Les yeux de Bertus la subjugue. Leur iris noisette pailletée d'or et de tâches chartreuse s'illumine d'un désir évident qu'illustre plus franchement la partie inférieure de son anatomie. Chaque fois qu'il frôle sa peau avec ses doigts, sa bouche ou l'arrête déterminée de son nez, Simone frêmit et perd un peu plus pieds.

- Tu vois qu’elle existe…la Simone que je dessine sans arrêt et qui me hante…
- Arrête... Fait-elle avec un sursaut de pudeur en se cachant le visage dans ses mains.
- Je sais que j’ai dit que tu méritais mieux que cet hôtel miteux et …moi…
- Ne dis pas de sottises ! le gronde-t-elle, malgré son timbre voilé par des envies dont elle en comprend pas toutes les perspectives
-....Mais je veux te faire l'amour, Simone... être ton premier... ça aussi tu me laisseras faire ?

Sans lui répondre, Simone se redresse doucement sur les coudes. Quelques perles chutent de l'oreiller pour se perdre dans les draps. Elle pose une paume sur son torse et le pousse doucement de manière à le faire s'allonger sur le dos. Elle se redresse sur ses genoux, retrousse sa jupe pour libérer ses cuisse et vient s'asseoir à califourchon sur lui. Elle déglutit, indécise sur la marche à suivre mais poursuit malgré tout sur sa lancée en détachant ses cheveux. Tirant sur l'épingle d'or qui les retient en chignon, elle les laisse retomber en pluie sauvage sur ses épaules et le creux de sa poitrine. Elle sent monter en elle une forme d'excitation et de honte mêlées, un trac inattendu qui ne l'avait pas étreinte depuis des siècles. Elle décide ensuite de déboutonner son chemisier dont le col échancré vertigineux laissait deviner qu'elle ne portait aucune lingerie au dessous. Pour autant, elle n'ose pas encore dévoiler son buste.

- Tu as conscience... que je ne sais pas ce que je fais ? fait-elle avec un petit rire crispé qui la rend brusquement vulnérable malgré sa position dominante... Et que mes collaborateurs, Eustache, sont à pied d'oeuvre.... juste derrière cette porte... que.. que nous n'avons pas fermée...?

Elle ne bouge pas pourtant, les mains posées sur son ventre, ses doigts peint, tournant indéfiniment autour de son nombril.

- Oui... Murmure-t-elle de sa voix grave et pénétrante. Je te laisserais... même si... je suis anxieuse à cette idée avoue-t-elle enfin.

En guise de réponse, je me fais repousser sur le matelas et je grimace un peu en sentant les perles dans mon dos. Mais je j’oublie bien vite ce léger inconfort lorsque Simone se poste à califourchon au-dessus de moi après avoir remonté cette fichue jupe sur ses cuisses laiteuses. Mes mains viennent les investir presque immédiatement et en apprécier la douceur. Simone libère ses cheveux de sa coiffure et j’en reste un instant soufflé.
- Mère-Nuit… tu es magnifique ! je chuchote à peine, la voix bloquée par l’émotion.
Ses doigts se mettent ensuite à déboutonner son chemisier et ma bouche s’assèche soudain mais elle ne m’en montre pas plus et je crispe un peu ma prise sur sa chair.

- Tu as conscience... que je ne sais pas ce que je fais ?

L’aveu est glissé avec un petit rire gêné qui étire un sourire sur mes lèvres. Lentement mon index se pose sur sa lèvre inférieure et glisse vers le bas, traçant une ligne droite sur son menton, son cou, sa gorge jusqu’à finir sa course sur le tissu de sa jupe.

- Tu t’en sors à merveille.
- Et que mes collaborateurs, Eustache, sont à pied d'oeuvre.... juste derrière cette porte... que.. que nous n'avons pas fermée...?

Les cercles qu’elle trace sur mon ventre provoque une violente chair de poule et mes abdominaux dansent sous sa caresse. Je me redresse en position assise, tout en la callant confortablement sur mes cuisses. Mes bras, avides eux aussi de sentir sa peau, se glissent sous les pans de son chemisier ouvert et encerclent sa taille tandis que ma bouche dépose des baisers languides partout où elle peut.  

- Je suis certain que tu ne choisis que des personnes excessivement polies qui frappent avant d’entrée. Tu ne réponds pas à ma question, Simone…
Ca ressemble fortement à une excuse, sans doute provoquée par sa nervosité. Ce que je comprends tout à fait.
- Oui... Je te laisserais... même si... je suis anxieuse à cette idée.
Je m’arrête un instant, une brève seconde d’inertie, avant que je ne relève la tête.  
- On est obligé de rien…tu le sais… ça changera pas ce que je ressens pour toi…

Je dépose un long baiser sur ses lèvres, en partie pour la rassurer, en partie pour calmer mon désir grandissant qu’il va falloir que je maitrise rapidement. Je n’ai aucune envie de la brusquer et même si ça sera sans doute une épreuve d’un nouveau genre… j’attendrais…j’attendrais le temps qu’il faudra.
Peut-être que le timing n’est pas non plus idéal, après les moments très forts en émotion qu’on vient de vivre.

- On peut très bien, se contenter d’être ensemble.
Baiser au creux de son cou.
- Juste te tenir entre mes bras…
Mordillement sur son épaule.
- Ou alors…
J’empoigne doucement ses fesses et y moule mes paumes amoureusement.
- Tu peux aussi me laisser te faire du bien, sans qu’on aille jusqu’au bout.
Je relève la tête et lui adresse un sourire que j’espère charmeur.
- Je suis au service de « Madame »…

- On est obligé de rien…tu le sais…
- Je sais...
- ça changera pas ce que je ressens pour toi…
- Idiot... rire étouffé entre ses doigts. Même aussi près, effeuillée comme elle l'est, elle se dissimule. Sa timidité de jeune fille ressurgie, ce qui est risible de son point de vue.

Bertus retire les mains de son visage pour l'embrasser.

- On peut très bien, se contenter d’être ensemble. Il mordille son cou ce qui rallume les étincelles dans son ventre si longtemps endormi. Juste te tenir entre mes bras… Simone retient une respiration qu'elle n'a plus : en cet instant elle a l'impression d'être vivante à nouveau. Singulière étrangeté. Ou alors… Elle laisse échapper un couinement quand il lui empoigne le séant. Tu peux aussi me laisser te faire du bien, sans qu’on aille jusqu’au bout.
- Bertus ! fait-elle surprise et troublée par les sensations qu'elle éprouve, qu'elle analyse mal. Or, elle a toujours su décortiquer le comportement d'autrui, disséquer ses propres défauts pour les gommer par la suite. Là, elle nage dans un océan d'inconnu.
- Je suis au service de « Madame »…

Il faut croire que Simone a un penchant pour les hommes au sourire de canaille. Chez Bertus, cela confine au délectable.

- Ne me regarde pas comme ça... c'est déloyal! J'en perd mes moyens.

Son front chute dans le creux de son cou, là où elle l'a déjà mordu.

- Je n'arrive pas à penser droit... Elle se presse un peu plus contre lui. J'ai verrouillé toute cette partie de moi il y a si longtemps... J'ai peur de ne pas savoir comment me comporter. Tu es le premier à éveiller ce genre de choses en moi depuis...depuis mon premier amour. Un amour viscéral et à sens unique... Elle se redresse  pour croiser son regard avec vergogne.... Pour une femme.

Si elle pouvait rougir, elle serait à présent écarlate d'embarras.

- Je n'entends rien aux hommes... Je n'y ai jamais rien entendu. Elle se cache une nouvelle entre ses mains avec un petit rire gêné et ses grands yeux bleus l'observent au travers des barreaux de ses doigts. Je ne demande qu'à apprendre mais je ne veux pas t'agacer ou te frustrer....Sois patient avec moi, tu veux bien ?

- Ne me regarde pas comme ça... c'est déloyal ! J'en perd mes moyens.
- Ca va être difficile…je connais pas d’autre moyen de te regarder.
Le même sourire plaqué sur le visage, je la laisse s’échapper en se cachant contre mon cou. Si elle a besoin de ça pour me parler, ça me convient.
- Je n'arrive pas à penser droit...
- Tant mieux, ça n’est pas le but, je viens souffler non loin de son oreille en la serrant plus fort.
- J'ai verrouillé toute cette partie de moi il y a si longtemps... J'ai peur de ne pas savoir comment me comporter. Tu es le premier à éveiller ce genre de choses en moi depuis...depuis mon premier amour. Un amour viscéral et à sens unique…Pour une femme.

Je peux pas m’empêcher d’afficher une expression surprise. Une partie de moi se demande qui est cette femme, si c’est une immortelle, elle aussi. L’autre se satisfait d’être particulier pour elle.

- Je n'entends rien aux hommes... Je n'y ai jamais rien entendu. Je ne demande qu'à apprendre mais je ne veux pas t'agacer ou te frustrer…Sois patient avec moi, tu veux bien ?

Je hausse un sourcil, étonné qu’elle se sente obligé de me le demander alors qu’il me semble pourtant avoir été clair sur le sujet. Son manque de confiance en elle est encore plus profond que je le suspectais. Je viens attraper à nouveau fermement ses mains et les embrasse à tour de rôle.

- C’est bon à savoir mais ça n’a pas tellement d’importance tu sais. Je veux dire…je me gratte la gorge, cherche mes mots, gêné. Je n’ai pas pour habitude de parler ouvertement de sexe avant de le pratiquer. Ce n’est pas parce que je sais satisfaire une femme que je sais comment te satisfaire toi. A chaque partenaire y’a une grande part de découverte, de tâtonnement… une part d’intuition aussi. Tout s’apprend pas. Le but du jeu, c’est d’écouter l’autre et de se laisser aller… J’ai une petite moue amusée. Je sais que c’est plus compliqué pour toi…

Tout ça me fait dire qu’elle est sans doute pas encore prête. Lentement je reboutonne sa chemise, même si ça me coûte.

