- Nope, jamais entendu parler. Ca court pas les rues pourtant les islandais, charismatique, beau et super modeste. J’espère qu’il sait la chance qu’il a …
- J'espère aussi, qu'elle répond un peu chose.
- Putain Nymphette, tu pourrais avoir tous les mecs de cette terre à tes pieds mais il a fallu que tu choisisses le plus abruti de tous hein…

Jolhane est peinée de l'entendre ainsi se dénigrer. Elle se penche pour lui caresser doucement la joue.

- J'ai choisi un homme bon, affectueux et sincère. Le seul qui m'ait inspiré confiance au premier regard, assez pour que je lui vole sa chemise. Elle lui sourit et ses yeux brillent de sentiment bien réels. Sous-entends-tu que je manque de jugeotte ? ajoute-t-elle en plissant les yeux.
- Ca risque juste d’être…difficile d’me contenir quand on pourra plus…s’offrir ce genre de distraction en rentrant.
- Magni....
- Mais parait qu’on est plus à la préhistoire alors j’vais fermer ma gueule, apprécier la vue et apprendre à vivre avec une trique monumentale et permanente. Ce plan est parfait !

Elle ne sait que répondre à tant de cynisme. Elle se sent un peu abattue, d'un coup.

- Allez file à ta place ou c’est vraiment toi que j’vais finir par bouffer sur cette table ! Parce que si j’ai certainement pas la force pour des galipettes, j’peux me contenter de rester assis pour te savourer comme il faut.
- Si tu as encore de la place après le dessert... souffle-t-elle avant d'obtempérer et de retourner manger à sa place. Elle a bien moins d'appétit, d'un coup.
- Bordel que c’est bon ! Ca me manque de pas bouffer du mouton. C’est un peu la base de l’alimentation chez moi. Et on en bouffe à toutes les sauces.
- C'est vrai ? Je viens de t'imaginer en berger... C'est, assez drôle. Dit-elle en croquant dans une bouchée de viande.
- Qu’est-ce qui t’a soudain donné envie de changé de style, hum ?

A son tour de jouer avec la garniture du plat, le regard absorbé par la sauce luisante de gras.

- Tu n'en as pas la moindre idée ? fait-elle à mi-voix. Même pas une toute petite...?
- En tout cas si tout le reste est du même acabit, j’crois bien que j’vais adorer… Elle arbore un sourire un poil moins effacé. Cependant, elle a l'impression que sa tentative de lui plaire n'a pas eu l'effet escompté. Elle voulait juste... "Juste qu'il me trouve jolie."
- Mais…faut quand même que tu saches que si un autre type te matte comme l’a fait ce Matyas j’vais avoir du mal à me retenir de ne pas lui péter la gueule… j’crois que j’suis devenu très…jaloux.
- Très bien, alors je ne remettrais jamais ces vêtements, déclare-t-elle.
- C’est pas que j’ai pas confiance en toi hein…
- Peut-être pas en moi... Mais en toutes les femmes. Et je suis une femme. Rire un peu aigre. Je ne remercie pas ton épouse. Passer après elle est... vraiment.. vraiment difficile. Sa voix c'est un peu cassée, malgré sa volonté de paraitre calme et composée. Je sais déjà que je n'aurais jamais tes premières fois, et peut-être jamais ton coeur non plus. Mais si je n'ai même pas ta confiance....

Ce sentiment, elle l'identifie brutalement comme du découragement.

-Mais c’est…hum…un sujet…délicat. Faudra essayer de pas trop m’en vouloir et d’mon côté j’vais essayer de faire des efforts pour pas défoncer tous les pauvres gars qui croiseront ta route... et pas marquer ta peau comme un foutu animal.
- Si cela peux te rassurer alors marque moi, autant que tu voudras, fait-elle en plantant ses prunelles d'or sur lui. Aussi profondément que nécessaire...

Elle n'a plus faim.
Elle reste là, avec son assiette à moitié pleine et un sentiment perfide et larvé de n'être pas grand chose, si ce n'est rien, comparée à cette Daphnée.

- Mais…faut quand même que tu saches que si un autre type te matte comme l’a fait ce Matyas j’vais avoir du mal à me retenir de ne pas lui péter la gueule… j’crois que j’suis devenu très…jaloux.
- Très bien, alors je ne remettrais jamais ces vêtements.
- Hein ? Quoi ? J’écarquille les yeux en relevant la tête de mon assiette. Mais non enfin ! C’est pas du tout c’que j’ai voulu dire, c’était…j’suis pas… C’est pas que j’ai pas confiance en toi hein…
- Peut-être pas en moi... Mais en toutes les femmes. Et je suis une femme.
Son rire me déchire de l'intérieur. Littéralement. Comment j'me suis démerdé pour faire partir cette conversation en sucette ?
- Non c'est pas ça...
- Je ne remercie pas ton épouse.
- Ex. C’est mon ex-épouse Jolhane, que je corrige, la voix cassée.
- Passer après elle est... vraiment… vraiment difficile. Je sais déjà que je n'aurais jamais tes premières fois, et peut-être jamais ton coeur non plus. Mais si je n'ai même pas ta confiance....
- T'as ma confiance Nymphette ! Pleine et entière...Mais c’est…hum…un sujet…délicat. Faudra essayer de pas trop m’en vouloir et d’mon côté j’vais essayer de faire des efforts pour pas défoncer tous les pauvres gars qui croiseront ta route... et pas marquer ta peau comme un foutu animal.
- Si cela peut te rassurer alors marque moi, autant que tu voudras. Aussi profondément que nécessaire...

J’sens bien que j’suis en train de merder sur toute la ligne. J’me sens misérable. Foutrement misérable. Et j’ai l’impression de m’enfoncer encore plus, comme un salopard de la pire espèce. J’vois l’expression joyeuse de Nymphette fondre comme neige au soleil, tout ça grâce à ma suprême connerie et à mon manque évident de délicatesse, de tact et de psychologie.

J’me lève précipitamment, enfin autant que mon corps perclus le permet, et j’viens la rejoindre pour m’installer sur le tabouret qui se trouve à côté de sa place, le corps tourné vers elle. J’lui attrape les mains et j’me penche jusqu’à que nos visages soient face à face avec une légère grimace. J’cherche mes mots, j’ai peur de chier tellement dans la colle que j’finisse par la blesser plus encore ou par la perdre.

- Putain j’suis…j’suis désolé Nymphette. J’fais tout de traviole. J’voulais pas te blesser.
J’prends une grande inspiration et j’me lance.
- Daphné est mon ex-femme. C’est un fait que j’peux pas effacer. Et ouais, elle a fait des dégâts sur son passage parce que cette nana était, enfin est toujours, un putain de monstre d’égoïsme qui m’a jamais vraiment aimé. Pas moi tout entier. C’est pas en toi que j’ai pas confiance Nymphette, c’est en moi. Parce que j’ai pas été suffisant, tu vois ? Mais toi… t’es…tu m’acceptes comme je suis, ursidé compris. T'es la première femme à qui je peux montrer tous les aspects de ma nature... la première  avec qui j’peux être moi, avec qui j’ai pas à feindre ou cacher quoique ce soit. Et ça c’est…c’est précieux. Très précieux.
J’baise les dos de ses mains avec ferveur. C’est la première fois aussi que j’me sens aussi en paix…avec c’que je suis.
T’sais bien qu’j’attendais plus grand-chose de la vie…voire carrément rien et puis j’t’ai rencontré toi…les gosses et encore une fois, pour la première fois, à plus de quarante balais, j’ai compris à quel point j’crevais d’envie d’avoir une famille à moi, de les adopter tous. Même si j’sais que certains seraient moyen ravis, que j’ajoute avec un sourire. Je fouille son regard avant de poursuivre dans un souffle en venant caresser sa joue. Flippe pas hein… mais…j’ai même… tu vois quand Marnie se glisse entre nous, parfois…j’me dis que…enfin que ça serait chouette d’avoir un môme à nous. T’inquiète j’sais bien que c’est un vœu pieu mais c’est pour te dire… juste te dire à quel point j’envisage mon avenir autrement…grâce à toi, avec toi. J’passe une main nerveuse dans ma tignasse déjà bien ébouriffée. J’suis peut-être allé trop loin dans les confessions là…
Et pour tes nouveaux vêtements…mets-les s’il te plait. J’suis qu’un gros con, j’aurais simplement dû te dire c’que je pensais. C’est-à-dire que je te trouve magnifique sans rien sur le dos ou avec des vêtements pas à ta taille mais que là-dedans… j’prends le bas de son pull entre mon pouce et mon index, comme si j’savais plus quoi faire de mes mains, t’es juste renversante et j’suis le plus heureux des hommes de savoir que tu les portes en partie pour me faire plaisir. Le reste…on s’en fout.
J'laisse filer un long silence et déglutit difficilement.  Tu veux bien m’pardonner d’être aussi abruti ?

Même au plus proche, de lui, elle n'arrive pas à le regarder dans les yeux. Elle lui offre juste le spectacle de ses longs cils roux. Elle triture une mèche de cheveux qui finit à sa bouche, comme à chaque fois qu'elle se sent dépassée par ce qu'elle éprouve.

- Putain j’suis…j’suis désolé Nymphette. J’fais tout de traviole. J’voulais pas te blesser.

Elle regarde ses mains pâles, fines, cisaillées par les travaux manuels et l'archerie. Elles ont l'air à leur place, dans l'écrin de ses grosses pognes mâles, rugueuses, calleuses, écharpées par la vie.

- Daphné est mon ex-femme. C’est un fait que j’peux pas effacer.
- Je sais...
- Et ouais, elle a fait des dégâts sur son passage parce que cette nana était, enfin est toujours, un putain de monstre d’égoïsme qui m’a jamais vraiment aimé. Pas moi tout entier. C’est pas en toi que j’ai pas confiance Nymphette, c’est en moi.

Elle redresse la tête avec un froncement de sourcils.

- Parce que j’ai pas été suffisant, tu vois ? Non, elle ne voit pas. Elle ne comprend même pas qu'il puisse le penser. Mais toi… t’es…tu m’acceptes comme je suis, ursidé compris. T'es la première femme à qui je peux montrer tous les aspects de ma nature... la première avec qui j’peux être moi, avec qui j’ai pas à feindre ou cacher quoique ce soit. Et ça c’est…c’est précieux. Très précieux. T’sais bien qu’j’attendais plus grand-chose de la vie…voire carrément rien et puis j’t’ai rencontré toi…les gosses et encore une fois, pour la première fois, à plus de quarante balais, j’ai compris à quel point j’crevais d’envie d’avoir une famille à moi, de les adopter tous. Même si j’sais que certains seraient moyen ravis...

