A partir du moment où elle me mord à nouveau et m’accueille enfin en elle, mon esprit décroche complètement. Mon corps, mes pulsions et mes sentiments parlent pour moi, bien mieux que ma bouche ne saura jamais le faire. Je crois bien m’être laissé allé à la mordre. Plusieurs fois et sur différentes parties de son anatomie.
On roule entre les draps salis d’hémoglobine, on se presse l’un contre l’autre, rendus presque ivres. Notre connexion s’est affaiblie par la violence brute et c’est finalement une violence plus passionnelle qui nous rapproche.

Après…bien après, allongé l’un en face de l’autre, on se contemple comme des survivants et avec un éblouissement certain pour ma part. Mes doigts courent sur son derme aussi tâché que la literie. Le silence de nos corps ne reflète en rien le tumulte intérieur qui m’agite. Après tout ce qu’on traverse et malgré nos cœurs craintifs, on se retrouve.
On se retrouve toujours.
S’en est presque miraculeux.  
Je sens qu’elle aussi est la proie d’une vive émotion. Lentement je me redresse sur un coude et dépose un baiser bien plus tendre sur ses lèvres.  

-Ca.... ça c'est nous... C'est ça que tu dois retenir.
Je hoche la tête, le cœur en vrac.
- Je ne l’oublierai plus, promis… Je t’aime, à un point où ça me fait peur…Bientôt…bientôt…je te promets que j’arrêterai tout ça. J’attrape l’une de ses mains et en baise les articulations. Y’aura plus de dispute comme ça…on arrêtera de se faire du mal et à la place on sera foutrement heureux. Toi et moi. Et ta cour évidemment, j’ajoute avec un semblant de sourire.
Je me rallonge tout en conservant sa main que je pose sur mon cœur.
- Eustache doit me haïr… et les autres… Ciulin ? Ton « monsieur » ? Il me déteste aussi pour ce que je t’ai fait ? Kaelig…il est au courant ? Je suis fatigué d’être le méchant de l’histoire. Vraiment. Heureusement que je ne suis plus seul au sein de Hurlants et si je peux faire sortir les Abyssaux de toute cette merde et les rallier à Malsheem… ils seraient un atout non négligeable et les Hurlants perdraient une partie de leur informateurs…Pardon on parle plus boulot.

Je me tourne soudain vers elle et me serre contre son giron, me pressant contre son corps comme pour m’assurer qu’elle est vraiment là, entre mes bras, qu’elle n’est pas partie…

- Je ne l’oublierai plus, promis…

Simone sourit, le regard illuminé. Elle a l'impression parfois d'être folle à lier tant elle est éprise de lui. Elle espère secrètement que son intellect et sa raison sont saufs. Tout ce qui concerne Bertus la rend émotive, erratique et inconsciente. Elle craint d'être ce genre de femme qui perd toute lucidité en tombant amoureuse :" passionnée".

- Je t’aime, à un point où ça me fait peur…

Elle a un petit rire de gorge feutré tout en le couvant d'une même oeillade tendre.

- Décidément... Je me faisais la même réflexion. Je crois que je ne connaitrais plus la paix, tant que tu resteras infiltré chez les Hurlants.
- Bientôt…bientôt…je te promets que j’arrêterai tout ça.
- Je sais... Elle aimerait que ce bientôt se métamorphose en maintenant.
- Y’aura plus de dispute comme ça…
- Oui... Elle frotte son nez contre le sien, l'émotion à fleur de peau et au bord des yeux.
- On arrêtera de se faire du mal et à la place on sera foutrement heureux. Toi et moi.
- Toi et Moi....souffle-t-elle avec conviction, une larme se frayant malgré tout un chemin sur sa joue.
- Et ta cour évidemment.

Elle éclate de rire.

- Non ! Je ne te partage pas! confie-t-elle en s'essuyant les yeux. Tu es à moi toute seule...
- Eustache doit me haïr…
- Non... Pas du tout. Il a trouvé que tu avais du cran. Lui n'aurait pas pu, même pour le bien de notre mission commune. Tu as gagné son respect, je crois, mais il ne le reconnaitra jamais de vive voix.
- et les autres… Ciulin ? Ton « monsieur » ? Il me déteste aussi pour ce que je t’ai fait ?
- Bien sûr que non. Ils savent que tu y as été contraint par Yvain... mais également par mes propres ordres. Balthazar est sanguin, il est en colère, c'est certain, mais certainement pas contre toi. Il ne maitrise pas tous les aspects de cette situation et il déteste cet état de fait.
- Kaelig…il est au courant ?
- Pas encore. Il gère ses propres difficultés avec les Vulpe notamment...
- Je suis fatigué d’être le méchant de l’histoire. Vraiment.
- Tu ne l'es pas... Pas aux yeux de ceux qui comptent. Pas à mes yeux.
- Heureusement que je ne suis plus seul au sein de Hurlants et si je peux faire sortir les Abyssaux de toute cette merde et les rallier à Malsheem… ils seraient un atout non négligeable et les Hurlants perdraient une partie de leur informateurs…

Elle lui sourit , en caressant son profil, si typique de sa propre famille.

- On essaiera de monter une stratégie commune, quand tu me les présenteras.
- Pardon on parle plus boulot.

Bertus se retourne soudain pour se blottir contre elle, enfouir son visage dans le moelleux de sa gorge. Elle lui caresse doucement les cheveux, souligne le lobe de ses oreilles et sa mâchoire carrée, dévale son visage escarpé du revers attentionné de ses doigts.

- Il va falloir qu'on nettoie les draps... Sinon, Miss O'Grady ne pourra jamais les récupérer. Elle rit doucement. Nous ne sommes guère mieux que sa literie, ceci étant. Je peux aller nous faire couler un bain... ça te ferait du bien un bain ? demande-t-elle tranquillement comme elle posera la question à son époux après une rude journée de travail, dans un cadre de vie domestique tout à fait normal.