- Tu réfléchis trop Simone, l’amour ça se réfléchit pas, ça se ressent. Quand tu te sentiras prête je te promets d’essayer de me montrer à la hauteur de ce que tu mérites. Je dépose quelques baisers sur la ligne de sa mâchoire. Je suis un chasseur, la patience c’est mon fond de commerce.

Je la hisse soudain à côté de moi pour me dégager. Je me relève et lui tourne le dos pour me rhabiller.
- Cette femme…tu veux m’en parler ?  
Je pressens que, qui qu’elle soit, elle soit la source de ses problèmes de confiance en elle.

- C’est bon à savoir mais ça n’a pas tellement d’importance tu sais. Je veux dire…Ce n’est pas parce que je sais satisfaire une femme que je sais comment te satisfaire toi. A chaque partenaire y’a une grande part de découverte, de tâtonnement… une part d’intuition aussi. Tout s’apprend pas.
- Ah... Fait-elle un peu désarçonnée, avec un soupçon de panique. Comment faire pour combler ses lacunes en ce cas ?
-Le but du jeu, c’est d’écouter l’autre et de se laisser aller… Je sais que c’est plus compliqué pour toi…
Simone a un petit gloussement de connivence.
- C'est la manière polie de dire que je suis une irrécupérable "control freak" ?

Bertus remet son chemisier en place et Simone en conçoit un pincement de regret mêlé de soulagement. Elle se déteste violemment, présentement, pour être incapable de se laisser guider par la fièvre de l'instant. Son corps est aussi frustré que celui de Bertus et paradoxalement démis du poids de l'acte qui ne se jouera pas.

Je suis une terrible idiote.

- Tu réfléchis trop Simone...
- Je sais... soupire-t-elle, agacée d'elle-même.
- L’amour ça se réfléchit pas, ça se ressent.
- Mais... Je t'aime! proteste-t-elle.
- Quand tu te sentiras prête je te promets d’essayer de me montrer à la hauteur de ce que tu mérites.
- Tu ne m'en veux pas ?
- Je suis un chasseur, la patience c’est mon fond de commerce.

Simone est rassurée par le discours posé de Bertus, sa tranquillité de roc prêt à braver les intempéries. Pour le moment, sur ce plan du moins, sa sensualité est encore trop scellée pour parvenir à s'exprimer pleinement. Il faut qu'elle retrouve ces sensations primitives, cette pulsion de vie, alors que son corps est mort depuis des siècles.
Bertus l'a faite glisser sur son flanc et se rhabille, assis au bord du lit, lui offrant son large dos.

- Cette femme…tu veux m’en parler ?

Simone translate à genoux vers lui, l'enlace et, après avoir déposé un baiser sur sa nuque, cale son menton dans son cou.

- Je l'ai connue lorsque j'était enfant. J'ai été presque élevée avec elle. Elle était absolument tout ce que je n'étais pas : blonde, lumineuse, belle, spontanée. Sa présence ensoleillait une pièce à elle seule. Elle n'avait que peu de gout pour la lecture mais adorait les romans d'amour et je les lui lisais à haute voix. Elle aimait ma voix. J'étais de tous ses jeux, toutes ses aventures, tous ses secrets... J'avais pour elle une adoration maladive, je me serais jetée par une fenêtre sur commande si elle l'avait sollicité et je pense qu'elle savait parfaitement l'ascendant qu'elle avait sur moi. Cela la flattait... Simone laisse filer un silence, se pelotonnant dans l'ombre secourable de Bertus. Mais cela ne lui suffisait pas. Je ne lui suffisais pas. Elle a très vite compris le pouvoir qu'elle pouvait exercer sur les hommes et s'est mise à les éplucher comme des quartiers d'orange. A ses côtés, je n'avais pas d'existence tangible pour les autres : j'étais maigre, fade, timide, myope et surtout... beaucoup trop savante. J'ai commencé à nourrir des sentiments exécrables : je l'enviais tout en étant jalouse de tous ces hommes la courtisant. Par ailleurs, elle se faisait un malin plaisir de séduire le moindre candidat au mariage s'intéressant à ma personne. J'étais à elle sans jamais avoir la possibilité de la posséder tout mon soul. Je l'aimais aussi passionnément que je pouvais la détester. mais je lui demeurais loyale, car je suis de ces gens stupides qui ne trahissent jamais ceux qu'ils aiment et préfère mourir à petit feu dans l'ignorance.

Simone crève d'envie d'une cigarette, là maintenant, en vérité. A partager avec lui.

- J'ai donc couvert sa liaison avec un parvenu, alors qu'elle était promise à un riche notable. Je leur servait d'alibi, de chaperon, et je gardais sa porte pendant qu'elle se faisait trousser, en me gavant de ses ébats par procuration. Rire sans joie. Je crois que je me suis interdit de faire l'amour depuis ce temps là.... Un jour, les deux amants ont été découverts. Une imprudence de leur part. Elle m'a accusée de l'avoir trahie et m'a repris son amitié avec perte et fracas, me laissant le coeur en miette. Nous ne nous sommes plus jamais parlées. Elle est morte plusieurs années après et je l'ai pleurée malgré tout. L'histoire aurait pu s'arrêter là... Cependant, elle a aussi un certain gout de l'ironie tragique. Elle est devenue immortelle, elle aussi, avant moi, et par un hasard terrible je le découvris en apprenant qu'elle était la maitresse de "Monsieur" dont j'étais déjà l'amie intime.... Je n'avais donc jamais rien eu à moi et ce depuis le début.

Simone sourit à Bertus avec mélancolie.

- Voilà l'histoire de ma Lavinia à moi...

J’ai juste le temps d’enfiler un caleçon et un pantalon (que je ne parviens évidemment pas à fermer pour l’instant) avant que Simone se colle à mon dos et love ses bras autour de moi.

Elle commence son récit et je reste immobile, à l’écouter. Quand elle se sert plus fort contre moi je pose ma main sur les siennes, dans un geste de soutien silencieux.
A vrai dire, ce qu’elle me raconte me donne envie de vomir et je serre fort les mâchoires en ravalant mon dégout pour cette connasse toxique. Je la laisse dérouler son histoire me reconnaissant parfois dans la loyauté qu’elle a éprouvé pour cette manipulatrice sans cœur. Je comprends à quel point elle a souffert, à quel point elle s’est laissée emprisonnée dans cette relation à sens unique. Pour la première fois de ma vie j’ai l’envie furieuse de frapper une femme…
Non pas une femme. Une immortelle. Elle en arrive à la relation complexe qui existe et la lie à cette femme dont je n’aurais pas le nom et ce « Monsieur ».

Et soudain je me sens de trop. Pas à ma place. Trop simple. Je suis conscient que mon instinct se la joue à nouveau fuite parce qu’il sent les complications et que je suis pas fait pour ça mais c’est plus fort que moi. J’ai l’impression prégnante d’être la cinquième roue du carrosse.

Elle te laisse boire à sa veine…elle a bu à la tienne…ça veut bien dire quelque chose…

Je sais qu’elle est sincère quand elle dit penser m’aimer. Mais je sais pas quelle foutue place j’ai dans le tableau complexe de son cœur. Et si cette nana revient dans sa vie ? Qu’est-ce qui se passera ? Adieu Bertus. Retour à la case départ. Simone aime trop et trop de gens.
J’essaie de ne pas penser à ça, de ne pas penser qu’à moi comme un sale égoïste mais personne ne l’a jamais fait pour moi et les vieilles habitudes ont la vie dure.

Je pousse un soupir et passe une main dans mes cheveux encore humides en essayant de camoufler au mieux mon trouble

- Alors tout ça c’est à cause d’elle… Ce qu’elle t’a fait…j’ai même pas les mots…Cette garce sans cœur mériterait les Fosses pour l’éternité.
- Voilà l'histoire de ma Lavinia à moi...

Je pivote la tête vers elle, le regard dur sans même m’en rendre compte et j’ai un sursaut pour me dégager de son étreinte. Je fouille son regard avec intensité.

- Comment tu sais ? Le ton est incisif, trop et je me reprends aussitôt. C’est pas grave on s’en fout après tout. Désolé. J’ai tellement eu l’habitude de le cacher… J’ai encore l’impression que c’est mon secret inavouable. Alors que c’est de l’histoire ancienne...

J’ai l’envie subite de fumer et pousse un juron en remarquant que j’ai évidemment pas penser à prendre mon paquet. Heureusement j’ai tendance à laisser trainer ce genre de truc un peu partout, surtout quand je bosse. Je me relève donc, referme mon pantalon et enfile mon tee shirt à manches longues que je remonte sur mes avant-bras. Je mets rapidement la main sur un paquet et un briquet laisser à l’abandon près des pinceaux secs et des pots de peinture restants.

- On doit s’attendre à la voir débarquer un jour, je demande d’une voix basse et crispée en allumant ma cigarette… cette femme ?

Alors que la vraie question que j'ai envie de lui poser est plutôt : "Qu'est-ce que tu feras si elle revient en faisant amende honorable ?"

- Comment tu sais ?

La brusquerie avec la quelle il se dégage, la fige une poignée de secondes, regard écarquillé, inquiet.

Je n'aurais pas du lui dire.
Il va avoir peur.
Il va me détester.
Il va...