Jolhane a le coeur qui s'agite, qui bat plus vite, plus fort. Tout son être vibre au diapason de chaque mots prononcé. La gorge nouée, le regard humide, elle écoute la suite de sa confession.

-Flippe pas hein… mais…j’ai même… tu vois quand Marnie se glisse entre nous, parfois…j’me dis que…enfin que ça serait chouette d’avoir un môme à nous. Jolhane laisse échapper un petit rire étranglé qu'il interprète aussitôt négativement. T’inquiète j’sais bien que c’est un vœu pieu mais c’est pour te dire… juste te dire à quel point j’envisage mon avenir autrement…grâce à toi, avec toi.
- Moi aussi, souffle-t-elle avec une voix éraillée à peine audible, ça m'a traversé l'esprit. Elle déglutit, les joues chauffées à blanc. Je... Je me suis déjà demandé à quoi ça ressemblerait de porter ton enfant....

Mais il avait eu l'air si terrorisé par cette perspective, la seule fois où cela a concrètement été évoqué, qu'elle n'a plus jamais osé en reparler. Le sujet lui paressait bien trop tabou.
Un silence gêné s'ensuit. Sur la table le mouton refroidit.

- Et pour tes nouveaux vêtements…mets-les s’il te plait. J’suis qu’un gros con, j’aurais simplement dû te dire c’que je pensais. C’est-à-dire que je te trouve magnifique sans rien sur le dos ou avec des vêtements pas à ta taille mais que là-dedans…t’es juste renversante et j’suis le plus heureux des hommes de savoir que tu les portes en partie pour me faire plaisir. Le reste…on s’en fout.

Jolhane a des oursins dans la gorge. Elle chasse dignement ce trop plein d'humidité oculaire. Elle est secouée par un nouveau gloussement étouffé.

- L... Les filles de mon âge savent s'habiller, se maquiller, elles sont déja tombées amoureuses plusieurs fois... Moi... moi je sais juste tuer des monstres et survivre en milieu hostile. Alors.. je.. j'essaie de m'acclimater... d'apprivoiser un peu... Tout ça ... Enfin tu vois ? Je voulais essayer de.. de te séduire.

Elle se sent ridicule à présent que la chose est formulée tout haut. Un long silence s'ensuit que Magni brise finalement.

- Tu veux bien m’pardonner d’être aussi abruti ?
- Seulement si tu me promets de ne plus être aussi dur avec toi. Moi... Moi, tu me suffis. Tes défauts, tes immenses qualités, ton passé, ton ours... C'est tout cet ensemble qui ... qui me plait. Je ne suis pas parfaite, moi non plus... C'est pas grave... Nous sommes "nous." Soyons entiers et imparfaits ensembles... Tu veux bien ?

Elle a cette expression suppliante, peut-être un peu pathétique, mais d'une sincérité brute à toute épreuve.

- Moi aussi, ça m'a traversé l'esprit. Je... Je me suis déjà demandé à quoi ça ressemblerait de porter ton enfant...

J’en tremble un peu tellement j’suis ému. J’ai l’imagination qui part clairement en sucette et j’me prends à visualiser à quoi pourrait ressembler un p’tit être mi-elle mi-moi. Pourtant je sais bien que ça pourra pas se faire…ou alors … peut-être ? Plus tard. Après lui avoir exposé en long et en large c’que cet enfant risque d’être…d’avoir… J’suis trop épuisé pour réfléchir correctement de t’toute façon et puis on s’connait que depuis quelques temps…
Ouais sauf qu’on a plus vingt ans elle et moi.
Vaut mieux passer à un autre chose pour le moment, c’était pas l’sujet de toute façon.
J’m’excuse donc pour les vêtements parce que c’est juste adorable la façon qu’elle a eu de quémander mon attention et mon approbation. Voilà pourquoi j’la mérite pas.

- L... Les filles de mon âge savent s'habiller, se maquiller, elles sont déjà tombées amoureuses plusieurs fois... Moi... moi je sais juste tuer des monstres et survivre en milieu hostile.
- C’qu’est vachement plus utile quand même que d’savoir se tartiner la tronche de produits louches si tu veux mon avis, que j’ponctue avec un sourire.
- Alors.. je.. j'essaie de m'acclimater... d'apprivoiser un peu... Tout ça ... Enfin tu vois ? Je voulais essayer de.. de te séduire.

C’est juste…j’arrive même plus à aligner correctement mes pensées tellement je trouve ça touchant, tellement j’m’en veux de lui avoir fait croire que j’appréciais pas ses efforts. J’viens doucement poser ma grosse patte sur sa joue et mon pouce vient caresser sa pommette adorablement rouge. J’viens lui donner un long et profond baiser, j’tente de lui transmettre la véritable adoration que j’éprouve pour elle.
J’verrouille ensuite mon regard dans le sien, ma paume toujours callée contre sa peau duveteuse.

- T’as réussi Nymphette. Tu m’as séduit près du lac y’a des semaines. Quand j’ai réouvert les yeux sur ton beau visage le cul dans tes courges. Chaque jour qui passe à tes côtés. Quand on chasse ensemble. Tout à l’heure dans les bois. Ici et maintenant avec tes nouveaux vêtements. Tu me séduis partout. Tout le temps. Mais continue à me faire tourner la tête encore plus. J’adore ça.

J’laisse filer un temps et j’demande, penaud.

- Tu veux bien m’pardonner d’être aussi abruti ?
- Seulement si tu me promets de ne plus être aussi dur avec toi. Moi... Moi, tu me suffis. Tes défauts, tes immenses qualités, ton passé, ton ours... C'est tout cet ensemble qui ... qui me plait. Je ne suis pas parfaite, moi non plus... C'est pas grave... Nous sommes "nous." Soyons entiers et imparfaits ensembles... Tu veux bien ?

J’ai à nouveau la gorge toute serrée. Elle est bien la première à qui j’suffis. Mais c’est pas grave. Même si j’ai dû patienter 43 ans pour ça, ça valait le coup d’attendre Nymphette, de subir certaines épreuves pour la trouver au bout du chemin. J’viens caller mon front contre le sien et pousse un petit soupir, j’en profite pour me gaver de son odeur.

- Ok…ça me va. Nymphette je…j’veux qu’tu saches que t’es la plus belle chose qu’y m’sois arrivé dans la vie, t’entends ? La plus belle, la plus merveilleuse des rencontres.

J’conclue tout ça par un nouveau baiser et j’lui souris.

- Bon et avec mes conneries on va manger froid.

J’attrape finalement son assiette avec la mienne et part les réchauffer l’une après l’autre au micro-onde en boitillant un peu - j’ai les jambes raides – avant de la ramener à table. Cette fois, j’transvase mon couvert pour venir manger à côté d’elle.

- Salut belle gosse ! Ça t’ennuie si l’vieillard vient s’installer à côté de toi ? que j’badine parce j’arrive pas à rester bien sérieux longtemps en avalant mon mouton. Tu t'rends compte qu'on va avoir 3 jours et 3 nuits rien que pour nous ? On n'est pas obligé de dire aux mômes que la chasse a duré qu'un jour on est d'accord hein ? J'me demandais...t'as fait la demande pour être leur tutrice légale ? Ils sont vraiment tous...seuls au monde ?. En même temps, rien qu'à l'idée que l'un d'eux pourrait partir dans une famille lointaine j'en ai déjà une boule dans le ventre. Ouais, j'me suis beaucoup trop attaché à ces gosses...

- Ok…ça me va.

Jolhane éprouve un soulagement profond, à l'idée qu'ils progressent, même à tout petit pas.

- Nymphette je…j’veux qu’tu saches que t’es la plus belle chose qu’y m’sois arrivé dans la vie, t’entends ? La plus belle, la plus merveilleuse des rencontres.

Cette fois, elle a du mal à refluer une larme ou deux avec son petit rire strangulé.

- Tu tiens vraiment à me faire pleurer ? Tu trouves que le gigot est pas assez salé. Elle s'essuie les yeux entre deux gloussements humides.

Magni et Jolhane s'embrassent tendrement. Cahin-caha, ils finissent toujours, plus ou moins, par retomber sur leurs pieds.

- Bon et avec mes conneries on va manger froid.

Il se dresse -non sans craquements sinistres qui font grimacer la jeune femme- et fait faire un tour de manège à leurs assiettes dans le micro-onde. Elle le contemple, le coeur encore gros, le menton dans la paume, accoudé à la table.

- Salut belle gosse ! Ça t’ennuie si l’vieillard vient s’installer à côté de toi ?
- Il semblerait que la place soit libre...
- Tu t'rends compte qu'on va avoir 3 jours et 3 nuits rien que pour nous ? On n'est pas obligé de dire aux mômes que la chasse a duré qu'un jour on est d'accord hein ?
- Je crains que Ryan ne nous égorge s'il apprend qu'on en a profité pour s'offrir des vacances.
- J'me demandais...t'as fait la demande pour être leur tutrice légale ? Ils sont vraiment tous...seuls au monde ?

Elle s'accorde le temps de mâcher et d'avaler pour répondre convenablement. Elle avise la bouteille de vin rouge entamée que Jenna a laissé à leur intention. Elle la débouche et en propose silencieusement à son compagnon.

- Leurs familles sont mortes dans le brouillard : la plupart se sont transformés en chrysalides. Leurs proches parents sont soit aux abonnés absents, soit injoignables à cause de la quarantaine. Certains comme Ryan, sont des enfants issus de familles monoparentales et se retrouvent absolument seuls, d'autres comme Dairine ont des situations plus compliquées. Elle était élevée par sa grand-mère et sa mère est une prostituée toxicomane qui travaille dans le quartier chaud. Dairine m'a dit d'elle-même qu'elle ne voulait pas retourner au milieu je cite : "des piquouses et des teubs pas fraiches." Par acquis de conscience, je suis allée la voir avec Ciulin et... et elle a essayé de me vendre sa gosse.

Jolhane pousse un soupir et boit une gorgée de vin.