- On essaiera de monter une stratégie commune, quand tu me les présenteras.
- C’est vrai ? Tu veux bien ? Tu me fais confiance sur eux ? Pardon, on parle plus boulot.

Ses douces caresses sur mon visage ont un pouvoir lénifiant incroyable. Pour la première fois depuis des jours, je ressens l’envie de fermer les yeux et de dormir. Le corps alangui et repu d’elle – non jamais vraiment rassasié - la conscience apaisée, mon esprit s’autorise enfin à se reposer.  

- Il va falloir qu'on nettoie les draps... Sinon, Miss O'Grady ne pourra jamais les récupérer.
- Mmmm pas envie de bouger, je marmonne comme un sale gosse…tant pis pour les draps…je t’enverrai une note de frais.
- Nous ne sommes guère mieux que sa literie, ceci étant. Je peux aller nous faire couler un bain... ça te ferait du bien un bain ?
- A une seule condition…que tu le prennes avec moi et que tu restes après.

Evidemment, j’obtiens gain de cause. Quand je veux je sais être extrêmement persuasif. Non pas qu’elle ait eu besoin de beaucoup d’argument pour se laisser convaincre. La soirée qui avait si mal commencé a finalement terminé en beauté. Elle a passé une journée entière avec moi mais comme chaque fois, elle finit par partir. Quand bien même on en a aucune envie… ni elle, ni moi. On s’accroche l’un à l’autre jusqu’à la fin, mais on finit par reprendre nos rôles respectifs…à regret…avec un seul mot sur les lèvres…

Bientôt…bientôt…

******

Pour une fois j’ai à peu près rangé la chambre. D’une part parce que j’ai que ça à faire et puis j’attends de la visite. Et pour une fois, c’est moi qui invite…J’ai remarqué que les gens (et je n’inclue pas Simone dans le lot) ont tendance à venir me voir sans invitation et sans vraiment en avoir quelque chose à foutre de mon intimité.
Le changement est donc…appréciable !

La nuit est tombée et j’ai ouvert les volets. Je contemple rêveusement la rue et son activité habituelle en me fumant une clope.
On toque à la porte et en un battement de cils, je suis devant la porte et l’ouvre.

- Colgan.
Je salue mon ami d’une brève accolade
- Marisoleil…
Je souris à la fougueuse brunette et lui réserve une étreinte plus appuyée.
- Vous êtes en avance…
Colgan observe la pièce avec attention, renifle discrètement j’en suis quasiment certain. Il peut pas s’en empêcher. Truc de sac à puces je suppose. Il passe une main presque caressante sur les meubles. Je suis certain que parfois ça le démange de tâter du bois comme il le faisait avant.  
- Cosy ton petit chez toi… conclut-il avec un petit retroussement de lèvres ironique.
- Sois pas jaloux Col’ ! L’établissement loue à l’heure si tu veux un petit morceau de ce bonheur.
- Bon trêve de blabla. Colgan s’adosse à la commode et me regarde avec son regard par en-dessous que même moi je trouve polaire. C’est pas dans tes habitudes de nous inviter. De quoi tu voulais qu’on discute qui ne pouvait pas se faire chez nous ?

Sous ses airs taiseux et renfermé, Colgan est foutrement perspicace. Je regarde le Loup et ma Marisoleil un long moment avant de lâcher.

- Je voulais vous faire rencontrer quelqu’un…quelqu’un qui pourrait vous donner la porte de sortie que vous n’arriver pas à trouver, ...si...si jamais vous songiez à ne plus faire partie des Hurlants. 
On frappe à nouveau à la porte.
- Vous me faites confiance hein ?
Colgan fronce les sourcils et se poste machinalement aux côtés de Marisol, le corps tendu.
- Tu nous fais quoi, Bertus ?
A la place de répondre, j’abaisse la poignée en espérant que la rencontre se passera aussi bien que je le souhaite.

- Colgan. Marisoleil…

Marisol rend son étreinte à Bertus avec un sourire et une bise sur la joue. Un schéma aussi naturel chez eux que le mutisme de Colgan.

- Salut Tutus!
- Vous êtes en avance…
- Cosy ton petit chez toi
- Sois pas jaloux Col’ ! L’établissement loue à l’heure si tu veux un petit morceau de ce bonheur.
- Je savais que tu créchais dans un hôtel de passes, mais je pensais pas à celui de O'Grady ! Elle est connue de toutes les putes du quartier.
- Bon trêve de blabla. C’est pas dans tes habitudes de nous inviter. De quoi tu voulais qu’on discute qui ne pouvait pas se faire chez nous ?

Marisol appuie les dires de sa moitié d'un regard perçant. Elle n'est pas plus dupe que lui. Il y a baleine sous gravillon.

- Je voulais vous faire rencontrer quelqu’un…quelqu’un qui pourrait vous donner la porte de sortie que vous n’arriver pas à trouver, ...si...si jamais vous songiez à ne plus faire partie des Hurlants.
- Qui... ?
- Vous me faites confiance hein ?
- Tu nous fais quoi, Bertus ?

Marisol fixe la porte, sourcils froncés. Elle est prête à dégainer au moindre signe de coup fourré.

Mais Bertus est un ami, pas vrai ?
Jamais il ne leur mentirait...

***

Il y a des rencontres capitales qu'il faut préparer avec soins. Madame le sait. Elle se doit de faire bonne impression, d'inspirer confiance et, peut-être, un début de loyauté. Elle ajuste son chignon délicatement et vérifie la tenue de son rouge dans le miroir ovale de son poudrier. Ce soir, pour cette première prise de contact, elle a opté pour un blazer noir sur mesure à boutonnières obliques, porté sur une jupe crayon en cuir sombre et des escarpins Louboutin vernis classique.
Elle exsude une classe princière, ce que ne manque pas de lui faire remarquer la tenancière des lieux, lorsqu'elle défait son foulard et retire ses lunettes de soleil. Simone lui offre un sourire minimaliste mais gracieux et monte les marches comme une habituée des lieux. Ce qu'elle est depuis quelques mois déjà. Derrière la porte de la chambre de Bertus, elle entend deux cœurs battre et faire une embardé soudaine.
Ils sont déjà là.
Elle prend une inspiration, bien qu'elle n'ait plus de poumons actif pour se gorger d'oxygène, et frappe à la porte. Bertus lui ouvre. Cachés qu'ils sont pas le panneau de bois, elle se laisse aller à un baiser fugace sur ses lèvres et un échange de regards. Puis elle entre complétement et la porte se referme sur eux.