- Je t'ai observée. J'ai compris dès le premier soir quand tu l'as pleurée... fait-elle en baissant le regard et en tenant sa main contre sa poitrine. Elle s'est recroquevillée sur elle comme une personne qui a l'habitude de recevoir des coups, physique ou moraux. Comme une personne qui les anticipe à l'avance.

- C’est pas grave on s’en fout après tout. Simone ose une oeillade vers lui. Désolé. J’ai tellement eu l’habitude de le cacher… J’ai encore l’impression que c’est mon secret inavouable. Alors que c’est de l’histoire ancienne...
- Excuse-moi... Je ne voulais pas remuer le couteau dans la plaie, fait-elle  d'une voix un peu atone.

Bertus s'agite, énervé pour une raison qu'elle ignore. Le poison de la culpabilité s'insinue encore. Une fois de plus, elle a un sentiment de gâchis logé au creux de l'estomac, une vague sensation de nausée. A chaque fois, systématiquement, ils finissent par transformer une situation agréable en conflit larvé. Comment est-ce possible ?

C'est à cause de moi.
Je suis inapte à être aimée.

- On doit s’attendre à la voir débarquer un jour....cette femme ?

Simone comprend soudainement où le bas blesse : Bertus a peur qu'elle le quitte, qu'elle l'abandonne, que leur relation toute neuve ne soit pas assez solide...

Je n'aurais jamais dû lui dire.
Je lui dois pourtant la verité.

- Alrune est une succube et l'actuelle souveraine d'un des royaumes démoniaques de Pandémonium. J'ai eu l'occasion de la recroiser récemment, enfin, elle est plutôt venue m'imposer sa présence... Je ne l'avais pas revue depuis mon vivant. La vampire pousse un long soupir de lassitude. Elle n'a pas changé... Mais moi, si.

Simone se lève et chipe la cigarette des doigts de Bertus pour fumer à son tour. La nicotine a beau ne rien lui faire, sa saveur herbacée la rassure. C'est le gout de ses baisers indirects avec lui. Leur rituel bien à eux.

- Je ne suis plus la jeune fille dont l'univers entier se résumait à elle. J'ai des amis, une famille, une cour... Je t'ai toi... J'existe pour des gens pour qui je compte réellement. Elle lui rend délicatement sa dose de tabac. J'aimerais tellement pouvoir te présenter Balthazar ! Je pense que tu lui plairais..... Elle effleure sa joue. Tu comprendrais que tu n'a rien à craindre, ni de lui, ni d'Alrune....Ni de personne d'autre. Tu es mon seul,  mon premier, et je le souhaite de tout coeur, mon unique. Simone affiche une expression un peu triste. Tu me crois n'est-ce pas ?

- Alrune est une succube et l'actuelle souveraine d'un des royaumes démoniaques de Pandémonium. J'ai eu l'occasion de la recroiser récemment, enfin, elle est plutôt venue m'imposer sa présence... Je ne l'avais pas revue depuis mon vivant.

Merveilleux ! Je me crispe involontairement et tire plus fort sur ma clope. Je me déteste d’être comme ça. A croire que je me prépare à chaque fois à recevoir un coup, qu’il soit physique ou moral.
Je sens bien que mon attitude perturbe Simone, mais j’arrive pas à faire taire ces doutes, ces craintes d’être laissé de côté, oublié…

- Elle n'a pas changé... Mais moi, si.
- Tant mieux, ça me ferait mal de te voir revenir vers elle.

Elle vient vers moi et je la laisse me piquer ma cigarette, notre truc à nous. Ca au moins ça restera à nous.

- Je ne suis plus la jeune fille dont l'univers entier se résumait à elle. J'ai des amis, une famille, une cour... Je t'ai toi... J'existe pour des gens pour qui je compte réellement.

Je récupère ma dose de nicotine distraitement en l’observant. Plus que jamais j’aimerais savoir lire dans ses pensées…

- J'aimerais tellement pouvoir te présenter Balthazar ! Je pense que tu lui plairais...
Je ricane un peu.
- Ah oui ?  Qu’est ce qui te fais dire ça ? Je suppose que ce Balthazar et « Monsieur » sont une même et unique personne.
Je penche légèrement la tête pour caler ma joue contre sa paume.
- Tu comprendrais que tu n'as rien à craindre, ni de lui, ni d'Alrune....Ni de personne d'autre. Tu es mon seul, mon premier, et je le souhaite de tout coeur, mon unique.

Je me comporte comme un connard. Un foutu connard. Et avoir été blessé ne justifie pas que je lui en foute plein la tronche comme ça. J’aimerai savoir passer outre la voix pernicieuse qui me souffle toujours les pires scénarios mais c’est aussi elle qui m’a permis de survivre.

- Tu me crois n'est-ce pas ?

Je souffle ma fumée sur le côté en la fixant dans les yeux. Je m’approche lentement et vient poser mon front contre le sien, ma main libre se faufile dans ses cheveux défaits encerclant sa nuque.

- Je suis désolé… j’ai des réflexes… des automatismes de défenses qui sont difficiles à contrôler. J’aimerais te croire. Putain, je le voudrais vraiment. Mais j’ai toujours une part de moi qui se prépare au pire, qui me dit que tôt ou tard tu finiras par m’oublier… Je n’ai pas l’aura de ce Balthazar, j’ai rien de fascinant, de raffiné ou de mystérieux. Je suis juste moi. J’arrive pas à … Rahat, je trouve plus mes mots. Mon manque évident de pratique quand il s’agit d’exposer et d’exprimer ce que je ressens se fait sentir. J’oublie pas qu’Alrune a été ton premier amour, que tu as choisis l’éternité pour ce Balthazar, par « amour et loyauté »… et c’est pas si grave en soi, on a chacun un passé mais…je comprends pourquoi tu t’obstines à dire que je suis ton seul, premier et unique ? Quoi d’ailleurs ? J'ai juste...peur que tu te voiles la face et que tu m'aies choisis par dépit...parce que moi je t'aime comme personne ne le pourra jamais... Bordel je sais même pas si je suis clair Mon autre main vient se poser sur son cœur sans vie. Aide-moi à comprendre.

- Aide-moi à comprendre.

Elle déglutit, meurtrie par ses mots.

-Tu es un homme paradoxal, Bertus Taur... chuchote-t-elle à voix basse. Tu me certifies qu'aimer c'est ressentir et ne pas réfléchir, mais tu exiges de moi des explications. Sans cesse. Des raisons à mes choix de coeur. N'est-ce pas là l'apanage du coeur de n'avoir aucune raison, justement ? De ne pas avoir à justifier ses élans ?...Comme si ce que je pouvais ressentir n'était qu'une illusion... une tocade... Tu me nies le droit de t'aimer et c'est cruel. Vraiment cruel.

Simone entend la souffrance de Bertus, sa méfiance, sa peur d'être blessé. Elle les partage. Voilà pourquoi elle a toujours maintenu son coeur sous clé, pour que sa cervelle si précieuse n'en soit jamais troublée.

- Je ne sais pas quoi faire pour y remédier, Bertus. Quoi que je puisse te dire, je constate que je n'arriverais pas à t'atteindre. Je vais essayer, cependant...

La vampire presse la main sur son palpitant inerte à deux paumes. Comme en prière. Elle caresse le derme froid et rugueux de la pulpe du pouce.

- La première fois que je t'ai vu sourire, je me suis sentie remuée au plus profond de moi, par tes yeux baignés de soleil et la franchise précieuse que j'y ai lu. J'ai su que tu étais un homme bon, malgré tes blessures, ton ressentiment, et ton cynisme constant. J'ai eu la brusque envie de m'infiltrer dans chaque fissure de ton âme blessée pour les combler et te permettre de sourire à nouveau de cette façon. Et puis , je t'ai vu pleurer Lavinia et j'ai envié cette femme. Malgré la trahison, la déception, la noirceur de ses actes, tu ne pouvais pas la haïr. Ton amour pour elle était très beau à voir et je me suis pris à penser que si j'en avais été l'objet, je l'aurais chéri comme un cadeau précieux. Elle hausse les épaules avec un de ses sourires mélancolique qui font miroiter ses yeux. J'ai refoulé cette pensée au plus profond de moi même parce que je suis... Ses lèvres se pincent. Je ne pensais ne pas disposer de la légitimité d'être regardée de cette façon. Et puis, tu m'a dessinée et j'ai été ébranlée une seconde fois. J'ai eu la sensation à la fois merveilleuse et terrifiante que tu me voyais vraiment, sans artifice, sans armures, sans tout les verrous posés autour de mon âme avec le temps. Tu as pénétré ma forteresse sans effort, tu m'as rappelée peu à peu que j'avais aussi des émois et des passions, juste en étant ce que tu sais faire de mieux : être toi.

Elle lève le regard vers lui.

- J'ai attendu près de deux-cents ans quelqu'un comme toi et à présent je dois te convaincre de la véracité de ce que j'éprouve. Je ne peux pas expliquer l'inexplicable. Je le ressens, c'est tout..... Que puis-je faire pour que tu me crois, Bertus ? Dis le moi... S'il te plait...

Simone a une expression triste qui grise l'azur de ses prunelles.

- Je serais en droit de te demander également quels sont tes propres arguments pour "m'aimer comme personne ne le fera jamais". Après tout, pourquoi devrais-je être la seule à prouver mon amour ? Quel motif ai-je de te croire ? Aucun... Je prends le risque malgré tout. Moi aussi, je suis un être patient. Je peux t'attendre, j'ai toute l'éternité devant moi...

...Ou presque.