- Mais oui, la plupart sont absolument seuls ou rejetés par leur propre famille. J'avais réussi à contacter l'oncle de Declan par, exemple, mais il m'a fait savoir qu'il ne voulait pas d'un" infecté" chez lui. Tir Nà Nog a une réputation sulfureuse et personne ne souhaite se frotter à ce qu'il en sort. La jeune femme a un sourire un peu triste. Faire les démarches d'adoption sont compliquées quand... tu n'as aucune existence légale. Ciulin est en train de s'occuper de tout ça avec ses "associés". Je ne sais pas par quels moyens iel arrive à falsifier des papiers, mais iel semble avoir accès à de sacrées ressources...

Elle repose son verre et lui caresse la joue.

- Tu pourrais être leurs père, tu sais. Ils te voient tous déjà comme ça... William m'a demandé si il pouvait te choisir comme papa, la dernière fois. Marnie et lui étaient trop petits quand leurs parents sont morts. Ils ne se souviennent pas d'eux..... Tu ne m'as pas répondu, tout à l'heure... Est-ce que tu aimerais qu'on appelle ta mère ? Ensemble ? Elle... elle avait l'air de te manquer. Elle lui presse la main. Bon, et si il te faut une excuse, j'ai la recette d'un bain aux herbes à lui demander. ajoute-t-elle avec un sourire en coin.

- J'me demandais...t'as fait la demande pour être leur tutrice légale ? Ils sont vraiment tous...seuls au monde ?

On reprend la dégustation du repas et j’approuve du chef pour un p’tit verre de rouge. Après j’suis déjà dans un sale état, un peu d’vin pourra pas me faire du mal.  
Elle m’explique les recherches qu’elle a effectuées avec Ciulin et le comportement dégueulasse de la mère de Dairine me fait plier la fourchette dans ma main.

- Oups, j’la remets d’aplomb vite fait. Ca me débecte ce comportement de merde…pov gosse…Putain…dans vot’ malheureux à tous j’me dis que vous avez quand même eu la chance de tomber les uns sur les autres. Tu leur donnes bien plus d’amour et d’attention qu’ils en auraient jamais eu dans leurs familles de sang.

J’viens lui donner un bécot sur la joue.

- Mais oui, la plupart sont absolument seuls ou rejetés par leur propre famille. J'avais réussi à contacter l'oncle de Declan par, exemple, mais il m'a fait savoir qu'il ne voulait pas d'un" infecté" chez lui.
- Bah tiens ! Toutes les excuses sont bonnes pour pas s’occuper d’un gosse…
- Tir Nà Nog a une réputation sulfureuse et personne ne souhaite se frotter à ce qu'il en sort. Faire les démarches d'adoption est compliqué quand... tu n'as aucune existence légale.
- Ah oui…j’suis con… j’avais oublié ce détail.
- Ciulin est en train de s'occuper de tout ça avec ses "associés". Je ne sais pas par quels moyens iel arrive à falsifier des papiers, mais iel semble avoir accès à de sacrées ressources...

Une caresse sur la joue me fait lever le museau de mon gigot que j’suis en train de saucer avec un morceau de pain. Ne pas en laisser une miette, j’prends ça de façon littérale.

- Tu pourrais être leur père, tu sais.
- Quoi ?
J’écarquille les yeux et j’repose doucement mon pain dans l’assiette.
- Ils te voient tous déjà comme ça... William m'a demandé s’il pouvait te choisir comme papa, la dernière fois.
- Je…ah ouais ? que j’murmure faiblement, le cœur si serré que j’en ai mal. Ces gosses vont finir par me tuer… ou Nymphette au choix… Papa hein... le mot est...doux à mes oreilles et me liquéfie de l'intérieur.
- Marnie et lui étaient trop petits quand leurs parents sont morts. Ils ne se souviennent pas d'eux...
Je tourne à nouveau la tête et observe mes mains en déglutissant plusieurs fois pour faire passer le hérisson qui s’est logé dans ma gorge.
- L’idée…foutu hérisson…casse-toi ! L’idée est chouette. Vraiment chouette…mais tant que j’ai pas réglé mon problème avec l’Ours…vaut mieux pas que j’promette quoique ce soit…j’redresse le menton pour la fixer dans les yeux, le regard un peu triste, à quiconque. J’veux pas leur faire miroiter un truc qui tiendra p’t-être pas. Mais…si ça se fait un jour… j’voudrais leur demander avant… à chacun. C’qui risque franchement l’un des moments les plus intenses de ma vie. Faut quand même qu’il sache que techniquement ils devront s’appeler Magnisson ou Magnisdottir, que j’reprends avec un ricanement amusé. Tu parles d’un cadeau toi ! Ça fait loin d’être irlandais. J’me calle contre le dossier de la chaise en grinçant encore de partout, le sourire aux lèvres alors que j’triture ma pauvre serviette couleur crème. Remarque j’ai hâte de voir la gueule de Riri si j’lui propose un jour juste pour le fun ! Il est majeur donc c'est plus un soucis pour lui...
 
- Tu ne m'as pas répondu, tout à l'heure... Est-ce que tu aimerais qu'on appelle ta mère ? Ensemble ? Elle... elle avait l'air de te manquer. Bon, et s’il te faut une excuse, j'ai la recette d'un bain aux herbes à lui demander.

J’lui rends son sourire et presse doucement la main qu'est venue se loger dans la mienne.

- Ouais…ouais elle me manque… il me manque tous en fait mais…avant qu’on s’quitte quand mon père m’a sorti de la merde avec l’Ours après…après c’qui s’est passé avec mon ex. Il m’a plus ou moins demandé de plus contacter la famille. J’hausse les épaules. Comme pour lui j’étais condamné à crever de toute façon, j’pense qu’il leur a raconté que j’suis déjà mort. C’est sans doute plus simple pour tout le monde. Ça explique aussi pourquoi moi j’ai jamais reçu de nouvelles non plus… Du coup… j’ai pas tellement envie de lui causer un choc ou …
J’passe mes deux mains dans ma tignasse et pose les coudes sur la table.
- Mais putain ouais…j’aimerais bien juste entendre leurs voix. J’ai le numéro d’mes vieux inscrit sur mon portable mais j’ai…j’ai jamais vraiment eu le courage de les contacter. J’lui sourit doucement. Si t’arrives à lui arracher sa recette, j’vais vraiment être obligé de d’demander en mariage, histoire qu’elle reste dans la famille.

Jolhane l'avait soupçonné, mais découvre à quel point Magni est un homme déraciné, en soif de connexions. Le bannissement et la solitude l'ont rendu craintif, peut-être un peu lâche, mais ces dernière semaines passées dans un environnement qui a tout d'une vraie famille nombreuse a révélé sa fibre paternelle. Il est fait pour ça, il a besoin de ça. La jeune femme en est désormais convaincue. Cela le rend plus désirable à ses yeux, encore.

- Ouais…ouais elle me manque… il me manque tous en fait mais…avant qu’on s’quitte quand mon père m’a sorti de la merde avec l’Ours après…après c’qui s’est passé avec mon ex. Il m’a plus ou moins demandé de plus contacter la famille. Comme pour lui j’étais condamné à crever de toute façon, j’pense qu’il leur a raconté que j’suis déjà mort.

"Une mère sent ces choses." remarque Ghimbir. "Quelque soit l'animal..."

- Je ne pense pas que ta mère l'ai cru, abonde l'humaine. Il y a des choses qu'on n'explique pas entre une mère et ses enfants. Et même si c'est le cas, ne crois-tu pas qu'elle aimerait savoir la vérité ?
- C’est sans doute plus simple pour tout le monde. Ça explique aussi pourquoi moi j’ai jamais reçu de nouvelles non plus… Du coup… j’ai pas tellement envie de lui causer un choc ou …
-... de la joie ? Ta mère me semble une personne solide, une femme de caractère, d'après ce que tu m'en dis. Elle saura encaisser ta "résurrection."
- Mais putain ouais…j’aimerais bien juste entendre leurs voix. J’ai le numéro d’mes vieux inscrit sur mon portable mais j’ai…j’ai jamais vraiment eu le courage de les contacter. Si t’arrives à lui arracher sa recette, j’vais vraiment être obligé de d’demander en mariage, histoire qu’elle reste dans la famille.
- Tu sais à quel point j'aime les défis...s'amuse-t-elle avec un froncement de nez espiègle. Si en plus tu me donnes ce genre de motivations... Elle se lève de sa chaise, lui écarte gentiment les bras et s'assoie sur ses genoux. Elle s'arrime à son cou et lui gratte tendrement la barbiche. Voilà ce qu'on va faire : Je vais faire du thé, réchauffer les parts de crumble et on va monter dans notre chambre avec un plateau. Là, je vais appeler tes parents et mettre sur haut-parleur. Elle pose délicatement ses lèvres sur les siennes. Et j'extorquerais les ingrédients de ce remède fabuleux à ta mère. Nouveau baiser. Et ensuite, on roule à tombeau ouvert jusqu'à l'église, on réveille le prêtre et tu m'épouses. Profitons que tu sois diminué pour que tu ne puisses pas fuir à toutes jambes.

Elle éclate d'un rire musical.

- Mais je suis sérieuse... Au moins pour la première partie du "plan". Qu'est-ce que tu en penses ?

- Tu sais à quel point j'aime les défis...
J’lui décoche un petit sourire rusé de ma composition.
- Je sais ouais…
- Si en plus tu me donnes ce genre de motivations...
- On appelle ma mère "Dreki" ça vaut dire le dragon.

Je ricane un peu…on sait tous les deux qu’j’suis pas vraiment sérieux mais ça nous plait de le croire quand même.  
Elle vient soudain s’assoir sur mes genoux et j’me crispe un peu, non pas que j’aime pas ça, mais les muscles de mes cuisses protestent un peu. Pas grave…ça m’empêche pas de la serrer contre moi et de ronronner sous ses gratouilles.

- Voilà ce qu'on va faire : Je vais faire du thé, réchauffer les parts de crumble et on va monter dans notre chambre avec un plateau.
- J’suis pas certain d’arriver à monter mais on va essayer. Sinon j’suis d’accord.
- Là, je vais appeler tes parents et mettre sur haut-parleur.
- T’as envie d’entendre causer islandais ? j’ironise avec une petite grimace vite effacer par sa bouche qu’elle vient poser sur la mienne. J’l’installe plus confortablement sur mes genoux et imbrique son bassin contre le mien. Voilà. Là c’est parfait.
- Et j'extorquerais les ingrédients de ce remède fabuleux à ta mère. Elle m’embrasse avant que je puisse dire quoique ce soit et mes mains retrouvent automatiquement le chemin de son charmant postérieur. Et ensuite, on roule à tombeau ouvert jusqu'à l'église, on réveille le prêtre et tu m'épouses. Profitons que tu sois diminué pour que tu ne puisses pas fuir à toutes jambes.