- Bonsoir Mr Murtagh et Miss Laciudad.

Marisol s'est figée en la voyant, la dévisageant avec une stupéfaction tenant de l'épiphanie. Elle vient de nouer certains fils entre eux qui donnent aux confessions intimes de Bertus un tout autre sens.

- Merde... Bertus ! C'est elle ?! C'est elle la meuf que tu dessines tout le temps et dont t'es dingue ?!

Elle ouvre la bouche et recule. Le sentiment d'avoir été trahie se lit sur l'ensemble de son visage.

- Depuis quand ?! Depuis quand tu nous la joues à l'envers !?

Simone lève une main apaisante en sa direction.

- Nous travaillons ensemble depuis le début mais ça ne remet nullement en cause l'amitié sincère qu'il a pu tissé avec vous et l'ensemble de votre meute.
- Je ne croirais pas un mot qui sort de votre bouche ! gronde Marisol, furieuse. Vous êtes une putain de collabo ! Une vendue aux chasseurs !
- Vous faites fausse route, Marisol, fait Simone avec calme. Je sauve des vies, quelques soient la nature de ces vies. C'est le travail que j'accomplis depuis plusieurs décennies et il a d'autant plus de pertinences à présent qu'Unseelie menace cette ville.
- Bertus... fait Marisol d'une voix fêlée. Elle marche avec les Taur, avec ceux qui t'ont renié et foutu à la porte !...... Ca... ça aussi c'était un mensonge ?

- Bonsoir Mr Murtagh et Miss Laciudad.

Je me place doucement tout près de Simone, prêt à intercepter la moindre menace ou attaque.

- Merde... Bertus ! C'est elle ?! C'est elle la meuf que tu dessines tout le temps et dont t'es dingue ?!

Je hoche la tête. L'expression que je lis sur le visage de Marisol me brise le cœur. Je sais qu'elle a compris et encore une fois, je me sens vraiment pas fier de leur avoir menti comme ça...mais j'avais pas le choix ! J'espère qu'ils comprendront, j'espère qu'ils accepteront mon...notre aide.
Colgan, stoïque, n'a qu'un plissement des yeux dans ma direction mais le regard qu'il me jette vaut bien l'air trahie qu'arbore Marisol.
Il agrippe celle-ci par la taille et l'attire contre lui comme pour faire bloc contre moi et Simone.

- C'est donc bien ce que je pensais...je savais bien que quelque chose clochait. Quelque part j'admire ton cran...
- Depuis quand ?! Depuis quand tu nous la joues à l'envers !?
- Nous travaillons ensemble depuis le début mais ça ne remet nullement en cause l'amitié sincère qu'il a pu tissé avec vous et l'ensemble de votre meute.
- Je ne croirais pas un mot qui sort de votre bouche.
- S'il te plaît...je tente d'une voix douce. T'es toujours ma Marisoleil...ça change rien du tout... écoute ce qu'on a à te proposer au moins ?
- Vous êtes une putain de collabo ! Une vendue aux chasseurs !
- Vous faites fausse route, Marisol, fait Simone avec calme. Je sauve des vies, quelques soient la nature de ces vies. C'est le travail que j'accomplis depuis plusieurs décennies et il a d'autant plus de pertinences à présent qu'Unseelie menace cette ville.
- Marisol tu m'as bien fait confiance alors que je suis né chasseur...donne nous une chance…
- Bertus...
J'esquise un geste vers elle et Colgan me fusille du regard.
- Elle marche avec les Taur, avec ceux qui t'ont renié et foutu à la porte !...... Ca... ça aussi c'était un mensonge ?
- Non...oui...je...je prends une profonde inspiration. C'est ce que j'ai longtemps cru...Mon frère m'a bel et bien volé mon héritage mais il a jamais tenté de me tuer. C'est sa femme l'unique responsable. Je l'ai compris qu'en venant ici, qu'en lui parlant. Grâce à Simone… Et puis j'ai saisi la situation ici avec le Brouillard… et les Hurlants qui sont tout ce pour quoi je me suis toujours battu...c'est là que j'ai proposé de devenir son agent double. Et puis je vous ai rencontré et j'ai su que vous étiez pas comme les autres ! Je sais que les chasseurs vous ont fait du mal mais…
- Non t'en sais rien ! S'emporte soudain Colgan en s'approchant de moi, le corps tendu à l'extrême, le visage déformé par la rage et le chagrin. Ils nous ont pris nos enfants ! Ils les ont assassiné sous nos yeux ! Jamais je pardonnerai ça ! Jamais !

Je reste un moment estomaqué par sa confession. Même si je m'étais douté de la nature de l'épreuve qu'ils ont subi, ça reste un choc. Jamais je ne l'ai vu exprimer des sentiments aussi forts et bruts. Mais j'ai à peine le temps de poser une main sur son épaule qu'il a déjà remis son masque impassible. Sauf sur ses yeux qui expriment encore le déchirement du père à qui on a pris ce qu'il avait de plus cher.

- Je suis désolé, Col'. Je relève la tête vers Marisol. Vraiment désolé. Malsheem œuvre pour la cohabitation entre tous. Sans distinction. Je sais combien elle paraît utopique et compliqué à mettre en place. Je veux dire...je suis né dans une putain de famille de chasseurs et je suis un mort au sang froid en même temps...pourtant je voudrais y croire...plus de mort inutile parce qu'on a peur de l'autre...plus d'innocent qui trinque.