A mesure qu'elle parle, je me sens de plus en plus minable de l'avoir poussée jusque là, de douter sans cesse. Et pourtant ses mots agissent comment une caresse apaisante sur mon âme et même ma méfiance légendaire se trouve émue par ce qu'elle m'avoue. Je ferme fissa la gueule à mon cerveau avant qu'il puisse émettre la moindre pensée négative. Je laisserai pas ma peur gâcher ce moment, gâcher ce qui pourrait être entre nous. Je sais maintenant ce que ça fait d'être privé d'elle et j'ai aucune envie de récompenser l'expérience. Mais pour ça il va falloir que j'arrête de questionner sans cesse, que j'arrête d'avoir la trouille. A croire que je fais exprès de lui donner des raisons de me laisser tomber. Qui aurait pu penser que l'amour partagé me terrifierait à ce point ?

- J'ai attendu près de deux-cents ans quelqu'un comme toi et à présent je dois te convaincre de la véracité de ce que j'éprouve.

Je pose ma cigarette dans le cendrier et passe doucement mes bras autour d'elle, toujours front à front.

- T'as raison...c'est pas juste. Pardonne-moi…
- Je ne peux pas expliquer l'inexplicable. Je le ressens, c'est tout..... Que puis-je faire pour que tu me crois, Bertus ? Dis le moi... S'il te plait...

Elle a l'air si triste à cet instant que je me bafferais. Je me redresse pour venir embrasser son front et la serre contre moi à l'étouffer.

- Rien...rien du tout. T'as rien à me prouver. Je te crois Simone...laisse moi juste un peu de temps toi aussi… j'ai simplement...une trouille bleue de te perdre et je fais n'importe quoi. Tu as déjà pris tellement de place dans ma vie en si peu de temps...Rahat, j'arrive même pas à être éloigné de toi trop longtemps sans en perdre mon humanité...j'ai jamais été aussi dépendant de quelqu'un. Et quand on a vécu des années seul, c'est compliqué de faire confiance à nouveau.

J'ai un rire plein de dérision.

- J'ai promis que j'essayerai d'être l'homme que tu mérites et regarde le résultat...

- Je serais en droit de te demander également quels sont tes propres arguments pour "m'aimer comme personne ne le fera jamais". Après tout, pourquoi devrais-je être la seule à prouver mon amour ? Quel motif ai-je de te croire ? Aucun... Je prends le risque malgré tout. Moi aussi, je suis un être patient. Je peux t'attendre, j'ai toute l'éternité devant moi…

J'encadre son visage de mes paumes et le lève vers le mien, mes pouces caressant ses pommettes pleines de caractère.

- T'auras pas à m'attendre, Simone. Je suis là. Et ouais...t'aurais le droit de me demander aussi pourquoi. Juste retour des choses. Je suis...vraiment pas doué avec ça, les mots...mais je vais tenter.
Je la dévisage un instant et prend sur moi pour exprimer ce qui me semble effectivement explicable.

- C'est "Madame" que j'ai rencontré en premier. Cette femme magnifique, inaccessible qui cache si bien ce qu'elle ressent que ça en est exaspérant. Mais je voyais déjà des bouts de toi, Simone...et tu m'as...subjugué. Bien plus complexe, bien plus vraie et bien plus fascinante. J'ai vu ta détresse, ta tristesse, tes sourires que moi j'adore et que tu continues à cacher. J'ai t'ai dessinée encore et encore en essayant de te capturer sur papier pour t'avoir un peu...rien qu'à moi, égoïstement. Je pensais pas avoir la chance un jour d'avoir plus. Aimer des femmes de loin, je prenais ça pour un genre de malédiction personnelle.

J'ai un petit sourire en coin.

- Mais tu m'as laisser voir de plus en plus de toi et j'en ai aimé chaque précieux morceau. Et plus tu m'en donnais, plus je tombais raide dingue de toi en essayant de me convaincre du contraire...jusqu'à ce que ça devienne impossible à nier. Avant que je m'en rende compte, je t'aimais déjà comme un fou. T'as effectivement réussi à te glisser dans les fissures de mon âme, dans celles de mon cœur. Et sans toi, je partirai en éclats.

Je viens l'embrasser longuement et essaie d'insuffler dans ce baiser tout ce que j'arrive pas à exprimer.

- Un jour j'arriverai à  te montrer comment moi je te vois, à quel point tu irradies...j'aimerais qu'un jour tu n'es plus le réflexe de te cacher… que tu t'aimes comme moi je t'aime…
Tout ce que je veux c'est te voir heureuse, continuer à te faire sourire. Je suis prêt à tout pour ça. Même à prendre le risque de tout te donner.

Je cherche à nouveau le contact de ses lèvres et l'enserre dans mes bras.

- Tu me pardonnes… ? D'être si lâche…?

Les deux vampires s'enlacent, se bercent, s'abreuvent de caresses et de présences mutuelles, blottis l'un en l'autre. Leurs baisers ponctuent les tendres confessions de Bertus. Aussi gauches soient les mots choisis, ils sonnent vrais, justes et font mouche.

- Tu me pardonnes… ? D'être si lâche…?
- Nous sommes lâches tous les deux, mon amour. Elle rit doucement, caressant son nez du bout du sien. Moi aussi, je t'ai fui et repoussé, autant que ma raison le pouvait. Je ne peux juste pas lutter contre l'évidence. La perspective de ne plus te voir, me tue à petit feu. Il est trop tard pour reculer... Je suis aussi pendu à ton cou que tu ne t'accroches à ma taille. Je crois que c'est la réelle signification de "tomber amoureux" : perdre l'équilibre ensemble.

Elle plonge ses prunelles bleues dans les siennes.

- Nous aurons peurs, encore, je crois. C'est ancré en nous et cela nous a forgés. Cependant, fais-moi la promesse de ne jamais lâcher ma main, quoi qu'il arrive à l'avenir, quelque soient tes angoisses. Je ferais toujours en sorte de te retenir et... et j'espère que tu en feras de même avec moi.

Simone dépose sur ses ses lèvres un baiser fervent qui se métamorphose peu à peu en étreinte passionnée. Elle aime le goût musqué de sa salive embaumant la cigarette.
Lentement, elle s'écarte de lui. Avec la même délicatesse que lorsqu'elle retira les tessons de verre de ses paumes, quelques mois plus tôt, elle prend possession de ses mains. Elle en embrasse le creux bordés de cales, les poignets viriles puis les pose à plat sur sa peau. Elle les guide sur sa gorge, dans le ravin de son décolleté, puis les invite, avec timidité sous le tissus de son chemisier et laisse les doigts de Bertus prendre possession des seins cachés sous la soie. Elle le regarde, avec une certaine appréhension mais un désir égal, et dénude chastement une première épaule pâle avant de dévoiler l'autre.

Simone lâche prise, elle se laisse tomber.

Rattrape-moi.
Sers-moi fort.
Perdons l'équilibre.
Laissons nous gagner par le vertige.
Je n'en peux plus de jouer les funambules.

- Nous aurons peurs, encore, je crois. C'est ancré en nous et cela nous a forgés. Cependant, fais-moi la promesse de ne jamais lâcher ma main, quoi qu'il arrive à l'avenir, quelque soient tes angoisses. Je ferais toujours en sorte de te retenir et... et j'espère que tu en feras de même avec moi.

Je hoche la tête et souffle un "Promisiune". Tout autre mot se refuse à moi de toute façon. On scelle cette belle résolution par un baiser qui tourne vite à quelque chose de bien moins innocent, prompte à titiller mes sens et mes mains coulissent petit à petit dans le creux de ses reins pour l'attirer tout contre moi. Faut que je me calme et que je redescende tout de suite en pression. Mais quand elle recule finalement, la lueur dans ses yeux me fait croire qu'elle a pas tellement envie d'arrêter. Ou alors je crois déchiffrer ce que j'ai envie de voir...

- Simone…?

Son prénom sonne comme une plainte douloureusement interrogative. Plutôt que de me répondre elle prend mes mains dans les siennes, les recouvre de doux baisers avant de les laisser errer sur la peau de sa gorge.

Si j'avais encore des poumons je suis certain que je serais en train de retenir ma respiration tandis que mes doigts finissent par trouver l'arrondi d'un sein. Avec mille précaution j'y referme mes doigts et découvre que ma paume s'y moule parfaitement. Avec une grâce mêlée d'un soupçon de gêne, elle laisse son chemisier glisser sur une épaule, puis l'autre. Pour la première fois je contemple son buste denudé avec un ravissement un peu ébloui.

Je reste quelques longues secondes à la regarder comme on contemple une œuvre d'art. Mes mains ont délaissé sa poitrine et mon index dessine la courbe parfaite de ses épaules puis le plat entre ses seins jusqu'à trouver son nombril. Je déglutit avec difficulté et mes yeux ne perdent pas une miette de ce spectacle.

- Tu es si belle...

Enfin j'ose m'approcher, poser plus franchement mes mains sur son corps. Aventureuses à nouveau, elles prennent pleinement possession du charnu de ses seins alors que ma bouche descend vers son cou. Je la presse doucement contre moi et la soulève pour venir l'assoir sur la fameuse table, commune à toutes les chambres, relevant au passage haut sa jupe. Je me faufile entre ses cuisses et l'embrasse d'abord à pleine bouche. J'essaie de ne pas brusquer les choses mais je reste un homme et la voir se livrer à moi de cette façon est enivrant au possible.