Elle rit de ses conneries et j’secoue la tête en joignant mes gloussements aux siens.

- Un prêtre de quoi exactement ? Et puis t’as franchement envie de te coltiner mon nom de famille imprononçable ? Ouais pour toi ça sera Oxärsson quand même Nymphette, pas de bol hein !

Jolhane Oxärsson…en vrai…ça sonne plutôt bien. C’est mon paternel qui risque de faire une attaque s’il apprend qu’j’épouse encore une étrangère. Remarque si j’lui dis qu’y’à dix enfants derrière…lui qui voulait des p’tits-enfants …tadaaa cadeau pabbi !

- Mais je suis sérieuse... Au moins pour la première partie du "plan". Qu'est-ce que tu en penses ?
- Je sais pas…on peut déjà commencer l’ascension des escaliers, si ça se trouve j’y survivrai même pas alors…

J’me lève on la soulevant avec moi et j’l’embrasse à pleine bouche. Parler mariage, enfant c’est…un poil trop pour cette fin de journée. Quant à appeler ma famille… ? Pourquoi pas ? J’y pense depuis tellement longtemps !
J’fais glisser Nymphette au sol et l’observe pendant qu’elle prépare notre plateau. J’essaie de ranger un peu notre bazar, habitude prise depuis quelques semaines et on se traine - enfin surtout moi – vers l’escalier.

On salue et souhaite une bonne nuit au couple de proprio au passage et mon attention est attirée par la terrasse à l’arrière de la baraque ou je vois un large jacuzzi qui y trône fièrement, de la vapeur s’échappant de l’eau sans doute super chaude. Ouuuuh en voilà un charmant appareil ! Et qui pourrait me faire beaucoup de bien en plus. C’est complètement thérapeutique comme idée.
La montée est infernale et j’suis à deux doigts de me foutre à quatre pattes pour me trainer là-haut. Mais j’arrive quand même au premier étage en soufflant comme un bœuf, pâle comme un mort.

La porte de la chambre à peine ouverte, j’me jette sur le lit en grognant et j’me roule en boule.

- Heureusement que le lit est grand parce que ça va pas être une partie de plaisir de dormir avec moi ce soir…et p’t-être les nuits suivantes non plus…Si tu préfères que j’prennes une chambre à moi j’comprendrais totalement, t’sais, que je baragouine la gueule contre le matelas.

J’ai plus la force de rien et j’sens mes muscles se contracter tout seul. J’me redresse soudain en sifflant de douleur quand j’suis terrassé par de multiples contractures dans les jambes.

- Putain de merde ça commence ! C’est rien de grave t’inquiète. Juste…des putains…de contractures.

Mâchoires serrées, j’masse mes jambes devenues aussi dures que de la pierre.

- Je sais pas…on peut déjà commencer l’ascension des escaliers, si ça se trouve j’y survivrai même pas alors…
- Songe à ton épitaphe : "Il quitte les feux de la rampe en manquant la dernière marche".

Magni fait taire son hilarité par un prodigieux baiser. C'est sans doute la meilleure façon d'obtenir le silence.
La montée est effectivement un calvaire pour le guerrier fourbu. Jolhane passe devant pour déposer le plateau sur la table de chevet et revient l'aider précipitamment. Son homme s'écroule comme un sac dans le moelleux de la couette. Il est exsangue.

- Heureusement que le lit est grand parce que ça va pas être une partie de plaisir de dormir avec moi ce soir…et p’t-être les nuits suivantes non plus…Si tu préfères que j’prennes une chambre à moi j’comprendrais totalement, t’sais,
- Ne dis pas de bêtises...Fait-elle en sortant du sac un pot aplatit de la taille d'un tupperware pour une portion.

Elle sursaute en entendant Magni couiner de douleur et siffler entre ses dents. Il se tient la jambe, le visage crispé.

- Putain de merde ça commence !
- Quoi ?! s'inquiète-t-elle, en venant s'asseoir sur le bord du lit.
- C’est rien de grave t’inquiète. Juste…des putains…de contractures.
- Essaie de rester allongé, je vais m'en occuper.

D'un mouvement leste, elle défait sa boucle de ceinture, fait rouler son jean sur ses cuisses aussi délicatement que possible et parvient finalement à lui retirer. Elle dévisse le couvercle du pot qu'elle tient dans la main et une très forte odeur herbacée se répand dans l'air.

- C'est l'onguent que Ciulin avait déposé la première fois, explique-t-elle. On ne l'a jamais utilisé, tu avais déjà cicatrisé. Mais d'après ellui, c'est un remède super efficace pour n'importe quel type de bobos.

Jolhane en prend une large quantité qu'elle fait chauffer entre ses paumes. Elle s'applique ensuite à masser les muscles, démontrant des connaissances anatomiques certaines. Elle dénoue avec force et doigté chaque crampe qu'elle trouve sur son passage. Le baume pénètre profondément, échauffe les chairs, active la circulation sanguine et semble prodiguer un soulagement immédiat. Des bienfaits spectaculaires qu'on pourrait presque qualifier de surnaturels. La jeune femme croit se rappeler que c'est le beau-frère de Ciulin qui l'a confectionné : un herboriste et alchimiste chevronné quelque peu excentrique.

- Ca va mieux... ? demande-t-elle après un moment à s'affairer sur lui et en passant sur l'autre jambe.

- C’est rien de grave t’inquiète. Juste…des putains…de contractures.
- Essaie de rester allongé, je vais m'en occuper.

Elle retire délicatement mon pantalon et j’serre les dents tellement je douille.
- J’pourrais prendre des anti-douleurs pour faire passer un peu la souffrance mais mon père à toujours refuser que les Berserker qu’il chapeaute se servent d’opiacés. Pourtant ça serait clairement pas du luxe. Mais pour lui, c’qu’on ressent après les grosses transes, c’est une sorte de rappel pour qu’on en abuse pas. Et pour qu’on se souvienne malgré tout qu’on est des humains. Malgré notre force, notre violence et notre bestialité…on est pas invincible. Et j’suis globalement assez d’accord avec ce principe. J’le trouve même assez sain au final. Même si on déguste sévère. J’t’explique des fois qu’tu m’trouves un poil maso.

Nymphette ouvre une sorte de boite dont le fumet me fait froncer le nez.
- C’est quoi c’truc ? Ça sent la pourriture végétale.
- C'est l'onguent que Ciulin avait déposé la première fois. On ne l'a jamais utilisé, tu avais déjà cicatrisé. Mais d'après ellui, c'est un remède super efficace pour n'importe quel type de bobos.
J’peux pas m’empêcher de ricaner un peu.
- Sinon y’a les bisous magiques hein…tant qu’on y est ! Mais allons-y ! Qui ne tente rien n'a rien, pas vrai ?

Mais Nymphette prend son rôle d’infirmière très au sérieux et elle commence à masser mes muscles raidis, trouve chaque crampe qui semble fondre sous ses doigts. J’sens le baume chauffer agréablement et pénétrer la peau. Au bout de quelques minutes de massage ferme mais doux ma jambe droite reprend assez de souplesse pour que j’puisse la plier un peu. Mes os me font toujours un mal de chien mais c’est largement supportable.
Quand elle passe à la seconde jambe et que l’action de la crème commence à faire son effet aussi, j’me détend enfin un peu. Assez pour noter que vu la façon dont elle s’est penchée j’ai une superbe vue. Quoi ? J’aime bien allier l’utile à l’agréable. J’finis par me laisser tomber sur le lit, les bras en croix en poussant un soupir de soulagement.

- Ca va mieux... ?
- Grave mieux ouais ! Bénis soient Ciulin et c’truc qui pue ! J’sais pas combien de temps ça va durer mais bordel j’en veux des pots entiers.

Quand elle finit la deuxième jambe, j’me redresse pour venir la harponner en la tirant par son joli p’tit pull jusqu’à ce qu’elle tombe sur le lit.

- Viens par là, que j’remercie mon infirmière sexy comme il se doit.

J’l’oblige à s’allonger à côté de moi et j’me dresse au-dessus d’elle, l’emprisonnant plus ou moins entre mes bras. Mon nez vient frotter contre le sien puis j’descends sur sa bouche ou j’dépose un simple baiser

- Merci Infirmière Jolhane Doe, vous avez été d'une efficacité redoutable que je susurre de ma plus belle voix de velours avant de dévaler sa gorge largement dénudée où j’inspire à fond son parfum.
- Mmmm j’adore ton cou, Nymphette, j’crois bien que j’pourrais y passer une éternité ou deux…
J’picore sa peau de tendres bécots.
- On va penser que j’te violente avec toutes ses marques. Faudrait que tu me fasses les mêmes, que je suggère d’un air taquin. Histoire qu’on soit à égalité.

Un cran en-dessous, j’trouve un téton tendu à souhait et encore protégé par sa barrière de tissu, c’qui m’empêche pas de refermer mes lèvres dessus. J’redresse ensuite la tête, une lueur ardente dans l’regard.

- Il est où mon dessert déjà ?

Mes yeux tombent sur mon portable jeté négligemment sur la table de chevet et la suggestion de Nymphette me revient. J’me hisse à nouveau vers les oreillers et l’attrape machinalement, réfléchis quelques secondes mais note finalement l’heure. 23h10. J’le repose lentement.

- Il est un peu tard pour ce soir j’crois. Y’a qu’une heure de décalage avec mon île.

- Viens par là, que j’remercie mon infirmière sexy comme il se doit.

Magni l'attire à lui et elle n'a pas d'autre choix que de se laisser choir, préservant la literie de ses mains poisseuses de baume.


- Merci Infirmière Jolhane Doe, vous avez été d'une efficacité redoutable
- Idiooot! proteste-t-elle faiblement. J'ai pas fini... Il faut que je masse le reste de tes muscles et à ce qu'il me semble tu en as dans tout le corps.
- Mmmm j’adore ton cou, Nymphette, j’crois bien que j’pourrais y passer une éternité ou deux…

Elle frissonne de contentement mais bougonne pour la forme.

- Arrête....Tu me chatouilles... gémit-elle sur un ton qui laisse entendre tout autre-chose.
- On va penser que j’te violente avec toutes ses marques. Faudrait que tu me fasses les mêmes, Histoire qu’on soit à égalité.
- Je crois que tu t'es pas bien examiné le dos... Les trous c'est Matyas... mais les lacérations c'est moi...... déclare-t-elle avec morgue.