Colgan se dégage de mon étreinte et retourne s'adosser à la commode. Il passe à nouveau un bras autour de la taille de Marisol et tourne son visage vers le sien. Ils s'échangent un long regard, un dialogue à lui tout seul qui se passe de mot.
Il prend soudain la main de Marisol et son visage se durcit plus encore.

- Non. Pas de concession. Plus de concession. On se tire. Chacun ses choix. Remets plus les pieds chez nous Bertus.

Ces mots me blessent bien plus que je ne veut l'admettre et je dois avoir l'air d'un chien battu. Ils font mine de partir et je me mets devant devant la porte avec l'idée nette qu'il va falloir qu'ils me passent sur le corps avant de partir. Action désespérée sans doute mais de toute façon j'ai déjà l'impression de les avoir perdus alors.

- Attendez ! Je sais que tôt ou tard vous quitterez les Hurlants. Merde vous savez tous les deux qu'Yvain prépare un coup tordu.
- Ça veut pas dire pour autant qu'on a envie de passer à l'ennemi.
- C'est pas ce qu'on est ! Rahat ! Pourquoi vous vous échinez à détruire alors que vous pourriez œuvrer pour autre chose ! Je vois combien vous souffrez, faudrait être aveugle pour pas le voir. Et je sais aussi combien c'est sécurisant et facile de n'avoir que la vengeance pour seul but. Mais...je sais que vous êtes pas comme ça...vous méritez autre chose que ça...tout ce que je vous demande c'est de nous écouter...après vous ferez ce qui vous plaît...

Je veux croire que la vengeance n'est pas la seule chose qui les motive à avancer, qu'ils cherchent malgré tout à construire autre chose, au moins un avenir en commun.
Colgan se tourne à nouveau vers Marisol. Il m'a souvent dit qu'elle était son seul guide dans les Ténèbres...j'espère qu'elle le guidera vers nous.
- Marisoleil...s'il te plait...

Marisol a le cœur seriné d'épingles. Bertus, son ami, n'est qu'un menteur, un faux-jeton. Elle lui a offert beaucoup plus qu'une amitié : une place dans son coeur barricadé et saignant, un siège dans le cercle fermé de sa propre famille. "Tu es comme moi" avait-elle pensé en apprenant à le connaitre. L'attitude bravache, le cynisme à chaque ponctuation, sont les armes des écorchés vifs, des cœurs tendres qui donnent à s'y perdre.

Mensonge.
Tout.
Tout est un mensonge.

Elle sert la mâchoire et les poings. Ses ongles s'enfoncent dans ses paumes à l'en faire saigner. Elle détourne les yeux, incapable de le regarder. Mais ses mots s'insinuent sous sa peau, la pèle jusqu'aux os, y insinue les graines du doute.

Simone écoute, en silence, Bertus plaider leur cause auprès de ses amis. Les quelques recherches effectuées sur les noms de Murtagh et Laciudad a déjà eu de quoi constituer un dossier fourni de tragédies : le cancer qui fauche sans prévenir et laisse démunis - l'une d'une mère, l'autre d'une épouse - la prostitution, la pauvreté, une explosion spectaculaire et meurtrière, la malédiction du loup, l'exécution sommaire de leurs enfants, l' incendie, le séjour en hôpital psychiatrique....Madame a, soigneusement enregistré dans sa bibliothèque mentale, les coupures de journaux, les extraits d'acte judiciaires, les données de réseaux sociaux, les dossiers médicaux, le moindre relevé bancaire, toutes les images qu'elle a pu réunir de leur vie.
Ce n'est rien comparé à la douleur brutale d'un homme et au chagrin mutique de sa compagne. Simone se fait témoin du lien forgé à l'épreuve de la Vie, de deux âmes à qui rien n'a été épargné et qui pourtant se sont toujours relevés.

- Non. Pas de concession. Plus de concession. On se tire. Chacun ses choix. Remets plus les pieds chez nous Bertus.

Simone peut entendre son amant se briser en mille morceaux. Elle a le reflexe spontané de poser une main secourable sur son épaule avant qu'il ne reparte à l'assaut de la citadelle dans laquelle s'est enfermé son ami.

- Attendez ! Je sais que tôt ou tard vous quitterez les Hurlants. Merde vous savez tous les deux qu'Yvain prépare un coup tordu.
- Ça veut pas dire pour autant qu'on a envie de passer à l'ennemi.
- C'est pas ce qu'on est ! Rahat ! Pourquoi vous vous échinez à détruire alors que vous pourriez œuvrer pour autre chose ! Je vois combien vous souffrez, faudrait être aveugle pour pas le voir. Et je sais aussi combien c'est sécurisant et facile de n'avoir que la vengeance pour seul but. Mais...je sais que vous êtes pas comme ça...vous méritez autre chose que ça...tout ce que je vous demande c'est de nous écouter...après vous ferez ce qui vous plaît...Marisoleil...s'il te plait...

La jeune femme n'arrive pas à proférer un mot. Elle à la main vissée au torse de Colgan, elle tord un pan de sa veste en cuir tant elle y enfonce ses doigts crispés. Elle fixe le mur à l'opposé,  jugulant des pleurs de rage, de dépit, d'incompréhension et, pire encore,... d'espoir.

Simone prend alors la parole de sa voix douce et grave.

- "Pas les femmes, pas les enfants." C'est votre crédo n'est-ce pas ?... Pourtant, dans le sillon vengeur de vos expéditions punitives, vous laissez derrière bon nombre de veuves ou d'orphelins. Nous sommes toujours l'enfant de quelqu'un, le parent d'un autre. Le sang appelle le sang, la vengeance est un serpent vorace qui se mord la queue et ne se satisfait jamais. Quand cela cessera-t-il ? Quand vous vous serrez entièrement consumés ou quand l'une de ses familles que vous avez spoliée viendra vous punir ?

Il y a une intensité déconcertante chez qui ne connait pas Simone, une puissance dans le regard qu'elle porte à Colgan et dont elle soutient l'aura d'autorité sans ciller.