Ma bouche descend rapidement à l'assaut de toute cette peau exposée et je la savoure comme un fin gourmet, passant un temps certain sur sa poitrine et son cou. Je me surprends à avoir le souffle saccadée alors que je ne respire même plus ! Je mesure parfaitement à quel point ce qu'elle m'offre est précieux et je tente de canaliser mes élans trop passionnels. Je recule donc un peu puis revient l'embrasser en me forçant à plus de délicatesse. Mes doigts vagabondent sur ses cuisses nues et remontent jusqu'à sentir la dentelle sur leurs pulpes. Ils s'arrêtent à l'orée de cette culotte. Certains s'enhardissent à se faufiler en dessous sur quelques millimètres sans jamais aller plus loin. Je dépose une pluie de baisers sur sa gorge et murmure d'une voix extrêmement rauque entre deux baisers.

- Tu veux bien, Simone…? Je peux ?

Simone est lasse de réfléchir, lasse de fuir, lasse d'avoir peur. Elle est fatiguée de chercher des excuses, de privilégier la raison, de craindre le faux pas. Simone aspire juste à l'abandon, au moins pour quelques heures, entre les bras de Bertus. "Mon amant." La ville, ses complots, ses splendeurs et sa décadence, patienteront.
Madame et son espion sont en entretien.

Simone libère un hoquet voluptueux lorsque les mains puissantes de Bertus l'empoigne pour la poser sur la table, jupe de nouveau retroussée, offrant une vue parfaite de la lingerie au dessous. Les entrelacs de dentelles demeurent un rempart que son compagnon ne souhaite pas encore franchir. Il honore sa peau de multiples baisers, ses mamelons érigés par ses caresses soutenues, sa gorge frissonnante et offerte.
Simone se cambre et perd la raison, tête renversée, monde sans dessus-dessous.
Ses pensées n'ont plus rien d'ordonné. Sa bibliothèque intérieure voit les rayonnages se vider, livres et dossiers volant à tir d'ailes laissant derrière eux leurs plumes de papier. Simone, malgré ses tâtonnements, cherche à écouter son corps et ses appétits si longtemps ignorés. Elle lape son derme mâle au fumet si singulier, suçote ce lobe de cette oreille à sa portée, tire sur ce T-shirt parasite pour trouver les muscles fermes au dessous.

Bertus la force à ralentir et recule. Les bras tendus de Simone, en appui sur la table, sont la seule chose qui la retienne de s'y coucher entièrement.

- Tu veux bien, Simone…? Je peux ?
- Oui... Oui, je le veux. lui répond-t-elle le timbre aussi chargé que lui.

Son amant s'agenouille alors au sol et prend le temps de délacer les rubans noués à ses chevilles, libérant ses pieds délicat de ses escarpins. Il la déleste de ses derniers vêtements qui roulent sensuellement le long de ses cuisses. Simone le contemple, les prunelles habitées par ses appels silencieux. La voilà complétement nue, habillée simplement de tous l'amour qu'elle a pour lui.

Sa confirmation délivrée d'une voix aussi lourde de désir que la mienne retire mes dernières inhibitions.

Une fois mise à nue, je me redresse, embrassant son corps avec révérence de bas en haut au passage. A nouveau debout c'est mon regard que je fais glisser sur elle. J'ai sans doute l'air stupidement émerveillé mais je m'en cogne.

Cette fois c'est comme une jeune mariée que je la porte jusqu'au lit. Hors de question que sa première fois se passe sur une table. Je la dépose donc sur les draps encore recouverts de perles noires et retire la plupart du plat de la main avec un petit sourire, les faisant rouler sur le sol.

Lentement je me déshabille à mon tour et vient m'allonger près d'elle. Si j'ai pas l'habitude de m'attarder avec mes peu nombreuses conquêtes d'un soir, avec Simone j'ai envie de prendre mon temps. Je pars donc explorer son corps avec mes mains, ma bouche et ma langue, tente de déchiffrer ses soupirs et ses gémissements tout en retenue. Je suis sans doute pas le meilleur des amants mais je veux apprendre à faire chanter son corps, à lui permettre de s’envoler et de tout oublier. Je suis tellement focalisé sur son plaisir que j’en oublie mon propre désir qui grimpe de plus en plus et que j’ai du mal à refreiner ou à mettre de côté.

Vient donc le moment fatidique.
Et je me sens aussi nerveux que si c’était ma première fois.
Ce qui est plus ou moins le cas…j’ai jamais eu une vierge dans mon lit. Je quitte la douceur entre ses cuisses pour un instant et me redresse pour venir me poster au-dessus d’elle. En appui sur un coude, mon autre paume vient se lover contre sa joue.

- Simone ? je souffle d’une voix plus tendue pour attirer ses yeux dans les miens. Je l’embrasse avec une certaine férocité avant de lui demande une ultime fois. T’es certaine ?

Assuré qu’elle ne souhaite pas reculer, j’agrippe fermement sa cuisse et lui écarte un peu les jambes.
- Si je te fais trop mal …ou si tu veux que j’arrête dis-moi, d’accord…? Je t’aime… je murmure en posant mon front contre le sien.

Lentement, avec mille précautions, je m’unis enfin à elle dans une longue plainte rauque, le corps tendu au maximum. Bridant mes instincts, je reste immobile et me contente de baiser son visage en murmurant des excuses.

Simone, fébrile, anticipe chaque contact des lèvres de Bertus sur son derme. Sa nudité totale lui donne une sensation de vulnérabilité dont elle n'a pas l'habitude. Pourtant, accepter d'être totalement à la merci d'un autre décuple chaque sensation qu'elle peut éprouver. Le vampire est d'une très grande délicatesse avec elle et fait preuve d'un égard de gentleman.
Déposée dans l'écrin des draps sertis de perles sombres, il la couve de tendresse et de baisers qui exaltent les étincelles pétillant dans son ventre. Chaque réaction à ses caresses appuyées est une découverte à la fois angoissante et délectable. Ses muscle se tendent, ses sens s'affolent et s'aiguisent avec une exigeante gourmandise. Ses gémissements discrets, pudiques deviennent de plus en plus difficile à étouffer à mesure que Bertus fait chanter son corps. Elle en vient à se mordre le charnu de la paume pour éviter de crier.

Eustache et l'équipe de nettoyeurs s'entendent encore du couloir.

Eperdue, le regard habité par une concupiscence qu'elle goute pour la première fois, elle s'agrippe à cette main sur sa joue. Bertus pèse sur son corps gracile tout en l'épousant à la perfection.

- Simone ?
- Oui..? souffle-t-elle en effleurant son visage du bout des doigts. Bertus l'embrasse avec une sauvagerie contenue.
- T’es certaine ?

Elle hoche la tête avec un sourire. Approbation muette, inquiète mais résolue. Elle le veut, elle est juste anxieuse de lever le voile sur cette part d'inconnu. Front à front, étroitement enchevêtré l'un à l'autre, Bertus tient à s'assurer de son bien être avant tout.

- Si je te fais trop mal …ou si tu veux que j’arrête dis-moi, d’accord…?
- D'accord, susurre-t-elle, le timbre un peu vacillant, ses dernières craintes nullement dissipées.
- Je t’aime…
- Moi aussi...

Bertus s'invite en elle avec maintes précautions. Crispée, ce corps étranger, chevillé à ses chairs n'a, au préalable, rien d'agréable. Une brûlure, douloureuse , intense et neuve à la fois. Simone pousse une plainte brève comme la première gorgée d'oxygène d'un nouveau né qui incendie ses poumons minuscules. Une larme roule au coin de ses yeux mi-clos. Son être mort et froid se rappelle brutalement à la vie et à sa puissance organique. Plaisir et souffrance mêlés.
Son amant se répand en excuses chuchotées qu'elle endigue de plusieurs baisers, tenant son visage en coupe. Un rire émerveillé lui échappe alors qu'elle se noie dans son regard.

- Continue... quémande-t-elle... Ranime-moi Bertus...

Je sais que je lui ai fait mal, c’est quasiment inévitable. Son bref cri de douloureux et la larme qui perle et roule doucement sur le satiné de sa joue en est la preuve tangible. Et comme je ne peux rien faire d’autre, je lui demande pardon. Encore. A croire que je suis spécialiste dans l’art de la faire souffrir d’une façon ou d’une autre.
Mais elle m’arrête bien vite en m’embrassant. Son rire léger me surprend totalement et je ne peux pas m’empêcher de trouver ce son merveilleux.

- Continue... Ranime-moi Bertus...

Je reviens vers ses lèvres, plein d’envie, et en croque la pulpe avec gourmandise alors que je m’autorise à bouger. Doucement d’abord, en laissant échapper quelques jurons en roumains. C’est à la fois le paradis et une douce torture de devoir me montrer si lent. Mais je m’y contrains. Mes mouvements sont presque languides alors que j’ai le corps tendu à craquer. Je reste à l’affut de ses réactions pour savoir quand je peux accélérer ou quand je lui fais trop mal. Je vois son visage se métamorphoser au fur et à mesure des secondes qui s’écoulent et de mes coups de rein. Je me délecte du spectacle, la trouvant plus belle que jamais. Je la dévore des yeux, enregistre tout un tas de nouvelles expressions, que je finirais sans doute par poser sur papier, tout en baisant ses lèvres ou ses joues.

Son cou m’attire, son sang m’appelle mais je me refuse à céder à la tentation cette fois. Je veux qu’elle découvre sa sensualité humaine, de femme. Celle de la vampire viendra plus tard…si elle me laisse recommencer un jour, on l’explorera ensemble. Je me contente de râper mes dents contre sa peau, avant-goût de ce que je ferai un jour en plein acte, de ce qu’elle me fera aussi.
D’une main, je remonte l’une de ses cuisses sur ma hanche et accélère la cadence. Je laisse à mon tour échapper quelques gémissements que j’étouffe contre sa gorge. Le reste du temps, je la quitte pas des yeux ou seulement pour l’embrasser tout mon saoul.
Tout mon corps réclame plus.