Quand Magni vient taquiner sa poitrine dardée avec fierté, la jeune femme se tend d'un coup. Un hoquet voluptueux passe la barrière de ses lèvres. Elle darde sur lui une oeillade fiévreuse.

- Magni ! s'insurge-t-elle.
- Il est où mon dessert déjà ?
- Crétin d'ours... fait-elle avec un sourire.

L'imbécile en question jette un regard vers la table de chevet où attendent patiemment leurs tasses de thé fumant et leurs parts de crumble. Il attrape son portable et matte l'heure.

- Il est un peu tard pour ce soir j’crois. Y’a qu’une heure de décalage avec mon île.
- On fera ça demain, quand tu auras passé une bonne nuit de sommeil, fait-elle avec douceur. Encore faudrait-il que tu me laisses terminer mes soins ? ponctue t'elle avec un haussement de sourcil.

- Arrête....Tu me chatouilles...
- Ah ouais ? Merde j’suis vraiment pas doué alors parce que c’est pas ça que j’croyais obtenir. On va penser que j’te violente avec toutes ses marques. Faudrait que tu me fasses les mêmes, Histoire qu’on soit à égalité.
- Je crois que tu t'es pas bien examiné le dos... Les trous c'est Matyas... mais les lacérations c'est moi...
Je ricane un peu devant son ton incisif.
- J’ai pas des yeux dans le dos Nymphette. Et j’te prie de pas me parler des marques de c’connard ça tue le mood, tu vois, que je déclare tranquillement. L’ennui c’est que j’cicatrice vite, du coup va falloir repasser dessus très, très, très régulièrement.

Le hoquet que j’lui arrache me fait sourire contre sa poitrine, tout comme son p’tit regard. J’commence à bien l’connaitre…

- Magni ! s'insurge-t-elle.
- Il est où mon dessert déjà ?
- Crétin d'ours...
- Et fier de l’être.

Je jette un dernier coup d’œil au téléphone comme s’il allait soudain me sauter à l’oreille et composer le numéro tout seul.
- On fera ça demain, quand tu auras passé une bonne nuit de sommeil.
- Ouais…ouais p’t-être. Sauf si mes couilles se barrent pendant la nuit. Et dans l'optique où j’arrive à pioncer évidemment.
- Encore faudrait-il que tu me laisses terminer mes soins ?
- Tu veux vraiment me badigeonner de c’truc partout ? Bah après tout, c’est franchement pas désagréable.
Mais c’est quand même avec un peu de regret que j’m'écrase à côté d’elle et commence à déboutonner ma chemise.
- Fais c’que tu veux de moi femme ! D’façon c’est pas comme si pouvait m’échapper bien loin. Mais sache que j’te trouve beaucoup trop sérieuse comme infirmière. Tu veux que j’enlèves le calbut aussi ou ça va aller ?
Je demande ça en toute innocence évidemment !

J’fais le con mais j’sens effectivement les prémices des joyeusetés dans mes bras aussi qui se raidissent un peu quand j’retire doucement ma chemise. Elle recommence à me masser et j’ferme les yeux de bonheur. Faut quand même avouer que c’est vachement plus sympa que de passer mes après-transes seul dans ma bagnole, rouler en boule, le front en sueur en attendant que ça passe.
Comme le « patient » pas franchement discipliné qu’je suis, j’attrape la main de Jolhane encore occupée et en baise le dos à moitié groggy.

- T’es merveilleuse, Nymphette. Absolument merveilleuse… T’sais que si j’appelle mes vieux demain tu comprendras pas grand-chose à c’qu’on va se raconter…

- Tu veux vraiment me badigeonner de c’truc partout ?
- J'y tiens, oui. Je suis certaine de t'aider à mieux dormir de cette manière et à apprécier un peu plus quand le soleil se lèvera...
- Bah après tout, c’est franchement pas désagréable.
- Bien... J'apprécie que vous vous montriez enfin un peu moins récalcitrant , cher patient, fait-elle avec une petite moue de cheftaine satisfaite qu'on lui obéisse.

Jolhane se redresse pendant qu'il retire péniblement sa chemise et prend une nouvelle noix d'onguent qu'elle pétrit entre ses paumes.

- Fais c’que tu veux de moi femme !
Elle glousse et lui susurre un : "J'y compte bien..."
-D’façon c’est pas comme si pouvait m’échapper bien loin. Mais sache que j’te trouve beaucoup trop sérieuse comme infirmière. Tu veux que j’enlèves le calbut aussi ou ça va aller ?
- Oh, non !le rassure-t-elle. Je trouverais bien le moyen de m'en dépêtrer toute seule...

Sourire entendu, alors qu'elle se positionne à califourchon sur ses hanches. Elle s'attaque au bras droit qu'elle masse de l'épaule aux phalanges, et réplique les mêmes gestes sur le bras gauche. Son expression concentrée sur la tâche et balayé par un rideau de cheveux roux qui se balancent au gré de chaque mouvement. Elle vient ensuite dénouer les fibres musculaires de son torse.

- T’es merveilleuse, Nymphette. Absolument merveilleuse… fait Magni en lui bécotant le dos des mains.
- Répète-le encore, je ne suis pas certaine d'avoir tout saisi... s'amuse-t-elle. Son timbre est doux. Elle n'élève nullement la voix pour contribuer à ce qu'il se détende pleinement.
- T’sais que si j’appelle mes vieux demain tu comprendras pas grand-chose à c’qu’on va se raconter…
- Ils ne parlent pas un mot d'anglais ? Je croyais que tout le monde le pratiquait aussi bien que sa langue natale dans les pays nordiques. Brainy le prétend, en tous les cas. Elle se redresse sur ses genoux. Retourne-toi, je vais faire le dos... Une fois qu'il a consenti à s'exécuter, elle poursuit son ouvrage avec la même patiente dextérité. Au pire, tu me traduiras. Fidèlement.

Elle parvient à son auguste fessier et recule à cheval sur ses cuisses pour pouvoir lui retirer son sous-vêtement. Elle s'attarde avec un mordillement de lèvre gourmand, sur le galbe charnu et ferme... et un peu au delà.

-J'ai confiance en toi pour ne pas trahir l'esprit de vos échanges.... n'est-ce pas ?

- T’es merveilleuse, Nymphette. Absolument merveilleuse…
- Répète-le encore, je ne suis pas certaine d'avoir tout saisi...
C’est c’que je fais entre chaque baiser sur ses mains, ses poignets, ses avant-bras. J’lui répète en islandais puis en anglais.  
- T’sais que si j’appelle mes vieux demain tu comprendras pas grand-chose à c’qu’on va se raconter…
- Ils ne parlent pas un mot d'anglais ? Je croyais que tout le monde le pratiquait aussi bien que sa langue natale dans les pays nordiques. Brainy le prétend, en tous les cas.
- Vous avez discuté de ça ? Il a raison mais ça risque d’être compliqué de leur expliquer pourquoi ils devraient parler anglais avec moi… j’veux dire pour le premier coup d’fil j’me vois mal leur dire que ma nana irlandaise écoute notre conversation.
Mes mains se baladent librement sur ses jambes que je caresse avec douceur.
- J’tiens à ce qu’ils te trouvent aussi renversante que moi. On va donc attendre avant d’leur dire que t’es aussi espionne et voleuse sur les bords.
- Retourne-toi, je vais faire le dos...
J’m’exécute docilement et pose ma tête sur mes bras, avec une moue contrariée.
- J’préférais la vue avant, que je bougonne.
- Au pire, tu me traduiras. Fidèlement.
- Mais évidemmmment… que je réponds avec un p’tit rictus rusé.  

Les tensions dans tous mon corps finissent par plier sous ses doigts habiles et je soupire de bonheur avant d’esquisser un sourire coquin quand j’la sens descendre doucement mon sous-vêtement et c’est un autre genre de gémissement qui m’échappe quand elle pétrit mes fesses.
- T’étais pas obligée d’aller jusque-là…que j’souffle, ravi. Mais j’apprécie.

Même un peu trop. Putain j’ai l’impression d’être redevenu un ado. Un ado dopé aux hormones qu’a juste envie de faire un gros fuck à l’Ours, la fatalité, à Daphné et…à tout le reste en fait ! Nymphette a le don de me faire éprouver la paix la plus complète suivi par l’envie de galipettes la plus brute. C’est…un peu étourdissant pour moi qu’est plus rien ressenti d’aussi fort depuis…bah j’sais même plus quand.
Bon allez, tu te contrôles mon gars ! Y’a pas que ça dans la vie hein… dommage…
En même temps on fait que rattraper des privations qui durent des semaines…

- J'ai confiance en toi pour ne pas trahir l'esprit de vos échanges.... n'est-ce pas ?

Voilà revenir vers le sujet d’mes parents. C’est bien ça. Ça m’aide !

- J’suis même choqué que tu puisses penser qu’j’suis capable du contraire ! De toute façon…qu’est-ce que tu veux que j’te cache ? J’suis nul en mensonge et tu sais déjà presque tout d’moi.
Sauf comment mon mariage s’est fini exactement. Mais elle connait l’Ours, j’pense pas que ça la choquera plus que ça…hein ?
- J’espère juste…qu’ils seront contents d’m’entendre. Pourquoi…pourquoi c’est si important pour toi, que j’le fasse, j’veux dire ?  
J’la fais soudain basculer sur le côté d’un coup de rein et j’m’empresse de venir bloquer tout retraire en la bloquer de ma grande carcasse repue de caresses et de soins attentifs. J’calle mon bassin contre le sien de sorte qu’elle loupe pas grand-chose de mon « état ».
- Alors ce désert… ? Mon regard se promène lentement sur c’que j’peux apercevoir de son corps et j’me lèche les babines. Le crumble a l’air…délicieux !

- T’étais pas obligée d’aller jusque-là...Mais j’apprécie.
- J'aime faire les choses en profondeur, répond-t-elle avec un sourire en coin. J'ai confiance en toi pour ne pas trahir l'esprit de vos échanges.... n'est-ce pas ?
- J’suis même choqué que tu puisses penser qu’j’suis capable du contraire ! De toute façon…qu’est-ce que tu veux que j’te cache ?
- Rien... Tu ne peux rien me cacher, abonde-t-elle avec une caresse appuyée sur une certaine partie tendre entre ses cuisses.
-.... J’suis nul en mensonge et tu sais déjà presque tout d’moi.
- Presque ? Nouvelle incursion délictueuse.
- J’espère juste…qu’ils seront contents d’m’entendre.