- Il y a, dehors, une réalité terrible qui se repait de ce chaos et qui progresse pour tous nous engloutir. C'est elle, qui a attiré l'ensemble des clans Sang-coureur dans cette ville. C'est elle qui a favorisé l'implantation de Malsheem et l'ICV dans une même cité. C'est cette force implacable qui réunit à Tir Nà Nog des créatures du monde entier, disparues ou même légendaires, des dieux, des démons, et des humains. Elle a construit et favorisé cette poudrière à notre insu, en se jouant de nous comme de vulgaires pantins ! Alors, je vais vous poser une question très simple : Quelle genre de personne souhaitez-vous être face à cette fin du monde en approche ?

Elle laisse filer un silence.

- Cette réponse ne regarde que vous, mais je tiens à vous éclairer sur une autre réalité qui coexiste avec ce chaos ambiant : des familles frappées par la transformation surnaturelle d'un de leur membre et qui continuent d'être des familles, des chasseurs et des proies qui contre toute attente deviennent amis ou amants, des démons qui s'endeuillent de la perte de leur invocateur, des humains qui offrent leur sang à des vampires pour qu'ils ne meurent pas de faim,.... Des enfants de toutes natures, beaucoup d'enfants.... qui ont besoin de protection et d'aide.

Simone ancre ses yeux bleus immenses dans ceux du loup-garou.

- Je n'ai pas pu sauver vos enfants, Colgan, mais je m'évertue à en sauver le maximum et toute aide sera la bienvenue.

Marisol se retourne avec lenteur et toise Simone pour la sonder de ses prunelles ardentes de déesse.

- Vos paroles sont douces, femme, aussi sirupeuses que du miel. Mais comment croire quelqu'un qui fabrique des menteurs. Comment pouvons-nous vous accorder notre confiance ?

Simone affiche un sourire de Joconde.

- Que vous me posiez la question, prouve que vous avez envie de croire en mes mots. Mais cette question, ce n'est pas à moi qu'il faut la poser mais à vous même, en votre âme et conscience. Vous sentez tous les deux confusément que quelques choses se prépare, quelque chose de grave. Je peux vous offrir les mêmes armes que nous pour y faire face. Est-ce que cela nous sauvera ? Je n'en ai pas la moindre idée. Les dieux , eux même l'ignore. Mais nous serons morts en essayant de toute nos forces. Elle toise l'Etoile et son Loup avec une dignité royale puisée dans la force de ses convictions. Et vous ?

Le discours de Simone est percutant, juste et d’une logique implacable.
Je vois Madame à l’œuvre et mon respect pour elle ne fait que se renforcer. Elle a tout d’une meneuse d’hommes et on sent à quel point le combat qu’elle mène lui tient à cœur. Non…la guide au jour le jour. Moi, j’ai pas besoin d’être convaincu, je le suis depuis le premier jour finalement. Reste ceux que j’appelais encore des amis, quelques minutes auparavant.
Si Marisol semble l’écouter avec attention, Colgan est tellement fermé qu’il est impossible de savoir s’il est ne serait que touché par la moindre parole. Non pas que ça m’étonne. Ce type est un mur.

- Alors, je vais vous poser une question très simple : Quelle genre de personne souhaitez-vous être face à cette fin du monde en approche ?
- Mon monde a déjà pris fin, « Madame ». Je me fiche de celui qui reste.

Quiconque ne le côtoie pas pourrait prendre cette affirmation pour argent comptant. Mais moi et Marisol on est pas complètement dupe. J’ai vu sa légère hésitation et le très bref regard qu’il a jeté à la jeune femme juste avant de répondre.  

- Cette réponse ne regarde que vous, mais je tiens à vous éclairer sur une autre réalité qui coexiste avec ce chaos ambiant : des familles frappées par la transformation surnaturelle d'un de leur membre et qui continuent d'être des familles, des chasseurs et des proies qui contre toute attente deviennent amis ou amants, des démons qui s'endeuillent de la perte de leur invocateur, des humains qui offrent leur sang à des vampires pour qu'ils ne meurent pas de faim,.... Des enfants de toutes natures, beaucoup d'enfants.... qui ont besoin de protection et d'aide.
- J’ai la gueule d’un super-héros ? réplique Colgan en plissant les yeux, monolithe imperturbable. Vous étiez où y’a quelques mois, « Madame » ? Hum ? Vous étiez où quand on a collé un flingue sur la tempe de mes bébés et qu’on les a exécutés alors qu’ils pleuraient de trouille ? VOUS ETIEZ OU ? répète-t-il avec bien plus de force, les yeux plus froids que jamais.
Le voir dans cet état me fait mal. Un mal de chien.
- Je n'ai pas pu sauver vos enfants, Colgan, mais je m'évertue à en sauver le maximum et toute aide sera la bienvenue.

Mâchoires serrées, Colgan laisse filtrer une exclamation de dédain et de mépris évident. J’ai peur que cette conversation ne mène à rien. Sauf que j’ai aucune envie que ça finisse comme ça… je veux pas qu’ils se perdent. Je veux pas les perdre.

- Vos paroles sont douces, femme, aussi sirupeuses que du miel. Mais comment croire quelqu'un qui fabrique des menteurs. Comment pouvons-nous vous accorder notre confiance ?
- On veut pas le savoir, assène Colgan.
- Que vous me posiez la question, prouve que vous avez envie de croire en mes mots. Mais cette question, ce n'est pas à moi qu'il faut la poser mais à vous même, en votre âme et conscience. Vous sentez tous les deux confusément que quelques choses se prépare, quelque chose de grave. Je peux vous offrir les mêmes armes que nous pour y faire face. Est-ce que cela nous sauvera ? Je n'en ai pas la moindre idée. Les dieux, eux même l'ignore. Mais nous serons morts en essayant de toute nos forces. Et vous ?

Colgan reste mutique, le corps rendu comme un arc.

