effectue un p’tit tour sur elle-même et la mate sous toutes les coutures, prenant très à cœur sa demande et faisant croire qu’elle me demande beaucoup de réflexion.

- Mmm j’sais pas…

J’l’attire soudain sur mes genoux et ma barbe vient chatouiller son décolleté. On dirait que la bouffe me r’donne un brin d’énergie et de vigueur dis donc !

- T’étais déjà superbe avant mais là… tu vas attirer tous les regards…j’suis pas certain que ça me plaise.

J’dégage ses cheveux vers l’arrière et découvre son cou bleui de partout. Lentement j’viens laper mes marques sur sa peau.

- Va falloir que j’m’emploie à c’qu’elles restent visibles. L’Ours prête pas et moi non. C’la dit j’suis curieux. T’as d’autres trucs à me montrer comme ça ?

Jolhane écoute attentivement en dégustant son entrée, avec moins de goinfrerie que son interlocuteur. Magni bâffre avec gourmandise. Elle a presque envie de lui dire qu'il ne parviendra jamais à satiété si il gobe son assiette à cette vitesse. Les anecdotes sur cette famille lointaine l'intrigue. Elle se figure Magni, une fois de plus, dans son milieu d'origine, au milieu d'un village bruyant d'être aussi franc et énergique que lui (quoi que pas en cet instant). Tout devait être profondément animé. Vivant.

-...Mais elle le dorlotait à mort quand même en l’appelant « Brothætt litli björninn minn ».
- Brothætt ...litli... björninn minn, tente-t-elle de répéter en n'écorchant pas trop la prononciation.
- Ca veut dire « mon p’tit ours fragile ».
- Brothætt ...litli... björninn minn. Brothætt ...litli... björninn minn... C'est adorable! J'aime beaucoup!
- Evidemment il grommelait pour la forme.
- La filiation est de plus en plus évidente! s'amuse-t-elle.
- J’me souviens qu’elle lui préparait un bain à base d’herbes qui puait comme pas deux. Mais ça avait l’air efficace pour les douleurs musculaires.
- Tu connais la recette ? Ce pourrait être utile.
- Elle a jamais voulu nous dire à base de quoi c’était fait, elle disait que comme ça on serait obligé d’aller la voir de temps en temps. C’est quelqu’un ma mère pour oser tenir tête et supporter mon paternel. Les femmes et mère de Berserker, elles mènent pas une vie facile…elle s’inquiétait tout le temps pour nous. En particulier pour mon frère quand il a été question qu’il passe le rituel quand même…
- Mais, elle avaient choisi d'aimer ces hommes.
"Comme moi je t'ai choisi".
- Elle a toujours détesté Daphné ... Encore "elle". Les sourcils de Jolhane se froncent. Y revenir sans cesse l'irrite. Elle aussi déteste cette femme sans même la connaitre. Mais elle faisait des efforts pour se montrer sympa avec elle et parfois elle m’appelait avec mon frère quand mon père était trop occupé, pendant mes années de mariage. Mais depuis l’explosion de l’Ours…plus rien. J’suis pas facile à joindre faut dire…
- On.. On pourrait l'appeler, si tu as envie, suggère-t-elle timidement.

Mais Magni élude la proposition avec une pirouette qui change drastiquement le sujet de la conversation.

- T’as fait du shopping Nymphette ?
- Peut-être...
- Ouuuh tu veux t’la jouer mystérieuse hein…
- Tu aimes... ?

Magni prend le temps de mesurer sa réponse. Il lui prend la main, lui fait jouer les ballerines, pour finalement asséner un "Mmm j’sais pas…". L'espace d'une demi-seconde, l'expression de la jeune femme s'est fissurée, révélant la fragilité de son assurance. Elle semble déçue, mais se recompose rapidement un sourire détaché.
L'islandais la fait basculer sur ses genoux.

- T’étais déjà superbe avant mais là… tu vas attirer tous les regards…j’suis pas certain que ça me plaise.
- Est-ce que tu es... jaloux ? questionne-t-elle incertaine, avec toute la candeur du monde et les pivoines qui fleurissent à ses joues.

La langue dans son cou lui procure un frisson voluptueux. Elle se mord la lèvre, pour juguler le soupir qui bourgeonne naturellement sur sa langue.

- Va falloir que j’m’emploie à c’qu’elles restent visibles. L’Ours prête pas et moi non. C’la dit j’suis curieux. T’as d’autres trucs à me montrer comme ça ?
- C'est ... hum... possible.. chuchote-t-elle en tournant son beau visage vers lui. Mais je ferais mieux de m'inquiéter de la viande qui va sécher à force de poireauter dans le four.