Jolhane sourit tendrement.

-  On ne pourra jamais savoir avant d'avoir essayé.
- Pourquoi…pourquoi c’est si important pour toi, que j’le fasse, j’veux dire ?
- AH!

La jeune femme chute sur le matelas et se retrouve prisonnière de son patient indocile.

- T'es incapable de rester tranquille, hein ?

Elle savoure avec une satisfaction évidente la formidable érection qu'elle vient de provoquer.

- Alors ce déssert… ? Le crumble a l’air…délicieux !
- Il y a encore une partie de ton corps que je n'ai pas massé, tu sais ? fait-elle remarquer avec une expression mutine. Tu ne veux pas que je m'en occupe avant que tu dégustes ton crumble ?

Un silence, elle vient lentement se pendre à son cou. Elle le contemple de ces grands yeux d'or. L'étincelle dans ses prunelles n'est pas uniquement due à leur libido exacerbée par l'urgence. Elle crépite d'une affection réelle. Puissante.

- Je veux simplement que tu sois heureux, Magni. Je crois que ça passe par renouer avec ta famille : contrairement à moi, les tiens te manquent. Tu as laissé des affaires en suspend qui continuent de te hanter. Règle-les... pour le meilleur ou pour le pire, et tu n'auras plus cette culpabilité qui te ronge...

- T'es incapable de rester tranquille, hein ?
- T’as l’air de le découvrir que maintenant…et puis tu t’attendais à quoi à me tripoter comme ça hum ?

Elle a un p’tit air satisfait que j’m’empresse de transformer en pressant d’un coup de rein entre ses cuisses.
- Alors ce désert… ? Le crumble a l’air…délicieux !
- Il y a encore une partie de ton corps que je n'ai pas massé, tu sais ?
J’la contemple, ébloui que cette femme fabuleuse me laisse l’embrasser, la toucher, être si…accro à nos corps à corps plutôt mouvementés puis mon regard se fait plus animal.
- Tu ne veux pas que je m'en occupe avant que tu dégustes ton crumble ?
J’me penche vers elle, dépose une pluie de baisers humides sur sa gorge, son cou, sa mâchoire, avant de remonter jusque son oreille.
- J’te l’ai dit Nymphette, tu fais de moi c’que t’as envie. J’passe un petit coup de langue sur son lobe. Mais comme tu le vois, j’me sens gourmand ce soir…j’suis pas contre le fait de savourer deux desserts.

Elle passe ses bras autour de mon cou et me dévisage avec attention, ses yeux dorés fixés sur moi. J’déglutis devant l’intensité de son regard et caresse sa joue du dos de la main.

- Je veux simplement que tu sois heureux, Magni.
- J’le suis. Bien plus que j’l’ai jamais été.
- Je crois que ça passe par renouer avec ta famille : contrairement à moi, les tiens te manquent. Tu as laissé des affaires en suspend qui continuent de te hanter. Règle-les... pour le meilleur ou pour le pire, et tu n'auras plus cette culpabilité qui te ronge...

Ses mots font évidemment mouche. Mon front chute sur son épaule.
- J’sais pas exactement à quoi j’m’attends, tu vois ? J’sais pas…s’ils pourront me pardonner.
J’me laisse à nouveau tomber sur le dos.
- J’les ai abandonné ou en tout cas volontairement mis d’côté alors qu’ils avaient raison sur toute la ligne. Daphné et moi…c’était couru d’avance que ça marcherait pas. Tout le monde l’a vu sauf moi. Il m’a fallu beaucoup d’temps pour le comprendre. J’ai été…égoïste. Mon frère…j’passe ma main sur mon visage…j’lui avais promis d’être toujours là pour lui, que lui et moi c’était à la vie à la mort… Ah bah elles sont belles mes promesses hein ! J’tourne la tête vers Nymphette. J’sais pas trop comment j’réagirai si… s’ils me repoussent ou refusent carrément d’me parler. Ils auraient toutes les raisons de le faire. Faudra que j’mette tout ça définitivement derrière moi.
Ma paluche cherche la sienne, la serre avec force. J’deviendrais définitivement Magni le déraciné, la paria. J’mériterai même plus mon nom.
J’approche nos mains enlacées de ma bouche et en baise les phalanges en souriant.
- Heureusement que nos chemins se sont croisés, Jolhane Doe. T’as pas idée d’à quel point j’me sentais seul avant de te rencontrer. Et même si…si demain j’dois enterrer toute possibilité de renouer avec les miens. Je sais que d’autres personnes m’attendent… à la maison.        
Une autre famille. Un autre clan.

- J’sais pas exactement à quoi j’m’attends, tu vois ? J’sais pas…s’ils pourront me pardonner.

Jolhane lui chatouille délicatement la nuque.

- Je ne le sais pas non plus. Mais tant que tu ne t'y confronteras pas, tu ne sauras pas.

Il roule sur le coté, le regard rivé au plafond. La jeune femme se tourne sur le flanc et surélève sa joue sur un coude. Elle joue distraitement avec sa barbe.

- J’les ai abandonné ou en tout cas volontairement mis d’côté alors qu’ils avaient raison sur toute la ligne. Daphné et moi…c’était couru d’avance que ça marcherait pas. Tout le monde l’a vu sauf moi. Il m’a fallu beaucoup d’temps pour le comprendre.
- Tu étais amoureux de cette femme. Tu as tout sacrifié pour elle.
- J’ai été…égoïste.
- J'y vois plutôt une forme de romantisme, pour ma part. Elle n'en était juste pas digne.
- Mon frère…j’lui avais promis d’être toujours là pour lui, que lui et moi c’était à la vie à la mort… Ah bah elles sont belles mes promesses hein !
- Tu n'es pas encore mort que je sache et lui non plus. La promesse est toujours valide.
- J’sais pas trop comment j’réagirai si… s’ils me repoussent ou refusent carrément d’me parler. Jolhane lui caresse tendrement le visage. Ils auraient toutes les raisons de le faire.
- Quoi qu'il se passe, je serais avec toi. Je te tiendrais la main... je te rattraperais. Je surveille tes arrières, partenaire ! Sourire espiègle.
- Faudra que j’mette tout ça définitivement derrière moi.

Leur doigts s'entrecroisent et s'étreignent. Jolhane couve Magni de tout cet amour qu'elle ne sait que maladroitement exprimer.

- Heureusement que nos chemins se sont croisés, Jolhane Doe. T’as pas idée d’à quel point j’me sentais seul avant de te rencontrer. Et même si…si demain j’dois enterrer toute possibilité de renouer avec les miens. Je sais que d’autres personnes m’attendent… à la maison.

Ces mots là l'émeuvent et font naitre un feu ardent dans son ventre. Son coeur tambourine vivement et elle succombe à un besoin irrépressible de l'embrasser. Enfin, il reconnait en cette bâtisse pleine d'orphelins, de destins particuliers, son propre foyer. Ses baisers se métamorphosent en fougueuses embrassades. Elle se hisse sur lui à califourchon et retire brusquement son pull, libérant sa poitrine nue.

- J'ai envie de toi... lui confie-t-elle, impérieuse, le surplombant de toute sa hauteur.

Elle me couvre soudain de baisers appuyés, impérieux, tendres, langoureux, passionnés…tous différents. Tous grisant. Puis en quelques secondes elle grimpe sur moi et retire son pull.

- J'ai envie de toi...

J’en reste muet un p’tit moment puis j’me redresse et mes mains viennent prendre pleinement possession de son dos nu. Ça m’émerveille à chaque fois, qu’elle veuille de moi comme ça. Simplement. J’y peux rien. Une sorte d’incrédulité ravie.
J’l’embrasse aussitôt à pleine bouche comme une bête affamée se jetant sur sa proie. On reste comme ça quelques longues minutes à savourer l’autre, nos peaux nues l’une contre l’autre alors que mes doigts vont et viennent dans de lentes caresses dans son dos.

J’la renverse doucement sur le lit et me met à genoux pour venir lui retirer les derniers vêtements sur ma route. J’glisse rapidement jeans et culotte sur ses jambes fuselées que j’embrasse au gré de mes envies. Elle est si terriblement douce…
J’viens me caler au-dessus d’elle pour reprendre sa bouche. Une fois, deux fois. Puis j’lui mordille la lèvre sans trop de délicatesse.

- Et moi j’ai encore faim.

J’descend sur son corps de rêve, parsème sa peau laiteuse de légers coups de dents, j’m’attarde sur son ventre alors que mes mains relèvent brutalement ses cuisses. J’m’enivre de son odeur mais j’me retiens de fondre sur mon « repas » tout de suite. J’préfère m’attarder sur ses cuisses, attendre, faire durer le plaisir. C’est pas mon style mais j’découvre que j’aime la faire couine d’impatience autant que de plaisir. Il semblerait que l’intérieur de ses cuisses soient un point sensible.
Je note.

Finalement j’arrive pas à me retenir bien plus longtemps et j’pose ma bouche sur elle. Là aussi, j’prends tout mon temps, on a tout le temps du monde ce soir après tout. Mes bras s’enroulent autour de ses jambes et j’mets tout mon savoir faire au service de son plaisir. Y’a que ça qui compte de toute façon, ça et ma faim d’elle qui connait aucune limite qui semble au contraire décupler à chaque fois. Tous mes sens sont littéralement submergés par elle. Et pourtant j’en demande plus, j’en cherche plus et j’bougerai pas de là tant que j’aurais pas obtenu c’que je veux.

- Et moi j’ai encore faim.

Magni achève d'effeuiller Jolhane et la déguste à petites bouchées. La jeune femme, le corps en feu, est réceptive à la moindre caresse de sa part. Sa voix, de moins en moins étouffée, vocalise toutes les gammes d'un répertoire de sensations exquises. Son corps se tend, ses reins se cambrent, ses hanche cherchent une connexion qui tarde à venir. Les poings entortillés dans les draps froissés, elle gémit ses suppliques.

- M.. Magni... pas.. pas comme ça....

Avec une étonnante docilité, son amant lui obéit. Ils font l'amour front à front, yeux dans les yeux, savourant cette intimité fusionnelle jusqu'à l'extase. Leurs corps frissonnants et repus se lovent l'un contre l'autre en quête de cette chaleur parfumée qu'ils prisent l'un comme l'autre. Magni comme Jolhane s'abandonnent au sommeil, oubliant le crumble qui refroidit dans le tombeau morne de leurs assiettes.