- Réfléchissez… je tente à nouveau d’une voix calme en les regardant tour à tour. Je viens me poster aux côtés de Simone. Prenez le temps… Vous savez mieux que quiconque qu’y un tas de gens qui n’ont rien demandé à personne qui vont pâtir des évènements à venir. Colgan... tu m’as dit toi-même que tu sentais plus les Hurlants. C’est le moment ou jamais d’offrir de nouvelles perspectives à ta meute. Votre meute. On a besoin de gens comme vous. Et croyez pas que je vous ai trahi ou une connerie dans le genre. En organisant cette rencontre, je mets littéralement ma couverture et ma vie entre vos mains. Mais…quoiqu’il se passe ensuite…je voulais pas vous laisser derrière.
- J’y crois plus à toutes ces conneries de « vivons mieux, vivons ensemble ». Sans cette vengeance, il ne me reste plus rien.
- C’est faux, je déclare tout doucement en lançant un regard appuyé vers Marisol avant de revenir au bleu glacial des yeux du Loup. Et tu le sais… c’est toi qui a décidé ça tout seul Col’.

Il a un bref mouvement de recul, comme si je l’avais frappé physiquement et je sais que j’ai sans doute dépassé mes prérogatives d’ami. Mais s’il n’arrive plus à voir les choses en face, je considère que c’est aussi mon rôle de lui remettre les idées en place. J’attends un coup qui ne vient pas. Colgan a trop de self control pour ça mais il me mitraille de ses prunelles polaires.

- N’essaie même pas, Bertus Taur, le vertueux, crache-t-il. N’essaie pas de me juger, moi ou mes actions. T’en n’as pas le droit et tu ne l’auras probablement jamais…

Il nous lance un dernier regard plein d’une colère et d’un chagrin qui me font froid dans le dos. Peut-être que j’ai eu tort, peut-être qu’il ne peut plus changer de voie. Et pourtant mon cœur saigne à l’idée qu’il refuse tout avenir que je…qu’on pourrait leur offrir. En quelques secondes, il est devant la porte main sur la poignée. Il lance une œillade vers Marisol, attendant certainement qu’elle le rejoigne. Alors moi aussi à mon tour, je cherche la connexion avec ma complice, ma partenaire d’emmerdes et je la supplie en silence.

Marisol fixe Simone. Elle sent chez cette femme, cette vampire, la protection divine d'un autre avatar, la même, dans une moindre mesure, que celle qui plane autour de Bertus. Quelqu'un comme elle est à l'origine de cette organisation qui se fait appeler "Malsheem". Que veut dire Malsheem d'ailleurs ?
Bertus tente de convaincre Colgan, mais la jeune femme sait d'avance que ce sera vain. Elle pratique son loup depuis plusieurs années à présent, et elle sait que lorsqu'il s'est ainsi barricadé, il est hermétique à toutes voix extérieures, même la sienne. Bertus l'ignore et persiste, jusqu'à la phrase de trop.

- J’y crois plus à toutes ces conneries de « vivons mieux, vivons ensemble ». Sans cette vengeance, il ne me reste plus rien.
- C’est faux. Et tu le sais… c’est toi qui a décidé ça tout seul Col’.

Le coup porte et Marisol réagit au quart de tour.

- Tais-toi! Laisse-le tranquille ! Tu ne sais même pas de quoi tu parles, assène-t-elle abrupte en fusillant le vampire du regard.
- N’essaie même pas, Bertus Taur, le vertueux. N’essaie pas de me juger, moi ou mes actions. T’en n’as pas le droit et tu ne l’auras probablement jamais…
- Une dernière chose, coupe Simone d'un ton calme. Après chaque raid hurlant sur des chasseurs ou des humains lambdas, les survivants ont contracté la maladie du Brouillard. Systématiquement. Interrogez-vous sur cette étrange corrélation. Vous êtes des chefs de meute avisés. Les Hurlants ont un rôle à jouer dans les plans d'Unseelie et si cet Yvain de Landuc est bel et bien son agent, ce dont nous n'avons encore aucune preuve mais, alors inquiétez-vous qu'il soit un manipulateur psychique puissant. Elle laisse filer un temps et ajoute d'une voix plus douce. Faites attention à vous et aux vôtres. Le jour où tout dégénèrera, vous pourrez trouver refuge au Before the Fall. nos portes vous seront toujours ouvertes.

Marisol plisse le regard sans un mot puis se tourne vers Bertus.

- Tu as ma parole qu'aucun Abyssaux ne te dénoncera à la Bête. Mais, c'est tout ce que tu obtiendras de moi. Considère que c'est mon cadeau d'adieux, Bertus.

La jeune femme pose sa paume sur le large dos de Colgan et ce dernier ouvre la porte. Le couple sort de la pièce et laisse les deux vampires seuls face à eux même.

- Tu as ma parole qu'aucun Abyssaux ne te dénoncera à la Bête. Mais, c'est tout ce que tu obtiendras de moi. Considère que c'est mon cadeau d'adieux, Bertus.

Je reste silencieux. J’ai plus de mot. Et de toute façon, je suis bien conscient que rien de ce que je pourrais dire ne changera quoique ce soit.  Tout ce que je peux faire, c’est les regarder partir avec un désespoir certain. La mort dans l’âme, la mort chevillée au corps.
En quelques secondes, le silence retombe sur la chambre mais pas la tension qui l’habite encore. Je regarde la porte un peu hébété, les bras le long du corps.

Est-ce que ça a été un fiasco ?
Peut-être…
Sans doute.

Ce qui est certain c’est que je viens de les perdre et ça me fait comme un creux au niveau de la poitrine que je frotte sans même y penser.
Les derniers mots du couple des Abyssaux me tournent dans la tête, manège sans fin qui me répète que j’ai merdé dans les grandes lignes. Mais Colgan est tellement renfermé à tout que j’ai l’impression que seul le fait de le secouer comme un prunier fonctionne.
Ou pas.