Plus vite, plus fort, plus intensément. Mais je me force à prendre mon temps, à monter la cadence crescendo, au rythme qui lui convient à elle et son corps qui m’enserre avec délice. J’ai jamais été aussi à l’écoute de ma partenaire, jamais aussi avide de voir le plaisir s’inscrire sur son visage ou d’entendre le moindre son provoqué par notre étreinte.

Arrivé à un stade, je sens qu’elle et moi avons besoin de plus et cette fois, je ne me retiens pas. Mes mouvements deviennent plus rapides, s’amplifient tout comme les plaintes et gémissements difficiles à retenir. Mes doigts se crispent sur sa peau, sur les draps. Mes baisers se font féroces autant que maladroits tandis que je glisse une main entre nos corps unis jusqu’entre ses cuisses. Plus je me laisse aller et plus j’éprouve de brusques montées de plaisir.

Jusqu’au grand final.
J’attends qu’elle décolle et demande d’une voix impérieuse avant qu’elle ne se fasse totalement happer par la jouissance.
- Simone, regarde-moi !
Je lui souris et l’accompagne avec un long baiser, les yeux ouverts. Toujours.
A mon tour je me laisse entrainer dans une ultime plainte que je jugule comme je peux, le corps parcouru par des ondes de plaisir rarement ressenti.

Peu à peu, ses réticences, ses craintes, sa nervosité, se diluent dans la richesse de leur connexion. Bertus se meut en elle, ravive des sangs qu'elle croyait taris. Simone croit presque entendre son cœur battre à tout rompre à mesure que la communion se fait plus intense. La brulure laisse place à des braises doucereuses, dont la chaleur ouatée se diffuse dans tout son être. Un simulacre de vie l'agite, merveilleux et libérateur.

Simone se réapprend après avoir laissé Madame abdiquer.

Elle accepte de ne rien contrôler, de laisser la part belle à une énergie primitive refoulée.
L'abandon est un acte de confiance absolu en l'autre. Elle flotte en apnée, entre les bras de son amant, la conscience bordée d'écume, ballotée par de subtiles vagues. Bertus la tient, tout ira bien, elle ne coulera pas.
Pas sans lui en tous les cas.
Elle sent la tempête gagner en force, pourtant, et par instant, elle perd pieds, son esprit noyé par la houle. Elle ressert sa prise sur les épaules rassurantes de Bertus, s'arrime à sa nuque, hoquète à la recherche d'un air dont elle n'a pourtant pas besoin. Elle se sent disparaitre en bulles de savon, comme la sirène du conte.

- Simone, regarde-moi !

Elle ouvre brusquement les yeux. Ceux de Bertus la harponnent et l'ancrent à un réel qui lui décharge son électricité dans les veines. Simone est secouée d'une onde sismique qui libère un cri venu du plus profond de sa gorge.
L'orage est passé, et la laisse égarée entre deux mondes. Elle remonte à la surface, encore frémissante d'extase pour mieux enlacer le corps tremblant de son compagnon. Elle le couve de toute l'intensité de son regard, prenant pleinement mesure du pacte qui les lie, et lui sourit.

Tomber amoureux.
Chuter ensemble.
L'un contre l'autre.

Faire l’amour quand on est vampire est étrange. Pas de souffle précipité, pas de palpitation, aucun signe extérieur d’agitation du corps. La première fois, ça m’a fait totalement flippé et coupé tous mes effets. Après j’ai simulé une respiration pour me rassurer, et pour ne pas faire fuir ma partenaire.

Avec Simone, les choses sont différentes. Nos soupirs et gémissements de plaisir me suffisent et le silence de nos corps ne fait qu’aviver les autres sons. Mais après…après le silence s’installe et j’y fais face en me noyant dans le bleu de ses yeux et dans son sourire que je qualifierais presque d’épanoui, si j’avais envie de flatter mon égo.

Le baiser qu’on échange ensuite est plus tendre, plus doux. Toujours au-dessus d’elle, en appui sur mes coudes pour ne pas l’écraser, je caresse amoureusement son visage et dégage une longue mèche de cheveux noirs.
- J’aimerais te dessiner, là, avec cette même expression, j’avoue avec un sourire. Finalement je vais peut-être l’avoir quand même ma séance de nu… Comment tu te sens, dragostea mea ?

Je finis par la délester de mon poids et m’alonge à ses côtés. Ma main cherche machinalement mon paquet de cigarette.
- Parait qu’il n’y a rien de meilleur que la clope après le sexe.
J’en allume une, tire une bouffée et la lui tend, lui volant un baiser au passage. Je sais pas ce qui m’a pris de refuser sa proposition de tout arrêter maintenant si ça me permet d’avoir ce genre de moment avec elle plus souvent. Pourtant je sais au fond que j’ai fait le bon choix.

Mère-Nuit laisse moi vivre encore un peu avec elle.  

Nouvelle caresse sur sa joue. J’ai jamais été aussi tactile qu’avec elle… jamais ressentis le besoin d’établir le contact physique de cette façon.
- C’est étrange non…il a fallu que je meurs pour apprendre ce que c’est d’être vraiment heureux. Il faudrait presque que j’aille remercier Lavinia…

Des voix dans le couloirs me rappellent qu'on est pas vraiment seul.
- Comment tu vas expliquer à tes gars que tu m’aides ?

Sans compter que les quelques cris qu’on a poussé ne sont sans doute pas passé inaperçus…

Simone tapote sur la fossette du menton carré de Bertus. Elle a l'impression de planer encore un peu au dessus du matelas. Si son amant ne la retenait pas de son corps massif, peut-être serait-elle en train de léviter ?

- J’aimerais te dessiner, là, avec cette même expression.
- Ne t'en prive pas... lui répond-t-elle le regard pétillant.
- Finalement je vais peut-être l’avoir quand même ma séance de nu…
- Tu n'as jamais vraiment osé en faire la demande, objecte-t-elle avec un battement de cils.
- Comment tu te sens, dragostea mea ?
- Etrange... Pas dans le mauvais sens du terme, ajoute-t-elle très vite pour le rassurer. Je n'ai jamais connu une connexion semblable à part la morsure. Je te sentais m'envahir, te blottir en moi et comme... Fusionner avec chaque atome de mon être.... J'ai l'impression que tu es encore là... Elle glousse avec cet air incrédule qu'elle a parfois. C'était comme sauter dans le vide avec toi en guise de parachute !

Bertus roule sur son flanc et tâtonne à la recherche de ses cigarettes. Simone vient se couler contre lui pour finalement se percher sur son torse, le menton calé entre ses pectoraux.

- Parait qu’il n’y a rien de meilleur que la clope après le sexe.
- Ah oui ? Il la lui tend après l'avoir allumée et tiré la première bouffée. Plutôt que de la prendre entre ses doigts, elle vient la fumer directement entre les siens, happant le filtre entre ses lèvres. Hum... Expire-t-elle, le regard en l'air comme pour mieux définir ses sensations.... Je ne sens pas beaucoup la différence, fait-elle circonspecte.

Bertus lui caresse délicatement la joue.

- C’est étrange non…il a fallu que je meurs pour apprendre ce que c’est d’être vraiment heureux. Il faudrait presque que j’aille remercier Lavinia…
- C'est fort vilain d'évoquer une autre femme alors que je suis complètement nue entre tes bras ! Sermone Madame avec une expression pincée cabotine. Elle lui mordille les phalanges en tendre représailles.
- Comment tu vas expliquer à tes gars que tu m’aides ?

Simone le bâillonne brusquement en plaquant ses deux mains croisées sur sa bouche. Elle pousse un gémissement de détresse drolatique et se cogne le front sur son buste.

-Je vais rester cachée ici trois ou quatre nuits, le temps d'espérer qu'on oublie le raffut qu'on vient de faire et de me préparer mentalement à affronter le regard d'Eustache.... Elle relève la tête, échevelée et gênée au possible.  J'ai l'impression que toute la ville nous a entendu....

- C’est étrange non…il a fallu que je meurs pour apprendre ce que c’est d’être vraiment heureux. Il faudrait presque que j’aille remercier Lavinia…
- C'est fort vilain d'évoquer une autre femme alors que je suis complètement nue entre tes bras !
Je ricane en prenant une bouffée de nicotine.
- Vrai...mais au cas où tu aurais besoin d'être rassurée, c'est absolument pas elle qui occupe mon esprit. Comment tu vas expliquer à tes gars que tu m’aides ?

La réaction de Simone me fait sourire jusqu'aux oreilles.
-T'es adorable...je marmonne derrière la barrière de ses doigts.

Je vais rester cachée ici trois ou quatre nuits, le temps d'espérer qu'on oublie le raffut qu'on vient de faire et de me préparer mentalement à affronter le regard d'Eustache....
Je retire gentiment ses doigts de mes lèvres non sans les avoir embrassés au passage.

- Donc la fuite…ça va me coûter mais je veux bien te garder le temps qu'il faudra...Si ça peut te rassurer tu as été très discrète...au début.

Je la gratifie d'une moue amusée. Mais c'est vrai qu'aux yeux de tous je suis l'ennemi. Ils vont sans doute pas apprécier que tu fricotes avec un terroriste.

Elle relève le tente et je ploie le cou pour venir lui voler un baiser.
J'ai l'impression que toute la ville nous a entendu…

- Toute la ville ? Non. Tout l'hôtel par  contre...cela dit je prends ça comme un défi.

Je l'attire un peu plus haut et commence à l'embrasser encore. A croire que maintenant que la barrière entre nous est franchie j'arrive plus à m'arrêter. Je descends dans son cou que je mordille doucement. Dire que la nuit a commencé comme un film d'horreur. Rien que de penser à ce en quoi je me suis transformé, j'ai un violent frisson de dégoût.