Elle se lève et l'abandonne sur sa chaise, le temps de s'emparer d'une manique et de sortir le gigot de sa plaque. Elle le sert en silence, une assiette copieuse et riche de parfums appétissants. Lorsqu'elle dépose le récipient devant lui , elle se penche pour mieux le fixer de ses yeux, à demi-consciente de la profondeur aguichante de son corsage sous cet angle.

- Il n'y a qu'une seule personne dont je souhaite attirer le regard. Je ne vois que lui, et uniquement lui.... Tu le connais peut-être c'est un grand crétin islandais avec un ours tatoué dans le dos.....?

- T’as d’autres trucs à me montrer comme ça ?
- C'est ... hum... possible...
Je ronronne presque contre sa gorge.
- J’ai tellllement hâte de voir ça !
- Mais je ferais mieux de m'inquiéter de la viande qui va sécher à force de poireauter dans le four.

Pas sûr que j’ai envie de la laisser partir pour une question de viande sèche mais bon, elle s’extirpe déjà de mes bras et me sert une copieuse assiette qu’elle vient à nouveau me déposer devant moi. Sauf que cette fois, elle se penche et m’offre une vue prodigieuse et plongeante sur sa poitrine. Autant dire que la viande est devenue le dernier de mes soucis et si j’ai la bouche sèche c’est pas à cause de son fumet pourtant hyper appétissant. Je monopolise toute ma volonté pour relever le regard et croiser ses incroyables yeux dorés.

- Il n'y a qu'une seule personne dont je souhaite attirer le regard. Je ne vois que lui, et uniquement lui...
J’en ai un peu le souffle coupé, j’avoue. Trop de chair alléchante exposée, trop de séduction chez ma Nymphette, trop de mots qui font battre mon pauvre et vieux cœur un peu plus vite.
- Tu le connais peut-être c'est un grand crétin islandais avec un ours tatoué dans le dos...?

J’fais mine de réfléchir tout en domptant mes pulsions qui me dicte de la remettre sur mes genoux et de me régaler d’un autre festin. J’peux en revanche pas stopper mon index qui vient se poser sur sa lèvre inférieure pour commencer une descente vertigineuse aussi bas que le tissu de son pull le permet.

- Nope, jamais entendu parler. Ca court pas les rues pourtant les islandais, charismatique, beau et super modeste. J’espère qu’il sait la chance qu’il a … Putain Nymphette, que je reprends un peu plus sérieux…tu pourras avoir tous les mecs de cette terre à tes pieds mais il a fallu que tu choisisses le plus abruti de tous hein…

J’lui attrape doucement le menton et lui vole un long baiser.
- Ca risque juste d’être…difficile d’me contenir quand on pourra plus…s’offrir ce genre de distraction en rentrant. Mais parait qu’on est plus à la préhistoire alors j’vais fermer ma gueule, apprécier la vue et apprendre à vivre avec une trique monumentale et permanente. Ce plan est parfait ! Allez file à ta place ou c’est vraiment toi que j’vais finir par bouffer sur cette table ! Parce que si j’ai certainement pas la force pour des galipettes, j’peux me contenter de rester assis pour te savourer comme il faut.  

J’enfourne quelques bouchées du plat et soupire de bonheur. Un bouquet délicat explose sur mes papilles.

- Bordel que c’est bon ! Ca me manque de pas bouffer du mouton. C’est un peu la base de l’alimentation chez moi. Et on en bouffe à toutes les sauces.

Du coup j’prends un peu plus le temps d’apprécier toutes les saveurs.

- Qu’est-ce qui t’a soudain donné envie de changé de style, hum ? En tout cas si tout le reste est du même acabit, j’crois bien que j’vais adorer…Mais…faut quand même que tu saches que si un autre type te matte comme l’a fait ce Matyas j’vais avoir du mal à me retenir de ne pas lui péter la gueule… j’crois que j’suis devenu très…jaloux.
Je joue un peu avec mes flageolets. J’étais pas comme ça avant. Merci Daph.
- C’est pas que j’ai pas confiance en toi hein…
C’est en moi que j’ai zéro confiance.
- Mais c’est…hum…un sujet…délicat. Faudra essayer de pas trop m’en vouloir et d’mon côté j’vais essayer de faire des efforts pour pas défoncer tous les pauvres gars qui croiseront ta route... J’esquisse une p’tite grimace… et pas marquer ta peau comme un foutu animal.