Lentement, comme un vieillard, je m’assoie sur le lit et sort une cigarette bienfaitrice que j’allume en quelques secondes, les yeux toujours fixés sur la porte. A croire que j’espère qu’ils vont faire demi-tour… qu’ils vont revenir.
Mais je sais bien que c’est complètement vain comme pensée.
Pour ça, on peut dire qu’ils sont radicaux comme les Hurlants. Je passe une main lasse dans mes cheveux, le dos courbé, les coudes sur les cuisses.

- Je crois que ça aurait pu mieux se passer, je lâche avec une ironie grinçante. Merci…d’avoir essayé quand même… t’as été parfaite. J’ai un petit sourire triste en recrachant ma fumée. Mais je crois bien que c’est mort… Fallait que je tente le coup quand même… hein ?
Je déglutis et cherche en moi la conviction que j’ai agi selon mon instinct et donc pour le mieux.
- J’étais pas au courant pour leurs mômes… mais ça explique pas mal de chose. Rahat… quand est-ce que ça s’arrêtera tous ces cercles vicieux à la con ? Je sais…que je t’en demande sans doute beaucoup mais…tu peux faire en sorte que les gars qui interviennent pour Malsheem leur rentrent pas trop dans le lard ?
Je me sens un peu perdu, très inutile finalement. Chasseur solitaire un jour, chasseur solitaire toujours…

Pourtant j’y ai cru… putain j’ai y cru.

Je lève des yeux plein de détresse vers Simone. J’ai vraiment plus qu’elle. Bien sur y’a ma famille…enfin les Taur. Sauf que c’est pas demain la veille qu’on aura une petite fête de Noël tous ensemble, pas avec moi en tout cas et aussi étrange que ça puisse paraitre, c’est avec ces deux têtes d’enclumes d’Abyssaux que je me suis sentis « bien » et « en famille » depuis des années…

Le départ brutal du couple alpha des Abyssaux achève Bertus. Simone, plus aguerrie et moins impliquée émotionnellement, avait envisagé cette possibilité. Elle vient s'installer auprès du Doyen des Taur, en silence.

- Je crois que ça aurait pas pu mieux se passer.

Simone lui lance un sourire navré et lui empreinte sa cigarette sur laquelle elle tire quelques bouffées avec élégance. Elle lui rend en lui caressant la joue.

- Merci…d’avoir essayé quand même… t’as été parfaite. Mais je crois bien que c’est mort… Fallait que je tente le coup quand même… hein ?
- Je ne serais pas aussi définitive que toi. C'était un premier contact, nous avons semer quelques graines, il faut laisser le temps faire son œuvre pour voir si elles germent. Et... Ma parole vaut ce qu'elle vaut, mais tu as parlé avec ton coeur et avec beaucoup de sincérité. Je pense que ça fera son chemin.
- J’étais pas au courant pour leurs mômes… mais ça explique pas mal de chose.
- Je n'avais pas les détails, mais je sais que leur maison a été ravagée par un incendie et qu'on a retrouvé le corps de deux enfants. On a soigneusement omis de mentionner dans la presse la présence de trois autre corps et l'autopsie des enfants a été habilement caviardée. Une manœuvre assez classique des nettoyeurs Sarpe. Les chasseurs étaient certainement Sang-coureurs, mais j'ignore de quel clan. Abattre les descendants de la créature que l'ont chasse évite tout risque qu'ils réclament vengeance en grandissant.
- Rahat… quand est-ce que ça s’arrêtera tous ces cercles vicieux à la con ?
- Ton frère et sa compagne font tout pour abolir ces pratiques et prôner la cohabitation. Mais il est difficile d'éradiquer des siècles de tradition.
- Je sais…que je t’en demande sans doute beaucoup mais…tu peux faire en sorte que les gars qui interviennent pour Malsheem leur rentrent pas trop dans le lard ?
- J'ai déjà pris des dispositions en ce sens, déclare-t-elle avec douceur. Elle lui retire délicatement la cigarette des mains et l'attire contre elle. Viens là....

Elle flatte tendrement les cheveux à la naissance de sa nuque de sa main libre.

- Tu as fait ce qui te semblait le plus juste et le meilleur pour eux en tant qu'ami. Ils ont dû encaissé beaucoup d'informations ce soir. Ils faut qu'ils les digèrent. Ne pense pas que tu les as déjà perdus. Je pense juste qu'ils se sentent heurtés par ces brusques révélations. Colgan est obtus comme beaucoup d'hommes drapés dans leur souffrance. Cette jeune femme, Marisol, me semble plus réceptive que son compagnon et j'ai noté qu'il la consultait souvent du regard. Aussi fermé soit-il, il l'écoute et tient compte de son avis. Si nous parvenons à convaincre Marisol, nous atteindront peut-être Colgan.

Elle marque une pause et savoure la sensation de ses doigts dans sa tignasse claire. Elle dépose un baiser sur son front.

- Sa réaction très vive, très émotive, le choix de ses mots... Je ne crois pas qu'elle puisse en rester là sans venir te parler à nouveau. Elle tient beaucoup à toi. Enormément.... Elle ajoute avec une note d'amusement pour détendre l'atmosphère. Je crois même que je suis un peu jalouse...

Ce qu’elle me révèle sur les horreur que Marisol et Colgan ont traversé me glaceraient le sang si c’était pas déjà naturel chez moi. Je comprends qu’ils m’en aient jamais parlé avant, l’attitude de Colgan, sa froideur rentrée.

- Je sais…que je t’en demande sans doute beaucoup mais…tu peux faire en sorte que les gars qui interviennent pour Malsheem leur rentrent pas trop dans le lard ?
- J'ai déjà pris des dispositions en ce sens.
- Evidemment… je lâche avec un sourire fatigué à son attention. Je sais même pas pourquoi j’ai douté un instant.
- Viens là...

Ma cigarette change de main et je viens poser mon front contre son épaule un bras fermement ancré à sa taille. Je pousse un soupir sans savoir vraiment ce qui prédomine dans ma caboche mais je me détends un peu en sentant ses doigts contre ma nuque.