- J'étais pas beau à voir en bête hein ? ...j'ai pas beaucoup de souvenir de ce que j'ai fait. J'avais juste une sensation...de manque. Je crois...que c'est toi qu'elle cherchait. Je redresse la tête et caresse sa joue. Que ça soit elle ou moi...je n'arrive plus à vivre sans toi Simone...elle a sans doute plus de courage que moi au final. Tu m'as terriblement manquée...j'avais l'impression de mourir encore à petit feu. T'étais sérieuse quand tu m'as proposé de venir vivre chez toi ?

Je souffle presque ma demande comme un petit garçon qui ne croit pas vraiment à sa chance.

Simone est animée par un égal sentiment de honte et d'excitation face à l'interdit. Elle a l'impression assez nette d'avoir enfreint les règles et de faire l'école buissonnière. Une attitude dont elle est si peu coutumière qu'elle en demeure encore toute abasourdie.

- Donc la fuite…
- Tout de suite les grand mots !
- ça va me coûter mais je veux bien te garder le temps qu'il faudra...
- Quel grand seigneur vous faites messire Bertus, raille -t-elle avec un haussement de sourcil.
- Si ça peut te rassurer tu as été très discrète.  Madame semble se rassénérer un tantinet....au début.
- Par les dieux! Elle retourne se cacher dans les reliefs de son torse en gémissant. Je ne vais plus jamais oser mettre le nez hors de cette chambre!
Sur un ton plus sérieux, son amant poursuit :
- Mais c'est vrai qu'aux yeux de tous je suis l'ennemi. Ils vont sans doute pas apprécier que tu fricotes avec un terroriste.
- Je fricote avec qui bon me semble ! Je déteste cette idée que l'on commence à juger une femme par le seul truchement de sa vie sentimentale. Eustache a déjà l'air de penser que je ne saurais plus agir avec discernement. N'ai-je pas fait mes preuves depuis le temps que nous nous connaissons ? Aussi affolant soit le galbe de ton séant -qui j'en conviens a de quoi faire perdre la tête- je demeure tout à fait capable de sagacité !........... Oui Bertus, je parle bien de tes fesses...Elle sont fabuleuses. Il fallait que je le dise à haute voix.

Elle éclate de rire, révélant ses dents sans les craindre. Son amant lui happe cette bouche pleine de sourires radieux. Simone se hisse un peu plus à son nouveau pour lui facilité la tâche. Elle constate qu'il est terriblement agréable d'être bécotée de la sorte.

- J'ai l'impression que toute la ville nous a entendu… chuchote-t-elle à son partenaire de crime.
- Toute la ville ? Non. Tout l'hôtel par contre...Elle ponctue d'un petit gloussement délicieux. Cela dit je prends ça comme un défi.
- Bertus ! le gronde-t-elle en donnant une tape sur son torse avant de repartir de plus belle.

Ce dernier ne semble guère faire cas de ses remontrances. Il lui mordille amoureusement la gorge et Simone colle sa joue contre sa tempe tout en lui pétrissant la nuque. Son amant est pris d'un frisson brusque qui n'a rien à voir avec leurs cajoleries.

- Qu'y a-t-il ? demande-t-elle doucement en tenant son visage entre ses paumes blêmes.
- J'étais pas beau à voir en bête hein ? Simone garde le silence et lui dégage délicatement le front, ses doigt traçant des sillons tendre sur sa peau....j'ai pas beaucoup de souvenir de ce que j'ai fait. J'avais juste une sensation...de manque. Je crois...que c'est toi qu'elle cherchait.
- Tu as dit mon nom. Tu tenais un de mes vêtements en lambeau et lorsque tu m'a vue, tu m'as réclamée, confirme-t-elle à mi-voix.
- Que ça soit elle ou moi...je n'arrive plus à vivre sans toi Simone...elle a sans doute plus de courage que moi au final. Tu m'as terriblement manquée...j'avais l'impression de mourir encore à petit feu.

Simone embrasse son front soucieux.

- Tu t'es retenu de faire du mal aux autres. Tu aurais pu m'en faire à moi, mais tu n'as été d'aucune violence. Même sous cette forme, tu n'as pas cédé à tes instincts. Tu n'avais rien d'hideux... Tu étais juste en peine. C'est fini maintenant...
- T'étais sérieuse quand tu m'as proposé de venir vivre chez toi ?

En cet instant, Bertus semble plus juvénile et vulnérable qu'il ne lui est jamais apparu.

- Absolument sérieuse. Tu peux arrêter cette mission sous couverture à n'importe quel moment, maintenant si tu veux revenir sur ta décision. Tu as un foyer qui t'attend, Bertus, un chez toi où rentrer...

Simone espère encore qu'il fasse machine arrière.

- T'étais sérieuse quand tu m'as proposé de venir vivre chez toi ?
- Absolument sérieuse.

Je me sens étonnement plus léger à cette seule idée. Je sais pourtant que Simone est pas le genre de femme à jeter des paroles en l’air mais en avoir la confirmation dans un moment moins « tendu » me fait du bien.

- Tu peux arrêter cette mission sous couverture à n'importe quel moment, maintenant si tu veux revenir sur ta décision. Tu as un foyer qui t'attend, Bertus, un chez toi où rentrer...
Le large sourire qui éclaire mon visage est totalement incontrôlable.
- Un foyer… je répète avec une sorte de ravissement enfantin. Ca plus de quarante ans que j’en ai pas eu, je sais même plus ce que ça fait vraiment… « Madame » acceptera de partager son intimité et son indépendance acquise depuis des années avec moi ? J’en suis très flatté… et foutrement heureux et j’ai pas l’habitude…d’être heureux.

Je reviens bécoter ses lèvres, le cœur remplit d’une sorte d’allégresse déroutante. La partie méfiante de mon cerveau me souffle clairement que ça va pas durer, que c’est trop beau et s’échine à trouver où est le hic ou le piège dans tout ça. Mais je décide d’en profiter à fond. Qui sait ce qui m’attend demain ou après-demain.
Je m’éloigne et la renverse à nouveau sur le dos. En appui sur un coude, je la surplombe à moitié et caresse doucement les contours de son visage. Je laisse mes doigts courir dans ses cheveux ébène éparpillés sur l’oreiller comme une corole.

- Savoir que tu m’attends…ça compte pour moi. J’ai un autre objectif, un autre but que d’aider ta cause et te rendre heureuse par ce biais. Ça me donne la niaque de continuer, de lutter pour ça. Peut-être qu’un jour, j’y gouterai à ce foyer…avec toi.

Je me penche pour baiser l’emplacement où se trouve son cœur et ma main finit par trouver la sienne. Nos doigts se cherchent quelques secondes avant de se nouer fermement.

- Jamais j’aurais cru… avoir des sentiments pour une vampire… j’avoue avec un petit sourire. Le lien qu’on a créé… c’est courant ? T’en as déjà entendu parler ?
Pour la première fois depuis ma morsure, je suis vraiment curieux d’en savoir plus à propos de notre Nature sans que ça ait attrait à du pratico-pratique. On pourrait même dire que j’en suis un peu fasciné.

Le sourire lumineux de Bertus fait fleurir le sien. Il est tellement beau quand il sourit, il dégage une envie magnétique de le rendre heureux.

- Un foyer… Ca fait plus de quarante ans que j’en ai pas eu, je sais même plus ce que ça fait vraiment…
- Je te réapprendrais, pas à pas...
- « Madame » acceptera de partager son intimité et son indépendance acquise depuis des années avec moi ?
- Si tu supportes mes manières de vieille fille centenaire excentrique, mon employée de maison ultra protectrice, mon fils et quelques amis envahissant mais adorables... Je crois que tout ira bien. Elle rit en lui croquant la fossette séduisante qui lui creuse le menton.
- J’en suis très flatté… et foutrement heureux et j’ai pas l’habitude…d’être heureux.
- Je ne suis pas une experte non plus... Mais ça aussi on apprendra.... lui répond-elle avec douceur. A notre rythme...

Les deux amants échangent quelques baisers tendres avant que Bertus ne la surplombe de nouveau, renversant l'assise de Simone. Bertus la contemple comme si elle était la créature la plus merveilleuse au monde et Simone lui sourit avec un ravissement béat. Jamais elle n'a été regardée de cette façon, jamais plus elle ne pourra s'en passer.

- Savoir que tu m’attends…ça compte pour moi. J’ai un autre objectif, un autre but que d’aider ta cause et te rendre heureuse par ce biais. Simone tique, mais le laisse terminer. Ça me donne la niaque de continuer, de lutter pour ça. Peut-être qu’un jour, j’y gouterai à ce foyer…avec toi.
- Aussi essentielle soit ma cause, aussi utile soit cette mission, elles n'ont jamais supplanté l'importance de te savoir en vie. Elle lui caresse la joue. Ta vie a bien plus de valeur, Bertus. Elle sera toujours la priorité... Il me tarde de te savoir en sécurité, auprès de moi. Je me languis même de nos futures prises de becs.

La vampire glousse et Bertus bénit de ses lèvres son palpitant silencieux. Simone vient natter leurs phalanges étroitement et embrasse délicatement le sommet noueux de ses métacarpes.