La nuit n'est pas de tout repos.

Le Berseker subit encore le contre-coup de son pouvoir malgré les bienfaits du baume appliqué. Jolhane s'éveille à plusieurs reprises pour constater qu'il a le derme brulant et la carcasse agitée de soubresauts. Il se tourne et se retourne, mâchoire serrée, doigts crispés sur le matelas. Parfois, il lui donne quelques coups involontaires, inconscient du monde qui l'entoure et qui laissera quelques bleus en souvenir. Christine a du en voir passer de ces crises sur sa banquette arrière. Systématiquement, Jolhane s'attèle à l'apaiser en lui murmurant des mots doux, en caressant ses muscles contractés, en lui chantant même une berceuse ou deux. Ce n'est que lorsqu'elle le cale sur elle, la tête enfouie dans son cou, qu'il finit enfin par cesser de gigoter. Il plonge dans le sommeil le plus profond, bercé par la tendresse de la renarde.

C'est dans cette position qu'il s'éveille au petit matin. Jolhane est si épuisée qu'elle réagit à peine à ses mouvements. Elle remue vaporeusement, en poussant un petit soupir. Sa chevelure d'or roux, sa peau d'albâtre, sa bouche vermeille, le spectacle a tout des chef-d'oeuvre les plus oniriques de Waterhouse. Si on excepte les hématomes violacés et les traces de morsures rougies.

Faire l’amour à Jolhane, c’est comme renaitre un peu à chaque fois. C’est trouver une connexion unique de corps et d’esprit et la sensation d’être à ma place, c’est en tout cas c’que je crois lire dans son regard vrillé au mien alors qu’on cherche tous les deux le plaisir de l’autre.
Bref, c’est un cocktail d’émotions unique, enivrant mais épuisant.
Si bien que je tarde pas à m’endormir comme un bienheureux, nos deux corps encore étroitement enlacés. J’ai l’impression de léviter sur du coton, enveloppé par le bienfait des massages de Nymphette et engourdi par la jouissance.

Comme anticipé, la nuit est…compliquée. Même si, détail important, pour une fois je souffre pas le martyre en même temps. J’sens juste l’énergie accumulée s’échapper de mon corps par vagues fluctuantes. J’suis pas conscient de tout. Parfois mon cerveau se coupe totalement pour mieux récupérer et focaliser toute son attention sur la récupération. Mais j’sais que j’ai dû bouger. Beaucoup. J’ai sûrement eu de la fièvre et des convulsions passagères.
J’sens fugacement la présence de Nymphette, rassurante, apaisante, tendre à mes côtés. J’entends sa voix. Je sais que j’suis pas seul. Et j’finis même pas m’endormir profondément, bercé par ses bras.

J’me réveille alors que le soleil est déjà haut. J’suis étalé comme un sac, à moitié sur elle et à moitié sur le matelas. J’ai le nez tout contre son cou, là où son odeur est la plus prégnante, la plus douce aussi. J’ai les muscles encore contractés et j’me sens tout faiblard, mais ça a rien à voir avec c’que je vis normalement. Putain même les transfos en Ours sont moins chiantes à vivre après…’fin quand j’en reviens évidemment.

J’relève la tête avec difficulté et en grognant un peu, c’qui fait bouger légèrement Jolhane. La lumière matinale l’éclabousse d’un halo doré, fait briller l’or de ses cheveux, rend sa peau encore plus blanche. J’en ai le souffle coupé tellement elle est belle. On dirait un putain de tableau.

Sauf que j’remarque les traces de morsures – bon ok ça semble pas si grave mais j’y suis pas allé de dents mortes – mais aussi de tout nouveau bleus qui recouvrent ses bras. J’me lève sur un coude et retire le drap pour constater les dégâts.
J’laisse filtrer un juron trop fort d’abord mais qui finit dans un marmonnement pour éviter de la réveiller. Parce qu’en plus des hématomes sur son flanc – putain on dirait que j’lui ai donné des coups ! – elle arbore aussi de beaux cernes violacés sous les yeux.

Bordel ! J’me déteste ! Vraiment.
Je sais pourtant à quoi ça ressemble les après-transes. J’aurais pas dû la laisser dormir avec moi. Cette nuit je crèche sur le p’tit sofa, ou par terre s’y y faut ! Et c’est même pas négociable !

Lentement je glisse hors des draps et va prendre une douche vite fait pour nettoyer la crasse de mes fièvres nocturnes et délassé mes membres. Cette seule activité m’épuise littéralement. J’ai encore la dalle. Comme j’ai pas envie de réveiller ma belle endormie en utilisant le téléphone. J’me décide à descendre ma vieille carcasse percluse jusqu’en bas.
Je souffle comme un bœuf en arrivant en bas mais heureusement, personne n’est là pour assister à ma déchéance !
Jenna m’accueille avec un grand sourire au comptoir.

- Bonjour cher et unique client ! Comment s’est passé la nuit !
- Bonjour, euh…mieux que prévu pour moi. Dites, je sais que ça vous fait du travail en plus mais ça serait possible d’avoir un p’tit déj en chambre ? Ma compagne adore les p’tit déj au lit, j’lui fais un p’tit clin d’œil malicieux et la proprio réplique par un gloussement.
- Mais non enfin ! On vous monte ça tout de suite !
- C’était délicieux hier soir au fait. Oh euh…vous pouvez y aller…copieusement sur la bouffe.
Enchantée, la vieille dame me rend mon clin d’œil.
- Message reçu.
- Z’êtes adorable !
Bon bah…faut que je remonte. Ce que j’m’emploie à faire lentement, comme un papy plein d’arthrite.
Parfois j’aime ma vie. Parfois moins.
Heureusement la vision de Nymphette entre les draps est une compensation super agréable et je souris en l’observant. J’me rapproche et viens doucement frotter ma barbe contre sa joue et murmure :
- Nymphette chérie…on va nous monter not’ petit déj. Tu préfères dormir encore ou j’t’attends ?
Elle grogne un peu, soupire adorablement et j’viens doucement caresser son bras du bout des doigts.
- Jolhane… hjartað mitt, j'suis tellement désolé pour cette nuit...
J'viens déposer une pluie de baiser sur son visage, la gorge serrée par la culpabilité.

"Jolhane, ton humain est réveillé".
Du bout de la truffe, Ghimbir tente de secouer mentalement sa moitié d'âme. Cette dernière a malheureusement le sommeil lourd.
"Jolhane, ses bécots picotent et je sens tout avec ton absence de fourrure".
Profondément assoupie, l'humaine grogne et chasse vaguement les deux importuns qui troublent son repos, l'un en lui chatouillant le derme, l'autre en lui mordillant l'esprit.
"Puisque c'est comme ça, je prends ta place!"

Le derme de l'humaine s'illumine et devient si pâle qu'il en est translucide. Magni a la sensation de tenir de la poussière de fée pailletée d'or entre les mains. La silhouette perd en netteté et ses contours deviennent flous. Ghimbir apparait, les quatre fers en l'air et l'abdomen offert aux gratouilles. Elle glapit de joie face à Magni et lui lèche copieusement le visage.

"Coucou, mâle humain !
Où est mon Ours ?
Il va bien ?
Est-il moins chagrin ?
Dis ? Dis ? Tu lui dis qu'il me manque ?
Dis ? Dis ? Tu lui dis que j'ai trouvé des noms pour lui ?
J'ai demandé aux oiseaux, interrogé les fées, collecté les réponses de Maitre blaireau et de Dame écureuil. J'ais plein d'idées! De merveilleuses idées !
Tu lui dis, hein ?"

Elle joue des pattes contre son torse et cherche dans le vert feuillage de son regard une trace de son ami ursidé.

"J'ai mille chose à lui raconter!
Milles léchouilles à lui administrer!
Dis-le lui s'il te plait !"

Ses jappements font un boucan d'enfer.
On frappe soudain à la porte.

- Madame et Monsieur Doe ? Tout va bien ? quémande Jenna d'une voix inquiète. J'ai votre plateau de petit déjeuner...

Sa main vient mollement caresser ma joue barbue mais je sens bien qu’elle est pas encore tout à fait opérationnelle ma Nymphette. En partie à cause de moi…de la nuit de merde que je viens de lui faire passer. J’embrasse son front en chuchotant.
- Dors alors. Repose-toi.

Sauf qu’au moment où je recule, je sens que le corps de ma Nymphette perd en consistance. Elle s’illumine comme une étoile faites de paillettes dorées et j’souris. Apparemment ma p’tite renarde, elle, est bien réveillée et a envie de m’voir. Au moins ça permettra à Jolhane d’être tranquille.
Ghimbir est là soudain, toute en fourrure moelleuse et en sourire rusé.

- Hey ma belle…

J’lui gratouille obligeamment le ventre tout doux qu’elle me présente et y enfouis mon visage pour y frotter ma barbe. Ghimbir jappe joyeusement et vient me lécher le visage. Je grimace un peu mais j’la laisse faire en continuant à la câliner.  

Elle me laboure le torse de ses p’tites pattes et couine comme si elle me parlait.
- Qu’est-ce qui t’arrive, Ghimb ? T’as l’air tout agitée aujourd’hui. Mais oui…moi aussi je t’aime… ahhh mais c’est pas moi que tu veux voir hein ? C’est l’Ours qui te manque ma belle ? Il viendra pas aujourd’hui…enfin pas si j’peux l’éviter mais j’lui dirais coucou de ta part ! Promis ! Calme-toi ma belle.

Elle fait beaucoup, beaucoup trop bruit ! Et j’me fige quand j’entends qu’on frappe à la porte.
J’attrape d’instinct Ghimb dans mes bras et bloque son museau que j’enferme dans ma paluche pour l’empêcher de faire trop de bruit. J’dépose tout un tas de bisous sur son museau pour me faire pardonner.

- Chuuut, Jolhane et moi on risque d’avoir des emmerdes sinon…s’il te plait…

- Madame et Monsieur Doe ? Tout va bien ? J'ai votre plateau de petit déjeuner...