- Tu as fait ce qui te semblait le plus juste et le meilleur pour eux en tant qu'ami. Ils ont dû encaisser beaucoup d'informations ce soir. Il faut qu'ils les digèrent. Ne pense pas que tu les as déjà perdus. Je pense juste qu'ils se sentent heurtés par ces brusques révélations.
- Ils pensent que je les ai trahis, Simone et quelque part ils ont pas tort. Je leur ai bel et bien menti. Je suis pas sûr qu’ils arrivent à oublier ça. Même si…même s’ils se ragent à nos côtés finalement, ça changera pas ce fait pour eux. Ils me feront plus jamais aveuglément confiance comme avant… Ca…ça je sais que je l’ai perdu.
- Colgan est obtus comme beaucoup d'hommes drapés dans leur souffrance.
Je ricane doucement.
- Doux euphémisme…t’as pas idée. Il a tellement mal qu’il repousse tout le monde, cet abruti.
- Cette jeune femme, Marisol, me semble plus réceptive que son compagnon et j'ai noté qu'il la consultait souvent du regard.
- Y’a pas de Colgan sans Marisol et l’inverse est vrai. Ces deux-là, ils fonctionnent pas l’un sans l’autre.
- Aussi fermé soit-il, il l'écoute et tient compte de son avis. Si nous parvenons à convaincre Marisol, nous atteindront peut-être Colgan.
Je relève un peu la tête pour croiser son regard.
- Encore faut-il qu’elle accepte de me parler. Mais c’est quelqu’un de très…entier. Elle m’en veut sans doute à mort.
- Sa réaction très vive, très émotive, le choix de ses mots... Je ne crois pas qu'elle puisse en rester là sans venir te parler à nouveau. Elle tient beaucoup à toi. Enormément...
- Tu crois vraiment ?
C'est me fait incroyablement chaud dans la poitrine d'avoir une confirmation aussi franche de son amitié pour moi. Enfin ça c'était avant...
- Je crois même que je suis un peu jalouse...
Cette fois je redresse complètement la tête et sourit comme un chat qui vient de bouffer un canari.
- Toi ? T’es jalouse ? je répète un peu incrédule avant de venir l’embrasser longuement. T’as pas de raison. Marisol c’est comme une sœur. Une petite sœur qu’on veut empêcher de faire des conneries et avec qui ont fini par faire lesdites conneries. Tu sais qu’elle m’a trouvé un artefact juste pour que je puisse me saouler avec elle ? Je me marre tout seul en me remémorant les quelques souvenirs que j’ai de ces soirées. Possible qu’on soit responsable d’un peu de grabuge chez les Heksens. Pour notre défense, certains sont un peu bas du front et ils regardent mal Marisoleil alors bon… et elle a besoin de décompresser aussi avec son p’tit con de compagnon. Il est pas toujours tendre avec elle. Pas physiquement hein...sinon il aurait déjà eu sa mandale...tu vois ?
Je renverse soudain Simone sur le lit et me penche sur elle, le sourire plus large encore.
- Et puis… c’est pas elle que j’arrête pas de dessiner il me semble. Tu sais que tout le monde se fout royalement de ma gueule quand ils savent à quel point tu m’obsèdes ? On dirait un ado ou un artiste maudit… apparemment c’est pathétique !
Je défais quelques boutons de sa veste et pose un baiser dans son décolleté révélé avant de caler ma tête contre son giron.
- T’as un peu de temps pour rester avec moi ou faut que tu rentres tout de suite ?

- Toi ? T’es jalouse ?
- Est-ce si improbable que cela ? Fait-elle avec un petit sourire ponctué d'un haussement de sourcil. Ce à quoi il répond avec un baiser long et savoureux qui suscite un de ses charmant rire de gorge.
-T’as pas de raison.
- Vraiment...? Elle le lorgne avec amusement et tire une bouffée de cigarette.
- Marisol c’est comme une sœur. Une petite sœur qu’on veut empêcher de faire des conneries et avec qui ont fini par faire lesdites conneries. Tu sais qu’elle m’a trouvé un artefact juste pour que je puisse me saouler avec elle ?

Simone l'observe ricaner. Bertus à une tendresse évidente pour la jeune femme.

- Possible qu’on soit responsable d’un peu de grabuge chez les Heksens.
- Je suppose que c'est le moment où je dois te sermonner ? Réplique-t-elle avec un sourire qui dément complètement le ton de la question.
- Pour notre défense, certains sont un peu bas du front et ils regardaient mal Marisoleil alors bon… et elle a besoin de décompresser aussi avec son p’tit con de compagnon. Il est pas toujours tendre avec elle.
- J'ai du mal à croire que la furie qui t'ait asséné son genou en plee figure soit sans défense.
- Pas physiquement hein...sinon il aurait déjà eu sa mandale...tu vois ?
- De ta part ou de celle de sa compagne ? Glousse-t-elle.

Bertus la bascule soudain sur le lit et la surplombe. Une cigarette toujours en main, Madame use de celle libre pour lui caresser la joue et taquiner sa lippe du pouce.

- Et puis… c’est pas elle que j’arrête pas de dessiner il me semble.
- Qui donc est cette mystérieuse muse ? Demande-t-elle avec une oeillade provocatrice.
- Tu sais que tout le monde se fout royalement de ma gueule quand ils savent à quel point tu m’obsèdes ? On dirait un ado ou un artiste maudit… apparemment c’est pathétique !
- Moi je trouve ça terriblement sexy et très romantique, soupire-t-elle alors qu'il la déshabille. Sous le blazer à boutonnières obliques, se trouve un bustier-body en dentelles rouges qui par un subtile jeux de pleins et d'ajourés, permet de deviner ses mamelons roses poudrés.
- T’as un peu de temps pour rester avec moi ou faut que tu rentres tout de suite ?
- Crois-tu que je me sois fait belle uniquement pour faire bonne impression à tes amis ? Elle glisse la cigarette entre les lèvres de Bertus. Je suis ta muse avant tout mon bel artiste maudit....l'aguiche-t-elle avec un battement de cils sur ses beaux yeux bleus.