- Jamais j’aurais cru… avoir des sentiments pour une vampire…
- Voilà bien un préjugé de chasseur ! Ils s'imaginent que parce que notre corps est passé par la mort, il n'est plus capable de ressentir. En vérité, les vampires ont des émotions comme tout un chacun, elles sont plus douloureuses et difficiles à vivre parce que nous n'avons plus le même dispositif biologique pour l'exprimer. Nos sentiments sont paradoxalement plus intenses car notre âme, toujours présente, n'a ni respiration, ni rythme cardiaque, ni cette armadas de réactions corporelles pour nous en alerter. Nos émotions fauchent sans prévenir. C'est pourquoi certains d'entre nous pensent ou préfèrent croire qu'ils ne peuvent plus rien ressentir. C'est plus simple à gérer et concevoir. Néanmoins, bon sang ne saurait mentir. Il transmet sa vérité crument. Il sert de révélateur.
- Le lien qu’on a créé… c’est courant ? T’en as déjà entendu parler ?
- Chez nous, les liens se tissent par le sang. C'est un engagement important, un pacte. Il n' y a rien de plus puissant que le lien qui lie un Parent-en-Ténèbres à son infant. Il est difficile pour l'Infant de désobéir à son Sombre-géniteur, même après des siècles. Il faut, pour cela, une force de caractère exceptionnelle ou que le créateur renie son enfant, coupant ainsi le lien. Dans ce dernier cas, les dommages psychique pour l'Infant peuvent être terribles. Il faut comprendre que les vampires ne sont pas fait pour vivre en solitaire. Ce que les chasseurs nomment des nids sont des familles, un cercle d'infants polarisés autour de leur créateur. Avec le temps, les diverses transformations sociétales, cette cellule "familiale" a été amenée à se modifier, exactement comme les familles humaines et leur diversité actuelle. La sédentarisation, la destructuration des nids ont favorisé l'apparition des "cours" qui ne sont ni plus ni moins que des "familles recomposées" pour filer la comparaison. Certains continuent d'appliquer une inféodation qui passe par la domination d'un sang sur les autres - celui du dirigeant sur ses courtisans - et en ce cas "boire" le sang du souverain en place, c'est accepter de se soumettre à sa loi. Pour ma part, je ne fonctionne pas de cette manière. Le libre-arbitre est une valeur fondamentale à mes yeux. On rejoint ma cour par choix.

Elle pose sur lui son regard d'un bleu profond. Elle reprend avec un timbre moins assuré, plus emprunt de pudeur.

- Les "pactes" entre amants sont plus rares. Ils constituent de véritables déclarations d'amour, de reconnaissance d'égal à égal. J'ignorais que.... Que cela pouvait aller au delà, que cela constituait un réel mariage et un partage aussi profond....M'en veux-tu ? demande-t-elle timidement. De t'avoir laissé me mordre et mordu si inconséquemment ?

Je l'écoute décrire les liens étranges que les vampires tissent avec leur infants, leurs cours et j'avoue que ça m'écœure. C'est une sorte de pouvoir qu'on peut avoir sur l'autre et qui ne dépend absolument pas de la volonté ou des sentiments. C'est simplement viscéral, physiologique. Je n'avais pas besoin de sa confirmation pour savoir que Simone ne gère pas les choses de cette façon et qu'elle n'en a pas besoin. Elle est de celle qui ressemble, sans super lien du sang pour arriver à convaincre de la suivre. J'en étais la preuve vivante.
Je fronce les sourcils en réfléchissant.

- Tuer celui qui m'a fait m'a semblé bien moins difficile que de supporter ces dernières semaines.

Elle reprend ensuite avec bien moins d'assurance dans la voix.
- Les "pactes" entre amants sont plus rares. Ils constituent de véritables déclarations d'amour, de reconnaissance d'égal à égal.
- Alors tu savais déjà que tu…- J'arrive toujours pas à dire le verbe avec un grand A quand ça concerne ses sentiments pour moi - éprouvais des trucs pour moi quand tu m'as laissé boire à ta veine ?
- J'ignorais que.... Que cela pouvait aller au delà, que cela constituait un réel mariage et un partage aussi profond…

En tout cas ça l'est de mon côté. J'ai pas l'impression qu'elle ait aussi mal vécu que moi notre séparation. Question d'âge ou de profondeur des sentiments ? Évidemment je pose pas la question quand la réponse risque de me faire plus mal qu'autre chose. D'autant que ça peut être moi qui l'aime trop. J'ai toujours été comme ça. Même quand j'étais encore vivant, quand je m'engageais j'y allais toujours à fond. Trop parfois. A la recherche presque désespérée d'une femme qui pourra partager sa vie avec moi.
Putain de romantique de merde... et puis il y a eu Lavinia et je me suis persuadée que je ne trouverais jamais personne d'autres, qu'elle était l'unique.
On pouvait sans doute pas plus se tromper...Mon visage doit exprimer cette interrogation muette puisqu'elle me demande soudain.

- M'en veux-tu ?
Je relève le menton, le regard un peu fuyant.
- De quoi ?
- De t'avoir laissé me mordre et mordu si inconséquemment ?
Je réfléchis quelques secondes en traçant des courbes sur sa gorge puis me décide enfin à retrouver ses yeux clairs. Cette fois j'essaie de lui révéler le fond de ma pensée.
- Je t'en veux pas, Simone. C'est juste que cette histoire de lien du sang, il impose autant qu'il révèle selon toi. Du coup comment savoir que ce qu'on ressent l'un pour l'autre vient de nous et pas de ce lien ? Qu'on est pas aveuglé par lui ? C'est pas que tu me laissais indifférent avant notre première morsure. Bien au contraire… mais depuis qu'on la fait...J'ai jamais rien connu d'aussi fort, ni d'aussi...impérieux.

Comme pour prouver ma déclaration, je me penche vers son cou, me presse un peu plus contre elle. Le simple fait d'en parler me donne envie de boire à nouveau.

- J'arriverai plus à m'en passer, je murmure contre sa peau. C'est comme si j'étais...intoxiqué. De ton sang, de toi toute entière.

Ma main vient prendre possession de sa cuisse et la lève pour la poser contre ma hanche. Ce qu'on vient de faire n'a fait que renforcer ce besoin d'elle. Je remonte ma bouche jusqu'à sa mâchoire puis son oreille.

- Mais j'ai pas l'impression que ça soit ton cas...alors tu pourrais m'avoir juste...inféodé…tu dis que le sang ne ment pas, mais est-ce qu'il est capable de nous faire ressentir ses nuances entre domination et...autre chose ? Et puis ça fait longtemps, très longtemps que tu n'as pas bu à la veine. Tu as pu en oublier les effets... . J'hausse les épaules avec un sourire. De toute façon c'est fait et je t'aime. Que ça soit renforcé par ce lien ou non ça change pas ce fait.
Je retrouve l'intensité de son regard et me noie dans ses yeux d'un bleu si profond qu'il est en vertigineux.
- Et toi ? Tu regrettes Simone ?

- Je t'en veux pas, Simone. Sa compagne pousse un soupire de soulagement qui s'avère de courte durée. C'est juste que cette histoire de lien du sang, il impose autant qu'il révèle selon toi.
- Seulement entre Parents-en-Ténèbres et Infants...Mais sa phrase meurt dans sa gorge car Bertus poursuit déjà.
-...Du coup comment savoir que ce qu'on ressent l'un pour l'autre vient de nous et pas de ce lien ? Qu'on est pas aveuglé par lui ? C'est pas que tu me laissais indifférent avant notre première morsure. Bien au contraire… mais depuis qu'on la fait...J'ai jamais rien connu d'aussi fort, ni d'aussi...impérieux. J'arriverai plus à m'en passer. C'est comme si j'étais...intoxiqué. De ton sang, de toi toute entière.

Elle aimerait tant pouvoir rougir pour lui indiquer à quel point sa déclaration est impactante, à la fois, magnifique et triste. Bertus doute de ce qu'il éprouve. Sa tête refuse de suivre le coeur. Comment lui jeter la pierre, elle qui n'a été que raison pendant deux siècles  ?

- Mais j'ai pas l'impression que ça soit ton cas...alors tu pourrais m'avoir juste...inféodé…tu dis que le sang ne ment pas, mais est-ce qu'il est capable de nous faire ressentir ses nuances entre domination et...autre chose ? Et puis ça fait longtemps, très longtemps que tu n'as pas bu à la veine. Tu as pu en oublier les effets...
- Tu penses sincèrement que je pourrais... confondre amour et soumission?  fait-elle, le timbre fissuré par l'angoisse brusque qu'il s'en persuade. Elle se sent blessée par ses stupides questions. Elle tourne la tête pour qu'il ne la voit plus, elle et ses yeux qui ne mentent pas.
-De toute façon c'est fait et je t'aime. Que ça soit renforcé par ce lien ou non ça change pas ce fait.
- Vraiment? Son visage s'est fermé, malgré elle et ses poings serrent les draps, enfonçant les perles éparpillées dans la chair pâle de sa paume. Elle aimerait que son menton arrête de trembler pour rester digne.

Bertus vient la chercher, elle et ses prunelles baignées de détresse.

- Et toi ? Tu regrettes Simone ?
- Jamais. Ce que tu as bu, ce qui t'as enivré, c'est tout l'amour et le désir pour toi que je n'ai jamais pu exprimer. C'est ça qui t'as entêté jusqu'à l'obsession. Tu comprends ? Penses-tu que je me sois offerte à toi corps, sang et âme sans raison ? Penses-tu que je n'ai pas souffert de ton rejet après cela ? Elle déglutit. Tu n'étais pas là pour constater à quel point tu m'as hanté, jour, nuit à chaque instant de ma misérable vie ! A quel point je repassais en boucle le pire comme le meilleur en allant me cacher pour pleurer. Tu es un homme de passion et d'appétit, Bertus... Ton manque a pris la forme de tes sentiments les plus primitifs. Je suis une femme qui se noie dans la mélancolie apathique quand elle perd pieds...