- Euh oui…oui super…j’arrive…
J’pénètre précipitamment dans la salle de bain et relâche doucement la renarde.
- Désolé ma belle. Faut que tu restes cachée là un moment d’accord ? Promets que tu feras pas de bruit et j’te jure que la prochaine fois que sens l’Ours arrivé tu seras la première au courant et tu pourras jouer avec lui. C’est çaaa…

J’ouvre l’eau de la douche pour faire croire que Jolhane y est et referme soigneusement la porte derrière moi. Tendu à l’extrême j’entrouvre à peine la porte. La propriétaire des lieux a l’air un peu trop inquiète à mon goût.
- Vous êtes sur que tout va bien ? J’ai entendu des bruits étranges… écoutez si vous avez un chien ou autre dans la chambre, je préfère le savoir tout de suite plutôt que…
- J’vous assure que non M’dame ! C’était hum…un p’tit jeu de rôle…au lit… - Odin foudroie moi maintenant. Ouais c’est bon j’sais que c’est pas son truc – Le regard de Jenna pétille d’amusement. Bon au moins elle a gobé mon histoire à la con.
- Bref, laissez-moi vous débarrasser de ce gigantesque plateau. Dis-donc vous nous avez gâtés ! que j’lance avec un sourire charmeur en apercevant la montagne de bouffe. J’en ai littéralement l’eau à la bouche.
- Oh ça n’est pas grand-chose ! J’aime cuisiner et faire plaisir vous savez ! Je vous souhaite un excellent appétit à vous et à madame.
Elle va faire demi-tour mais j’l’arrête soudain.
- Au fait ! J’ai pas pu m’empêcher de remarquer la présence d’un super jacuzzi sur vot’ terrasse.
- Oh oui ! c’est un cadeau qu’on s’est fait avec mon mari pour nos vieux jours et on en fait parfois profiter les clients contre un petit supplément. Mais comme vous nos seuls clients vous pouvez l’utiliser, si l’envie vous prend.
- Merci encore.
J’referme doucement la porte derrière moi d’un coup de pied et pousse un profond soupir de soulagement. Plateau déposé sur la table, j’vais libérer ma p’tite renarde.
- Là, tu peux sortir. Mais plus de connerie hein !
J’ouvre la porte.

Jolhane est brusquement tirée de son sommeil par une sensation humide et glacée. Elle papillonne des cils passablement choquée. Elle tremble sous le jet d'eau froide de la douche. Ses cheveux lui collent au visage et dégoulinent sur ses épaules. Abasourdie, elle jette des regards déboussolés autour d'elle. Elle met une bonne poignée de secondes à comprendre où elle est et à tâtonner pour se redresser à l'horizontale. Tout est glissant : du carrelage à la paroi de verre. Elle manque de trébucher dans l'exercice et patine pour conserver son équilibre. Sous les cavités de son crâne, Ghimbir feule d'amusement.

- Ghimbir ! grogne-t-elle tout haut.

" C'est pas moi, c'est ton humain qui t'a mise là." ricane la renarde. "Tu dormais comme une souche!"

Jolhane est sur le point de répliquer quand elle entend la poignée de la porte tourner.

- Là, tu peux sortir. Mais plus de connerie hein ! Fait Magni.
- "Mes" conneries ?! Dans un mouvement d'humeur Jolhane attrape la première chose qui lui passe sous la main -une fleur de douche en tulle bleue outremer gorgée de flotte- et le lui jette en pleine figure. J't'en foutrais de mes conneries! s'indigne-t-elle.

S'ensuivent un pain de savon à la lavande, un serviette éponge, et finalement ses petits poings furieux. Elle tambourine sur le poitrail de Magni, complétement nue, détrempée, frigorifiée et furibonde.

- Pourquoi j'me retrouve à m'réveiller sous la douche, hein ?!

Néanmoins, elle ne porte plus aucune marque de blessures, ni trace de dents, ni ecchymoses. Elle conserve juste cette moue renfrognée, qui -à son corps défendant- accroit son charme de façon drolatique.

- Là, tu peux sortir. Mais plus de connerie hein !

Alors 1. J’suis surpris de voir que Ghimbir est plus là.
2. J’me retrouve face à face avec une Nymphette nue et trempée qui semble un tout petit peu « agacée ».
Ma première pensée est : « Merde qu’est-ce que j’ai encore fait ? »

- "Mes" conneries ?!
Mais j’ai pas tellement le temps d’aller plus loin que j’reçois une fleur de douche gorgée d’eau dans la tronche
- Hey ! Que je proteste tout en ignorant toujours pourquoi j’suis attaqué.
- J't'en foutrais de mes conneries!

Moitié hilare, moitié indigné, j’évite le savon qui frôle mon visage et rattrape la serviette.

- Nymphette calme toi, t’as plus de munitions ! que j’ricane.

Grave erreur.
Elle vient me harceler de ses petits poings. En temps normal j’aurais rien senti mais là c’est assez douloureux pour que je grimace. Mouais c’est sans doute pas le moment idéal pour lui demander de me repasser de la crème sur le corps. Elle frissonne de froid ma pauv’ Nymphette alors j’utilise la service missile et l’enroule dedans pour la serrer contre moi. Non seulement ça calme ses tremblements mais en plus ça me met à l’abri de ses petits coups. J’suis un génie !

- Pourquoi j'me retrouve à m'réveiller sous la douche, hein ?!

J’viens frotter mon nez contre le sien, elle est adorable quand elle est énervée comme ça.

- T’es trop mignonne quand tu t’énerves. On dirait Marnie dans ses « meilleurs » jours. Bon alors j’t’explique Madame Doe. J’ai voulu te réveiller pour le p’tit dej mais tu semblais encore super crevée à cause de la nuit de merde que j’t’ai fais passé. Petit bécot sur les lèvres. Et j’suis d’ailleurs désolé pour ça et pour les coups que j’t’ai donné…on s’arrangera autrement cette nuit. Mais bon du coup c’est Ghimbir qu’est venu me dire bonjour et qu’avait l’air méga excitée. Elle jappait comme une dingue et ça a attiré l’attention de notre aimable proprio. J’ai mis Ghimbir dans la salle de bain et j’ai fais couler l’eau pour faire croire que tu prenais ta douche. Le temps que je m’occupe des inquiétudes de la p’tite dame cette espèce de …renarde t’a apparemment foutu sous la douche pour te réveiller et me fait porter le chapeau !Mais j'y suis pour rien ! J'te jure ! Vilaine Ghimb ! Je sais qu’tu m’entends et ben tu peux toujours te gratter pour les câlins sur le ventre la prochaine fois, que je conclus en fronçant les sourcils.

J’embrasse ensuite le bout du nez de Jolhane et la frictionne un peu. Puis j’la soulève dans mes bras, enrubannée comme un sushi, et la ramène dans la chambre.

- Bon cela dit maintenant que t’es debout, on va pouvoir savourer le p’t déj gargantuesque qu’elle nous a monté ! J’suis pardonné du coup ou tu m’en veux toujours ?

J’la dépose par terre avec délicatesse et me recule prudemment des fois que j’me prenne un autre truc à la gueule.

- Ah ! Et cerise sur le gâteau, on aura le droit d’utiliser le jacuzzi qu’est sur la terrasse ! C’est plutôt chouette non ?
J'lui fais des p'tits yeux innocents et suppliants.

Jolhane  se retrouve saucissonnée dans une serviette comme un petit nem hystérique. Magni la maintient avec ce petit air goguenard qui l'agace et la déride à la fois. Il est foutrement séduisant quand il arbore ce sourire de petit crétin content de lui.

- T’es trop mignonne quand tu t’énerves, roucoule-t-il en lui caressant le nez avec son pif.
- Pff... n'importe quoi ! bougonne-t-elle en essayant de lui croquer.
- On dirait Marnie dans ses « meilleurs » jours.
- Continue, si tu veux que je t'arrache les yeux.
- Bon alors j’t’explique Madame Doe. J’ai voulu te réveiller pour le p’tit dej mais tu semblais encore super crevée à cause de la nuit de merde que j’t’ai fais passé. Elle se laisse embrasser avec une moue boudeuse. Et j’suis d’ailleurs désolé pour ça et pour les coups que j’t’ai donné…
- Hum...
- On s’arrangera autrement cette nuit.
- Quoi ?! Non ! Son expression "fâchée" s'est fendillée pour laisser entrevoir une autre, plus fragile.
- Mais bon du coup c’est Ghimbir qu’est venu me dire bonjour et qu’avait l’air méga excitée. Elle jappait comme une dingue et ça a attiré l’attention de notre aimable proprio. J’ai mis Ghimbir dans la salle de bain et j’ai fais couler l’eau pour faire croire que tu prenais ta douche. Le temps que je m’occupe des inquiétudes de la p’tite dame cette espèce de …renarde t’a apparemment foutu sous la douche pour te réveiller et me fait porter le chapeau !Mais j'y suis pour rien ! J'te jure ! Vilaine Ghimb ! Je sais qu’tu m’entends et ben tu peux toujours te gratter pour les câlins sur le ventre la prochaine fois.

"Menteur !" minaude Ghimbir.
"Ne fais pas ta maligne. Tu as voulu nous jouer un de tes tours..." fustige Jolhane.
"Le "menteur" c'était pour les gratouilles. Je sais qu'il ne peut pas s'empêcher de m'en faire!" sourit Ghimbir, découvrant tous ses crocs.

- Fichue goupile! grince la jeune femme. Elle se croit irrésistible.

Magni la réchauffe et la bécote, ce qui achève de détricoter sa mauvaise humeur. Elle a encore sommeil et se blottit contre son torse en piaulant comme un chaton. Son compagnon la ramasse comme un petit paquet et la ramène au lit. Une odeur délicieuse de café, de pain frais et de porridge lui chatouille les narines.

- Bon cela dit maintenant que t’es debout, on va pouvoir savourer le p’t déj gargantuesque qu’elle nous a monté ! J’suis pardonné du coup ou tu m’en veux toujours ?
- Je réfléchis encore... Elle revient se pelotonner contre lui, petit animal trempé en quête de chaleur.
- Ah ! Et cerise sur le gâteau, on aura le droit d’utiliser le jacuzzi qu’est sur la terrasse ! C’est plutôt chouette non ?
- Un jacousi ? C'est quoi au juste ?

Elle tente de mobiliser sa mémoire fonctionnelle, mais présentement, sa cervelle se trouve un peu paresseuse.

- Je veux pas que tu me laisses cette nuit. Je veux que tu restes avec moi... fait-elle soudain avec une  expression juvénile qui , effectivement, n'est pas sans rappeler Marnie. C'est pas grave si tu bouges. Tu m'avais prévenue, je le savais.... S'il te plait...